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Stratégie de LEILL en Irak et en Syrie: terreur et action sociale

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Message par jaimedieu Dim 20 Juil 2014 - 23:55

Le 10 juin, l'Etat islamique en Irak et au Levant (EILL) plantait son drapeau noir sur Mossoul, deuxième ville d'Irak. La nouvelle étape d'une conquête visant la prise de Bagdad. Précédé par sa réputation sanguinaire, taillée sur le terrain syrien où il s'est implanté en 2012, l'EIIL a provoqué un mélange de soulagement et de crainte chez les populations sunnites : soulagement d'être libérées du joug des forces gouvernementales, mais crainte de se voir appliquer les « recettes » éprouvées en Syrie.

Dans la bataille syrienne, les combattants djihadistes se sont illustrés par des exactions contre les forces du régime, les populations locales ou les autres forces rebelles. Les régions passées sous sa coupe, telles que son fief de Rakka, se sont vu instaurer une législation inspirée d'une application rigoriste de la charia (« loi islamique »). Cette politique de la terreur, couplée à l'appropriation des biens gouvernementaux et de la rente pétrolière, a provoqué l'exaspération des populations locales et des autres groupes insurgés, qui ont lancé en janvier une offensive pour chasser l'EIIL de Syrie.

DES EXACTIONS À LARGE ÉCHELLE

Lors de la prise de Mossoul et des régions sunnites du nord de l'Irak en juin, l'EIIL a de nouveau eu recours à la terreur comme arme de conquête. De premiers rapports obtenus par le Haut-Commissariat aux droits de l'homme des Nations unies font état de nombreuses exactions et exécutions extrajudiciaires envers des membres des forces gouvernementales et des personnes suspectées de lien avec le régime. Des accusations qui n'ont donné lieu à aucun démenti de l'EIIL, qui a au contraire joué la surenchère dans l'horreur.

Samedi 14 juin, Da'ech (l'acronyme arabe de l'EIIL) a largement diffusé sur les réseaux sociaux les images des exactions commises par ses combattants près de Tikrit, dans la province de Salaheddine, contre des soldats irakiens de confession chiite. Ces images volontairement choquantes venaient étayer les allégations selon lesquelles 1 700 soldats irakiens ont été tués par le groupe. Des actes, qualifiés de crimes de guerre par les Nations unies, qui avivent les craintes d'un nettoyage confessionnel.

Des témoignages rapportés à un journaliste local du New York Times à Tikrit indiquent que les combattants djihadistes ont délibérement ciblé les militaires de confession chiite. « Ceux qui étaient de confession sunnite se sont vu donner des vêtements civils et renvoyer chez eux ; les autres, de confession chiite, ont été emmenés dans les sous-sols de l'ancien palais de Saddam Hussein à Tikrit, où ils auraient été tués avant que leurs corps ne soient jetés dans le Tigre », rapporte-t-il.

UNE STRATÉGIE D'ANCRAGE BIEN RODÉE

Une fois la conquête achevée, l'EIIL déploie une stratégie de contrôle militaire et territorial rodée. Le groupe djihadiste met automatiquement sur pied une bureaucratie bien huilée pour permettre la continuité des services publics et l'instauration de son projet islamique. Sur les réseaux sociaux, et notamment dans sa revue en anglais Islamic State Report, il se targue d'avoir offert à ses « administrés » syriens stabilité, prospérité et redressement islamique.

A Mossoul, comme dans les autres villes irakiennes tombées sous sa coupe, l'EIIL s'est allié avec les chefs de l'insurrection sunnite pour administrer ces territoires. Un conseil militaire a été créé avec des représentants de l'EIIL, des brigades Al-Nakchabandi — composées d'anciens membres de l'armée de Saddam Hussein et d'anciens baasistes— et de salafistes d'Ansar Al-Islam. Un nouveau gouverneur a été nommé pour gérer les services publics. Trois jours seulement après la prise de la ville, l'EIIL avait rétabli les services hospitaliers, d'eau, d'électricité et de voirie.

« A Mossoul, on retrouve les mêmes méthodes de contrôle militaire et administratif du territoire expérimentées en Syrie : conseil militaire pour coordonner les groupes et partager le butin (armes, munitions, argent), conseil civil pour organiser la reprise des activités économiques, des services publics », analyse Arthur Quesnay, doctorant à la Sorbonne et membre du centre Noria. A Rakka, en Syrie, le Comité des services islamiques a même créé un bureau de protection des consommateurs, chargé d'inspecter les produits utilisés dans les magasins, les restaurants et les abattoirs et d'entendre les plaintes adressées par les administrés par un numéro vert.

