La réfutation de la théorie de l'évolution
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La réfutation de la théorie de l'évolution
La réfutation de la théorie de l'évolution
Conférence dans une monastère sur le sujet de la Création. Le physicien allemand Thomas Seiler donne des raisons de la science et de la philosophie qui démontrent l'impossibilité d'une évolution.
Première partie
Deuxième partie
Conférence dans une monastère sur le sujet de la Création. Le physicien allemand Thomas Seiler évalue les arguments centrals historiques et actuelles qui sont présentés pour supporter la théorie de l'évolution.
Troisième partie
Conférence dans une monastère sur le sujet de la Création. Le physicien allemand Thomas Seiler décrit la doctrine catholique sur la création de l'univers et évalue les arguments centrals qui sont présentés pour supporter la théorie du "Big Bang".
Conférence dans une monastère sur le sujet de la Création. Le physicien allemand Thomas Seiler donne des raisons de la science et de la philosophie qui démontrent l'impossibilité d'une évolution.
Première partie
Deuxième partie
Conférence dans une monastère sur le sujet de la Création. Le physicien allemand Thomas Seiler évalue les arguments centrals historiques et actuelles qui sont présentés pour supporter la théorie de l'évolution.
Troisième partie
Conférence dans une monastère sur le sujet de la Création. Le physicien allemand Thomas Seiler décrit la doctrine catholique sur la création de l'univers et évalue les arguments centrals qui sont présentés pour supporter la théorie du "Big Bang".
Re: La réfutation de la théorie de l'évolution
Bonjour
Me permettriez-vous de soumettre à vos lectures deux ou trois textes d'auteurs appartenant à l'Eglise.
Évolution des espèces et Foi en Dieu
Dieu des chrétiens et Darwin, même combat (enfin presque…)
Préambule
Je m’explique d’abord sur l’origine de ce texte : vous avez peut-être vu, ou du moins entendu parler de l’émission de télévision diffusée une première fois en janvier 2003, ‘‘L’Odyssée de l’espèce’’, film documentaire supervisé par Yves Coppens. Elle a eu un grand succès et a d’ailleurs été rediffusée l’été suivant. Elle est sortie en DVD, en vidéoK7 et on peut aussi la trouver sur internet.
Comme beaucoup je l'ai trouvée remarquable. Puis un petit fait m'a mis la puce à l'oreille : un ami m'a fait part que, dans son entourage essentiellement catholique, plusieurs personnes n'avaient pas apprécié le documentaire et avaient éteint la télévision en disant « tout cela, c'est des conneries ! ». Tous avaient pourtant fait des études assez longues.
On peut raisonnablement penser qu’ils se trompent, et qu’ils souffrent d’un manque de culture dans ce domaine (le pape Jean-Paul II n’a-t-il pas récemment reconnu que ‘‘l’évolution’’ était plus qu’une hypothèse ? (Cf. son discours à l’Académie des sciences pontificales du 22 octobre 1996). Mais en revanche, cela m’a fait réaliser 2 choses :
- Dans cette odyssée présentée par le film, le récit de l’hominisation est ‘‘lisse’’. Celle-ci n’apparaît pas sous la forme d’un seuil à franchir et la question soulevée par le surgissement de la conscience humaine au cours de l’évolution ‘‘singe, hominidé, homme’’ n’est pas évoquée explicitement. Il semble y avoir simplement un développement progressif et lent d’une intelligence, d’une conscience. De fait, le documentaire occulte la question de l’intervention éventuelle de Dieu dans l’éclosion de cette conscience humaine.
- Mais surtout, j’ai encore perçu là l’énorme fossé qui se crée, avec le développement de la vulgarisation scientifique, entre les connaissances dans ce domaine des origines de l’homme (et dans d’autres domaines) et la présentation que le catéchisme fait habituellement de l’histoire sainte dans l’Église. Je pense aux jeunes : nombre d’entre eux ont accès à une foule de savoirs (par l’école, par la télévision, par internet…), mais ont beaucoup moins de moyens pour éventuellement établir des passerelles avec une foi religieuse, quelle qu’elle soit. Je pense aussi à des adultes avec qui je discute et qui me font part, dans nos conversations, de croyances totalement infantilisantes, quand elles ne sont pas débiles, en pensant que ce sont les miennes, celles de l’Église catholique. Il faut dire que celle-ci a sans doute quelques responsabilités dans bien des contresens qui ont cours...
J’ai donc essayé ici de faire un court résumé de synthèse entre l’Histoire de l’humanité et l’Histoire sainte, en pensant aux personnes que je rencontre – certaines très religieuses, d’autres pas du tout - et qui se posent des questions (ou ont parfois peur de les poser, choisissant ou ‘‘la foi du charbonnier’’ ou l’agnosticisme). J’ajoute que ces personnes relèvent de cultures très différentes, et que l’éventail des âges est comparable à celui des lecteurs de Tintin.
Je sais qu’il faut consacrer de nombreuses heures d’études à l’amélioration de notre compréhension du monde. Il en va évidemment de même dans le domaine de la recherche biblique et théologique. Mais comme d’autres, je suis persuadé que toute idée nouvelle proposée par un humain peut être comprise par tout être humain, que tout est accessible si l’effort est fait de le rendre tel. Et il est nécessaire de faire connaître ces idées qui voient le jour, ce qu’il ne faut pas confondre avec ‘‘ les faire accepter ’’. Dans certains cas cette révélation pourra amener à les rejeter, mais alors en connaissance de cause et non par obscurantisme. Personne ne doit, malgré soi, être exclu de la connaissance. Ce serait consentir à la déshumanisation.
Pour parvenir à la lutte contre cette exclusion tous les moyens sont à utiliser : ceux classiques de l’enseignement à tous les niveaux (rôle en particulier de l’Éducation Nationale), mais aussi ceux que permettent tous les outils de la vulgarisation. L’important est de formuler les idées essentielles au moyen d’un langage qui les rend compréhensibles. Ajoutons qu’il est regrettable que le mot ‘‘vulgarisation’’ ait une connotation péjorative, car faire découvrir une idée, et les éléments de jugement qui vont avec, à une majorité de personnes, loin d’être vulgaire est une noble action.
Robert Divoux, prêtre - décembre 2004
« La foi, quand elle devient adulte, suppose la participation de la raison… »
Jean-Michel Maldamé – ‘‘En travail d’enfantement’’ Aubin éditeur 2000
(Pré)Histoire de l’homme
L’émergence de l’Homme
Au cours du temps, l’homme -ou les hommes- est apparu quelque part en Afrique ou bien en plusieurs endroits de la terre, on ne le sait pas encore avec certitude. Avant l’homme, il y avait bien d’autres êtres vivants et bien d’autres choses aussi ; encore avant, il y avait… mais n’anticipons pas ; de plus, le mot ‘‘avant’’ n’a plus, dans ce dernier cas, le même sens.
(Origine de l'Homme)
L’homme a ainsi surgi au cours du temps, il y a vraisemblablement des centaines de milliers d’années. Avec dans sa tête la volonté de comprendre, et au cœur le désir d’aimer. Avec bien d’autres idées et désirs aussi, le tout ne faisant d’ailleurs pas toujours bon ménage.
Mais comment l’homme est-il apparu ici, sur notre terre ? S’il reste bien des obscurités, des points d’interrogation, on y voit peu à peu plus clair dans ce processus. Ce qui est maintenant certain, c’est que la vie est apparue d’abord dans un milieu aqueux (le vaste océan ou un petit marécage ou encore la profondeur de la croûte terrestre…) sous une forme très primitive, un micro-organisme. Puis, elle y a évolué en donnant des êtres de plus en plus complexes. Ensuite, certains de ces êtres vivants sont sortis de l’eau pour se développer sur terre. Ils ont formé des millions d’espèces différentes, parmi lesquelles les mammifères. Réalisons bien que tout ce processus a demandé plusieurs centaines de millions d’années.
(Chronologie de la Terre)
Parmi les innombrables mammifères, une espèce s’est singularisée et ce sera l’Homme moderne. Mais on a maintenant compris qu’il est impossible de définir ce dernier par un critère de comportement érigé en norme spécifique : par exemple en affirmant que, dès que l’on constate qu’un hominidé a fabriqué et utilisé un outil, l’on a affaire à l’Homme moderne (comme on l’a pensé très longtemps).On a réalisé que c’est la totalité de l’homme qui fait l’homme : c’est ‘‘son âme’’ (au sens premier du terme : ce qui est le principe de la vie et de l’identité humaine) ; c’est sa parole, qui donne accès à son esprit ; c’est sa dimension spirituelle - liée à ses processus de connaissance et de liberté ; ce sont ses actes, qui traduisent ses prises de responsabilité ; c’est son corps. Cette compréhension, nous la devons à la science et à l’utilisation de notre raison dans le regard que nous portons sur notre monde.
Une humanité divine ?
De son côté, l’Eglise catholique, en 1965, a précisé sa propre pensée dans un des textes du concile Vatican II : « … l’homme [est la] seule créature sur terre que Dieu a voulue pour elle-même » (constitution ‘‘Gaudium et Spes’’ § 24). Pour l’Église, l’homme est bien un être de la nature et il n’échappe pas aux règles générales qui la régissent et que cernent peu à peu les scientifiques. Mais en même temps, l’Église tire de son ‘‘trésor’’ – la Bible - cette affirmation : Dieu est présent à chaque être humain dans tout ce qu’il est, d’une manière qui non seulement respecte sa liberté, mais qui la constitue. Ainsi Dieu connaît chaque homme en tant que tel, dans la singularité de son être, c’est-à-dire de sa grandeur d’être spirituel, et sa relation avec chaque femme, chaque homme trouve son origine dans son amour prévenant à l’égard de celle-ci, de celui-ci.
Soulignons ici le rôle de la culture dans cette émergence de l’Homme. Le bébé ne peut vivre, l’homme ne peut devenir humain que grâce à ce qu’il reçoit de son environnement humain, dans un échange structurant où le langage joue un rôle primordial. Le désir et la volonté sont indispensables pour que se fasse cet échange. Aussi plutôt que d’imaginer l’Homme comme un animal recevant, à son insu et comme malgré lui, une âme qui lui serait étrangère, l’on peut comprendre le commencement de l’humanité comme un acte volontaire rendu possible au futur Homme par Dieu. Dieu crée en appelant l’Homme à vouloir être humain. « L’acte spécial de création serait alors le don d’un ‘‘vouloir-être’’ qui mène à développer les potentialités (station debout, volume du cerveau, usage de l’outil, règles sociales, communication par signes…) déjà présentes. » (1)
(Homme et singe)
C’est cet appel de Dieu qui fondamentalement constitue l’origine de l’humanité, qui en elle-même ne se situe pas dans le temps et que la science ne peut donc saisir.
On peut conclure cette réflexion avec quelques lignes du livre de J-M Maldamé « En travail d’enfantement, Création et évolution » (Aubin Éditeur) :
« Loin d’être un simple acte initial de Dieu, la création est une relation qui dure, “la relation de la créature […] à Celui qui lui donne d’être” (p. 145). Une image peut nous éclairer : “Dans un morceau de musique, tout est produit par l’instrument et tout est produit par le musicien. […] Cette image permet de comprendre ce qui advient dans la vie qui est tout à la fois le fruit de l’action des facteurs (énergie et formes) étudiés par l’anthropologie et d’un principe transcendant. ” […]
Tout est de Dieu et tout est de la nature. » (P. 112)
L’Homme en quête perpétuelle.
En observant le cours de l’histoire, on constate que l’homme se multiplie sur cette terre et commence à inventer. Il fallait en effet manger, résister au froid, se défendre contre les prédateurs… Alors il innove : grimper aux arbres, fabriquer des lances, domestiquer le feu… Il bouge aussi : les fruits et le gibier sont toujours plus beaux ailleurs ! Il trouve de nouvelles grottes, il se fabrique des abris : il pouvait ainsi aller plus loin sur cette terre. Il lui fallait également se multiplier, avoir une descendance. Toutes les innovations techniques donnaient à ses enfants de meilleures conditions d’abord pour survivre, ensuite pour se développer.
Mais il restait au fond de lui de gros points noirs qu’il cherchait à comprendre, à nommer, à combattre : le vieillissement, la souffrance, la mort. Pour lui, cela n’était pas bon et n’avait pas de sens : avec ses moyens, il cherchait à en trouver un. Il se mit à enterrer ses morts et à créer des rites à cette fin.
(Art préhistorique)
On peut penser que c’est en recherchant un sens à sa vie qu’il envisagea non seulement l’existence des dieux, mais également un autre monde, une autre vie et des cheminements, des comportements, des rites pour entrer en communication avec eux, pour les influencer. Cela évolua durant des milliers et des milliers d’années, sur des espaces séparés de milliers et de milliers de kilomètres. D’où la multitude des rites, la diversité des dieux et des comportements.
(Pré)Histoire de Dieu.
le Créateur.
Dieu – Lui qui est Créateur de cet univers, c’est-à-dire qui l’a fait venir à l’existence, qui à chaque instant le soutient dans son être même et qui est en attente de son accomplissement – contemple et aime son œuvre, la voyant se développer au cours des millénaires. Il aime par-dessus tout la créature dont la Bible dit qu’elle est faite ‘‘à son image’’, créée ‘‘par sa Parole’’, ‘‘par son souffle de vie’’ (ce sont des expressions de la Bible). ‘‘A son image’’, donc douée d’intelligence et capable d’aimer, de vivre ces richesses dans la liberté et de les développer. Mais Dieu doit aussi constater le surgissement du mal au sein de cette création, au sein de l’humanité. Il en souffre. De plus, de toute éternité, Il connaît le prix à payer pour donner définitivement un avenir radieux aux hommes et à toute sa création.
