À propos du Synode sur la famille
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À propos du Synode sur la famille
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15 octobre, 2015
« Les fumées de Satan » : Mgr Tomasz Peta, archevêque d’Astana, interpelle le synode
Voice of the Family vient de publier la traduction de l’intervention de Mgr Tomasz Peta, archevêque d’Astana au Kazakhstan, au synode ordinaire sur la famille, le 10 octobre. Mgr Peta a évoqué les célèbres paroles de Paul VI prononcées lors de son homélie pour la fête des saints Pierre et Paul en 1972 : « Par quelque fissure, les fumées de Satan sont entrées dans le temple de Dieu. » C’est avec ces mots qu’il a interpellé le synode, soulignant clairement la gravité de l’ouverture à la discussion sur certains thèmes est proprement infernale.
Je vous propose ma traduction de son intervention.
« Le bienheureux Paul VI a dit en 1972 :
“Par quelque fissure, les fumées de Satan sont entrées dans le temple de Dieu.”
Je suis convaincu que c’étaient là des paroles prophétiques du saint pape, l’auteur d’Humanæ vitæ. Au moment du synode l’an dernier, “les fumées de Satan” tentaient d’entrer dans l’Aula Paul VI.
Explication :
1. La proposition de permettre l’accès à la sainte communion aux divorcés vivant au sein d’une nouvelle union civile.
2. L’affirmation selon laquelle la cohabitation est une union qui peut avoir en elle-même certaines valeurs.
3. Le plaidoyer pour l’homosexualité en tant que chose soi-disant normale.
Certains pères synodaux n’ont pas correctement compris l’appel du pape François à la discussion ouverte et ont commencé à mettre en avant des idées qui contredisent la Tradition bi-millénaire de l’Eglise, enracinée dans la Parole éternelle de Dieu. Hélas, on perçoit encore l’odeur de ces « fumées de Satan » dans certains paragraphes de l’Instrumentum laboris ainsi que dans les interventions de certains pères synodaux cette année.
A mon sens, la tâche principale du synode consiste à recentrer l’attention de nouveau sur l’Evangile de la famille, et cela veut dire : sur l’enseignement de Notre Sauveur. Il n’a pas le droit de détruire les fondations – de détruire le roc.
Que le Saint-Esprit, qui l’emporte toujours dans l’Eglise, nous éclaire tous dans la recherche du vrai bien, pour les familles et pour le monde.
Marie, Mère de l’Eglise, priez pour nous !
+ Tomasz Peta
Archevêque d’Astana (Kazakhstan)
L’excellent site benoit-et-moi a publié il y a trois ans une traduction de l’essentiel de ce qui est conservé de l’homélie de Paul VI sur le site du Vatican. Avec notamment ces mots du pape récemment béatifié : « Dans l'Église aussi règne cet état d'incertitude. On croyait qu'après le Concile, il y aurait une journée ensoleillée dans l'histoire de l'Eglise. Il est venu à la place une journée de nuages, de tempête, de ténèbres, de recherche, et d'incertitude. » [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
Les Circuli Minores débattent de la seconde partie de l'Instrumentum Laboris
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Cité du Vatican, 15 octobre 2015 (VIS). Hier, au cours de la VII Congrégation générale de ce matin, les pères synodaux ont fait part du résultat de leur réflexion en Circuli Minores sur la deuxième partie de l'Instrumentum Laboris. Presque tous les groupes sont d'accord sur la nécessité pour le document final du Synode d'utiliser le langage de la théologie biblique. Le groupe francophone B estime que cela évitera les malentendus et ambiguïtés pouvant nuire à la compréhension de la vocation et de la mission de la famille dans l'Eglise et dans le monde. Il faudra prendre en compte la fragilité et la souffrance de la famille, mais sans exagérer des situations qui ont toujours existé. L'accent mis sur cette dimension conduit à souligner que l'Eglise accompagne tous ses fils et doit annoncer l'Evangile et l'appel à la conversion. Insistant sur l'argument, le groupe