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SERMON DU PÈRE DE LA RÜE , SUR L'AVARICE. année 1719 - Un grand mal de notre époque - amour du luxe et de l`argent.

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Message par MichelT Mer 5 Jan 2022 - 13:57

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Wall Street et la spéculation financière

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La City financière de Londres.

SERMON DU PÈRE DE LA RÜE , SUR L'AVARICE. (Extraits)

Enrichissement rapide par des moyens immoraux, amour extrême de l`argent. Le bon riche et le mauvais riche.

Paris, Rigaud, 1719,

Jésus ayant fait une lanière de fouet avec des cordes , il chassa du temple tous ceux qui vendaient, aussi bien que les brebis et les bœufs ; et jeta par terre l'argent des changeurs. En saint Jean, chap. II .

Persuadez - vous , Chrétiens, Chrétiennes, que rien ne corrompt les coeurs , et ne les éloigne de Dieu , avec moins d'espérance de retour et moins de ressource pour le salut , que le péché d'avarice. Autant d'avares et de gens passionnés pour les richesses, autant de voleurs et de brigands : bien plus, autant d'hommes sans honneur, sans foi, et sans religion ; tous disposés à ne connaître plus d'autre Dieu que l'or et l'argent. Est - ce outrer la vérité ? Saint Paul n'a-t-il pas dit, que l'esclavage de l'argent est l'esclavage des idoles ; que l'avarice et l'idolâtrie ne sont qu'un même péché sous deux noms, ou deux péchés joints ensemble (Fornications, impureté, passion coupable, mauvais désirs, et la cupidité qui est votre idolâtrie.» (Colossiens 3,5).

Le dernier effort du démon (ange déchu) contre la sainteté de Jésus-Christ , ne fut-ce pas de le tenter par la vue des grandeurs et des richesses de la terre :« Je te donnerai tous ces grands biens , si tu te  prosternes pour m'adorer »(Matthieu 4,9) . Le mépris qu'il fit de tous ces faux biens, fit connaître au tentateur, qu'il avait affaire à un Dieu : Tout autre qu'un Dieu , tout coeur humain court risque de s'amollir à ces flatteuses paroles : Je te donnerai. Mais en s'amollissant aux attraits de la convoitise , il s'endurcit en même temps aux reproches de sa foi; il est prêt de ramper aux pieds de quiconque lui donne , et ne révère plus que l'argent pour maître et pour Dieu . Ne l'éprouvons-nous pas ainsi parmi nous à la ruine de l’État, au scandale du Christianisme, face à l'impunité de cette indigne passion dans ce déplorable siècle. Ouvrons- y donc les yeux et apprenons aujourd'hui dans les trois parties de ce discours : que la passion d'avoir , de gagner , d'amasser , de s'enrichir ; l'avarice en un mot, la convoitise des biens, est de toutes les passions celle qui dégrade plus l'homme , et qui l'assujettit. Pour quelles raisons ? les voici . C'est qu'elle étouffe en l'homme insensiblement et par degrés : premièrement , tous les sentiments de l'humanité ; secondement , tous les sentiments de l'éternité ; troisièmement, tous les sentiments de la Divinité .

Par conséquent nul péché n'est plus incurable , et n'éloigne plus du salut. Riches qui vivez des grands biens que vos pères vous ont acquis , que vous avez vous-mêmes acquis par un moyen loyal; par des services, des travaux et des moyens légitimes ; Riches qui faites de vos biens un usage sage et chrétien , sans attachement, sans cupidité , sans envie ; je ne parle point à vous : vous êtes les enfants du riche et fidèle Abraham. Je parle aux frères de celui qui le réclamait en vain du fond des enfers (le mauvais riche de l`Évangile – Luc 16,19): et le nombre en est assez grand , pour craindre au moins qu'il n'y en ait ici peut-être plus d'un . Prions Dieu qu'il veuille donner à mes paroles la force de toucher leur coeur , Ave , Maria .

