Le Guide de la femme chrétienne - France - 19 eme siecle
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Le Guide de la femme chrétienne - France - 19 eme siecle
Le Guide de la femme chrétienne
Par la Baronne de L – année 1859 ( extraits)
Table des matières
La femme chrétienne
Le mariage
Mission des femmes
I. La femme qui craint Dieu sera louée
II. Instruction solide des femmes
IIl. Les femmes frivoles
IV. Diverses positions des femmes
V. Apostolat des femmes
VI. Les femmes dans le malheur
VII. La piété est nécessaire aux femmes
Le choix d'une amie
Mission d'une mère
Moyens de salut donnés aux femmes
L'étude de la religion
La prière
La présence de Dieu
L'examen de conscience
La confession
La communion
La charité
L'humilité
Obstacles qui nuisent au salut de la femme
L'orgueil
La colère
Les femmes dans les souffrances physiques et morales
La femme affligée doit recourir à Dieu
La femme pieuse doit se réjouir de participer
aux souffrances de Jésus-Christ
La femme dans ses souffrances
La femme aura le ciel pour récompense
La tristesse abrège les jours de la femme
La femme pieuse trouve le joug de Jésus-Christ doux et léger
La femme pieuse est éprouvée
La femme ne doit point mettre sa confiance dans
les richesses, les talents, les honneurs, les plaisirs
Principes généraux pour la conduite des femmes établies dans le monde
Méditation pour une femme mariée
Méditation pour les mères de famille sur l'éducation des enfants
Méditation sur le bon exemple d'une mère de famille
Méditation pour une Veuve
Méditation pour une mère de famille au milieu des occupations extérieures
Méditation sur les divertissements du monde
Méditation sur la prudence chrétienne
Méditation sur la tempérance chrétienne ( la modération chrétienne)
Prières
APPR0BATI0NS.
Nous avons lu ce Recueil offert à la piété, sous le titre de GUIDE DE LA FEMME CHRÉTIENNE. Il nous a paru entièrement conforme à la doctrine de l'Église, et plein d'excellents conseils pour la femme dans l'état du mariage.
Clermont, 12 mars 1847.
MERCIER , vic.-gén.
Nous , XAVIER-TOUSSAINT-RAPHAEL CASANELLI D'ISTRIA, avons fait examiner le livre intitulé le Guide de la Femme chrétienne, imprimé cette année, à Clermont-Fd. D'après le compte avantageux qui nous en a été rendu, nous l'avons revêtu de notre approbation, estimant que la lecture de ce pieux recueil ne pourra être que très-utile à la classe des personnes pour lesquelles il a été composé.
Ajaccio, le 50 octobre 1847.
f X.-T.-RAPHAEL, évêque d'Ajaccio. ;
NOUS, FRÉDÉRIC-GABRIEL-MARIE- FRANCOIS DE MAR GUERYE, avons lu en partie le Guide de la Femme chrétienne, et après l'avoir fait examiner, nous donnons très volontiers notre approbation à un ouvrage qui nous a paru très-propre à faire comprendre et goûter aux femmes chrétiennes la sainte et importante mission que la religion leur confie dans le secret de la famille et au milieu du monde.
Donné à Saint-Flour, le 8 décembre 1847.
+ FRÉDÉRIC, évêque de st-Flour.
PREMIÈRE PARTIE.
De l'Instruction.
Qui pourra trouver une femme forte ? Elle est
plus précieuse que ce qui s'apporte de l'extrémité
du monde. (Livre de la Sagesse , 31, 10.)
Le cœur de l'homme détermine la route qu'il doit tenir ;
mais c'est au Seigneur à diriger ses pas. (Salomon.)
La femme chrétienne croit en Jésus-Christ, et fait ouvertement profession , de suivre sa doctrine; elle est revêtue de l'esprit de Jésus-Christ, en sorte que dans
toute sa conduite elle paraît être une parfaite imitatrice de Jésus-Christ : c'est-à-dire, qu'elle ne vit que de son esprit, qu'elle n'agit que par ses mouvements, qu'elle
n'aime que sa volonté, qu'elle met sa joie à s'entretenir avec lui, son bonheur à suivre ses maximes, sa grandeur à se croire enfant de Dieu, sœur de Jésus-Christ, et cohéritière de sa gloire, en sorte qu'elle puisse dire avec vérité : Je vis, mais ce n'est plus moi qui vis, c'est Jésus-Christ qui vit en moi.
Une femme chrétienne doit être sainte dans toute sa conduite, sainte comme le Dieu à qui elle appartient est saint ; elle regarde Jésus-Christ comme son modèle, et s'applique tous les jours à devenir son image, en imitant ses exemples; elle aime tout ce que Jésus-Christ a aimé. Elle se regarde comme une victime qui doit glorifier Dieu par son anéantissement, sait que le monde est ennemi de Jésus-Christ, se méfie de ses maximes ; elle rejette ses caresses et ses louanges.
La femme chrétienne aime Dieu de tout son cœur, de toute son âme et de toutes ses forces. Elle a son corps sur la terre, son esprit et son cœur dans le ciel; si elle parle,
c'est de Dieu ou pour Dieu ; elle ne désire que lui, elle ne soupire qu'après l'adoption des enfants de Dieu, elle ne supporte le retardement de son union avec Dieu que par
soumission à ses ordres ; elle gémit dans son exil, elle attend avec une sainte impatience le moment heureux où elle entrera dans sa bienheureuse patrie. La foi la conduit, l'espérance la soutient, la charité l'enflamme ; elle est remplie de zèle pour la gloire de Dieu; elle fait son possible pour le faire aimer, entrant dans l'esprit de saint Paul qui dit que nous gémissons et soupirons dans le cœur après l'accomplissement de l'adoption des enfants de Dieu et de la délivrance de notre corps.
La femme chrétienne a une horreur extrême pour le péché; elle craint les moindres fautes, travaille tous les jours à se purifier de celles dont elle se reconnaît coupable, se
souvient qu'elle a eu l'honneur de devenir le temple du Saint-Esprit par la grâce de son baptême, et regarde son cœur comme la maison où elle doit recevoir Jésus-Christ,
elle désire y faire sa demeure : c'est une femme qui se défie toujours d'elle-même , qui se tient continuellement sur ses gardes, de peur que l'ennemi ne la surprenne, et qui
évite soigneusement les occasions de péché: Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu et que son esprit demeure en vous ?
La femme chrétienne aime son prochain comme elle-même pour l'amour de Dieu, elle a un désir ardent du salut des âmes, s'édifie de tout ce qui est bon dans le prochain, et en
supporte les défauts avec une douceur et une patience inaltérables; elle oublie les injures qu'elle a reçues, renonce à son inclination pour s'accommoder à celle des autres, ne s'enorgueillit point de la connaissance des défauts d'autrui, et s'humilie à la vue des siens sans se décourager; elle est pleine de compassion et de tendresse pour les pauvres, prend plaisir à les visiter, et se fait gloire de les servir, regardant en eux la personne de Jésus-Christ, ainsi qu'il est dit dans l'Écriture-Sainte : Sur toutes choses, aimez-vous les uns les autres, parce que la charité couvre la multitude des péchés.
La femme chrétienne est pénétrée des vérités de l'Évangile ; elle s'en nourrit tous les jours, vit de la foi, trouve dans la parole de Dieu sa force, sa consolation, sa lumière
pour tout le détail de sa conduite; elle regarde Dieu en toutes choses, et toutes choses en Dieu ; prie souvent, et est dans une continuelle tendance vers Dieu, son unique
et souverain bien; c'est une femme qui fréquente les sacrements, et qui les regarde comme les trésors que Jésus-Christ lui a laissés, et où elle peut trouver tous les secours qui lui sont nécessaires ; qui s'en approche toujours avec un cœur plein de foi, de respect, d'amour et de confiance : «Venez à moi, vous tous qui travaillez et qui êtes
chargés, et je vous soulagerai.»
La femme chrétienne est enfin celle qui avance de vertu en vertu, qui ne retourne point en arrière, qui n'est point lâche et tiède dans le service de Dieu, mais en qui
l'on voit naître, de jour en jour, de nouveaux désirs de lui être de plus en plus fidèle, et d'augmenter en sa connaissance et en son amour; qui en prend tous les moyens,
qui profite de tout, qui vit dans la paix et dans la joie des enfants de Dieu, aussi bien dans l'affliction que dans la prospérité ; qui marche en la présence de Dieu et fait tout
avec ferveur, se souvenant que c'est un Dieu qu'elle sert, un Dieu qui la voit et qui la considère; elle le craint, mais son amour est plus grand que sa crainte. Réjouissez-vous
sans cesse en Notre-Seigneur, que votre modestie soit connue à tous les hommes, le Seigneur est proche, ne vous affligez de rien.
Sachez donc, ô femmes chrétiennes ! que la véritable sainteté ne consiste pas dans des actions extraordinaires, mais dans ce qu'il faut faire journellement, dans ce qui remplit
les jours et les années de la vie, c'est-à-dire, dans le parfait accomplissement des devoirs ordinaires, et des travaux de la profession que l'on exerce.
Ce parfait accomplissement exige trois points, outre l'état de grâce : 1°. que les occupations auxquelles on se livre ne soient contraires ni à la volonté ni à la loi de Dieu ;
2°. qu'on travaille par des motifs surnaturels , en vue d'honorer Dieu, de lui plaire, de lui obéir ; 3°. que l'on s'en acquitte dans le temps qu'il convient, dans l'ordre voulu,
avec zèle, fidélité et assiduité.
Du mariage
Que chacun persévère dans l'état où Dieu l'a appelé.
( St Paul.)
Lorsque Dieu eut créé l'homme, il dit : «Il n'est pas bon que l'homme demeure seul.» Il voulut lui donner une compagne, et pour cela il lui envoya un sommeil mystérieux, pendant lequel tirant une de ses côtes, il en forma la femme. Dieu ne la tira pas de sa tête, c'eût été donner à la femme un prétexte de vouloir dominer l'homme ;
ni de ses pieds, l'homme aurait pu la regarder comme son esclave; mais il la tira de son côté, pour indiquer quelle devait être la nature de cette union de l'homme et de
la femme; pour montrer que la femme devait marcher dans la vie côte à côte avec l'homme; qu'elle devait être sa compagne, son amie, son égale ; en les partageant,
adoucir ses peines, doubler ses jouissances. Rien n'est plus doux que l'union des âmes ; aimer est un sentiment naturel, un besoin de l'homme. Jésus-Christ a voulu sanctifier
cette union de l'homme et de la femme en l'élevant à la dignité de sacrement; mais il a voulu aussi pour la cimenter, cette union, la rendre indissoluble. Il n'est pas permis à
un homme de rompre, de désunir ce que Dieu a uni, et la mort seule peut rompre ce lien; l'esprit de Dieu l'a réglé ainsi pour tous les hommes, afin de réprimer l'inconstance et la confusion qui troubleraient l'ordre des familles et la stabilité nécessaire pour l'éducation des enfants. Rien de plus affectueux, de plus intime, que cette union de deux êtres n'en formant plus qu'un, ayant même esprit, même cœur, mêmes sentiments.
Il faut donc nécessairement qu'il y ait accord de principes, de caractère, d'âge, d'éducation, pour que cette union soit ce qu'elle doit être ; elle représentera
l'union sacrée de Jésus-Christ avec son Église. Si ces deux êtres ne se conviennent pas parfaitement, comment pourrait-elle s'établir ? Et cependant comment se font la
plupart des mariages, comment même envisage-t-on le mariage ?Il faut se marier, c'est une manière de passer sa vie. On assortit une dot avec une dot, on suppose que tel
et telle se conviendraient; quelquefois on ne se connaît pas, qu'importe ? Le mariage se fait : la jeune personne ne sait pas les obligations qu'elle contracte; telle reculerait peut
être si elle savait à quoi elle s'engage, qui vole imprudemment au-devant d'une chaîne que peut-être un jour elle maudira. Quelle imprudence d'embarquer ainsi dans une vie
qui a ses douceurs, mais qui a aussi ses peines, et quelquefois des peines bien amères, une jeune personne qui ignore les devoirs qu'elle aura à remplir !
C'est ainsi qu'en exagérant certaines vertus, souvent on fait mal au lieu de faire bien. Ce joug perpétuel est souvent difficile à supporter pour la plupart des hommes légers, inquiets et remplis de défauts; chacune des deux personnes a ses imperfections; les naturels sont opposés, les humeurs sont souvent presque incompatibles ; à la longue, la complaisance s'use; on se lasse les uns des autres, dans la nécessité d'être presque toujours ensemble, et d'agir en toutes choses de concert. Il faut donc une grande grâce et une grande fidélité à la grâce reçue dans le sacrement, pour porter patiemment ce joug. Toutefois, la grâce du Seigneur l'adoucit quand on s'y est préparé suivant l'esprit de Dieu ; et c'est par ce moyen spirituel que les deux personnes se supportent et s'entraident avec affection.
Une jeune personne, dans la maison paternelle, doit se former à la pratique des vertus qui lui sont nécessaires dans la maison conjugale. Il faut qu'elle apprenne, en travaillant au bonheur de ses parents, à faire un jour celui de son époux; qu'elle soit accoutumée aux vertus domestiques ; qu'elle sache supporter les peines de la vie, les caractères difficiles, et qu'elle soit armée de patience, de douceur et de dévouement, parce qu'elle vit plutôt pour les autres que pour elle.
Ce qui trouble, la plupart du temps, un ménage, c'est une chose de peu d'importance à laquelle on s`attache beaucoup trop; c'est quelquefois un rien sur lequel on s'entête, une misère que l'on n'oserait seulement pas raconter à une amie, parce qu'on sent combien il y a de petitesse d'esprit à en faire une affaire d'état; mais on ne cédera pas, on ennuiera un mari; on le forcera à déserter sa maison pour avoir la paix ; on ne pensera pas qu'en énervant pour de si petites choses, l'autorité qu'on peut avoir, il n'en restera plus du tout dans les occasions importantes.
Cependant , femmes chrétiennes, vous auriez tant de moyens de persuasion, si vous saviez en faire usage; votre caractère de douceur porte avec lui tant de charmes, quand vous savez l'employer à propos ! Ah ! ne vous obstinez pas pour des riens, n'éternisez pas les querelles , en revenant toujours sur le passé; sachez oublier quelques torts comme on oublie les vôtres. Quand la bonne harmonie est une fois rompue, il est bien difficile de la rétablir; si un petit air boudeur de votre part peut avoir quelque succès pendant deux ans, parce que vous plaisez et qu'on veut toujours vous voir de bonne humeur, ce ne peut être qu'un bien petit avantage, que vous payerez probablement bien cher ensuite; vous vous accoutumerez à le prendre, cet air boudeur; votre mari s'accoutumera à le voir, et cela ne fera plus d'autre effet sur lui que de l'ennuyer et de l'éloigner; vous resterez donc seule à bouder, le mari ne s'en inquiétera plus, saura chercher ailleurs des distractions, et il est possible que plus tard vous ne puissiez rappeler les premiers moments d'une union si remplie de délices, le charme sera détruit.
Rappelez-vous que c'est un grand tort pour les femmes du monde, de se fier trop aux avantages de leur physique et d'en abuser : on se lasse de tout , c'est le propre de l'homme, de la beauté comme de toute autre chose ;l'habitude de la voir fait qu'on ne la remarque plus, et la femme qui est encore si attrayante pour les autres, ne l'est souvent plus pour son mari. Ne vous laissez pas aller à ce sans-gêne auquel on s'abandonne souvent; il ne doit point exister dans un ménage quand on veut y conserver la paix et le bonheur, c'est-à-dire qu'il faut toujours veiller sur ses défauts pour les empêcher de se montrer. On est quelquefois agréable dans un salon, gracieuse, enjouée; on veut passer pour une femme aimable, rien ne coûte pour y parvenir. On se gardera bien de laisser percer tout son caractère, on se fera violence; mais se gêner pour un mari, cela n'est pas la peine, de là une source de contrariétés, de contestations et de mouvements d'humeur.
Où sera alors cette douce harmonie, qui de deux êtres n'en devait faire qu'un ? L'époux doit être pour son épouse le monde tout entier; mais il faut pour cela que ce soit réciproque et qu'ils s'estiment mutuellement. Il est donc d'une extrême importance pour eux de se cacher leurs défauts, et il faut mettre à cela beaucoup de soins sans se lasser ; car il ne s'ensuit pas de ce que le mariage date de plusieurs années, qu'on soit dispensé de cette vigilance dont nous parlons. Terminons en disant que le mariage est
institué dès l'origine du monde, avant même sa corruption et dans la parfaite innocence du paradis terrestre.
Que Jésus-Christ a bien voulu le sanctifier par sa présence aux noces de Cana , où il fit son premier miracle. Oh ! qu'elle est belle cette religion qui reçoit le chrétien à son entrée dans la carrière de la Vie, qui le suit jusqu'au terme de sa course pour inspirer tous ses sentiments et diriger tous ses pas ! C'est encore elle qui ne veut point abandonner ses enfants dans la circonstance solennelle qui décide de leur destinée pour le passage de cette vie et pour la vie éternelle !...
Époux ! c'est à vous que je parle, vous devez aimer votre épouse comme Jésus-Christ a aimé son Église, chérir dans elle la compagne que Dieu vous a donnée pour embellir
votre vie, pour vous aider à en supporter les peines, à en remplir les devoirs; fidèle à l'esprit de religion, vous saurez tempérer une prééminence nécessaire par la tendresse, le respect et l'honneur. Vous répondrez du trésor qu'une famille vous met entre les mains, vous conduirez votre épouse avec douceur, vous souvenant, comme dit l'Apôtre, de la faiblesse de son sexe. Vous lui communiquerez vos affaires avec confiance, puisque les vôtres deviennent les siennes, dans cette intime société. Vous l'accoutumerez au travail domestique, au détail du ménage afin qu'elle soit en état d'élever des enfants avec autorité et prudence, dans la crainte de Dieu, dans une vigilance continuelle.
Et vous, épouse, aimez et respectez votre époux; l'Église aime et honore Jésus-Christ, son époux. Regardez Jésus-Christ en lui. Obéissez-lui selon Dieu. Tâchez de mériter sa confiance, par vos attentions, votre douceur, votre modestie, par votre activité dans le ménage. Réalisez les espérances qu'il a conçues de vous en vous initiant à lui ; montrez une piété sincère sans être trop austère, pleine de condescendance sans faiblesse, incapable de plier devant ce qui ne s'allierait point avec le devoir ; montrez surtout beaucoup de générosité et de dévouement ; ce sont là des gages de bonheur pour le temps, et une semence qui doit fructifier dans l'éternité. Mais cependant ne croyez pas que vous posséderez ici-bas un bonheur complet, exempt de toute inquiétude, malgré toutes les chances de bonheur que vous pourriez entrevoir dans l'avenir ; vous ne verrez pas toujours lever sur vos têtes un soleil sans nuages : non, il n'est pas pour l'homme de parfaite félicité sur cette terre d'exil; mille incidents peuvent survenir, des pertes douloureusement senties, des déceptions, quelques-unes de ces tribulations qui sont comme l'apanage de notre vie humaine, viendront sans doute quelquefois assombrir votre horizon, et troubler le cours d'une douce vie ; mais le meilleur moyen pour approcher de plus près de cette paix si désirable, c'est de vivre en époux chrétiens, de conserver l'union la plus inaltérable, de se montrer toujours très compatissants envers l'indigence et le malheur, parce qu'il est écrit que les miséricordieux obtiendront miséricorde ; c'est d'être toujours soumis à cette Providence, qui bien souvent sait cacher les dons de son ineffable bonté sous les traits mêmes de la justice. Soyez sûres que ces pieuses habitudes, ces bonnes dispositions seront pour vous le baume salutaire qui seul peut guérir les plaies de votre âme, ou au moins les adoucir.
Par la Baronne de L – année 1859 ( extraits)
Table des matières
La femme chrétienne
Le mariage
Mission des femmes
I. La femme qui craint Dieu sera louée
II. Instruction solide des femmes
IIl. Les femmes frivoles
IV. Diverses positions des femmes
V. Apostolat des femmes
VI. Les femmes dans le malheur
VII. La piété est nécessaire aux femmes
Le choix d'une amie
Mission d'une mère
Moyens de salut donnés aux femmes
L'étude de la religion
La prière
La présence de Dieu
L'examen de conscience
La confession
La communion
La charité
L'humilité
Obstacles qui nuisent au salut de la femme
L'orgueil
La colère
Les femmes dans les souffrances physiques et morales
La femme affligée doit recourir à Dieu
La femme pieuse doit se réjouir de participer
aux souffrances de Jésus-Christ
La femme dans ses souffrances
La femme aura le ciel pour récompense
La tristesse abrège les jours de la femme
La femme pieuse trouve le joug de Jésus-Christ doux et léger
La femme pieuse est éprouvée
La femme ne doit point mettre sa confiance dans
les richesses, les talents, les honneurs, les plaisirs
Principes généraux pour la conduite des femmes établies dans le monde
Méditation pour une femme mariée
Méditation pour les mères de famille sur l'éducation des enfants
Méditation sur le bon exemple d'une mère de famille
Méditation pour une Veuve
Méditation pour une mère de famille au milieu des occupations extérieures
Méditation sur les divertissements du monde
Méditation sur la prudence chrétienne
Méditation sur la tempérance chrétienne ( la modération chrétienne)
Prières
APPR0BATI0NS.
Nous avons lu ce Recueil offert à la piété, sous le titre de GUIDE DE LA FEMME CHRÉTIENNE. Il nous a paru entièrement conforme à la doctrine de l'Église, et plein d'excellents conseils pour la femme dans l'état du mariage.
Clermont, 12 mars 1847.
MERCIER , vic.-gén.
Nous , XAVIER-TOUSSAINT-RAPHAEL CASANELLI D'ISTRIA, avons fait examiner le livre intitulé le Guide de la Femme chrétienne, imprimé cette année, à Clermont-Fd. D'après le compte avantageux qui nous en a été rendu, nous l'avons revêtu de notre approbation, estimant que la lecture de ce pieux recueil ne pourra être que très-utile à la classe des personnes pour lesquelles il a été composé.
Ajaccio, le 50 octobre 1847.
f X.-T.-RAPHAEL, évêque d'Ajaccio. ;
NOUS, FRÉDÉRIC-GABRIEL-MARIE- FRANCOIS DE MAR GUERYE, avons lu en partie le Guide de la Femme chrétienne, et après l'avoir fait examiner, nous donnons très volontiers notre approbation à un ouvrage qui nous a paru très-propre à faire comprendre et goûter aux femmes chrétiennes la sainte et importante mission que la religion leur confie dans le secret de la famille et au milieu du monde.
Donné à Saint-Flour, le 8 décembre 1847.
+ FRÉDÉRIC, évêque de st-Flour.
PREMIÈRE PARTIE.
De l'Instruction.
Qui pourra trouver une femme forte ? Elle est
plus précieuse que ce qui s'apporte de l'extrémité
du monde. (Livre de la Sagesse , 31, 10.)
Le cœur de l'homme détermine la route qu'il doit tenir ;
mais c'est au Seigneur à diriger ses pas. (Salomon.)
La femme chrétienne croit en Jésus-Christ, et fait ouvertement profession , de suivre sa doctrine; elle est revêtue de l'esprit de Jésus-Christ, en sorte que dans
toute sa conduite elle paraît être une parfaite imitatrice de Jésus-Christ : c'est-à-dire, qu'elle ne vit que de son esprit, qu'elle n'agit que par ses mouvements, qu'elle
n'aime que sa volonté, qu'elle met sa joie à s'entretenir avec lui, son bonheur à suivre ses maximes, sa grandeur à se croire enfant de Dieu, sœur de Jésus-Christ, et cohéritière de sa gloire, en sorte qu'elle puisse dire avec vérité : Je vis, mais ce n'est plus moi qui vis, c'est Jésus-Christ qui vit en moi.
Une femme chrétienne doit être sainte dans toute sa conduite, sainte comme le Dieu à qui elle appartient est saint ; elle regarde Jésus-Christ comme son modèle, et s'applique tous les jours à devenir son image, en imitant ses exemples; elle aime tout ce que Jésus-Christ a aimé. Elle se regarde comme une victime qui doit glorifier Dieu par son anéantissement, sait que le monde est ennemi de Jésus-Christ, se méfie de ses maximes ; elle rejette ses caresses et ses louanges.
La femme chrétienne aime Dieu de tout son cœur, de toute son âme et de toutes ses forces. Elle a son corps sur la terre, son esprit et son cœur dans le ciel; si elle parle,
c'est de Dieu ou pour Dieu ; elle ne désire que lui, elle ne soupire qu'après l'adoption des enfants de Dieu, elle ne supporte le retardement de son union avec Dieu que par
soumission à ses ordres ; elle gémit dans son exil, elle attend avec une sainte impatience le moment heureux où elle entrera dans sa bienheureuse patrie. La foi la conduit, l'espérance la soutient, la charité l'enflamme ; elle est remplie de zèle pour la gloire de Dieu; elle fait son possible pour le faire aimer, entrant dans l'esprit de saint Paul qui dit que nous gémissons et soupirons dans le cœur après l'accomplissement de l'adoption des enfants de Dieu et de la délivrance de notre corps.
La femme chrétienne a une horreur extrême pour le péché; elle craint les moindres fautes, travaille tous les jours à se purifier de celles dont elle se reconnaît coupable, se
souvient qu'elle a eu l'honneur de devenir le temple du Saint-Esprit par la grâce de son baptême, et regarde son cœur comme la maison où elle doit recevoir Jésus-Christ,
elle désire y faire sa demeure : c'est une femme qui se défie toujours d'elle-même , qui se tient continuellement sur ses gardes, de peur que l'ennemi ne la surprenne, et qui
évite soigneusement les occasions de péché: Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu et que son esprit demeure en vous ?
La femme chrétienne aime son prochain comme elle-même pour l'amour de Dieu, elle a un désir ardent du salut des âmes, s'édifie de tout ce qui est bon dans le prochain, et en
supporte les défauts avec une douceur et une patience inaltérables; elle oublie les injures qu'elle a reçues, renonce à son inclination pour s'accommoder à celle des autres, ne s'enorgueillit point de la connaissance des défauts d'autrui, et s'humilie à la vue des siens sans se décourager; elle est pleine de compassion et de tendresse pour les pauvres, prend plaisir à les visiter, et se fait gloire de les servir, regardant en eux la personne de Jésus-Christ, ainsi qu'il est dit dans l'Écriture-Sainte : Sur toutes choses, aimez-vous les uns les autres, parce que la charité couvre la multitude des péchés.
La femme chrétienne est pénétrée des vérités de l'Évangile ; elle s'en nourrit tous les jours, vit de la foi, trouve dans la parole de Dieu sa force, sa consolation, sa lumière
pour tout le détail de sa conduite; elle regarde Dieu en toutes choses, et toutes choses en Dieu ; prie souvent, et est dans une continuelle tendance vers Dieu, son unique
et souverain bien; c'est une femme qui fréquente les sacrements, et qui les regarde comme les trésors que Jésus-Christ lui a laissés, et où elle peut trouver tous les secours qui lui sont nécessaires ; qui s'en approche toujours avec un cœur plein de foi, de respect, d'amour et de confiance : «Venez à moi, vous tous qui travaillez et qui êtes
chargés, et je vous soulagerai.»
La femme chrétienne est enfin celle qui avance de vertu en vertu, qui ne retourne point en arrière, qui n'est point lâche et tiède dans le service de Dieu, mais en qui
l'on voit naître, de jour en jour, de nouveaux désirs de lui être de plus en plus fidèle, et d'augmenter en sa connaissance et en son amour; qui en prend tous les moyens,
qui profite de tout, qui vit dans la paix et dans la joie des enfants de Dieu, aussi bien dans l'affliction que dans la prospérité ; qui marche en la présence de Dieu et fait tout
avec ferveur, se souvenant que c'est un Dieu qu'elle sert, un Dieu qui la voit et qui la considère; elle le craint, mais son amour est plus grand que sa crainte. Réjouissez-vous
sans cesse en Notre-Seigneur, que votre modestie soit connue à tous les hommes, le Seigneur est proche, ne vous affligez de rien.
Sachez donc, ô femmes chrétiennes ! que la véritable sainteté ne consiste pas dans des actions extraordinaires, mais dans ce qu'il faut faire journellement, dans ce qui remplit
les jours et les années de la vie, c'est-à-dire, dans le parfait accomplissement des devoirs ordinaires, et des travaux de la profession que l'on exerce.
Ce parfait accomplissement exige trois points, outre l'état de grâce : 1°. que les occupations auxquelles on se livre ne soient contraires ni à la volonté ni à la loi de Dieu ;
2°. qu'on travaille par des motifs surnaturels , en vue d'honorer Dieu, de lui plaire, de lui obéir ; 3°. que l'on s'en acquitte dans le temps qu'il convient, dans l'ordre voulu,
avec zèle, fidélité et assiduité.
Du mariage
Que chacun persévère dans l'état où Dieu l'a appelé.
( St Paul.)
Lorsque Dieu eut créé l'homme, il dit : «Il n'est pas bon que l'homme demeure seul.» Il voulut lui donner une compagne, et pour cela il lui envoya un sommeil mystérieux, pendant lequel tirant une de ses côtes, il en forma la femme. Dieu ne la tira pas de sa tête, c'eût été donner à la femme un prétexte de vouloir dominer l'homme ;
ni de ses pieds, l'homme aurait pu la regarder comme son esclave; mais il la tira de son côté, pour indiquer quelle devait être la nature de cette union de l'homme et de
la femme; pour montrer que la femme devait marcher dans la vie côte à côte avec l'homme; qu'elle devait être sa compagne, son amie, son égale ; en les partageant,
adoucir ses peines, doubler ses jouissances. Rien n'est plus doux que l'union des âmes ; aimer est un sentiment naturel, un besoin de l'homme. Jésus-Christ a voulu sanctifier
cette union de l'homme et de la femme en l'élevant à la dignité de sacrement; mais il a voulu aussi pour la cimenter, cette union, la rendre indissoluble. Il n'est pas permis à
un homme de rompre, de désunir ce que Dieu a uni, et la mort seule peut rompre ce lien; l'esprit de Dieu l'a réglé ainsi pour tous les hommes, afin de réprimer l'inconstance et la confusion qui troubleraient l'ordre des familles et la stabilité nécessaire pour l'éducation des enfants. Rien de plus affectueux, de plus intime, que cette union de deux êtres n'en formant plus qu'un, ayant même esprit, même cœur, mêmes sentiments.
Il faut donc nécessairement qu'il y ait accord de principes, de caractère, d'âge, d'éducation, pour que cette union soit ce qu'elle doit être ; elle représentera
l'union sacrée de Jésus-Christ avec son Église. Si ces deux êtres ne se conviennent pas parfaitement, comment pourrait-elle s'établir ? Et cependant comment se font la
plupart des mariages, comment même envisage-t-on le mariage ?Il faut se marier, c'est une manière de passer sa vie. On assortit une dot avec une dot, on suppose que tel
et telle se conviendraient; quelquefois on ne se connaît pas, qu'importe ? Le mariage se fait : la jeune personne ne sait pas les obligations qu'elle contracte; telle reculerait peut
être si elle savait à quoi elle s'engage, qui vole imprudemment au-devant d'une chaîne que peut-être un jour elle maudira. Quelle imprudence d'embarquer ainsi dans une vie
qui a ses douceurs, mais qui a aussi ses peines, et quelquefois des peines bien amères, une jeune personne qui ignore les devoirs qu'elle aura à remplir !
C'est ainsi qu'en exagérant certaines vertus, souvent on fait mal au lieu de faire bien. Ce joug perpétuel est souvent difficile à supporter pour la plupart des hommes légers, inquiets et remplis de défauts; chacune des deux personnes a ses imperfections; les naturels sont opposés, les humeurs sont souvent presque incompatibles ; à la longue, la complaisance s'use; on se lasse les uns des autres, dans la nécessité d'être presque toujours ensemble, et d'agir en toutes choses de concert. Il faut donc une grande grâce et une grande fidélité à la grâce reçue dans le sacrement, pour porter patiemment ce joug. Toutefois, la grâce du Seigneur l'adoucit quand on s'y est préparé suivant l'esprit de Dieu ; et c'est par ce moyen spirituel que les deux personnes se supportent et s'entraident avec affection.
Une jeune personne, dans la maison paternelle, doit se former à la pratique des vertus qui lui sont nécessaires dans la maison conjugale. Il faut qu'elle apprenne, en travaillant au bonheur de ses parents, à faire un jour celui de son époux; qu'elle soit accoutumée aux vertus domestiques ; qu'elle sache supporter les peines de la vie, les caractères difficiles, et qu'elle soit armée de patience, de douceur et de dévouement, parce qu'elle vit plutôt pour les autres que pour elle.
Ce qui trouble, la plupart du temps, un ménage, c'est une chose de peu d'importance à laquelle on s`attache beaucoup trop; c'est quelquefois un rien sur lequel on s'entête, une misère que l'on n'oserait seulement pas raconter à une amie, parce qu'on sent combien il y a de petitesse d'esprit à en faire une affaire d'état; mais on ne cédera pas, on ennuiera un mari; on le forcera à déserter sa maison pour avoir la paix ; on ne pensera pas qu'en énervant pour de si petites choses, l'autorité qu'on peut avoir, il n'en restera plus du tout dans les occasions importantes.
Cependant , femmes chrétiennes, vous auriez tant de moyens de persuasion, si vous saviez en faire usage; votre caractère de douceur porte avec lui tant de charmes, quand vous savez l'employer à propos ! Ah ! ne vous obstinez pas pour des riens, n'éternisez pas les querelles , en revenant toujours sur le passé; sachez oublier quelques torts comme on oublie les vôtres. Quand la bonne harmonie est une fois rompue, il est bien difficile de la rétablir; si un petit air boudeur de votre part peut avoir quelque succès pendant deux ans, parce que vous plaisez et qu'on veut toujours vous voir de bonne humeur, ce ne peut être qu'un bien petit avantage, que vous payerez probablement bien cher ensuite; vous vous accoutumerez à le prendre, cet air boudeur; votre mari s'accoutumera à le voir, et cela ne fera plus d'autre effet sur lui que de l'ennuyer et de l'éloigner; vous resterez donc seule à bouder, le mari ne s'en inquiétera plus, saura chercher ailleurs des distractions, et il est possible que plus tard vous ne puissiez rappeler les premiers moments d'une union si remplie de délices, le charme sera détruit.