La « naissance » de la croyance en un seul Dieu.
L’Histoire de l’humanité continue à se dérouler et on en retrouve des traces. Dans une région qu’on appellera un jour le Proche-Orient, les membres d’un peuple, approfondissant leur recherche au cœur de leur vie, ont l’intuition qu’il n’est qu’un seul Dieu, qui veut pour eux le bonheur, et qu’il faut Lui faire totalement confiance. Alors ils se racontent l’expérience de foi qu’ils sont en train de vivre, à travers des mythes qui, à leur époque, sont le langage privilégié. Ces mythes ne sont pas l’histoire – et l’on a appris maintenant à distinguer le domaine propre à chacun –, mais ils leur permettent d’arriver au plus profond de la vie humaine et de l’énigme de cette existence, avec ses manifestations heureuses ou malheureuses, avec sa perdition (les échecs, et un jour la mort) et son espoir de salut.
Peu à peu les membres de ce peuple mettent leur expérience de foi par écrit, sans d’ailleurs avoir clairement conscience que Dieu habite leur libre expression afin de se faire progressivement connaître. Ainsi naîtrons, sur plus de mille ans, les différents livres de « l’Ancien Testament ». Ce ‘‘livre’’ – en réalité cet ensemble de plusieurs dizaines d’écrits différents – va se constituer progressivement comme une réflexion de leur foi en éclosion sur l’Histoire universelle telle qu’ils la perçoivent là où ils vivent.
A travers la relation de cette expérience vitale et des convictions qu’il s’est peu à peu forgées, ce peuple élabore son histoire, avec un début : la création du monde , avec des épisodes extraordinaires, comme le déluge , avec des héros : Abraham (qui est censé mourir à 175 ans !), Isaac, Jacob, Moïse… Il se donne aussi un nom : Israël. Nous ne sommes pas encore là dans l’histoire au sens moderne du mot, mais tous ces récits permettent à ce peuple de se tracer un chemin et à Dieu de faire passer son message, de se révéler petit à petit, par étape. Dieu prend toujours l’homme là où il est, afin de lui permettre de faire chaque jour le pas en avant qu’il lui est possible de supporter, si - bien sûr - il accepte de progresser : car Dieu respecte toujours sa liberté.
La Bible, un écrit des hommes, une Parole de Dieu.
Ces dizaines de récits forment ce qu’on appelle aujourd’hui la Bible chez les juifs ou encore la première partie de la Bible, l’Ancien Testament, chez les chrétiens. Cette Bible, d’abord mise en mots puis ensuite écrite, traduit au fur et à mesure que se déroulait leur histoire ce que leur état d’humanité leur permettait de comprendre de la Pensée de Dieu. La Bible est donc le témoignage, comprenant bien des facettes, sur la façon dont la foi a pu éclore dans des communautés de croyants du Moyen-Orient.
Tous ces siècles de la vie du peuple d’Israël peuvent être considérés comme une préparation des mentalités qui amène au surgissement d’un lieu et d’un moment – historiques, eux, au sens actuel du mot – pour qu’un Envoyé de Dieu vienne réellement partager la vie des hommes. Car le mal continue d’envahir le monde, comme l’ivraie envahit le champ de blé, et il faut restaurer l’humanité, en quelque sorte la recréer.
Jésus, fils de Dieu.
Paraît alors quelqu’un dont la vie réalise – aux yeux de certains - ce qui était attendu. Il se nomme Jésus, fils de Marie et Joseph. C’était il y a environ 2000 ans et cette naissance est fêtée par les chrétiens tous les ans à Noël. Progressivement Jésus-Christ révèle aux hommes que Dieu est Père, son Père et - à travers lui – le Père de tous les hommes et que Lui et son Père sont liés par l’Esprit-Saint, l’Esprit d’Amour, avec lequel ils ne font qu’Un.
Cette révélation ne se fait pas en un jour. Elle s’étale sur plus de 30 ans, le temps d’abord que Jésus s’enracine dans sa vie d’homme, sa famille, son peuple, son époque, le temps ensuite qu’il commence à ‘‘dire’’ son Père, à ‘‘dire’’ sa Pensée et son Amour, en premier aux apôtres qu’il se choisit et, avec eux, aux hommes de son temps et de son pays - à le ‘‘dire’’ en actes et en paroles…
Jésus, « passerelle » entre l’humanité et le divin.
L’homme apparu sur terre avait refusé d’entrer en communion avec la pensée de Dieu, ce que raconte – de façon symbolique et imagée, car nous sommes dans le domaine du mythe - le récit biblique de la chute d’Adam et Eve au Paradis (la fameuse histoire de ‘‘la pomme’’ !). L’homme s’était écarté de la bonne route pour suivre ses propres idées, ses propres désirs, tourné vers lui-même, dans l’oubli des autres hommes et même souvent contre eux. Le Mal était entré dans le monde.
Pour recréer cette œuvre de Dieu abîmée et ouvrir un nouveau chemin, Jésus a pris la tête de l’humanité nouvelle, et ce afin que nous puissions rejoindre librement le Père et partager sa vie dès ici-bas et pour toujours. Mais Jésus se trouve être ‘‘premier de cordée’’, avec tous les risques et toutes les conséquences que cela comporte. Pour lui, cela se traduira par bien des oppositions, des épreuves, des rejets et même des trahisons au cours de sa vie publique. Puis, cela finira par une condamnation à mort et son exécution sur une croix.
Résurrection et histoire humaine.
En fait, le mot ‘‘finir’’ n’est pas adapté. Il faudrait utiliser le mot ‘‘passage’’ (c’est le sens du mot ‘‘Pâque’’), car, le troisième jour, le Père ressuscite le Fils, Jésus-Christ, et à travers Lui, Il ouvre une nouvelle route pour toute l’humanité. Par la vie et la mort de Jésus-Christ, par sa résurrection et son retour auprès du Père, par l’envoi de l’Esprit-Saint au monde (ce que les chrétiens fêtent à Pentecôte), la révélation que Dieu voulait nous faire est totale. L’Histoire des hommes devient définitivement Histoire divine, sans que l’homme ait à s’arracher à son histoire humaine, tout à la fois terrestre, charnelle et spirituelle. Bien au contraire, c’est au sein de son histoire humaine que l’homme pourra rencontrer son Dieu. C’est peut-être là que se situe un des points phare à la fois de la révélation faite par Dieu en Jésus-Christ et de la contemplation de cette révélation par l’homme : Dieu ne vient pas détourner l’homme de sa vie terrestre, de ses relations, de tout son environnement ; par Jésus-Christ, Dieu vient au contraire le rejoindre dans cette vie même, pour établir des liens définitifs avec chaque femme, chaque homme sur cette terre dans le respect total de leur liberté d’accepter cette main tendue et aussi dans un parfait réalisme quant à la situation concrète de chacun de nous au cours de sa propre histoire : cette main tendue ne peut être perçue de la même façon par un chinois qui ignore l’existence de Jésus-Christ et jusqu’à son nom, un africain ou un amérindien élevés dans une autre religion, un jeune européen urbain de 10 ans, et ses grands-parents qui ont vécu toute leur vie à l’ombre d’un clocher de village. Mais chacun, au fond de sa conscience, peut découvrir cette main tendue et découvrir Dieu, quel que soit le nom qu’il lui donne. Car Dieu aime tous les hommes, sans aucune exception ; il n’en écarte aucun de son offre de salut. ; et l’Esprit de Dieu n’est lié exclusivement à aucune des milliers de cultures différentes qui ont cours dans notre monde.
Combien de temps cette étape va-t-elle durer ? On peut penser qu’il reste à l’humanité un seul jour à vivre sur cette terre ou des milliards d’années ou entre les deux… Nul ne le sait, sauf le Père. En revanche, pour chacune et chacun de nous, la fourchette de temps est plus resserrée et cela nous le savons bien…
Mais peu importe : nous avons à vivre la richesse du présent comme un don !
Et nous avons entièrement raison de faire CONFIANCE.
Robert Divoux, prêtre
Pâques 2004
Transmis par Claude.
Me permettriez-vous de soumettre à vos lectures deux ou trois textes d'auteurs appartenant à l'Eglise.
Évolution des espèces et Foi en Dieu
Dieu des chrétiens et Darwin, même combat (enfin presque…)
Préambule
Je m’explique d’abord sur l’origine de ce texte : vous avez peut-être vu, ou du moins entendu parler de l’émission de télévision diffusée une première fois en janvier 2003, ‘‘L’Odyssée de l’espèce’’, film documentaire supervisé par Yves Coppens. Elle a eu un grand succès et a d’ailleurs été rediffusée l’été suivant. Elle est sortie en DVD, en vidéoK7 et on peut aussi la trouver sur internet.
Comme beaucoup je l'ai trouvée remarquable. Puis un petit fait m'a mis la puce à l'oreille : un ami m'a fait part que, dans son entourage essentiellement catholique, plusieurs personnes n'avaient pas apprécié le documentaire et avaient éteint la télévision en disant « tout cela, c'est des conneries ! ». Tous avaient pourtant fait des études assez longues.
On peut raisonnablement penser qu’ils se trompent, et qu’ils souffrent d’un manque de culture dans ce domaine (le pape Jean-Paul II n’a-t-il pas récemment reconnu que ‘‘l’évolution’’ était plus qu’une hypothèse ? (Cf. son discours à l’Académie des sciences pontificales du 22 octobre 1996). Mais en revanche, cela m’a fait réaliser 2 choses :
- Dans cette odyssée présentée par le film, le récit de l’hominisation est ‘‘lisse’’. Celle-ci n’apparaît pas sous la forme d’un seuil à franchir et la question soulevée par le surgissement de la conscience humaine au cours de l’évolution ‘‘singe, hominidé, homme’’ n’est pas évoquée explicitement. Il semble y avoir simplement un développement progressif et lent d’une intelligence, d’une conscience. De fait, le documentaire occulte la question de l’intervention éventuelle de Dieu dans l’éclosion de cette conscience humaine.
- Mais surtout, j’ai encore perçu là l’énorme fossé qui se crée, avec le développement de la vulgarisation scientifique, entre les connaissances dans ce domaine des origines de l’homme (et dans d’autres domaines) et la présentation que le catéchisme fait habituellement de l’histoire sainte dans l’Église. Je pense aux jeunes : nombre d’entre eux ont accès à une foule de savoirs (par l’école, par la télévision, par internet…), mais ont beaucoup moins de moyens pour éventuellement établir des passerelles avec une foi religieuse, quelle qu’elle soit. Je pense aussi à des adultes avec qui je discute et qui me font part, dans nos conversations, de croyances totalement infantilisantes, quand elles ne sont pas débiles, en pensant que ce sont les miennes, celles de l’Église catholique. Il faut dire que celle-ci a sans doute quelques responsabilités dans bien des contresens qui ont cours...
J’ai donc essayé ici de faire un court résumé de synthèse entre l’Histoire de l’humanité et l’Histoire sainte, en pensant aux personnes que je rencontre – certaines très religieuses, d’autres pas du tout - et qui se posent des questions (ou ont parfois peur de les poser, choisissant ou ‘‘la foi du charbonnier’’ ou l’agnosticisme). J’ajoute que ces personnes relèvent de cultures très différentes, et que l’éventail des âges est comparable à celui des lecteurs de Tintin.
Je sais qu’il faut consacrer de nombreuses heures d’études à l’amélioration de notre compréhension du monde. Il en va évidemment de même dans le domaine de la recherche biblique et théologique. Mais comme d’autres, je suis persuadé que toute idée nouvelle proposée par un humain peut être comprise par tout être humain, que tout est accessible si l’effort est fait de le rendre tel. Et il est nécessaire de faire connaître ces idées qui voient le jour, ce qu’il ne faut pas confondre avec ‘‘ les faire accepter ’’. Dans certains cas cette révélation pourra amener à les rejeter, mais alors en connaissance de cause et non par obscurantisme. Personne ne doit, malgré soi, être exclu de la connaissance. Ce serait consentir à la déshumanisation.
Pour parvenir à la lutte contre cette exclusion tous les moyens sont à utiliser : ceux classiques de l’enseignement à tous les niveaux (rôle en particulier de l’Éducation Nationale), mais aussi ceux que permettent tous les outils de la vulgarisation. L’important est de formuler les idées essentielles au moyen d’un langage qui les rend compréhensibles. Ajoutons qu’il est regrettable que le mot ‘‘vulgarisation’’ ait une connotation péjorative, car faire découvrir une idée, et les éléments de jugement qui vont avec, à une majorité de personnes, loin d’être vulgaire est une noble action.
Robert Divoux, prêtre - décembre 2004
« La foi, quand elle devient adulte, suppose la participation de la raison… »
Jean-Michel Maldamé – ‘‘En travail d’enfantement’’ Aubin éditeur 2000
(Pré)Histoire de l’homme
L’émergence de l’Homme
Au cours du temps, l’homme -ou les hommes- est apparu quelque part en Afrique ou bien en plusieurs endroits de la terre, on ne le sait pas encore avec certitude. Avant l’homme, il y avait bien d’autres êtres vivants et bien d’autres choses aussi ; encore avant, il y avait… mais n’anticipons pas ; de plus, le mot ‘‘avant’’ n’a plus, dans ce dernier cas, le même sens.
