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Messianismes et christianisme – critique du Marquis de la Franquerie.

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Message par Lumen Jeu 11 Aoû 2022 - 21:32

Messianismes et christianisme – critique du Marquis de la Franquerie.

Table des matières


1 Avant propos
   2 Certains pensent que nous aurons peut être un roi. Pourquoi pas.Homme providentiel, ce roi ne sera cependant pas "Le sauveur" : il n'y a qu'un sauveur, Jésus.L'exercice de la royauté peut d'ailleurs revêtir des formes très variées. Louis XIV en ses début décentralisait beaucoup de compétences. Autres exemples : les royautés contemporaines en Belgique ou en Angleterre sont très différentes de celles du passé. Quant à Charles Maurras ("action française"), il voulait un roi mais dans une perspective finalement très païenne, condamnée par l'Eglise.Un chrétien qui désire un roi, doit le faire dans une perspective chrétienne, pure de toute hérésie, notamment celle d'Eusèbe de Césarée, qui, déjà au IV° siècle, diminuait la divinité du Christ et faisait de l'empereur un demi-dieu.André Le Sage de La Franquerie de La Tourre (1901-1992), de son nom de plume Marquis de La Franquerie, est un écrivain monarchiste et catholique français, auteur d'ouvrages "politico-mystiques", qui joint à la défense d'un ordre politique catholique traditionnel la croyance dans les prophéties et les révélations privées.L'objet de cet article est d'analyser le livre du Marquis de la Franquerie, Le grand Monarque et le saint Pape : nous verrons qu'il associe les révélations privées de Marie-Julie ou de la Salette, avec une exégèse de l'Apocalypse qui est exagérée, fausse et hérétique (l'hérésie d'Eusèbe de Césarée). Si nous ne balayons pas ces erreurs, la belle espérance que nous donne le secret de la Salette (et autres révélations privées) est ridiculisée.
   3 Introduction
       3.1 Apocalypse : le Christ Roi des rois (Ap 17, 14 et Ap 19, 16)
           3.1.1 Interprétation du magistère
           3.1.2 Interprétations par quelques mystiques récents :
       3.2 Principales erreurs du Marquis de la Franquerie.  
       3.3 Les mirages du passé mériteraient d’être mieux connus …
           3.3.1 Au temps de l’Eglise impériale (IV° et V° siècle)
           3.3.2 Le Moyen Age et le développement du messianisme politique
       3.4 Conclusion



Avant propos

Certains pensent que nous aurons peut être un roi. Pourquoi pas.
Homme providentiel, ce roi ne sera cependant pas "Le sauveur" : il n'y a qu'un sauveur, Jésus.
L'exercice de la royauté peut d'ailleurs revêtir des formes très variées. Louis XIV en ses début décentralisait beaucoup de compétences. Autres exemples : les royautés contemporaines en Belgique ou en Angleterre sont très différentes de celles du passé. Quant à Charles Maurras ("action française"), il voulait un roi mais dans une perspective finalement très païenne, condamnée par l'Eglise.
Un chrétien qui désire un roi, doit le faire dans une perspective chrétienne, pure de toute hérésie, notamment celle d'Eusèbe de Césarée, qui, déjà au IV° siècle, diminuait la divinité du Christ et faisait de l'empereur un demi-dieu.
André Le Sage de La Franquerie de La Tourre (1901-1992), de son nom de plume Marquis de La Franquerie, est un écrivain monarchiste et catholique français, auteur d'ouvrages "politico-mystiques", qui joint à la défense d'un ordre politique catholique traditionnel la croyance dans les prophéties et les révélations privées.
L'objet de cet article est d'analyser le livre du Marquis de la Franquerie, Le grand Monarque et le saint Pape : nous verrons qu'il associe les révélations privées de Marie-Julie ou de la Salette, avec une exégèse de l'Apocalypse qui est exagérée, fausse et hérétique (l'hérésie d'Eusèbe de Césarée). Si nous ne balayons pas ces erreurs, la belle espérance que nous donne le secret de la Salette (et autres révélations privées) est ridiculisée.


Introduction

           On lit sous la plume du Marquis de la Franquerie, sans aucune critique : « Il en est de même qui pensent que le Saint Pape pourrait être le Sauveur qui passerait la main à son Cousin le Grand Monarque »[1].

           La phrase devrait faire sursauter tout bon chrétien : le Sauveur, il n’y en a qu’un, et c’est Jésus, le Christ.