Rappelez-vous que c'est un grand tort pour les femmes du monde, de se fier trop aux avantages de leur physique et d'en abuser : on se lasse de tout , c'est le propre de l'homme, de la beauté comme de toute autre chose ;l'habitude de la voir fait qu'on ne la remarque plus, et la femme qui est encore si attrayante pour les autres, ne l'est souvent plus pour son mari. Ne vous laissez pas aller à ce sans-gêne auquel on s'abandonne souvent; il ne doit point exister dans un ménage quand on veut y conserver la paix et le bonheur, c'est-à-dire qu'il faut toujours veiller sur ses défauts pour les empêcher de se montrer. On est quelquefois agréable dans un salon, gracieuse, enjouée; on veut passer pour une femme aimable, rien ne coûte pour y parvenir. On se gardera bien de laisser percer tout son caractère, on se fera violence; mais se gêner pour un mari, cela n'est pas la peine, de là une source de contrariétés, de contestations et de mouvements d'humeur.
Où sera alors cette douce harmonie, qui de deux êtres n'en devait faire qu'un ? L'époux doit être pour son épouse le monde tout entier; mais il faut pour cela que ce soit réciproque et qu'ils s'estiment mutuellement. Il est donc d'une extrême importance pour eux de se cacher leurs défauts, et il faut mettre à cela beaucoup de soins sans se lasser ; car il ne s'ensuit pas de ce que le mariage date de plusieurs années, qu'on soit dispensé de cette vigilance dont nous parlons. Terminons en disant que le mariage est
institué dès l'origine du monde, avant même sa corruption et dans la parfaite innocence du paradis terrestre.
Que Jésus-Christ a bien voulu le sanctifier par sa présence aux noces de Cana , où il fit son premier miracle. Oh ! qu'elle est belle cette religion qui reçoit le chrétien à son entrée dans la carrière de la Vie, qui le suit jusqu'au terme de sa course pour inspirer tous ses sentiments et diriger tous ses pas ! C'est encore elle qui ne veut point abandonner ses enfants dans la circonstance solennelle qui décide de leur destinée pour le passage de cette vie et pour la vie éternelle !...
Époux ! c'est à vous que je parle, vous devez aimer votre épouse comme Jésus-Christ a aimé son Église, chérir dans elle la compagne que Dieu vous a donnée pour embellir
votre vie, pour vous aider à en supporter les peines, à en remplir les devoirs; fidèle à l'esprit de religion, vous saurez tempérer une prééminence nécessaire par la tendresse, le respect et l'honneur. Vous répondrez du trésor qu'une famille vous met entre les mains, vous conduirez votre épouse avec douceur, vous souvenant, comme dit l'Apôtre, de la faiblesse de son sexe. Vous lui communiquerez vos affaires avec confiance, puisque les vôtres deviennent les siennes, dans cette intime société. Vous l'accoutumerez au travail domestique, au détail du ménage afin qu'elle soit en état d'élever des enfants avec autorité et prudence, dans la crainte de Dieu, dans une vigilance continuelle.
Et vous, épouse, aimez et respectez votre époux; l'Église aime et honore Jésus-Christ, son époux. Regardez Jésus-Christ en lui. Obéissez-lui selon Dieu. Tâchez de mériter sa confiance, par vos attentions, votre douceur, votre modestie, par votre activité dans le ménage. Réalisez les espérances qu'il a conçues de vous en vous initiant à lui ; montrez une piété sincère sans être trop austère, pleine de condescendance sans faiblesse, incapable de plier devant ce qui ne s'allierait point avec le devoir ; montrez surtout beaucoup de générosité et de dévouement ; ce sont là des gages de bonheur pour le temps, et une semence qui doit fructifier dans l'éternité. Mais cependant ne croyez pas que vous posséderez ici-bas un bonheur complet, exempt de toute inquiétude, malgré toutes les chances de bonheur que vous pourriez entrevoir dans l'avenir ; vous ne verrez pas toujours lever sur vos têtes un soleil sans nuages : non, il n'est pas pour l'homme de parfaite félicité sur cette terre d'exil; mille incidents peuvent survenir, des pertes douloureusement senties, des déceptions, quelques-unes de ces tribulations qui sont comme l'apanage de notre vie humaine, viendront sans doute quelquefois assombrir votre horizon, et troubler le cours d'une douce vie ; mais le meilleur moyen pour approcher de plus près de cette paix si désirable, c'est de vivre en époux chrétiens, de conserver l'union la plus inaltérable, de se montrer toujours très compatissants envers l'indigence et le malheur, parce qu'il est écrit que les miséricordieux obtiendront miséricorde ; c'est d'être toujours soumis à cette Providence, qui bien souvent sait cacher les dons de son ineffable bonté sous les traits mêmes de la justice. Soyez sûres que ces pieuses habitudes, ces bonnes dispositions seront pour vous le baume salutaire qui seul peut guérir les plaies de votre âme, ou au moins les adoucir.
Dernière édition par MichelT le Dim 27 Aoû 2017 - 18:47, édité 1 fois
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
Re: Le Guide de la femme chrétienne - France - 19 eme siecle
Mission des Femmes
La femme qui craint Dieu est celle qui sera louée.
( Proverbes 31 , 30.)
1. La femme qui craint Dieu sera louée
Beaucoup de femmes, par une déplorable illusion, ne connaissent pas la mission que le Créateur leur assigne sur cette terre d'exil. Ce n'est ni à la passion, ni à la poésie qu'elles doivent demander le secret de cette mission, mais c'est à la foi seule, et aux enseignements du christianisme qui a une solution pour tous les doutes, une clef pour tous les mystères ; à cette religion qui a proclamé hautement et démontré invinciblement, par les faits, la force de la faiblesse, et la puissance merveilleuse de ces choses qui ne sont pas et dont Dieu se sert pour confondre et vaincre ce qui est. Dieu a choisi la plus humble de toutes les femmes pour accomplir le plus grand des mystères, ( la St-Vierge Marie) et plus d'une fois il a préféré ce sexe, le plus faible en apparence, pour exécuter par lui les desseins de sa miséricorde sur certains peuples.
Vierges, épouses ou appelées à vivre dans le célibat, toutes les femmes peuvent jeter les yeux sur Marie, et la regarder comme la source de toutes les gloires et le modèle de toutes les vertus. Il n'est pas une position dans la vie, pas une circonstance où la femme ne puisse regarder Marie ; elle apprendra toujours d'elle quelques enseignements. Si les hommes font les lois, les femmes font les mœurs. Il est certain qu'un peuple
sans foi est inévitablement condamné à périr tôt ou tard. Hélas! il n'est que trop vrai que la foi s'est amoindrie parmi nous, et que les vérités, selon la belle expression du Prophète, se sont diminuées. Mais si la femme veut rester fidèle à sa mission, la société peut encore être sauvée et retrouver le principe de vie qu'elle a laissé s'affaiblir en elle.
Qu'elle prenne garde de se laisser entraîner par le torrent qui menace de tout envahir ; qu'elle ne livre pas son intelligence et son cœur aux passions qui dévorent les hommes et épuisent leur activité. Les femmes appelées à juste titre, le sexe dévot, doivent toujours entretenir dans leur âme cet esprit de foi par une vie fervente, par une prière continuelle, et par une pratique constante des vertus chrétiennes; elles doivent méditer avec attention les grandes vérités du christianisme et les devoirs qui en découlent. Ce n'est que par une instruction religieuse vraiment solide, que les femmes peuvent prendre dans la famille la place qui leur appartient, s'emparer de cette autorité et de cette puissance qui rend leur parole efficace, et commande l'attention et le respect. Mais qu'on ne s'y trompe pas, ce n'est pas la partie critique et logique de la doctrine chrétienne que les femmes doivent étudier; c'est son magnifique ensemble et son unité, c'est cette partie qui se comprend autant par le cœur que par l'esprit. Il faut qu'elles puissent se faire écouter de leurs maris et de leurs enfants, et que leurs paroles soient plutôt une prière qu'un commandement. L'homme n'aime pas obéir : ce qui se présente à lui sous la forme absolue du commandement lui répugne ; et même lorsqu'il cède à l'ascendant qu'on exerce sur lui, il aime à se persuader qu'il agit par sa propre Inspiration.
2 . Instruction solide des femmes
Ne lisez jamais pour paraître plus savant ou plus sage ;
le royaume de Dieu ne consiste pas dans les discours ,
mais dans les œuvres. (Imitation de J.-C.)
Une instruction solide est de toute nécessité aux femmes. Les hommes, en général, se croient très-supérieurs à elles, et ils se défient même de leurs enseignements ; mais une femme vraiment supérieure sait toujours ,prendre dans sa famille et dans la société la place qui lui appartient, et une fois qu'elle est connue, elle a le droit de dire ou de faire des choses qu'un homme d'un mérite éminent ne pourrait peut-être ni faire ni dire. Elle donne même à ses paroles, à ses avertissements une autorité singulière, contre laquelle les hommes les plus prévenus ne se mettent pas en garde, parce que ces conseils portent avec eux ce caractère de douceur et de bienveillance que la femme doit imprimer à tout ce qui procède de son âme; tandis que les démonstrations plus rigoureuses et plus serrées de l'homme portent avec elles un cachet de contrainte et de violence, qui choque l'orgueil susceptible de ceux à qui il s'adresse.
L'instruction religieuse d'une femme ne doit pas être la même que celle de l'homme, parce que sa nature et sa mission sont différentes; mais elle doit connaître cette partie de la doctrine chrétienne qui n'est ni moins belle, ni moins importante, qui se comprend autant par le cœur que par l'esprit, et qui excite plus encore l'admiration et l'enthousiasme de l'âme qu'elle n'entraîne la conviction de la raison, qui s'adresse à cette faculté où est la source des Sentiments nobles et généreux. L'intelligence de la femme n'est pas logique; les idées la frappent plus par ce qu'elles ont de beau ou de grand que par ce qu'elles ont de vrai, et les personnes qui sont chargées de l'éducation des femmes, doivent tenir compte de cette disposition de leur esprit, sans quoi leurs leçons et leurs enseignements seraient sans fruits, parce que nous ne pouvons recevoir les choses que dans la forme que Dieu a donnée à notre intelligence.
Ainsi l'instruction religieuse serait de peu d'utilité à la femme, si elle n'était soutenue par une vie réglée, par des mœurs pures et des habitudes sérieuses. Il ne suffit pas qu'elle donne aux autres une haute idée de son intelligence, il importe bien plus encore qu'elle sache faire respecter son caractère et admirer son Cœur et sa vie. Si les femmes comprenaient bien, je le répète encore, la grandeur de leur mission, on peut même dire de leur apostolat, elles veilleraient avec une attention scrupuleuse sur tous leurs mouvements et sur toutes leurs paroles, dans la crainte de compromettre par une imprudence le succès de cette mission.
La première condition pour elles, c'est de s'oublier elles-mêmes, pour entrer avec toute leur âme jusqu'au fond de l'idée qu'elles veulent réaliser; c'est de n'avoir en vue que la gloire de Dieu dont elles sont les messagères; c'est de chercher dans ces saintes conquêtes, non un succès d'amour-propre, un moyen de faire briller les grâces de leur esprit, et d'occuper celui des autres, mais un moyen de faire aimer davantage celui à qui
elles ont consacré leur vie, et de faire luire dans l'esprit des autres la lumière dont il les a éclairées elles-mêmes. Malheureusement elles trouvent difficile de renoncer à ce désir secret de plaire qui est au fond d'elles-mêmes et qui est à leur insu le mobile de presque toutes leurs actions. Oui, il faut l'avouer, il n'y a qu'une piété sincère , une vigilance perpétuelle sur elles-mêmes qui puissent, je ne dis pas déraciner, mais en comprimer le développement et en arrêter les funestes résultats.
Oh ! une femme qui joindrait à une instruction solide, un désintéressement parfait d'elle-même et un entier abandon à Dieu et à sa grâce, serait entre les mains de Dieu un instrument de miséricorde et de salut dont il est difficile de calculer la puissance Car ce n'est pas à elle, mais à Dieu qu'elle doit convertir les autres; ce n'est pas elle, mais Dieu et sa vérité qu'il faut leur rendre agréables; et elle ne peut avoir de puissance et de force qu'autant qu'elle agit, non en son propre nom, mais au nom de celui de qui vient toute notre suffisance. Dieu ne communique sa vertu et sa puissance à nos paroles ou à nos œuvres, qu'autant que nous parlons et agissons dans son esprit et pour sa gloire : si nous agissons pour nous, il nous les retire, et notre action est sans résultat.
3. Les femmes frivoles
Donnez des éloges à la femme forte, non à cause de sa beauté, mais pour ses bonnes œuvres.
( Sagesse, 31.)
La femme qui est futile et frivole en sa vie, légère dans ses goûts, prolixe dans ses paroles, qui songe toujours à plaire, occupée d'elle-même, de la composition de son visage et de ses manières, sans modestie ni simplicité ; une femme pour qui la piété n'est pas la seule chose essentielle, dominant toute la vie, gouvernant tous les rapports ; une femme qui croit être pieuse, parce qu'elle a inséré dans son règlement de vie et dans le compte des actions de sa journée, quelques exercices de piété; une femme qui n'est pas profondément humble et entièrement dévouée à Dieu et à sa gloire; une telle femme ne peut remplir sa mission sainte, et loin de conquérir des âmes à Dieu, elle laissera conquérir la sienne et deviendra peut-être l'esclave des personnes qu'elle voulait soumettre. Au contraire , si elle est bien pénétrée de ce que son devoir demande d'elle, réunissant toutes les conditions que son accomplissement exige, elle fera un bien immense, elle sera comme l'ange tutélaire de sa famille; elle règnera dans sa maison, non pour attirer une fumée de gloire, mais pour y faire régner Dieu en souverain.
Ses paroles, toujours imprégnées du céleste parfum qui remplit son âme, porteront le calme et la joie dans celle des autres. Son regard toujours serein, toujours bienveillant, retiendra dans le respect ceux qui l'entourent, et préviendra bien des paroles inconvenantes et bien des discussions dangereuses; elle saura gouverner la conversation de manière à la rendre sérieuse et instructive, sans qu'elle soit fastidieuse et monotone ; elle pourra lui donner de temps en temps ce ton piquant et gracieux qui lui prête de nouveaux charmes, la relever quand elle tombe, l'apaiser quand elle devient inconvenante ; elle préviendra, par la douce autorité qu'elle exerce sur les le esprits et sur les cœurs, les discussions ou les objections défavorables à la religion, ou saura y répondre par quelques courtes paroles, qui persuaderont ceux à qui elles s'adresseront, ou les engageront à porter dans la controverse plus de modération, de justice ou d'impartialité.
Ses avertissements, toujours charitables, seront bien reçus de tout le monde, et ses reproches toujours mêlés d'indulgence , de compassion , augmenteront dans l'âme d'un frère, d'un époux ou d'un fils, le respect et la confiance qu'elle leur avait inspirés; on lui demandera des conseils, des encouragements, des éloges ou des reproches, surtout si elle sait se défendre d'un certain enthousiasme immodéré, de cette exagération factice et de cette précipitation de jugement si ordinaire dans les femmes dont l'instruction a été négligée , ou dont l'expérience n'a pas mûri et calmé l'esprit ; si elle a su acquérir cette sagesse, cette prudence, cette douce modération, cette tempérance d'esprit ( bon sens et modération) et de volonté, elle donnera du poids à ses conseils, de la force et de la persuasion à ses paroles. Voilà le portrait d'une femme qui comprend la mission que lui a confiée la Providence.
4. Diverses positions des femmes
Il faut se faire tout à tous pour les gagner tous
à Jésus-Christ. (St Paul.)
La position des femmes change leurs devoirs; elles peuvent se trouver dans divers cas : l'une a un mari, l'autre a un frère, celle-ci a un père, une mère, une sœur qui réclament tout son zèle et toute sa charité. On a vu plus d'une fois un père ramené à Dieu par les exemples de vertu qu'il avait reçus d'une fille chérie, et quand les paroles ou les exemples ne suffisent pas, une femme n`a t`elle pas la prière, qui ne doit jamais se taire dans son cœur, et avec laquelle elle peut vaincre l'opiniâtreté de ceux qu'elle aime et qu`elle veut ramener à Dieu? Il y a dans le dévouement, dans la tendresse les soins délicats d'une fille ou d'une sœur, d'une mère ou d'une épouse, une puissance que souvent elles ne soupçonnent pas elles-mêmes.
Une femme qui a acquis, par son âge, son expérience , une position qui lui permet d'étendre la sphère de son zèle, ne doit pas reculer devant cette peine, en suivant les règles de la prudence et de la modestie ; elle a pour cela plusieurs moyens à sa disposition : si, par le rang qu'elle occupe dans le monde, elle est obligée d'y entretenir des relations nombreuses, il faut qu'elle en tire parti pour la gloire de Dieu et pour l'utilité des autres. Chacun doit se contenter de la position que lui assigne Dieu, sans en désirer une autre. Que celles qui vivent loin du monde et dans la solitude, remercient Dieu de leur avoir donné les moyens de n'être qu'à lui , et que celles qui vivent dans le monde par nécessité, bénissent Dieu de leur avoir fourni l'occasion de procurer sa gloire, en devenant utiles aux autres. Il n'est pas de circonstance, pas d'action, si petite qu'elle paraisse, qui ne puisse fournir à la femme l'occasion de prêcher Jésus-Christ, sans même que les autres puissent soupçonner son intention.
C'est le prêcher que d'aller voir une femme frivole et légère ou de recevoir sa visite, avec le dessein d'élever un instant son esprit et son cœur au-dessus des misères qui l'occupent habituellement. C'est prêcher Jésus-Christ que de recevoir une confidence avec le désir de donner un bon conseil et de ramener à Dieu une jeune femme, que l'amour du monde en avait peut-être éloignée. C'est prêcher Jésus-Christ que d'aller voir une malade, avec la pensée de lui ménager les secours de la religion, dont elle serait peut-être privée sans cela ; que d'aller visiter une amie affligée, dans l'espérance de lui faire sentir le néant des choses de ce monde, et de lui faire comprendre qu'il n'y a de vrai bonheur que dans le service de Dieu et la pratique de la vertu. C'est prêcher pour la gloire du Seigneur, que d'arrêter dans une réunion une discussion scandaleuse ou des propos inconvenants, que de protester par la modestie et la simplicité de sa mise, contre les excès coupables du luxe et contre l'immodestie de certaines femmes, qui ne pouvant attirer les regards en flattant les passions, les arrêtent par des moyens illicites. C'est prêcher Jésus-Christ que de montrer aux autres, par ses paroles et par toute sa conduite, qu'on ne s'appartient pas à soi- même, mais qu'on est tout entière aux autres, dévouée à leurs intérêts, disposée à leur rendre service.
Pour que cette prédication porte ses fruits, il faut qu'elle soit faite avec une intention pure, sans prétention ; car la prétention qui est désagréable dans un homme, est insupportable dans une femme ; après avoir bien dirigé son intention, elle ne doit plus songer qu'à être agréable à ceux avec qui elle se trouve ; autrement sa manière d'être manquerait de naturel et n'atteindrait pas son but. Une femme qui , dans le dessein d'être utile, veut ménager sa position, doit bien se garder de choquer par l'affectation ou par l'orgueil de ses manières, par une conversation sèche et monotone, par des paroles sentencieuses et emphatiques.
Semblable à un arbitre ou à un juge, elle doit dominer les conversations, et n'y intervenir que pour les diriger ou pour les rendre moins âpres ; elle ne doit point faire parade de sa science et de son érudition, si elle en a, mais plutôt s'efforcer de la cacher aux autres , et de se la cacher à elle-même, si la chose est possible; elle doit rarement contredire d'une manière formelle et positive les propositions que les autres avancent, mais plutôt par manière de doute et paraître vouloir s'instruire elle-même que redresser les autres. Une femme ne doit jamais sortir de sa nature, et elle n'est jamais aussi sûre d'obtenir ce qu'elle désire que lorsqu'elle ne l'exige pas et ne semble même pas le désirer ; elle ne se permettra aucune personnalité, aucune plaisanterie blessante, mais ménagera la susceptibilité de chacun; ayant l'œil à tout, elle se portera du côté de celui qu'on attaque, et lui rendra la défense plus facile en lui offrant son appui. Ce sont là de ces services qui lui gagneront le cœur et la confiance des autres, et qui lui rendront plus facile le bien qu'elle médite. Si elle connaît autour d'elle quelques femmes qu'elle puisse associer à son œuvre, initier à son apostolat, qu'elle songe que deux sont plus forts qu'un, et que l'union fait la force ; si les femmes qui ont les mêmes sentiments et les mêmes idées s'entendaient bien, savaient concerter leurs efforts, leurs succès seraient bien plus prompts et plus sûrs; ayant pour elles la puissance que donnent le droit et la vérité, elles pourraient en s'y prenant bien, réformer le ton et les habitudes de la société dans une ville, ou opposer du moins, à ce qu'elles ont de mauvais ou de funeste, un contrepoids salutaire.
Dans le discours que Notre-Seigneur adressa à ses disciples après la cène, il leur montra une aversion profonde pour le monde et pour tout ce qui tenait au monde, et plus tard, lorsqu'on le voit sur la croix prier pour ses bourreaux, on est saisi d'étonnement au premier abord, et l'on se demande ce qu'il peut y avoir de si pervers dans le monde pour que Dieu donnât la préférence à ceux mêmes qui se sont rendus coupables du plus grand de tous les crimes ; on ne peut comprendre la sévérité de Jésus-Christ qu'en méditant avec attention la corruption et les maximes du monde et leurs funestes résultats. Le monde a certainement beaucoup de dangers pour un jeune homme qui s'y livre ; mais il est bien plus dangereux pour les femmes, parce qu'elles y trouvent un aliment pour les mille petites passions qui occupent si facilement leur cœur, et condamnent leur vie toute entière à une déplorable stérilité. Pour quitter le monde il n'est pas nécessaire de s'enfermer dans un cloître : toutes les femmes sont obligées par les devoirs de la vie chrétienne à n'être pas du monde, c'est-à-dire, de se garder du mal au milieu des dangers qui s'y rencontrent; le monde pour une jeune femme, ce n'est pas la société qu'elle fréquente : c'est cet ensemble de maximes et d'usages qui est en opposition directe avec les maximes de l'Évangile et avec les habitudes de la vie chrétienne ; c'est cette frivolité de l'esprit et du cœur , cette oisiveté de la vie, qui fait que l'on dépense à pure perte les plus nobles facultés de l'âme et ses plus généreux instincts.
Une femme est du monde lorsqu'elle néglige l'homme intérieur ( l`âme) qu'elle doit orner sans cesse de vertus et de grâces; lorsque, mettant de côté les devoirs de la famille , elle leur préfère les devoirs factices que le monde impose à ses esclaves ; elle est du monde, lorsqu'elle affecte dans sa mise, dans le train de sa maison, un luxe que réprouvent également la raison et la foi; lorsque, méprisant la sévérité de l'Évangile, elle prend pour guides de sa conduite les maximes relâchées et corrompues du monde; lorsque, ne considérant jamais la vie future, elle renferme dans la vie présente toutes les pensées de son esprit et toutes les affections de son cœur ; elle est du monde, lorsque, dédaignant le travail, elle se condamne à une déplorable oisiveté ; elle est du monde, lorsque, au lieu de chercher à plaire à Dieu, elle va mendier au monde des éloges peu sincères et une estime non méritée; elle est du monde, lorsque , au lieu de se dévouer à l'instruction de ses enfants, et de leur inspirer l'amour du bien, elle les rend esclaves du monde et de ses maximes. Chaque femme peut ici se juger et
se condamner, s'il y a lieu.....
5. Apostolat des femmes
Je suis éprouvée, tourmentée par beaucoup de tribulations, mais je ne redouterai aucun mal, tandis que votre grâce sera avec moi. (Imitation de J.-C.)
La vie religieuse étant une vie de perfection, est le partage d'un petit nombre d'âmes privilégiées, à qui Dieu réserve ses communications les plus intimes et ses plus précieuses faveurs. Le plus grand nombre des femmes sont appelées à vivre dans le monde, et à servir Dieu dans l'état du mariage.
L'homme a été créé pour agir, et la femme pour faire sa gloire, selon l'expression de saint Paul. La femme a donc besoin de quelqu'un sur qui elle s'appuie, qui la dirige, qui soit son chef, comme le Christ est le chef de l'homme; dont elle soit la gloire, comme l'homme est la gloire de Dieu : c'est donc de concert que l'homme et la femme doivent aller à Dieu, le but commun qui les appelle. Il est fâcheux que cette disposition
ne soit pas celle de tous les hommes : en s'établissant, la plupart ne calculent le mérite d'une femme que sur l'argent : celle qui a le plus de fortune est toujours la préférée, et l'on ne se demande pas si, dans la suite, leurs caractères pourront s'accommoder, si les principes sont sûrs. Aussi il n'est pas rare de trouver des hommes qui méconnaissent la dignité de la femme, et pour qui le mariage n'est qu'un voile sous lequel ils abritent leurs passions.
Oh ! c'est là un écueil contre lequel se briseront la vertu, la volonté et le courage de bien des femmes. D'abord, fortes des principes que leur a donnés une éducation chrétienne, et des résolutions fraîches encore que leur a inspirées la foi, elles se défendent, elles luttent contre les efforts que fait un époux sans principes religieux, sans honneur, pour renverser les barrières que leur vertu oppose à ses desseins, et pour les rendre complices de ses vices ou de ses erreurs ; mais souvent, fatiguées, épuisées par la lutte, elles se rendent et acceptent le joug honteux qu'on leur impose, étouffent même quelquefois dans leur âme jusqu'aux derniers germes des précieuses vertus qu'une éducation chrétienne y avait déposées.
L'union des époux qui ne se comprennent que dans les choses accessoires ou indifférentes, sur les moyens à employer pour acquérir une brillante fortune, pour se procurer tout le bien-être qu'on peut désirer en ce monde, pour se distinguer des autres par le luxe et la somptuosité, n'est pas une union qui procure les véritables jouissances ;jamais ils ne pourront se poser ensemble sur une pensée sainte, sur une espérance céleste, sur un sentiment divin ; ils ne pourront étendre leurs regards au-delà de l'horizon étroit de la vie, car toutes leurs espérances seront sur cette terre. La tombe Creusera entre eux un abîme infranchissable. Chacun ira dans la maison de son éternité, et cette maison ne sera pas la même. Voilà le sort, voilà les douleurs et les angoisses que se réservent les femmes qui, par entraînement ou par une coupable mollesse, contractent des unions qui ne sont pas cimentées par la foi et les principes religieux.
Une femme ne doit faire le choix d'un époux que par des motifs religieux : car, en s'unissant à un époux incrédule, elle expose non-seulement son bonheur et son salut, . mais même celui de ses enfants qui sont ; l'objet de sa tendresse et de sa sollicitude. N'aurait-elle pas le souci que le repos de ses derniers moments ne soit troublé par l'affreuse crainte qu'en partant elle ne laisse sa famille sans garantie pour le salut de chacun, et que l'adieu qu'elle leur adresse ne soit un adieu éternel?... Oh ! qu'une femme se souvienne qu'il n'y a de véritables mésalliances qu'entre les sentiments de l'âme !
Ainsi une âme qui, ennoblie par la grâce divine, et enrichie de ses dons précieux , s'unit à une âme privée de la foi et des vertus dont elle est le principe, se mésallie, et cette mésalliance a le plus déplorable de tous les résultats. Je le sais, il est des circonstances où une femme peut entretenir raisonnablement l'espoir de ramener à Dieu , par l'influence de ses conseils et de ses exemples, un mari qu'elle aime et dont elle est aimée : mais c'est une exception rare, et très-rare, sur laquelle il ne faut pas compter avant un établissement.
Une femme qui, par sa faute ou par erreur, aurait fait un mauvais choix , est condamnée à un rude esclavage. Sa position est triste, j'en conviens, mais néanmoins, il ne faut pas se livrer au découragement et au désespoir. Il n'est point de position, si difficile qu'elle soit, dont ne puisse triompher une volonté ferme et courageuse ; et lorsqu'un malheur est inévitable, n'est-ce pas y échapper en partie que de l'accepter avec soumission, et d'en souffrir avec patience les tortures? De quelle valeur sera aux yeux de Dieu, et de quel prix pour l'éternité une vie de renoncement et de continuels sacrifices ! La foi seule peut lui donner la force dont elle a besoin pour supporter son malheur, et échapper aux dangers dont il peut devenir pour elle la source.
Le plus grand de tous, c'est qu'elle les laisse deviner en découvrant, soit par indiscrétion, soit par un manque de vigilance, la position où elle se trouve : la plus légère indiscrétion peut avoir pour elle les plus funestes résultats ; et si elle se sentait assez forte pour se suffire à elle-même dans ces tristes conjonctures ; si elle pouvait trouver dans son esprit assez de lumière pour se guider, et assez d'énergie dans sa volonté pour les suivre, je lui conseillerais de ne parler de ses douleurs et de ses angoisses qu'à Dieu, à Dieu seul :et si elle est obligée de demander à d'autres les lumières et la force qui lui manquent, qu'elle soit bien circonspecte dans le choix de ses confidents, et dans la révélation des secrets qu'elle doit leur faire. Il faut, pour recevoir des aveux de ce genre, un esprit sensé, ferme et prudent, un jugement solide, un caractère froid, calme et réfléchi, une tendresse impartiale et éclairée, une grande expérience de la vie et du cœur humain , une discrétion éprouvée et une volonté droite.
Ainsi, quand elle est bien dirigée, une femme peut encore tirer parti de la triste position où elle est réduite, et en diminuer les inconvénients et les peines. Il faut d'abord qu'elle essaie de triompher de sa répugnance et de son mépris; car ce sentiment n'est pas chrétien. Peut-être Dieu attend-il, pour couronner ses efforts, qu'elle ait donné un motif plus élevé, et qu'elle les ait placés sous l'influence de sa grâce. Qu'elle ne se permette aucun reproche, aucune plainte ; qu'elle souffre avec une patience inaltérable les paroles dures d'un mari que la colère aveugle, ou qu'emporte la passion. Qu'elle accorde, qu'elle offre même tous les sacrifices, excepté celui de sa conscience et des devoirs qu'elle prescrit : car sa condescendance en ce point serait criminelle, et, loin de produire l'effet qu'elle se proposerait, ne ferait que donner à son mari de nouvelles armes contre elle, en affaiblissant en lui le respect qu'elle lui a inspiré; qu'elle ne craigne pas, pour lui complaire, d'omettre certaines pratiques de piété qui ne sont pas nécessaires.
En un mot, qu'elle fasse tout pour éviter un éclat toujours fâcheux, et qui est souvent pour les autres une occasion de scandale. Une séparation ne peut être ordinairement conseillée que lorsque le salut ou l'honneur d'une femme ne sont plus en sûreté sous le toit qui abrite son mari : encore faut-il dans ce cas éviter, autant que possible, l'éclat; préférer une séparation volontaire, si les circonstances le permettent.
Mais que la femme qui a été forcée d'en venir là, et celle qui souffre encore en secret les tortures d'une union mal assortie, n'oublient pas que le monde ne doit plus rien être pour elles , qu'elles ne trouveraient que pièges dans ses plaisirs, et occasion de chute dans ses fêtes: que leur cœur vide et affamé se jetterait peut-être avec avidité sur le premier objet qui s'offrirait pour le remplir.
La femme qui craint Dieu est celle qui sera louée.
( Proverbes 31 , 30.)
1. La femme qui craint Dieu sera louée
Beaucoup de femmes, par une déplorable illusion, ne connaissent pas la mission que le Créateur leur assigne sur cette terre d'exil. Ce n'est ni à la passion, ni à la poésie qu'elles doivent demander le secret de cette mission, mais c'est à la foi seule, et aux enseignements du christianisme qui a une solution pour tous les doutes, une clef pour tous les mystères ; à cette religion qui a proclamé hautement et démontré invinciblement, par les faits, la force de la faiblesse, et la puissance merveilleuse de ces choses qui ne sont pas et dont Dieu se sert pour confondre et vaincre ce qui est. Dieu a choisi la plus humble de toutes les femmes pour accomplir le plus grand des mystères, ( la St-Vierge Marie) et plus d'une fois il a préféré ce sexe, le plus faible en apparence, pour exécuter par lui les desseins de sa miséricorde sur certains peuples.
Vierges, épouses ou appelées à vivre dans le célibat, toutes les femmes peuvent jeter les yeux sur Marie, et la regarder comme la source de toutes les gloires et le modèle de toutes les vertus. Il n'est pas une position dans la vie, pas une circonstance où la femme ne puisse regarder Marie ; elle apprendra toujours d'elle quelques enseignements. Si les hommes font les lois, les femmes font les mœurs. Il est certain qu'un peuple
sans foi est inévitablement condamné à périr tôt ou tard. Hélas! il n'est que trop vrai que la foi s'est amoindrie parmi nous, et que les vérités, selon la belle expression du Prophète, se sont diminuées. Mais si la femme veut rester fidèle à sa mission, la société peut encore être sauvée et retrouver le principe de vie qu'elle a laissé s'affaiblir en elle.
Qu'elle prenne garde de se laisser entraîner par le torrent qui menace de tout envahir ; qu'elle ne livre pas son intelligence et son cœur aux passions qui dévorent les hommes et épuisent leur activité. Les femmes appelées à juste titre, le sexe dévot, doivent toujours entretenir dans leur âme cet esprit de foi par une vie fervente, par une prière continuelle, et par une pratique constante des vertus chrétiennes; elles doivent méditer avec attention les grandes vérités du christianisme et les devoirs qui en découlent. Ce n'est que par une instruction religieuse vraiment solide, que les femmes peuvent prendre dans la famille la place qui leur appartient, s'emparer de cette autorité et de cette puissance qui rend leur parole efficace, et commande l'attention et le respect. Mais qu'on ne s'y trompe pas, ce n'est pas la partie critique et logique de la doctrine chrétienne que les femmes doivent étudier; c'est son magnifique ensemble et son unité, c'est cette partie qui se comprend autant par le cœur que par l'esprit. Il faut qu'elles puissent se faire écouter de leurs maris et de leurs enfants, et que leurs paroles soient plutôt une prière qu'un commandement. L'homme n'aime pas obéir : ce qui se présente à lui sous la forme absolue du commandement lui répugne ; et même lorsqu'il cède à l'ascendant qu'on exerce sur lui, il aime à se persuader qu'il agit par sa propre Inspiration.
2 . Instruction solide des femmes
Ne lisez jamais pour paraître plus savant ou plus sage ;
le royaume de Dieu ne consiste pas dans les discours ,
mais dans les œuvres. (Imitation de J.-C.)
Une instruction solide est de toute nécessité aux femmes. Les hommes, en général, se croient très-supérieurs à elles, et ils se défient même de leurs enseignements ; mais une femme vraiment supérieure sait toujours ,prendre dans sa famille et dans la société la place qui lui appartient, et une fois qu'elle est connue, elle a le droit de dire ou de faire des choses qu'un homme d'un mérite éminent ne pourrait peut-être ni faire ni dire. Elle donne même à ses paroles, à ses avertissements une autorité singulière, contre laquelle les hommes les plus prévenus ne se mettent pas en garde, parce que ces conseils portent avec eux ce caractère de douceur et de bienveillance que la femme doit imprimer à tout ce qui procède de son âme; tandis que les démonstrations plus rigoureuses et plus serrées de l'homme portent avec elles un cachet de contrainte et de violence, qui choque l'orgueil susceptible de ceux à qui il s'adresse.
