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Lettres de l`Éveque St-Yves de Chartres - 12 eme siecle

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Lettres de l`Éveque St-Yves de Chartres - 12 eme siecle Empty Lettres de l`Éveque St-Yves de Chartres - 12 eme siecle

Message par MichelT Jeu 3 Juil 2014 - 18:43

Frappé de respect à la vue de son courage, plein d'admiration pour sa bonté et son dévouement à la cause des petits et des humbles, nous avons cru qu'il serait bon de le faire mieux connaître à ses concitoyens. S'il eût vécu de nos jours, s'il eût écrit dans la langue populaire, on n'aurait pas assez de termes pour célébrer ses louanges ; mais il vivait au commencement du XIIe siècle, mais il écrivait en latin, deux raisons majeures qui ont condamné sa mémoire à un oubli au moins relatif.


II. (4, A, B et C.) Ives, par la grâce de Dieu, humble évêque de Chartres, à Bernard, très cher abbé de Marmoutier,[5] et aux frères qui sont avec lui, salut en Notre-Seigneur.

Comme le souverain pasteur a voulu nous donner le titre de pasteur et nous a commandé d'en exercer l'office, il convient que nous fournissions aux brebis errantes et malades un remède efficace. Par nos instances importunes, n'en fatiguons aucune, mais aussi, par complaisance pour notre paresse, n'en laissons aucune périr par notre négligence : ne préférons pas notre repos aux affaires temporelles, mais fournissons à l'Église le ministère que nous lui devons dans son enfantement laborieux. En effet, bien que le travail de notre milice ait pour but ultérieur les embrassements de la belle Rachel, cependant l'espoir d'une plus nombreuse postérité doit nous faire tolérer ceux de sa sœur Lia ; car si celle-là voit plus, celle-ci produit davantage ; si la vision de celle-là lui est très agréable à elle-même, l'action de celle-ci est nécessaire à beaucoup, et, pour parler plus clairement, tandis que chez l'une on ne trouve presque que l'amour de Dieu, chez l'autre est manifeste en outre l'amour du prochain. (Le médiateur de Dieu et des hommes) a proposé à ses successeurs l'image de cet amour, quand pour nous non seulement il est sorti de sa retraite pour se montrer à nous en public, mais encore quand il voua le corps qu'il avait pris au fouet, aux soufflets, aux crachats et enfin à la mort de la croix. Eh quoi ? Qu'est-ce que par cette conduite le souverain pasteur nous propose, sinon que nous, qui sommes appelés pasteurs, nous poursuivions, avec une charité sans relâche, afin de les ramener au bercail, les brebis égarées confiées à notre garde, qui fuient par les sentiers âpres et détournés, bien qu'en les poursuivant nous soyons déchirés par les ronces et ensanglantés par les nombreux aiguillons des épines.

Comme je n'ignore pas que votre sagesse connaît ces vérités, je ne sais si je dois accuser, autant que peut me le permettre mon affection, votre patience ou votre négligence de ce que, au mépris des usages de nos pères, vous retenez près de vous quelques-uns de nos frères naguère envoyés par nous pour la garde des âmes. En ce faisant, vous laissez attaquer notre réputation et la leur, et vous ne prenez nul souci d'apporter remède aux maux des brebis confiées à leurs soins. Aussi, pour ne pas parler des autres en ce moment, j’invite et je prie, je prie et j'invite votre fraternité, tout prétexte cessant, de renvoyer vers nous, avant l'ouverture du prochain jeûne, le sieur Gautier, jadis abbé du monastère de Bonneval,[6] afin qu'après avoir appris de lui la cause de son éloignement, nous l'approuvions, si son absence peut être approuvée ; que si au contraire elle n'est pas approuvable, par le conseil et l'aide de nos coopérateurs, il soit soumis dans son ancien poste à une juste «t entière correction. Adieu.

III. (5, A, B et C.) Ives, par la grâce de Dieu, humble évêque de Chartres, à Adèle,[7] noble comtesse, prudence et sagesse en Jésus-Christ.