           Ce même livre s’appuie sur une exégèse de l’Apocalypse de Barthélemy Holzhauser (†1658) qui assimile ce qui est dit du Christ à ce qui concerne le monarque, selon une tendance très répandue à son époque, mais qui ne constitue certainement une exégèse juste. On y devine au contraire l’erreur d’Eusèbe de Césarée qui, au IV° siècle, diminuait la divinité du Christ et exaltait l’empereur dans la sphère du divin…

           Ce livre appelle donc une mise au point…



Apocalypse : le Christ Roi des rois (Ap 17, 14 et Ap 19, 16)

           Dans le livre de l'Apocalypse, les mentions du Christ « roi » se situent juste avant et juste après la « chute de Babylone », autrement dit dans le combat d'intense combat spirituel qui précède la « fin ».

           Mais n'oublions pas que le langage symbolique de l'Apocalypse est fait pour que nous puissions l'interpréter à trois niveaux :

1. La mort individuelle de chacun d'entre nous ;

2. La fin d'une génération avec ses tentations, son antéchrist, sa Babylone, ses fléaux... : c'est ainsi qu'à la fin de son discours sur les Fins dernières, Jésus déclara : « cette génération ne passera pas que tout soit accompli » (Mt 24, 34) et c'est aussi en ce sens que Vincent Ferrier (1350-1419) annonça la « fin du monde » pour sa génération...

3. La fin du monde, pour la dernière génération, avec un combat spirituel spécial, et une royauté spéciale du Christ qui dans l'Apocalypse est toujours « l'Agneau ».



           Observations bibliques :

           L'expression « Roi des rois » se trouve deux fois dans le livre de l'Apocalypse : Ap 17, 14 et Ap 19, 16 :

·       Avant « la chute de Babylone » :

« Et ces dix cornes-là, ce sont dix rois; ils n'ont pas encore reçu de royauté, ils recevront un pouvoir royal, pour une heure seulement, avec la Bête. Ils sont tous d'accord pour remettre à la Bête leur puissance et leur pouvoir. Ils mèneront campagne contre l'Agneau, et l'Agneau les vaincra, car il est Seigneur des seigneurs et Roi des rois, avec les siens: les appelés, les choisis, les fidèles. » (Apocalypse 17, 12-14)



·       Après « la chute de Babylone » :

« Le manteau qui l'enveloppe est trempé de sang; et son nom? Le Verbe de Dieu. [...] Un nom est inscrit sur son manteau et sur sa cuisse: Roi des rois et Seigneur des seigneurs. » (Apocalypse 19, 13. 16)



           Le Christ « Roi des rois » est indissociablement « Agneau » (Ap 17, 13) et « Verbe de Dieu » (Ap 19, 13). Autrement dit, son épée c'est sa parole, et sa parole c'est son propre sang versé sur la croix.

           Le Christ « Roi des rois » s'oppose au pouvoir royal usurpé par ceux qui servent la « Bête », c'est-à-dire le mal inspiré par Satan (Ap 17, 12). Sa venue est un temps de victoire et de jugement : « il vaincra » (Ap 17, 14) et « la Bête fut capturée, avec le faux prophète [...] on les jeta tous deux, vivants, dans l'étang de feu » (Ap 19, 20), advient alors la fin du monde.

La venue de Jésus Roi des rois (Ap 19, 16) est celle de celui qui est « fidèle et vrai » (Ap 19, 11), et dont le nom est « le Verbe » (Ap 19, 13) ; ceci suggère que Jésus Roi des rois enseignera ses fidèles. Cet enseignement ne sera pas nouveau dans son contenu puisque tout est accompli, mais il sera nouveau dans sa force, que l'on pourrait dire « en Esprit » : ayant pour but de préparer les fidèles à la fin du monde et à la vie éternelle, la vie en Dieu qui est Esprit.



Interprétation du magistère

           Pie XI rappelle le message de l'Archange Gabriel à la Vierge Marie : elle engendrera un fils à qui le Seigneur Dieu donnera le trône de David ; il régnera éternellement sur la maison de Jacob, et son règne n'aura point de fin [Lc 1, 32-33].

« Dès lors, faut-il s'étonner qu'il soit appelé par saint Jean le Prince des rois de la terre [Ap 1, 5] ou que, apparaissant à l'Apôtre dans des visions prophétiques, il porte écrit sur son vêtement et sur sa cuisse: Roi des rois et Seigneur des seigneurs [Ap 19, 16]. Le Père a, en effet, constitué le Christ héritier de toutes choses [He 1, 1] ; il faut qu'il règne jusqu'à la fin des temps, quand il mettra tous ses ennemis sous les pieds de Dieu et du Père [1Co 15, 25]. » (Pie XI, Encyclique Quas primas N° 6)


           Cependant nous ne devons jamais oublier que le Royaume de Jésus-Christ n'est pas de ce monde, et chaque fois que la foule voudra le faire roi, Jésus se dérobera. Puis, lorsque devant Pilate il affirmera sa Royauté, Jésus ajoutera immédiatement que son royaume n'est pas de ce monde. Et Pie XI précise, dans son encyclique :