L'instruction religieuse d'une femme ne doit pas être la même que celle de l'homme, parce que sa nature et sa mission sont différentes; mais elle doit connaître cette partie de la doctrine chrétienne qui n'est ni moins belle, ni moins importante, qui se comprend autant par le cœur que par l'esprit, et qui excite plus encore l'admiration et l'enthousiasme de l'âme qu'elle n'entraîne la conviction de la raison, qui s'adresse à cette faculté où est la source des Sentiments nobles et généreux. L'intelligence de la femme n'est pas logique; les idées la frappent plus par ce qu'elles ont de beau ou de grand que par ce qu'elles ont de vrai, et les personnes qui sont chargées de l'éducation des femmes, doivent tenir compte de cette disposition de leur esprit, sans quoi leurs leçons et leurs enseignements seraient sans fruits, parce que nous ne pouvons recevoir les choses que dans la forme que Dieu a donnée à notre intelligence.
Ainsi l'instruction religieuse serait de peu d'utilité à la femme, si elle n'était soutenue par une vie réglée, par des mœurs pures et des habitudes sérieuses. Il ne suffit pas qu'elle donne aux autres une haute idée de son intelligence, il importe bien plus encore qu'elle sache faire respecter son caractère et admirer son Cœur et sa vie. Si les femmes comprenaient bien, je le répète encore, la grandeur de leur mission, on peut même dire de leur apostolat, elles veilleraient avec une attention scrupuleuse sur tous leurs mouvements et sur toutes leurs paroles, dans la crainte de compromettre par une imprudence le succès de cette mission.
La première condition pour elles, c'est de s'oublier elles-mêmes, pour entrer avec toute leur âme jusqu'au fond de l'idée qu'elles veulent réaliser; c'est de n'avoir en vue que la gloire de Dieu dont elles sont les messagères; c'est de chercher dans ces saintes conquêtes, non un succès d'amour-propre, un moyen de faire briller les grâces de leur esprit, et d'occuper celui des autres, mais un moyen de faire aimer davantage celui à qui
elles ont consacré leur vie, et de faire luire dans l'esprit des autres la lumière dont il les a éclairées elles-mêmes. Malheureusement elles trouvent difficile de renoncer à ce désir secret de plaire qui est au fond d'elles-mêmes et qui est à leur insu le mobile de presque toutes leurs actions. Oui, il faut l'avouer, il n'y a qu'une piété sincère , une vigilance perpétuelle sur elles-mêmes qui puissent, je ne dis pas déraciner, mais en comprimer le développement et en arrêter les funestes résultats.
Oh ! une femme qui joindrait à une instruction solide, un désintéressement parfait d'elle-même et un entier abandon à Dieu et à sa grâce, serait entre les mains de Dieu un instrument de miséricorde et de salut dont il est difficile de calculer la puissance Car ce n'est pas à elle, mais à Dieu qu'elle doit convertir les autres; ce n'est pas elle, mais Dieu et sa vérité qu'il faut leur rendre agréables; et elle ne peut avoir de puissance et de force qu'autant qu'elle agit, non en son propre nom, mais au nom de celui de qui vient toute notre suffisance. Dieu ne communique sa vertu et sa puissance à nos paroles ou à nos œuvres, qu'autant que nous parlons et agissons dans son esprit et pour sa gloire : si nous agissons pour nous, il nous les retire, et notre action est sans résultat.
3. Les femmes frivoles
Donnez des éloges à la femme forte, non à cause de sa beauté, mais pour ses bonnes œuvres.
( Sagesse, 31.)
La femme qui est futile et frivole en sa vie, légère dans ses goûts, prolixe dans ses paroles, qui songe toujours à plaire, occupée d'elle-même, de la composition de son visage et de ses manières, sans modestie ni simplicité ; une femme pour qui la piété n'est pas la seule chose essentielle, dominant toute la vie, gouvernant tous les rapports ; une femme qui croit être pieuse, parce qu'elle a inséré dans son règlement de vie et dans le compte des actions de sa journée, quelques exercices de piété; une femme qui n'est pas profondément humble et entièrement dévouée à Dieu et à sa gloire; une telle femme ne peut remplir sa mission sainte, et loin de conquérir des âmes à Dieu, elle laissera conquérir la sienne et deviendra peut-être l'esclave des personnes qu'elle voulait soumettre. Au contraire , si elle est bien pénétrée de ce que son devoir demande d'elle, réunissant toutes les conditions que son accomplissement exige, elle fera un bien immense, elle sera comme l'ange tutélaire de sa famille; elle règnera dans sa maison, non pour attirer une fumée de gloire, mais pour y faire régner Dieu en souverain.
Ses paroles, toujours imprégnées du céleste parfum qui remplit son âme, porteront le calme et la joie dans celle des autres. Son regard toujours serein, toujours bienveillant, retiendra dans le respect ceux qui l'entourent, et préviendra bien des paroles inconvenantes et bien des discussions dangereuses; elle saura gouverner la conversation de manière à la rendre sérieuse et instructive, sans qu'elle soit fastidieuse et monotone ; elle pourra lui donner de temps en temps ce ton piquant et gracieux qui lui prête de nouveaux charmes, la relever quand elle tombe, l'apaiser quand elle devient inconvenante ; elle préviendra, par la douce autorité qu'elle exerce sur les le esprits et sur les cœurs, les discussions ou les objections défavorables à la religion, ou saura y répondre par quelques courtes paroles, qui persuaderont ceux à qui elles s'adresseront, ou les engageront à porter dans la controverse plus de modération, de justice ou d'impartialité.
Ses avertissements, toujours charitables, seront bien reçus de tout le monde, et ses reproches toujours mêlés d'indulgence , de compassion , augmenteront dans l'âme d'un frère, d'un époux ou d'un fils, le respect et la confiance qu'elle leur avait inspirés; on lui demandera des conseils, des encouragements, des éloges ou des reproches, surtout si elle sait se défendre d'un certain enthousiasme immodéré, de cette exagération factice et de cette précipitation de jugement si ordinaire dans les femmes dont l'instruction a été négligée , ou dont l'expérience n'a pas mûri et calmé l'esprit ; si elle a su acquérir cette sagesse, cette prudence, cette douce modération, cette tempérance d'esprit ( bon sens et modération) et de volonté, elle donnera du poids à ses conseils, de la force et de la persuasion à ses paroles. Voilà le portrait d'une femme qui comprend la mission que lui a confiée la Providence.
4. Diverses positions des femmes
Il faut se faire tout à tous pour les gagner tous
à Jésus-Christ. (St Paul.)
La position des femmes change leurs devoirs; elles peuvent se trouver dans divers cas : l'une a un mari, l'autre a un frère, celle-ci a un père, une mère, une sœur qui réclament tout son zèle et toute sa charité. On a vu plus d'une fois un père ramené à Dieu par les exemples de vertu qu'il avait reçus d'une fille chérie, et quand les paroles ou les exemples ne suffisent pas, une femme n`a t`elle pas la prière, qui ne doit jamais se taire dans son cœur, et avec laquelle elle peut vaincre l'opiniâtreté de ceux qu'elle aime et qu`elle veut ramener à Dieu? Il y a dans le dévouement, dans la tendresse les soins délicats d'une fille ou d'une sœur, d'une mère ou d'une épouse, une puissance que souvent elles ne soupçonnent pas elles-mêmes.
Une femme qui a acquis, par son âge, son expérience , une position qui lui permet d'étendre la sphère de son zèle, ne doit pas reculer devant cette peine, en suivant les règles de la prudence et de la modestie ; elle a pour cela plusieurs moyens à sa disposition : si, par le rang qu'elle occupe dans le monde, elle est obligée d'y entretenir des relations nombreuses, il faut qu'elle en tire parti pour la gloire de Dieu et pour l'utilité des autres. Chacun doit se contenter de la position que lui assigne Dieu, sans en désirer une autre. Que celles qui vivent loin du monde et dans la solitude, remercient Dieu de leur avoir donné les moyens de n'être qu'à lui , et que celles qui vivent dans le monde par nécessité, bénissent Dieu de leur avoir fourni l'occasion de procurer sa gloire, en devenant utiles aux autres. Il n'est pas de circonstance, pas d'action, si petite qu'elle paraisse, qui ne puisse fournir à la femme l'occasion de prêcher Jésus-Christ, sans même que les autres puissent soupçonner son intention.
C'est le prêcher que d'aller voir une femme frivole et légère ou de recevoir sa visite, avec le dessein d'élever un instant son esprit et son cœur au-dessus des misères qui l'occupent habituellement. C'est prêcher Jésus-Christ que de recevoir une confidence avec le désir de donner un bon conseil et de ramener à Dieu une jeune femme, que l'amour du monde en avait peut-être éloignée. C'est prêcher Jésus-Christ que d'aller voir une malade, avec la pensée de lui ménager les secours de la religion, dont elle serait peut-être privée sans cela ; que d'aller visiter une amie affligée, dans l'espérance de lui faire sentir le néant des choses de ce monde, et de lui faire comprendre qu'il n'y a de vrai bonheur que dans le service de Dieu et la pratique de la vertu. C'est prêcher pour la gloire du Seigneur, que d'arrêter dans une réunion une discussion scandaleuse ou des propos inconvenants, que de protester par la modestie et la simplicité de sa mise, contre les excès coupables du luxe et contre l'immodestie de certaines femmes, qui ne pouvant attirer les regards en flattant les passions, les arrêtent par des moyens illicites. C'est prêcher Jésus-Christ que de montrer aux autres, par ses paroles et par toute sa conduite, qu'on ne s'appartient pas à soi- même, mais qu'on est tout entière aux autres, dévouée à leurs intérêts, disposée à leur rendre service.
Pour que cette prédication porte ses fruits, il faut qu'elle soit faite avec une intention pure, sans prétention ; car la prétention qui est désagréable dans un homme, est insupportable dans une femme ; après avoir bien dirigé son intention, elle ne doit plus songer qu'à être agréable à ceux avec qui elle se trouve ; autrement sa manière d'être manquerait de naturel et n'atteindrait pas son but. Une femme qui , dans le dessein d'être utile, veut ménager sa position, doit bien se garder de choquer par l'affectation ou par l'orgueil de ses manières, par une conversation sèche et monotone, par des paroles sentencieuses et emphatiques.
Semblable à un arbitre ou à un juge, elle doit dominer les conversations, et n'y intervenir que pour les diriger ou pour les rendre moins âpres ; elle ne doit point faire parade de sa science et de son érudition, si elle en a, mais plutôt s'efforcer de la cacher aux autres , et de se la cacher à elle-même, si la chose est possible; elle doit rarement contredire d'une manière formelle et positive les propositions que les autres avancent, mais plutôt par manière de doute et paraître vouloir s'instruire elle-même que redresser les autres. Une femme ne doit jamais sortir de sa nature, et elle n'est jamais aussi sûre d'obtenir ce qu'elle désire que lorsqu'elle ne l'exige pas et ne semble même pas le désirer ; elle ne se permettra aucune personnalité, aucune plaisanterie blessante, mais ménagera la susceptibilité de chacun; ayant l'œil à tout, elle se portera du côté de celui qu'on attaque, et lui rendra la défense plus facile en lui offrant son appui. Ce sont là de ces services qui lui gagneront le cœur et la confiance des autres, et qui lui rendront plus facile le bien qu'elle médite. Si elle connaît autour d'elle quelques femmes qu'elle puisse associer à son œuvre, initier à son apostolat, qu'elle songe que deux sont plus forts qu'un, et que l'union fait la force ; si les femmes qui ont les mêmes sentiments et les mêmes idées s'entendaient bien, savaient concerter leurs efforts, leurs succès seraient bien plus prompts et plus sûrs; ayant pour elles la puissance que donnent le droit et la vérité, elles pourraient en s'y prenant bien, réformer le ton et les habitudes de la société dans une ville, ou opposer du moins, à ce qu'elles ont de mauvais ou de funeste, un contrepoids salutaire.
Dans le discours que Notre-Seigneur adressa à ses disciples après la cène, il leur montra une aversion profonde pour le monde et pour tout ce qui tenait au monde, et plus tard, lorsqu'on le voit sur la croix prier pour ses bourreaux, on est saisi d'étonnement au premier abord, et l'on se demande ce qu'il peut y avoir de si pervers dans le monde pour que Dieu donnât la préférence à ceux mêmes qui se sont rendus coupables du plus grand de tous les crimes ; on ne peut comprendre la sévérité de Jésus-Christ qu'en méditant avec attention la corruption et les maximes du monde et leurs funestes résultats. Le monde a certainement beaucoup de dangers pour un jeune homme qui s'y livre ; mais il est bien plus dangereux pour les femmes, parce qu'elles y trouvent un aliment pour les mille petites passions qui occupent si facilement leur cœur, et condamnent leur vie toute entière à une déplorable stérilité. Pour quitter le monde il n'est pas nécessaire de s'enfermer dans un cloître : toutes les femmes sont obligées par les devoirs de la vie chrétienne à n'être pas du monde, c'est-à-dire, de se garder du mal au milieu des dangers qui s'y rencontrent; le monde pour une jeune femme, ce n'est pas la société qu'elle fréquente : c'est cet ensemble de maximes et d'usages qui est en opposition directe avec les maximes de l'Évangile et avec les habitudes de la vie chrétienne ; c'est cette frivolité de l'esprit et du cœur , cette oisiveté de la vie, qui fait que l'on dépense à pure perte les plus nobles facultés de l'âme et ses plus généreux instincts.
Une femme est du monde lorsqu'elle néglige l'homme intérieur ( l`âme) qu'elle doit orner sans cesse de vertus et de grâces; lorsque, mettant de côté les devoirs de la famille , elle leur préfère les devoirs factices que le monde impose à ses esclaves ; elle est du monde, lorsqu'elle affecte dans sa mise, dans le train de sa maison, un luxe que réprouvent également la raison et la foi; lorsque, méprisant la sévérité de l'Évangile, elle prend pour guides de sa conduite les maximes relâchées et corrompues du monde; lorsque, ne considérant jamais la vie future, elle renferme dans la vie présente toutes les pensées de son esprit et toutes les affections de son cœur ; elle est du monde, lorsque, dédaignant le travail, elle se condamne à une déplorable oisiveté ; elle est du monde, lorsque, au lieu de chercher à plaire à Dieu, elle va mendier au monde des éloges peu sincères et une estime non méritée; elle est du monde, lorsque , au lieu de se dévouer à l'instruction de ses enfants, et de leur inspirer l'amour du bien, elle les rend esclaves du monde et de ses maximes. Chaque femme peut ici se juger et
se condamner, s'il y a lieu.....
5. Apostolat des femmes
Je suis éprouvée, tourmentée par beaucoup de tribulations, mais je ne redouterai aucun mal, tandis que votre grâce sera avec moi. (Imitation de J.-C.)
La vie religieuse étant une vie de perfection, est le partage d'un petit nombre d'âmes privilégiées, à qui Dieu réserve ses communications les plus intimes et ses plus précieuses faveurs. Le plus grand nombre des femmes sont appelées à vivre dans le monde, et à servir Dieu dans l'état du mariage.
L'homme a été créé pour agir, et la femme pour faire sa gloire, selon l'expression de saint Paul. La femme a donc besoin de quelqu'un sur qui elle s'appuie, qui la dirige, qui soit son chef, comme le Christ est le chef de l'homme; dont elle soit la gloire, comme l'homme est la gloire de Dieu : c'est donc de concert que l'homme et la femme doivent aller à Dieu, le but commun qui les appelle. Il est fâcheux que cette disposition
ne soit pas celle de tous les hommes : en s'établissant, la plupart ne calculent le mérite d'une femme que sur l'argent : celle qui a le plus de fortune est toujours la préférée, et l'on ne se demande pas si, dans la suite, leurs caractères pourront s'accommoder, si les principes sont sûrs. Aussi il n'est pas rare de trouver des hommes qui méconnaissent la dignité de la femme, et pour qui le mariage n'est qu'un voile sous lequel ils abritent leurs passions.
Oh ! c'est là un écueil contre lequel se briseront la vertu, la volonté et le courage de bien des femmes. D'abord, fortes des principes que leur a donnés une éducation chrétienne, et des résolutions fraîches encore que leur a inspirées la foi, elles se défendent, elles luttent contre les efforts que fait un époux sans principes religieux, sans honneur, pour renverser les barrières que leur vertu oppose à ses desseins, et pour les rendre complices de ses vices ou de ses erreurs ; mais souvent, fatiguées, épuisées par la lutte, elles se rendent et acceptent le joug honteux qu'on leur impose, étouffent même quelquefois dans leur âme jusqu'aux derniers germes des précieuses vertus qu'une éducation chrétienne y avait déposées.
L'union des époux qui ne se comprennent que dans les choses accessoires ou indifférentes, sur les moyens à employer pour acquérir une brillante fortune, pour se procurer tout le bien-être qu'on peut désirer en ce monde, pour se distinguer des autres par le luxe et la somptuosité, n'est pas une union qui procure les véritables jouissances ;jamais ils ne pourront se poser ensemble sur une pensée sainte, sur une espérance céleste, sur un sentiment divin ; ils ne pourront étendre leurs regards au-delà de l'horizon étroit de la vie, car toutes leurs espérances seront sur cette terre. La tombe Creusera entre eux un abîme infranchissable. Chacun ira dans la maison de son éternité, et cette maison ne sera pas la même. Voilà le sort, voilà les douleurs et les angoisses que se réservent les femmes qui, par entraînement ou par une coupable mollesse, contractent des unions qui ne sont pas cimentées par la foi et les principes religieux.
Une femme ne doit faire le choix d'un époux que par des motifs religieux : car, en s'unissant à un époux incrédule, elle expose non-seulement son bonheur et son salut, . mais même celui de ses enfants qui sont ; l'objet de sa tendresse et de sa sollicitude. N'aurait-elle pas le souci que le repos de ses derniers moments ne soit troublé par l'affreuse crainte qu'en partant elle ne laisse sa famille sans garantie pour le salut de chacun, et que l'adieu qu'elle leur adresse ne soit un adieu éternel?... Oh ! qu'une femme se souvienne qu'il n'y a de véritables mésalliances qu'entre les sentiments de l'âme !
Ainsi une âme qui, ennoblie par la grâce divine, et enrichie de ses dons précieux , s'unit à une âme privée de la foi et des vertus dont elle est le principe, se mésallie, et cette mésalliance a le plus déplorable de tous les résultats. Je le sais, il est des circonstances où une femme peut entretenir raisonnablement l'espoir de ramener à Dieu , par l'influence de ses conseils et de ses exemples, un mari qu'elle aime et dont elle est aimée : mais c'est une exception rare, et très-rare, sur laquelle il ne faut pas compter avant un établissement.
Une femme qui, par sa faute ou par erreur, aurait fait un mauvais choix , est condamnée à un rude esclavage. Sa position est triste, j'en conviens, mais néanmoins, il ne faut pas se livrer au découragement et au désespoir. Il n'est point de position, si difficile qu'elle soit, dont ne puisse triompher une volonté ferme et courageuse ; et lorsqu'un malheur est inévitable, n'est-ce pas y échapper en partie que de l'accepter avec soumission, et d'en souffrir avec patience les tortures? De quelle valeur sera aux yeux de Dieu, et de quel prix pour l'éternité une vie de renoncement et de continuels sacrifices ! La foi seule peut lui donner la force dont elle a besoin pour supporter son malheur, et échapper aux dangers dont il peut devenir pour elle la source.
Le plus grand de tous, c'est qu'elle les laisse deviner en découvrant, soit par indiscrétion, soit par un manque de vigilance, la position où elle se trouve : la plus légère indiscrétion peut avoir pour elle les plus funestes résultats ; et si elle se sentait assez forte pour se suffire à elle-même dans ces tristes conjonctures ; si elle pouvait trouver dans son esprit assez de lumière pour se guider, et assez d'énergie dans sa volonté pour les suivre, je lui conseillerais de ne parler de ses douleurs et de ses angoisses qu'à Dieu, à Dieu seul :et si elle est obligée de demander à d'autres les lumières et la force qui lui manquent, qu'elle soit bien circonspecte dans le choix de ses confidents, et dans la révélation des secrets qu'elle doit leur faire. Il faut, pour recevoir des aveux de ce genre, un esprit sensé, ferme et prudent, un jugement solide, un caractère froid, calme et réfléchi, une tendresse impartiale et éclairée, une grande expérience de la vie et du cœur humain , une discrétion éprouvée et une volonté droite.
Ainsi, quand elle est bien dirigée, une femme peut encore tirer parti de la triste position où elle est réduite, et en diminuer les inconvénients et les peines. Il faut d'abord qu'elle essaie de triompher de sa répugnance et de son mépris; car ce sentiment n'est pas chrétien. Peut-être Dieu attend-il, pour couronner ses efforts, qu'elle ait donné un motif plus élevé, et qu'elle les ait placés sous l'influence de sa grâce. Qu'elle ne se permette aucun reproche, aucune plainte ; qu'elle souffre avec une patience inaltérable les paroles dures d'un mari que la colère aveugle, ou qu'emporte la passion. Qu'elle accorde, qu'elle offre même tous les sacrifices, excepté celui de sa conscience et des devoirs qu'elle prescrit : car sa condescendance en ce point serait criminelle, et, loin de produire l'effet qu'elle se proposerait, ne ferait que donner à son mari de nouvelles armes contre elle, en affaiblissant en lui le respect qu'elle lui a inspiré; qu'elle ne craigne pas, pour lui complaire, d'omettre certaines pratiques de piété qui ne sont pas nécessaires.
En un mot, qu'elle fasse tout pour éviter un éclat toujours fâcheux, et qui est souvent pour les autres une occasion de scandale. Une séparation ne peut être ordinairement conseillée que lorsque le salut ou l'honneur d'une femme ne sont plus en sûreté sous le toit qui abrite son mari : encore faut-il dans ce cas éviter, autant que possible, l'éclat; préférer une séparation volontaire, si les circonstances le permettent.
Mais que la femme qui a été forcée d'en venir là, et celle qui souffre encore en secret les tortures d'une union mal assortie, n'oublient pas que le monde ne doit plus rien être pour elles , qu'elles ne trouveraient que pièges dans ses plaisirs, et occasion de chute dans ses fêtes: que leur cœur vide et affamé se jetterait peut-être avec avidité sur le premier objet qui s'offrirait pour le remplir.
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
Re: Le Guide de la femme chrétienne - France - 19 eme siecle
6. Les femmes dans le malheur
Nous sommes faibles et changeants , pour nous ébranler
et nous séduire, un rien suffit. ( Imitation de J.-C. )
Il y a une classe de femmes coupables qui se croient malheureuses, parce qu'elles se prétendent incomprises. Leur imagination capricieuse est la source de leur ennui. L'éducation molle et factice que la plupart des femmes reçoivent dans la famille ou dans les écoles, les dispose à ce genre de maladie, qui a son principe dans une organisation affaiblie par des soins exagérés, et dans un caractère amolli par la satiété.
Les mères ne savent pas quels tourments elles réservent à leurs filles dans l'avenir, en amollissant la trempe naturelle de leur âme par une éducation trop délicate, par une tendresse sans vigueur, et en ôtant par l'inaction tout son jeu à ce puissant ressort de chaîne, qui en produit tous les mouvements : je veux dire la volonté. Ces femmes, rassasiées de la vie avant de l'avoir goûtée, sont un fléau pour la société, pour une famille et pour elles-mêmes. Livrées à un insupportable ennui, elles cherchent partout et toujours le plaisir qui peut les, distraire : et lorsqu'elles trouvent sur leurs pas quelque joie à cueillir, elles ne savent point la ménager, et lui préparer par une sage sobriété une longue durée. Il ne faut demander à ces femmes ni suite dans l'esprit, ni persévérance dans la volonté, ni énergie dans le caractère, ni dévouement dans le cœur : elles n'aiment et ne cherchent qu'elles-mêmes, et rapportent tout à elles :c'est elles qu'elles aiment dans chaque membre de leur famille.
Esclaves de la vanité, de l'amour-propre et du plaisir, elles veulent qu'on les flatte et les encense, qu'on les plaigne , qu'on les trouve malades et souffrantes, qu'on admire leur courage, et qu'on leur tienne compte, comme de sacrifices, de toutes les peines qu'elles se donnent pour plaire, et pour varier la monotonie de leurs longues journées. Dans cet égoïsme honteux, n'ayant d'autre but que leur plaisir ou leur intérêt, elles n'ont d'autres règles d'appréciation que pour ce qui peut les satisfaire : les personnes estimables sont celles qui leur plaisent, qui les flattent et qui les trompent ; qui ont une complaisance pour chacun de leurs caprices, un éloge pour chacune de leurs actions et de leurs paroles.
Des femmes de ce caractère ne sont point faites pour procurer le bonheur à un mari, à une famille, et encore moins pour devenir le modèle de leurs enfants; elles négligeront sans doute leur éducation, les soins du ménage , et d'ailleurs où trouveraient-elles le loisir, après le soin de la toilette, la lecture pernicieuse des romans et des feuilletons frivoles où elles vont puiser toute leur science, après les visites et les conversations où elles vont verser dans le cœur des femmes qui leur ressemblent, les douleurs qui leur sont communes ?
Le plus puissant remède à ce funeste mal, c'est la puissance de la grâce de Dieu et tout ce qu'elle donne de forces à la volonté humaine : est-il de maladie morale si profonde et si invétérée, à laquelle Dieu n'ait préparé un baume salutaire et efficace ! Mais il faut l'avouer, une des plus profondes et des plus difficiles à guérir est celle-là, puisqu'elle attaque la faculté même qui doit appliquer le remède, et qu'elle en paralyse l'action et la force. Tant que la volonté n'a pas perdu toute son énergie, les maux de l'âme peuvent être guéris facilement : mais le pire de tout les états est celui où l'homme semble avoir perdu la faculté de vouloir. Cependant il peut toujours la retrouver, car il n'est pas seul : tout lui devient facile, dès qu'il prie Dieu de le faire avec lui.
La prière, la méditation, l'usage fréquent des sacrements, tels sont les remèdes que la grâce fournit, et que conseillera un directeur éclairé. Une femme s'accoutumera d'abord à vouloir des choses faciles, pour arriver par degré aux grandes résolutions, aux sacrifices qui coûtent le plus ; faire ensuite les choses qui déplaisent, quand elles sont utiles, de préférence à celles qui, avec le même degré d'utilité, seraient agréables; habituer son esprit à considérer dans les choses moins le côté qui flatte que celui qui sert ; s'interdire tous les plaisirs, toutes les lectures, tous les spectacles qui pourraient déranger cette hygiène salutaire, en réveillant la sensibilité qu'elle a pour but d'affaiblir; veiller avec un soin particulier sur l'imagination, et la fermer à tous les objets qui pourraient la surexciter : tels sont les moyens naturels que la raison nous indique, et dont la pratique soutenue peut produire les résultats les plus heureux. Avec de la patience, du courage, des efforts et de la fermeté, la volonté reprendra peu à peu le rang qui lui appartient parmi les facultés de l'âme; la paix et le bonheur refleuriront dans la famille, et on sentira renaître et raviver cette union des cœurs sans laquelle on ne peut vivre.
7. La piété est nécessaire aux femmes
La piété est utile à tous. (St Paul.)
Si la piété est utile à tous, comme le dit saint Paul, elle est surtout nécessaire aux femmes; car c'est à elles qu'il appartient de rendre la vertu aimable en la parant des grâces de leur esprit et de leur cœur , et de faire goûter à l'homme, qui ne la connaît pas encore, les promesses qu'elle renferme pour la vie présente, et de les disposer à la récompense de la vie future.
Beaucoup de femmes entendent mal la piété : elles se renferment quelquefois dans une sorte d'égoïsme qu'elles ne soupçonnent même pas, elles veulent s'assurer le bonheur de l'autre vie, vers lequel elles aspirent, sans penser le faire partager à ceux qui les entourent, trompées par des maximes exagérées et fausses, elles vont même quelquefois jusqu'à se persuader qu'une femme pieuse ne doit pas être aimable; par là, elles rendent la piété insupportable à leur mari, à leurs enfants, et les poussent, sans s'en apercevoir, dans une opposition qui devient funeste au salut de leur âme. Elles prennent pour l'essence de la piété ce qui n'en est que l`accessoire et comme l'échafaudage; elles font consister dans une multitude de prières de pratiques extérieures dont elles surchargent leur vie, et auxquelles elles ne font nul scrupule de sacrifier les devoirs les plus importants de leur position. Elles se croient perdues si elles manquent à l'habitude qu'elles ont prise d'assister à la messe tous les jours ou de réciter telle prière , et se croient parfaitement innocentes des funestes résultats que peut avoir souvent leur défaut de vigilance ou leur absence de la maison : des plaintes, des murmures, des blasphèmes peut-être d'un époux ou d'un fils qui a osé faire remonter jusqu'à Dieu des accusations qui devaient s'arrêter à l'homme.
Le Seigneur nous avertit lui-même que ce n'est pas celui qui dit : Seigneur, Seigneur, qui entrera dans le royaume des cieux, mais celui qui fait la volonté de son Père céleste. Il nous dit ailleurs que l'accomplissement de ses commandements est le signe par lequel nous pourrons reconnaître si nous l'aimons; or, ce que Dieu veut avant tout, c'est que nous remplissions avec exactitude tous les devoirs de notre état. Nos obligations directes envers lui sont peu nombreuses, et peuvent se rapporter aux préceptes qu'il nous a donnés de l'aimer plus que tout le reste, et d'agir en tout pour sa gloire; mais les obligations envers nos frères et celles qui résultent de notre position, nous réclament à chaque instant de notre vie; c'est pour cela que plusieurs personnes trouvent plus commode de s'affranchir des dernières , sous le vain prétexte de vivre uniquement pour Dieu ; mais c'est mal interpréter sa volonté, ou plutôt c'est lui préférer la sienne propre, que de négliger les choses qu'il exige de nous pour faire celles qu'il ne nous demande pas. Une femme qui a choisi la vie du mariage doit en subir toutes les conséquences, les devoirs et les inconvénients ; elle se doit, non-seulement à Dieu, mais encore à son
mari, et il faut se résigner à partager sa vie entre Dieu et lui.
Veut-on dire par là qu'une mère de famille puisse et doive ôter à Dieu une partie de ses affections et de son cœur, qu'elle puisse se proposer dans ses actions une autre fin que celle de plaire à Dieu, et que Dieu consente à partager le domaine suprême qu'il a sur toutes les facultés de notre âme et sur toutes les actions que ces facultés produisent? Loin de nous une telle pensée. Dans quelque position que nous nous trouvions , nous devons tout à la gloire de Dieu, et n'avoir jamais d'autre but que celui de lui plaire. Il y a entre la vie d'une femme mariée et celle des vierges cette différence que, pour celles-ci le but et le moyen se confondent en quelque sorte, tandis que pour les autres les moyens sont parfaitement distincts du but, et ne peuvent lui être rapportés que par une intention de la Volonté.
Il faut donc que les femmes comprennent bien que la dévotion consiste dans le dévouement ou la consécration de toutes les facultés de l'âme et de tous les instants de la vie à Dieu, par son Fils Jésus-Christ : que la piété est un sentiment intérieur que la grâce dépose au fond de notre âme, qui devient , en nous le principe d'une vie nouvelle, qui anime et produit tous les mouvements de notre cœur et de notre volonté, et les dirige tous vers Dieu comme vers le but unique et suprême ; que prier c'est penser à Dieu, élever son esprit et son cœur vers lui, agir pour sa gloire, savoir renoncer, pour lui plaire et pour accomplir les devoirs qu'il nous impose, au plaisir que notre âme goûterait à s'entretenir avec lui pendant l'oraison ; mais prier quand il faut agir, être à l'église quand on doit être dans la maison, se tenir aux pieds de Jésus dans la contemplation comme Marie, quand on devrait, comme Marthe, porter sa sollicitude sur beaucoup de choses, ce n'est pas prier, c'est se prier soi-même, ce n'est pas plaire à Dieu et faire sa Volonté, mais c'est faire la sienne propre; être pieux, ce n'est pas toujours faire ce que les autres ne font pas et omettre ce qu'ils font, c'est surtout le faire autrement qu'eux, le faire pour Dieu, tandis qu'ils le font pour eux-mêmes.
Quelle est la femme que l'Esprit-Saint cite comme le modèle des autres, et dont il déclare la valeur inappréciable dans le livre des Proverbes ? Il ne présente pas une femme absorbée dans la contemplation et la prière, mais une femme active et vigilante, cherchant la laine et le lin pour occuper utilement ses mains, apportant de loin le pain nécessaire à la famille, se levant avant le jour pour distribuer à ses domestiques leur nourriture, fortifiant ses bras par le travail, ouvrant sa main à l'indigent, et ne mangeant pas son pain dans l'oisiveté.
Que les femmes n'oublient pas surtout qu'un des caractères les plus essentiels de la véritable dévotion est de nous rendre humbles aux yeux de Dieu, sévères pour nous-mêmes, patients et indulgents pour les autres. Saint Paul nous représente la piété en nous dépeignant la charité qui se confond avec elle : La charité est patiente, bienveillante, elle n'est point jalouse, elle n'agit point en vain, ne pense point le mal, ne se réjouit point de l'iniquité, mais se réjouit de la vérité; elle souffre tout, croit tout, espère tout, supporte tout; enfin la charité ne finira point. Que chaque femme étudie bien ces caractères et qu'elle compare attentivement ce qu'elle est à ce que l'Apôtre veut qu'elle soit.
Le choix d`une amie
Si vous faites dépendre votre paix de quelque personne, à cause de l'habitude de vivre avec elle et de la conformité de vos sentiments, vous serez dans l'inquiétude et le trouble. (Imitation de J.-C.)
Le cœur de la femme est un abîme d'amour. Il peut suffire aux affections les plus diverses par leur nature, et l'on ne sait souvent ce qu'on doit le plus admirer dans une femme, ou de son amour pour son mari, ou de sa tendresse pour ses enfants, ou de sa pieuse soumission envers ses parents, ou de son dévouement envers un frère, envers une sœur, ou de sa naïve confiance envers une amie, ou de sa charité compatissante
envers les malheureux. Son cœur sait à la fois et s'élever vers ce qui est plus haut que lui, pour l'admirer et le vénérer, et se pencher vers ce qui est près de lui pour l'aimer et le chérir, et s'incliner vers ce qui est plus bas pour l'appuyer et le soutenir. Elle a un sourire pour toutes les joies, une larme pour toutes les douleurs, une consolation pour toutes les misères, une excuse pour toutes les fautes, une prière pour toutes les infortunes, un encouragement pour toutes les espérances. Son cœur rend toujours un son sous la main qui le frappe, s'ouvre facilement aux aveux qui sollicitent sa confiance.