PREMIÈRE PARTIE.

Le monde et les biens qu'il renferme, ont été formés de la main de Dieu pour l'usage commun de tous les vivants . La nature nous produit tous dans une égale pauvreté ; mais tous avec un véritable droit aux biens de notre commune mère. Il n`y a, dit saint Augustin, que l`avarice de l'homme qui ait troublé cet ordre naturel.  L'avare fait son bonheur d'outrer la voracité des bêtes , allant toujours au delà de ses besoins , et perdant insensiblement tous les sentiments d'humanité que la nature lui inspire. Quels sont ces sentiments ! ceux de la justice et de la pitié. Ces deux sortes de sentiments naissent avec l'homme , et périssent en lui par l'avidité de l'argent. Commençons ce détail par les sentiments de la justice.

I. En vertu des lois établies pour servir de frein à l'avarice , il faut que chacun ait son bien ; les uns plus , les autres moins ; la mesure est inégale , mais propre et personnelle à un chacun . Or, dans ce seul désir d'avoir encore plus que l'on n'a , d'accroître ses biens , de s'enrichir , ne voyez - vous pas , à parler exactement , un germe secret d'injustice ? Car qu'est- ce que vous enrichir ? n'est - ce pas attirer dans vos propres mains, ce qui est  les mains des autres , accumuler chez vous leurs dépouilles et leurs débris , augmenter à votre profit le désordre odieux de l'inégalité des richesses. Mais pouvez-vous vous remplir , sans étendre autour de vous un vide qui n'y était pas. Une fortune nouvelle est - elle jamais sortie du néant , en peut- elle jamais sortir , sans anéantir un millier d'autres fortunes ? Et funeste à tant de gens par votre seule opulence , aussi juste qu'il vous plaira , comment pouvez-vous vous flatter de vous être enrichi sans avoir fait tort à personne ? C'est saint Basile qui vous fait cette question.

A ce tort général ajoutez aussi ceci. C'est que ces biens enlevés à tant de gens, pour enrichir un homme seul , ne l'enrichissent qu'en augmentant son superflu ; au lieu qu'ils ne sortent des mains d'autrui, qu'en lui ôtant la plupart du temps son nécessaire . On vous a vu rouler dans une basse fortune; on vous appelle riche maintenant: comment cela s'est-il fait ? C'est que vous alliez à pied , simplement vêtu , sans éclat ; maintenant on vous voit briller : carrosses , chaises dorées , attelages somptueux (voitures somptueuses, avions privés, navire luxueux), habits de toutes les modes et de toutes les saisons , meubles exquis , grande table. Avec ce changement prodigieux de condition , ces vastes maisons , ces grands repas ; parlez de bonne foi, votre corps occupe - t- il plus de place qu'auparavant ? Avez - vous besoin de plus d’aliments ? Votre estomac , est-il plus ample ? Avouez donc que cet excès de biens survenus à votre fortune passée , est inutile et superflu chez vous , à la vanité près , à l'imagination près. Ces biens cependant reportés dans les mains où ils étaient; ces biens partagés, répandus en mille mains différentes , apaiseraient les cris de la pauvreté , rendraient les familles heureuses ; et de superflus qu'ils sont chez vous , deviendraient là des aliments et des secours nécessaires , hors du péril de la rouille et des vers.