(Origine de l'Homme)
L’homme a ainsi surgi au cours du temps, il y a vraisemblablement des centaines de milliers d’années. Avec dans sa tête la volonté de comprendre, et au cœur le désir d’aimer. Avec bien d’autres idées et désirs aussi, le tout ne faisant d’ailleurs pas toujours bon ménage.
Mais comment l’homme est-il apparu ici, sur notre terre ? S’il reste bien des obscurités, des points d’interrogation, on y voit peu à peu plus clair dans ce processus. Ce qui est maintenant certain, c’est que la vie est apparue d’abord dans un milieu aqueux (le vaste océan ou un petit marécage ou encore la profondeur de la croûte terrestre…) sous une forme très primitive, un micro-organisme. Puis, elle y a évolué en donnant des êtres de plus en plus complexes. Ensuite, certains de ces êtres vivants sont sortis de l’eau pour se développer sur terre. Ils ont formé des millions d’espèces différentes, parmi lesquelles les mammifères. Réalisons bien que tout ce processus a demandé plusieurs centaines de millions d’années.
(Chronologie de la Terre)
Parmi les innombrables mammifères, une espèce s’est singularisée et ce sera l’Homme moderne. Mais on a maintenant compris qu’il est impossible de définir ce dernier par un critère de comportement érigé en norme spécifique : par exemple en affirmant que, dès que l’on constate qu’un hominidé a fabriqué et utilisé un outil, l’on a affaire à l’Homme moderne (comme on l’a pensé très longtemps).
Une humanité divine ?
De son côté, l’Eglise catholique, en 1965, a précisé sa propre pensée dans un des textes du concile Vatican II : « … l’homme [est la] seule créature sur terre que Dieu a voulue pour elle-même » (constitution ‘‘Gaudium et Spes’’ § 24). Pour l’Église, l’homme est bien un être de la nature et il n’échappe pas aux règles générales qui la régissent et que cernent peu à peu les scientifiques. Mais en même temps, l’Église tire de son ‘‘trésor’’ – la Bible - cette affirmation : Dieu est présent à chaque être humain dans tout ce qu’il est, d’une manière qui non seulement respecte sa liberté, mais qui la constitue. Ainsi Dieu connaît chaque homme en tant que tel, dans la singularité de son être, c’est-à-dire de sa grandeur d’être spirituel, et sa relation avec chaque femme, chaque homme trouve son origine dans son amour prévenant à l’égard de celle-ci, de celui-ci.
Soulignons ici le rôle de la culture dans cette émergence de l’Homme. Le bébé ne peut vivre, l’homme ne peut devenir humain que grâce à ce qu’il reçoit de son environnement humain, dans un échange structurant où le langage joue un rôle primordial. Le désir et la volonté sont indispensables pour que se fasse cet échange. Aussi plutôt que d’imaginer l’Homme comme un animal recevant, à son insu et comme malgré lui, une âme qui lui serait étrangère, l’on peut comprendre le commencement de l’humanité comme un acte volontaire rendu possible au futur Homme par Dieu. Dieu crée en appelant l’Homme à vouloir être humain. « L’acte spécial de création serait alors le don d’un ‘‘vouloir-être’’ qui mène à développer les potentialités (station debout, volume du cerveau, usage de l’outil, règles sociales, communication par signes…) déjà présentes. » (1)
(Homme et singe)
C’est cet appel de Dieu qui fondamentalement constitue l’origine de l’humanité, qui en elle-même ne se situe pas dans le temps et que la science ne peut donc saisir.
On peut conclure cette réflexion avec quelques lignes du livre de J-M Maldamé « En travail d’enfantement, Création et évolution » (Aubin Éditeur) :
« Loin d’être un simple acte initial de Dieu, la création est une relation qui dure, “la relation de la créature […] à Celui qui lui donne d’être” (p. 145). Une image peut nous éclairer : “Dans un morceau de musique, tout est produit par l’instrument et tout est produit par le musicien. […] Cette image permet de comprendre ce qui advient dans la vie qui est tout à la fois le fruit de l’action des facteurs (énergie et formes) étudiés par l’anthropologie et d’un principe transcendant. ” […]
Tout est de Dieu et tout est de la nature. » (P. 112)
L’Homme en quête perpétuelle.
En observant le cours de l’histoire, on constate que l’homme se multiplie sur cette terre et commence à inventer. Il fallait en effet manger, résister au froid, se défendre contre les prédateurs… Alors il innove : grimper aux arbres, fabriquer des lances, domestiquer le feu… Il bouge aussi : les fruits et le gibier sont toujours plus beaux ailleurs ! Il trouve de nouvelles grottes, il se fabrique des abris : il pouvait ainsi aller plus loin sur cette terre. Il lui fallait également se multiplier, avoir une descendance. Toutes les innovations techniques donnaient à ses enfants de meilleures conditions d’abord pour survivre, ensuite pour se développer.
Mais il restait au fond de lui de gros points noirs qu’il cherchait à comprendre, à nommer, à combattre : le vieillissement, la souffrance, la mort. Pour lui, cela n’était pas bon et n’avait pas de sens : avec ses moyens, il cherchait à en trouver un. Il se mit à enterrer ses morts et à créer des rites à cette fin.
(Art préhistorique)
On peut penser que c’est en recherchant un sens à sa vie qu’il envisagea non seulement l’existence des dieux, mais également un autre monde, une autre vie et des cheminements, des comportements, des rites pour entrer en communication avec eux, pour les influencer. Cela évolua durant des milliers et des milliers d’années, sur des espaces séparés de milliers et de milliers de kilomètres. D’où la multitude des rites, la diversité des dieux et des comportements.
(Pré)Histoire de Dieu.
le Créateur.
Dieu – Lui qui est Créateur de cet univers, c’est-à-dire qui l’a fait venir à l’existence, qui à chaque instant le soutient dans son être même et qui est en attente de son accomplissement – contemple et aime son œuvre, la voyant se développer au cours des millénaires. Il aime par-dessus tout la créature dont la Bible dit qu’elle est faite ‘‘à son image’’, créée ‘‘par sa Parole’’, ‘‘par son souffle de vie’’ (ce sont des expressions de la Bible). ‘‘A son image’’, donc douée d’intelligence et capable d’aimer, de vivre ces richesses dans la liberté et de les développer. Mais Dieu doit aussi constater le surgissement du mal au sein de cette création, au sein de l’humanité. Il en souffre. De plus, de toute éternité, Il connaît le prix à payer pour donner définitivement un avenir radieux aux hommes et à toute sa création.
La « naissance » de la croyance en un seul Dieu.
L’Histoire de l’humanité continue à se dérouler et on en retrouve des traces. Dans une région qu’on appellera un jour le Proche-Orient, les membres d’un peuple, approfondissant leur recherche au cœur de leur vie, ont l’intuition qu’il n’est qu’un seul Dieu, qui veut pour eux le bonheur, et qu’il faut Lui faire totalement confiance. Alors ils se racontent l’expérience de foi qu’ils sont en train de vivre, à travers des mythes qui, à leur époque, sont le langage privilégié. Ces mythes ne sont pas l’histoire – et l’on a appris maintenant à distinguer le domaine propre à chacun –, mais ils leur permettent d’arriver au plus profond de la vie humaine et de l’énigme de cette existence, avec ses manifestations heureuses ou malheureuses, avec sa perdition (les échecs, et un jour la mort) et son espoir de salut.
Peu à peu les membres de ce peuple mettent leur expérience de foi par écrit, sans d’ailleurs avoir clairement conscience que Dieu habite leur libre expression afin de se faire progressivement connaître. Ainsi naîtrons, sur plus de mille ans, les différents livres de « l’Ancien Testament ». Ce ‘‘livre’’ – en réalité cet ensemble de plusieurs dizaines d’écrits différents – va se constituer progressivement comme une réflexion de leur foi en éclosion sur l’Histoire universelle telle qu’ils la perçoivent là où ils vivent.
A travers la relation de cette expérience vitale et des convictions qu’il s’est peu à peu forgées, ce peuple élabore son histoire, avec un début : la création du monde , avec des épisodes extraordinaires, comme le déluge , avec des héros : Abraham (qui est censé mourir à 175 ans !), Isaac, Jacob, Moïse… Il se donne aussi un nom : Israël. Nous ne sommes pas encore là dans l’histoire au sens moderne du mot, mais tous ces récits permettent à ce peuple de se tracer un chemin et à Dieu de faire passer son message, de se révéler petit à petit, par étape. Dieu prend toujours l’homme là où il est, afin de lui permettre de faire chaque jour le pas en avant qu’il lui est possible de supporter, si - bien sûr - il accepte de progresser : car Dieu respecte toujours sa liberté.
La Bible, un écrit des hommes, une Parole de Dieu.
Ces dizaines de récits forment ce qu’on appelle aujourd’hui la Bible chez les juifs ou encore la première partie de la Bible, l’Ancien Testament, chez les chrétiens. Cette Bible, d’abord mise en mots puis ensuite écrite, traduit au fur et à mesure que se déroulait leur histoire ce que leur état d’humanité leur permettait de comprendre de la Pensée de Dieu. La Bible est donc le témoignage, comprenant bien des facettes, sur la façon dont la foi a pu éclore dans des communautés de croyants du Moyen-Orient.
Tous ces siècles de la vie du peuple d’Israël peuvent être considérés comme une préparation des mentalités qui amène au surgissement d’un lieu et d’un moment – historiques, eux, au sens actuel du mot – pour qu’un Envoyé de Dieu vienne réellement partager la vie des hommes. Car le mal continue d’envahir le monde, comme l’ivraie envahit le champ de blé, et il faut restaurer l’humanité, en quelque sorte la recréer.
Jésus, fils de Dieu.
Paraît alors quelqu’un dont la vie réalise – aux yeux de certains - ce qui était attendu. Il se nomme Jésus, fils de Marie et Joseph. C’était il y a environ 2000 ans et cette naissance est fêtée par les chrétiens tous les ans à Noël. Progressivement Jésus-Christ révèle aux hommes que Dieu est Père, son Père et - à travers lui – le Père de tous les hommes et que Lui et son Père sont liés par l’Esprit-Saint, l’Esprit d’Amour, avec lequel ils ne font qu’Un.
Cette révélation ne se fait pas en un jour. Elle s’étale sur plus de 30 ans, le temps d’abord que Jésus s’enracine dans sa vie d’homme, sa famille, son peuple, son époque, le temps ensuite qu’il commence à ‘‘dire’’ son Père, à ‘‘dire’’ sa Pensée et son Amour, en premier aux apôtres qu’il se choisit et, avec eux, aux hommes de son temps et de son pays - à le ‘‘dire’’ en actes et en paroles…
Jésus, « passerelle » entre l’humanité et le divin.
L’homme apparu sur terre avait refusé d’entrer en communion avec la pensée de Dieu, ce que raconte – de façon symbolique et imagée, car nous sommes dans le domaine du mythe - le récit biblique de la chute d’Adam et Eve au Paradis (la fameuse histoire de ‘‘la pomme’’ !). L’homme s’était écarté de la bonne route pour suivre ses propres idées, ses propres désirs, tourné vers lui-même, dans l’oubli des autres hommes et même souvent contre eux. Le Mal était entré dans le monde.
Pour recréer cette œuvre de Dieu abîmée et ouvrir un nouveau chemin, Jésus a pris la tête de l’humanité nouvelle, et ce afin que nous puissions rejoindre librement le Père et partager sa vie dès ici-bas et pour toujours. Mais Jésus se trouve être ‘‘premier de cordée’’, avec tous les risques et toutes les conséquences que cela comporte. Pour lui, cela se traduira par bien des oppositions, des épreuves, des rejets et même des trahisons au cours de sa vie publique. Puis, cela finira par une condamnation à mort et son exécution sur une croix.
Résurrection et histoire humaine.
En fait, le mot ‘‘finir’’ n’est pas adapté. Il faudrait utiliser le mot ‘‘passage’’ (c’est le sens du mot ‘‘Pâque’’), car, le troisième jour, le Père ressuscite le Fils, Jésus-Christ, et à travers Lui, Il ouvre une nouvelle route pour toute l’humanité. Par la vie et la mort de Jésus-Christ, par sa résurrection et son retour auprès du Père, par l’envoi de l’Esprit-Saint au monde (ce que les chrétiens fêtent à Pentecôte), la révélation que Dieu voulait nous faire est totale. L’Histoire des hommes devient définitivement Histoire divine, sans que l’homme ait à s’arracher à son histoire humaine, tout à la fois terrestre, charnelle et spirituelle. Bien au contraire, c’est au sein de son histoire humaine que l’homme pourra rencontrer son Dieu. C’est peut-être là que se situe un des points phare à la fois de la révélation faite par Dieu en Jésus-Christ et de la contemplation de cette révélation par l’homme : Dieu ne vient pas détourner l’homme de sa vie terrestre, de ses relations, de tout son environnement ; par Jésus-Christ, Dieu vient au contraire le rejoindre dans cette vie même, pour établir des liens définitifs avec chaque femme, chaque homme sur cette terre dans le respect total de leur liberté d’accepter cette main tendue et aussi dans un parfait réalisme quant à la situation concrète de chacun de nous au cours de sa propre histoire : cette main tendue ne peut être perçue de la même façon par un chinois qui ignore l’existence de Jésus-Christ et jusqu’à son nom, un africain ou un amérindien élevés dans une autre religion, un jeune européen urbain de 10 ans, et ses grands-parents qui ont vécu toute leur vie à l’ombre d’un clocher de village. Mais chacun, au fond de sa conscience, peut découvrir cette main tendue et découvrir Dieu, quel que soit le nom qu’il lui donne. Car Dieu aime tous les hommes, sans aucune exception ; il n’en écarte aucun de son offre de salut. ; et l’Esprit de Dieu n’est lié exclusivement à aucune des milliers de cultures différentes qui ont cours dans notre monde.