« Ce royaume s'oppose uniquement au royaume de Satan et à la puissance des ténèbres; à ses adeptes il demande non seulement de détacher leur cœur des richesses et des biens terrestres, de pratiquer la douceur et d'avoir faim et soif de la justice, mais encore de se renoncer eux-mêmes et de porter leur croix. C'est pour l'Église que le Christ, comme Rédempteur, a versé le prix de son sang ; c'est pour expier nos péchés que, comme Prêtre, il s'est offert lui-même et s'offre perpétuellement comme victime : qui ne voit que sa charge royale doit revêtir le caractère spirituel et participer à la nature supraterrestre de cette double fonction ? » (Pie XI, Encyclique Quas primas N° 11)



Interprétations par quelques mystiques récents :

           Plusieurs mystiques ou plusieurs révélations privées (dans des apparitions) ont parlé des derniers temps. Quelques constantes se dégagent, tout à fait compatibles avec une lecture normale du livre de l’Apocalypse :

           Ce temps est distinct du Royaume éternel, c'est un règne limité et non pas illimité comme au ciel, c'est un règne « dans les cœurs », ou encore « un règne de l'Esprit »[2], c'est « le règne de Dieu » par une venue très particulière du « Saint et Véritable Esprit » (message des apparitions d'Amsterdam[3]), l'Esprit véritable par opposition à l'esprit de l'antéchrist. Cependant, sur la terre, il est toujours possible de rejeter la royauté du Christ, le temps du Christ roi des rois (Ap 17, 14 ; Ap 19, 16) est aussi le temps de l'antéchrist qui doit justement être jugé, alors les ennemis du Christ « s'adonneront aux pires sacrilèges » pendant que les « fidèles se cramponneront à ma croix et invoqueront mon nom qui sauve. Ma venue en Juge ne les terrifiera pas, mais au contraire sera leur joie. »[4]



Principales erreurs du Marquis de la Franquerie.  

           Jésus refuse d’être fait roi (Jn 6, 15), et il est facile de comprendre que son attitude a énormément déçu ses contemporains, nourris des promesses davidiques et espérant un messie roi qui lèverait une armée, chasserait les romains, et glorifierait Israël.

           Dans presque tous les Ecrits intertestamentaires, le Messie est attendu dans une perspective de royauté guerrière, c’est pourquoi E-M Gallez[5], préfère parler de « mouvance messianiste » et, à la suite de A-L de Premare[6], il y voit une des sources de la mouvance islamique.

           Les écrits postchrétiens de Qumrân n’utilisent pas le nom « Jésus, Ieshoua », pas plus que le Talmud, qui dit « Ieshu »[7] (et non pas « Ieshoua »), et pas plus que le Coran, qui dit « Issa »[8] : en effet, Jésus de Nazareth n’est pas considéré par eux comme étant le rédempteur, et on attend qu’à son retour, il se décide à assumer la royauté (militaire) !


           Sur le terreau des déçus du christianisme (cf. écrits intertestamentaires), on comprend très bien qu’inspirée de la tradition messianique juive, une prophétie byzantine du IVe siècle annonce que le "Roi des Derniers Jours", reflet terrestre du Christ, viendra établir une domination politique sur l'ensemble de l'univers et apporter une rédemption temporelle à l'échelle humaine[9]. Mais attention, nous ne sommes plus là dans la tradition chrétienne normale où le Christ est l’unique rédempteur. Une autre figure de rédempteur se substitue progressivement au Christ : celle du grand monarque soi-disant très chrétien, mais en réalité post-chrétien et pas loin d’être anti-christique !

           Ce filon de la tradition est repris sans aucun recul par le Marquis de la Franquerie : grand monarque se substituant au Christ : l’auteur ose s’appuyer sur un « exégète », Barthélemy Holzhauser (†1658) pour qui le roi des rois de l’Apocalypse n’est autre que le grand monarque !!![10] Il est aussi le Fils de l’homme dans la fonction de juge eschatologique !!!

           L’auteur fait une exégèse personnelle sans aucune rigueur du texte biblique (Ap 19, 11-21 et 20, 1-4) de telle sorte que la violence de l’épée est confondue avec le jugement dernier (qui n’a lieu qu’après la fin du monde et ne revient qu’au Christ, qui est le seul à être le « Fils de l’homme », le juge eschatologique). Cet amalgame permet de situer comme un acte de jugement divin, la violence du grand monarque et du grand pape, lesquels feront la dernière croisade en s’appuyant sur une soi-disant prophétie de Vincent Ferrier[11] (1350-1419) dont le contexte historique mériterait d’être au moins présenté…