Un million de malheureux ; que dis je , deux ou trois millions , errants par tout le pays, y traînent avec eux le spectacle de leur misère. Ces gens, il y a vingt ans , avaient la plupart quelques biens , des maisons, des lits , des habits , des champs à cultiver , du pain à manger ils n'en ont plus. Que sont-ils devenus tous les biens qui faisaient subsister ces millions d'hommes ? Ils ne sont pas rentrés dans le néant ; non sans doute : ils ont passé par les ressorts de la fortune, ou plutôt par le canal de la vexation , de l'extorsion , de la fourberie , de l'industrie; ils ont passé par là en dorures , en équipages , en étoffes , en diamants , en mille superfluités , sur le corps et dans les maisons de cent mille hommes tout au plus , qui regorgent des biens enlevés au reste du monde disait Salvien . Quand ce dépouillement, ce transport de biens si criant aurait de justes raisons , il est toujours vrai que ces biens faisaient le nécessaire chez les pauvres , et ne font chez les riches qu’un odieux superflu. Par conséquent l'opulence hors de mesure, à quel que titre et par quelque moyen qu'elle se soit accumulée, a toujours un principe d'injustice et d'inhumanité dit saint Ambroise.

D`ailleurs comment se flatter d`y pouvoir garder la justice ? Aussitôt que le cœur s'est ouvert à l'attrait du gain, par tout où l'on trouve le gain , on trouve le même attrait . Votre argent, celui d'autrui , le profane et le sacré , tout argent est de même odeur ; il fait la même impression sur une âme intéressée : elle у court comme à sa proie : il n'y a ni respect , ni menace , ni raison , ni loi qui la puisse arrêter. Tous les obstacles au contraire ne font qu'irriter sa soif, et la rendre plus ardente.

A- t-on jeté les yeux sur la vigne de Naboth (Achab s`empare par crime et fourberie de la vigne de Naboth-  1 Rois 21,1 – Ancien Testament), comme l'impie Achab , cet ancien Roi d'Israël? on a peut- être affecté d'abord comme lui les mesures de la justice : on a peut - être senti les remords d'une conscience encore peu aguérie au mal. Achab , dit l’Écriture , outré du refus de Naboth , se jetait sur son lit ,  tournait le visage vers la muraille, et ne voulait point manger. Dans cet accablement de tristesse et de dépit qui marquait encore son embarras et son irrésolution Jézabel, ou plutôt l'avarice , dit saint Ambroise , vient l'enhardir à mépriser les remords.  C'est bien là comme il faụt s'y prendre : allez , dit- elle , usez de votre  pouvoir ; ne vous alarmez de rien ; la vigne de Naboth sera bientôt dans vos mains;. Aussitôt mensonges , calomnies , fourberies de toute façon , usures , concussions , pillages ; et contre les remords de toutes les lois naturelles , cent nouvelles lois , dit saint Ambroise, autorisent à piller.

II . Vous réclamerez la pitié, la compassion , la charité ; tous ces sentiments humains s'étouffent aisément après ceux de la justice. On s'endurcit à tout, à mesure qu'on s'enrichit. Non -seulement on ne respecte plus les liens ni les droits du sang , mais même on ne les sent plus. Père , mère, alliés , parents , frère , ami; noms indifférents : veuve, orphelin ; noms inconnus. Ce nom de riche obscurcit tout , engloutit tout : il ne veut connaître que lui seul ; il veut être seul.

On est saisi d'indignation , quand on se représente le mauvais Riche , éclatant de pourpre et de lin , nourrir des chiens qui ne servent qu'à son plaisir , et refuser les miettes de sa table au Pauvre languissant à la porte de sa maison . Ce spectacle inhumain, tout inhumain qu'il était, paraissait supportable à saint Ambroise (4 ème siècle), en comparaison des duretés qui se commettaient de son temps. Il déplore amèrement ce qu'il avait vu de ses yeux: des pères obligés à vendre leurs propres enfants, pour payer leurs dettes : des créanciers faire arrêt sur le corps de leurs débiteurs , sur le cadavre même au bord de la sépulture, et leur envier le repos de leur dernière prison. De combien notre siècle a-t-il enchéri sur celui-là , en inhumanité , en barbarie ? C'est maintenant que l'on voit de tous côtés , non pas les pères et les mères réduits a la misère.