Les actions sociales sont également au cœur de sa stratégie. En Syrie, l'EIIL organise la collecte de la zakat, l'aumône, et la redistribue aux populations défavorisées. Des boulangeries et des magasins de primeurs ont été ouverts pour les populations défavorisées, ainsi que des soupes populaires. L'essence est distribuée gratuitement.

ORDRE ET REDRESSEMENT ISLAMIQUE

A Rakka, en Syrie, fief du groupe djihadiste Da’ech, un panneau portant des versets du Coran enjoint aux femmes de porter le niqab (voile islamique).

Tout à son projet d'instauration d'un Etat islamique, Da'ech a également rendu publiques seulement trois jours après sa conquête les nouvelles règles qui gouverneraient les 1,5 million d'habitants de Mossoul. Les mêmes règles s'appliquent désormais aux habitants de Rakka et à ceux de Mossoul. Le tabac, l'alcool et les drogues sont devenues des substances illicites. Nul ne peut déroger aux cinq prières quotidiennes. Le port d'armes et de drapeaux autres que le drapeau noir de Da'ech sont interdits. Une « tenue modeste » est exigée des femmes et le port du niqab, long voile qui ne laisse apparaître que les yeux, fortement suggéré sur les nombreuses affiches qui sont apparues dans ces deux villes. Le châtiment pour les voleurs et les pillards est une main coupée ; pour les apostats l'exécution en public. Les tombes et mausolées hérétiques sont voués à la destruction.

Ces règles s'accompagnent de la mise en place de tribunaux et d'une force de police islamiques destinés à en garantir le respect, ainsi qu'à imposer l'ordre. En Syrie, des voleurs ont ainsi été condamnés à avoir la main coupée, des biens illicites ont été confisqués, des apostats exécutés et des temples détruits. Le célèbre mausolée du mystique Uways Al-Qarani à Rakka a ainsi été détruit par les combattants djihadistes en mai.

L'autre volet de son projet islamique est le redressement des esprits « corrompus par le régime ». A Rakka, l'EIIL a créé des séminaires éducatifs et des instituts d'études islamiques pour former les imams et prédicateurs. Des écoles religieuses ont également été ouvertes pour les garçons et les filles, ainsi que des camps d'entraînement.

UNE STRATÉGIE FINANCÉE PAR LE BUTIN DE GUERRE

La stratégie de conquête et d'ancrage territorial de l'EIIL nécessite des financements importants. Depuis le début de sa conquête syrienne, en 2012, la richesse du groupe djihadiste a alimenté toutes les spéculations. Des pays du Golfe, au premier rang desquels l'Arabie saoudite et le Qatar, ont été accusés d'alimenter les caisses de l'organisation ultraradicale. Ce que réfutent ces Etats qui ont, à l'instar de l'Arabie saoudite, pénalisé les dons privés à l'organisation. De l'avis des commentateurs, l'EIIL perçoit effectivement des financements émanant de généreux donateurs privés, mais il se finance surtout par toute une économie de guerre, génératrice d'importants revenus.

Rien qu'à Mossoul, l'EIIL aurait dérobé 425 millions de dollars, a indiqué au Monde son gouverneur en exil. Une somme, estime l'analyste Brown Moses, cité par le Washington Post , lui permettant de « verser à 60 000 soldats une solde mensuelle de 450 euros pendant un an ». Le groupe disposerait, selon les estimations les plus hautes, de 20 000 combattants en Syrie et en Irak. Les islamistes ont aussi braqué d'autres banques alentour et collecté « une grande quantité de lingots d'or », rapporte l'International Business Times.

Ce butin fait de l'EIIL l'organisation terroriste la plus riche au monde, estime les commentateurs. « Avant Mossoul, le montant de leurs ressources était de 875 millions de dollars [646 millions d'euros]. Après, avec l'argent dérobé dans les banques et la valeur des dépôts militaires pillés, ils ont gagné 1,5 milliard de dollars [1,1 milliard d'euros] supplémentaires », a assuré une source militaire irakienne au journaliste du Guardian, Martin Chulov. Outre ces pillages, l'EIIL tirerait ses revenus de l'exploitation des champs et installations pétrolières qu'il contrôle, de la ponction d'un impôt révolutionnaire dans les villes qu'il contrôle et peut-être, comme l'avance le Guardian, du vol et de la revente d'antiquités.

(Source: Le Monde)
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