Par une suite du désordre que le péché a introduit dans notre nature, ce qu'il y a de plus élevé en nous, a toujours à côté de soi un poids qui tend à l'abaisser vers la terre et qui lui fait équilibre; car Dieu a résolu que l'homme doit acquérir par la lutte les qualités qui lui manquent, et conserver par elle celles qu'il possède déjà. Ainsi le bien qui est en son cœur devient pour lui la source de funestes illusions et de graves dangers, et l'on a vu plus d'une fois la vertu la plus solide et les plus nobles instincts disparaître dans les profondeurs des abîmes d'un cœur trop tendre et trop confiant. Femmes chrétiennes, il est essentiel de faire un bon choix parmi les personnes que vous voyez, les amies doivent être rares et bien choisies ; or, c'est une chose très délicate et très-difficile , car le cœur d'une femme vivra de ce qu'elle aime ; elle reçoit en influence ce qu'elle donne en confiance et en amitié. Aimer, pour elle, c'est obéir, c'est suivre avec docilité une direction ; on dit que l'esprit de la femme est dans son cœur, on pourrait presque dire de même de sa volonté.
Je vous plains , femmes du monde, si, comme beaucoup d'autres, l'esclavage du siècle vous a captivées de bonne heure; vous auriez alors perdu cette fraîcheur de l'âme qu'entretient une vie pieuse et modeste ; si au contraire, vous avez su rester à l'ombre dans la vallée , prenez garde que votre confiance de jeune femme, encore ignorante et docile, soit attaquée par mille artifices ingénieux que vous présenteront avec un art
merveilleux les femmes du monde ; elles tâcheront de vous flatter avec une indulgence trompeuse, et vous solliciteront avec tant de finesse et d'astuce, qu'il vous sera bien difficile de résister; elles prêteront à votre inexpérience et à votre timidité l'appui de leur longue expérience, non pour vous préserver des écueils qu'elles n'ont pas su éviter elles-mêmes, mais pour vous conduire au contraire dans les voies où elles se sont égarées elles-mêmes autrefois. Malheur à vous, si vous allez, dans votre naïve confiance leur demander comment vous devez vous y prendre pour éviter les pièges du monde; malheur à vous, si vous allez leur ouvrir votre cœur : ces femmes s'emparent avec une coupable avidité du cœur imprudent qui se laisse prendre à leurs artifices. Oh ! que de femmes se sont perdues dans le monde par une funeste direction ou de pernicieux conseils donnés par de prétendues amies.
Le moment le plus glissant pour une jeune femme, c'est celui de son entrée dans le monde. Prenez-y garde , femmes chrétiennes, votre piété est en danger d'échouer : après bien des résolutions, une aveugle sympathie, une certaine similitude de goûts et de petites passions se rencontrent dans une amie indulgente qui tolère vos faiblesses, excuse vos fautes; or, la similitude des goûts, qui est un motif de rapprochement entre deux amies vertueuses, devrait au contraire éloigner les unes des autres, celles qui ne peuvent trouver un point de contact que dans un vice ou une faiblesse de cœur.
Une amie doit avoir une piété sincère, éclairée, et du dévouement. Si donc votre position vous rend une amie nécessaire, choisissez-la telle ; mettez, pour faire ce choix, tout le temps et tous les soins que, réclame une affaire aussi grave, dont les résultats peuvent être aussi décisifs pour votre bonheur, et qui demande les plus sérieuses réflexions. Une femme mondaine justifie les fautes qu'on lui confie; une femme chrétienne sait, tout en les blâmant, trouver assez d'indulgence et de charité dans son cœur pour relever la coupable à ses propres yeux, et lui rendre le sentiment de sa dignité; elle sait surtout prévenir de nouvelles fautes par ses conseils, et rendre moins pénibles des aveux toujours humiliants pour l'amour propre, par la bonté avec laquelle elle les accueille.
Cette amie doit avoir assez d'expérience du monde pour pouvoir en distinguer et en faire connaître les pièges et les dangers; elle doit avoir assez d'expérience de la vie, pour en apprécier les nécessités et les convenances, pour distinguer ce qu'il y a d'évitable et de dangereux, ou de faux dans une position, et pour suggérer à celle qui s'y trouve les moyens d'en sortir avec succès. Les femmes dont le cœur, après avoir été pendant quelque temps esclave du monde, est revenu à une vie meilleure, à des sentiments plus, élevés, peuvent être d'une grande ressource pour celles qui, plus jeunes, se voient exposées aux mêmes dangers.
Cette amie doit être franche et courageuse, car il faut du courage pour avertir une jeune femme d'un danger qu'elle n'aperçoit pas et de ses résultats funestes; elle doit être discrète et prudente; car un secret confié doit trouver sa garantie dans la discrétion de la personne qui le reçoit. Une telle amitié peut être pour une jeune femme, dans le monde, une source de bénédictions et de bonheur; elle peut la prémunir contre bien des dangers, lui épargner bien des fautes; elle peut adoucir en son cœur l'amertume d'une douleur profonde; donner un appui à ses espérances défaillantes, et les redresser vers le ciel ; prêter un soutien à sa vertu chancelante; donner à ses pensées une direction sainte et élevée; maintenir les sentiments de son cœur dans les limites qu'il ne doit jamais franchir, et donner à sa vie tout entière ce baume salutaire qui préserve de la contagion. Un jour, peut-être le dernier, la jeune femme bénira la main amie qui a cherché à la diriger dans le sentier qui mène à l'éternelle béatitude.
Nous sommes faibles et changeants , pour nous ébranler
et nous séduire, un rien suffit. ( Imitation de J.-C. )
Il y a une classe de femmes coupables qui se croient malheureuses, parce qu'elles se prétendent incomprises. Leur imagination capricieuse est la source de leur ennui. L'éducation molle et factice que la plupart des femmes reçoivent dans la famille ou dans les écoles, les dispose à ce genre de maladie, qui a son principe dans une organisation affaiblie par des soins exagérés, et dans un caractère amolli par la satiété.
Les mères ne savent pas quels tourments elles réservent à leurs filles dans l'avenir, en amollissant la trempe naturelle de leur âme par une éducation trop délicate, par une tendresse sans vigueur, et en ôtant par l'inaction tout son jeu à ce puissant ressort de chaîne, qui en produit tous les mouvements : je veux dire la volonté. Ces femmes, rassasiées de la vie avant de l'avoir goûtée, sont un fléau pour la société, pour une famille et pour elles-mêmes. Livrées à un insupportable ennui, elles cherchent partout et toujours le plaisir qui peut les, distraire : et lorsqu'elles trouvent sur leurs pas quelque joie à cueillir, elles ne savent point la ménager, et lui préparer par une sage sobriété une longue durée. Il ne faut demander à ces femmes ni suite dans l'esprit, ni persévérance dans la volonté, ni énergie dans le caractère, ni dévouement dans le cœur : elles n'aiment et ne cherchent qu'elles-mêmes, et rapportent tout à elles :c'est elles qu'elles aiment dans chaque membre de leur famille.
Esclaves de la vanité, de l'amour-propre et du plaisir, elles veulent qu'on les flatte et les encense, qu'on les plaigne , qu'on les trouve malades et souffrantes, qu'on admire leur courage, et qu'on leur tienne compte, comme de sacrifices, de toutes les peines qu'elles se donnent pour plaire, et pour varier la monotonie de leurs longues journées. Dans cet égoïsme honteux, n'ayant d'autre but que leur plaisir ou leur intérêt, elles n'ont d'autres règles d'appréciation que pour ce qui peut les satisfaire : les personnes estimables sont celles qui leur plaisent, qui les flattent et qui les trompent ; qui ont une complaisance pour chacun de leurs caprices, un éloge pour chacune de leurs actions et de leurs paroles.
Des femmes de ce caractère ne sont point faites pour procurer le bonheur à un mari, à une famille, et encore moins pour devenir le modèle de leurs enfants; elles négligeront sans doute leur éducation, les soins du ménage , et d'ailleurs où trouveraient-elles le loisir, après le soin de la toilette, la lecture pernicieuse des romans et des feuilletons frivoles où elles vont puiser toute leur science, après les visites et les conversations où elles vont verser dans le cœur des femmes qui leur ressemblent, les douleurs qui leur sont communes ?
Le plus puissant remède à ce funeste mal, c'est la puissance de la grâce de Dieu et tout ce qu'elle donne de forces à la volonté humaine : est-il de maladie morale si profonde et si invétérée, à laquelle Dieu n'ait préparé un baume salutaire et efficace ! Mais il faut l'avouer, une des plus profondes et des plus difficiles à guérir est celle-là, puisqu'elle attaque la faculté même qui doit appliquer le remède, et qu'elle en paralyse l'action et la force. Tant que la volonté n'a pas perdu toute son énergie, les maux de l'âme peuvent être guéris facilement : mais le pire de tout les états est celui où l'homme semble avoir perdu la faculté de vouloir. Cependant il peut toujours la retrouver, car il n'est pas seul : tout lui devient facile, dès qu'il prie Dieu de le faire avec lui.
La prière, la méditation, l'usage fréquent des sacrements, tels sont les remèdes que la grâce fournit, et que conseillera un directeur éclairé. Une femme s'accoutumera d'abord à vouloir des choses faciles, pour arriver par degré aux grandes résolutions, aux sacrifices qui coûtent le plus ; faire ensuite les choses qui déplaisent, quand elles sont utiles, de préférence à celles qui, avec le même degré d'utilité, seraient agréables; habituer son esprit à considérer dans les choses moins le côté qui flatte que celui qui sert ; s'interdire tous les plaisirs, toutes les lectures, tous les spectacles qui pourraient déranger cette hygiène salutaire, en réveillant la sensibilité qu'elle a pour but d'affaiblir; veiller avec un soin particulier sur l'imagination, et la fermer à tous les objets qui pourraient la surexciter : tels sont les moyens naturels que la raison nous indique, et dont la pratique soutenue peut produire les résultats les plus heureux. Avec de la patience, du courage, des efforts et de la fermeté, la volonté reprendra peu à peu le rang qui lui appartient parmi les facultés de l'âme; la paix et le bonheur refleuriront dans la famille, et on sentira renaître et raviver cette union des cœurs sans laquelle on ne peut vivre.
7. La piété est nécessaire aux femmes
La piété est utile à tous. (St Paul.)
Si la piété est utile à tous, comme le dit saint Paul, elle est surtout nécessaire aux femmes; car c'est à elles qu'il appartient de rendre la vertu aimable en la parant des grâces de leur esprit et de leur cœur , et de faire goûter à l'homme, qui ne la connaît pas encore, les promesses qu'elle renferme pour la vie présente, et de les disposer à la récompense de la vie future.
Beaucoup de femmes entendent mal la piété : elles se renferment quelquefois dans une sorte d'égoïsme qu'elles ne soupçonnent même pas, elles veulent s'assurer le bonheur de l'autre vie, vers lequel elles aspirent, sans penser le faire partager à ceux qui les entourent, trompées par des maximes exagérées et fausses, elles vont même quelquefois jusqu'à se persuader qu'une femme pieuse ne doit pas être aimable; par là, elles rendent la piété insupportable à leur mari, à leurs enfants, et les poussent, sans s'en apercevoir, dans une opposition qui devient funeste au salut de leur âme. Elles prennent pour l'essence de la piété ce qui n'en est que l`accessoire et comme l'échafaudage; elles font consister dans une multitude de prières de pratiques extérieures dont elles surchargent leur vie, et auxquelles elles ne font nul scrupule de sacrifier les devoirs les plus importants de leur position. Elles se croient perdues si elles manquent à l'habitude qu'elles ont prise d'assister à la messe tous les jours ou de réciter telle prière , et se croient parfaitement innocentes des funestes résultats que peut avoir souvent leur défaut de vigilance ou leur absence de la maison : des plaintes, des murmures, des blasphèmes peut-être d'un époux ou d'un fils qui a osé faire remonter jusqu'à Dieu des accusations qui devaient s'arrêter à l'homme.
Le Seigneur nous avertit lui-même que ce n'est pas celui qui dit : Seigneur, Seigneur, qui entrera dans le royaume des cieux, mais celui qui fait la volonté de son Père céleste. Il nous dit ailleurs que l'accomplissement de ses commandements est le signe par lequel nous pourrons reconnaître si nous l'aimons; or, ce que Dieu veut avant tout, c'est que nous remplissions avec exactitude tous les devoirs de notre état. Nos obligations directes envers lui sont peu nombreuses, et peuvent se rapporter aux préceptes qu'il nous a donnés de l'aimer plus que tout le reste, et d'agir en tout pour sa gloire; mais les obligations envers nos frères et celles qui résultent de notre position, nous réclament à chaque instant de notre vie; c'est pour cela que plusieurs personnes trouvent plus commode de s'affranchir des dernières , sous le vain prétexte de vivre uniquement pour Dieu ; mais c'est mal interpréter sa volonté, ou plutôt c'est lui préférer la sienne propre, que de négliger les choses qu'il exige de nous pour faire celles qu'il ne nous demande pas. Une femme qui a choisi la vie du mariage doit en subir toutes les conséquences, les devoirs et les inconvénients ; elle se doit, non-seulement à Dieu, mais encore à son
mari, et il faut se résigner à partager sa vie entre Dieu et lui.
Veut-on dire par là qu'une mère de famille puisse et doive ôter à Dieu une partie de ses affections et de son cœur, qu'elle puisse se proposer dans ses actions une autre fin que celle de plaire à Dieu, et que Dieu consente à partager le domaine suprême qu'il a sur toutes les facultés de notre âme et sur toutes les actions que ces facultés produisent? Loin de nous une telle pensée. Dans quelque position que nous nous trouvions , nous devons tout à la gloire de Dieu, et n'avoir jamais d'autre but que celui de lui plaire. Il y a entre la vie d'une femme mariée et celle des vierges cette différence que, pour celles-ci le but et le moyen se confondent en quelque sorte, tandis que pour les autres les moyens sont parfaitement distincts du but, et ne peuvent lui être rapportés que par une intention de la Volonté.
Il faut donc que les femmes comprennent bien que la dévotion consiste dans le dévouement ou la consécration de toutes les facultés de l'âme et de tous les instants de la vie à Dieu, par son Fils Jésus-Christ : que la piété est un sentiment intérieur que la grâce dépose au fond de notre âme, qui devient , en nous le principe d'une vie nouvelle, qui anime et produit tous les mouvements de notre cœur et de notre volonté, et les dirige tous vers Dieu comme vers le but unique et suprême ; que prier c'est penser à Dieu, élever son esprit et son cœur vers lui, agir pour sa gloire, savoir renoncer, pour lui plaire et pour accomplir les devoirs qu'il nous impose, au plaisir que notre âme goûterait à s'entretenir avec lui pendant l'oraison ; mais prier quand il faut agir, être à l'église quand on doit être dans la maison, se tenir aux pieds de Jésus dans la contemplation comme Marie, quand on devrait, comme Marthe, porter sa sollicitude sur beaucoup de choses, ce n'est pas prier, c'est se prier soi-même, ce n'est pas plaire à Dieu et faire sa Volonté, mais c'est faire la sienne propre; être pieux, ce n'est pas toujours faire ce que les autres ne font pas et omettre ce qu'ils font, c'est surtout le faire autrement qu'eux, le faire pour Dieu, tandis qu'ils le font pour eux-mêmes.
Quelle est la femme que l'Esprit-Saint cite comme le modèle des autres, et dont il déclare la valeur inappréciable dans le livre des Proverbes ? Il ne présente pas une femme absorbée dans la contemplation et la prière, mais une femme active et vigilante, cherchant la laine et le lin pour occuper utilement ses mains, apportant de loin le pain nécessaire à la famille, se levant avant le jour pour distribuer à ses domestiques leur nourriture, fortifiant ses bras par le travail, ouvrant sa main à l'indigent, et ne mangeant pas son pain dans l'oisiveté.
Que les femmes n'oublient pas surtout qu'un des caractères les plus essentiels de la véritable dévotion est de nous rendre humbles aux yeux de Dieu, sévères pour nous-mêmes, patients et indulgents pour les autres. Saint Paul nous représente la piété en nous dépeignant la charité qui se confond avec elle : La charité est patiente, bienveillante, elle n'est point jalouse, elle n'agit point en vain, ne pense point le mal, ne se réjouit point de l'iniquité, mais se réjouit de la vérité; elle souffre tout, croit tout, espère tout, supporte tout; enfin la charité ne finira point. Que chaque femme étudie bien ces caractères et qu'elle compare attentivement ce qu'elle est à ce que l'Apôtre veut qu'elle soit.
Le choix d`une amie
Si vous faites dépendre votre paix de quelque personne, à cause de l'habitude de vivre avec elle et de la conformité de vos sentiments, vous serez dans l'inquiétude et le trouble. (Imitation de J.-C.)
Le cœur de la femme est un abîme d'amour. Il peut suffire aux affections les plus diverses par leur nature, et l'on ne sait souvent ce qu'on doit le plus admirer dans une femme, ou de son amour pour son mari, ou de sa tendresse pour ses enfants, ou de sa pieuse soumission envers ses parents, ou de son dévouement envers un frère, envers une sœur, ou de sa naïve confiance envers une amie, ou de sa charité compatissante
envers les malheureux. Son cœur sait à la fois et s'élever vers ce qui est plus haut que lui, pour l'admirer et le vénérer, et se pencher vers ce qui est près de lui pour l'aimer et le chérir, et s'incliner vers ce qui est plus bas pour l'appuyer et le soutenir. Elle a un sourire pour toutes les joies, une larme pour toutes les douleurs, une consolation pour toutes les misères, une excuse pour toutes les fautes, une prière pour toutes les infortunes, un encouragement pour toutes les espérances. Son cœur rend toujours un son sous la main qui le frappe, s'ouvre facilement aux aveux qui sollicitent sa confiance.
Par une suite du désordre que le péché a introduit dans notre nature, ce qu'il y a de plus élevé en nous, a toujours à côté de soi un poids qui tend à l'abaisser vers la terre et qui lui fait équilibre; car Dieu a résolu que l'homme doit acquérir par la lutte les qualités qui lui manquent, et conserver par elle celles qu'il possède déjà. Ainsi le bien qui est en son cœur devient pour lui la source de funestes illusions et de graves dangers, et l'on a vu plus d'une fois la vertu la plus solide et les plus nobles instincts disparaître dans les profondeurs des abîmes d'un cœur trop tendre et trop confiant. Femmes chrétiennes, il est essentiel de faire un bon choix parmi les personnes que vous voyez, les amies doivent être rares et bien choisies ; or, c'est une chose très délicate et très-difficile , car le cœur d'une femme vivra de ce qu'elle aime ; elle reçoit en influence ce qu'elle donne en confiance et en amitié. Aimer, pour elle, c'est obéir, c'est suivre avec docilité une direction ; on dit que l'esprit de la femme est dans son cœur, on pourrait presque dire de même de sa volonté.
Je vous plains , femmes du monde, si, comme beaucoup d'autres, l'esclavage du siècle vous a captivées de bonne heure; vous auriez alors perdu cette fraîcheur de l'âme qu'entretient une vie pieuse et modeste ; si au contraire, vous avez su rester à l'ombre dans la vallée , prenez garde que votre confiance de jeune femme, encore ignorante et docile, soit attaquée par mille artifices ingénieux que vous présenteront avec un art
merveilleux les femmes du monde ; elles tâcheront de vous flatter avec une indulgence trompeuse, et vous solliciteront avec tant de finesse et d'astuce, qu'il vous sera bien difficile de résister; elles prêteront à votre inexpérience et à votre timidité l'appui de leur longue expérience, non pour vous préserver des écueils qu'elles n'ont pas su éviter elles-mêmes, mais pour vous conduire au contraire dans les voies où elles se sont égarées elles-mêmes autrefois. Malheur à vous, si vous allez, dans votre naïve confiance leur demander comment vous devez vous y prendre pour éviter les pièges du monde; malheur à vous, si vous allez leur ouvrir votre cœur : ces femmes s'emparent avec une coupable avidité du cœur imprudent qui se laisse prendre à leurs artifices. Oh ! que de femmes se sont perdues dans le monde par une funeste direction ou de pernicieux conseils donnés par de prétendues amies.
Le moment le plus glissant pour une jeune femme, c'est celui de son entrée dans le monde. Prenez-y garde , femmes chrétiennes, votre piété est en danger d'échouer : après bien des résolutions, une aveugle sympathie, une certaine similitude de goûts et de petites passions se rencontrent dans une amie indulgente qui tolère vos faiblesses, excuse vos fautes; or, la similitude des goûts, qui est un motif de rapprochement entre deux amies vertueuses, devrait au contraire éloigner les unes des autres, celles qui ne peuvent trouver un point de contact que dans un vice ou une faiblesse de cœur.
Une amie doit avoir une piété sincère, éclairée, et du dévouement. Si donc votre position vous rend une amie nécessaire, choisissez-la telle ; mettez, pour faire ce choix, tout le temps et tous les soins que, réclame une affaire aussi grave, dont les résultats peuvent être aussi décisifs pour votre bonheur, et qui demande les plus sérieuses réflexions. Une femme mondaine justifie les fautes qu'on lui confie; une femme chrétienne sait, tout en les blâmant, trouver assez d'indulgence et de charité dans son cœur pour relever la coupable à ses propres yeux, et lui rendre le sentiment de sa dignité; elle sait surtout prévenir de nouvelles fautes par ses conseils, et rendre moins pénibles des aveux toujours humiliants pour l'amour propre, par la bonté avec laquelle elle les accueille.
Cette amie doit avoir assez d'expérience du monde pour pouvoir en distinguer et en faire connaître les pièges et les dangers; elle doit avoir assez d'expérience de la vie, pour en apprécier les nécessités et les convenances, pour distinguer ce qu'il y a d'évitable et de dangereux, ou de faux dans une position, et pour suggérer à celle qui s'y trouve les moyens d'en sortir avec succès. Les femmes dont le cœur, après avoir été pendant quelque temps esclave du monde, est revenu à une vie meilleure, à des sentiments plus, élevés, peuvent être d'une grande ressource pour celles qui, plus jeunes, se voient exposées aux mêmes dangers.
Cette amie doit être franche et courageuse, car il faut du courage pour avertir une jeune femme d'un danger qu'elle n'aperçoit pas et de ses résultats funestes; elle doit être discrète et prudente; car un secret confié doit trouver sa garantie dans la discrétion de la personne qui le reçoit. Une telle amitié peut être pour une jeune femme, dans le monde, une source de bénédictions et de bonheur; elle peut la prémunir contre bien des dangers, lui épargner bien des fautes; elle peut adoucir en son cœur l'amertume d'une douleur profonde; donner un appui à ses espérances défaillantes, et les redresser vers le ciel ; prêter un soutien à sa vertu chancelante; donner à ses pensées une direction sainte et élevée; maintenir les sentiments de son cœur dans les limites qu'il ne doit jamais franchir, et donner à sa vie tout entière ce baume salutaire qui préserve de la contagion. Un jour, peut-être le dernier, la jeune femme bénira la main amie qui a cherché à la diriger dans le sentier qui mène à l'éternelle béatitude.
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
Re: Le Guide de la femme chrétienne - France - 19 eme siecle
Mission d`une Mère Chrétienne
Les femmes sont les racines de l'arbre social, le fondement de l'édifice des siècles de la grâce. (L'abbé Combalot, Conférence)
L`éducation «moderne» approuvée par les gens du siècle, n'a pas d'autre but que cette perfection physique, cet esprit brillant que les mondains veulent trouver dans les femmes qui font partie d'un cercle. C'est ainsi que le siècle où nous vivons, et que vous devez traverser, jeunes femmes , est inondé d'idées fausses, de systèmes d'erreurs, de préjugés antichrétiens. La jeune fille naît violemment penchée vers les choses sensibles, et les deux puissances qui prédominent originellement en elle sont l'imagination et la sensibilité purement physique; si donc, à l'aide des secours réparateurs de la grâce et des sacrements, elle n'est affranchie de bonne heure de la tyrannie des choses sensibles, au lieu de porter au sein des familles des éléments de la vie surnaturelle, elle y ressuscitera le paganisme des sensations et l'idolâtrie de la matière.
Ainsi, mères chrétiennes, si l'éducation que vous donnez à vos filles ne pénètre leur âme de cette énergie de foi, de cette sève divine de la grâce, seules capables d'éteindre le sensualisme de l'âme et des sens , vous n'en ferez que des idoles de chair pour les coupables adorations des enfants du siècle. La femme chrétienne, nous l'avons déjà dit, pour atteindre sa vocation et remplir sa destinée réparatrice sur le monde, doit avoir une foi vive, éclairée, forte, pratique et inébranlable ; c'est par ce moyen qu'elle se préservera des erreurs de l'esprit du monde dont le contact est inévitable. Cette foi éclairée lui donnera toujours une élévation de pensées, une rectitude de jugement, une force de caractère, une énergie morale que tant de femmes, qui se croyaient fortes, ont vu se briser l'édifice de leur fragile vertu.
Soyez bien persuadées, mères chrétiennes, que l'éducation de vos filles deviendra facile si elles sont éclairées au flambeau de la foi, parce que cette clarté sainte leur fera découvrir de bonne heure, ces maximes païennes trop répandues de nos jours sur le bonheur des richesses , sur le privilège de la naissance, sur les droits exagérés des distinctions de rang et de position sociale. Leur plus glorieux titre n'est-il pas celui d'être enfants de Dieu ? Si la foi donne aux jeunes filles la lumière de la vérité, les autres vertus enrichissent leur âme des plus précieux trésors.
La mission de la femme chrétienne, depuis l'accomplissement du dogme de la maternité divine, est une mission de salut et de vie pour la société humaine, et Marie a relevé ses prérogatives; aussi la civilisation européenne s'est opérée sous l'empire des bénédictions et des espérances dont elle est devenue le foyer. Mais remarquez, mères de famille, que toute la civilisation des femmes est, pour ainsi parler, renfermée dans le cercle de la famille. C'est du fond du sanctuaire domestique qu'elle répand sur le monde ces germes de vie qui purifient et ces bienfaits qui sauvent ; ainsi la vie d'une femme, d'une épouse, d'une mère, d'une veuve, vraiment chrétiennes, se compose de devoirs obscurs et presque inaperçus; donc la vie sociale de la femme catholique doit être, comme nous l'avons répété si souvent, une vie de retraite, de silence , de travail , de renoncement et de patience.
Sa royauté véritable est celle de la modestie , des sollicitudes de la famille et de la vertu. Or, pour se condamner à une vie ignorée et laborieuse, pour s'immoler à chaque heure aux volontés d'un mari, dont le caractère n'a pas toujours reçu cette souplesse malléable que la grâce de Jésus-Christ peut lui donner, il faut être prodigieusement dépouillée de soi-même. Point donc de vertu solide dans le cœur d'une femme sans une abnégation profonde du soi humain ; mais point d'abnégation sans humilité. La femme vraiment humble se plaît dans le silence de sa maison ; elle trouve de grandes douceurs dans sa retraite. La femme orgueilleuse a horreur du silence et de la vie cachée; il lui faut un théâtre où elle puisse mendier des applaudissements ; elle est enivrée de sa frêle beauté, de la passion des louanges, de folie, de vanité et de luxe.
La femme chrétienne doit aussi, comme nous l'avons dit ailleurs, se familiariser avec le saint exercice de la méditation et de la prière; vous le savez déjà, vous, mères de famille, la vie des femmes est une vie d'obéissance et de renoncement, les devoirs de leur vocation sont des devoirs difficiles ; il faut donc qu'elles cherchent dans les réflexions spirituelles et divines une force que la nature et la raison seules ne lui donneront jamais. Pour refléter sur le sanctuaire de la famille les vertus qui font sa gloire, elle doit aspirer l'air du ciel, et n'attendre que d'en haut le courage dont elle a besoin.
Oui, mères chrétiennes, vous devez à vos enfants, à votre époux, à vos serviteurs et à tous ceux qui vous entourent, le touchant spectacle d'une vie riche de patience, de longanimité, de sagesse et de résignation. La prière est souvent pour la femme un supplément de ses facultés; elle la fait atteindre et surpasser quelquefois le niveau intellectuel de l'homme.
La prière a pour une femme sincèrement pieuse des inspirations qui déconcerteront toujours la raison la plus confiante en elle-même, quand elle n'a pour guide que la couleur incertaine de ses opinions et de ses doutes. La femme de prière est l'ange protecteur de sa famille, la consolatrice de ceux qui souffrent autour d'elle, le conseil de ceux que le monde aveugle et que les passions égarent, et il dépend d'une mère de faire de sa maison une image du ciel, et d'y faire pénétrer et goûter l'aliment de la prière.
Mères chrétiennes, vous savez que le cœur de la femme ne respire que l'amour, et quand la charité de l'Esprit-Saint n'y a pas établi son empire, elle se fait une autre idole , et cherche à réaliser au fond de son âme une ombre éphémère de cet amour sans terme et sans fin, qui fait le fond de sa vie. Élevez donc vos filles de manière à ce qu'elles puissent goûter de bonne heure les douceurs et les charmes de la prière, de l'Eucharistie, de la passion du Sauveur, le culte de la Reine des anges et des saints : toutes ces dévotions renferment les éléments de l'amour.
Si on a le cœur bien placé, on subira inévitablement sous son action une transformation miraculeuse, et l'âme arrosée par la grâce, aimera Dieu et le prochain de toute l'étendue de ses puissances affectives. Nous avons vu dans les instructions renfermées dans ce recueil, que la foi, l'humilité, la modestie, l'esprit de prière et de charité, sont les principes d'une éducation forte et réparatrice. Mais quelles théories président à l'éducation de l'âme dans les pensionnats séculiers et souvent même dans les familles ? Les jeunes personnes sont élevées dans une espèce d'idolâtrie presque exclusive d'elles-mêmes : on les façonne pour plaire au monde, on les dresse pour les produire dans les cercles, pour paraître au sein des sociétés et des fêtes avec tout l'éclat des dangereux attraits d'une nature déchue. Les arts de l'imagination, étudiés à l'aide de leurs productions les plus sensuelles, ont envahi toute cette période de la vie de la jeune fille, qui doit être employée à fonder dans son âme l'édifice de son salut et le règne des solides Vertus.
Mères de famille, gémissez-en : un grand nombre de maisons d'éducation sont aujourd'hui des écoles préparatoires pour une génération de jeunes filles qui semblent destinées à jouer un rôle d'orgueil et de volupté sur le théâtre du monde. On les berce dans les illusions les plus dangereuses, parce qu'on leur promet un avenir brillant de jouissances et riche de plaisirs, alors même qu'il faudrait les préparer à comprendre des obligations pleines de sacrifices et de renoncement. Ouvrez donc les yeux, mères chrétiennes, que les tyrannies capricieuses de la mode aveuglent; quel but vous proposez-vous en voulant leur donner tous les agréments du monde ? Espérez-vous que vos filles négligeront leurs devoirs indispensables pour ces talents dont le but est la flatterie dans les cercles qui les attendent ?
Le beau modèle que vous devez donner à vos filles, mères chrétiennes, c'est la vie de la bienheureuse Vierge , chef-d’œuvre de Dieu : elle a possédé tous les dons de la nature dans un si parfait degré, que saint Denis, après avoir contemplé sur la terre les traits mortels de Marie, s'écriait qu'il aurait pris la Mère du Fils de Dieu pour une
divinité, si la foi ne lui avait appris qu'elle n'était qu'une créature.
L'éducation de l'âme de la jeune fille doit être un reflet des vertus de la très-pure Vierge, et ce n'est qu'à ce prix que nous verrons disparaître la plaie immense de l'éducation égoïste qu'elle reçoit aujourd'hui. La bienheureuse Vierge s'était préparée à la maternité divine par toutes les vertus chrétiennes et morales qui devraient , aujourd'hui, servir de modèle aux jeunes personnes qui terminent leur éducation. Marie les a pratiquées dans le degré le plus sublime; la jeune fille doit se souvenir que ces vertus résument sa vie de vierge et d'épouse, de mère et de veuve, et qu'elles seules enfin peuvent la rendre semblable à la bienheureuse Marie, modèle parfait, type glorieux de la femme chrétienne.
La Mère de Dieu, depuis le premier moment de son existence jusqu'à son glorieux trépas, a vécu de recueillement et de prière, de foi et d'amour, et c'est par cette vie toute céleste qu'elle entra si profondément dans le mystère de la rédemption et du salut de l'humanité. L'âme de la glorieuse Marie a été le foyer le plus ardent et le plus fécond de la charité et de la miséricorde. L'amour forcé de la choisir pour sa mère, et sa bonté, sa charité et sa miséricorde s'épanchent sur les enfants de l'Église avec une telle abondance, que, selon l'opinion commune des théologiens, toutes les bénédictions et toutes les grâces qui sont descendues sur le monde, depuis l'accomplissement du mystère de la rédemption, se sont reposées dans son cœur maternel, pour s'y enrichir, si j'ose le dire, de toute la tendresse de son amour pour les hommes. Marie a rempli le ciel et la terre des flammes du plus pur amour, et son cœur immaculé est le foyer mystérieux qui échauffe, qui développe et qui mûrit tous les fruits de la grâce.
Ainsi la sainte Vierge n'est pas seulement reine de tous les dons de la nature; elle possède encore tous les trésors de la grâce ; elle en a reçu les communications les plus abondantes; la mère chrétienne s'est associée à la mission de l'auguste Marie, puisque l'enfant qu'elle met au monde doit recevoir d'elle cette vie de l'âme dont la grâce de Jésus-Christ est le foyer divin ; elle manquerait donc à sa vocation sainte; elle trahirait les desseins de la Providence, si son cœur n'était rempli de la grâce qui régénère, et sans laquelle les enfants qu'elle a mis au monde n'échapperont jamais à la barbarie de l'égoïsme.
Ne perdez donc jamais de vue, mères chrétiennes, que vos enfants doivent puiser dans votre cœur la vie supérieure des dons surnaturels, comme ils ont puisé dans votre sein la vie de la nature. C'est à l'ombre de vos bons exemples, c'est sous l'empire de vos excellentes leçons que votre fille trouvera des habitudes morales et pratiques; elle doit croître sous l'influence des doctrines catholiques, que vous êtes chargée de lui faire
connaître, et qu'elle ne goûte jamais mieux que par ce premier apostolat de zèle et de tendresse.
Demandez donc à Dieu, mères chrétiennes, demandez-lui cette grâce de l'Esprit-Saint, Cette onction de parole, cette douceur d'enseignement, si nécessaires pour arriver au but religieux de la sainte mission à laquelle Dieu vous a appelées, et demandez-lui enfin ses bénédictions saintes pour vous éclairer, vous encourager et vous sauver.