Le sang royal qui des deux lignes descend dans les veines de votre excellence recommande manifestement à tous la noblesse de votre origine : mais cette noblesse, pour les âmes pieuses, est considérablement surpassée, comme je l'ai appris, par la pureté de vos mœurs et la largesse de votre munificence : aussi je me demande avec étonnement pour quelle raison vous affichez de dire que vous aimez comme vous-même votre cousine Adélaïde,[8] dont vous vous efforcez avec tant de zèle de défendre ou de cacher les relations adultères avec Guillaume. Vous négligez ainsi votre salut et le leur, et vous ne prenez pas assez garde quel péril ou quelle infamie me menace en cela. Comment en effet le glaive de l'esprit posé dans ma bouche pourra-t-il frapper les étrangers qui se souillent d'une semblable contagion, s'il n'ose frapper ou s'il feint d'ignorer ceux qui sont près de lui ? Ceux-là ne seront-ils pas fondés à m'opposer ce précepte évangélique : Arrache d'abord la poutre qui est dans ton œil, afin de voir ensuite la paille qui est dans le nôtre. L'Apôtre m'interdit cette tolérance par des menaces terribles, disant de ces prévaricateurs : Ceux qui agissent ainsi sont dignes de mort, et non seulement ceux qui le font, mais ceux qui permettent de le faire. Et saint Ambroise dit que ceux qui permettent sont ceux qui cachent ou qui défendent les pécheurs. Aussi je supplie humblement votre sublimité de ne pas s'indigner contre moi ; car j'en prends à témoin celui devant qui est dévoilé l'abîme de la conscience humaine, si j'ai pris en main cette cause, ce n'est pas par malveillance de ma part ou de la part d'autrui, c'est par la seule rigueur et par le seul amour de la justice, dont j'ai tel souci que, s'il ne pouvait en être autrement, j'aimerais mieux encourir la malveillance des hommes que d'abandonner la loi de mon Dieu. Cependant je condescendrai à votre demande sous une condition, c'est que tous deux jureront que jusqu'à la fin du procès ils s'abstiendront de tout commerce charnel : autrement, je dois faire tous mes efforts, par mes fréquents reproches, pour retirer du fond de l'enfer ce mort de quatre jours qui répand au loin la puanteur. Adieu.

V. (7, A, B et C.) Ives, par la grâce de Dieu, humble évêque de Chartres, à Roscelin,[11] ne pas raisonner plus qu'il ne convient, mais raisonner avec prudence.

Si tu étais la centième brebis perdue dans le désert, mais déjà revenue au bercail, de même que je brûlais de zèle pour toi tant que je te savais dévoyé et égaré, ainsi je serais tranquille à ton égard si j'étais sûr que tu fusses converti et revenu à la saine croyance. Mais comme je sais qu'après le concile de Soissons tu as défendu avec ardeur ton ancien système, dans des disputes clandestines, auprès de personnes que tu connais aussi bien que moi, et que tu as voulu faire adopter ce que tu avais abjuré et d'autres théories non moins insensées, il ne peut entrer dans mon esprit l'espoir que tu aies corrigé ta croyance et que tu sois revenu à de meilleurs sentiments. Si donc, à cette occasion, l'avarice rapace de quelques hommes violents t'a affligé et t'a dépouillé de tes biens, ce n'est pas d'eux-mêmes qu'ils ont ainsi agi avec violence, mais par une juste sentence de la sagesse de Dieu, qui veille à ton salut et qui fait son bien même par l'entremise des méchants qui le servent à leur insu. Et c'est ce Dieu dont tu t'efforçais de déchirer la robe par ta faconde inféconde, bien qu'elle fût armée de raisonnements humains. Quoique de nombreux exemples prouvent la vérité de cette sentence du poète moraliste : L'amphore conserve toujours l'odeur dont elle a été une fois imprégna,[12] ce n'est pas pour moi que je craindrais et que je redouterais ta présence, espérant te ramener à de meilleurs sentiments plus propres à ton salut. Mais certains de nos concitoyens, curieux de connaître la vie d'autrui, quoiqu'ils soient peu soucieux de corriger la leur, ne manqueraient pas de te trouver odieux et de me considérer comme suspect à cause de toi, et quand ils sauraient ton nom, quand ils connaîtraient tes doctrines, ils courraient aussitôt, suivant leur coutume, saisir des pierres et t'écraseraient sous un monceau de décombres. C'est pourquoi je te conseille de t'armer de la patience du bienheureux Job, et de dire avec lui, quoique fort indigne : Je supporterai la colère de Dieu paru que je l'ai méritée, jusqu'à ce qu'il me justifie. Car, je l'atteste, si, converti, tu gémis sur toi-même et que, voulant vivre dans la simplicité de la foi, tu dégonfles la vanité de tes sens charnels, les mamelles de la divine consolation ne te feront pas défaut, et l'Église ta mère qui, lorsque tu t'es égaré, t'a chassé avec une sévérité paternelle, t'accueillera avec une piété maternelle lorsque tu seras venu à résipiscence. Il te faut donc écrire le contraire de ce que tu as enseigné ; désavouant tes injures, il faut que publiquement tu rajustes la robe de ton Seigneur que tu déchirais publiquement, afin que, de même que tu fus à beaucoup un exemple d'erreur, tu deviennes dans la suite un modèle de repentir. Ainsi, précédé d'une bonne odeur et perdant peu à peu ta mauvaise odeur passée, tu seras accueilli et chéri et par nous et par les autres, et tu pourras recevoir de riches bénéfices.