Combien de temps cette étape va-t-elle durer ? On peut penser qu’il reste à l’humanité un seul jour à vivre sur cette terre ou des milliards d’années ou entre les deux… Nul ne le sait, sauf le Père. En revanche, pour chacune et chacun de nous, la fourchette de temps est plus resserrée et cela nous le savons bien…
Mais peu importe : nous avons à vivre la richesse du présent comme un don !
Et nous avons entièrement raison de faire CONFIANCE.
Robert Divoux, prêtre
Pâques 2004
Transmis par Claude.
Coowar Claude- Date d'inscription : 28/07/2016
Age : 77
Re: La réfutation de la théorie de l'évolution
MESSAGE DU SAINT-PÈRE JEAN-PAUL II
AUX MEMBRES DE L'ASSEMBLÉE PLÉNIÈRE DE
L'ACADÉMIE PONTIFICALE DES SCIENCES
Aux Membres de l'Académie pontificale des Sciences
réunis en Assemblée plénièr;
C'est avec un grand plaisir que je vous adresser un cordial salut, à vous, Monsieur le Président, et à vous tous qui constituez l'Académie pontificale des Sciences, à l'occasion de votre Assemblée plénière. J'adresse en particulier mes vœux aux nouveaux Académiciens venus prendre part à vos travaux pour la première fois. Je tiens à évoquer les Académiciens décédés au cours de l'année écoulée, que je confie au Maître de la vie.
1. En célébrant le LVème anniversaire de la refondation de l'Académie, il me plaît de rappeler les intentions de mon prédécesseur Pie XI, qui voulut s'entourer d'un groupe choisi de savants en attendant d'eux qu'ils informent le Saint-Siège en toute liberté sur les développements de la recherche scientifique et qu'ils l'aident ainsi dans ses réflexions.
A ceux qu'il aimait appeler le Senatus scientificus de l'Église, il demanda de servir la vérité. C'est la même invitation que je vous renouvelle aujourd'hui, avec la certitude que nous pourrons tous tirer profit de la « fécondité d'un dialogue confiant entre l'Église et la science » [1].
2. Je me réjouis du premier thème que vous avez choisi, celui de l'origine de la vie et de l'évolution, un thème essentiel qui intéresse vivement l'Église, puisque la Révélation contient, de son côté, des enseignements concernant la nature et les origines de l'homme. Comment les conclusions auxquelles aboutissent les diverses disciplines scientifiques et celles qui sont contenues dans le message de la Révélation se rencontrent-elles ? Et si, à première vue, il peut sembler que l'on se heurte à des oppositions, dans quelle direction chercher leur solution ? Nous savons en effet que la vérité ne peut pas contredire la vérité [2]. D'ailleurs, pour mieux éclairer la vérité historique, vos recherches sur les rapports de l'Église avec la science entre le XIIème et le XVIIème siècle sont d'une grande importance.
Au cours de cette session plénière, vous menez une « réflexion sur la science à l'aube du troisième millénaire », en commençant par déterminer les principaux problèmes engendrés par les sciences, qui ont une incidence sur l'avenir de l'humanité. Par votre démarche, vous jalonnez les voies de solutions qui seront bénéfiques pour toute la communauté humaine. Dans le domaine de la nature inanimée et animée, l'évolution de la science et de ses applications fait naître des interrogations nouvelles. L'Église pourra en saisir la portée d'autant mieux qu'elle en connaîtra les aspects essentiels. Ainsi, selon sa mission spécifique, elle pourra offrir des critères pour discerner les comportements moraux auxquels tout homme est appelé en vue de son salut intégral.
3. Avant de vous proposer quelques réflexions plus spécialement sur le thème de l'origine de la vie et de l'évolution, je voudrais rappeler que le Magistère de l'Église a déjà été amené à se prononcer sur ces matières, dans le cadre de sa propre compétence. Je citerai ici deux interventions.
Dans son encyclique « Humani Generis » (1950), mon prédécesseur Pie XII avait déjà affirmé qu'il n'y avait pas opposition entre l'évolution et la doctrine de la foi sur l'homme et sur sa vocation, à condition de ne pas perdre de vue quelques points fermes [3].
Pour ma part, en recevant le 31 octobre 1992 les participants à l'Assemblée plénière de votre Académie, j'ai eu l'occasion, à propos de Galilée, d'attirer l'attention sur la nécessité, pour l'interprétation correcte de la parole inspirée, d'une herméneutique rigoureuse. Il convient de bien délimiter le sens propre de l'Écriture, en écartant des interprétations indues qui lui font dire ce qu'il n'est pas dans son intention de dire. Pour bien marquer le champ de leur objet propre, l'exégète et le théologien doivent se tenir informés des résultats auxquels conduisent les sciences de la nature [4].
4. Compte tenu de l'état des recherches scientifiques à l'époque et aussi des exigences propres de la théologie, l'encyclique « Humani Generis » considérait la doctrine de « l’évolutionnisme » comme une hypothèse sérieuse, digne d'une investigation et d'une réflexion approfondies à l'égal de l'hypothèse opposée. Pie XII ajoutait deux conditions d'ordre méthodologique : qu'on n'adopte pas cette opinion comme s'il s'agissait d'une doctrine certaine et démontrée et comme si on pouvait faire totalement abstraction de la Révélation à propos des questions qu'elle soulève. Il énonçait également la condition à laquelle cette opinion était compatible avec la foi chrétienne, point sur lequel je reviendrai.
Aujourd'hui, près d'un demi-siècle après la parution de l'encyclique, de nouvelles connaissances conduisent à reconnaître dans la théorie de l'évolution plus qu'une hypothèse. Il est en effet remarquable que cette théorie se soit progressivement imposée à l'esprit des chercheurs, à la suite d'une série de découvertes faites dans diverses disciplines du savoir. La convergence, nullement recherchée ou provoquée, des résultats de travaux menés indépendamment les uns des autres, constitue par elle-même un argument significatif en faveur de cette théorie.
Quelle est la portée d'une semblable théorie ? Aborder cette question, c'est entrer dans le champ de l'épistémologie. Une théorie est une élaboration métascientifique, distincte des résultats de l'observation mais qui leur est homogène. Grâce à elle, un ensemble de données et de faits indépendants entre eux peuvent être reliés et interprétés dans une explication unitive. La théorie prouve sa validité dans la mesure où elle est susceptible d'être vérifiée ; elle est constamment mesurée au niveau des faits ; là où elle cesse de pouvoir rendre compte de ceux-ci, elle manifeste ses limites et son inadaptation. Elle doit alors être repensée.
En outre, l'élaboration d'une théorie comme celle de l'évolution, tout en obéissant à l'exigence d'homogénéité avec les données de l'observation, emprunte certaines notions à la philosophie de la nature.
Et, à vrai dire, plus que de la théorie de l'évolution, il convient de parler des théories de l'évolution. Cette pluralité tient, d'une part, à la diversité des explications qui ont été proposées du mécanisme de l'évolution et, d'autre part, aux diverses philosophies auxquelles on se réfère. Il existe ainsi des lectures matérialistes et réductionnistes et des lectures spiritualistes. Le jugement ici est de la compétence propre de la philosophie et, au-delà, de la théologie.
5. Le Magistère de l'Église est directement intéressé par la question de l'évolution, car celle-ci touche la conception de l'homme, dont la Révélation nous apprend qu'il a été créé à l'image et à la ressemblance de Dieu [5]. La Constitution conciliaire « Gaudium et Spes » a magnifiquement exposé cette doctrine, qui est un des axes de la pensée chrétienne. Elle a rappelé que l'homme est « la seule créature sur terre que Dieu a voulue pour elle-même » [6]. En d'autres termes, l'individu humain ne saurait être subordonné comme un pur moyen ou un pur instrument ni à l'espèce ni à la société ; il a valeur pour lui-même. Il est une personne. Par son intelligence et sa volonté, il est capable d'entrer en relation de communion, de solidarité et de don de soi avec son semblable. Saint Thomas observe que la ressemblance de l'homme avec Dieu réside spécialement dans son intelligence spéculative, car sa relation avec l'objet de sa connaissance ressemble à la relation que Dieu entretient avec son œuvre [7]. Mais, plus encore, l'homme est appelé à entrer dans une relation de connaissance et d'amour avec Dieu lui-même, relation qui trouvera son plein épanouissement au-delà du temps, dans l'éternité. Dans le mystère du Christ ressuscité nous sont révélées toute la profondeur et toute la grandeur de cette vocation [8]. C'est en vertu de son âme spirituelle que la personne tout entière jusque dans son corps possède une telle dignité. Pie XII avait souligné ce point essentiel : si le corps humain tient son origine de la matière vivante qui lui préexiste, l'âme spirituelle est immédiatement créée par Dieu « animas enim a Deo immediate creari catholica fides nos retinere iubet » [9].
En conséquence, les théories de l'évolution qui, en fonction des philosophies qui les inspirent, considèrent l'esprit comme émergeant des forces de la matière vivante ou comme un simple épiphénomène de cette matière sont incompatibles avec la vérité de l'homme. Elles sont d'ailleurs incapables de fonder la dignité de la personne.
6. Avec l'homme, nous nous trouvons donc devant une différence d'ordre ontologique, devant un saut ontologique, pourrait-on dire. Mais poser une telle discontinuité ontologique, n'est-ce pas aller à l'encontre de cette continuité physique qui semble être comme le fil conducteur des recherches sur l'évolution, et ceci dès le plan de la physique et de la chimie ? La considération de la méthode utilisée dans les divers ordres du savoir permet de mettre en accord deux points de vue qui sembleraient inconciliables. Les sciences de l'observation décrivent et mesurent avec toujours plus de précision les multiples manifestations de la vie et les inscrivent sur la ligne du temps. Le moment du passage au spirituel n'est pas objet d'une observation de ce type, qui peut néanmoins déceler, au niveau expérimental, une série de signes très précieux de la spécificité de l'être humain. Mais l'expérience du savoir métaphysique, de la conscience de soi et de sa réflexivité, celle de la conscience morale, celle de la liberté, ou encore l'expérience esthétique et religieuse, sont du ressort de l'analyse et de la réflexion philosophiques, alors que la théologie en dégage le sens ultime selon les desseins du Créateur.
7. En terminant, je voudrais évoquer une vérité évangélique susceptible d'apporter une lumière supérieure à l'horizon de vos recherches sur les origines et le déploiement de la matière vivante, La Bible, en effet, est porteuse d'un extraordinaire message de vie. Elle nous donne sur la vie, en tant qu'elle caractérise les formes les plus hautes de l'existence, une vision de sagesse. Cette vision m'a guidé dans l'encyclique que j'ai consacrée au respect de la vie humaine et que j'ai intitulée précisément « Evangelium Vitae ».
Il est significatif que, dans l'Évangile de saint Jean, la vie désigne la lumière divine que le Christ nous communique. Nous sommes appelés à entrer dans la vie éternelle, c'est-à-dire dans l'éternité de la béatitude divine.
Pour nous mettre en garde contre les tentations majeures qui nous guettent, notre Seigneur cite la grande parole du Deutéronome: « Ce n'est: pas de pain seul que vivra l'homme, mais de toute parole qui sort de la bouche ce Dieu » [10].
Bien plus, la vie est un des plus beaux titres que la Bible ait reconnu à Dieu. Il est le Dieu vivant.
De grand cœur, j'invoque sur vous tous et sur ceux qui vous sont proches, l'abondance des Bénédictions divines.
Du Vatican, le 22 octobre 1996.
IOANNES PAULUS PP. II
________________________________________
[1] Ioannis Pauli PP. II Oratio Academiae Scientiarum Sodalibus, 1, die 28 oct. 1986: Insegnamenti di Giovanni Paolo II, XI, 2 (1986) 1274 ss.
[2] Cfr. Leonis XIII Providentissimus Deus.
[3] Pii XII Humani Generis, anno 1950: AAS 42 (1950), 575-576.
[4] Cfr. Ioannis Pauli PP. II Allocutio Academiae Scientiarum Sodalibus, die 31 oct. 1992: Insegnamenti di Giovanni Paolo II, XV, 2 (1992) 456 ss.; Eiusdem Sermo ad Pontificiae Commissionis Biblicae Membra, die 23 apr. 1993: l. c. XVI, 1 (1993) 964 ss.; in quo Summus Pontifex documentum praenuntiabat « De Bibliorum Sacrorum Interpretatione in Ecclesia ».
[5] Cfr. Io. 1, 28-29.
[6] Gaudium et Spes, 24.
[7] S. Thomae Summa Theologiae, I-IIae, q. 3, a. 5, ad 1.
[8] Cfr. Gaudium et Spes, 22.
[9] Pii XII Humani Generis: AAS 42 (1950) 575.