Les femmes sont les racines de l'arbre social, le fondement de l'édifice des siècles de la grâce. (L'abbé Combalot, Conférence)
L`éducation «moderne» approuvée par les gens du siècle, n'a pas d'autre but que cette perfection physique, cet esprit brillant que les mondains veulent trouver dans les femmes qui font partie d'un cercle. C'est ainsi que le siècle où nous vivons, et que vous devez traverser, jeunes femmes , est inondé d'idées fausses, de systèmes d'erreurs, de préjugés antichrétiens. La jeune fille naît violemment penchée vers les choses sensibles, et les deux puissances qui prédominent originellement en elle sont l'imagination et la sensibilité purement physique; si donc, à l'aide des secours réparateurs de la grâce et des sacrements, elle n'est affranchie de bonne heure de la tyrannie des choses sensibles, au lieu de porter au sein des familles des éléments de la vie surnaturelle, elle y ressuscitera le paganisme des sensations et l'idolâtrie de la matière.
Ainsi, mères chrétiennes, si l'éducation que vous donnez à vos filles ne pénètre leur âme de cette énergie de foi, de cette sève divine de la grâce, seules capables d'éteindre le sensualisme de l'âme et des sens , vous n'en ferez que des idoles de chair pour les coupables adorations des enfants du siècle. La femme chrétienne, nous l'avons déjà dit, pour atteindre sa vocation et remplir sa destinée réparatrice sur le monde, doit avoir une foi vive, éclairée, forte, pratique et inébranlable ; c'est par ce moyen qu'elle se préservera des erreurs de l'esprit du monde dont le contact est inévitable. Cette foi éclairée lui donnera toujours une élévation de pensées, une rectitude de jugement, une force de caractère, une énergie morale que tant de femmes, qui se croyaient fortes, ont vu se briser l'édifice de leur fragile vertu.
Soyez bien persuadées, mères chrétiennes, que l'éducation de vos filles deviendra facile si elles sont éclairées au flambeau de la foi, parce que cette clarté sainte leur fera découvrir de bonne heure, ces maximes païennes trop répandues de nos jours sur le bonheur des richesses , sur le privilège de la naissance, sur les droits exagérés des distinctions de rang et de position sociale. Leur plus glorieux titre n'est-il pas celui d'être enfants de Dieu ? Si la foi donne aux jeunes filles la lumière de la vérité, les autres vertus enrichissent leur âme des plus précieux trésors.
La mission de la femme chrétienne, depuis l'accomplissement du dogme de la maternité divine, est une mission de salut et de vie pour la société humaine, et Marie a relevé ses prérogatives; aussi la civilisation européenne s'est opérée sous l'empire des bénédictions et des espérances dont elle est devenue le foyer. Mais remarquez, mères de famille, que toute la civilisation des femmes est, pour ainsi parler, renfermée dans le cercle de la famille. C'est du fond du sanctuaire domestique qu'elle répand sur le monde ces germes de vie qui purifient et ces bienfaits qui sauvent ; ainsi la vie d'une femme, d'une épouse, d'une mère, d'une veuve, vraiment chrétiennes, se compose de devoirs obscurs et presque inaperçus; donc la vie sociale de la femme catholique doit être, comme nous l'avons répété si souvent, une vie de retraite, de silence , de travail , de renoncement et de patience.
Sa royauté véritable est celle de la modestie , des sollicitudes de la famille et de la vertu. Or, pour se condamner à une vie ignorée et laborieuse, pour s'immoler à chaque heure aux volontés d'un mari, dont le caractère n'a pas toujours reçu cette souplesse malléable que la grâce de Jésus-Christ peut lui donner, il faut être prodigieusement dépouillée de soi-même. Point donc de vertu solide dans le cœur d'une femme sans une abnégation profonde du soi humain ; mais point d'abnégation sans humilité. La femme vraiment humble se plaît dans le silence de sa maison ; elle trouve de grandes douceurs dans sa retraite. La femme orgueilleuse a horreur du silence et de la vie cachée; il lui faut un théâtre où elle puisse mendier des applaudissements ; elle est enivrée de sa frêle beauté, de la passion des louanges, de folie, de vanité et de luxe.
La femme chrétienne doit aussi, comme nous l'avons dit ailleurs, se familiariser avec le saint exercice de la méditation et de la prière; vous le savez déjà, vous, mères de famille, la vie des femmes est une vie d'obéissance et de renoncement, les devoirs de leur vocation sont des devoirs difficiles ; il faut donc qu'elles cherchent dans les réflexions spirituelles et divines une force que la nature et la raison seules ne lui donneront jamais. Pour refléter sur le sanctuaire de la famille les vertus qui font sa gloire, elle doit aspirer l'air du ciel, et n'attendre que d'en haut le courage dont elle a besoin.
Oui, mères chrétiennes, vous devez à vos enfants, à votre époux, à vos serviteurs et à tous ceux qui vous entourent, le touchant spectacle d'une vie riche de patience, de longanimité, de sagesse et de résignation. La prière est souvent pour la femme un supplément de ses facultés; elle la fait atteindre et surpasser quelquefois le niveau intellectuel de l'homme.
La prière a pour une femme sincèrement pieuse des inspirations qui déconcerteront toujours la raison la plus confiante en elle-même, quand elle n'a pour guide que la couleur incertaine de ses opinions et de ses doutes. La femme de prière est l'ange protecteur de sa famille, la consolatrice de ceux qui souffrent autour d'elle, le conseil de ceux que le monde aveugle et que les passions égarent, et il dépend d'une mère de faire de sa maison une image du ciel, et d'y faire pénétrer et goûter l'aliment de la prière.
Mères chrétiennes, vous savez que le cœur de la femme ne respire que l'amour, et quand la charité de l'Esprit-Saint n'y a pas établi son empire, elle se fait une autre idole , et cherche à réaliser au fond de son âme une ombre éphémère de cet amour sans terme et sans fin, qui fait le fond de sa vie. Élevez donc vos filles de manière à ce qu'elles puissent goûter de bonne heure les douceurs et les charmes de la prière, de l'Eucharistie, de la passion du Sauveur, le culte de la Reine des anges et des saints : toutes ces dévotions renferment les éléments de l'amour.
Si on a le cœur bien placé, on subira inévitablement sous son action une transformation miraculeuse, et l'âme arrosée par la grâce, aimera Dieu et le prochain de toute l'étendue de ses puissances affectives. Nous avons vu dans les instructions renfermées dans ce recueil, que la foi, l'humilité, la modestie, l'esprit de prière et de charité, sont les principes d'une éducation forte et réparatrice. Mais quelles théories président à l'éducation de l'âme dans les pensionnats séculiers et souvent même dans les familles ? Les jeunes personnes sont élevées dans une espèce d'idolâtrie presque exclusive d'elles-mêmes : on les façonne pour plaire au monde, on les dresse pour les produire dans les cercles, pour paraître au sein des sociétés et des fêtes avec tout l'éclat des dangereux attraits d'une nature déchue. Les arts de l'imagination, étudiés à l'aide de leurs productions les plus sensuelles, ont envahi toute cette période de la vie de la jeune fille, qui doit être employée à fonder dans son âme l'édifice de son salut et le règne des solides Vertus.
Mères de famille, gémissez-en : un grand nombre de maisons d'éducation sont aujourd'hui des écoles préparatoires pour une génération de jeunes filles qui semblent destinées à jouer un rôle d'orgueil et de volupté sur le théâtre du monde. On les berce dans les illusions les plus dangereuses, parce qu'on leur promet un avenir brillant de jouissances et riche de plaisirs, alors même qu'il faudrait les préparer à comprendre des obligations pleines de sacrifices et de renoncement. Ouvrez donc les yeux, mères chrétiennes, que les tyrannies capricieuses de la mode aveuglent; quel but vous proposez-vous en voulant leur donner tous les agréments du monde ? Espérez-vous que vos filles négligeront leurs devoirs indispensables pour ces talents dont le but est la flatterie dans les cercles qui les attendent ?
Le beau modèle que vous devez donner à vos filles, mères chrétiennes, c'est la vie de la bienheureuse Vierge , chef-d’œuvre de Dieu : elle a possédé tous les dons de la nature dans un si parfait degré, que saint Denis, après avoir contemplé sur la terre les traits mortels de Marie, s'écriait qu'il aurait pris la Mère du Fils de Dieu pour une
divinité, si la foi ne lui avait appris qu'elle n'était qu'une créature.
L'éducation de l'âme de la jeune fille doit être un reflet des vertus de la très-pure Vierge, et ce n'est qu'à ce prix que nous verrons disparaître la plaie immense de l'éducation égoïste qu'elle reçoit aujourd'hui. La bienheureuse Vierge s'était préparée à la maternité divine par toutes les vertus chrétiennes et morales qui devraient , aujourd'hui, servir de modèle aux jeunes personnes qui terminent leur éducation. Marie les a pratiquées dans le degré le plus sublime; la jeune fille doit se souvenir que ces vertus résument sa vie de vierge et d'épouse, de mère et de veuve, et qu'elles seules enfin peuvent la rendre semblable à la bienheureuse Marie, modèle parfait, type glorieux de la femme chrétienne.
La Mère de Dieu, depuis le premier moment de son existence jusqu'à son glorieux trépas, a vécu de recueillement et de prière, de foi et d'amour, et c'est par cette vie toute céleste qu'elle entra si profondément dans le mystère de la rédemption et du salut de l'humanité. L'âme de la glorieuse Marie a été le foyer le plus ardent et le plus fécond de la charité et de la miséricorde. L'amour forcé de la choisir pour sa mère, et sa bonté, sa charité et sa miséricorde s'épanchent sur les enfants de l'Église avec une telle abondance, que, selon l'opinion commune des théologiens, toutes les bénédictions et toutes les grâces qui sont descendues sur le monde, depuis l'accomplissement du mystère de la rédemption, se sont reposées dans son cœur maternel, pour s'y enrichir, si j'ose le dire, de toute la tendresse de son amour pour les hommes. Marie a rempli le ciel et la terre des flammes du plus pur amour, et son cœur immaculé est le foyer mystérieux qui échauffe, qui développe et qui mûrit tous les fruits de la grâce.
Ainsi la sainte Vierge n'est pas seulement reine de tous les dons de la nature; elle possède encore tous les trésors de la grâce ; elle en a reçu les communications les plus abondantes; la mère chrétienne s'est associée à la mission de l'auguste Marie, puisque l'enfant qu'elle met au monde doit recevoir d'elle cette vie de l'âme dont la grâce de Jésus-Christ est le foyer divin ; elle manquerait donc à sa vocation sainte; elle trahirait les desseins de la Providence, si son cœur n'était rempli de la grâce qui régénère, et sans laquelle les enfants qu'elle a mis au monde n'échapperont jamais à la barbarie de l'égoïsme.
Ne perdez donc jamais de vue, mères chrétiennes, que vos enfants doivent puiser dans votre cœur la vie supérieure des dons surnaturels, comme ils ont puisé dans votre sein la vie de la nature. C'est à l'ombre de vos bons exemples, c'est sous l'empire de vos excellentes leçons que votre fille trouvera des habitudes morales et pratiques; elle doit croître sous l'influence des doctrines catholiques, que vous êtes chargée de lui faire
connaître, et qu'elle ne goûte jamais mieux que par ce premier apostolat de zèle et de tendresse.
Demandez donc à Dieu, mères chrétiennes, demandez-lui cette grâce de l'Esprit-Saint, Cette onction de parole, cette douceur d'enseignement, si nécessaires pour arriver au but religieux de la sainte mission à laquelle Dieu vous a appelées, et demandez-lui enfin ses bénédictions saintes pour vous éclairer, vous encourager et vous sauver.
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
Re: Le Guide de la femme chrétienne - France - 19 eme siecle
Moyens de Salut donnés à la Femme Chrétienne pour son avancement
Prenez garde que personne ne vous trompe par
les vaines subtilités d'une philosophie toute
mondaine. (St Paul)
L'étude de la religion
Le premier moyen donné à la femme pour avancer dans les voies de Dieu, c'est l'étude de la religion. L'instruction reçue dans l'enfance est bientôt effacée par le tumulte des passions et le soin des affaires de la famille. Ce serait une grande erreur de croire que les instructions religieuses ne sont bonnes que pour les gens de la campagne, et que ceux qui vivent dans le monde n'en ont pas besoin; au contraire, la simplicité de la foi est bien moins attaquée chez les premiers que parmi les femmes du monde, où les conversations sont peu mesurées; on se permet même de discuter les dogmes et les préceptes de la religion. Dans la société on trouve quelquefois des personnes bien intentionnées, mais qui connaissent bien peu la différence des préceptes et des conseils évangéliques ; elles s'accusent même souvent de fautes qui n'en seraient pas, si elles n'avaient cru les commettre. D'autres l'attaquent sans la connaître, et blasphèment ce qu'elles ignorent, au point qu'il est difficile de ne point montrer de dédain en écoutant les misérables arguments dont on se sert pour attaquer la foi.
Dans de telles circonstances, il serait désirable que les personnes pieuses et dévouées à la belle cause de la religion fussent assez sûres de leur instruction pour ne pas craindre de la défendre, ou du moins de dire quelques mots en sa faveur. Les femmes chrétiennes doivent montrer beaucoup de zèle à ce sujet, et ne négliger aucun moyen de faire instruire les personnes qui sont sous leur dépendance, soit en leur
lisant quelque livre instructif, soit en leur parlant souvent des beautés de la religion.
Les mères chrétiennes doivent surtout avoir le plus grand soin pour imprimer de bonne heure, dans le jeune cœur de leurs enfants, les vérités saintes. Accoutumés, dès le premier temps d'épreuve et de passage, et à tourner tous leurs vœux vers la céleste patrie , ils sauront supporter leurs peines et réprimer leurs passions.
Les chrétiens des premiers siècles attachaient tant d'importance à l'étude de la religion, qu'ils s'apercevaient des hérésies qui commençaient à naître. Femmes chrétiennes, imitez ce zèle ; faites de l'étude sainte votre occupation première; trouvez-y le principe de toutes vos actions, la fin de toutes vos espérances, puisque cette vie éternelle que vous désirez posséder, ne sera que la connaissance parfaite du Dieu tout puissant et de Jésus-Christ notre Seigneur. Il est extraordinaire que des personnes qui font profession de piété ne tiennent pas à cœur de s'instruire sur ce qui regarde la foi et les biens spirituels. Peut-on croire qu'elles méditent et pensent au bonheur du ciel, quand on voit qu'elles font si peu pour le mériter ? Depuis longtemps peut-être, femmes chrétiennes, vous menez une vie assez régulière, vous avez renoncé à tous les péchés graves, vous seriez désolées de vous en permettre aucun, parce que vous savez qu'ils mènent en enfer, et que vous ne voulez absolument pas y aller. Mais le purgatoire! c'est l'objet de votre ambition, et si vous aviez la certitude d'y aller, il
vous semble que vous n'auriez plus rien à désirer; et ce ciel, ce beau ciel qui nous est promis et qu'il faut mériter, vous ne vous en occupez pas, vous n'y aspirez pas, vous ne travaillez pas à l'obtenir !...
A tout âge nous souffrons; nous commençons à sentir le germe des passions qui, dans la jeunesse et dans l'âge mûr, vont troubler notre vie; dans la vieillesse nous souffrons des suites de ces passions, et de l'isolement, de l'ennui, de la fatigue, de l'oubli, des infirmités; où trouver la consolation à tant de maux? Dans la Vue du ciel !... Dans les peines de l'âme, dans cette sécheresse du cœur qui afflige tant de personnes pieuses, lorsqu'elles se trouvent sans attrait pour la prière, indifférentes pour Dieu, dégoûtées, pour ainsi dire, du bien; ah! qu'elles pensent à leur véritable patrie; c'est là qu'elles seront rassasiées de Dieu, sans être lassées, parce qu'elles l'aimeront à jamais et sans partage. Dans nos malheurs, même lorsque nous perdons ces êtres qui nous sont si chers, cette pensée du ciel est une véritable consolation, puisqu'elle nous donne l'espérance de les retrouver.
Mais on n'y pense pas assez ; on gémit, on se plaint, courbé sur cette terre ; à peine élève-t-on les yeux vers le ciel pour admirer les astres qui y brillent; mais à la considérer comme notre patrie , notre héritage, jamais peut-être ! l On se fait en général une fausse idée de la religion ; on ne s'en sert, la plupart du temps, que pour s'attrister , se tourmenter, tandis que son véritable but est de nous rendre heureux pour le temps et pour l'éternité.
Je comprends qu'on peut s'attrister des maux qui règnent sur la terre, du mal qui s'y commet , et cette tristesse-là vient de Dieu ; mais encore faut-il la renfermer dans de justes bornes; il est une autre tristesse qui vient du découragement à la vue de nos péchés ou des défauts de notre caractère ; cela ne remédie à rien, et elle nous rend à charge à nous-mêmes et aux autres. Nous attrister à la vue de nos péchés, est bien plus souvent l'effet de notre amour-propre, que l'effet d'une véritable contrition, puis que la contrition doit être accompagnée de l'espérance , tandis que cette tristesse porte à l'ennui, et vient d'un mécompte d'un amour propre qui s'était flatté vainement de parvenir à une perfection imaginaire. De là il arrive qu'après la chute on se décourage et
on se rend malheureux. Il faut bien se convaincre d'une vérité, c'est que la perfection ne consiste pas tant dans la perfection en elle-même, à laquelle nous ne parviendrons jamais, que dans le désir d'y arriver en faisant tout ce qu'il faut pour cela.
Beaucoup de femmes pieuses sont encore sujettes à se laisser aller à la tristesse et aux murmures pour certains devoirs de société qui leur déplaisent, et dont elles voudraient se dispenser; comme de certaines visites à recevoir ou à rendre , des convenances à observer. Il semble que si elles pouvaient s'en affranchir, elles seraient heureuses de se donner tout à Dieu, tandis que si on ne les avait pas, ces devoirs de société, on n'en serait peut-être pas plus à lui : c'est donc une illusion qu'on se fait. D'ailleurs, ces devoirs sont dans les vues de Dieu : ils ne s'opposent point à notre sanctification ; au contraire , souvent elle est attachée à leur accomplissement.
Si vous êtes dans cet état, est-ce vous qui vous y êtes placées, femmes pieuses? La plupart du temps, ce sont les circonstances, et c'est Dieu qui les règle; toutes les positions sont dans ses vues. Vous êtes mariées vous avez des enfants, une maison à tenir, vous enviez l'existence d'une femme veuve qui peut donner tout son temps à la prière et aux bonnes œuvres. Dès lors vous vous écartez des voies du salut, puisqu'il est pour vous dans l'état où la Providence vous a placées , et non dans une voie qui serait plus de votre choix; par là vous manquez d'acquiescement à la volonté de Dieu : mais c'est un besoin de vous plaindre.
Il n'est donc pas toujours nécessaire de fuir le monde pour se sanctifier ; on peut même, lorsque par état on n'est pas obligé d'y aller, s'y montrer pour l'édifier, y porter l'exemple de la douceur, de la patience, de la charité, de l'affabilité. Il est bon que les personnes pieuses prouvent que la religion n'est point ennemie des plaisirs légitimes ; qu'elle n'est point sévère, mais indulgente pour les autres ; qu'elle n'est point
triste, mais qu'elle est la source d'une douce et aimable gaieté.
La tristesse nuit plus qu'on ne pense aux progrès de la piété; elle nous inspire quelquefois une langueur de cœur dans nos exercices, qui fait qu'on ne trouve aucun goût dans la piété, qui fait que tout ennuie, fatigue, déplaît : on se décourage, on se tourmente de cette disposition, au lieu de chercher à y remédier; on est fatigué de soi-même, on en fatigue les autres ; on sort d'un exercice de piété où l'on n'a rencontré que sécheresse ; on revient mécontent, et on fait retomber ce mécontentement sur ceux qui nous entourent et qui n'en sont pas cause. On devient encore plus mécontent, parce qu’on sent bien qu'on est injuste, et, pour une conscience timorée, pour un esprit droit qui est accoutumé à veiller sur soi, c'est une pensée pénible.
Ce regret de ne pas bien prier, vient souvent de ce que nous voudrions trouver de l'attrait dans la prière, parce que cela nous plairait et que nous nous recherchons en tout. Nous attachons beaucoup d'importance à certains exercices de piété, et nous n'en attachons pas assez à vouloir ce que Dieu veut que nous soyons. Quoique nous priions sans goût, nous pouvons bien ne pas prier sans mérite: ainsi continuons d'être fidèles à la prière.
Quelquefois Dieu nous éprouve, nous devons être soumises; c'est peut-être notre orgueil qui produit dans notre cœur cette sécheresse; car celui qui s'attribue les dons de Dieu, qui ne s'humilie pas devant lui, mérite bien que Dieu lui refuse ses consolations, ses douceurs dans la prière, qui sont ordinairement la récompense des âmes humbles et pures. Je conviens qu'il est difficile de connaître si cette tristesse est une épreuve ou une punition ; mais peu importe au fond de le distinguer, puisque le remède est le même dans les deux cas; c'est toujours une preuve de sa miséricorde, car s'il nous punit dans ce monde, c'est pour nous épargner en l'autre vie.
A quoi sert, du reste, de tant se tourmenter pour savoir où nous en sommes avec Dieu ? A quoi cela remédie-t-il ? Dieu nous aime, cette pensée nous suffit pour travailler à lui plaire constamment. Si nous nous croyions en grâce avec lui d'une manière positive, nous nous reposerions trop sur cette idée, et nous ne travaillerions plus aussi efficacement à notre salut ; et si nous nous savions dans sa disgrâce, ne serait-il pas à Craindre que nous ne fussions découragés.
Telle est, en général, notre histoire à tous. Saint Paul nous conseille de faire comme lui, d'opérer notre salut dans la crainte et le tremblement. Mais il n'avait pas de tristesse, seulement il avait une confiance mêlée de crainte et d'amour; et voilà aussi ce qu'il faut réunir, c'est le seul moyen d'arriver à la perfection.
Si nous sommes à l'abri des grandes passions, des grandes fautes, nous ne pouvons nous persuader que nous n'ayons encore beaucoup de choses à rectifier en nous, bien des sacrifices à faire à Dieu, bien des défauts à corriger. C'est dans un véritable amour de Dieu que nous trouverons le remède à toutes ces faiblesses. Travaillons donc sans relâche, âmes chrétiennes, au service d'un si bon maître : il y a tant à gagner !... Et pour nous soutenir dans nos bonnes résolutions , ne nous occupons de nos misères spirituelles, qu'autant que cette pensée nous sera salutaire ; On ne saurait croire combien cette préoccupation est nuisible aux progrès dans la perfection. Hélas ! nous nous recherchons en tout, même là où l'on semblerait moins trouver de quoi se satisfaire.
Cela vient d'un grand fonds d'égoïsme, qui fait que nous nous occupons de nous et toujours de nous, et que nous voulons aussi en occuper les autres. Ne subtilisons pas tant avec la religion, allons plus simplement, ne nous occupons pas tant du moi humain ; tâchons de plaire à Dieu plutôt qu'à nous-mêmes, soyons humbles et charitables, en ces deux vertus se trouve toute la perfection.
La religion qui nous engage à être charitables, nous dit aussi de fuir le monde. Cette maxime semble être en contradiction avec la première ; et cependant, ces deux matières bien comprises , bien méditées, nous convaincront que toutes les femmes ne peuvent pas fuir le monde ; la plupart même sont obligées d'y vivre : et cependant toutes peuvent mépriser le monde, c`est-à-dire, ses vices, ses défauts et son néant. Vous , femmes chrétiennes, vous ne trouverez dans ce monde que vide, que fausseté, qu'indifférence ; et cependant vous faites beaucoup pour le monde qui vous paye d'ingratitude.
Tant que vous lui êtes utiles et agréables, il vous sourit, il vous accueille; et quand l'âge, les infirmités se font sentir, que vous lui de venez inutiles ou désagréables, il vous oublie ; et souvent vous vous êtes fatiguées , épuisées pour lui, et à peine s'inquiète-t-il si vous existez. Et c'est pour ce monde ingrat que vous vous sacrifiez ! Que peut-il donc vous donner de si précieux en compensation des biens du ciel que vous risquez de perdre pour lui? Quel vide dans ce qu'il peut vous offrir de plus enivrant, dans ses louanges et son admiration !
Oh ! c'est une illusion de s'attacher au monde : la religion vous l'enseigne, et votre propre expérience peut vous convaincre. Détachez-vous donc de l'esprit du monde, de ses vanités , de ses futilités ; car si vous cherchez le bonheur, il ne faut pas aller le chercher dans la nuit au milieu des plaisirs, dans une toilette effrénée, dans un luxe que condamne l'esprit de l'Évangile; en faisant cette toilette, votre dépense accroîtra , et savoir où vous vous arrêterez ?
Sachez donc vous borner à ce qui est de convenance , c'est-à-dire, à ce qui est du devoir relativement au rang et à la fortune ; et si vous demeurez fidèles à cette règle, vous n'aurez pas tant de reproches à vous faire. Pensez donc plus raisonnablement, femmes chrétiennes : au lieu de vous donner au monde, donnez-vous à Dieu ; donnez-lui votre cœur, dont vous êtes quelquefois embarrassées, ce cœur qui a tant besoin de s'attacher, ce cœur qui vous échappe si souvent, donnez-le à Dieu et sans réserve.
La prière
La prière est une clef divine pour ouvrir
le ciel. (St Bernard. )
Le second moyen qu'une femme doit employer pour marcher dans la voie du salut, c'est la prière. On ne peut arriver à une vraie sainteté sans prier : les femmes surtout, qui sont destinées à mener une vie intérieure et cachée, trouveraient un grand vide dans leurs longues heures d'occupation et de dévouement, si la prière ne venait comme une douce rosée rafraîchir leur cœur, reposer leur esprit, ranimer leur courage, sanctifier leur travail, modérer leurs jouissances, et les consoler dans leurs souffrances corporelles et spirituelles.
Priez avec un cœur pur, âmes chrétiennes, Dieu se communiquera à vous par sa grâce et ses inspirations; ne cherchez dans la prière que ce qui plaît à Dieu. Ne vous surchargez pas de prières, ô vous qui êtes à la tête d'une nombreuse famille ; ce serait le moyen de les dire à la hâte, de les omettre même, ou de négliger les affaires de votre état. Ne vous contentez pas de prier des lèvres, il faut que votre esprit soit attentif. Priez avec une grande persévérance, lors même que vous êtes en proie au chagrin, à l'adversité, au dégoût, à la tentation, lors même que le ciel paraît inexorable, continuez à faire votre devoir, et abandonnez le reste à Dieu qui éprouve votre fidélité et votre amour.
Recourez donc toujours à la protection de Dieu, femmes chrétiennes : ce serait de l'orgueil de croire que vous êtes capables de quelque chose de vous-mêmes. Jésus-Christ dit dans son Évangile : «Demandez et on vous donnera; cherchez et vous trouverez, heurtez et on vous ouvrira.» Il est facile de voir que la prière est le canal par lequel Notre-Seigneur nous communique Ses faveurs, nous assiste dans nos besoins et nous enrichit de ses biens.
Si la prière vocale est nécessaire, la prière du cœur, la prière mentale est plus efficace pour l'âme: c'est un moyen sûr pour régler la vie et surmonter les obstacles qui peuvent se rencontrer dans le chemin de la vertu. Dès qu'on commence à se relâcher, la tiédeur survient aussitôt, l'âme commence à s'affaiblir peu à peu et à perdre insensiblement ce qu'elle avait de ferveur et de courage pour les choses du ciel; les bons désirs et les saintes résolutions se dissipent et s'évanouissent, les mauvaises inclinations se réveillent et se rallument.
Rendez mille actions de grâces à Dieu, âmes chrétiennes, d'avoir rendu la pratique de l'oraison si aisée, puisqu'il est en votre pouvoir d'y vaquer en quelque temps et en quelque lieu que ce soit; profitez de cette ample permission, et priez Dieu au milieu même de vos occupations les plus multipliées et les plus dissipantes; il vous donnera les moyens de l'aimer tous les jours davantage. Ne croyez pas, ô femmes du monde que ce soit une chose bien difficile de faire quelques réflexions devant Dieu: il est toujours à votre pouvoir de réussir auprès de lui; il ne s'agit que de voir tout simplement comment va l'affaire de votre salut; car c'est là proprement la seule que nous ayons, et nous ne sommes dans le monde que pour travailler à le bien faire. Vous pouvez vous demander quelles sont les vertus que vous avez acquises depuis dix ans, vingt ans; si vous avez fait
des progrès dans l'humilité, dans l'obéissance, dans la mortification volontaire de vos sens ; quel emploi vous avez fait de tant de moyens de salut que vous avez eus; si vous vous acquittez bien des devoirs de votre profession, etc.
Persuadez-vous bien surtout que le principal soin d'une vraie servante du Seigneur doit être de mortifier ses sens, de purifier son cœur, de se préserver de tout péché, et de s'entretenir toujours dans une ferme résolution, de ne consentir jamais, pour quoi que ce soit, à offenser Dieu mortellement ( péché mortel); c'est là ce qui doit être le fondement de l'Oraison.
La présence de Dieu
Marchez en ma présence pour devenir parfait.
( Genèse , 17.)
Le troisième moyen de s'entretenir dans des sentiments religieux , c'est la présence de Dieu: c'est vraiment un moyen très efficace pour vaincre toutes les tentations des anges déchus et toutes les répugnances de la nature ; aussi les saints recommandent-ils l'exercice de cette sainte pratique; et en effet comment pourriez-vous vous décider à offenser Dieu, ô femmes chrétiennes , si vous pensiez que Dieu vous voit ? Dieu est présent partout, il remplit tout l'univers ; c'est lui qui donne la vie, la force et le mouvement à tout ce qui vit; il conserve toute chose par le pouvoir de sa présence, et sans le secours continuel de cette présence, toute chose cesserait d'être et retournerait dans le néant.
Pourquoi donc la femme chrétienne ne fait-elle pas pour son Dieu, jusqu'aux choses même les plus indifférentes, sachant bien qu'il la voit et la regarde incessamment et en tout temps ? Saint Augustin regardait son âme comme le cabinet de l'époux céleste, où il se retirait pour s'entretenir seul à seul avec lui. Sainte-Thérèse regardait son âme comme un ciel intérieur, dans lequel Jésus-Christ voulait bien prendre ses complaisances, se faire connaître se faire aimer Sainte Catherine de Sienne se représentait son cœur comme un oratoire où elle pouvait se retirer sans cesse malgré tous les embarras du monde, pour y adorer Dieu en esprit et en vérité, et ce fut l'industrie que Dieu lui inspira pour se défendre de la persécution de ses parents qui faisaient leur possible pour lui faire perdre sa dévotion et son recueillement.
Servez-vous de ces comparaisons pour rentrer plus facilement en vous-mêmes, femmes chrétiennes, qui êtes obligées de rester au milieu du monde; regardez-vous comme une victime qui brûle dans les tribulations, les sollicitudes de la vie; faites de toutes vos actions comme autant d'actes de foi sur la présence de Dieu partout regardez-le dans les contrariétés que vous font subir les créatures, dans votre enfant qui croît chaque jour dans le bien, dans la nature qui change à chaque saison, dans la variation du temps, etc., et que toutes ces pensées vous portent à faire à Dieu de saintes oraisons jaculatoires, pour élever votre cœur à lui. Si vous pratiquez comme il convient cette excellente méthode, vous en retirerez de grands fruits; en peu de temps vous sentirez votre Cœur tout changé, et vous aurez de l'aversion pour tout ce qui sera contraire, dans la vie du monde, à la loi de Dieu. Le commerce que vous aurez sur la terre sera sanctifié , vos entretiens intérieurs seront avec Dieu dans le ciel, et vous regarderez tout ce qui passe dans cet exil comme devant faire place à la jouissance de la béatitude éternelle.
L'examen de conscience
Seigneur, je penserai en votre présence et avec
amertume de cœur aux péchés que j'ai commis.
(Isaïe, 38.)
Le quatrième moyen pour se soutenir dans la piété, c'est la pratique journalière de l'examen de conscience. On le fait en général ; mais on le fait mal. Ne vous bornez pas à la recherche de vos fautes; il faut découvrir le germe, le principe de la passion dominante: en y mettant un peu de soin, On ne manquera pas de la connaître, et une fois qu'elle sera connue, il faut travailler à acquérir la vertu qui lui est opposée. C'est presque toujours l'amour-propre qui est la source des vivacités auxquelles une femme se laisse aller, des médisances et de ce sel amer qui vient, dans une femme surtout, d'une haute estime de son propre mérite, et qui la rend souvent si sévère pour les autres ; c'est souvent même par amour-propre qu'une mère est plus fâchée des fautes qu'elle voit faire à ses enfants qu'elle ne l'est d'avoir offensé Dieu.
Chez quelques femmes c'est l'égoïsme qui domine ; chez d'autres , la sensualité, la paresse ; c'est le fond du cœur humain, et ce n'est qu'après avoir étudié mon cœur que je suppose les dis positions des autres. Déplorons donc les misères auxquelles nous sommes sujettes, et nous aurons certainement de quoi nous humilier.
La confession
Revenez à moi, dit le Seigneur, purifiez votre
cœur, je viendrai à vous, et je ne me souviendrai plus de vos péchés.
Le cinquième moyen se trouve dans les sacrements. La confession est le sacrement de régénération, c'est celui de la résurrection à la grâce. La femme chrétienne peut trouver quelque chose de pénible dans la confession, qui est l'aveu de ses fautes; mais en même temps elle reçoit de la grâce qui en découle, un secours puissant contre les ennemis de son salut , l`ange déchu , le monde et elle-même; une force que donne le sang de Jésus-Christ; une consolation, puisqu'elle se réconcilie avec son Dieu, et rend par ce moyen ses œuvres méritoires.
La confession n'est point une invention des hommes, elle a été instituée par Jésus-Christ; voilà d'où vient qu'elle est salutaire à tous les âges. Les passions devancent souvent les années, et les plus dangereuses sont quelquefois celles de l'enfance, parce qu'elles décident ordinairement de toute la vie. Qui saura celles qui se développent dans le cœur d'un enfant ? ira-t-il chercher son père, sa mère, pour faire l'aveu des fautes qu'il a commises ? Non, sans doute, parce qu'il craindra leurs observations , leur surveillance, peut-être même leurs punitions; mais il s'ouvrira à un confesseur, qui par ses avis arrêtera dans son principe le germe de telle ou telle passion qui aurait fait le malheur de sa vie. Dans la jeunesse, temps si dangereux, où le cœur se trompe si facilement, qui pourra donner de bons avis, si ce n'est le confesseur ? Lui seul pourra faire sentir combien les passions sont funestes; il pourra seul préserver de grands égarements, qui rendraient à jamais malheureux, détruiraient la santé, la vie, la réputation. Dans l'âge mûr, où des passions plus violentes, souvent une ambition plus démesurée dévorent, il n'appartient qu'à un confesseur de dire des vérités salutaires, de représenter l'abîme où cette passion va entraîner, le vide de ces honneurs ou de cette fortune que poursuit l'ambitieux.