VIII. (10, A, B etC.) Ives, par la grâce de Dieu, évêque de Chartres, aux vierges consacrées à Dieu dans le monastère de Saint-Avit en Dunois,[19] la grâce de plaire au fiancé des Vierges.

Le nom de vierge est glorieux, mais plus glorieux sont les fruits de la virginité. Car si le juste doit suivre les traces de son Dieu partout où il le peut, on lit des vierges qu'elles suivent l'agneau partout où il va. Et tandis que les divers ordres d'époux ou de célibataires ont toujours à déplorer quelques faiblesses de la corruption de la chair, la virginité sans tache n'a qu'à se réjouir dans son auteur. Aussi plus grande est son élévation, plus grave est sa chute. Plus celles qui persévèrent peuvent espérer une félicité et une gloire parfaites, plus celles qui tombent doivent redouter une condamnation terrible. La virginité est la vertu de la cité céleste, c'est l'honneur des élus du ciel, là où l'on n'a plus à craindre de rien perdre de ses mérites, où l'on n'a plus à redouter d'être vaincu par la corruption. Plus chacun en ce monde mortel conservera avec soin sa virginité, plus il sera réjoui par les visites familières et par l'amour du fiancé des vierges. Si vous voulez vous convaincre que cette vertu est bien la vertu du paradis, rappelez-vous que vos premiers parents avant leur péché la possédaient dans le paradis, tandis qu'après la chute ils la perdirent dans leur exil sur la terre. Pour avoir renversé les remparts qui défendaient leur cité, ils furent facilement vaincus par l'antique ennemi de l'homme, et, chassés au milieu des douleurs de l'exil du monde, ils furent justement dépouillés des ornements de leur cité primitive. Si donc vous voulez quitter cet exil pour retourner à votre vraie patrie, défendez-vous par les remparts de cette même patrie, ornez-vous de tous ses ornements, afin que vous ayez le courage de repousser les perfides tentations de l'antique ennemi, et que vous puissiez plaire au fiancé immortel à qui vous avez entièrement voué vos corps. C'est le Christ en effet auquel vous avez fait vœu de vous consacrer, et non aux clercs. Vous avez fait vœu d'épouser le Christ et non de vous mêler aux entretiens du siècle. La clôture de votre monastère n'a été faite que pour interdire à ceux qui suivent le monde de pénétrer dans la forteresse de celles qui fuient le monde, que pour empêcher que vous sortiez en public de peur que la vue du monde n'excite en vous-mêmes de honteuses imaginations, et, que la virginité étant détruite en votre cœur, votre corps aussi ne se laisse aller à la corruption. Comment pourrez-vous rester chastes et pures si vous cherchez à lier conversation en public avec des hommes sans pudeur, ou si vous prenez l'habitude de causer chaque jour familièrement avec eux ? Vous savez qu'il est écrit : Les mauvaises conversations corrompent les bonnes mœurs. La bienheureuse Vierge Marie, dont la vie est spécialement proposée comme modèle aux vierges du Christ, ne vivait pas en public et ne se plaisait pas dans les conversations des galants, quand elle fut saluée par l'ange, quand elle fut visitée par le Saint-Esprit, quand elle devint mère du Sauveur. De même les autres saintes femmes qui voulurent plaire à Dieu par la sainteté de leur vie évitèrent toujours la conversation des hommes, excepté toutefois de ceux que leur charité leur conseillait d'aider de leurs moyens, ou de ceux dont elles devaient recevoir de saintes et salutaires exhortations. Jamais assurément elles ne s'étudièrent à plaire aux amis de la chair par de précieux vêtements, par un visage fardé, par un geste lubrique, par une molle démarche. L'immortel fiancé cherche dans votre homme intérieur la beauté sans souillure, et non la souillure resplendissante de beauté de l'homme extérieur. En parlant de la fiancée du Christ le Psalmiste s'écrie : Toute la gloire de la fille du roi est à l'intérieur. Ce qui convient donc à la vierge du Christ c'est un cœur humble, un visage pâle et flétri par les macérations, une peau noircie sous le cilice, et non pas entretenue par le fréquent usage des bains : c'est la retenue dans les paroles, l'obéissance dans la pratique, la frugalité dans la nourriture, la sobriété dans la boisson, la gravité dans la démarche, la grossièreté dans le vêtement, et non la prodigalité, indice d'une âme où elle entretient la dissolution : en tout cela il ne faut point consulter la sensualité, mais la nécessité. De même en effet qu'une maison honnête se reconnaît à son vestibule même, de même l'état d'une âme religieuse se décèle aussitôt à ces signes, et par eux elle fait chaque jour des progrès vers le mépris d'elle-même. Plus quelqu'un est vil à ses yeux, plus il est élevé aux yeux du Créateur.
Il faut aussi que vous soyez toujours attachées à la prière ou à la lecture ou à l'ouvrage, afin que le diable vous trouve occupées et ne remplisse pas vos âmes de pensées mauvaises et vagabondes. On lit que cet usage avait lieu dans les monastères d'Egypte, de ne recevoir personne qui ne voulût travailler, non pas que le travail fût nécessaire, mais pour éviter l'oisiveté, qui est ennemie de l'âme. A cela vous direz peut-être ce qu'ont dit tant de chrétiens qui ont abandonné Dieu pour aller à Satan : « Ce langage est sévère. Notre âge ne peut subir une si dure loi ; notre naissance ne peut se plier à ces rudesses. » Je vous réponds : laquelle de vous est plus noble que la bienheureuse Cécile, qui domptait ses membres avec un cilice ? Laquelle est plus tendre que la bienheureuse Agnès, qui non seulement méprisa l'alliance des plus nobles Romains, mais qui, comme elle le dit d'elle-même, traversa les impuretés de la chair par un sentier sans tache ? Les siècles sont pleins d'exemples de religieuses et de religieux, de toutes conditions, de tous sexes, de tout âge, qui sont arrivés à plaire à Dieu par de semblables moyens. Eh quoi ! vous ne pourrez pas faire pour le père des lumières ce que ceux-ci et celles-là ont fait. Il est encore autre chose que vous pensez peut-être tout bas : « Si nous refusons de causer, comme nous avons l'habitude, avec nos familiers, eux, à leur tour, nous refuseront leurs services accoutumés, ils nous priveront des secours dont nous avons besoin. » A cela je vous réponds, en prenant pour garant la parole apostolique, que ce Dieu, fidèle en ses promesses, qui ne permettra pas que vous soyez tentées au-delà de vos forces, vous donnera pour un seul ami terrestre cent amis spirituels, par l'entremise desquels il vous fournira tout ce qui vous est nécessaire et conservera saines et intactes les richesses de votre monastère. Si quelqu'une de vous était unie à un homme par les liens du mariage et qu'elle passât à un autre, ne serait-elle pas appelée adultère ? Ne serait-elle pas punie par les juges de la peine capitale ? Combien davantage ne pensez-vous pas qu'elle mérite les derniers supplices celle qui, méprisant les chastes liens du fiancé immortel, prodigue son amour charnel à quelque mortel ?
Retenez donc ces pensées, très chères sœurs ; attachez-vous au fiancé immortel, prodiguez-lui tout votre amour : veillez à l'avenir à votre réputation que vous avez entachée en partie. Que je ne sois pas forcé de venir un jour à vous avec ma verge de pasteur ; que je ne vous trouve pas telles que je ne veux pas vous trouver, que vous ne me trouviez pas tel que vous ne voulez pas me trouver.
Je veux et commande par l'obéissance que vous me devez qu'une fois chaque semaine cette lettre soit lue en communauté, afin que vous appreniez à éviter soigneusement ce qui est déshonnête et que vous vous étudiiez à observer avec joie et courage ce qui est honnête et convenable à votre salut. Adieu.