[10] Deut. 8, 3; cfr. Matth. 4, 4.
Coowar Claude- Date d'inscription : 28/07/2016
Age : 77
Re: La réfutation de la théorie de l'évolution
L'Église affirme que l'évolution est une hypothèse et non une certitude.
Re: La réfutation de la théorie de l'évolution
Certes, mais elle n'est plus cramponnée sur ses condamnations de la théorie de l'évolutionnisme.
Voici donc maintenant Teilhard de Chardin en quelque sorte réhabilité et considéré comme crédible.
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Le 15 février 2009 - (E.S.M.) - Benoît XVI reconnaît des aspects positifs à l’apport de Darwin à la science mais il critique fermement une théorie de l’évolution qui cache ses propres lacunes et ne veut pas voir les questions qui se posent au-delà des capacités méthodologiques de la science naturelle.
La "nouvelle théorie de l'évolution"
Benoît XVI rejette la thèse du créationnisme
Dieu ou Darwin : un pseudo-combat par Marion Guében Baugniet
Le 15 février 2009 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde - Depuis quelques mois, Darwin revient en force dans l’actualité. À la suite de consignes ministérielles, il se manifeste avec bruit et sans nuances dans les écoles. Avec pour effet de s’entendre interroger par des élèves de l’enseignement catholique : « Tu es pour qui ? Pour Dieu ou pour Darwin ?? » Récemment un professeur de l’ULB (Belgique) a amené son public au comble de l’hilarité en caricaturant les chrétiens confrontés à Adam, la pomme, le serpent. Que se passe-t-il ? Pourquoi cette soudaine agression des darwinistes autour d’un thème qui paraissait ne plus devoir générer de polémiques ? En réaction, semble-t-il, à des résurgences du créationnisme chez certains fondamentalistes aux États-Unis, l’Europe a cru devoir se mettre sur pied de guerre pour dénoncer une « menace de l’obscurantisme religieux contre la Science ». En fait, l’on s’aperçoit que l’évolution reste une question très controversée. Il n’est pas facile d’y voir clair, tant les amalgames et parfois la mauvaise foi sont fréquents en ces matières. Et le chrétien, qui ouvre sa Bible au chapitre de la Genèse, que lui faut-il comprendre ?
I. CRÉATION
Le récit de la Création par lequel s’ouvre l’Ancien Testament ne doit pas être pris au pied de la lettre. Le scribe, saisi d’une inspiration d’origine divine, a tenu à évoquer une vérité profonde et essentielle, en se servant d’images telles qu’elles parlent au peuple de son temps. Pour trouver la clé des événements bibliques, il est essentiel de recourir à une bonne exégèse sans jamais perdre de vue que les Écritures veillent à nous exposer le pourquoi des choses plutôt que le comment. La Bible veut nous dire essentiellement que Dieu est le créateur du monde et son sauveur. Il n’est donc pas de foi que Dieu ait créé le monde en six jours, comme la Genèse le raconte de façon métaphorique.
Et Mgr Léonard insiste à juste titre sur le fait que les créationnistes fondamentalistes rendent un très mauvais service à la philosophie, à la foi et à la théologie en s’en tenant au fixisme, c’est-à-dire la doctrine selon laquelle les animaux et les plantes ont été créés subitement et isolément par espèces fixes et immuables.
En d’autres termes, la création n’est pas une fabrication artisanale. Elle est avant tout une relation de dépendance originelle : les créatures reçoivent leur être (leur existence et leur essence) de Dieu comme la Source de tout être, mais dès lors que les lois de la Nature sont établies, Dieu peut agir par l’intermédiaire des causes naturelles. Et ce n’est donc pas à la création que s’oppose l’évolution, c’est au fixisme.
Creatio continua. Dieu n’agit pas seulement au point de départ. Il opère en permanence. Il nous tient tous en tout instant entre Ses mains en nous communiquant Son souffle. Si Dieu abandonnait la création, celle-ci retomberait aussitôt dans le néant. Saint Paul dit que Dieu « opère tout en tous » et « Il soutient tout l’Univers par sa Parole puissante. »
II. ÉVOLUTION
Au Ve siècle, saint Augustin déjà distinguait la création originelle par laquelle Dieu a fait toutes choses dans leurs raisons causales, et la création dans le cours des temps. Les raisons causales sont les virtualités déposées à l’origine dans les éléments du monde ; sous l’action de la Providence, ces virtualités produisent de nouvelles créatures, chacune en son temps.
Et en suivant la pensée de saint Thomas, au XIIIe siècle, on constate que l’idée de l’évolution peut d’une certaine manière aussi s’y intégrer.
a) Le darwinisme.
Déjà annoncé par le naturaliste français Lamarck, Charles Darwin, publie en 1859 De l’origine des espèces. Servi par un don exceptionnel de l’observation et déployant un zèle immense, Darwin a réalisé une œuvre qui restera prégnante dans l’histoire des idées, selon l’affirmation du cardinal Schönborn, peu suspect pourtant d’être un disciple forcené du darwinisme !
En développant sa théorie, Darwin a tenté de donner une explication mécaniste de l’évolution des espèces. Le mécanisme central en est la sélection naturelle (struggle for life) qui opère au niveau des populations en sélectionnant les individus les plus forts, les mieux adaptés à leur environnement. Il s’agirait d’un processus continu de transformations aléatoires au fil des âges allant de l’invertébré à l’homo sapiens. Au départ toutefois, Darwin n’avait aucune prétention philosophique. C’est à la suite de la violente polémique lancée contre lui par l’Église anglicane qu’il se met à radicaliser sa position, déclarant que l’homme est d’origine animale et qu’il n’y a pas de cause finaliste à son apparition. Il semble bien nier de ce fait le Dieu créateur. Encore qu’en d’autres circonstances, il le glorifie…
b) Le néo-darwinisme.
Enrichi par d’autres apports, dont la découverte de l’ADN en 1953, le néo-darwinisme devient une synthèse multidisciplinaire dans laquelle l’évolution part d’un fondement génétique, les mutations aléatoires, pour être ensuite passée au crible de la sélection naturelle. Mais ce modèle ignore le sens de l’évolution en ceci que tout changement est imprédictible. Autrement dit, l’homme n’a aucune raison d’être au monde. Il pourrait aussi bien régresser à l’état animal, disparaître... Exit tout sens métaphysique. C’est à partir des années 1960 que les idéologies vont se saisir du darwinisme pour en faire une arme de combat contre la croyance religieuse. La théorie dite synthétique de l’évolution deviendra la position dominante adoptée « officiellement » par la communauté scientifique internationale. Ses implications philosophiques déterminent pour une large part nos décisions en matière bioéthique, politique et sociale. Le plus surprenant est que personne ou presque ne semble plus s’apercevoir qu’il ne s’agit que d’une théorie.
Jean Staune, fondateur de l’Université interdisciplinaire de Paris, s’étonne de la virulence des néo-darwiniens comme de l’impossibilité à questionner leurs postulats. Pourtant il est un adepte convaincu de l’évolution tout en étant un chrétien convaincu. Or oser croire en Dieu peut suffire pour se faire rejeter par les tenants de Darwin dans le camp créationniste. D’où l’équivoque délibérément entretenue aujourd’hui dans l’enseignement scolaire sous couleur de sauver la jeunesse de l’obscurantisme. Largement relayée par les media, elle imprègne la pensée ambiante, sans oublier toute une sous-culture entretenant un chaos mental où opère la désinformation. L’exemple le plus percutant de cette docu-fiction est incontestablement L’Odyssée de l’espèce (2003) où des faits établis se mélangent avec des hypothèses plus ou moins étayées.
En fait, ce qui était, au départ, considéré comme une désaliénation (du créationnisme) par la science s’est transformé en scientisme dogmatique. En d’autres termes, les scientifiques athées ne veulent pas reconnaître que beaucoup de chrétiens, en plein accord avec leur foi, croient en l’évolution, et même une évolution scientifique, mais pas en tous points celle de Darwin ; ces scientifiques-là préfèrent répéter que tous les chrétiens sont des créationnistes fondamentalistes ou adeptes du fixisme.
c) De quelle évolution parle l’Église ?
C’est toute la question ! Tâchons d’y voir clair.
L’Église catholique rejette assez rapidement la théorie du darwinisme. En 1907, Pie X défend la théologie naturelle dans l’encyclique Pascendi Dominici gregis et condamne toute dépendance de la foi à l’égard de la raison critique. Bien que Pie XI ait résolument affirmé l’intérêt de l’Église pour la science en créant l’Observatoire du Vatican, il n’en faudra pas moins attendre Vatican II pour que l’Église fasse son aggiornamento en commençant par la réhabilitation de Teilhard de Chardin, grâce aussi au concours déterminant du Père de Lubac. Un nouveau seuil sera franchi avec Jean-Paul II lorsqu’il avancera en octobre 1996 : l’évolution est plus qu’une hypothèse. Il aura toutefois soin de préciser : « Mais plutôt que de la théorie de l’évolution, il convient de parler des théories de l’évolution. Cette pluralité tient d’une part à la diversité des explications qui ont été proposées au mécanisme de l’évolution, et d’autre part aux diverses philosophies auxquelles on se réfère […] Les théories de l’évolution qui, en fonction des philosophies qui les inspirent, considèrent l’esprit comme un simple épiphénomène de la matière, sont incompatibles avec la vérité de l’homme. Elles sont d’ailleurs incapables de fonder la dignité de la personne ».
Venons-en à Benoît XVI. Déjà en 1968, le cardinal Ratzinger tente de préciser l’apport de la science par rapport à la théologie. Sa position est alors très nettement avant-gardiste, tout en étant dans le fil de l’inspiration du Concile : « La théorie de l’évolution ne supprime pas la foi ; elle ne la confirme pas non plus. Mais elle la pousse à se comprendre elle-même plus profondément ». Et de faire référence à Teilhard de Chardin pour dépasser l’alternative radicale et simpliste entre matérialisme et spiritualisme, hasard et sens. En 1981, il reviendra avec force sur l’articulation entre évolution et création : deux approches qui se complètent et ne s’excluent pas. Il s’oppose nommément à Jacques Monod qui met à la place de la volonté divine, le hasard, la loterie censés nous avoir produits. Lors de l’accession de Benoît XVI au pontificat, les positions néo-darwinistes se sont encore durcies. Désormais, dans le langage de la majorité des scientifiques, le concept de l’évolution est devenu quasiment indissociable de la théorie du Chaos lequel aurait présidé à la genèse du cosmos. Lors de sa première homélie, le nouveau pape souligne que nous ne sommes pas le produit accidentel et dépourvu de sens de l’évolution. Chacun de nous est d’abord le fruit d’une pensée de Dieu. Nous sommes tous et toutes aimés de Dieu dès notre conception. De plus en plus à ses yeux, s’il est bien entendu que l’évolution est compatible avec la création et avec la foi chrétienne, il est essentiel à présent de rejeter l’option d’une existence irrationnelle et insensée qui ne serait que le fruit du hasard, et d’une raison qui ne serait de ce fait qu’un produit de l’irrationalité. À la suite d’un séminaire sur ces questions, Benoît XVI en fait paraître les conclusions dans un ouvrage Création et l'évolution (avril 2007). Il y rejette la thèse du créationnisme (donc le fixisme) qui lui-même rejette la science. La position créationniste est basée sur une interprétation de la Bible que l’Église catholique ne partage pas. Toutefois, Benoît XVI n’adopte pas pleinement les revendications de la théorie de l’évolution telle que la conçoit Darwin. Et ceci pour plusieurs raisons que nous étudierons plus loin. Il reconnaît certes des aspects positifs à l’apport de Darwin à la science mais il critique fermement une théorie de l’évolution qui cache ses propres lacunes et ne veut pas voir les questions qui se posent au-delà des capacités méthodologiques de la science naturelle.
Pour dire un mot de l’Intelligent Design : l’appellation est bonne. Mais c’est le nom dont s’est emparé abusivement un courant néo-fondamentaliste américain. Et tant l’observatoire du Vatican que la communauté scientifique l’ont relégué à l’étage des pseudo-sciences et en ont dénoncé la méthodologie. C’est à un autre niveau que se situe Benoît XVI lorsqu’il affirme que le monde est né d’un processus d’évolution très complexe mais qu’au fond il est issu du Logos. Donc de la Raison. Dès lors « Création » signifie un progetto intelligente che è il cosmo (un projet, un plan intelligent qui est le cosmos).
Nos derniers papes n’ont cessé d’encourager les chercheurs à poursuivre leurs travaux : car la foi en Christ n’a rien à redouter de la Vérité.
III. ANNE DAMBRICOURT ET LES ÉVOLUTIONNISTES NON-DARWINIENS
Pierre Teilhard de Chardin, le grand mystique de l’Évolution ! Sans adhérer en tous points à ses vues, on ne peut qu’admirer la vision d’ensemble qu’il a eue de la science et de la foi chrétienne. Citons aussi, chacun selon son école, le grand paléontologue Conway Morris, le généticien américain Michaël Denton, le Prix Nobel suisse Werner Arber, P.-P. Grassé, ex-titulaire de la chaire de l’évolution à la Sorbonne, le Professeur Jérôme Lejeune, le scientifique bouddhiste Varela, etc..