Ah! ce ne sont point les pauvres qui ont dépouillé ces pauvres : ce sont les riches, par fureur de devenir encore plus riches. Riches , vous regardez ces malheureux d'un oeil sec : ce que vous voyez là , c'est votre crime , ou celui de vos pareils . A l'abord de ces gens-là , qui devrait vous faire frémir , vous ne laissez pas cependant de rouler dans votre esprit des acquisitions de terres , des plans de maisons et de jardins, des desseins d`ameublements, des projets de nouveaux partis ; c'est-à dire , des moyens nouveaux de faire de nouveaux pauvres, et de réduire à ce rang là tous ceux qui vous avaient échappé. : Vos femmes, que leur sexe aurait dû rendre plus sensibles aux mouvements de la pitié , ne font qu'irriter le feu de votre avarice par le feu de leur profusion , consumant par la vanité de leurs scandaleuses parures , les fruits que vous recueillez des larmes des malheureux.

Vous vous croyez hommes cependant , tandis que vous flattez des chiens , que vous engraissez des chevaux , et que vous laissez périr des troupes innombrables d'hommes. Est - ce avec cette dureté que votre coeur est sorti des mains de Dieu ? Est -ce pour cela qu'il vous a faits hommes ? Est- ce là l'effet de la raison qu'il vous a donnée au-dessus des animaux ; ou l'effet de la Religion qu'il vous a donnée par-des sus tant d'autres hommes? Non , ce monstrueux changement est l'effet de l'opulence et de l'amour de l'argent : lui seul fait dans les coeurs cette affreuse corruption , et presque dans tous les coeurs où il entre ; car élevez un pauvre à la condition du riche dont il est maintenant jaloux , y conservera - t - il ces sentiments de compassion que sa pauvreté lui fait exiger du riche ? Combien de riches connaissez-vous , qui rampaient autrefois dans les plus sordides métiers ? Sortis de là par les ressorts connus aux gens de fortune, ont- ils été plus scrupuleux à fouler aux pieds les pauvres qui avaient été leurs égaux ?

Au contraire, ils croient effacer le souvenir public de leur ancienne bassesse , en surpassant la dureté des riches de race et d'état. Et c'est par-là que l'on découvre le limon d'où ils sont sortis ; par l'excès de leur avarice et de leur inhumanité au delà de celle des vrais riches . Il ne faut enfin que s'enrichir pour étouffer l'humanité , pour oublier que l'on est homme. C'est le premier pas que fait l'avare pour devenir esclave de l`argent, le second , c'est d'étouffer tous les sentiments de l'éternité ; matière du second point.

Seconde Partie (extraits)

Les sentiments que nous pouvons former sur l'éternité se réduisent en général au désir et à la crainte ; au désir des biens éternels , à la crainte des maux éternels . Être sans ces deux sentiments, c'est être sans religion . Or c'est là la disposition habituelle de l'avare . Et c'est pour nous tirer du péril de cette insensibilité, que saint Paul enjoint aux Pasteurs de faire aux riches du siècle un commandement exprès , de ne point attacher leur espérance aux richesses périssables ; mais d'amasser un trésor , qui soit pour eux le fondement futur d'un édifice éternel (1 Timothée 6,17).

Notre Seigneur nous l'a dit : que le coeur de l'homme est où est son trésor ; qu'il ne faut point par conséquent thésauriser sur la terre , puisque autrement notre coeur, notre esprit, notre bonheur, notre fin sera sur la terre , jamais au Ciel. Nous méprisons ces avares insensés , qui se laissent ronger de faim , pour se repaître du vain plaisir de cacher des trésors en terre , sous ombre de s'enrichir : nous regardons avec horreur ces riches imaginaires . Ayons la même horreur , ou du moins le même mépris , pour ces riches fastueux , qui mettent leur plaisir à faire éclater leurs dépenses . Ils n'ont tous , les uns et les autres , que la même vue et la même fin , qui est d'enfouir leur argent ; de l'ensevelir en terre , et avec leur coeur.