Qui représentera à l'homme public les devoirs qu'il a à remplir, entouré comme il l'est de solliciteurs qui le flattent, si ce n'est un confesseur ? Et vous, femmes du monde, au milieu des sollicitudes d'un ménage à gouverner, peut-être affligées par les peines de l'état que vous avez embrassé; accablées par les chagrins domestiques et les travaux d'une nombreuse famille, qui relèvera votre âme affligée?
Qui vous dira: « Dieu seul est témoin de vos sacrifices; continuez de mériter son approbation. » Est-ce dans le monde que vous trouverez des conseils utiles et sages, ou dans des amies souvent peu sincères? Non, c'est dans le directeur de votre conscience. Dans la vieillesse, devenues quelquefois à charge à tous, par vos infirmités, peut-être même à vos propres enfants, rappelant toujours votre vieux temps, fatiguant ceux qui
vous entourent, et dont le désir de la Vie s'augmente à mesure qu'elle est plus près de lui échapper, qui vous détachera de cette terre, qui rompra les liens trop terrestres, qui opérera ce miracle, si ce n'est un confesseur? Enfin, qui exhortera, qui consolera ce malade, ce mourant ? Le confesseur, qui lui montrera le ciel pour prix de son repentir et de ses longues souffrances. Prenez garde, femmes chrétiennes , souvenez-vous que la confession doit être faite avec humilité, et qu'au lieu de cela, vous n'y alliez que pour faire votre apologie, ou du moins pour vous excuser.
Puisque vous sentez que c'est un remède nécessaire à Votre âme, usez-en, mais avec discrétion ; ne vous accoutumez pas à aller vous confesser par une espèce de routine ; mais bien plutôt pour aller chercher un secours à votre faiblesse, une force courageuse au milieu des combats que vous êtes obligées de soutenir journellement ; quand on peut-être en paix avec Dieu , avec sa conscience , c`est déjà une grande consolation pour reprendre force et courage au milieu des tribulations.
Prenez garde que personne ne vous trompe par
les vaines subtilités d'une philosophie toute
mondaine. (St Paul)
L'étude de la religion
Le premier moyen donné à la femme pour avancer dans les voies de Dieu, c'est l'étude de la religion. L'instruction reçue dans l'enfance est bientôt effacée par le tumulte des passions et le soin des affaires de la famille. Ce serait une grande erreur de croire que les instructions religieuses ne sont bonnes que pour les gens de la campagne, et que ceux qui vivent dans le monde n'en ont pas besoin; au contraire, la simplicité de la foi est bien moins attaquée chez les premiers que parmi les femmes du monde, où les conversations sont peu mesurées; on se permet même de discuter les dogmes et les préceptes de la religion. Dans la société on trouve quelquefois des personnes bien intentionnées, mais qui connaissent bien peu la différence des préceptes et des conseils évangéliques ; elles s'accusent même souvent de fautes qui n'en seraient pas, si elles n'avaient cru les commettre. D'autres l'attaquent sans la connaître, et blasphèment ce qu'elles ignorent, au point qu'il est difficile de ne point montrer de dédain en écoutant les misérables arguments dont on se sert pour attaquer la foi.
Dans de telles circonstances, il serait désirable que les personnes pieuses et dévouées à la belle cause de la religion fussent assez sûres de leur instruction pour ne pas craindre de la défendre, ou du moins de dire quelques mots en sa faveur. Les femmes chrétiennes doivent montrer beaucoup de zèle à ce sujet, et ne négliger aucun moyen de faire instruire les personnes qui sont sous leur dépendance, soit en leur
lisant quelque livre instructif, soit en leur parlant souvent des beautés de la religion.
Les mères chrétiennes doivent surtout avoir le plus grand soin pour imprimer de bonne heure, dans le jeune cœur de leurs enfants, les vérités saintes. Accoutumés, dès le premier temps d'épreuve et de passage, et à tourner tous leurs vœux vers la céleste patrie , ils sauront supporter leurs peines et réprimer leurs passions.
Les chrétiens des premiers siècles attachaient tant d'importance à l'étude de la religion, qu'ils s'apercevaient des hérésies qui commençaient à naître. Femmes chrétiennes, imitez ce zèle ; faites de l'étude sainte votre occupation première; trouvez-y le principe de toutes vos actions, la fin de toutes vos espérances, puisque cette vie éternelle que vous désirez posséder, ne sera que la connaissance parfaite du Dieu tout puissant et de Jésus-Christ notre Seigneur. Il est extraordinaire que des personnes qui font profession de piété ne tiennent pas à cœur de s'instruire sur ce qui regarde la foi et les biens spirituels. Peut-on croire qu'elles méditent et pensent au bonheur du ciel, quand on voit qu'elles font si peu pour le mériter ? Depuis longtemps peut-être, femmes chrétiennes, vous menez une vie assez régulière, vous avez renoncé à tous les péchés graves, vous seriez désolées de vous en permettre aucun, parce que vous savez qu'ils mènent en enfer, et que vous ne voulez absolument pas y aller. Mais le purgatoire! c'est l'objet de votre ambition, et si vous aviez la certitude d'y aller, il
vous semble que vous n'auriez plus rien à désirer; et ce ciel, ce beau ciel qui nous est promis et qu'il faut mériter, vous ne vous en occupez pas, vous n'y aspirez pas, vous ne travaillez pas à l'obtenir !...
A tout âge nous souffrons; nous commençons à sentir le germe des passions qui, dans la jeunesse et dans l'âge mûr, vont troubler notre vie; dans la vieillesse nous souffrons des suites de ces passions, et de l'isolement, de l'ennui, de la fatigue, de l'oubli, des infirmités; où trouver la consolation à tant de maux? Dans la Vue du ciel !... Dans les peines de l'âme, dans cette sécheresse du cœur qui afflige tant de personnes pieuses, lorsqu'elles se trouvent sans attrait pour la prière, indifférentes pour Dieu, dégoûtées, pour ainsi dire, du bien; ah! qu'elles pensent à leur véritable patrie; c'est là qu'elles seront rassasiées de Dieu, sans être lassées, parce qu'elles l'aimeront à jamais et sans partage. Dans nos malheurs, même lorsque nous perdons ces êtres qui nous sont si chers, cette pensée du ciel est une véritable consolation, puisqu'elle nous donne l'espérance de les retrouver.
Mais on n'y pense pas assez ; on gémit, on se plaint, courbé sur cette terre ; à peine élève-t-on les yeux vers le ciel pour admirer les astres qui y brillent; mais à la considérer comme notre patrie , notre héritage, jamais peut-être ! l On se fait en général une fausse idée de la religion ; on ne s'en sert, la plupart du temps, que pour s'attrister , se tourmenter, tandis que son véritable but est de nous rendre heureux pour le temps et pour l'éternité.
Je comprends qu'on peut s'attrister des maux qui règnent sur la terre, du mal qui s'y commet , et cette tristesse-là vient de Dieu ; mais encore faut-il la renfermer dans de justes bornes; il est une autre tristesse qui vient du découragement à la vue de nos péchés ou des défauts de notre caractère ; cela ne remédie à rien, et elle nous rend à charge à nous-mêmes et aux autres. Nous attrister à la vue de nos péchés, est bien plus souvent l'effet de notre amour-propre, que l'effet d'une véritable contrition, puis que la contrition doit être accompagnée de l'espérance , tandis que cette tristesse porte à l'ennui, et vient d'un mécompte d'un amour propre qui s'était flatté vainement de parvenir à une perfection imaginaire. De là il arrive qu'après la chute on se décourage et
on se rend malheureux. Il faut bien se convaincre d'une vérité, c'est que la perfection ne consiste pas tant dans la perfection en elle-même, à laquelle nous ne parviendrons jamais, que dans le désir d'y arriver en faisant tout ce qu'il faut pour cela.
Beaucoup de femmes pieuses sont encore sujettes à se laisser aller à la tristesse et aux murmures pour certains devoirs de société qui leur déplaisent, et dont elles voudraient se dispenser; comme de certaines visites à recevoir ou à rendre , des convenances à observer. Il semble que si elles pouvaient s'en affranchir, elles seraient heureuses de se donner tout à Dieu, tandis que si on ne les avait pas, ces devoirs de société, on n'en serait peut-être pas plus à lui : c'est donc une illusion qu'on se fait. D'ailleurs, ces devoirs sont dans les vues de Dieu : ils ne s'opposent point à notre sanctification ; au contraire , souvent elle est attachée à leur accomplissement.
Si vous êtes dans cet état, est-ce vous qui vous y êtes placées, femmes pieuses? La plupart du temps, ce sont les circonstances, et c'est Dieu qui les règle; toutes les positions sont dans ses vues. Vous êtes mariées vous avez des enfants, une maison à tenir, vous enviez l'existence d'une femme veuve qui peut donner tout son temps à la prière et aux bonnes œuvres. Dès lors vous vous écartez des voies du salut, puisqu'il est pour vous dans l'état où la Providence vous a placées , et non dans une voie qui serait plus de votre choix; par là vous manquez d'acquiescement à la volonté de Dieu : mais c'est un besoin de vous plaindre.
Il n'est donc pas toujours nécessaire de fuir le monde pour se sanctifier ; on peut même, lorsque par état on n'est pas obligé d'y aller, s'y montrer pour l'édifier, y porter l'exemple de la douceur, de la patience, de la charité, de l'affabilité. Il est bon que les personnes pieuses prouvent que la religion n'est point ennemie des plaisirs légitimes ; qu'elle n'est point sévère, mais indulgente pour les autres ; qu'elle n'est point
triste, mais qu'elle est la source d'une douce et aimable gaieté.
La tristesse nuit plus qu'on ne pense aux progrès de la piété; elle nous inspire quelquefois une langueur de cœur dans nos exercices, qui fait qu'on ne trouve aucun goût dans la piété, qui fait que tout ennuie, fatigue, déplaît : on se décourage, on se tourmente de cette disposition, au lieu de chercher à y remédier; on est fatigué de soi-même, on en fatigue les autres ; on sort d'un exercice de piété où l'on n'a rencontré que sécheresse ; on revient mécontent, et on fait retomber ce mécontentement sur ceux qui nous entourent et qui n'en sont pas cause. On devient encore plus mécontent, parce qu’on sent bien qu'on est injuste, et, pour une conscience timorée, pour un esprit droit qui est accoutumé à veiller sur soi, c'est une pensée pénible.
Ce regret de ne pas bien prier, vient souvent de ce que nous voudrions trouver de l'attrait dans la prière, parce que cela nous plairait et que nous nous recherchons en tout. Nous attachons beaucoup d'importance à certains exercices de piété, et nous n'en attachons pas assez à vouloir ce que Dieu veut que nous soyons. Quoique nous priions sans goût, nous pouvons bien ne pas prier sans mérite: ainsi continuons d'être fidèles à la prière.
Quelquefois Dieu nous éprouve, nous devons être soumises; c'est peut-être notre orgueil qui produit dans notre cœur cette sécheresse; car celui qui s'attribue les dons de Dieu, qui ne s'humilie pas devant lui, mérite bien que Dieu lui refuse ses consolations, ses douceurs dans la prière, qui sont ordinairement la récompense des âmes humbles et pures. Je conviens qu'il est difficile de connaître si cette tristesse est une épreuve ou une punition ; mais peu importe au fond de le distinguer, puisque le remède est le même dans les deux cas; c'est toujours une preuve de sa miséricorde, car s'il nous punit dans ce monde, c'est pour nous épargner en l'autre vie.
A quoi sert, du reste, de tant se tourmenter pour savoir où nous en sommes avec Dieu ? A quoi cela remédie-t-il ? Dieu nous aime, cette pensée nous suffit pour travailler à lui plaire constamment. Si nous nous croyions en grâce avec lui d'une manière positive, nous nous reposerions trop sur cette idée, et nous ne travaillerions plus aussi efficacement à notre salut ; et si nous nous savions dans sa disgrâce, ne serait-il pas à Craindre que nous ne fussions découragés.
Telle est, en général, notre histoire à tous. Saint Paul nous conseille de faire comme lui, d'opérer notre salut dans la crainte et le tremblement. Mais il n'avait pas de tristesse, seulement il avait une confiance mêlée de crainte et d'amour; et voilà aussi ce qu'il faut réunir, c'est le seul moyen d'arriver à la perfection.
Si nous sommes à l'abri des grandes passions, des grandes fautes, nous ne pouvons nous persuader que nous n'ayons encore beaucoup de choses à rectifier en nous, bien des sacrifices à faire à Dieu, bien des défauts à corriger. C'est dans un véritable amour de Dieu que nous trouverons le remède à toutes ces faiblesses. Travaillons donc sans relâche, âmes chrétiennes, au service d'un si bon maître : il y a tant à gagner !... Et pour nous soutenir dans nos bonnes résolutions , ne nous occupons de nos misères spirituelles, qu'autant que cette pensée nous sera salutaire ; On ne saurait croire combien cette préoccupation est nuisible aux progrès dans la perfection. Hélas ! nous nous recherchons en tout, même là où l'on semblerait moins trouver de quoi se satisfaire.
Cela vient d'un grand fonds d'égoïsme, qui fait que nous nous occupons de nous et toujours de nous, et que nous voulons aussi en occuper les autres. Ne subtilisons pas tant avec la religion, allons plus simplement, ne nous occupons pas tant du moi humain ; tâchons de plaire à Dieu plutôt qu'à nous-mêmes, soyons humbles et charitables, en ces deux vertus se trouve toute la perfection.
La religion qui nous engage à être charitables, nous dit aussi de fuir le monde. Cette maxime semble être en contradiction avec la première ; et cependant, ces deux matières bien comprises , bien méditées, nous convaincront que toutes les femmes ne peuvent pas fuir le monde ; la plupart même sont obligées d'y vivre : et cependant toutes peuvent mépriser le monde, c`est-à-dire, ses vices, ses défauts et son néant. Vous , femmes chrétiennes, vous ne trouverez dans ce monde que vide, que fausseté, qu'indifférence ; et cependant vous faites beaucoup pour le monde qui vous paye d'ingratitude.
Tant que vous lui êtes utiles et agréables, il vous sourit, il vous accueille; et quand l'âge, les infirmités se font sentir, que vous lui de venez inutiles ou désagréables, il vous oublie ; et souvent vous vous êtes fatiguées , épuisées pour lui, et à peine s'inquiète-t-il si vous existez. Et c'est pour ce monde ingrat que vous vous sacrifiez ! Que peut-il donc vous donner de si précieux en compensation des biens du ciel que vous risquez de perdre pour lui? Quel vide dans ce qu'il peut vous offrir de plus enivrant, dans ses louanges et son admiration !
Oh ! c'est une illusion de s'attacher au monde : la religion vous l'enseigne, et votre propre expérience peut vous convaincre. Détachez-vous donc de l'esprit du monde, de ses vanités , de ses futilités ; car si vous cherchez le bonheur, il ne faut pas aller le chercher dans la nuit au milieu des plaisirs, dans une toilette effrénée, dans un luxe que condamne l'esprit de l'Évangile; en faisant cette toilette, votre dépense accroîtra , et savoir où vous vous arrêterez ?
Sachez donc vous borner à ce qui est de convenance , c'est-à-dire, à ce qui est du devoir relativement au rang et à la fortune ; et si vous demeurez fidèles à cette règle, vous n'aurez pas tant de reproches à vous faire. Pensez donc plus raisonnablement, femmes chrétiennes : au lieu de vous donner au monde, donnez-vous à Dieu ; donnez-lui votre cœur, dont vous êtes quelquefois embarrassées, ce cœur qui a tant besoin de s'attacher, ce cœur qui vous échappe si souvent, donnez-le à Dieu et sans réserve.
La prière
La prière est une clef divine pour ouvrir
le ciel. (St Bernard. )
Le second moyen qu'une femme doit employer pour marcher dans la voie du salut, c'est la prière. On ne peut arriver à une vraie sainteté sans prier : les femmes surtout, qui sont destinées à mener une vie intérieure et cachée, trouveraient un grand vide dans leurs longues heures d'occupation et de dévouement, si la prière ne venait comme une douce rosée rafraîchir leur cœur, reposer leur esprit, ranimer leur courage, sanctifier leur travail, modérer leurs jouissances, et les consoler dans leurs souffrances corporelles et spirituelles.
Priez avec un cœur pur, âmes chrétiennes, Dieu se communiquera à vous par sa grâce et ses inspirations; ne cherchez dans la prière que ce qui plaît à Dieu. Ne vous surchargez pas de prières, ô vous qui êtes à la tête d'une nombreuse famille ; ce serait le moyen de les dire à la hâte, de les omettre même, ou de négliger les affaires de votre état. Ne vous contentez pas de prier des lèvres, il faut que votre esprit soit attentif. Priez avec une grande persévérance, lors même que vous êtes en proie au chagrin, à l'adversité, au dégoût, à la tentation, lors même que le ciel paraît inexorable, continuez à faire votre devoir, et abandonnez le reste à Dieu qui éprouve votre fidélité et votre amour.
Recourez donc toujours à la protection de Dieu, femmes chrétiennes : ce serait de l'orgueil de croire que vous êtes capables de quelque chose de vous-mêmes. Jésus-Christ dit dans son Évangile : «Demandez et on vous donnera; cherchez et vous trouverez, heurtez et on vous ouvrira.» Il est facile de voir que la prière est le canal par lequel Notre-Seigneur nous communique Ses faveurs, nous assiste dans nos besoins et nous enrichit de ses biens.
Si la prière vocale est nécessaire, la prière du cœur, la prière mentale est plus efficace pour l'âme: c'est un moyen sûr pour régler la vie et surmonter les obstacles qui peuvent se rencontrer dans le chemin de la vertu. Dès qu'on commence à se relâcher, la tiédeur survient aussitôt, l'âme commence à s'affaiblir peu à peu et à perdre insensiblement ce qu'elle avait de ferveur et de courage pour les choses du ciel; les bons désirs et les saintes résolutions se dissipent et s'évanouissent, les mauvaises inclinations se réveillent et se rallument.
Rendez mille actions de grâces à Dieu, âmes chrétiennes, d'avoir rendu la pratique de l'oraison si aisée, puisqu'il est en votre pouvoir d'y vaquer en quelque temps et en quelque lieu que ce soit; profitez de cette ample permission, et priez Dieu au milieu même de vos occupations les plus multipliées et les plus dissipantes; il vous donnera les moyens de l'aimer tous les jours davantage. Ne croyez pas, ô femmes du monde que ce soit une chose bien difficile de faire quelques réflexions devant Dieu: il est toujours à votre pouvoir de réussir auprès de lui; il ne s'agit que de voir tout simplement comment va l'affaire de votre salut; car c'est là proprement la seule que nous ayons, et nous ne sommes dans le monde que pour travailler à le bien faire. Vous pouvez vous demander quelles sont les vertus que vous avez acquises depuis dix ans, vingt ans; si vous avez fait
des progrès dans l'humilité, dans l'obéissance, dans la mortification volontaire de vos sens ; quel emploi vous avez fait de tant de moyens de salut que vous avez eus; si vous vous acquittez bien des devoirs de votre profession, etc.
Persuadez-vous bien surtout que le principal soin d'une vraie servante du Seigneur doit être de mortifier ses sens, de purifier son cœur, de se préserver de tout péché, et de s'entretenir toujours dans une ferme résolution, de ne consentir jamais, pour quoi que ce soit, à offenser Dieu mortellement ( péché mortel); c'est là ce qui doit être le fondement de l'Oraison.
La présence de Dieu
Marchez en ma présence pour devenir parfait.
( Genèse , 17.)
Le troisième moyen de s'entretenir dans des sentiments religieux , c'est la présence de Dieu: c'est vraiment un moyen très efficace pour vaincre toutes les tentations des anges déchus et toutes les répugnances de la nature ; aussi les saints recommandent-ils l'exercice de cette sainte pratique; et en effet comment pourriez-vous vous décider à offenser Dieu, ô femmes chrétiennes , si vous pensiez que Dieu vous voit ? Dieu est présent partout, il remplit tout l'univers ; c'est lui qui donne la vie, la force et le mouvement à tout ce qui vit; il conserve toute chose par le pouvoir de sa présence, et sans le secours continuel de cette présence, toute chose cesserait d'être et retournerait dans le néant.
Pourquoi donc la femme chrétienne ne fait-elle pas pour son Dieu, jusqu'aux choses même les plus indifférentes, sachant bien qu'il la voit et la regarde incessamment et en tout temps ? Saint Augustin regardait son âme comme le cabinet de l'époux céleste, où il se retirait pour s'entretenir seul à seul avec lui. Sainte-Thérèse regardait son âme comme un ciel intérieur, dans lequel Jésus-Christ voulait bien prendre ses complaisances, se faire connaître se faire aimer Sainte Catherine de Sienne se représentait son cœur comme un oratoire où elle pouvait se retirer sans cesse malgré tous les embarras du monde, pour y adorer Dieu en esprit et en vérité, et ce fut l'industrie que Dieu lui inspira pour se défendre de la persécution de ses parents qui faisaient leur possible pour lui faire perdre sa dévotion et son recueillement.
Servez-vous de ces comparaisons pour rentrer plus facilement en vous-mêmes, femmes chrétiennes, qui êtes obligées de rester au milieu du monde; regardez-vous comme une victime qui brûle dans les tribulations, les sollicitudes de la vie; faites de toutes vos actions comme autant d'actes de foi sur la présence de Dieu partout regardez-le dans les contrariétés que vous font subir les créatures, dans votre enfant qui croît chaque jour dans le bien, dans la nature qui change à chaque saison, dans la variation du temps, etc., et que toutes ces pensées vous portent à faire à Dieu de saintes oraisons jaculatoires, pour élever votre cœur à lui. Si vous pratiquez comme il convient cette excellente méthode, vous en retirerez de grands fruits; en peu de temps vous sentirez votre Cœur tout changé, et vous aurez de l'aversion pour tout ce qui sera contraire, dans la vie du monde, à la loi de Dieu. Le commerce que vous aurez sur la terre sera sanctifié , vos entretiens intérieurs seront avec Dieu dans le ciel, et vous regarderez tout ce qui passe dans cet exil comme devant faire place à la jouissance de la béatitude éternelle.
L'examen de conscience
Seigneur, je penserai en votre présence et avec
amertume de cœur aux péchés que j'ai commis.
(Isaïe, 38.)
Le quatrième moyen pour se soutenir dans la piété, c'est la pratique journalière de l'examen de conscience. On le fait en général ; mais on le fait mal. Ne vous bornez pas à la recherche de vos fautes; il faut découvrir le germe, le principe de la passion dominante: en y mettant un peu de soin, On ne manquera pas de la connaître, et une fois qu'elle sera connue, il faut travailler à acquérir la vertu qui lui est opposée. C'est presque toujours l'amour-propre qui est la source des vivacités auxquelles une femme se laisse aller, des médisances et de ce sel amer qui vient, dans une femme surtout, d'une haute estime de son propre mérite, et qui la rend souvent si sévère pour les autres ; c'est souvent même par amour-propre qu'une mère est plus fâchée des fautes qu'elle voit faire à ses enfants qu'elle ne l'est d'avoir offensé Dieu.
Chez quelques femmes c'est l'égoïsme qui domine ; chez d'autres , la sensualité, la paresse ; c'est le fond du cœur humain, et ce n'est qu'après avoir étudié mon cœur que je suppose les dis positions des autres. Déplorons donc les misères auxquelles nous sommes sujettes, et nous aurons certainement de quoi nous humilier.
La confession
Revenez à moi, dit le Seigneur, purifiez votre
cœur, je viendrai à vous, et je ne me souviendrai plus de vos péchés.
Le cinquième moyen se trouve dans les sacrements. La confession est le sacrement de régénération, c'est celui de la résurrection à la grâce. La femme chrétienne peut trouver quelque chose de pénible dans la confession, qui est l'aveu de ses fautes; mais en même temps elle reçoit de la grâce qui en découle, un secours puissant contre les ennemis de son salut , l`ange déchu , le monde et elle-même; une force que donne le sang de Jésus-Christ; une consolation, puisqu'elle se réconcilie avec son Dieu, et rend par ce moyen ses œuvres méritoires.
La confession n'est point une invention des hommes, elle a été instituée par Jésus-Christ; voilà d'où vient qu'elle est salutaire à tous les âges. Les passions devancent souvent les années, et les plus dangereuses sont quelquefois celles de l'enfance, parce qu'elles décident ordinairement de toute la vie. Qui saura celles qui se développent dans le cœur d'un enfant ? ira-t-il chercher son père, sa mère, pour faire l'aveu des fautes qu'il a commises ? Non, sans doute, parce qu'il craindra leurs observations , leur surveillance, peut-être même leurs punitions; mais il s'ouvrira à un confesseur, qui par ses avis arrêtera dans son principe le germe de telle ou telle passion qui aurait fait le malheur de sa vie. Dans la jeunesse, temps si dangereux, où le cœur se trompe si facilement, qui pourra donner de bons avis, si ce n'est le confesseur ? Lui seul pourra faire sentir combien les passions sont funestes; il pourra seul préserver de grands égarements, qui rendraient à jamais malheureux, détruiraient la santé, la vie, la réputation. Dans l'âge mûr, où des passions plus violentes, souvent une ambition plus démesurée dévorent, il n'appartient qu'à un confesseur de dire des vérités salutaires, de représenter l'abîme où cette passion va entraîner, le vide de ces honneurs ou de cette fortune que poursuit l'ambitieux.
Qui représentera à l'homme public les devoirs qu'il a à remplir, entouré comme il l'est de solliciteurs qui le flattent, si ce n'est un confesseur ? Et vous, femmes du monde, au milieu des sollicitudes d'un ménage à gouverner, peut-être affligées par les peines de l'état que vous avez embrassé; accablées par les chagrins domestiques et les travaux d'une nombreuse famille, qui relèvera votre âme affligée?
Qui vous dira: « Dieu seul est témoin de vos sacrifices; continuez de mériter son approbation. » Est-ce dans le monde que vous trouverez des conseils utiles et sages, ou dans des amies souvent peu sincères? Non, c'est dans le directeur de votre conscience. Dans la vieillesse, devenues quelquefois à charge à tous, par vos infirmités, peut-être même à vos propres enfants, rappelant toujours votre vieux temps, fatiguant ceux qui
vous entourent, et dont le désir de la Vie s'augmente à mesure qu'elle est plus près de lui échapper, qui vous détachera de cette terre, qui rompra les liens trop terrestres, qui opérera ce miracle, si ce n'est un confesseur? Enfin, qui exhortera, qui consolera ce malade, ce mourant ? Le confesseur, qui lui montrera le ciel pour prix de son repentir et de ses longues souffrances. Prenez garde, femmes chrétiennes , souvenez-vous que la confession doit être faite avec humilité, et qu'au lieu de cela, vous n'y alliez que pour faire votre apologie, ou du moins pour vous excuser.
Puisque vous sentez que c'est un remède nécessaire à Votre âme, usez-en, mais avec discrétion ; ne vous accoutumez pas à aller vous confesser par une espèce de routine ; mais bien plutôt pour aller chercher un secours à votre faiblesse, une force courageuse au milieu des combats que vous êtes obligées de soutenir journellement ; quand on peut-être en paix avec Dieu , avec sa conscience , c`est déjà une grande consolation pour reprendre force et courage au milieu des tribulations.
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
Re: Le Guide de la femme chrétienne - France - 19 eme siecle
La communion
C'est ici le pain du ciel, celui qui en mange vivra éternellement. (St Jean , 16.)
Parmi les sacrements, il en est qui nous donnent la grâce que nous avons perdue , il en est d'autres qui l'augmentent en nous ; l'eucharistie est de ce nombre. Il faut savoir ce que c'est que communier, pour concevoir que ce sixième moyen est le plus sûr pour acquérir la perfection, et pour être embrasé d'amour pour Jésus-Christ. La communion produit quatre effets principaux : elle nous unit à Jésus-Christ, et cette union doit exciter dans nos cœurs la plus vive reconnaissance.
Que sont tous les grands de la terre, dont la visite nous honorerait tant, à côté de celle que Dieu veut faire à l'âme chrétienne. Tous les prétextes que l'on donne pour s'éloigner de la sainte table ne font que condamner les personnes qui s'en retirent , parce que, que nous n'avons pas le loisir de prier ; ainsi chacun croit avoir raison de ne pas approcher, et tous ces prétextes ne sont mis en avant que parce qu'on ne veut pas avouer la véritable cause. C'est la lâcheté, c'est l'oisiveté, c'est une dissipation continuelle, ce sont mille petites raisons, fondées toutes sur des motifs humains, qui devraient n'entrer pour rien dans l'affaire du salut. Convenez avec moi, femmes chrétiennes, que si vous êtes dans le chagrin, le remède à appliquer est le baume salutaire de la sainte communion : ne vous dit-il pas, ce doux Jésus, comme à tous les chrétiens : Venez à moi, vous tous qui êtes affligés , et je vous consolerai ? Et qui ne Souffre pas ?..... Venez , vous que la misère accable, qui avez tant de peine à en supporter le poids, vous que personne n'assiste ; ah ! venez, vous sentirez, en sortant de la sainte table plus de force pour résister aux besoins qui vous pressent, ces besoins seront soulagés ; venez, vous qui ne trouvez pas sur cette terre un cœur qui réponde au vôtre; vous qui n'avez pas d'amis sincères, venez, approchez de cet ami qui ne vous abandonnera jamais, de cet époux de votre âme qui la remplira des joies célestes.
Vous trouverez dans la communion la force de résister à vos passions : c'est là qu'on trouve le vrai préservatif contre cette concupiscence qui entraîne; c'est là que les martyrs allaient puiser ce courage qui leur faisait braver les supplices et la mort. Quand ils étaient abattus par les tourments les plus affreux, et qu'on les remettait en prison pour prolonger leur torture, de saints prêtres venaient leur apporter la communion, et
ils retrouvaient alors une force nouvelle qui ce qui était le plus fait pour les ébranler : famille éplorée, père âgé, infirme, femmes suppliantes, enfants abandonnés, promesses, menaces, mort enfin; à tous ils répondaient : Je suis chrétien.
Ou la femme chrétienne trouvait-elle son courage, sinon dans le Dieu qui la soutenait par la communion? C'est elle qui le rendait invulnérable à toutes les attaques, en l'entourant d'une sainte barrière, que personne n'osait franchir. Ne vous plaignez donc pas d'être faibles pour résister à vos mauvais penchants; cherchez plutôt à vous fortifier dans les sacrements. Ne vous contentez pas de la communion pascale : que peut produire cette communion isolée dans l'année ?
Un effet momentané ; c'est pour cela que vous retombez si souvent dans les mêmes fautes. Vous prenez de bonnes résolutions ; mais elles ne sont pas soutenues par de nouvelles communions, et vous manquez de courage à la première attaque. Puisez donc dans la sainte eucharistie des armes pour résister à cet ennemi que vous portez au-dedans de vous-mêmes, ne prétextez pas votre imperfection , ni vos occupations, c'est précisément parce que vous êtes imparfaites et occupées , que vous avez besoin de vous approcher de la source de toute perfection; venez, vous qui, tourmentées d'une humeur chagrine , venez puiser à la source de la sérénité ; venez, vous qui voulez bien vivre, mais qui retombez encore si souvent ; venez, vous qui avez tant de motifs de déplorer votre faiblesse, et qui avez dans tout ce qui vous entoure , tant de témoins de votre fragilité, venez chercher un appui dont vous avez besoin.
Vous avez compris qu'il faut la pureté de Conscience et une foi vive pour approcher de cet auguste sacrement, et ne vous imaginez pas que vous goûterez la dévotion d'une manière toujours sensible; mais ce désir vient souvent d'un certain égoïsme, qui fait qu'on se recherche plutôt soi-même que Dieu. Ames chrétiennes, ne vous tourmentez pas autant; cherchez plutôt à produire des actes de toutes les vertus. Après avoir fait à votre acte de pureté, d'intention et de foi, faites-en un d'espérance ; ayez cette belle vertu dans le cœur, la pensée du ciel; l'espoir d'y arriver un jour est un grand encouragement. Ce sacrement a été institué comme un avant-goût du bonheur éternel, comme un gage de la vie éternelle. Jésus-Christ dit à l'homme au milieu de ses peines : « Tu iras là, à cet autel , tu y trouveras le baume consolateur, le gage de ton bonheur éternel. » Ranimez donc en votre cœur la sainte vertu d'espérance , en méditant sur l'ineffable bonté du Dieu que vous servez.
Surtout aimez bien Dieu, et formez de votre cœur des actes d'amour. Le cœur des hommes, celui des femmes surtout a besoin d'aimer; dans l'enfance vous aimez vos parents ; plus tard cet amour se porte sur un autre objet, vers des enfants que l'on a élevés et qui vous voient vieillir; dans la vieillesse qui ne parle avec tendresse de sa mère ? Mais que de froideur n'apporte-t-on pas à la sainte table ? On se contente de dire à Dieu qu'on l'aime de tout son cœur, et le cœur ne sait rien trouver pour Dieu.
Cependant , que d'expressions brûlantes on emploie lorsqu'il est question de certains attachements ; avec quelle facilité, les femmes surtout , savent témoigner leur amitié aux gens du monde qu'elles affectionnent. Pour Dieu vous n'avez qu'un cœur sec ; vous vous contentez de réciter des actes formulés, ces prières sont plus ou moins senties : mais point de réflexions, On cherche des sentiments tout faits dans les livres, et on ne cherche point à les exciter dans le cœur. Il ne faudrait cependant pour cela que penser aux bienfaits dont Dieu vous a comblées: mais ils ne nous inspirent rien, et on a tant d'esprit, on en dépense tant en médisances! On médite sans cesse sur les choses de ce monde; mais on ne sait pas méditer quand il s'agit des choses du salut.
La vertu d'humilité est une excellente préparation pour nous disposer à communier, et nous devons aussi en faire des actes. C'est une vertu bien rare, bien peu connue et en général bien mal comprise; c'est une vertu qu'on pourrait presque regarder comme étrangère à l'homme, puisque dans notre , nature tout y est opposé, et cependant c'est une vertu bien nécessaire au salut; elle consiste à reconnaître devant Dieu que nous ne
sommes rien, à ne pas méconnaître les dons de Dieu, ce qui exclurait la reconnaissance; seulement il ne faut pas se les attribuer. Dieu demande de nous des sentiments humbles et non des paroles.
