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Père Philippe Plet : « Le désert réanime l’âme, quand le monde l’endort »

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Père Philippe Plet : « Le désert réanime l’âme, quand le monde l’endort » Empty Père Philippe Plet : « Le désert réanime l’âme, quand le monde l’endort »

Message par Lumen Mar 20 Fév 2024 - 14:17

Père Philippe Plet : « Le désert réanime l’âme, quand le monde l’endort »

C’est dans l’âpreté du désert que l’on rencontre Dieu, quand on s’est libéré des idoles qui nous retiennent en terre profane, explique le Père Philippe Plet, religieux passionniste.

Père Philippe Plet : « Le désert réanime l’âme, quand le monde l’endort » Philippe_plet
« L’Exode symbolise la vie présente, où nous sommes tiraillés entre
l’Égypte et le royaume de Dieu », analyse le Père Philippe Plet. - DR


On conçoit le désert comme un lieu d’amélioration spirituelle, de « détox » de l’âme, mais celui de l’Exode ne ressemble-t-il pas surtout à une déroute ?

Lieu de l’insécurité, de la fragilité, de la vérité sur soi et sur le monde, le désert est l’antithèse de l’Égypte, c’est-à-dire du monde, de ses valeurs et de ses compromissions, spirituellement parlant. Être au désert signifie que nous sommes sortis d’Égypte, au moins temporairement, que nous avons pris nos distances avec notre vie ordinaire, et aussi avec notre moi, pour nous ouvrir à quelque chose qui est au-delà de nous-mêmes, au-delà du monde qui nous entoure : le Dieu à la fois proche et transcendant dont Moïse fait l’expérience avec le buisson ardent. C’est parce qu’il avait atteint la maturité, cherchant Dieu après avoir vécu quarante ans comme prince égyptien et quarante ans à Madian, où il a appris à devenir un homme du désert, avant les quarante autres années qu’il y passera avec les Hébreux, que Moïse a pu faire cette expérience de Dieu à laquelle nous sommes tous appelés.

La pérégrination de l’Exode, où tantôt on se rapproche de la Terre promise, tantôt on s’en éloigne, est-elle une métaphore de la vie spirituelle ?

L’Exode symbolise la vie présente, où nous sommes tiraillés entre l’Égypte et le royaume de Dieu. Le désert nous révèle que l’existence est un combat spirituel. Penser que l’on peut fonder une vie à l’abri des malheurs et des tentations est une illusion. Nous aurons toujours à combattre les ténèbres, à choisir la lumière, et ce sera toujours à contre-courant. Car souvent, on préfère se replier sur les biens de ce monde. Fondamentalement, le monde est sans joie. Il sait éprouver des sentiments de puissance, de transe ou d’exaltation, mais la joie véritable est d’ordre spirituel, au niveau de l’âme. Et le désert réanime l’âme, quand le monde l’endort. Il est cette descente en soi-même vers le fond de l’âme, où l’on interroge son propre cœur pour qu’il nous dise qui il aime véritablement. Il peut réveiller d’un coup les cœurs en sommeil, en attente, qui n’étaient pas entrés en compromis avec les idoles, qui étaient toujours en manque, comme ceux d’un Charles de Foucauld ou d’un Paul Claudel. Un jour, ils ont entendu le désir de leur cœur comme l’épouse du Cantique des cantiques : « Qui aimes-tu, mon cœur ? » Et le cœur n’aime profondément qu’un être, Dieu, son créateur. Le seul qui puisse le combler véritablement. Le bonheur en Dieu est fondé sur l’amour, qui est toujours une sortie de soi-même pour aller vers l’être aimé, devenir l’être aimé, sentir comme l’être aimé, ne plus faire qu’un avec Lui. Il laisse derrière lui l’ego. Nous n’avons le choix qu’entre le culte du moi et le culte de Dieu. Ce Dieu qui n’attend qu’une chose : nous parler, être rencontré, nous combler. Même si ce sera toujours dans le combat tant que nous sommes ici-bas. La mort de Moïse, juste avant d’entrer dans cette Terre promise qui symbolise le royaume des Cieux, laisse entendre qu’on ne trouvera ultimement la béatitude absolue que dans l’autre vie.

Que nous révèlent les épreuves traversées par les Hébreux au désert ?

Elles montrent très clairement ce qui doit être purifié dans leur cœur, comme dans celui du croyant d’aujourd’hui : la propension à la révolte et au « murmure », la mauvaise volonté et l’entêtement, comme le dit la célèbre expression de « peuple à la nuque raide ». La nostalgie de nos esclavages, aussi. La tentation de l’idolâtrie, faisant que l’on préfère adorer des choses à notre portée, psychologiquement et matériellement, plutôt que l’absolu de Dieu. L’idée que l’on peut devenir saint par la grâce de Dieu sans faire aucun effort. Le manque de confiance en Dieu, quand bien même Il est présent et bienveillant tout au long de leur épreuve, donnant au centuple à chaque revendication. Ce qui révèle paradoxalement l’incroyable proximité du divin, malgré son absolue transcendance… La pérégrination des Hébreux au désert nous donne l’illustration parfaite des résistances, des peurs qui nous font renâcler, et pas seulement des révoltes. En effet, beaucoup de tentations sont fondées sur la peur. « Si tu te convertis, que tu veux aller plus loin dans la prière, regarde tout ce à quoi tu vas devoir renoncer », nous susurre avec malice le démon au désert. Ce qui est faux. Celui-ci nous fait sans cesse regarder en arrière, du côté de l’Égypte.



Les Hébreux au désert, par le Père Philippe Plet, Salvator.
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Propos recueillis par Clotilde Hamon
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