           Le Marquis de la Franquerie relève certaines « prophéties » selon lesquelles le règne du « grand monarque » sera très court, et d’autres selon lesquelles ce règne sera « très long ». Loin de s’interroger sur le sérieux de tout cela, il commente « Remarquez qu’il n’y aurait rien de contradictoire dans ces prophéties, elles se complèteraient plutôt, si vraiment le Sauvuer n’est pas le Grand Monarque, que ce serait ce dernier qui lui succéderait. Il en est de même qui pensent que le Saint Pape pourrait être le Sauveur qui passerait la main à son Cousin le Grand Monarque »[12]. Nous avons là deux hérésies en unes :

1)     Au lieu de s’occuper à travailler à son salut en adorant le Christ, le lecteur est invité à attendre plus ou moins un salut extérieur qui viendrait non plus de la croix du Seigneur, mais de deux hommes... Certes, il est dit que ce saint roi attendra tout du Christ, mais le lecteur, lui, attendra le Salut d’un roi, un descendant de Louis XVI !

2)     Est évoquée sans sourciller la possibilité d’un règne direct du Sauveur (Jésus-Christ) sur la terre, succédant au règne du Monarque : il s’agit de manière flagrante de l’hérésie millénariste.


           Enfin, la chronologie de l’exégèse de l’apocalypse est tout à fait confuse. Devrait nous rendre attentif à la tendance millénariste le fait que ce Barthélemy Holzhauser situe son grand monarque dans la période qui précède tout juste celle de l’Antichrist[13]. Si l'idée du grand monarque empereur du monde est une imposture anti-christique, il n’y a là rien d’étonnant, une imposture de bonne volonté, si j'ose dire, car tout le livre du Marquis de la Franquerie et toute sa description du grand monarque sont emprunte de piété et d'amour du Sacré Coeur. La bonne volonté ne suffit pas, et si de saint personnages se lèveront un jour, ils auront certainement grand soin d’éviter l’hérésie millénariste : « Cette imposture anti-christique se dessine déjà dans le monde chaque fois que l’on prétend accomplir dans l’histoire l’espérance messianique qui ne peut s’achever qu’Au-delà d’elle à travers le jugement eschatologique: même sous sa forme mitigée, l’Eglise a rejeté cette falsification du Royaume à venir sous le nom de millénarisme surtout sous la forme politique d’un messianisme sécularisé, "intrinsèquement perverse". » (Catéchisme de l’Eglise catholique § 676).

           L’allusion de la dernière phrase du catéchisme porte sur une réponse donnée par le Saint-Office le 21 juillet 1944 : « Ne peut être enseigné comme une chose certaine le système du millénarisme mitigé à savoir que le Christ Seigneur viendra pour régner en cette terre-ci visiblement avant le jugement final, que la résurrection de plusieurs justes le précède ou non. » (cf. DS n° 3839).

           Le Marquis de la Franquerie écrit aussi : « C’est au roi et non pas au pape que le Seigneur a confié la mission d’assurer le triomphe de son Sacré Cœur »[14]. Ce qui est ici ambigu c’est que le triomphe du Sacré Cœur est un triomphe sur les cœurs, ce qui demande la liberté des gens ; le roi ne peut que le servir par des lois civiles justes. Or il est suggéré ici qu’un règne spirituel pourrait être mis en œuvre par les puissances temporelles, ce qui est grossièrement inadéquat.


           Il nous faut aussi observer l’usage inapproprié des paroles des mystiques par le Marquis de la Franquerie.

           L’auteur parle de la dernière croisade en s’appuyant sur une soi-disant prophétie de Vincent Ferrier[15]. C’est ici qu’il est important de bien situer Vincent Ferrier, lequel avait aussi annoncé la « fin du monde » pour sa génération... (Et on le comprend, la peste noire venait de décimer, entre 1347 et 1352, 25% à 50% de la population européenne. En outre, à l’époque de Vincent Ferrier, l’idée de croisade était toujours d’actualité, la distinction du pouvoir temporel et du pouvoir spirituel était encore tout à fait floue et il y avait deux lignées de pape ! On pouvait prophétiser qu’un jour ça irait mieux et que l’on aurait un saint pape !

           En fait, quand le Marquis de la Franquerie parle d’une dernière croisade, il dépasse la perspective des premières croisades (libérer les lieux saints, affaiblir le monde musulman dont les conquêtes militaires étaient une menace permanente) : il se situe nettement dans la mouvance post-christique déjà attestée dans les écrits intertestamentaires de Qumrân, où Jésus devra revenir manu militari pour écraser ses ennemis…

           Il va sans dire que Marie-Julie Jahenny (1850-1941), largement citée, ne parle ni de croisade, ni de chasser les étrangers, ni d’un empereur du monde… Elle parle seulement d’un renouveau spirituel et marial de la France, renouveau hélas très tardif, avec un grand monarque français, de la lignée de Louis XVI, et d’un pape menacé mais gardé en vie...