anglophone B estime que la réflexion finale devra illustrer comment la pédagogie divine du mariage et de la famille a accompagné toute l'histoire du salut jusqu'à nos jours. Mgr.Diarmiud Martin (Irlande) préconise de commencer par la Genèse, qui prévoit déjà la définition du mariage comme une union entre un seul homme et une seule femme, ayant quitté pères et pères pour s'unir. Ce rapport présente trois aspects fondamentaux du mariage, tel qu'il était au commencement, la monogamie et l'égalité des sexes, la stabilité. Mais la pédagogie divine atteint son paroxysme lorsque le Fils de Dieu entre dans l'histoire. La rencontre de Jésus avec la femme adultère (Va et ne pèche plus) dénonce ceux qui réclamaient la lapidation. C'est seulement à travers la pédagogie divine que s'explique le ministère de l'Eglise qui reflète la patience et la miséricorde de Dieu. Le projet divin se poursuit aujourd'hui et la pédagogie divine donne un contenu et le ton de l'enseignement de l'Eglise. Dans les situations difficiles il faut toujours se rappeler que Dieu ne renonce jamais à sa miséricorde. Elle révèle le vrai visage de Dieu et sa miséricorde sur tout le monde, sur toutes les souffrances, sur toutes faiblesses.
A la lumière du récit évangélique qui expose les nombreuses rencontres entre Jésus et des familles, la pédagogie divine doit continuer à être présente dans le langage de l'Eglise lorsqu'elle s'adresse aux familles dans leurs joies comme dans leurs peines. Une autre observation de ce groupe francophone est qu'elle devrait trouver une ample résonance dans la Relatio en ne parlant pas seulement de l'indissolubilité du mariage comme si elle était la seule préoccupation de l'Eglise. Il faut plutôt parler de la fidélité et de l'indissolubilité comme de dons et non simplement en des termes juridiques comme le devoir. Il convient de parler du mariage comme un appel à l'amour et à la communion. Le groupe hispanique estime qu'il faut mettre l'accent sur la graduation de mise en place des procédures. Le Cardinal José Luis Lacunza Maestrojuán (Panama) souligne que le caractère progressif à l'image de la grâce divine qui veut tenir compte de chaque personne. On la trouve dans la tradition où figurent des formules faisant croire que le mariage et la famille sont par eux mêmes absolus, alors que Jésus les rapporte au Royaume de Dieu. Il est questions des rencontres de Jésus avec différentes personnes dans différents domaines, notamment dans des contextes familiaux, Lazare et sa famille, Pierre et sa famille, etc. Jésus ouvre toujours des portes. La fidélité de Dieu est accomplie dans le sacrement du mariage, mais d'une manière humaine. La fidélité indissolubilité est un mystère qui inclue la fragilité. La théologie du mariage et de la famille est trop liée à la morale. Le Magistère devrait présenter l'Evangile de la famille de manière organique et intégrée. Au fond il y a beaucoup de valeurs positives dans d'autres types de familles.
Les différents groupes ont accordé beaucoup d'importance à la préparation des jeunes au mariage et à la nécessité de les accompagner sur ce chemin. Si le groupe francophone B, évoque la grande diminution des mariages dans les capitales européennes, le Cardinal Lacunza Maestrojuán nuance que “lorsqu'on parle des jeunes et du mariage, cela se fait dans la perspective de la peur, ce qui n'est pas suffisant, c'est une question anthropologique: Ils vivent au jour le jour, ne s'adapte pas à la manière de penser pour toujours. Peut-être pourrions-nous penser qu'il s'agit d'un manque de sérieux: Un papier ne fait pas le mariage et peut-être l'avons-nous entouré de tant de formalités que cela ne convient pas à l'esprit des jeunes qui, souvent, identifient celles-ci comme de l'hypocrisie. De plus, dire qu'ils ont peur ou qu'ils n'osent pas, contredit l'expérience de tant de jeunes qui acceptent le risque du volontariat ou qui se lancent en politique ou dans d'autres causes''.