La plus interpellante de ces paléontologues non-darwiniens d’aujourd’hui est sans conteste la Française, Anne Dambricourt-Malassé, avec sa découverte révolutionnaire. Chercheur au CNRS, qui propose un autre regard sur l’origine de l’homme. Le principe de l’évolution ? oui ! mais elle en explique le mécanisme par un phénomène interne à l’homme : « le moteur de l’évolution n’est donc pas extérieur, mais à l’intérieur de chacun de nous ». En étudiant l’évolution d’un os situé à la base du crâne, le sphénoïde, l’os le plus complexe et le plus différencié du crâne, A.D. a découvert qu'il subissait une torsion sur lui-même, toujours dans le même sens, à chaque saut d'espèce. Cette torsion s'accompagne de ce que la chercheuse nomme la « contraction cranio-faciale ». Cette étude, A.D. l'a menée en comparant les os crâniens des singes, petits et grands, anciens et contemporains, ceux de l'Australopithèque, de l'homo erectus, de l'homo habilis, du Néandertalien et de nous-mêmes, hommes de Cro-Magnon (homo sapiens). Soit des mesures sur 60 millions d'années, appliquées à tous les crânes d'hominiens disponibles !
Il y a 7 millions d’années, quand apparaît l’australopithèque bipède dont la mâchoire est beaucoup plus rentrée et le prognathisme moins développé, l’homme est déjà là en puissance. Plus la mâchoire rentre, plus cela tire sur la colonne vertébrale et plus l’homme se relève, ce qui génère la bipédie.
Chaque torsion supplémentaire du fameux os sphénoïde coïncide avec une restructuration complète du squelette en gestation, sans qu'il ne perde rien toutefois, de la logique organisationnelle générale propre à l'espèce qui lui donne naissance. À chaque saut d'espèce, c'est un être totalement inédit, restructuré de la tête aux pieds, qui voit le jour, restructuration basée sur l'architecture du squelette de l'espèce précédente. Ainsi cette restructuration serait-elle la marque d'un mouvement, ce qui fait dire à A.D. que l'homme est un processus en cours, qui se développe en dedans de l’homme. Autrement dit, l'évolution existe bien mais elle n'est pas seulement le fruit d'une adaptation de l'homme au milieu extérieur. Car l'os sphénoïde n'a aucune raison de subir une torsion sur lui-même par adaptation de l'homme à un milieu spécifique. Le phénomène métamorphique ne peut se produire qu'au stade de l'embryon. Pour que l’homo sapiens fasse son apparition, il a fallu qu'il soit enfanté par une mère qui n'était pas homo sapiens, mais à son stade précédent. Ici, l'évolution est bien un processus intérieur, au fonctionnement observable, mais aux causes inexpliquées : « Chaque fois que l'on franchit une étape au cours de l'évolution, c'est que l'embryon a su intégrer un flot d'instabilité de façon harmonieuse et non chaotique, en conservant la logique de la refonte embryonnaire ».
Les crânes ont révélé à A.D.que l’hominisation s’inscrit dans une logique chronologique stable, extrêmement têtue, et qui, des premiers singes, mène droit au cerveau pensant en déroulant le fil d’Ariane d’un processus évolutif qui ne doit rien au hasard. La contraction croissante de la base du crâne est toujours suivie d’une complexification du cerveau (donc intelligence accrue). Pour elle, les « sauts » d’une espèce à l’autre pourraient être assimilés à des créations successives, intégrées dans une même trajectoire évolutive, soumise à des « attracteurs ».
Selon Jean Staune, Anne Dambricourt est la seule qui permet de concilier la continuité biologique propre à l’évolution et la rupture entre l’homme et l’animal.
Les chaînons manquants ?
L’évolution due à l’adaptation aux fluctuations de l’environnement selon Darwin serait-elle donc non fondée ? A.D. répond qu’il faut distinguer. La micro évolution darwinienne explique en gros comment, à l’intérieur d’un même plan, on se promène d’une variété à l’autre. Mais seulement au sein d’une même espèce. Comment passe-t-on d’un plan d’ensemble à un autre plan d’ensemble ? Quid de cette continuité voulue par la logique de l’évolution darwinienne ? Avec beaucoup d’honnêteté, Charles Darwin exprime son incompréhension : « Pourquoi donc chaque formation géologique, dans chacune des couches qui la compose, ne grouille-t-elle pas de formes intermédiaires ? La géologie ne révèle aucunement une série organique bien graduée, et c’est en cela peut-être que consiste l’objection la plus sérieuse qu’on puisse faire à ma théorie. » Il est évidemment question ici des célèbres chaînons manquants. S’il est vrai que tout a évolué à partir d’un premier germe, il devrait alors y avoir d’innombrables stades intermédiaires. On ne les trouve pas. Comment se fait-il que les néo-darwiniens, manifestement moins honnêtes que leur maître, cherchent à ignorer cette incontournable réalité.
La théorie du Chaos. Le Néandertalien : une erreur du hasard ?
AD ne nie pas la réalité du chaos. Elle en dénonce l’utilisation et la généralisation abusives. Il y a selon elle une logique qui se déploie imperturbablement à travers le halo du hasard, et elle ajoute : on pourrait même dire une logique qui se nourrit du hasard.
En matière d’évolution, le chaos peut certes intervenir. Cela se passe il y a quelque cent vingt mille ans. Brusquement apparaît en Europe un être totalement imprédictible : le Néandertalien. Son os sphénoïde, au lieu de se contracter comme à chaque saut d’espèce, s’allonge. En écho, la face se projette vers l’avant et le front s’affaisse. Le cerveau grossit, oui, mais son drainage sanguin régresse. Il a une énorme langue et pousse sans doute des cris puissants, mais peut-il seulement articuler des mots clairs ? Ce n’est pas du tout certain.
Bref, toutes les corrélations se sont rompues entre les tissus. Le chaos s’est introduit dans le jeu. Le Néandertalien disparaîtra sans descendance. Disparition qui plonge la communauté scientifique dans une immense perplexité. De même que l’absence de croisement entre la population de Neandertal et celle de Cro-Magnon, qui cependant ont cohabité pendant des millénaires. Il s’agit donc bien de deux espèces distinctes.
C’est alors ici une fluctuation chaotique ? Oui, répond A.D., mais elle fait remarquer : chaotique par rapport à une logique qui, elle, est prédictible. En effet, on pouvait prévoir que si un nouveau plan devait émerger, il y aurait une contraction cranio-faciale intensifiée, un front haut au stade adulte, des lobes frontaux plus développés, des méninges mieux oxygénées, un appareil phonatoire favorisé par la verticalisation de l’ensemble, une meilleure capacité à prononcer des phrases (ce qui consomme beaucoup d’oxygène), une conscience symbolique plus élevée, une meilleure maîtrise de son milieu… Voilà ce qu’on aurait prédit. Et c’est ce qui est arrivé : notre ancêtre Cro-Magnon était donc attendu.
Anne Dambricourt est loin de prétendre qu’elle a élucidé tout le mystère. Mais grâce à son patient travail de scientifique intuitive et pointue, elle a enrichi l’approche de la genèse de l’être humain d’un apport impressionnant. De « saut » en « saut », elle a retracé le fil menant au sapiens, dont les propriétés émergentes sont la conscience et la quête de Sens. Ce qui, pour nombre de scientifiques du jour, est insupportable. Car puisqu’ils postulent que l’homme est né du hasard et qu’ils nient tout sens à son évolution, cet homme pourrait tout aussi bien régresser, voire disparaître. Tandis que si l’homme est prédictible, et que son apparition s’inscrit dans l’évolution évoquée ci-dessus, il y a forcément une cause finaliste à son origine, une programmation, un projet intelligent.
Un dernier mot au sujet d’Anne Dambricourt. Il serait temps que la communauté scientifique cesse d’incriminer la chrétienne pour disqualifier la scientifique car, indifférente à la foi au départ, c’est son travail de paléontologue qui l’a menée à rencontrer Teilhard de Ch. Personnalité courageuse, et forte des faits concrets qui étayent sa thèse, elle fait face au tollé de ses détracteurs (moins nombreux cependant aujourd’hui). Peu lui importe le risque de retombées négatives sur sa carrière. Ce qui lui fait souci, c’est qu’elle subodore la nature philosophique de la motivation sous-jacente de ses opposants. Beaucoup de leaders intellectuels et scientifiques vont jusqu’à nier la possibilité même de se poser des questions sur le Sens. Comme si l’on pouvait nier cela rationnellement ! Les directions d’avenir nous sont accessibles, le Sens pas encore. Sa négation est une très grave mutilation de la nature humaine.
CONCLUSION
Comment conclure… alors que le champ des spéculations est illimité, qu’il continue à générer des tonnes de commentaires controversés et que, si l’homme, tout sapiens soit-il, poursuit vaille que vaille son travail de défrichement, il ne peut toujours capter de l’ineffable Vérité que des lueurs ?
Attachons-nous plutôt aux pas de notre Pape Benoît XVI en précisant un point de son approche. Si le pape rejette avec force le concept du hasard comme cause première de la création, il ne l’exclut pas de façon absolue. Si bien que, « moyennant l’hypothèse de la subsomption du chaos par l’ordre, ou du hasard par la raison, le Saint-Père peut ainsi espérer réconcilier à la manière de Teilhard de Chardin la raison théologique et la raison scientifique » (V.Aucante) Dans une homélie à la veillée pascale (2006), loin de rejeter l’évolution et ses opérations, Benoît XVI considérera même que l’évolution permet de saisir analogiquement la résurrection et la formation de l’homme nouveau : « La résurrection du Christ est la plus grande « mutation », le saut absolument le plus décisif dans une dimension totalement nouvelle qui soit jamais advenue dans la longue histoire de la vie et de ses développements : un saut d’un ordre complètement nouveau, qui nous concerne et qui concerne toute l’histoire ».
Ce qui a justement fait dire à Teilhard de Chardin que le Christ est le plérôme final de l'homme, de l'humanité et de la Création..
Bibliographie
- Charles DARWIN, De l’origine des espèces, 1859
- Episcopat allemand, La foi de l’Église, catéchisme pour adultes
- cardinal Christoph SCHÖNBORN, Hasard ou plan de Dieu , 2007
- Mgr A.-M. LÉONARD aborde ce sujet dans les Communications du Diocèse de Namur, nov. 2007, pp. 339-444
- Vincent AUCANTE, Création et évolution : la pensée de Benoît XVI » , NRT n°130, 2008
- Anne DAMBRICOURT-MALASSÉ, Le cerveau de l’évolution, entretien
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- Anne DAMBRICOURT-MALASSÉ, La logique de l’évolution, entretien
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La bataille de l’évolution, La Nef n° 170, avril 2006
La fin du néo-darwinisme , La Nef n° 185, septembre 2007
D’où vient l’homme ? Famille Chrétienne n°1563, 4 janvier 2008
Marion Guében Baugniet
64, av. Joséphine-Charlotte
1330 RIXENSART (Belgique)
Voici donc maintenant Teilhard de Chardin en quelque sorte réhabilité et considéré comme crédible.
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Benoît XVI rejette la thèse du créationnisme
Le 15 février 2009 - (E.S.M.) - Benoît XVI reconnaît des aspects positifs à l’apport de Darwin à la science mais il critique fermement une théorie de l’évolution qui cache ses propres lacunes et ne veut pas voir les questions qui se posent au-delà des capacités méthodologiques de la science naturelle.
La "nouvelle théorie de l'évolution"
Benoît XVI rejette la thèse du créationnisme
Dieu ou Darwin : un pseudo-combat par Marion Guében Baugniet
Le 15 février 2009 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde - Depuis quelques mois, Darwin revient en force dans l’actualité. À la suite de consignes ministérielles, il se manifeste avec bruit et sans nuances dans les écoles. Avec pour effet de s’entendre interroger par des élèves de l’enseignement catholique : « Tu es pour qui ? Pour Dieu ou pour Darwin ?? » Récemment un professeur de l’ULB (Belgique) a amené son public au comble de l’hilarité en caricaturant les chrétiens confrontés à Adam, la pomme, le serpent. Que se passe-t-il ? Pourquoi cette soudaine agression des darwinistes autour d’un thème qui paraissait ne plus devoir générer de polémiques ? En réaction, semble-t-il, à des résurgences du créationnisme chez certains fondamentalistes aux États-Unis, l’Europe a cru devoir se mettre sur pied de guerre pour dénoncer une « menace de l’obscurantisme religieux contre la Science ». En fait, l’on s’aperçoit que l’évolution reste une question très controversée. Il n’est pas facile d’y voir clair, tant les amalgames et parfois la mauvaise foi sont fréquents en ces matières. Et le chrétien, qui ouvre sa Bible au chapitre de la Genèse, que lui faut-il comprendre ?
I. CRÉATION
Le récit de la Création par lequel s’ouvre l’Ancien Testament ne doit pas être pris au pied de la lettre. Le scribe, saisi d’une inspiration d’origine divine, a tenu à évoquer une vérité profonde et essentielle, en se servant d’images telles qu’elles parlent au peuple de son temps. Pour trouver la clé des événements bibliques, il est essentiel de recourir à une bonne exégèse sans jamais perdre de vue que les Écritures veillent à nous exposer le pourquoi des choses plutôt que le comment. La Bible veut nous dire essentiellement que Dieu est le créateur du monde et son sauveur. Il n’est donc pas de foi que Dieu ait créé le monde en six jours, comme la Genèse le raconte de façon métaphorique.