Folles illusions , dont les riches tâchent de s'armer contre la crainte des châtiments éternels , qui leur pendent sur la tête ! Ils voient mourir tous les jours à leurs yeux leurs pareils , leurs associés ; mais mourir en athées , en désespérés , en bêtes; sans restitution , sans discussion de biens mal acquis ou bien acquis , sans nul sentiment de religion. Peuvent-ils se flatter de mourir d'une autre mort? que la même fin , le même sort ne tombera point sur eux ? Pitoyable enchantement ! abîmés qu'ils sont dans les biens présents, ils deviennent stupides à tout ce qui est futur; si ce n'est au futur temporel et périssable. A cet égard j'avoue qu'ils sont vigilants. A tout moment ils roulent dans leur esprit , où iront leurs biens après la mort , en quelles mains ils passeront; comment ils les soustrairont aux poursuites des créanciers ; comment ils les assureront à leurs enfants; comment ils pourront les fixer , les perpétuer dans leur famille. Voilà le seul avenir qu'ils envisagent , la seule éternité qui réveille leurs précautions . Et pour cela testaments , codicilles , dépôts, fideicommis, exhérédations, substitutions.

Au lit même de la mort, un riche trouve du temps et de la force d'esprit pour ces misérables soins. Est-ce par amour pour ses héritiers, pour ses parents? Non  mais par une illusion d'amour-propre et par un attachement indissoluble à ses biens. Il regarde ses héritiers comme une partie de lui-même, en leur laissant son coeur enfermé dans son trésor. Il prétend conserver après la mort un droit de propriété sur ces biens fugitifs, dont il les fait plutôt dépositaires que maîtres. En disant : Je veux et j'entends , il croit étendre son domaine et sa volonté sur ses biens jusques dans les siècles futurs. Vous partez donc pour l'autre monde , content d'avoir établi vos enfants dans ce lui-ci ; d'y laisser après vous des millions, un nom qui durera des siècles, et qui fera parler de vous, comme du créateur d'une puissante maison , inconnue avant vous , puissante et brillante après vous . Vous avez bâti de vos trésors un bon fondement pour l'avenir ; non pas pour l'avenir d'une vie éternellement heureuse, comme le demandait saint Paul :  mais pour la vie mortelle , et pour la terre, et pour autrui .

N'est-ce pas , disait Salvien , quelque chose d'extravagant , d'appliquer les derniers moments de la vie à ménager à des parents mortels de quoi vivre riches après votre mort ; et de ne pas songer à vous sauver vous même du péril d'une mauvaise mort ? Comment vivront vos héritiers après vous? c'est leur affaire . Mais vous , comment mourrez- vous ? c'est la vôtre , à vous seul : et vous n'y voulez pas penser ?  Ne point penser à la vie ni à la mort éternelle , aux portes même de l'éternité , n'est -ce pas avoir perdu tous les sentiments de l'éternité ? Second degré de l'esclavage de l`argent , où l'avarice conduit l'homme. Un troisième et dernier degré , c'est de lui faire perdre enfin tous les sentiments de la Divinité ; matière du troisième point.

TROISIÈME PARTIE .

Un fameux Romain disait à ses citoyens que c'était l'avarice qui leur avait appris l'orgueil et la cruauté ; mais surtout à négliger et à mépriser les Dieux.  Et comment? en deux manières. 1 ° En détruisant dans notre esprit tout ce que la Religion nous enseigne touchant la Divinité . 2 °. En appuyant dans notre esprit tout ce que l'impiété nous suggère contre la Divinité. I. Qu'est-ce que la Religion nous enseigne à l'égard de Dieu ? Qu'il faut le servir et l'honorer comme souverain Seigneur ; l'aimer comme père et bienfaiteur; le craindre comme juge et vengeur. Tous ces devoirs prescrits par la Religion, sont contredits par les impressions de l'avarice. Il faut honorer Dieu , servir Dieu ; c'est ce qui n'est pas possible à l'esclave de l'argent , selon le sentiment de Jésus-Christ : non - seulement parce qu'en général on ne peut à la fois servir deux maîtres. (Luc 16,13) ; mais en particulier parce qu'on ne peut servir à la fois Dieu et l'argent. Cette passion d'avarice empruntant les traits de tous les Princes du monde , imprimés sur l'or et sur l'argent , se fait mieux obéir dans les crimes qu'il conseille , que Dieu dans les devoirs, et les vertus qu'il prescrit.