Le groupe francophone B a aussi fait savoir qu'il avait voté à l'unanimité la proposition selon laquelle l'annonce de l'Evangile de la famille exige aujourd'hui une intervention magistérielle qui rendrait plus cohérente et simplifierait l'actuelle doctrine théologique canonique sur le mariage, et qu'il faut travailler la définition de la famille comme sujet d'action pastorale. A ce sujet, Mgr.Durocher (Canada), souligne que les expériences pastorales partagées nous amènent à voir que dans l'Eglise, parler d'une famille, c'est parler d'une réalité humaine qui s'engage dans le temps et l'espace... Chaque famille a ses généalogies qui la rattachent à une histoire et une culture... Cette complexité est le lieu et l'occasion d'une manifestation du mystère de la miséricorde de Dieu. Nous formulons le souhait que le Synode ouvre une période de recherche patiente commune de théologiens et pasteurs, qui permette d'établir les bons repères d'une pastorale familiale, qui traduisent l'horizon de la famille en un horizon de communion. Nous avons besoin de moins d'adaptation de discipline universelle qu'une base solide pour la réflexion et l'engagement pastoral''. Le concept de la famille comme mission a aussi été évoqué. Par exemple, le groupe italianophone C parle de la valeur évangélisatrice du mariage et de la famille et demande un nouveau style de proximité de l'Eglise aux familles, une proximité contagieuse, une tendresse forte et exigeante. Les membres ont beaucoup insisté pour que la communauté chrétienne soit une famille de familles, mesurant son action pastorale avec le style de la famille et transmettant avec celle-ci une force humanisatrice à la vie du monde, en dépassant la dérive individualiste".
Les pères ont trouvé très utiles de se servir de la catéchèse du Pape François sur l'exigence d'harmoniser la valorisation de la sacramentalité du mariage et l'attention à sa dimension créaturale, écrivent les membres du groupe italianophone A, qui demandent aussi de compléter le texte de l'Instrumentum Laboris sur la présentation de la doctrine en insérant la dimension spirituelle, accueillant la sensibilité de la tradition orientale. Proposition traduite de manière concrète qui rend plus explicite le primat de la grâce, la reconnaissance du péché et la nécessité de trouver des chemins de conversion. La grâce n'agit pas seulement au moment de la célébration du sacrement, mais tout au long de la vie, parce que c'est un sacrement permanent en analogie avec l'Eucharistie. Pour sa part le Cardinal Mark Coleridge (Australie), du cercle anglophone C, n'oublie pas la nécessité d'explorer plus à fond la possibilité pour les couples qui sont civilement mariés ou qui cohabitent, de commencer un chemin vers le mariage sacramentel et d'être encouragés et accompagnés dans ce chemin, et dans le cercle anglais D, quelques évêques ont souligné que le document devrait parler plus du rôle de la femme et rappeler que beaucoup subissent des abus de la part de leur mari. Nous avons besoin d'être plus réalistes sur les problèmes du mariage, au lieu de dire simplement aux personnes qu'ils doivent se marier, affirme le texte. Dans le même cercle, un autre prélat a remarqué que parfois pour les familles exemplaires, il semble délicat de se proposer à celles qui traversent des situations difficiles parce qu'elles peuvent se sentir intimidées par celles-ci. Quelques évêques ont suggéré que le texte devrait présenter les raisons canoniques pour la séparation des époux ou l'annulation.