Et Mgr Léonard insiste à juste titre sur le fait que les créationnistes fondamentalistes rendent un très mauvais service à la philosophie, à la foi et à la théologie en s’en tenant au fixisme, c’est-à-dire la doctrine selon laquelle les animaux et les plantes ont été créés subitement et isolément par espèces fixes et immuables.
En d’autres termes, la création n’est pas une fabrication artisanale. Elle est avant tout une relation de dépendance originelle : les créatures reçoivent leur être (leur existence et leur essence) de Dieu comme la Source de tout être, mais dès lors que les lois de la Nature sont établies, Dieu peut agir par l’intermédiaire des causes naturelles. Et ce n’est donc pas à la création que s’oppose l’évolution, c’est au fixisme.
Creatio continua. Dieu n’agit pas seulement au point de départ. Il opère en permanence. Il nous tient tous en tout instant entre Ses mains en nous communiquant Son souffle. Si Dieu abandonnait la création, celle-ci retomberait aussitôt dans le néant. Saint Paul dit que Dieu « opère tout en tous » et « Il soutient tout l’Univers par sa Parole puissante. »
II. ÉVOLUTION
Au Ve siècle, saint Augustin déjà distinguait la création originelle par laquelle Dieu a fait toutes choses dans leurs raisons causales, et la création dans le cours des temps. Les raisons causales sont les virtualités déposées à l’origine dans les éléments du monde ; sous l’action de la Providence, ces virtualités produisent de nouvelles créatures, chacune en son temps.
Et en suivant la pensée de saint Thomas, au XIIIe siècle, on constate que l’idée de l’évolution peut d’une certaine manière aussi s’y intégrer.
Déjà annoncé par le naturaliste français Lamarck, Charles Darwin, publie en 1859 De l’origine des espèces. Servi par un don exceptionnel de l’observation et déployant un zèle immense, Darwin a réalisé une œuvre qui restera prégnante dans l’histoire des idées, selon l’affirmation du cardinal Schönborn, peu suspect pourtant d’être un disciple forcené du darwinisme !
En développant sa théorie, Darwin a tenté de donner une explication mécaniste de l’évolution des espèces. Le mécanisme central en est la sélection naturelle (struggle for life) qui opère au niveau des populations en sélectionnant les individus les plus forts, les mieux adaptés à leur environnement. Il s’agirait d’un processus continu de transformations aléatoires au fil des âges allant de l’invertébré à l’homo sapiens. Au départ toutefois, Darwin n’avait aucune prétention philosophique. C’est à la suite de la violente polémique lancée contre lui par l’Église anglicane qu’il se met à radicaliser sa position, déclarant que l’homme est d’origine animale et qu’il n’y a pas de cause finaliste à son apparition. Il semble bien nier de ce fait le Dieu créateur. Encore qu’en d’autres circonstances, il le glorifie…
Enrichi par d’autres apports, dont la découverte de l’ADN en 1953, le néo-darwinisme devient une synthèse multidisciplinaire dans laquelle l’évolution part d’un fondement génétique, les mutations aléatoires, pour être ensuite passée au crible de la sélection naturelle. Mais ce modèle ignore le sens de l’évolution en ceci que tout changement est imprédictible. Autrement dit, l’homme n’a aucune raison d’être au monde. Il pourrait aussi bien régresser à l’état animal, disparaître... Exit tout sens métaphysique. C’est à partir des années 1960 que les idéologies vont se saisir du darwinisme pour en faire une arme de combat contre la croyance religieuse. La théorie dite synthétique de l’évolution deviendra la position dominante adoptée « officiellement » par la communauté scientifique internationale. Ses implications philosophiques déterminent pour une large part nos décisions en matière bioéthique, politique et sociale. Le plus surprenant est que personne ou presque ne semble plus s’apercevoir qu’il ne s’agit que d’une théorie.
Jean Staune, fondateur de l’Université interdisciplinaire de Paris, s’étonne de la virulence des néo-darwiniens comme de l’impossibilité à questionner leurs postulats. Pourtant il est un adepte convaincu de l’évolution tout en étant un chrétien convaincu. Or oser croire en Dieu peut suffire pour se faire rejeter par les tenants de Darwin dans le camp créationniste. D’où l’équivoque délibérément entretenue aujourd’hui dans l’enseignement scolaire sous couleur de sauver la jeunesse de l’obscurantisme. Largement relayée par les media, elle imprègne la pensée ambiante, sans oublier toute une sous-culture entretenant un chaos mental où opère la désinformation. L’exemple le plus percutant de cette docu-fiction est incontestablement L’Odyssée de l’espèce (2003) où des faits établis se mélangent avec des hypothèses plus ou moins étayées.
En fait, ce qui était, au départ, considéré comme une désaliénation (du créationnisme) par la science s’est transformé en scientisme dogmatique. En d’autres termes, les scientifiques athées ne veulent pas reconnaître que beaucoup de chrétiens, en plein accord avec leur foi, croient en l’évolution, et même une évolution scientifique, mais pas en tous points celle de Darwin ; ces scientifiques-là préfèrent répéter que tous les chrétiens sont des créationnistes fondamentalistes ou adeptes du fixisme.
c) De quelle évolution parle l’Église ?
C’est toute la question ! Tâchons d’y voir clair.
L’Église catholique rejette assez rapidement la théorie du darwinisme. En 1907, Pie X défend la théologie naturelle dans l’encyclique Pascendi Dominici gregis et condamne toute dépendance de la foi à l’égard de la raison critique. Bien que Pie XI ait résolument affirmé l’intérêt de l’Église pour la science en créant l’Observatoire du Vatican, il n’en faudra pas moins attendre Vatican II pour que l’Église fasse son aggiornamento en commençant par la réhabilitation de Teilhard de Chardin, grâce aussi au concours déterminant du Père de Lubac. Un nouveau seuil sera franchi avec Jean-Paul II lorsqu’il avancera en octobre 1996 : l’évolution est plus qu’une hypothèse. Il aura toutefois soin de préciser : « Mais plutôt que de la théorie de l’évolution, il convient de parler des théories de l’évolution. Cette pluralité tient d’une part à la diversité des explications qui ont été proposées au mécanisme de l’évolution, et d’autre part aux diverses philosophies auxquelles on se réfère […] Les théories de l’évolution qui, en fonction des philosophies qui les inspirent, considèrent l’esprit comme un simple épiphénomène de la matière, sont incompatibles avec la vérité de l’homme. Elles sont d’ailleurs incapables de fonder la dignité de la personne ».
Venons-en à Benoît XVI. Déjà en 1968, le cardinal Ratzinger tente de préciser l’apport de la science par rapport à la théologie. Sa position est alors très nettement avant-gardiste, tout en étant dans le fil de l’inspiration du Concile : « La théorie de l’évolution ne supprime pas la foi ; elle ne la confirme pas non plus. Mais elle la pousse à se comprendre elle-même plus profondément ». Et de faire référence à Teilhard de Chardin pour dépasser l’alternative radicale et simpliste entre matérialisme et spiritualisme, hasard et sens. En 1981, il reviendra avec force sur l’articulation entre évolution et création : deux approches qui se complètent et ne s’excluent pas. Il s’oppose nommément à Jacques Monod qui met à la place de la volonté divine, le hasard, la loterie censés nous avoir produits. Lors de l’accession de Benoît XVI au pontificat, les positions néo-darwinistes se sont encore durcies. Désormais, dans le langage de la majorité des scientifiques, le concept de l’évolution est devenu quasiment indissociable de la théorie du Chaos lequel aurait présidé à la genèse du cosmos. Lors de sa première homélie, le nouveau pape souligne que nous ne sommes pas le produit accidentel et dépourvu de sens de l’évolution. Chacun de nous est d’abord le fruit d’une pensée de Dieu. Nous sommes tous et toutes aimés de Dieu dès notre conception. De plus en plus à ses yeux, s’il est bien entendu que l’évolution est compatible avec la création et avec la foi chrétienne, il est essentiel à présent de rejeter l’option d’une existence irrationnelle et insensée qui ne serait que le fruit du hasard, et d’une raison qui ne serait de ce fait qu’un produit de l’irrationalité. À la suite d’un séminaire sur ces questions, Benoît XVI en fait paraître les conclusions dans un ouvrage Création et l'évolution (avril 2007). Il y rejette la thèse du créationnisme (donc le fixisme) qui lui-même rejette la science. La position créationniste est basée sur une interprétation de la Bible que l’Église catholique ne partage pas. Toutefois, Benoît XVI n’adopte pas pleinement les revendications de la théorie de l’évolution telle que la conçoit Darwin. Et ceci pour plusieurs raisons que nous étudierons plus loin. Il reconnaît certes des aspects positifs à l’apport de Darwin à la science mais il critique fermement une théorie de l’évolution qui cache ses propres lacunes et ne veut pas voir les questions qui se posent au-delà des capacités méthodologiques de la science naturelle.
Pour dire un mot de l’Intelligent Design : l’appellation est bonne. Mais c’est le nom dont s’est emparé abusivement un courant néo-fondamentaliste américain. Et tant l’observatoire du Vatican que la communauté scientifique l’ont relégué à l’étage des pseudo-sciences et en ont dénoncé la méthodologie. C’est à un autre niveau que se situe Benoît XVI lorsqu’il affirme que le monde est né d’un processus d’évolution très complexe mais qu’au fond il est issu du Logos. Donc de la Raison. Dès lors « Création » signifie un progetto intelligente che è il cosmo (un projet, un plan intelligent qui est le cosmos).
Nos derniers papes n’ont cessé d’encourager les chercheurs à poursuivre leurs travaux : car la foi en Christ n’a rien à redouter de la Vérité.
III. ANNE DAMBRICOURT ET LES ÉVOLUTIONNISTES NON-DARWINIENS
Pierre Teilhard de Chardin, le grand mystique de l’Évolution ! Sans adhérer en tous points à ses vues, on ne peut qu’admirer la vision d’ensemble qu’il a eue de la science et de la foi chrétienne. Citons aussi, chacun selon son école, le grand paléontologue Conway Morris, le généticien américain Michaël Denton, le Prix Nobel suisse Werner Arber, P.-P. Grassé, ex-titulaire de la chaire de l’évolution à la Sorbonne, le Professeur Jérôme Lejeune, le scientifique bouddhiste Varela, etc..
La plus interpellante de ces paléontologues non-darwiniens d’aujourd’hui est sans conteste la Française, Anne Dambricourt-Malassé, avec sa découverte révolutionnaire. Chercheur au CNRS, qui propose un autre regard sur l’origine de l’homme. Le principe de l’évolution ? oui ! mais elle en explique le mécanisme par un phénomène interne à l’homme : « le moteur de l’évolution n’est donc pas extérieur, mais à l’intérieur de chacun de nous ». En étudiant l’évolution d’un os situé à la base du crâne, le sphénoïde, l’os le plus complexe et le plus différencié du crâne, A.D. a découvert qu'il subissait une torsion sur lui-même, toujours dans le même sens, à chaque saut d'espèce. Cette torsion s'accompagne de ce que la chercheuse nomme la « contraction cranio-faciale ». Cette étude, A.D. l'a menée en comparant les os crâniens des singes, petits et grands, anciens et contemporains, ceux de l'Australopithèque, de l'homo erectus, de l'homo habilis, du Néandertalien et de nous-mêmes, hommes de Cro-Magnon (homo sapiens). Soit des mesures sur 60 millions d'années, appliquées à tous les crânes d'hominiens disponibles !
Il y a 7 millions d’années, quand apparaît l’australopithèque bipède dont la mâchoire est beaucoup plus rentrée et le prognathisme moins développé, l’homme est déjà là en puissance. Plus la mâchoire rentre, plus cela tire sur la colonne vertébrale et plus l’homme se relève, ce qui génère la bipédie.
Chaque torsion supplémentaire du fameux os sphénoïde coïncide avec une restructuration complète du squelette en gestation, sans qu'il ne perde rien toutefois, de la logique organisationnelle générale propre à l'espèce qui lui donne naissance. À chaque saut d'espèce, c'est un être totalement inédit, restructuré de la tête aux pieds, qui voit le jour, restructuration basée sur l'architecture du squelette de l'espèce précédente. Ainsi cette restructuration serait-elle la marque d'un mouvement, ce qui fait dire à A.D. que l'homme est un processus en cours, qui se développe en dedans de l’homme. Autrement dit, l'évolution existe bien mais elle n'est pas seulement le fruit d'une adaptation de l'homme au milieu extérieur. Car l'os sphénoïde n'a aucune raison de subir une torsion sur lui-même par adaptation de l'homme à un milieu spécifique. Le phénomène métamorphique ne peut se produire qu'au stade de l'embryon. Pour que l’homo sapiens fasse son apparition, il a fallu qu'il soit enfanté par une mère qui n'était pas homo sapiens, mais à son stade précédent. Ici, l'évolution est bien un processus intérieur, au fonctionnement observable, mais aux causes inexpliquées : « Chaque fois que l'on franchit une étape au cours de l'évolution, c'est que l'embryon a su intégrer un flot d'instabilité de façon harmonieuse et non chaotique, en conservant la logique de la refonte embryonnaire ».
Les crânes ont révélé à A.D.que l’hominisation s’inscrit dans une logique chronologique stable, extrêmement têtue, et qui, des premiers singes, mène droit au cerveau pensant en déroulant le fil d’Ariane d’un processus évolutif qui ne doit rien au hasard. La contraction croissante de la base du crâne est toujours suivie d’une complexification du cerveau (donc intelligence accrue). Pour elle, les « sauts » d’une espèce à l’autre pourraient être assimilés à des créations successives, intégrées dans une même trajectoire évolutive, soumise à des « attracteurs ».