. (12, A, B et C.) A Urbain, très révérend père des autres pères, son fils très fidèle Ives, qu'on appelle évêque de Chartres, courage et patience dans les tribulations.

Puisque, par la sacrée imposition de votre main, la divine providence, me tirant du fumier, m'a choisi pour travailler à sa moisson, je m'emploie tant que je le peux à cultiver les champs du Seigneur, mais je ne marche que d'un pas de fourmi, et ma faiblesse m'empêche d'avancer comme je le désirerais. Je mets tous mes soins, aidé de la divine grâce, à répandre la semence de la parole ; mais la moisson est grande et laborieuse, l'ennemi a semé à l'avance et resemé beaucoup d'ivraie : aussi je sens que je tire peu de fruit de mon travail. Craignant d'arracher le froment avec le mauvais grain, et me flattant d'agir avec la prudence d'un sage laboureur, je tolère beaucoup, je dissimule beaucoup. Mais, je l'avoue, je ne distingue pas très clairement si j'agis ainsi par vertu ou par vice, par discrétion ou par paresse, sous prétexte de discrétion. Dans cette anxiété d'esprit, j'implore ardemment le secours des prières nécessaires à mon insuffisance, secours que vous me devez, car aucune raison n'aurait pu me décider à accepter ce fardeau si votre sainteté ne m'y avait engagé, si votre autorité ne m'y avait contraint. Donnez donc au fils de vos entrailles le secours de vos conseils paternels, afin que si la main de Dieu daigne opérer par moi quelque œuvre profitable, ce ne soit pas à ma petitesse, mais à votre sainteté qu'après Dieu le mérite en soit attribué. Je vois qu'il se passe dans la maison de Dieu bien des désordres qui me tourmentent : le principal est que parmi nous ceux qui ne servent pas l'autel vivent de l'autel. Comme j'ai tenté de faire cesser ce sacrilège par mes avis, par mes reproches, par mes excommunications, ils veulent racheter de moi les autels sous le nom d'une personne qui serait chargée de les desservir, comme autrefois par une mauvaise pratique ils les ont rachetés de mes prédécesseurs. C'est en cela surtout que j'ai besoin de votre avis, si vous jugez que je doive le tolérer, de votre secours, si vous croyez que je ne dois pas le souffrir. Quant au reste, je saurai le tolérer ou le corriger, si cet abus est réformé par votre conseil et votre secours.