Un autre concept commun est celui de vocation à la vie familiale et de spiritualité familiale, pour lequel le groupe anglophone A suggère une série de bonnes pratiques qui aideraient à mieux vivre l'une et l'autre: la réception de la Parole de Dieu dans la famille, la catéchèse familiale et l'impulsion explicite, qui devrait être établies dans le document final du Synode, des prières para-liturgiques et rituelles au sein de la famille.Le Cardinal Coleridge a aussi demandé à ce que le document final présente une série d'initiatives claires ou de stratégies pour aider les familles et soutenir celles qui sont en difficulté. Ce serait quelque chose de concret et ce serait en sintonie avec le caractère essentiellement pratique de ce deuxième Synode. Par le passé, le Saint-Père utilisait souvent les textes définitifs approuvés, comme base pour une exhortation apostolique et nous avons dit que cet objectif était fructifère. Nous reconnaissons, cependant, les limites d'un document qui serait approuvé à la fin de ce Synode. Bien que tous les efforts possibles doivent être faits pour que le langage soit souple et attractif, la préoccupation principale est la clarté des explications fondées sur l'enseignement de l'Eglise sur le mariage et la famille. Visant toujours le document final, le groupe hispanophone B, s'est interrogé sur le sens du travail synodal. La doctrine est connue, écrivent ses membres, mais les exigences de la réalité et les nouveaux accents de la réflexion théologique doivent être pris en compte pour qu'il y ait réellement un apport significatif. Nous proposons une référence plus explicite à partir des textes de l'Ancien et du Nouveau Testament (l'amour nuptial de Dieu avec son peuple) et du riche magistère post-conciliaire sur la famille Le groupe italianophone sollicite en revanche un document magistériel, puisque l'institution du Synode pourrait difficilement répondre à l'exigence d'ordonner dans un document exhaustif la doctrine diversifiée et complexe sur le mariage et la famille, affirme-t-il. Il apparaît donc nécessaire, d'une part de solliciter un document magistériel qui réponde à cette exigence, et de l'autre, l'engagement de vérifier les conséquences pastorales relatives à cette thématique. A ce propos, les pères ont exprimé la nécessité de considérer la mission propre de la médiation pastorale dans la transmission de la doctrine.
Re: À propos du Synode sur la famille
Cardinal Burke : « La culture relativiste ambiante peut entrer jusque dans l’Église »
Par Laurent Dandrieu
Le cardinal Burke : "L’Église ne fait pas de politique, elle est le Christ même qui va à la rencontre des gens". Photo © AFP
Catholicisme. Synode, évangélisation, liturgie : échange avec le cardinal Burke, cardinal-patron de l’ordre de Malte, sur la vie de l’Église et ses perspectives.
Ancien archevêque de Saint-Louis (Missouri), créé cardinal par Benoît XVI qui l’a nommé préfet du Tribunal suprême de la Signature apostolique, la plus haute juridiction de l’Église catholique, le cardinal Raymond Leo Burke fut l’une des voix les plus écoutées de la première session du synode sur la famille, en octobre 2015. Ayant quitté la curie pour devenir cardinal-patron de l’ordre de Malte, il ne participe pas à la seconde session, qui se déroule actuellement à Rome. Nous l’avons rencontré à l’occasion de la sortie d’un livre d’entretiens avec Guillaume d’Alançon, “Un Cardinal au cœur de l’Église”.
Éminence, qu’est-ce que vous attendez de l’actuel synode sur la famille ?
Il y a eu beaucoup de confusion pendant toute la période de préparation de la première partie du synode, comme entre les deux sessions. J’espère qu’il y aura une clarté sur ce qu’est la vérité du mariage et un renforcement de l’enseignement sur ce point, pour inspirer et encourager les couples chrétiens à vivre la grâce du mariage, qui est la grâce d’un amour fidèle, indissoluble et procréatif. Mais la sécularisation de la culture a étendu son influence jusque dans l’Église même ; et les idées fausses de la culture relativiste ambiante peuvent entrer dans l’Église et corrompre son enseignement.
À quoi cela est-il dû, selon vous : à une contagion du relativisme ambiant, ou à une forme de démagogie qui pousse certains à dire ce que le monde moderne a envie d’entendre ?
Un peu les deux : il y a l’influence évidente du monde sécularisé sur l’Église, et en même temps, il y a des prélats qui disent que l’Église ne peut plus parler comme elle a fait durant des siècles de la loi naturelle. Mais on ne peut pas approcher la culture contemporaine sans une identité forte, claire, courageuse. L’Église ne fait pas de politique, elle est le Christ même qui va à la rencontre des gens.