Selon Jean Staune, Anne Dambricourt est la seule qui permet de concilier la continuité biologique propre à l’évolution et la rupture entre l’homme et l’animal.
Les chaînons manquants ?
L’évolution due à l’adaptation aux fluctuations de l’environnement selon Darwin serait-elle donc non fondée ? A.D. répond qu’il faut distinguer. La micro évolution darwinienne explique en gros comment, à l’intérieur d’un même plan, on se promène d’une variété à l’autre. Mais seulement au sein d’une même espèce. Comment passe-t-on d’un plan d’ensemble à un autre plan d’ensemble ? Quid de cette continuité voulue par la logique de l’évolution darwinienne ? Avec beaucoup d’honnêteté, Charles Darwin exprime son incompréhension : « Pourquoi donc chaque formation géologique, dans chacune des couches qui la compose, ne grouille-t-elle pas de formes intermédiaires ? La géologie ne révèle aucunement une série organique bien graduée, et c’est en cela peut-être que consiste l’objection la plus sérieuse qu’on puisse faire à ma théorie. » Il est évidemment question ici des célèbres chaînons manquants. S’il est vrai que tout a évolué à partir d’un premier germe, il devrait alors y avoir d’innombrables stades intermédiaires. On ne les trouve pas. Comment se fait-il que les néo-darwiniens, manifestement moins honnêtes que leur maître, cherchent à ignorer cette incontournable réalité.
La théorie du Chaos. Le Néandertalien : une erreur du hasard ?
AD ne nie pas la réalité du chaos. Elle en dénonce l’utilisation et la généralisation abusives. Il y a selon elle une logique qui se déploie imperturbablement à travers le halo du hasard, et elle ajoute : on pourrait même dire une logique qui se nourrit du hasard.
En matière d’évolution, le chaos peut certes intervenir. Cela se passe il y a quelque cent vingt mille ans. Brusquement apparaît en Europe un être totalement imprédictible : le Néandertalien. Son os sphénoïde, au lieu de se contracter comme à chaque saut d’espèce, s’allonge. En écho, la face se projette vers l’avant et le front s’affaisse. Le cerveau grossit, oui, mais son drainage sanguin régresse. Il a une énorme langue et pousse sans doute des cris puissants, mais peut-il seulement articuler des mots clairs ? Ce n’est pas du tout certain.
Bref, toutes les corrélations se sont rompues entre les tissus. Le chaos s’est introduit dans le jeu. Le Néandertalien disparaîtra sans descendance. Disparition qui plonge la communauté scientifique dans une immense perplexité. De même que l’absence de croisement entre la population de Neandertal et celle de Cro-Magnon, qui cependant ont cohabité pendant des millénaires. Il s’agit donc bien de deux espèces distinctes.
C’est alors ici une fluctuation chaotique ? Oui, répond A.D., mais elle fait remarquer : chaotique par rapport à une logique qui, elle, est prédictible. En effet, on pouvait prévoir que si un nouveau plan devait émerger, il y aurait une contraction cranio-faciale intensifiée, un front haut au stade adulte, des lobes frontaux plus développés, des méninges mieux oxygénées, un appareil phonatoire favorisé par la verticalisation de l’ensemble, une meilleure capacité à prononcer des phrases (ce qui consomme beaucoup d’oxygène), une conscience symbolique plus élevée, une meilleure maîtrise de son milieu… Voilà ce qu’on aurait prédit. Et c’est ce qui est arrivé : notre ancêtre Cro-Magnon était donc attendu.
Anne Dambricourt est loin de prétendre qu’elle a élucidé tout le mystère. Mais grâce à son patient travail de scientifique intuitive et pointue, elle a enrichi l’approche de la genèse de l’être humain d’un apport impressionnant. De « saut » en « saut », elle a retracé le fil menant au sapiens, dont les propriétés émergentes sont la conscience et la quête de Sens. Ce qui, pour nombre de scientifiques du jour, est insupportable. Car puisqu’ils postulent que l’homme est né du hasard et qu’ils nient tout sens à son évolution, cet homme pourrait tout aussi bien régresser, voire disparaître. Tandis que si l’homme est prédictible, et que son apparition s’inscrit dans l’évolution évoquée ci-dessus, il y a forcément une cause finaliste à son origine, une programmation, un projet intelligent.
Un dernier mot au sujet d’Anne Dambricourt. Il serait temps que la communauté scientifique cesse d’incriminer la chrétienne pour disqualifier la scientifique car, indifférente à la foi au départ, c’est son travail de paléontologue qui l’a menée à rencontrer Teilhard de Ch. Personnalité courageuse, et forte des faits concrets qui étayent sa thèse, elle fait face au tollé de ses détracteurs (moins nombreux cependant aujourd’hui). Peu lui importe le risque de retombées négatives sur sa carrière. Ce qui lui fait souci, c’est qu’elle subodore la nature philosophique de la motivation sous-jacente de ses opposants. Beaucoup de leaders intellectuels et scientifiques vont jusqu’à nier la possibilité même de se poser des questions sur le Sens. Comme si l’on pouvait nier cela rationnellement ! Les directions d’avenir nous sont accessibles, le Sens pas encore. Sa négation est une très grave mutilation de la nature humaine.
CONCLUSION
Comment conclure… alors que le champ des spéculations est illimité, qu’il continue à générer des tonnes de commentaires controversés et que, si l’homme, tout sapiens soit-il, poursuit vaille que vaille son travail de défrichement, il ne peut toujours capter de l’ineffable Vérité que des lueurs ?
Attachons-nous plutôt aux pas de notre Pape Benoît XVI en précisant un point de son approche. Si le pape rejette avec force le concept du hasard comme cause première de la création, il ne l’exclut pas de façon absolue. Si bien que, « moyennant l’hypothèse de la subsomption du chaos par l’ordre, ou du hasard par la raison, le Saint-Père peut ainsi espérer réconcilier à la manière de Teilhard de Chardin la raison théologique et la raison scientifique » (V.Aucante) Dans une homélie à la veillée pascale (2006), loin de rejeter l’évolution et ses opérations, Benoît XVI considérera même que l’évolution permet de saisir analogiquement la résurrection et la formation de l’homme nouveau : « La résurrection du Christ est la plus grande « mutation », le saut absolument le plus décisif dans une dimension totalement nouvelle qui soit jamais advenue dans la longue histoire de la vie et de ses développements : un saut d’un ordre complètement nouveau, qui nous concerne et qui concerne toute l’histoire ».
Ce qui a justement fait dire à Teilhard de Chardin que le Christ est le plérôme final de l'homme, de l'humanité et de la Création..
Bibliographie - Charles DARWIN, De l’origine des espèces, 1859
- Episcopat allemand, La foi de l’Église, catéchisme pour adultes
- cardinal Christoph SCHÖNBORN, Hasard ou plan de Dieu , 2007
- Mgr A.-M. LÉONARD aborde ce sujet dans les Communications du Diocèse de Namur, nov. 2007, pp. 339-444
- Vincent AUCANTE, Création et évolution : la pensée de Benoît XVI » , NRT n°130, 2008
- Anne DAMBRICOURT-MALASSÉ, Le cerveau de l’évolution, entretien
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- Anne DAMBRICOURT-MALASSÉ, La logique de l’évolution, entretien
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La bataille de l’évolution, La Nef n° 170, avril 2006
La fin du néo-darwinisme , La Nef n° 185, septembre 2007
D’où vient l’homme ? Famille Chrétienne n°1563, 4 janvier 2008
Marion Guében Baugniet
64, av. Joséphine-Charlotte
1330 RIXENSART (Belgique)
Coowar Claude- Date d'inscription : 28/07/2016
Age : 77
Re: La réfutation de la théorie de l'évolution
Toutefois, Benoît XVI n’adopte pas pleinement les revendications de la théorie de l’évolution telle que la conçoit Darwin. Et ceci pour plusieurs raisons que nous étudierons plus loin. Il reconnaît certes des aspects positifs à l’apport de Darwin à la science mais il critique fermement une théorie de l’évolution qui cache ses propres lacunes et ne veut pas voir les questions qui se posent au-delà des capacités méthodologiques de la science naturelle.
Theillard de Chardin, il en a fait des ravages celui-la dans l'esprit de bien du monde, à mon avis, si l'index existait encore il y trouverait un place de choix.
Re: La réfutation de la théorie de l'évolution
Il y n'y a jamais d'index à l'encontre de Teilhard de Chardin . Vos sources sont inexactes.
J'attends vos preuves en attendant de vous démontrer que ses travaux n'ont jamais été mis à l'index.
Claude.
J'attends vos preuves en attendant de vous démontrer que ses travaux n'ont jamais été mis à l'index.
Claude.
Dernière édition par Coowar Claude le Dim 7 Aoû 2016 - 5:55, édité 2 fois
Coowar Claude- Date d'inscription : 28/07/2016
Age : 77
Re: La réfutation de la théorie de l'évolution
Traduction Google
MISE EN GARDE CONCERNANT LES ÉCRITS DE PÈRE Teilhard de Chardin
Sacré Congrégation du Saint-Office
Le 30 Juin 1962, le Saint-Office a publié un monitum (avertissement) en ce qui concerne les écrits du Père Teilhard de Chardin. En 1981, le Saint-Siège a réitéré cet avertissement contre les rumeurs selon lesquelles il applique plus. Voici le texte de sa monitum et la déclaration 1981:
Admonition
"Plusieurs œuvres du P. Pierre Teilhard de Chardin, dont certains ont été publié à titre posthume, sont en cours d'édition et gagnent beaucoup de succès.
«Abstraction faite d'un jugement sur les points qui concernent les sciences positives, il est suffisamment clair que les travaux mentionnés ci-dessus abondent dans ces ambiguïtés et des erreurs voire graves, de façon à offenser la doctrine catholique.
"Pour cette raison, les Pères les plus éminents et les plus vénérés du Saint-Office Exhorte tous les Ordinaires ainsi que les supérieurs des instituts religieux, les recteurs des séminaires et des présidents d'universités, de protéger efficacement les esprits, en particulier des jeunes, contre les dangers présenté par les œuvres du P. Teilhard de Chardin et de ses disciples.
«Donné à Rome, du palais du Saint-Office, le trentième jour de Juin 1962.
Sebastianus Masala, Notarius "
Re: La réfutation de la théorie de l'évolution
Bonjour
Je me permettrais de vous faire remarquer que le texte que vous citez, date du 30 juin 1962 - une période préhistorique et désolante pendant laquelle nombre de membres du magistère, était arc-bouté contre tout ce qui relevait de l'esprit et des données scientifiques; alors que les écrits respectifs de Jean-Paul II et Benoît XVI sont beaucoup plus proches de notre époque. En effet, le message de Jean-Paul II adressé à l'académie des sciences pontificales et les écrits de Benoît XVI au sujet de la théorie de l'évolution de l'espèce humaine remontent seulement et respectivement aux 22 juin 1996 et 22 février 2009.
Devraient-ils eux aussi "être mis à l'index?" et condamnés urbi et orbi.
Ensuite, je vous serais reconnaissant de bien vouloir nous indiquer ce en quoi les écrits de Teilhard de Chardin ont gravement offensé la foi catholique, à la lumière maintenant des interventions pontificales et de plus en plus de récentes découvertes archéologiques, paléontologiques; sans compter encore sur les progrès de la science sur l'ADN.
En suivant votre logique et vos arguties, je comprends comment cela a-t-il pu se produire, alors que Galilée apportait les preuves auprès du tribunal ecclésiastique qui avait une furieuse envie de l'envoyer au bûcher, qu'il dut finalement se rétracter et reconnaître son "erreur". L'honneur de l'Eglise était sauf. Mais à quel prix obscurantisme!
Bon et saint dimanche.
Claude.
Je me permettrais de vous faire remarquer que le texte que vous citez, date du 30 juin 1962 - une période préhistorique et désolante pendant laquelle nombre de membres du magistère, était arc-bouté contre tout ce qui relevait de l'esprit et des données scientifiques; alors que les écrits respectifs de Jean-Paul II et Benoît XVI sont beaucoup plus proches de notre époque. En effet, le message de Jean-Paul II adressé à l'académie des sciences pontificales et les écrits de Benoît XVI au sujet de la théorie de l'évolution de l'espèce humaine remontent seulement et respectivement aux 22 juin 1996 et 22 février 2009.
Devraient-ils eux aussi "être mis à l'index?" et condamnés urbi et orbi.
Ensuite, je vous serais reconnaissant de bien vouloir nous indiquer ce en quoi les écrits de Teilhard de Chardin ont gravement offensé la foi catholique, à la lumière maintenant des interventions pontificales et de plus en plus de récentes découvertes archéologiques, paléontologiques; sans compter encore sur les progrès de la science sur l'ADN.
En suivant votre logique et vos arguties, je comprends comment cela a-t-il pu se produire, alors que Galilée apportait les preuves auprès du tribunal ecclésiastique qui avait une furieuse envie de l'envoyer au bûcher, qu'il dut finalement se rétracter et reconnaître son "erreur". L'honneur de l'Eglise était sauf. Mais à quel prix obscurantisme!
Bon et saint dimanche.
Claude.
Coowar Claude- Date d'inscription : 28/07/2016
Age : 77
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