Pour vous parler d'autre chose, je veux informer votre béatitude que l'archevêque de Sens, infatué des dires de l'évêque de Paris, s'étant associé ce même évêque de Paris et deux autres évêques non moins insensés, ceux de Meaux et de Troyes,[21] a osé, sans vergogne, cette année, à Etampes, me reprocher l'ordination que j'avais reçue de vous, disant que j'avais offensé la majesté royale en acceptant d'être consacré par le siège apostolique. Comme donc ils s'efforçaient malgré votre décret de rétablir sur son ancien siège Geoffroy que vous avez déposé, et qu'ils prononçaient contre moi une sentence de déposition, j'en ai appelé au siège apostolique et je les ai arrêtés dans leur présomption par la crainte des décrets apostoliques, quoiqu'ils n'eussent à redouter ceux-ci que dans l'avenir. Ils n'ont point osé soutenir l'appel, mais ils n'ont point voulu non plus faire une paix complète avec moi. Il me semble donc nécessaire que vous adressiez des lettres tant à l'archevêque qu'à ses suffragants, afin que, ou bien ils fassent cette paix, ou bien ils se rendent avec moi en votre présence pour vous rendre compte du différend.

Je prie aussi votre paternité d'envoyer vers nous quelque légat, homme de bon témoignage, qui ne cherche pas son intérêt, mais celui de Jésus-Christ. Il serait bien nécessaire à l'Église de Dieu, où chacun ose ce qui lui plaît, fait ce qu'il ose et jouit de l'impunité pour ce qu'il fait.
Mandez à votre fils dévoué l'état prospère ou fâcheux de vos affaires, afin que, autant que Dieu nous le permettra, nous le priions avec ardeur, si vous êtes dans la prospérité, de vous le confirmer, si vous êtes dans le malheur, de le repousser loin de vous. S'il vient vers vous quelqu'un chassé de notre église à cause de son infamie, je vous prie de ne pas statuer à son égard avant d'avoir plus amplement entendu sa cause. Salut à votre sainteté.

XI. (13, A, B et C.) A Renaud, révérend archevêque de Reims,[22] Ives, humble évêque de Chartres, consolation abondante.

Sachant par expérience le danger que courent les prélats, suivant ces paroles du Psalmiste : Ceux qui descendent la mer sur des navires, roulant sur des eaux sans fin, ont vu des choses admirables dans les profondeurs de l'Océan : ils montent vers le ciel et descendent jusque dans les abîmes : leur âme séchait de douleur. Ils ont été troublés et émus comme un homme ivre, et toute leur sagesse a disparu ; ne me confiant pas assez en moi-même, je désire votre avis et celui d'autres sages prélats pour être confirmé ou réformé en mon jugement. Notre seigneur le roi m'ayant tout récemment invité à une entrevue, par la suggestion de quelques-uns de mes ennemis, me pria instamment de l'assister dans la célébration du mariage qu'il se disposait à faire avec Bertrade,[23] que l'on dit être la femme du comte d'Anjou. Lui ayant répondu que ce mariage ne devait pas se faire parce que la cause n'était pas encore jugée entre lui et son épouse, il protesta que cette cause était entièrement jugée par l'autorité apostolique, avec votre approbation et celles de vos coévêques. Sur cette protestation, je lui répondis que j'ignorais ces faits et que je ne voulais pas être présent à ce mariage, à moins que vous n'en fussiez le célébrant et le ministre, et vos coévêques les assistants et les coopérateurs, parce que cet honneur appartient de droit à votre église d'après l'autorité apostolique et d'après la coutume antique. Or, comme je connais votre piété, je suis certain qu'en une circonstance si pleine de périls et qui peut être si pernicieuse à votre réputation et à l'honneur de tout le royaume, vous ne ferez et ne direz rien qui ne soit appuyé sur l'autorité de la raison : c'est pourquoi je supplie très ardemment et très affectueusement votre charité de faire cesser le doute où je flotte en me découvrant la vérité de ces faits que vous connaissez et en me donnant à ce sujet un avis salutaire, bien qu'il puisse être pour moi d'une conséquence extrême. J'aime mieux en effet être privé à jamais du titre et des fonctions d'évêque que scandaliser par la prévarication contre la loi le petit troupeau que mon Seigneur a confié à ma garde. Il est d'ailleurs d'autres causes secrètes, sur lesquelles il convient encore que je me taise, qui rendent impossible pour moi l'approbation de ce mariage. Adieu.