Le synode a été l’occasion de débats assez vifs. Est-ce que ça vous paraît un phénomène normal, ou est-ce inquiétant ?
Ce n’est pas la première fois qu’il y a dans l’Église des débats entre évêques ou entre cardinaux. Pour moi, c’est un bon signe : cela montre qu’il y a une volonté forte d’enseigner et de présenter l’enseignement de l’Église dans un mode authentique. On peut avoir des opinions divergentes sur les approches, mais pas sur la doctrine même. Dans ce débat, selon mon jugement, il y a de la confusion dans la pensée de certains qui disent qu’on peut changer la discipline sans changer la doctrine. Or, dans l’Église, la discipline est intimement liée à la doctrine : la discipline existe pour protéger, sauvegarder et promouvoir la doctrine, la vérité. On ne peut pas dire : nous allons changer la discipline, nous admettrons désormais les personnes qui vivent des unions irrégulières à la communion mais nous n’allons pas changer la doctrine. Il est impossible pour une personne qui est liée à une autre par le mariage de cohabiter avec une seconde personne dans le mode matrimonial et de recevoir les sacrements. Si le mariage est indissoluble, l’union dans laquelle vit cette personne est un adultère public. Et depuis les premiers siècles, les personnes qui vivent dans l’adultère sont exclues de la réception des sacrements.
Dans votre livre, vous racontez l’importance qu’a eue votre famille dans votre foi. N’est-il pas plus difficile aujourd’hui pour les familles de transmettre la foi ?
Les couples doivent être toujours plus attentifs à créer un foyer chrétien, une vie chrétienne dans la famille. Dans mon enfance, aux États-Unis, la culture était chrétienne et il était plus facile pour les parents de vivre comme une famille chrétienne. Aujourd’hui, c’est plus difficile mais toujours possible car la grâce du Christ permet aux époux de vivre leur vocation chrétienne, à la façon d’une contre-culture. Les parents doivent avoir une attention et une créativité constantes pour éviter que leur maison ne devienne seulement une manifestation de la culture ambiante.
Pour vous, la crise des vocations est liée à la crise de la famille ?
Oui, parce que les vocations naissent dans les familles, et l’une des responsabilités les plus importantes des parents est d’aider leurs enfants à connaître et à accepter leur vocation. Une vocation est toujours une question de foi : c’est Dieu qui appelle la personne au mariage, au sacerdoce ou à la vie consacrée, et si la foi manque, alors il est difficile de connaître sa vocation et d’y répondre avec un cœur pur et désintéressé.
On connaît votre grand attachement à la beauté de la liturgie. Est-elle aussi un instrument d’évangélisation ?
Oui, certainement, parce que la sainte liturgie est la source et l’expression la plus haute de notre foi, et elle doit être le centre de chaque vie chrétienne et de la vie familiale. Selon moi, l’évangélisation commencera par la réforme de liturgie qui, en vérité, est la rencontre avec Dieu : comme l’a dit plusieurs fois Benoît XVI, le Ciel et la Terre s’unissent dans la sainte liturgie. Quand nous aurons restitué le sens transcendantal de la liturgie, cela produira clairement une transformation dans la pensée et le mode de vie des gens.
Il y a beaucoup de jeunes qui suivent la pensée lumineuse de Benoît XVI sur la sainte liturgie. Par exemple, l’intérêt des jeunes pour la forme extraordinaire du rite romain (l’ancien missel traditionnel en langue latine, NDLR) n’est pas une mode, c’est une chose très profonde. J’ai assisté à beaucoup de messes célébrées par Benoît XVI et j’ai toujours été impressionné par le sens de l’action du Christ qu’il manifestait en célébrant. Benoît XVI a très bien montré comment, en célébrant la sainte messe, le prêtre donne ses mains, se donne lui-même au Christ qui est le vrai protagoniste de la liturgie.