           L’auteur met aussi à contribution les petits voyants de la Salette, dans une conversation qui évoque la survivance et donc la descendance de Louis XVII[16], mais qui ne parle là non plus ni de croisade, ni de chasser les étrangers, ni d’un empereur du monde. Il est particulièrement choquant de voir les apparitions de la Salette mêlées à un tel livre.

           Vers 1900, Mélanie a confié à l’abbé Combe des éléments de son deuxième secret sur la fin des temps. Elle en dit les grandes lignes à Mlle Vernet : « Je n’ai point vue de roi sur le trône de France. Cela ne fait rien, si la France revenait à Dieu, Dieu saurait la relever et lui donner un roi très chrétien [….] Après l’Antéchrist qui tombera corps et âme dans l’enfer […] les églises seront réouvertes, les rois seront les bras droits du Saint Siège, il n’y aura qu’un seul vrai pasteur et un seul troupeau, la charité régnera dans tous les cœurs. Des siècles durera encore le monde… »[17]




A SUIVRE


Dernière édition par Lumen le Jeu 11 Aoû 2022 - 21:49, édité 1 fois
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Messianismes et christianisme – critique du Marquis de la Franquerie. Empty Re: Messianismes et christianisme – critique du Marquis de la Franquerie.

Message par Lumen Jeu 11 Aoû 2022 - 21:46

Les mirages du passé mériteraient d’être mieux connus …

Au temps de l’Eglise impériale (IV° et V° siècle)

           Eusèbe de Césarée (vers 260- 339)[18] n’accepte pas une génération éternelle. Comme la divinité dans le Christ est elle-même diminuée, de même la préexistence du Fils n’équivaut pas à l’ « éternité» du Père.

           Il abaisse le Christ, et il élève l’empereur chrétien.

Eusèbe de Césarée relie la chrétienté et l’empire dans une unité indissoluble.

           « De plus, la monarchie romaine devient la représentation monarchie céleste ; à l’unité politique correspond la victoire spirituelle sur le polythéisme. Car le Christ a vaincu les démons, les véritables perturbateurs de l’ordre tant religieux que politique. Certes, Eusèbe n’a qu’un horizon limité : il ne regarde pas au-delà des frontières de l’Imperium Romanum […] L’histoire se déroulera paisiblement, si on peut encore parler d’histoire, car le divin Logos- incarné dans la monarchie de Constantin veille pour maintenir un ordre universel et immuable. »[19]

           Cette idée d’Eusèbe semble avoir eu une influence si forte que nous la retrouvons chez toute une série d’évêques après le concile de Chalcédoine.

           Mais saint Augustin fait assurément éclater l’étroitesse et la raideur de l’image eusébienne du monde et de l’histoire. A la place de l’harmonie préétablie entre l’Eglise et l’empire, se pose la question inéluctable de la distance entre ces deux entités, entre la cité de Dieu et la cité terrestre.[20]


           D’après Eusèbe, qui écrit après l’an 335, l’empereur est l’image du souverain du monde. Il imite le Logos. Le Fils imite le Père, et l’empereur imite le Fils (Laus Constantini Chap I). L’empereur est l’interprète du Logos et devient donc le maître et il proclame les lois de la vérité (Laus Constantini Chap. II). Il a déjà bénéficié de « théophanies » sans nombre ainsi que d’innombrables révélations en songe. Ce que les hommes n’ont pas saisi dans les révélations, Dieu l’a déposé dans l’esprit de l’empereur (Laus Constantini Chap. XI) [21].

C’est ainsi qu’Eusèbe, nous décrit l’empereur comme un homme ayant compétence en matière de foi, et qui fait pencher la balance dans les querelles d’opinions. « Il a pu convaincre les uns, faire honte à d’autres, louer ceux qui parlaient bien à propos, tout en les exhortant tous à l’unité » (Vita Constantini III, 13). « Quant à ceux qui ne se laissaient pas persuader, au contraire, il se détournait d’eux avec désapprobation » (Vita Constantini I, 44).


           En réalité, le vrai Constantin n’a pas revendiqué d’être l’interprète du Logos, ni de bénéficier d’une connaissance révélée particulière. Ce qu’Eusèbe écrit reflète simplement la théologie politique d’Eusèbe, mais ne correspond pas à la réalité historique.


           Constantin est incapable d’avoir la précision du langage du concile de Nicée.

           Constantin, qui demande à ce que les ariens soient réintégrés à l’Eglise, n’a pas pour autant des ariennes.

           Les idées de Constantin sur le Christ sont des idées connues et archaïques : Constantin ne parle pas de l’âme humaine du Christ ; il vénère le corps du Christ qui a souffert la Passion, qui est saint, et qui est la demeure de la divinité (Constantin, Lettre 20).