En serez vous plus humbles vous, femmes du monde, quand, pour un mot qui vous blessées, vous boudez longtemps à un mari, à une personne qui a choqué votre orgueil? L'humilité s'exerce surtout dans l'intérieur d'un ménage, dans ses relations habituelles avec les autres; mais tous les actes formulés ne signifient rien sans cela. Vous vous trompez, femmes chrétiennes, si vous croyez que la préparation à la communion consiste uniquement dans l'assistance à la messe, dans de longues prières, dans beaucoup de lectures.
C'est avantageux, il est vrai, et ceux qui en ont le temps, font très-bien de s'entretenir de pensées spirituelles, sans que cela prenne sur des devoirs bien autrement essentiels ; mais ce ne sont là que les dehors de la préparation ; les dispositions intérieures sont bien plus importantes, et on ne s'en occupe presque pas; cela vient de ce que l'on déplace les choses : on met ce qui n'est qu'avantageux à la place de ce qui est nécessaire.
Souvent vous vous plaignez, vous gémissez, femmes pieuses, de n'avoir pas le temps de vous préparer à la communion: vous avez des enfants qui ne vous laissent pas un instant de repos! Ces enfants vous fatiguent, il faut les élever avec soin ; c'est un tourment, des soins de tous les instants, pour éviter les jalousies, les querelles ; ils absorbent tous vos moments. Mais réfléchissez-y un peu : qu'est-ce que Dieu demande de vous, sinon ces soins-là? Est-ce qu'en les lui offrant vous ne faites pas la meilleure préparation?
Vous n'avez pas d'enfants, mais des adversités, des chagrins; vous avez à supporter les défauts, peut-être les vices d'un mari; vous êtes la victime d'une union mal assortie, que faire; vous y êtes, vous souffrez. Ah ! ne trouvez-vous pas là une offrande à faire à Dieu de ce pauvre cœur si ulcéré, de ce cœur qui a besoin de s'attacher, et qui n'en a pas rencontré un capable de l'apprécier ? Ah ! n'avez-vous pas plus qu'une autre besoin de communier souvent, pour vous rapprocher de ce Dieu, soutien des faibles et des opprimés? Vos chagrins ne sont-ils pas la meilleure préparation que vous puissiez apporter? Comment se fait-il donc qu'une considération aussi simple ne soit pas sentie de tout le monde, et qu'on aille chercher ailleurs que dans les vertus de son état la préparation à la communion ?
La dissipation elle-même, il ne faut pas craindre de le dire, quand elle est inhérente à la position, non-seulement n'est point un obstacle à la communion, mais peut même lui servir de préparation. Oh ! femmes pieuses, bâtissez-vous une retraite au sein de votre propre cœur, et qu'il en sorte de ces élans d'amour et de confiance en Dieu, qui vaudront bien mieux que de longues prières ! Ainsi donc, l'époux dans le soin de sa fortune et de ses affaires, la femme dans ceux de son ménage et de ses enfants, le serviteur dans son activité à son service et dans son obéissance à son maître, le pauvre dans sa misère et dans son travail pour en sortir, le riche dans les devoirs de son état; tous enfin peuvent trouver là une véritable préparation.
Concluons donc que la meilleure disposition à la communion, c'est de renoncer à ces vivacités continuelles, à cette humeur fâcheuse, aux médisances habituelles; c'est de pardonner sincèrement et de jeter sur les fautes des autres ce voile ingénieux de la charité ne point noircir ni altérer par de fausses interprétations la réputation de cette jeune femme, faible, légère peut-être, mais pure au fond. C'est de travailler tous les jours à l'amendement de votre vie, de donner ou recevoir des conseils avec douceur et charité, d'oublier les anciens torts et d'éviter tout ce qui peut humilier les autres; de s'appliquer surtout à combattre sa passion dominante, car en général toutes les fautes ressortent d'un défaut qui est le mobile de tous les autres.
O vous, épouses fidèles, mères désolées, qui avez tant de sujet de désirer le retour de ce mari, de cet enfant, employez avec la prière l'approche des sacrements, et votre persévérance et vos efforts seront bénis.
La charité
Le christianisme a placé la charité comme un
puits d'abondance dans les déserts de la vie.
(Génie du Christianisme)
Le septième moyen qui nous encourage à marcher dans le Véritable chemin du salut, c'est la charité. Nous avons deux commandements de la charité : l'un est d'aimer Dieu de tout notre cœur, de toute notre âme , de toutes nos forces, c'est le plus grand des Commandements; le second est d'aimer notre prochain comme nous-mêmes. Le Seigneur dit : Celui qui qui vous touchera, me touchera à la prunelle de l'œil; de sorte qu'en offensant le prochain nous offensons Dieu, et en aimant Dieu nous aimons aussi notre prochain; or, puisque l'amour de Dieu et l'amour du prochain marchent toujours ensemble, qu'ils sont renfermés l'un dans l'autre et ne peuvent jamais se diviser, nous devons en conclure que l'obligation d'aimer Dieu emporte nécessairement l'obligation d'aimer aussi le prochain.
La charité est patiente, dit l'Apôtre, elle est bienfaisante ; voilà deux choses très-essentielles, et en effet, il n'y en a point de plus nécessaire et de plus importante pour conserver cette union les uns avec les autres, que de souffrir patiemment de tous et faire du bien à tout le monde. Saint Augustin dit encore qu'une des choses dans lesquelles la charité paraît et éclate le plus, c'est dans le support des mauvaises humeurs et les imperfections du prochain; car la charité, dit saint Paul, souffre tout, elle supporte tout. Sachez donc, femmes chrétiennes, que si vous ne pouvez rien souffrir, et que vous n'ayez pas assez de douceur pour supporter patiemment les défauts des autres, sachez que , quelque réflexion que vous fassiez , quelque moyen dont vous vous serviez et quelque remède que vous puissiez employer, vous ne pourrez jamais conserver la charité.
C'est quelquefois, je l'avoue, une chose pénible que de supporter continuellement les défauts du prochain ; mais souvenez-vous, femmes chrétiennes, que c'est un combat qui ne doit pas durer toujours, et que nous n'aurons plus rien à souffrir dans l'autre vie ; c'est pourquoi il faut ne pas vous décourager et souffrir en cette vie pour être récompensées dans l'autre; il faut donc souffrir du prochain et le secourir : toute la vie chrétienne est renfermée en ces deux points, et trouve sa pratique dans les œuvres spirituelles et corporelles de miséricorde, par lesquelles on secourt son prochain dans les nécessités de l'esprit et du corps. Les personnes vouées à la religion par profession, observent très-exactement ces œuvres ; les femmes du monde n'en ont pas toujours le loisir; mais convenons qu'elles manquent aussi de bonne volonté, et que si elles ne peuvent pas les remplir toutes , du moins elles pourraient en pratiquer plusieurs; qu'elles examinent bien sérieusement leur conscience à cet égard, et qu'elles se jugent elles-mêmes sans partialité.
Une chose qui peut contribuer beaucoup à augmenter la charité, c'est la douceur dans les paroles. Rappelez-vous-en, femmes chrétiennes, un mot dit avec douceur multiplie les amies et apaise les ennemies, dit le Sage ; et au contraire une parole rude met en fureur, et excite des querelles et des dissensions; ces sortes de paroles indisposent ordinairement contre ceux qui nous les disent. Jugez de votre prochain comme de vous
mêmes, dit le Sage ; consultez-vous donc , et pensez si vous seriez bien aises qu'on vous parlât sèchement, qu'on vous répondît avec aigreur , qu'on vous commandât avec trop de hauteur et d'empire; et si vous trouvez que cette conduite vous toucherait vivement, il faut vous abstenir d'en user ainsi avec les autres, et surtout envers un mari qui s'en irriterait, envers des enfants qui prendraient le note de ce mauvais exemple donné à leur enfance, envers des domestiques qui sont obligés, dans leur position pénible, de faire souvent effort à la nature. Dans les cas où vous vous oublieriez, il faut reprendre courage et tâcher de corriger ces défauts de caractère qui nous rendent esclaves.
Si quelqu'un vous dit quelque chose de rude, il ne faut pas répondre sur le même ton, usez alors d'humilité et de la modération pour souffrir avec patience, et pour dissimuler avec discrétion. Si c'est avec, votre mari que vous luttez, rappelez-vous que c'est mettre du bois dans son feu que de contester avec lui ; gardez-vous de l'entretenir longtemps par vos répliques, au contraire, tâchez d'avoir tant de douceur et de retenue, que tout ce que l'on pourra vous dire de fâcheux ne fasse aucune impression sur vous. Il ne faut jamais se coucher sur sa propre colère ; car si vous voulez que Dieu vous pardonne , pardonnez vous-mêmes, sinon craignez l'exemple de ce serviteur impitoyable que son maître livra aux bourreaux. Il faut aussi éviter soigneusement d'être en contestation avec personne : tous les saints nous recommandent la même chose. Le plus souvent la matière dont il s'agit est de peu à de conséquence; laissez la personne qui conteste avec vous dans son opiniâtreté, et gardez vous d'en avoir, quand vous n'avez pas tort ; exprimez une fois ou deux avec douceur quel est votre sentiment ; après cela laissez croire ce que l'on voudra, et imposez-vous silence.
Quand vous en userez ainsi , femmes chrétiennes, vous ne vous laisserez jamais aller aux chagrins et aux aigreurs d'où naissent ordinairement des disputes ; vous surmonterez le désir si naturel aux enfants des hommes de l'emporter sur les autres et d'acquérir de la gloire; enfin, vous ferez un acte d'amour de Dieu en retranchant les occasions de pécher. Il n'y a rien qui conserve l'union et la charité les uns envers les autres, comme d'éviter la médisance ; car les médisants sont, non seulement haïs de Dieu, mais ils sont encore en abomination aux hommes; c'est un vice énorme et dangereux, il est aisé d'y pécher mortellement; car il ternit et ruine quelquefois la réputation du prochain qui est au-dessus de tous les trésors de la terre.
O vous, la femmes du monde, obligées d'être sans cesse en conversation avec les gens du siècle, prenez garde ; votre goût naturel, votre penchant vous portent à un flux de paroles. Et qu'il est difficile de laisser intacte la réputation de la personne sur laquelle vous exercez votre critique! Cessez de vous plaindre des personnes qui vous entourent, plaignez-vous plutôt vous-mêmes à vous-mêmes, et sachez qu'on ne peut guère attaquer la conduite du prochain sans médire : on commence à dire très-peu de chose d'abord; mais il est rare ensuite que la médisance n'entraîne pas plus loin qu'on ne le veut; elle va même souvent jusqu'à la calomnie, et de combien de discordes n'est-elle pas le sujet ! La médisance se répète, se grossit et occasionne les plus grands maux.
La personne qui a médit la première, est responsable de tout le mal qui s'est commis depuis, par suite de sa médisance. Non-seulement vous ne devez rien dire qui blesse la charité et la bienséance ; mais nous ne devons pas même prêter l'oreille à ces sortes de discours; car c'est exciter les autres à parler, de laisser apercevoir qu'on prend plaisir à les entendre, et il est honteux d'écouter ce qu'on aurait honte de dire. Pour faire connaître que vous n'approuvez pas ce qu'on dit, montrez un visage sombre et chagrin. Un autre moyen qu'une femme peut prendre avec précaution, c'est de changer de conversation. Saint-Jérôme dit que si quelqu'un parle mal d'un autre, il faut le fuir comme un serpent.
Il faut aussi, femmes chrétiennes, s'abstenir de toute espèce de jugement téméraire. Ne jugez point, et vous ne serez point jugé, dit le Sauveur; ne condamnez point, et vous ne serez point condamné. Dieu s'est réservé la connaissance de notre cœur, et il n'appartient qu'à lui seul d'en juger. Ainsi quiconque se mêle de le faire, usurpe le droit de Dieu, et entreprend sur la juridiction divine. Les jugements téméraires naissent ordinairement de l'orgueil, qui est aussi la racine de tous les autres péchés, mais qui l'est encore plus de celui-ci ; car si vous étiez humbles, vous seriez très-éloignées de ces sortes de jugements; aussi un moyen qui est très-propre, c'est de n'ouvrir jamais les yeux que pour voir nos propres infirmités, et de les avoir toujours fermés pour celles des autres, afin qu'on ne dise pas, comme à l'hypocrite de l'Évangile : Pourquoi voyez-vous une paille dans l'œil de votre frère, et que vous ne voyez pas une poutre qui est dans le vôtre ?
On ne saurait assez exprimer de quel avantage il est d'avoir toujours les yeux attachés sur ses défauts; car cette vue donne de l'humilité et de la confusion, augmente la crainte de Dieu dans une âme, l'entretient dans le recueillement intérieur, et y produit des fruits de tranquillité et de paix.
La calomnie, qui est une suite de la médisance, est très-blâmable, en ce qu'elle fait tort à la réputation du prochain; quand même elle serait démentie, il en reste toujours quelque chose; elle blesse donc grièvement la charité. On donne souvent pour certain ce qui n'est, la plupart du temps, qu'une conjecture; le bruit qu'on répète se grossit, et parvenant quelquefois aux oreilles des personnes intéressées, il occasionne des querelles, il répand le trouble et la désunion dans un ménage, dans une famille, dans une société.
Femmes pieuses, que la calomnie attaque quelquefois à tort, et dont vous êtes souvent les victimes, veillez constamment sur vous-mêmes, afin de n'y point donner prise; ne vous laissez pas aller aux plaintes, aux reproches, gardez-vous surtout de donner jamais de publicité à cette calomnie; bien loin d'empêcher le mal, vous l'augmenteriez. Il y a peut-être beaucoup plus de bonnes mœurs qu'on ne le croit généralement dans
le monde. Très-peu de femmes se conduisent réellement mal, beaucoup sont légères , et ne prennent point assez de soin de leur réputation. Elles sont vertueuses dans le fond ; mais par quelques légèretés , dont peut-être elles ne se doutent pas, donnent lieu à bien des calomnies. Faites-y attention , femmes chrétiennes , ce n'est point assez d'avoir une conscience droite, de mener une conduite régulière , il faut encore qu'elle paraisse telle ; car une petite légèreté, une légère indiscrétion pourraient être un sujet de trouble dans un ménage ; il est facile de conserver l'affection d'un mari, mais il est bien difficile de la regagner. Enfin si, sans y donner prise le moins du monde, vous vous trouvez exposées à la calomnie, regardez cela comme une épreuve du ciel; redoublez de vigilance sur vous- mêmes; offrez votre peine à Dieu; pensez que si vous n'êtes pas coupables de ce dont on vous accuse, vous l'avez peut-être été, dans d'autres temps , de fautes ignorées, regardez cela comme une expiation de ces fautes anciennes, adorez la main qui vous frappe, et attendez la récompense qui sera d'autant plus belle.
L'humilité
Apprenez de moi que je suis doux et humble
de cœur. (Matthieu, 1 1.)
Le huitième moyen pour arriver à la perfection, c'est l'humilité; pour bien comprendre l'excellence de cette vertu et le besoin que nous en avons, il suffit de penser que le Fils de Dieu est descendu du ciel pour nous l'enseigner , non-seulement par ses paroles, mais plus particulièrement par ses actions, ,et que toute sa vie n'a été qu'un long exemple et un modèle vivant d'humilité.
Tous les hommes sont obligés de réprimer leur orgueil , et ils le font difficilement, parce que leur nature les porte à l'orgueil ; les femmes, plus faibles qu'eux, ont peut être moins d'orgueil et plus de vanité. Saint Augustin dit que l'humilité doit précéder , accompagner et suivre tout ce qu'elles font de bien ; car toutes les vertus qui ne sont point fondées sur l'humilité ne sont point de véritables vertus; elle ne consiste point dans les paroles ni dans les dehors, elle consiste dans les sentiments du cœur, dans une basse opinion de soi-même ;aussi le principal, l'unique moyen pour pratiquer l'humilité, c'est de se connaître soi-même.
C'est ici le pain du ciel, celui qui en mange vivra éternellement. (St Jean , 16.)
Parmi les sacrements, il en est qui nous donnent la grâce que nous avons perdue , il en est d'autres qui l'augmentent en nous ; l'eucharistie est de ce nombre. Il faut savoir ce que c'est que communier, pour concevoir que ce sixième moyen est le plus sûr pour acquérir la perfection, et pour être embrasé d'amour pour Jésus-Christ. La communion produit quatre effets principaux : elle nous unit à Jésus-Christ, et cette union doit exciter dans nos cœurs la plus vive reconnaissance.
Que sont tous les grands de la terre, dont la visite nous honorerait tant, à côté de celle que Dieu veut faire à l'âme chrétienne. Tous les prétextes que l'on donne pour s'éloigner de la sainte table ne font que condamner les personnes qui s'en retirent , parce que, que nous n'avons pas le loisir de prier ; ainsi chacun croit avoir raison de ne pas approcher, et tous ces prétextes ne sont mis en avant que parce qu'on ne veut pas avouer la véritable cause. C'est la lâcheté, c'est l'oisiveté, c'est une dissipation continuelle, ce sont mille petites raisons, fondées toutes sur des motifs humains, qui devraient n'entrer pour rien dans l'affaire du salut. Convenez avec moi, femmes chrétiennes, que si vous êtes dans le chagrin, le remède à appliquer est le baume salutaire de la sainte communion : ne vous dit-il pas, ce doux Jésus, comme à tous les chrétiens : Venez à moi, vous tous qui êtes affligés , et je vous consolerai ? Et qui ne Souffre pas ?..... Venez , vous que la misère accable, qui avez tant de peine à en supporter le poids, vous que personne n'assiste ; ah ! venez, vous sentirez, en sortant de la sainte table plus de force pour résister aux besoins qui vous pressent, ces besoins seront soulagés ; venez, vous qui ne trouvez pas sur cette terre un cœur qui réponde au vôtre; vous qui n'avez pas d'amis sincères, venez, approchez de cet ami qui ne vous abandonnera jamais, de cet époux de votre âme qui la remplira des joies célestes.
Vous trouverez dans la communion la force de résister à vos passions : c'est là qu'on trouve le vrai préservatif contre cette concupiscence qui entraîne; c'est là que les martyrs allaient puiser ce courage qui leur faisait braver les supplices et la mort. Quand ils étaient abattus par les tourments les plus affreux, et qu'on les remettait en prison pour prolonger leur torture, de saints prêtres venaient leur apporter la communion, et
ils retrouvaient alors une force nouvelle qui ce qui était le plus fait pour les ébranler : famille éplorée, père âgé, infirme, femmes suppliantes, enfants abandonnés, promesses, menaces, mort enfin; à tous ils répondaient : Je suis chrétien.
Ou la femme chrétienne trouvait-elle son courage, sinon dans le Dieu qui la soutenait par la communion? C'est elle qui le rendait invulnérable à toutes les attaques, en l'entourant d'une sainte barrière, que personne n'osait franchir. Ne vous plaignez donc pas d'être faibles pour résister à vos mauvais penchants; cherchez plutôt à vous fortifier dans les sacrements. Ne vous contentez pas de la communion pascale : que peut produire cette communion isolée dans l'année ?
Un effet momentané ; c'est pour cela que vous retombez si souvent dans les mêmes fautes. Vous prenez de bonnes résolutions ; mais elles ne sont pas soutenues par de nouvelles communions, et vous manquez de courage à la première attaque. Puisez donc dans la sainte eucharistie des armes pour résister à cet ennemi que vous portez au-dedans de vous-mêmes, ne prétextez pas votre imperfection , ni vos occupations, c'est précisément parce que vous êtes imparfaites et occupées , que vous avez besoin de vous approcher de la source de toute perfection; venez, vous qui, tourmentées d'une humeur chagrine , venez puiser à la source de la sérénité ; venez, vous qui voulez bien vivre, mais qui retombez encore si souvent ; venez, vous qui avez tant de motifs de déplorer votre faiblesse, et qui avez dans tout ce qui vous entoure , tant de témoins de votre fragilité, venez chercher un appui dont vous avez besoin.
Vous avez compris qu'il faut la pureté de Conscience et une foi vive pour approcher de cet auguste sacrement, et ne vous imaginez pas que vous goûterez la dévotion d'une manière toujours sensible; mais ce désir vient souvent d'un certain égoïsme, qui fait qu'on se recherche plutôt soi-même que Dieu. Ames chrétiennes, ne vous tourmentez pas autant; cherchez plutôt à produire des actes de toutes les vertus. Après avoir fait à votre acte de pureté, d'intention et de foi, faites-en un d'espérance ; ayez cette belle vertu dans le cœur, la pensée du ciel; l'espoir d'y arriver un jour est un grand encouragement. Ce sacrement a été institué comme un avant-goût du bonheur éternel, comme un gage de la vie éternelle. Jésus-Christ dit à l'homme au milieu de ses peines : « Tu iras là, à cet autel , tu y trouveras le baume consolateur, le gage de ton bonheur éternel. » Ranimez donc en votre cœur la sainte vertu d'espérance , en méditant sur l'ineffable bonté du Dieu que vous servez.
Surtout aimez bien Dieu, et formez de votre cœur des actes d'amour. Le cœur des hommes, celui des femmes surtout a besoin d'aimer; dans l'enfance vous aimez vos parents ; plus tard cet amour se porte sur un autre objet, vers des enfants que l'on a élevés et qui vous voient vieillir; dans la vieillesse qui ne parle avec tendresse de sa mère ? Mais que de froideur n'apporte-t-on pas à la sainte table ? On se contente de dire à Dieu qu'on l'aime de tout son cœur, et le cœur ne sait rien trouver pour Dieu.
Cependant , que d'expressions brûlantes on emploie lorsqu'il est question de certains attachements ; avec quelle facilité, les femmes surtout , savent témoigner leur amitié aux gens du monde qu'elles affectionnent. Pour Dieu vous n'avez qu'un cœur sec ; vous vous contentez de réciter des actes formulés, ces prières sont plus ou moins senties : mais point de réflexions, On cherche des sentiments tout faits dans les livres, et on ne cherche point à les exciter dans le cœur. Il ne faudrait cependant pour cela que penser aux bienfaits dont Dieu vous a comblées: mais ils ne nous inspirent rien, et on a tant d'esprit, on en dépense tant en médisances! On médite sans cesse sur les choses de ce monde; mais on ne sait pas méditer quand il s'agit des choses du salut.
La vertu d'humilité est une excellente préparation pour nous disposer à communier, et nous devons aussi en faire des actes. C'est une vertu bien rare, bien peu connue et en général bien mal comprise; c'est une vertu qu'on pourrait presque regarder comme étrangère à l'homme, puisque dans notre , nature tout y est opposé, et cependant c'est une vertu bien nécessaire au salut; elle consiste à reconnaître devant Dieu que nous ne
sommes rien, à ne pas méconnaître les dons de Dieu, ce qui exclurait la reconnaissance; seulement il ne faut pas se les attribuer. Dieu demande de nous des sentiments humbles et non des paroles.
En serez vous plus humbles vous, femmes du monde, quand, pour un mot qui vous blessées, vous boudez longtemps à un mari, à une personne qui a choqué votre orgueil? L'humilité s'exerce surtout dans l'intérieur d'un ménage, dans ses relations habituelles avec les autres; mais tous les actes formulés ne signifient rien sans cela. Vous vous trompez, femmes chrétiennes, si vous croyez que la préparation à la communion consiste uniquement dans l'assistance à la messe, dans de longues prières, dans beaucoup de lectures.
C'est avantageux, il est vrai, et ceux qui en ont le temps, font très-bien de s'entretenir de pensées spirituelles, sans que cela prenne sur des devoirs bien autrement essentiels ; mais ce ne sont là que les dehors de la préparation ; les dispositions intérieures sont bien plus importantes, et on ne s'en occupe presque pas; cela vient de ce que l'on déplace les choses : on met ce qui n'est qu'avantageux à la place de ce qui est nécessaire.
Souvent vous vous plaignez, vous gémissez, femmes pieuses, de n'avoir pas le temps de vous préparer à la communion: vous avez des enfants qui ne vous laissent pas un instant de repos! Ces enfants vous fatiguent, il faut les élever avec soin ; c'est un tourment, des soins de tous les instants, pour éviter les jalousies, les querelles ; ils absorbent tous vos moments. Mais réfléchissez-y un peu : qu'est-ce que Dieu demande de vous, sinon ces soins-là? Est-ce qu'en les lui offrant vous ne faites pas la meilleure préparation?
Vous n'avez pas d'enfants, mais des adversités, des chagrins; vous avez à supporter les défauts, peut-être les vices d'un mari; vous êtes la victime d'une union mal assortie, que faire; vous y êtes, vous souffrez. Ah ! ne trouvez-vous pas là une offrande à faire à Dieu de ce pauvre cœur si ulcéré, de ce cœur qui a besoin de s'attacher, et qui n'en a pas rencontré un capable de l'apprécier ? Ah ! n'avez-vous pas plus qu'une autre besoin de communier souvent, pour vous rapprocher de ce Dieu, soutien des faibles et des opprimés? Vos chagrins ne sont-ils pas la meilleure préparation que vous puissiez apporter? Comment se fait-il donc qu'une considération aussi simple ne soit pas sentie de tout le monde, et qu'on aille chercher ailleurs que dans les vertus de son état la préparation à la communion ?
La dissipation elle-même, il ne faut pas craindre de le dire, quand elle est inhérente à la position, non-seulement n'est point un obstacle à la communion, mais peut même lui servir de préparation. Oh ! femmes pieuses, bâtissez-vous une retraite au sein de votre propre cœur, et qu'il en sorte de ces élans d'amour et de confiance en Dieu, qui vaudront bien mieux que de longues prières ! Ainsi donc, l'époux dans le soin de sa fortune et de ses affaires, la femme dans ceux de son ménage et de ses enfants, le serviteur dans son activité à son service et dans son obéissance à son maître, le pauvre dans sa misère et dans son travail pour en sortir, le riche dans les devoirs de son état; tous enfin peuvent trouver là une véritable préparation.
Concluons donc que la meilleure disposition à la communion, c'est de renoncer à ces vivacités continuelles, à cette humeur fâcheuse, aux médisances habituelles; c'est de pardonner sincèrement et de jeter sur les fautes des autres ce voile ingénieux de la charité ne point noircir ni altérer par de fausses interprétations la réputation de cette jeune femme, faible, légère peut-être, mais pure au fond. C'est de travailler tous les jours à l'amendement de votre vie, de donner ou recevoir des conseils avec douceur et charité, d'oublier les anciens torts et d'éviter tout ce qui peut humilier les autres; de s'appliquer surtout à combattre sa passion dominante, car en général toutes les fautes ressortent d'un défaut qui est le mobile de tous les autres.
O vous, épouses fidèles, mères désolées, qui avez tant de sujet de désirer le retour de ce mari, de cet enfant, employez avec la prière l'approche des sacrements, et votre persévérance et vos efforts seront bénis.
La charité
Le christianisme a placé la charité comme un
puits d'abondance dans les déserts de la vie.
(Génie du Christianisme)
Le septième moyen qui nous encourage à marcher dans le Véritable chemin du salut, c'est la charité. Nous avons deux commandements de la charité : l'un est d'aimer Dieu de tout notre cœur, de toute notre âme , de toutes nos forces, c'est le plus grand des Commandements; le second est d'aimer notre prochain comme nous-mêmes. Le Seigneur dit : Celui qui qui vous touchera, me touchera à la prunelle de l'œil; de sorte qu'en offensant le prochain nous offensons Dieu, et en aimant Dieu nous aimons aussi notre prochain; or, puisque l'amour de Dieu et l'amour du prochain marchent toujours ensemble, qu'ils sont renfermés l'un dans l'autre et ne peuvent jamais se diviser, nous devons en conclure que l'obligation d'aimer Dieu emporte nécessairement l'obligation d'aimer aussi le prochain.
La charité est patiente, dit l'Apôtre, elle est bienfaisante ; voilà deux choses très-essentielles, et en effet, il n'y en a point de plus nécessaire et de plus importante pour conserver cette union les uns avec les autres, que de souffrir patiemment de tous et faire du bien à tout le monde. Saint Augustin dit encore qu'une des choses dans lesquelles la charité paraît et éclate le plus, c'est dans le support des mauvaises humeurs et les imperfections du prochain; car la charité, dit saint Paul, souffre tout, elle supporte tout. Sachez donc, femmes chrétiennes, que si vous ne pouvez rien souffrir, et que vous n'ayez pas assez de douceur pour supporter patiemment les défauts des autres, sachez que , quelque réflexion que vous fassiez , quelque moyen dont vous vous serviez et quelque remède que vous puissiez employer, vous ne pourrez jamais conserver la charité.
C'est quelquefois, je l'avoue, une chose pénible que de supporter continuellement les défauts du prochain ; mais souvenez-vous, femmes chrétiennes, que c'est un combat qui ne doit pas durer toujours, et que nous n'aurons plus rien à souffrir dans l'autre vie ; c'est pourquoi il faut ne pas vous décourager et souffrir en cette vie pour être récompensées dans l'autre; il faut donc souffrir du prochain et le secourir : toute la vie chrétienne est renfermée en ces deux points, et trouve sa pratique dans les œuvres spirituelles et corporelles de miséricorde, par lesquelles on secourt son prochain dans les nécessités de l'esprit et du corps. Les personnes vouées à la religion par profession, observent très-exactement ces œuvres ; les femmes du monde n'en ont pas toujours le loisir; mais convenons qu'elles manquent aussi de bonne volonté, et que si elles ne peuvent pas les remplir toutes , du moins elles pourraient en pratiquer plusieurs; qu'elles examinent bien sérieusement leur conscience à cet égard, et qu'elles se jugent elles-mêmes sans partialité.
Une chose qui peut contribuer beaucoup à augmenter la charité, c'est la douceur dans les paroles. Rappelez-vous-en, femmes chrétiennes, un mot dit avec douceur multiplie les amies et apaise les ennemies, dit le Sage ; et au contraire une parole rude met en fureur, et excite des querelles et des dissensions; ces sortes de paroles indisposent ordinairement contre ceux qui nous les disent. Jugez de votre prochain comme de vous
mêmes, dit le Sage ; consultez-vous donc , et pensez si vous seriez bien aises qu'on vous parlât sèchement, qu'on vous répondît avec aigreur , qu'on vous commandât avec trop de hauteur et d'empire; et si vous trouvez que cette conduite vous toucherait vivement, il faut vous abstenir d'en user ainsi avec les autres, et surtout envers un mari qui s'en irriterait, envers des enfants qui prendraient le note de ce mauvais exemple donné à leur enfance, envers des domestiques qui sont obligés, dans leur position pénible, de faire souvent effort à la nature. Dans les cas où vous vous oublieriez, il faut reprendre courage et tâcher de corriger ces défauts de caractère qui nous rendent esclaves.
Si quelqu'un vous dit quelque chose de rude, il ne faut pas répondre sur le même ton, usez alors d'humilité et de la modération pour souffrir avec patience, et pour dissimuler avec discrétion. Si c'est avec, votre mari que vous luttez, rappelez-vous que c'est mettre du bois dans son feu que de contester avec lui ; gardez-vous de l'entretenir longtemps par vos répliques, au contraire, tâchez d'avoir tant de douceur et de retenue, que tout ce que l'on pourra vous dire de fâcheux ne fasse aucune impression sur vous. Il ne faut jamais se coucher sur sa propre colère ; car si vous voulez que Dieu vous pardonne , pardonnez vous-mêmes, sinon craignez l'exemple de ce serviteur impitoyable que son maître livra aux bourreaux. Il faut aussi éviter soigneusement d'être en contestation avec personne : tous les saints nous recommandent la même chose. Le plus souvent la matière dont il s'agit est de peu à de conséquence; laissez la personne qui conteste avec vous dans son opiniâtreté, et gardez vous d'en avoir, quand vous n'avez pas tort ; exprimez une fois ou deux avec douceur quel est votre sentiment ; après cela laissez croire ce que l'on voudra, et imposez-vous silence.
Quand vous en userez ainsi , femmes chrétiennes, vous ne vous laisserez jamais aller aux chagrins et aux aigreurs d'où naissent ordinairement des disputes ; vous surmonterez le désir si naturel aux enfants des hommes de l'emporter sur les autres et d'acquérir de la gloire; enfin, vous ferez un acte d'amour de Dieu en retranchant les occasions de pécher. Il n'y a rien qui conserve l'union et la charité les uns envers les autres, comme d'éviter la médisance ; car les médisants sont, non seulement haïs de Dieu, mais ils sont encore en abomination aux hommes; c'est un vice énorme et dangereux, il est aisé d'y pécher mortellement; car il ternit et ruine quelquefois la réputation du prochain qui est au-dessus de tous les trésors de la terre.
O vous, la femmes du monde, obligées d'être sans cesse en conversation avec les gens du siècle, prenez garde ; votre goût naturel, votre penchant vous portent à un flux de paroles. Et qu'il est difficile de laisser intacte la réputation de la personne sur laquelle vous exercez votre critique! Cessez de vous plaindre des personnes qui vous entourent, plaignez-vous plutôt vous-mêmes à vous-mêmes, et sachez qu'on ne peut guère attaquer la conduite du prochain sans médire : on commence à dire très-peu de chose d'abord; mais il est rare ensuite que la médisance n'entraîne pas plus loin qu'on ne le veut; elle va même souvent jusqu'à la calomnie, et de combien de discordes n'est-elle pas le sujet ! La médisance se répète, se grossit et occasionne les plus grands maux.
La personne qui a médit la première, est responsable de tout le mal qui s'est commis depuis, par suite de sa médisance. Non-seulement vous ne devez rien dire qui blesse la charité et la bienséance ; mais nous ne devons pas même prêter l'oreille à ces sortes de discours; car c'est exciter les autres à parler, de laisser apercevoir qu'on prend plaisir à les entendre, et il est honteux d'écouter ce qu'on aurait honte de dire. Pour faire connaître que vous n'approuvez pas ce qu'on dit, montrez un visage sombre et chagrin. Un autre moyen qu'une femme peut prendre avec précaution, c'est de changer de conversation. Saint-Jérôme dit que si quelqu'un parle mal d'un autre, il faut le fuir comme un serpent.
Il faut aussi, femmes chrétiennes, s'abstenir de toute espèce de jugement téméraire. Ne jugez point, et vous ne serez point jugé, dit le Sauveur; ne condamnez point, et vous ne serez point condamné. Dieu s'est réservé la connaissance de notre cœur, et il n'appartient qu'à lui seul d'en juger. Ainsi quiconque se mêle de le faire, usurpe le droit de Dieu, et entreprend sur la juridiction divine. Les jugements téméraires naissent ordinairement de l'orgueil, qui est aussi la racine de tous les autres péchés, mais qui l'est encore plus de celui-ci ; car si vous étiez humbles, vous seriez très-éloignées de ces sortes de jugements; aussi un moyen qui est très-propre, c'est de n'ouvrir jamais les yeux que pour voir nos propres infirmités, et de les avoir toujours fermés pour celles des autres, afin qu'on ne dise pas, comme à l'hypocrite de l'Évangile : Pourquoi voyez-vous une paille dans l'œil de votre frère, et que vous ne voyez pas une poutre qui est dans le vôtre ?