Dans votre livre, vous dites votre admiration pour la Manif pour tous. Est-ce que ce mouvement vous semble témoigner d’un réveil du catholicisme français ? Je pense que oui. J’ai vu dans la Manif pour tous une réaction des chrétiens et des personnes de bonne volonté contre une loi injuste qui s’oppose à la loi naturelle ; en même temps cela annonce une levée des consciences chrétiennes sur d’autres sujets, d’autres questions de morale ou d’éthique. Ainsi, la Manif pour tous en Italie a fait une manifestation contre l’enseignement du gender à l’école. Les catholiques doivent intervenir davantage dans le débat politique, parce que c’est la mission de l’Église de transformer la culture. Le monde a besoin que les catholiques témoignent de leur foi aussi dans le débat public. Pour différentes raisons nous avons accepté une séparation entre la foi et la vie publique, mais c’est impossible : un catholique doit manifester sa foi dans la vie publique.
Un cardinal au cœur de l’Église. Entretien avec le cardinal Burke, par Guillaume d’Alançon, Artège, 184 pages, 17,50 €
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Par Laurent Dandrieu
Le cardinal Burke : "L’Église ne fait pas de politique, elle est le Christ même qui va à la rencontre des gens". Photo © AFP
Catholicisme. Synode, évangélisation, liturgie : échange avec le cardinal Burke, cardinal-patron de l’ordre de Malte, sur la vie de l’Église et ses perspectives.
Ancien archevêque de Saint-Louis (Missouri), créé cardinal par Benoît XVI qui l’a nommé préfet du Tribunal suprême de la Signature apostolique, la plus haute juridiction de l’Église catholique, le cardinal Raymond Leo Burke fut l’une des voix les plus écoutées de la première session du synode sur la famille, en octobre 2015. Ayant quitté la curie pour devenir cardinal-patron de l’ordre de Malte, il ne participe pas à la seconde session, qui se déroule actuellement à Rome. Nous l’avons rencontré à l’occasion de la sortie d’un livre d’entretiens avec Guillaume d’Alançon, “Un Cardinal au cœur de l’Église”.
Éminence, qu’est-ce que vous attendez de l’actuel synode sur la famille ?
Il y a eu beaucoup de confusion pendant toute la période de préparation de la première partie du synode, comme entre les deux sessions. J’espère qu’il y aura une clarté sur ce qu’est la vérité du mariage et un renforcement de l’enseignement sur ce point, pour inspirer et encourager les couples chrétiens à vivre la grâce du mariage, qui est la grâce d’un amour fidèle, indissoluble et procréatif. Mais la sécularisation de la culture a étendu son influence jusque dans l’Église même ; et les idées fausses de la culture relativiste ambiante peuvent entrer dans l’Église et corrompre son enseignement.
À quoi cela est-il dû, selon vous : à une contagion du relativisme ambiant, ou à une forme de démagogie qui pousse certains à dire ce que le monde moderne a envie d’entendre ?
Un peu les deux : il y a l’influence évidente du monde sécularisé sur l’Église, et en même temps, il y a des prélats qui disent que l’Église ne peut plus parler comme elle a fait durant des siècles de la loi naturelle. Mais on ne peut pas approcher la culture contemporaine sans une identité forte, claire, courageuse. L’Église ne fait pas de politique, elle est le Christ même qui va à la rencontre des gens.
Le synode a été l’occasion de débats assez vifs. Est-ce que ça vous paraît un phénomène normal, ou est-ce inquiétant ?
Ce n’est pas la première fois qu’il y a dans l’Église des débats entre évêques ou entre cardinaux. Pour moi, c’est un bon signe : cela montre qu’il y a une volonté forte d’enseigner et de présenter l’enseignement de l’Église dans un mode authentique. On peut avoir des opinions divergentes sur les approches, mais pas sur la doctrine même. Dans ce débat, selon mon jugement, il y a de la confusion dans la pensée de certains qui disent qu’on peut changer la discipline sans changer la doctrine. Or, dans l’Église, la discipline est intimement liée à la doctrine : la discipline existe pour protéger, sauvegarder et promouvoir la doctrine, la vérité. On ne peut pas dire : nous allons changer la discipline, nous admettrons désormais les personnes qui vivent des unions irrégulières à la communion mais nous n’allons pas changer la doctrine. Il est impossible pour une personne qui est liée à une autre par le mariage de cohabiter avec une seconde personne dans le mode matrimonial et de recevoir les sacrements. Si le mariage est indissoluble, l’union dans laquelle vit cette personne est un adultère public. Et depuis les premiers siècles, les personnes qui vivent dans l’adultère sont exclues de la réception des sacrements.