Il écrit dans un style lourd et confus : « Se trouve-t-il alors quelque chose d’intermédiaire en Dieu qui est aussi bien Père que Fils ? De toute évidence rien. Car la plénitude de toutes choses a reçu l’ordre de la volonté par la connaissance et n’a aucune façon séparé la volonté de l’essence du père. » (Constantin, Lettre 20, selon Kraft). Autrement dit, Constantin n’a pas des idées claires sur le rapport entre le Père et le Fils : l’explication du concile de Nicée ne peut pas venir de lui.


           Simplement, le parti d’Eusèbe aurait trouvé, de plus en plus, accès auprès de lui, mais cela, après le concile de Nicée :

           « Malgré l’issue sans équivoque du Concile, qui avait clairement affirmé que le Fils est de la même substance que le Père, peu après, ces idées fausses prévalurent à nouveau - dans ce contexte, Arius lui-même fut réhabilité -, et elles furent soutenues pour des raisons politiques par l’empereur Constantin lui-même et ensuite par son fils Constance II. Celui-ci, par ailleurs, qui ne se souciait pas tant de la vérité théologique que de l’unité de l’empire et de ses problèmes politiques, voulait politiser la foi, la rendant plus accessible - à son avis - à tous ses sujets dans l’empire.

La crise arienne, que l’on croyait résolue à Nicée, continua ainsi pendant des décennies, avec des événements difficiles et des divisions douloureuses dans l’Eglise.

Athanase fut obligé d’abandonner sa ville, passant dix années en exil et souffrant pour la foi. »[22]



           Cet exemple suffit à montrer le danger consistant à faire reposer le salut du monde sur un monarque, comme le rêve le marquis de la Franquerie.

Le Moyen Age et le développement du messianisme politique

           Le lys est une fleur mentionnée par la Bible et associée au roi Salomon (par exemple dans le Cantique des cantiques ou lorsque Jésus dit que Salomon dans toute sa gloire n’a pas été revêtu aussi bien qu’un lys des champs). Ainsi, le fait que Clovis en ait fait son emblème veut suggérer un lien symbolique entre la royauté française et la royauté davidique : tout simplement, Clovis devenu chrétien veut s’inspirer de la Bible...

           Le sacre de Charlemagne, en l’an 800, est un rite emprunté à celui des rois de l’Ancien Testament. L’Eglise voit en Jésus l’accomplissement des rois de l’Ancien Testament et elle n’a donc jamais reconnu le sacre comme un sacrement ; cependant, pour la piété populaire, l’empereur accède au domaine du sacré, ce qui se traduit par son pouvoir thaumaturgique (guérisons).

           Jésus-Christ refuse la royauté terrestre et accomplit néanmoins, en convertissant l’attente juive, toute l’attente d’un messie-roi. L’idée messianique chrétienne est une hérésie qui consiste à revenir aux idées de l’Ancien Testament.

           Dans l’idée messianique chrétienne, le roi ou l’empereur terrestre bénéficient de comparaisons toujours plus osées avec le Christ (Relectures de la vie de Clovis et de Charlemagne, éloges de Charles V, d’Alexis, de François 1er, etc.)


 L’idée messianique chrétienne se serait développée dans le Saint Empire. Sous la dynastie des Hohenstaufen (1137-1250), Charlemagne acquiert rétrospectivement un prestige messianique, à des fins de propagande politique et reçoit une sorte de canonisation laïque. Frédéric II est empereur (1212-1250) et roi de Jérusalem (1225-1250). Son fils Conrad IV est lui aussi empereur et roi de Jérusalem (1250-1254). Leur idéal est messianique : ils accomplissent à leur manière les prophéties de l’Ancien Testament désignant le Christ.

 C’est en réaction que la France se mit, elle aussi, à développer une perspective qui s’exprimait dans les candidatures françaises à l’empire, ou dans les croisades. Au XV° siècle, l'expédition italienne de Charles VIII (1494) suscita nombre d'espérances messianiques dans le milieu chrétien comme dans le milieu juif italien qui y voyaient le prélude à une croisade pour la libération de Constantinople et de la terre Sainte ; celles-ci auraient encouragé Charles VIII à prendre le titre de roi de Naples et de Jérusalem[23]. Mais l'auteur note qu'à la fin du Moyen Âge, le caractère messianique devient un "attribut permanent du roi français", signe d'une "banalisation" de l'approche apocalyptique. La thématique apocalyptique, largement employée au XV° siècle par la propagande de guerre française contre la gent anglaise : tous les fléaux accompagnant la Guerre de Cent ans prenaient sens, annonçaient la venue de l'Antéchrist[24]. 2° fils de François 1er, Henri II de France (1519-1559) prend la devise « Donec totum impleat orbem » (« Jusqu'à ce qu'elle remplisse le monde entier »). Henri III (1559 – 1589) porte une triple couronne (ce qui comporte une ambiguïté avec la tiare du pape) ; influencé par Joachim de Flore, il crée l’ordre du Saint Esprit. En consacrant le royaume à la Vierge le 11 décembre 1637, Louis XIII reproduisait trait pour trait la scène du renoncement au pouvoir de l’empereur des Derniers Jours[25]. Avec le succès puis l’enlisement de la réforme protestante, tout le XVII° siècle fut propice aux supputations apocalyptiques, l'astrologie s'empara durablement des prédictions, popularisées par les almanachs, certains annonçait la parousie pour l’an 1666, et Newton prédisait, à partir de l'observation des astres, la fin des temps pour l'an 2000 ![26]            