XII. (14, A, B et C.) Aux archevêques et évêques invités aux noces royales, Ives, humble ministre de l'église de Chartres, esprit de sagesse et de force.

Je transmets à votre charité un exemplaire de la lettre que j'ai adressée à notre seigneur roi, afin que vous sachiez que j'ai le même motif que vous de ne pas vous rendre aux noces où vous êtes appelés. Vous tous donc qui êtes réunis, ne soyez pas comme des chiens muets, incapables d'aboyer ; mais, semblables à de bonnes sentinelles qui voient le glaive descendre sur la terre, sonnez de la trompette, afin que, lorsque vous aurez fait ce que vous devez, vous délivriez vos âmes et les âmes de ceux qui se sont réveillés au son de la trompette. Voici l'exemplaire de ma lettre.

XIII. (15, A, B et C.) A son seigneur Philippe, magnifique roi des Français, Ives, humble évêque de Chartres, lutte fidèle sur cette terre pour ne point être privé du royaume éternel.

Ce que j'ai dit de vive voix à votre sérénité avant votre serment, je vous l'écris de loin aujourd'hui, c'est à savoir que je ne veux ni ne puis assister à cette solennité nuptiale à laquelle vous me conviez, si je ne suis certain à l'avance qu'une décision d'un concile général a légitimé le divorce entre vous et votre épouse et que vous pouvez légitimement contracter alliance avec celle que voulez épouser. Si j'eusse été invité à discuter cette question en un lieu où j'eusse pu en toute sécurité échanger avec mes coévêques les raisons canoniques, sans craindre les violences d'une multitude égarée, je me fusse volontiers rendu en ce lieu, afin d'écouter, de dire, de faire avec mes confrères ce que dictent la loi et la justice. Mais aujourd'hui vous m'appelez spécialement à Paris pour m'y trouver avec votre épouse, et je ne sais si elle peut être votre épouse. Or, à cause de ma conscience que je dois conserver pure devant Dieu, à cause de ma réputation que le prêtre du Christ doit avoir sans tache devant ceux du dehors, j'aime mieux être précipité dans les profondeurs de la mer avec une meule de moulin au cou que d'être une cause d'achoppement pour les âmes infirmes comme une pierre l'est pour un aveugle. Et je ne pense pas, en faisant ainsi, agir contre la fidélité que je vous dois, mais au contraire je crois vous donner une preuve de l'excès de ma fidélité : car je suis persuadé qu'une pareille union serait au grand détriment de votre âme et au suprême danger de votre couronne. Souvenez-vous que la femme dans le paradis séduisit notre premier père que Dieu avait préposé à toute créature visible et qu'ainsi tous deux furent expulsés du paradis. Samson, le fort des forts, séduit par une femme, perdit cette force qui lui faisait vaincre ses ennemis et fut à son tour vaincu par eux. Le sage Salomon, poussé par la concupiscence des femmes, se sépara de Dieu et perdit ainsi la sagesse dans laquelle il surpassait tous les hommes. Que votre sublimité se garde donc d'imiter ces exemples et de voir par là diminuer son empire terrestre en même temps qu'elle perdrait le royaume éternel. Appelez à vous l'ange du grand conseil, afin que, recevant de lui l'esprit de conseil, vous puissiez éviter ce qui est déshonnête et inutile et accomplir en toutes vos actions ce qui est honnête et utile. Adieu.

XIV. (16, A, B et C.) Ives, par la grâce de Dieu, humble évêque de Chartres, à Gautier, évêque de Meaux,[24] courage dans le combat pour le Christ.

