Bossuet - Sur les Hérésies et fausses doctrines

Extrait des œuvres de Bossuet

Sur les Hérésies et fausses doctrines – a réfléchir sur notre époque.

On voit clairement que ces hérésies étaient un reste de ce levain judaïque dont les disciples de Jésus-Christ devaient se garder, selon la parole de Notre Seigneur; et que les Chrétiens qui les adoptaient étaient, sous le nom de chrétiens, étaient des Juifs ou des pharisiens, comme St-Épiphane et les autres Peres les appelaient.


Mais jamais il ne parut autant que ces opinions venaient des Juifs que du temps de Paul de Samosate, évêque d`Antioche, puisque Artémon avait renouvelé l`hérésie de Cérinthe et de Théodote qui ne faisait de Jésus-Christ qu`un pur homme. Paul de Samosate embrassa son parti en faveur de Zénobie, reine de Palmyre, qui comme on sait, était attachée à la religion judaïque. Les juifs étaient donc les auteurs de cette doctrine puisqu`ils l`inspiraient a cette reine, et tachèrent par ce moyen, de l`établir dans le troisième siège de l`Église (Rome- Constantinople – Palmyre) dans la ville ou le nom de chrétien avait pris naissance. Les suites de cette erreur ont été effroyables dans l`Église, puisque non seulement Photin, évêque de Syrmie, la renouvela, mais qu`à vrai dire, les ariens, les nestoriens et toutes les autres sectes qui dans la suite attaquèrent la divinité ou l`incarnation du Christ, n`étaient que de rejetons de cette hérésie judaïque.

L`Église souffrit donc longtemps une espèce de persécution par la contagion de ces doctrines pharisaïques; et Dieu le permettait, non seulement comme le dit St-Paul pour éprouver les vrais fidèles, mais également pour frapper d`aveuglement ceux que leur haine volontaire contre l`Évangile avait livré à l`esprit d`erreur.


De tout temps les hérésies ont été scandale aux infidèles, et un grand obstacle à leur conversion. Il n`a personne qui ne sache que Celse et tous les païens, aussi bien que depuis leur temps Mahomet et ses sectateurs, les ont objectés aux chrétiens. Les païens en concluaient que l`Église chrétienne, qui se glorifiait de son origine divine, était une invention humaine comme les autres sectes, divisée comme elles en plusieurs factions qui n`avaient rien de commun que le nom.

Outre cela, ils attribuaient aux vrais chrétiens les dogmes des hérétiques; ainsi la doctrine chrétienne était méprisée et haïe : méprisée comme affaiblie par ses divisions; haïe comme chargée des dogmes impies des sectes qui portaient son nom. C`est assurément un des moyens les plus dangereux dont se soit servi le démon ( l`ange déchu) pour obscurcir l`Évangile et empêcher que la Gloire divine se fasse sentir aux infidèles; Dieu le permettant, par un juste jugement, et punissant les impies par une espèce de soustraction de la lumière qu`ils ne voulaient pas recevoir.

Il leur préparait des châtiments plus sensibles. Comme les Romains aveuglés ne profitaient pas de la prédication de l`Évangile, et que Rome s`obstinait depuis deux cent ans à soutenir l`idolâtrie par toute la terre, Dieu résolut de détruire l`empire de cette ville impie, qui avait entrepris d`éteindre le nom des Saints. Les guerres d`Orient furent les premières causes de sa chute future. Fin de l`extrait