 Cette fièvre messianique et apocalyptique continuait d’exister partout en Europe :

 En Russie : Alexis (1645-1676), Pierre le Grand, Catherine II incarnèrent successivement ces espoirs messianiques parmi les chrétiens d'Orient[27].

           En Espagne : Christophe Colomb (1451-1506) voyait dans sa recherche de la route des épices un moyen de financer la reconquête de Jérusalem ; la découverte puis l'évangélisation du Nouveau Monde devaient ouvrir la voie à une chrétienté devenue enfin universelle, réveillant les rêves de messianisme politique : Charles-Quint (1500-1558) prend la devine « Plus Oultre » (plus loin), généralement associée à l’image des deux colonnes d’Hercule pour évoquer la conquête de l’univers ; Philippe II (1527-1598) prend le titre de senioro universal de el mondo (Seigneur universel du monde)[28]. Au XVII° siècle encore, les auteurs comme Tommaso Campanella (1568-1639) soulignent l'élection divine du peuple espagnol et sa prédestination à abriter la monarchie universelle[29] ; mais après 27 ans passés dans les geôles espagnoles, Tommaso Campanella estime que c’est à la France de parvenir à la monarchie universelle[30]…

           En Angleterre : En Angleterre, l'origine britannique de Constantin ainsi que les légendes sur le roi Arthur servaient à légitimer les prétentions impériales de la monarchie, notamment sous Henri VIII (1509-1547), sans que cela ne suscite le moindre écho en Europe. Sous la plume d'Edmund Spencer (1552-1599), la paix et la justice universelle serait établies par la reine vierge, Elisabeth 1ère (1558-1603). Pour les Puritains comme Aymler ou Milton, "God is English" et la nation anglaise est l'incarnation spirituelle de l'Israël biblique ("We little Israel of England").

           En Italie, des illuminé(e)s abondent dans l'entourage des princes de la Renaissance italienne, participant à l'affirmation de la légitimité du pouvoir politique ; ils influencèrent ceux qui, auprès des souverains français, de François Ier à Louis XIV, cherchaient à propager les notions d'Imperium mundi (empereurs du monde).


           Ainsi, l’idée d’un empereur du monde a été revendiquée par la plupart des Etats de la chrétienté[31]. Cette idée n’a conduit qu’à des guerres, largement inutiles…


Conclusion

           Quand le Marquis de la Franquerie parle d’un roi de France empereur du monde, il s’inscrit dans une très longue série d’idées messianiques qui ont traversé tous les grands pays européens, depuis l’empereur allemand Fréderic II (« saint empereur romain » † 1250), Philippe II en Espagne (« Seigneur universel du monde », 1527-1598), le français François 1er et la reine d’Angleterre Elisabeth 1ère. Partout les mêmes idées d’universalisme chrétien et de sacralisation du monarque… Partout les mêmes collusions avec la papauté, tantôt dominée, tantôt dominante : césaropapisme et théocratie ont été les déséquilibres chroniques de tout le Moyen Age jusqu’au XVII° siècle, période où écrit le fameux exégète « extraordinaire » sur lequel s’appuie l’auteur…

           Quand le Marquis de la Franquerie parle d’une dernière croisade, il dépasse la perspective des premières croisades (libérer les lieux saints, affaiblir le monde musulman dont les conquêtes militaires étaient une menace permanente) : il se situe dans la mouvance post-christique déjà attestée dans les écrits intertestamentaires de Qumrân, où Jésus devra revenir manu militari…

           Quand le Marquis de la Franquerie cite les mystiques récents (la Salette, entre autre), il n’en cite qu’un tout petit bout, il ne donne pas de référence et il évite tout ce qui contredit sa thèse…

           Que la France vive un retour au Christ, c’est à espérer. Mais la vraie foi ne consiste pas à diminuer le Christ pour faire de l’empereur un demi-dieu (comme le faisait déjà Eusèbe de Césarée au IV° siècle) : la vraie foi consiste à chercher à se convertir et à vivre de l’unique Rédempteur, le Christ. Qu’il y ait ensuite des hommes providentiels, tant mieux, mais ils n’ont pas le rang de Sauveur.