Un usurier , accoutumé à tout réduire à son maudit intérêt ; à prendre son intérêt pour principe et fin de tous ses raisonnements  vengeur , que de s'avouer soumis et destiné à sa vengeance. Un homme passionné , de quelque passion que ce puisse être , est toujours prêt à se débarrasser de ce qui l'incommode , et de tout ce qui contraint sa passion. L'avare est donc toujours prêt à se défaire de l'idée embarrassante et fatigante d'un Dieu : d'autant plus que l'avarice aveuglant son esprit aux lumières de la Religion , lui rend probable et évident tout ce que l'impiété lui suggère : ajoutons cette seconde et dernière réflexion .

L'avare se connaît méchant, et cependant se voit heureux : il voit les pauvres opprimés , les justes dépouillés , le Ciel sourd à leurs cris et à leurs gémissements; la fortune et le bonheur attachés à la violence , à l'injustice , et à la témérité ; l'or et l'argent régner sur tout , vaincre tout , emporter tout, donner la noblesse et les honneurs, le crédit et l'autorité ; faire taire les lois et la justice , intimider la raison corrompre la Religion ; le monde entier livré au pillage des plus forts ; la foudre cependant tomber sur les rochers , sur les arbres , et respecter les scélérats. Que peut penser le riche, leur complice , à la vue de ces désordres et de cette impunité ? Quelle idée se peut-il former de la Providence , de la justice et de la sagesse de Dieu ?

Si le roi David , Jérémie , les plus grands Saints s'en sont fait un sujet d'étonnement, presque de murmure et de scandale ; où pensez vous que le pécheur ose porter son mépris et son incrédulité ? Toujours coupable, et toujours impuni , que peut-il se persuader, sinon qu'il n'y a point de tribunal, point de juge, et par conséquent point de Dieu ? Tel était , dit saint Ambroise , le renversement d'esprit, la stupidité du mauvais Riche enivré par la prospérité. Ce qu'il y a de plus affreux dans cette incrédulité , c'est qu'elle croit toujours aussi -bien que la passion. La plupart des autres passions s'amortissent avec l'âge ;il n'y a que l'avarice à qui les années , la vieillesse, et même la caducité donnent de nouvelles forces. Un vieil avare est plus avare et plus furieux pour l'argent que tous les jeunes prodigues. Il ne le cherche plus pour fournir à ses plaisirs , ni pour contenter son ambition; ces sortes de passions sont mortes ou mourantes dans son cœur : il n'aime plus l'argent que pour l'argent.

Image du désordre et de la consternation que la mort d'un riche vicieux répand dans une famille ! Y voit- on rien de ces larmes sincères et de cette tendre douleur , que la nature et la piété tirent du coeur des enfants, à la mort des gens de bien ? tout est là dans la confusion . Enfants dénaturés , héritiers ardents à la proie , serviteurs instruits au larcin , créanciers accourant à la sûreté de leurs dettes , associés tremblants sur le péril de leurs traités, amènent la discorde et la chicane avec eux pour détruire à frais communs l'édifice de l'avarice . Et si l'édifice est assez fort pour résister à ces premiers assauts , la débauche, la profusion , l'oisiveté des héritiers, nés et nourris dans l'opulence, abîment en peu d'années ce que le pillage et les procès pourraient avoir épargné . Amen.

MichelT

Date d'inscription : 06/02/2010

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