Dans votre livre, vous racontez l’importance qu’a eue votre famille dans votre foi. N’est-il pas plus difficile aujourd’hui pour les familles de transmettre la foi ?
Les couples doivent être toujours plus attentifs à créer un foyer chrétien, une vie chrétienne dans la famille. Dans mon enfance, aux États-Unis, la culture était chrétienne et il était plus facile pour les parents de vivre comme une famille chrétienne. Aujourd’hui, c’est plus difficile mais toujours possible car la grâce du Christ permet aux époux de vivre leur vocation chrétienne, à la façon d’une contre-culture. Les parents doivent avoir une attention et une créativité constantes pour éviter que leur maison ne devienne seulement une manifestation de la culture ambiante.
Pour vous, la crise des vocations est liée à la crise de la famille ?
Oui, parce que les vocations naissent dans les familles, et l’une des responsabilités les plus importantes des parents est d’aider leurs enfants à connaître et à accepter leur vocation. Une vocation est toujours une question de foi : c’est Dieu qui appelle la personne au mariage, au sacerdoce ou à la vie consacrée, et si la foi manque, alors il est difficile de connaître sa vocation et d’y répondre avec un cœur pur et désintéressé.
On connaît votre grand attachement à la beauté de la liturgie. Est-elle aussi un instrument d’évangélisation ?
Oui, certainement, parce que la sainte liturgie est la source et l’expression la plus haute de notre foi, et elle doit être le centre de chaque vie chrétienne et de la vie familiale. Selon moi, l’évangélisation commencera par la réforme de liturgie qui, en vérité, est la rencontre avec Dieu : comme l’a dit plusieurs fois Benoît XVI, le Ciel et la Terre s’unissent dans la sainte liturgie. Quand nous aurons restitué le sens transcendantal de la liturgie, cela produira clairement une transformation dans la pensée et le mode de vie des gens.
Il y a beaucoup de jeunes qui suivent la pensée lumineuse de Benoît XVI sur la sainte liturgie. Par exemple, l’intérêt des jeunes pour la forme extraordinaire du rite romain (l’ancien missel traditionnel en langue latine, NDLR) n’est pas une mode, c’est une chose très profonde. J’ai assisté à beaucoup de messes célébrées par Benoît XVI et j’ai toujours été impressionné par le sens de l’action du Christ qu’il manifestait en célébrant. Benoît XVI a très bien montré comment, en célébrant la sainte messe, le prêtre donne ses mains, se donne lui-même au Christ qui est le vrai protagoniste de la liturgie.
Dans votre livre, vous dites votre admiration pour la Manif pour tous. Est-ce que ce mouvement vous semble témoigner d’un réveil du catholicisme français ? Je pense que oui. J’ai vu dans la Manif pour tous une réaction des chrétiens et des personnes de bonne volonté contre une loi injuste qui s’oppose à la loi naturelle ; en même temps cela annonce une levée des consciences chrétiennes sur d’autres sujets, d’autres questions de morale ou d’éthique. Ainsi, la Manif pour tous en Italie a fait une manifestation contre l’enseignement du gender à l’école. Les catholiques doivent intervenir davantage dans le débat politique, parce que c’est la mission de l’Église de transformer la culture. Le monde a besoin que les catholiques témoignent de leur foi aussi dans le débat public. Pour différentes raisons nous avons accepté une séparation entre la foi et la vie publique, mais c’est impossible : un catholique doit manifester sa foi dans la vie publique.
Un cardinal au cœur de l’Église. Entretien avec le cardinal Burke, par Guillaume d’Alançon, Artège, 184 pages, 17,50 €
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