Françoise Breynaert,

Docteur en théologie.



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[1] Marquis de la Franquerie, Le saint pape et le grand monarque, éditions de Chiré, p. 22.

[2] A l'aube d'une ère nouvelle, Centro editoriale valtortiano, p. 83 (Maria Valtorta, Quaderni p. 353-355 ; 16 septembre 1943)

[3] Les apparitions d'Amsterdam à Ida Peerdeman ont été reconnues en 2002. Message du 31 mai 1951 : « [Le Père et le Fils] veulent envoyer le Saint et Véritable Esprit. Lui seul peut apporter la paix [...] Et maintenant, je m'adresse aux hommes de ce monde et je dis : Hommes, c'est de vous que doit venir la force et la volonté de conduire le monde vers le SEUL ROI de ce monde, le Seigneur Jésus-Christ. »

Message du 31 mai 1955 : « Peuples, cette paix véritable, c'est le REGNE DE DIEU. Il est plus proche que jamais. Comprenez bien ces paroles. »

[4] A l'aube d'une ère nouvelle, Centro editoriale valtortiano, p. 84 (Maria Valtorta, Quaderni p. 353-355 ; 16 septembre 1943)

[5] Edouard-Marie GALLEZ, Le messie et son prophète, Editions de Paris 2012

[6] Alfred-Louis DE PREMARE, Aux origines du Coran, questions d’hier, approche d’aujourd’hui, Paris, Tétraèdre, 2004, p. 113, note 111.

[7] TALMUD DE BABYLONE, Sanhédrin 43a ; Shabbat 104b.

[8] Edouard-Marie GALLEZ, Le messie et son prophète, Editions de Paris 2012, p. 171-177

[9] Alexandre Y. HARAN, Le lys et le globe. Messianisme dynastique et rêve impérial en France aux XVIe et XVIIe siècles, éditions Champ Vallon, Seyssel (France), 2000, p. 11-13.

[10] Marquis de la Franquerie, Le saint pape et le grand monarque, éditions de Chiré, p. 13.

[11] P. 32

[12] Marquis de la Franquerie, Le saint pape et le grand monarque, éditions de Chiré, p. 22.

[13] Marquis de la Franquerie, Le saint pape et le grand monarque, éditions de Chiré, p. 17.

[14] Marquis de la Franquerie, Le saint pape et le grand monarque, éditions de Chiré, p. 22.

[15] P. 32

[16] Marquis de la Franquerie, Le saint pape et le grand monarque, éditions de Chiré, p. 24-26.

[17] R. LAURENTIN, Michel CORTEVILLE, Découverte du secret de la Salette, Fayard, 2002, p. 157

[18] Cardinal Aloys GRILLMEIER, Le Christ dans la tradition chrétienne, de l’âge apostolique au concile de Chalcédoine. Cerf, Paris, 2003, p. 421-453

[19] Cf. Eusèbe, Préparation évangélique I, 4, 1-6

[20] Cardinal Aloys GRILLMEIER, Le Christ dans la tradition chrétienne, de l’âge apostolique au concile de Chalcédoine. Cerf, Paris, 2003, p. 535

[21] Chap I-X = discours triennal. Chap XI-XVIII = Basilikon Syngramma

[22] Extraits de BENOIT XVI, Audience générale du mercredi 20 juin 2007

[23] Alexandre Y. HARAN, Le lys et le globe, Ibid., p. 39

[24] Alexandre Y. HARAN, Le lys et le globe, Ibid., p. 47-48

[25] Alexandre Y. HARAN, Le lys et le globe, Ibid., p. 172

[26] Alexandre Y. HARAN, Le lys et le globe, Ibid., p. 55

[27] Alexandre Y. HARAN, Le lys et le globe, Ibid., p. 72

[28] Alexandre Y. HARAN, Le lys et le globe, Ibid., p. 77

[29] Alexandre Y. HARAN, Le lys et le globe, Ibid., p. 81, cf. Tommaso Campanella, La monarchia di Spania, 1598

[30] Alexandre Y. HARAN, Le lys et le globe, Ibid., p. 254

[31] Alexandre Y. HARAN, Le lys et le globe, Ibid., p. 101.







Dieu s'est incarné par Marie, pour qu' IL entre dans nos vies, il faut accueillir Marie chez soi, comme Jésus l'a dit au calvaire "Voici ta mère" (Jn 19, 25-27).
St Jean de Damas vers l'an 700 priait déjà "O Marie, O ma souveraine... Je vous livre et consacre toute ma personne... afin de trouver votre divin Fils dans le temps et l'éternité"
Il y a une montée : on consacre ses biens matériels et sensibles, alors la charité grandit ( St Jean de la Croix)
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