Par votre lettre que m'a remise récemment le porteur des présentes, votre fraternité consulte mon humilité sur la question de savoir si quelqu'un peut prendre pour épouse la femme qu'il a eue d'abord pour concubine. Ceci vous paraît illicite parce que jusqu'à ce jour ce fait a été inouï dans votre pays. Vous ajoutez que le doute vous est venu le jour où Roger, légat de l'église Romaine, a affirmé à Senlis que cette coutume existait à Rome et que d'ailleurs l'avis de saint Augustin prouvait que c'était chose permise. Je vous répondrai à ce sujet que nous avons sur la matière diverses opinions, les unes approuvant ces unions, les autres les condamnant. Saint Grégoire dit dans son épître à Félix, évêque de Sicile : Nul chrétien n'a le droit de prendre en mariage celle qu'il a préalablement souillée. On lit aussi dans le concile de Châlon, chap. 24, que, suivant l'autorité des canons, les ravisseurs ne peuvent contracter des mariages légitimes avec celles qu'ils ont enlevées. Nous trouvons encore dans le décret du pape Hormisdas que les mariages clandestins ne sont pas légitimes. Le pape Evariste appelle cohabitation, et non mariage, l'état de ces femmes qui n'ont pas été livrées par leurs parents, et dotées par les lois, et bénites solennellement par le prêtre. Le concile d'Aix-la-Chapelle statue : Celui qui aura ravi une femme, ou l'aura enlevée, ou l'aura séduite, jamais ne pourra se marier avec elle. On pourrait trouver plusieurs autres décisions en ce sens. D'autre part, on lit dans les décrets du pape Eusèbe, chap. 5 : Les vierges qui n'ont pas conservé leur virginité, si elles prennent pour maris ceux qui les ont violées, peuvent être réconciliées après avoir fait pénitence pendant une année, parce qu'elles n'ont violé que les noces seules. Saint Augustin dit aussi dans le livre sur le Bien conjugal : Il est manifeste qu'une union illicite peut se terminer par un mariage légitime lorsqu'un accord honnête intervient. Autant que je puis le comprendre, les Pères qui défendent de prendre des concubines pour épouses ont pour but de relever l'honneur du mariage et de réprimer la honteuse habitude du concubinage ; aussi veulent-ils qu'on applique la justice dans toute sa rigueur. Que si d'autres ont jugé autrement, c'est que, touchés de miséricorde pour la faiblesse humaine, ils ont préféré adoucir la rigueur des canons. Entre ces deux opinions je ne trouve d'autre différence que celle qui existe entre la justice et la miséricorde. Toutes les fois donc que la justice et la miséricorde se trouvent en présence, c'est à la discrétion des recteurs à décider si, en vue du salut des âmes, selon la qualité des personnes, l'opportunité des lieux et des temps, il faut appliquer la sévérité des canons ou employer l'indulgence.
Assez sur ce sujet. Quant à la prière que vous me faites de me rendre près du seigneur roi au temps où il m'a appelé, afin de vous obtenir la paix, je vous réponds par ces paroles du poète comique : Celui que voulez prendre pour avocat aurait besoin d'être défendu lui-même. Mais croyez mon conseil : ce mariage qu'avant son accomplissement votre raison vous défendait d'approuver, maintenant qu'il est consommé ne l'approuvez pas à la légère, ni de dit ni de fait ; mais demandez soigneusement et attendez avec patience l'avis général et le jugement des évêques de votre province, et si pour l'amour de la justice quelque adversité vous survient, supportez-la d'un cœur ferme, pensant que les maux de ce monde ne sont rien auprès de la gloire qui sera un jour révélée en nous. Adieu.

XVI. (18, A et C. — 98, B.) Ives, par la grâce de Dieu, humble évêque de Chartres, à Roger, cardinal de la sainte église Romaine, persévérance à marcher sur les traces de Pierre.

Sous le voile de l'autorité apostolique, vous vous disposez à délivrer des liens de l'anathème Simon de Neauphle[26] qui persévère dans son adultère ; mais en agissant ainsi vous diminuez autant qu'il est en vous la majesté apostolique et vous ne ménagez pas le soin de votre réputation. Si en effet ce seigneur a été justement lié des chaînes de l'anathème, comme rien ne peut dénouer ces chaînes qu'une vraie conversion du cœur, puisqu'il demeure encore dans le crime, lorsque, à la persuasion de quelque noble personnage, vous détruisez cet anathème, n'est-ce pas vous faire vous-même prévaricateur ? Acceptant les serments qu'il fait pour s'excuser de n'avoir point assisté à votre concile, vous m'accusez d'avoir porté contre lui une sentence trop prompte. Je ne veux pas m'arrêter sur ce fait que par l'aveu de votre faute vous couvrez son crime, mais je réponds à cette accusation que ce n'est nullement d'après la sentence de votre concile auquel je n'ai pas assisté et dont je n'ai ni connu ni approuvé les décisions que j'ai jugé la conduite de ce seigneur. Je l'ai appelé plus d'une fois, plus d'une fois je l'ai averti, deux ou trois fois je lui ai accordé le délai qu'il demandait ; j'ai examiné sa cause mûrement et avec le plus grand soin, et enfin, voyant qu'il voulait se soustraire à toute justice, je l'ai jugé d'après les lois et je l'ai enchaîné des liens de l'anathème tant que, par le remède de la pénitence, il n'aura pas effacé la tache de son adultère. Peu de temps après, il perdit sa femme, près de laquelle il avait introduit sa concubine : pressé alors par ses prières et par celles de quelques-uns de ses amis, comme je ne pouvais raisonnablement lui ouvrir, ainsi qu'il m'en priait, la porte de la miséricorde, je lui ai donné pour le seigneur pape une lettre contenant l'affaire tout au long, afin qu'éclairé par ce récit le Saint-Père en ordonnât ce qu'il jugerait convenable et me fit connaître sa résolution. J'attends cette réponse, et je ne changerai rien à ma sentence que je n'aie été instruit de la bouche du pape ou par une lettre de lui. Que si je vous semble y mettre une obstination peu raisonnable, je suis prêt, en notre chapitre de Chartres, ou devant notre seigneur pape, en présence de tous ceux qui me blâment, à donner satisfaction à la justice, après avoir plaidé ma cause la loi à la main. Adieu.


XVII. (19, A et C. — 99, B.) Ives, par la grâce de Dieu, humble serviteur de l'église de Chartres, à Guillaume, révérend abbé du monastère de Fécamp,[27] récompense du denier du jour.

Votre fraternité, dans sa lettre, a voulu m'assimiler à Jean et à Élie, ces grands défenseurs de tout ce qui est bien, ces grands adversaires de tout ce qui est honteux. Nous sommes assurément bien éloigné de leur sainteté, mais nous souhaitons, autant que la grâce de Dieu nous le permet, suivre leurs traces avec honneur, les admirer et les imiter. Aussi, non seulement de la part du Roi dont nous avons blâmé l'union illicite, mais de la part d'autres fils du siècle contre la perversité desquels nous luttons de tout notre pouvoir, nous souffrons de graves dommages dans nos biens ecclésiastiques. Le mal de leurs rapines est compensé par l'espoir d'un plus grand gain, et, par la grâce de Dieu, nous les supportons avec longanimité, prêt même à endurer de plus grands maux, si cela est nécessaire, nous rappelant cette parole de l'Apôtre : Les souffrances de cette vie ne peuvent entrer en comparaison de cette gloire future qui sera révélée en nous. Et encore : Si nous souffrons avec le Christ, nous régnerons avec lui. Et comme approchent ces temps de péril, où s'accomplit ce qui a été écrit : Par l'abondance de l'iniquité la charité de beaucoup sera refroidie, il nous faut dire aux pierres des montagnes : Tomber sur moi afin de me sauver de la colère de l'agneau. Or, que signifie cette figure sinon que nous devons nous adresser aux hommes robustes dans leur foi et sublimes par leur sainteté, et leur dire en suppliant : Soyez miséricordieux et condescendants à notre misère : par vos prières obtenez-nous de ne point être induit en tentation et de ne pas encourir la colère de Dieu.

Nous savons que vous et d'autres qui vivent dans votre sainte société, vous êtes véritablement de ces pierres ; c'est pourquoi nous vous demandons humblement votre intercession près de Dieu, afin que, traversant sans encombre l'eau et le feu, nous puissions être conduit par la main divine au lieu du rafraîchissement. Distrait que nous sommes par le tumulte des affaires publiques, nous avons beau travailler tout le jour, nous ne pouvons suffire à apaiser ce tumulte : aussi à peine de loin en loin sentons-nous la suavité de la paix intérieure ; rarement même pouvons-nous accomplir à des heures précises nos obligations canoniques. Vous donc et les autres serviteurs de Dieu, qui naviguez pour ainsi dire dans le port, vous devez nous tendre aussi loin que vous le pourrez les mains de votre prière et faire tous vos efforts pour»nous conduire avec vous au repos tant désiré.

Pour parler d'autre chose, voici ma réponse au sujet de ce frère dont vous me demandez l'absolution pour avoir la liberté de le recevoir parmi vos moines. Si vous le connaissiez comme moi, peu vous importerait qu'il fût condamné ou absous. C'est un homme important à ses propres yeux, qui aime les premières places dans les festins, les plus hautes chaises dans les synagogues, les saluts sur les places publiques. Bien qu'il ait renoncé au monde, il se plaît dans la vanité des habits, il aime à changer de place. Il est si négligent que, depuis dix ans, il n'a pas accompli la moitié de sa semaine de messe quand son tour se présente : il s'efforçait de faire son devoir lorsqu'il voyait ses frères lui refuser un honneur qu'il souhaitait ; il le négligeait dès qu'il avait trouvé le moyen de satisfaire sa vanité. Que si cependant les moines du lieu où il réside veulent bien l'absoudre, je ne m'y opposerai pas : autrement je ne puis rien faire. Si donc il vous est si cher et si nécessaire, demandez son absolution à ses confrères, car, quoi qu'il puisse dire, il a fait profession canonique et s'est engagé, sans aucune condition, à demeurer dans le lieu où il est, en société de ses frères. Adieu.

MichelT

Date d'inscription : 06/02/2010

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