On ne saurait assez exprimer de quel avantage il est d'avoir toujours les yeux attachés sur ses défauts; car cette vue donne de l'humilité et de la confusion, augmente la crainte de Dieu dans une âme, l'entretient dans le recueillement intérieur, et y produit des fruits de tranquillité et de paix.
La calomnie, qui est une suite de la médisance, est très-blâmable, en ce qu'elle fait tort à la réputation du prochain; quand même elle serait démentie, il en reste toujours quelque chose; elle blesse donc grièvement la charité. On donne souvent pour certain ce qui n'est, la plupart du temps, qu'une conjecture; le bruit qu'on répète se grossit, et parvenant quelquefois aux oreilles des personnes intéressées, il occasionne des querelles, il répand le trouble et la désunion dans un ménage, dans une famille, dans une société.
Femmes pieuses, que la calomnie attaque quelquefois à tort, et dont vous êtes souvent les victimes, veillez constamment sur vous-mêmes, afin de n'y point donner prise; ne vous laissez pas aller aux plaintes, aux reproches, gardez-vous surtout de donner jamais de publicité à cette calomnie; bien loin d'empêcher le mal, vous l'augmenteriez. Il y a peut-être beaucoup plus de bonnes mœurs qu'on ne le croit généralement dans
le monde. Très-peu de femmes se conduisent réellement mal, beaucoup sont légères , et ne prennent point assez de soin de leur réputation. Elles sont vertueuses dans le fond ; mais par quelques légèretés , dont peut-être elles ne se doutent pas, donnent lieu à bien des calomnies. Faites-y attention , femmes chrétiennes , ce n'est point assez d'avoir une conscience droite, de mener une conduite régulière , il faut encore qu'elle paraisse telle ; car une petite légèreté, une légère indiscrétion pourraient être un sujet de trouble dans un ménage ; il est facile de conserver l'affection d'un mari, mais il est bien difficile de la regagner. Enfin si, sans y donner prise le moins du monde, vous vous trouvez exposées à la calomnie, regardez cela comme une épreuve du ciel; redoublez de vigilance sur vous- mêmes; offrez votre peine à Dieu; pensez que si vous n'êtes pas coupables de ce dont on vous accuse, vous l'avez peut-être été, dans d'autres temps , de fautes ignorées, regardez cela comme une expiation de ces fautes anciennes, adorez la main qui vous frappe, et attendez la récompense qui sera d'autant plus belle.
L'humilité
Apprenez de moi que je suis doux et humble
de cœur. (Matthieu, 1 1.)
Le huitième moyen pour arriver à la perfection, c'est l'humilité; pour bien comprendre l'excellence de cette vertu et le besoin que nous en avons, il suffit de penser que le Fils de Dieu est descendu du ciel pour nous l'enseigner , non-seulement par ses paroles, mais plus particulièrement par ses actions, ,et que toute sa vie n'a été qu'un long exemple et un modèle vivant d'humilité.
Tous les hommes sont obligés de réprimer leur orgueil , et ils le font difficilement, parce que leur nature les porte à l'orgueil ; les femmes, plus faibles qu'eux, ont peut être moins d'orgueil et plus de vanité. Saint Augustin dit que l'humilité doit précéder , accompagner et suivre tout ce qu'elles font de bien ; car toutes les vertus qui ne sont point fondées sur l'humilité ne sont point de véritables vertus; elle ne consiste point dans les paroles ni dans les dehors, elle consiste dans les sentiments du cœur, dans une basse opinion de soi-même ;aussi le principal, l'unique moyen pour pratiquer l'humilité, c'est de se connaître soi-même.
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
Re: Le Guide de la femme chrétienne - France - 19 eme siecle
Obstacles qui nuisent au salut de la femme
Cherchez donc à vous connaître, cherchez à approfondir ce que vous êtes, et à creuser dans la connaissance de votre propre misère et de votre faiblesse, afin que vous sachiez apprécier votre juste valeur, vous dépouiller de tout ce qui tient à cette terre, et trouver le trésor de l'humilité , c'est surtout dans vous que croît la vanité. Rappelez-vous que c'est la vanité d'esprit qui produit les contradictions si désavantageuses dans la société, et si fâcheuses au sein des ménages. Quand l'esprit de contestation règne au milieu de l'intérieur d'une famille, il amène bien vite l'aigreur, la division ; il faut cependant traîner cette lourde chaîne : on aurait pu rencontrer le bonheur dans un ménage, et il est devenu un véritable enfer. Quand on veut faire une observation profitable, il ne faut pas se laisser inspirer par la vanité, mais y réfléchir devant Dieu, et la présenter avec humilité pour ne point blesser.
La vanité d'esprit produit aussi l'obstination. Non-seulement on contestera, mais on ne cédera pas, parce qu'on n'a pas eu une idée et que d'autres l'auront eue; cette idée ne vaudra rien, on la rejettera, On s'entêtera à sur des riens, et l'amitié, la paix, la bonne harmonie , tout cela s'envolera. Il y a une autre vanité d'esprit, qui a des suites bien fâcheuses, c'est celle qui s'exerce sur les choses de la religion, qui fait qu'on en décide sans les comprendre ; on attaque certaines pratiques pieuses, que l'on ne comprend pas. D'abord il faut reconnaître que ces pratiques ne sont imposées à personne; que personne n'est obligé à se faire recevoir dans ces confréries, dans ces associations pieuses; elles peuvent être bonnes pour certaines âmes qui y trouvent de la consolation ou un encouragement à la piété, et qui ont besoin de ces dévotions; mais il ne faut pas, parce qu'on ne les conçoit pas, condamner, comme on le fait ordinairement, ces dévotions populaires, et cela en présence des enfants qui en reçoivent ainsi des impressions défavorables à la religion; laissons aux ecclésiastiques le droit de juger des dévotions particulier , approuvées, autorisées ou tolérées par l'Église, et dont l'utilité peut être grande pour beaucoup de personnes.
Après la vanité d'esprit, vient celle de la figure, qui s'applaudit des formes extérieures qu'elle possède, ou croit posséder ; car les formes qui caractérisent la beauté sont peu communes ; tout le monde ne possède pas ces avantages, du reste peu nécessaires, auxquels les femmes attachent autant d'importance, et auxquels elles prétendent plus ou moins, et qu'elles cherchent à faire valoir. Vous faites bien voir, femmes futiles , que votre sexe est faible : si les agréments de la figure sont un petit avantage, puisque tout le monde se laisse prendre facilement par la forme extérieure, et qu'elle prévient favorablement; car c'est ce qui explique l'influence prodigieuse qu'elle peut avoir, elle est sujette aussi à beaucoup d'inconvénients, car on la fait presque toujours tourner au détriment des âmes ; ce qui a porté certains moralistes à dire que la beauté était un présent bien funeste.
Le premier inconvénient est la coquetterie, qui est le vain désir de plaire : on se trouve bien, et on aime à être remarquée, et quelquefois c'est au détriment des affections légitimes, c'est un pas glissant pour vous, femmes du monde, prenez-y garde!... Le deuxième inconvénient vient de la vanité de la figure, c'est l'amour de la parure, inconvénient des plus graves. Ce soin excessif de son corps dispose à la frivolité de l'esprit. En général, l'amour de la mode affaiblit la modestie, et attaque souvent la pudeur. On aime à se faire admirer , à montrer cette toilette d'un nouveau goût, il faut étaler cette étoffe brillante; et de cette manière on néglige ses devoirs, le soin de sa maison, l'éducation de ses enfants; ils deviennent ce qu'ils peuvent : les domestiques feront ce qu'il leur plaira, le mari en pensera ce qu'il voudra.
Prenez encore garde, mères chrétiennes, de ne pas inspirer de bonne heure à vos enfants l'esprit du monde, et de le développer en eux ; car souvent c'est la mère qui l'inspire à sa fille; les louanges qu'elle donne à ses enfants, encore dans l'enfance, leur apprennent trop tôt ce qu'ils ne devraient jamais savoir, et à dix-sept ans la mère les reprendra peut-être avec sévérité, sans se douter que c'est elle qui a provoqué. Il est des vérités qui répugnent à dire; il est beaucoup de mères injustes par ce sentiment de vanité; l'enfant qui flattera leur amour-propre par un physique agréable, sera l'objet de toute leur affection , sera l'enfant gâté; et l'autre, qui manquera de ces formes extérieures, sera sans cesse repris et rudoyé.
Après la vanité de l'esprit et de la figure, vient encore celle de la naissance. Je voudrais que toutes les femmes pussent comprendre combien il est ridicule de s'enorgueillir d'une disposition de la Providence à laquelle les hommes n'ont nulle part. Au temps où nous vivons, on a beaucoup parlé d'égalité sans pouvoir jamais l'établir. L'inégalité des conditions est une nécessité de la société; On aura beau faire, elle existera toujours. Je vous demande, femmes chrétiennes, quel mérite vous avez acquis en naissant dans une condition élevée ? Si vous vous en applaudissez, c'est une folie, c'est une ingratitude envers Dieu; mais avez-vous bien compris que Dieu vous demandera compte un jour de tous les biens qu'il vous a répartis, et quelle est votre mission?
Avez vous compris à quoi le rang que vous occupez vous oblige, quelle responsabilité pèse sur vous ? Vous êtes cependant, dans les campagnes que vous habitez, en vue à tout le monde; il ne se fait rien dans vos habitations qui ne soit su des lieux qui les entourent. Quel moyen d'influence pesez-en l'immense responsabilité. Pensez encore une fois que Dieu vous demandera un compte exact de toutes vos actions; comme au serviteur de l'Évangile, il vous dira : «Rendez-moi compte de votre administration.»
Le premier inconvénient de la vanité de la naissance, c'est la hauteur et la fierté qui en résultent. L'homme et la femme d'un haut rang ne devraient voir que des frères et des sœurs dans tous ceux qui les entourent; alors ils n'auraient que de la bonté et de l'indulgence, ne traitant jamais personne avec mépris. Oh ! si les femmes, je le répète encore, savaient mieux comprendre leur mission, si elles voulaient voir un grand moyen de régénération dans le bon exemple qu'elles pourraient donner !
L'Ostentation est encore un effet de l'Orgueil, cette affectation à faire voir le bien et les talents que l'on possède ou que l'on croit posséder, se les attribuant à soi-même. Évitez autant qu'il vous sera possible, femmes chrétiennes, évitez de parler de vous avec une sorte de complaisance, évitez de prononcer ce moi humain qui choque souvent la susceptibilité; car, malgré toute l'adresse que vous pourrez y mettre, vous choquerez facilement les autres; pour vous grandir ne faut-il pas les abaisser? alors de la jactance on passe facilement à l'injustice. Il y a une certaine jactance des bonnes œuvres qui fait qu'on est bien aise de se montrer à la vue des hommes ; d'autres fois même on a de l'orgueil dans les actions vicieuses: les conséquences en sont affreuses; elles portent au mal par l'exemple; puis elles moissonnent des réputations.
Oh! Prenez garde, femmes coupables, ne faites pas parade de vos vices, et ne familiarisez personne à écouter tout sans rougir ; vos enfants pourraient se plaindre un jour du mauvais exemple qu'ils auraient reçu! En remontant au principe de l'inégalité des conditions, établie par Dieu même : il faut des riches, il faut des pauvres; mais il faut que les premiers connaissent leurs obligations envers les seconds et qu'ils ne profitent pas de leur immense fortune pour entretenir un luxe effréné. C'est à vous, femmes mondaines, que je m'adresse : on ne saurait trop vous répéter que la plupart de celles qui s'égarent doivent à l'amour du luxe le commencement de leurs égarements et de leur perte; il est reconnu que le luxe ne vient pas tout à coup; vous y êtes conduites par une pente souvent insensible.
Le luxe ronge comme une plaie jusqu'au cœur de la société , et nous serions heureux si quelques femmes qui veulent sauver leur âme protestaient contre ce désordre, et opposaient un contrepoids salutaire à ces déplorables habitudes, qui font pencher les nations à leur ruine, et les âmes vers l'abîme éternel. Toutes les femmes sont quelque manière solidaires sous ce rapport; car chacune cherche à justifier ses excès par ceux des autres : c'est ainsi que se forme peu à peu une opinion publique contraire aux maximes de l'Évangile et à la foi de l'Église. O vous, femmes, qui croyez à tout cet échafaudage qui s'écroule à la mort, songez plutôt à devenir humbles d'esprit et de cœur ; car le premier, le second, le troisième degré de sainteté , c'est l'humilité ; écoutez les propres paroles de Notre-Seigneur : «Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur!» Montez à cette échelle, Dieu vous tiendra la main pour y arriver.
L'orgueil
Dieu s'est humilié pour guérir notre orgueil. (S. Augustin.)
D'après ce que nous venons de dire sur la vertu d'humilité, il est aisé de conclure que le défaut qui nuit le plus à la perfection de l'âme chrétienne, c'est l'amour-propre qui nous fait tout rapporter à nous-mêmes, qui ne se départ de rien, qui veut trouver son compte partout, qui fait que nous nous croyons si supérieurs aux autres, et qui nous porte à le leur faire sentir chaque jour, à chaque heure. Au lieu de penser autant à vous, femmes chrétiennes, oubliez-vous un peu ; car cette disposition vous rend quelquefois sévères pour les autres et peu aimables dans votre intérieur ; ne soyez pas étonnées de ne point trouver de cœur qui comprenne le vôtre; mais prenez bien plutôt le moyen de vous faire aimer; commencez à aimer vous-mêmes de cette charité qui rend si aimable, si indulgente, si bonne pour les autres; la charité ne consiste pas seulement à donner aux pauvres; celle-là n'est pas toujours difficile à pratiquer, mais soyez réellement plus charitables dans vos discours, dans vos manières; sachez pardonner et supporter les coups d'épingles que vous recevez si souvent dans la vie ; soyez indulgentes pour les faiblesses des autres.
Oh! que ce mérite de tous les jours est grand ! là, rien ne satisfait l'amour-propre; cette petite victoire de tous les instants n'a rien d'éclatant, le monde ne la remarquera pas ; mais Dieu la comptera; le monde n'en parlera pas, mais Dieu l'inscrira au livre de vie.
L'orgueil persuade aussi quelquefois que la perfection n'est pas possible dans tous les états, et une femme se plaindra de sa position en pensant qu'elle se sanctifierait mieux dans une autre. Ainsi vous , femmes mariées , ayant un ménage à tenir, des enfants à élever, vous enviez le loisir d'une autre qui, par exemple, passe sa vie à visiter les pauvres et à courir les églises. Elle croit que la perfection est là.
Cette femme aurait bien plus de mérite si elle était douce, bonne, aimable pour son mari, qu'elle pourrait ne pas aimer; si elle élevait ses enfants avec soin , si elle réglait mieux sa maison, si elle veillait à ce qu'il ne s'y passât rien de mal; c'est la chose à laquelle elle ne pense nullement ; c'est pourtant un devoir essentiel pour une maîtresse de maison, qui ne songe peut être pas à se croire coupable de négligence à cet égard, elle n'en parle pas même dans ses confessions; ce n'est que dans le cas où il est arrivé un grand scandale dans la maison, qu'elle se dira alors : C'est peut-être un peu ma faute et elle s'en accuse en passant comme d'une chose légère.
La perfection est de tous les états, elle ne demande rien d'extraordinaire; malheureusement on veut toujours l'aller chercher au loin, sans voir qu'elle est à la porte de chacun, au moment même où on se fait une espèce d'illusion et qu'on néglige la véritable perfection, qui consiste uniquement dans le simple accomplissement des devoirs de l'état dans lequel Dieu nous a placées. Arrivées au dernier jour de notre vie, que nous serons heureuses de pouvoir dire à Dieu: Seigneur je n'ai rien fait d'extraordinaire; mais j'ai accompli fidèlement la tâche que vous m'avez imposée; vous ne pouvez pas me refuser la récompense que vous avez promise à l'accomplissement de votre volonté.
La colère
Quittez la colère, l'aigreur, la malice, la médisance. (St Paul.)
La colère est un obstacle à la charité chrétienne et à l'humilité, c'est un mouvement impétueux de notre âme, qui nous porte à repousser avec violence ce qui nous déplaît. La colère est quelquefois terrible dans les hommes, mais elle est plus dangereuse pour les femmes qui ne savent faire aucun effort pour la vaincre; la colère s'exhale ordinairement au dehors; si elle est contrariée, elle produit souvent des désirs de vengeance. Les femmes qui veulent passer pour avoir de la prudence, trouvent mille prétextes et mille excuses pour se justifier à leurs yeux et aux yeux des autres. C'est, disent-elles, la cause de la religion qu'elles prennent à cœur: dans ce cas, c'est un faux zèle, et les expressions d'aigreur qui leur échappent, ne prouvent que trop que ces mouvements impétueux qui les dominent, sont une conséquence de leur mauvaise disposition.
Le zèle de Jésus-Christ n'a jamais ressemblé à celui-ci, et il était cependant dévoré d'un zèle ardent pour les intérêts de la gloire de son Père. Quelquefois c'est un sang bouillant qui servira d'excuse.... D'autres fois un état nerveux... Qu'est-ce, la plupart du temps, qu'un état nerveux? c'est de la mauvaise humeur.... Pauvres femmes, qui vous abandonnez à des colères si fréquentes, et qui vous croyez si excusables, ne savez-vous pas cependant quelquefois être maîtresses de vous? Et quand il est question de passer dans la société pour une femme charmante, vous êtes d'une douceur, d'une mansuétude sans pareille; le sang bouillant, l'état nerveux, tout a disparu; ce n'est pas pour longtemps, à la vérité, car, rentrées chez vous, tout cela revient.
Nous pourrions passer en revue toutes les colères, et nous verrions qu'elles ne sont que la manifestation des autres passions, l'explosion d'une passion contrariée, et comme toutes peuvent l'être, toutes peuvent produire la colère. Combien ne doit donc pas être funeste une passion toujours aveugle et qui peut avoir autant de causes qu'elle a de mouvements dans le cœur humain. Ainsi, dans les revers de fortune, c'est la cupidité qui produit la colère. Un dîner est mauvais, On se fâche, on gronde ; c'est la gourmandise qui excite la colère. Un lit est mal fait, c'est la sensualité qui s'irrite.
Certaines vertus ou qualités, quand elles sont portées à l'excès, excitent aussi la colère. Ainsi une chambre est mal arrangée, on se fâche : là c'est l'amour de l'ordre poussé à l'excès. C'est donc la colère qui est la passion la plus fréquente; elle nous domine tous plus ou moins, et dans les plus petites choses souvent. Afin de vous en garantir, femmes chrétiennes, examinez ses résultats. Elle vous rend malheureuses. La colère est
un état pénible, qui jamais n'a pu procurer de satisfaction, tout au plus celle du moment, et voilà tout; elle empoisonne la vie. Quand elle se satisfait, elle occasionne de grands maux; dans le cas contraire, elle excite au dedans les émotions les plus pénibles,
et la santé souvent s'en altère.
Elle vous aveugle, car la colère emporte bien plus loin qu'on ne croit; quelque peu qu'on s'y livre, on ne voit plus où on en est. Quelquefois, dans un de ces mouvements de colère, une mère chrétienne est allée jusqu'à donner une malédiction que son cœur aura démentie l'instant d'après; comment a-t-elle pu aller jusque-là? sûrement elle ne le voulait pas Peut-être même, pour un ordre mal exécuté elle a dit quelques mots de trop et fait des reproches dictés par la colère ; et ce domestique si bon, cet excellent sujet que vous ne remplacerez peut-être jamais, est sorti de chez vous.
Voilà comment la colère nous force à nous repentir de nous y être livrées; elle nous a aliéné des cœurs qui ensuite ne nous ont plus pardonné. Que de sujets de repentir occasionnés par la colère! Vous vous êtes chargées, mères chrétiennes, de l'éducation de vos enfants ; c'est bien, sans doute, c'est votre premier devoir. Mais la faites-vous, cette éducation, comme vous devez la faire? n'allez-vous pas souvent trop loin dans l'expression de vos reproches? Une faute, peut-être bien légère, vous fait dire de grands mots, des choses beaucoup trop fortes ; vous provoquez souvent par là des réponses que vous ne devriez jamais permettre; et voilà où vous entraîne l'aveuglement de la colère. Vous n'aviez pas prévu que la chose irait si loin, aveuglées que vous étiez par la colère, et vous en êtes venues à souffrir des torts qui ne sont plus tolérables. C`est ainsi que la colère amène la faiblesse qui en est le résultat. Avec votre vivacité, si vous ne voulez pas qu'on l'appelle colère, vous affaiblissez votre autorité. Vous vous êtes fort impatientées le matin , vous vous l'êtes reproché; vous ne voulez pas recommencer le soir : c'est tout simple.
Les enfants sont bien fins, ils remarquent tout; ils savent à merveille que c'est là votre marche; l'enfant sait qu'il peut tout oser, et il ne manquera pas d'en abuser. Dans la crainte de s'impatienter, on garde un coupable silence sur les fautes essentielles; et plus tard, lorsque l'enfant aura pris quelques années de plus , c'est alors que vous verrez les graves inconvénients d'une semblable éducation.
Femmes chrétiennes, n'y a-t-il qu'à l'égard des enfants que les vivacités produisent une faiblesse fâcheuse? Oh! combien perdent par là tout leur avenir! Disons-le franchement, cette petite tactique de vous fâcher souvent, que vous employez quelquefois avec tant de succès, ne vous réussira pas toujours, et ce mari qui, pendant longtemps, a bien voulu céder, a changé : par votre humeur , par votre vivacité , vous usez votre autorité, vous vous déconsidérez à ses yeux; désormais il ne vous écoutera plus ; accoutumé à vos petites colères, il ne s'en inquiétera plus. Comment conserver quelque empire sur le cœur d'un époux, quand la femme ne sait pas se vaincre? et cet empire dont elle aura besoin dans les circonstances graves, où elle voit ses intérêts et ceux de ses enfants compromis, elle l'aura usé sur des riens, et il n'aura plus d'effet. C'est surtout à la mère de famille que cette autorité manque; elle ne peut plus gronder une fille qui va bientôt se marier, un fils de vingt ans.
Quel moyen lui restera-t-il donc quand on a des choses essentielles à réprimer, et vous qui deviez être la première confidente, vous ne serez sa mère que de nom; c'est ce qui fait que l'on voit, dans le monde, tant de jeunes femmes, ayant encore une mère dont le cœur est fermé pour elles !
Un autre résultat de la colère , ce sont les divisions : elle est presque toujours cause de ces désunions de ménage, dont nous sommes souvent les témoins ; deux êtres qui, selon l'expression de Dieu, ne devraient faire qu'un, se sont aigris par des paroles, et en sont venus peut-être à aspirer au moment qui mettra un terme à une union qui aurait pu être si douce, et qui l'a été si peu. Peut-être votre époux n'avait-il pas toutes les qualités que vous pouviez désirer , je le veux ; mais vous, n'aviez-vous pas quelques défauts! Si vous aviez employé la douceur l'aménité, vous auriez mis par là une digue à ses emportements. Au lieu de cela, votre humeur, vos vivacités l'ont exaspéré davantage, et votre ménage est devenu une espèce d'enfer.
La patience produit la patience; si vous aviez su combattre votre humeur, il aurait rougi devant une femme si bonne ; et au contraire, de votre manière d'être il est résulté des inimitiés qui ne produisent que de l'irritation, et souvent avec un air mécontent, vous rendez votre société difficile à supporter , et il en survient une haine dont on ne peut guère calculer les malheurs. Les enfants sont témoins de toutes les altercations : au commencement on se gênera un peu, on a soin de les écarter; mais ensuite on n'en prend plus la peine.
Et quelles suites funestes cela ne doit-il pas avoir ? On insulte une femme devant eux ; une mère, celle qu'ils devraient le plus respecter! Heureux encore s`ils ne renouvellent pas un jour dans leur ménage ce qu'ils auront vu dans le vôtre. Si ce scandale est donné par des personnes qui font profession de piété, c'est encore plus fâcheux. On vous voit, à l'église, approcher des sacrements ! et quel effet cela doit-il produire sur l'esprit d'un mari déjà peut être peu croyant ? Et vous voudriez tant, cependant, que votre mari vous accompagnât à l'église?
Vous vous contentez de prier pour cela ; mais il n'en coûte pas beaucoup pour prier : ne vaudrait-il pas mieux prêcher par le bonheur que la douceur de votre caractère pourrait répandre autour de vous ; au lieu de l'attirer à la religion par cet esprit de mansuétude, vous l'en avez éloigné peut être pour toujours. Et d'ailleurs, dans l'état d'impatience où vous vivez habituellement, vous est-il possible de recueillir vos esprits pour prier ? Peut-être méditez-vous quelques mots plus acerbes et cela devant l'autel , en présence du Saint des saints !.....
Non-seulement l'âme est troublée; mais le corps l'est aussi; car ces vivacités détruisent la santé et usent les sens; les effets de la colère sont de porter le sang à la tête avec violence, et d'y occasionner les plus grands maux. Voilà tous les effets que peut produire la colère qui n'est point réprimée ; disons un mot des moyens à prendre pour la corriger.
Il faut d'abord être bien convaincu que ce n'est pas une passion qui s'use avec l'âge , elle s'accroît presque toujours avec les années, parce que les souffrances physiques viennent s'y joindre; même il est à remarquer que beaucoup de femmes, après avoir été douces et bonnes, sont devenues , vers l'âge mûr, plus sujettes à l'impatience, et se laissent aller souvent jusqu'à la colère!
En général, les vieillards sont grondeurs et tristes; le il est presque certain qu'ils n'ont point voulu réprimer la vivacité du premier âge. De là vient la nécessité de détruire ce défaut chez les enfants, dès qu'il se manifeste. C'est la partie la plus essentielle de l'éducation, et malheureusement la plus négligée ; c'est ce qui nous explique pourquoi les hommes, insupportables chez eux ,se montrent si aimables dans la société.
Il faudrait vous résoudre, femmes chrétiennes, à ne jamais accorder à un enfant rien de ce qu'il veut impérieusement; mais peu de mères en ont le courage; elles s'imaginent toujours que leurs enfants vont se faire du mal ; elles en tremblent à mêmes ce qui la provoque ; nous sommes tout instant, et la colère de ce petit être va toujours croissant ; prenez donc garde, et sachez infliger de petites pénitences qui porteront certainement leurs fruits.
Le véritable remède pour réprimer en nous la colère et les mouvements de vivacité et d'impatience , c'est d'examiner dans nous déjà convenues que cette passion n'existait pas, pour ainsi dire, par elle-même, qu'elle était seulement à la solde des autres, se faisant exécuteur de leur vengeance ; il faut donc en découvrir le motif. D'où vient cette humeur qui nous rend si insupportables aux autres et à nous-mêmes? C'est en général de l'orgueil; nous voulons dominer, primer partout; pour peu que cet orgueil vienne à être blessé, nous ne nous contenons plus ; nous nous imaginons cependant qu'une vie passée avec nous doit être fort agréable ; mais les autres n'ont pas toujours cette persuasion. Pour combattre notre passion dominante, il faut la connaître; et pour la connaître, il ne faut pas se faire illusion ; il faut nous juger nous-mêmes, et Dieu veuille que ce ne soit pas avec une indulgence trop excessive! Nous avons beau vouloir dissimuler nos défauts , les autres les connaissent.
Ah ! si nous les voyions nous-mêmes tels qu'ils sont , nous serions étonnées d'avoir aussi peu d'indulgence pour les autres, ayant tant besoin de celle du prochain; si nous connaissions mieux nos torts , nous serions moins portées à toujours grossir ceux des autres, nous serions moins disposées à nous fâcher de tout. Cet homme, s'il s'examinait d'un peu plus près, s'apercevrait peut-être qu'il opprime cette pauvre femme. Si c'est elle qui est maussade, il la laisse là, et s'en va; tandis que si c'est lui qui est de mauvaise humeur, colère, emporté, la femme pleure; mais il faut qu'elle reste dans son ménage. Ne serait-il pas bon que l'homme et la femme pussent réfléchir à cette union contractée en la présence de Dieu, en face de ses autels, devant de nombreux témoins, et se rappeler le serment qu'ils ont fait de se rendre heureux mutuellement?
Gardez-vous, femmes chrétiennes, d'agir pendant la colère, et même de parler, parce qu'on le ferait avec passion ; c'est une espèce de folie, de frénésie; or, tout ce qu'on fait dans cet état est entaché; ayez une sorte d'inertie , jusqu'à ce que la colère soit calmée, alors vous ne vous en repentirez pas. Ce n'est pas toujours facile, j'en conviens, mais disparaissez, éloignez-vous plutôt; il y a toujours moyen de trouver un prétexte pour cela, non-seulement à l'égard de nos supérieurs, afin de ne pas leur parler, mais à l'égard de nos égaux, de nos inférieurs, et même de nos domestiques. Eux aussi ont leur orgueil, leur colère : si dans ces moments- là vous leur donnez un ordre, ils ne manqueront pas de le faire tourner contre vous, prenez-y garde.
Si vous avez, femmes chrétiennes, le désir de vous corriger, prenez les moyens les plus puissants, la raison, la religion, ajoutez-y une petite punition: il faut pour cela un certain courage; mais traitons-nous en grands enfants; si c'est l'orgueil qui a excité en nous l'impatience, que l'orgueil soit puni ; convenons franchement que nous avons eu tort, c'est le meilleur moyen de réparer sa faute. Est-il donc bien pénible d'avouer qu'on s'est laissé emporter par la colère, de demander pardon à réparer le mal que l'on a pu faire, à soulager les cœurs que l'on a blessés? Il y a quelquefois plus de mérite à bien réparer un tort qu'à ne l'avoir pas eu. Les excuses ne sont pas les mêmes envers tout le monde; entre maris et femmes, elles doivent être toutes simples, toutes cordiales; plus respectueuses de la part d'une belle-fille à l'égard de sa belle-mère.
Jeunes femmes, c'est là souvent une pierre d'achoppement. Vous n'êtes pas toujours ce que vous devriez être pour votre belle-mère; en cela vous vous faites tort dans l'esprit de votre mari; et pourrait-il en être autrement? vous froissez sa mère... Ah ! réparez, réparez promptement vos torts envers elle; que vos excuses soient franches et soumises; ne craignez pas d'avouer que vous avez eu des torts et que vous voulez les réparer. Quant aux domestiques, la réparation est plus difficile, sans doute; on ne peut pas leur faire des excuses, ils en abuseraient; On peut leur parler avec bonté, leur faire du bien, ou avoir tout autre bon procédé à leur égard, à moins que la colère n'ait été trop loin; alors il faudrait bien leur faire une espèce de réparation; ce serait peut-être même le meilleur moyen de reprendre son autorité, pourvu qu'on l'employât avec mesure, et avec cette charité chrétienne qui donne toujours de la dignité.
Il faut faire de fréquents actes de douceur et d'humilité pour combattre le penchant qu'on pourrait avoir à la colère. Tâchez de vous accoutumer à ce je ne sais quoi de suave, qui peut répandre le bonheur autour de nous. Examinez tous les mouvements de votre cœur pour les maîtriser; de cette manière vous vous trouverez toujours en garde contre les mauvaises impressions, et vous ne serez plus prises au dépourvu ; mais ne vous contentez pas d'actes seulement des lèvres; tâchez de produire ces bons sentiments dans vos cœurs, jeunes personnes , jeunes gens, qui prenez quelquefois le ton si tranchant, tâchez d'acquérir un peu d'humilité. Vous pouvez avoir ait vos études avec succès, je le veux bien, vous savez un peu d'histoire, de littérature, etc., etc.; mais tout cela ne vous donne pas le droit de juger de tout, et d'avoir de vous une si bonne opinion.
Ne donnez pas toujours tort aux autres, et ne croyez pas qu'ils veulent toujours vous offenser; n'écoutez jamais les rapports, rien n'est plus fâcheux, rien n'est plus propre à exciter la colère, à faire naître les divisions. Les rapports écoutés produisent des préjugés, des préventions, des jalousies; entre époux rien n'est si funeste. Cherchez à excuser les autres; si nous ne sommes pas tombées dans les mêmes fautes, à qui le devons-nous ? N'est-ce pas les circonstances qui ont été plus favorables pour nous ? une éducation plus chrétienne, et mille causes que la Providence a disposées en notre faveur, et dont nous nous faisons à tort un mérite?
Par cet examen nous arriverons à réformer tout à la fois les jugements téméraires et la vivacité. Ne vous découragez pas, femmes chrétiennes, il ne suffit pas de vouloir se corriger pour l'être sur-le-champ; cette correction demande du temps ; l'habitude de n'avoir jamais maîtrisé sa colère la rend nécessairement bien difficile à détruire. Il ne faut pas vouloir aller trop vite, parce qu'alors on se décourage, et c'est une source de colère nouvelle. Si nous sommes faibles, Dieu sera fort; comptez sur son appui, si vous voulez sincèrement et si vous prenez les moyens nécessaires pour y parvenir. Priez surtout beaucoup; sans le secours de Dieu nous ne pouvons rien; il faut l'implorer.
Nous voudrions qu'il ne nous en coûtât rien et être tout de suite corrigées, cela ne se peut pas et ne dépend pas uniquement de nous. Prions donc, et prions avec persévérance mais doucement et non avec impétuosité. Le Dieu qui a apaisé les flots de la mer peut apaiser ceux de la colère. Il faut encore se supporter soi-même dans les occupations, ne serait-ce que dans le fil qui se tord lorsque vous vous occupez de ces petits ouvrages d'aiguilles, il faut supporter cela avec calme et douceur. On ne sait point offrir à Dieu toutes ces petites choses qui seraient d'un grand mérite si on savait en profiter; on s'impatiente, puis c'est tout. Il faut se supporter dans un mauvais état de santé; c'est peut-être plus difficile ; on souffre, la souffrance dispose au noir, à la mauvaise humeur.
On voudrait mettre de l'ordre dans sa maison, c'est un bon motif sans doute, On ne le peut pas, on s'impatiente. On voudrait aller, venir, faire des bonnes œuvres; Dieu ne vous les demande pas; au lieu de lui offrir cette privation qu'il nous impose, on s'en irrite ; et parce qu'on ne peut pas faire une bonne œuvre, on en fait une mauvaise, en retombant de tout le poids de sa mauvaise humeur sur un mari, des enfants , des domestiques, qui ne sont pourtant pas cause de vos souffrances. Si l'on avait pris sagement son parti, si l'on était résigné à la volonté de Dieu, on aurait été plus calme, et peut-être même que la santé en serait devenue meilleure; car souvent l'humeur que l'on a de ses maux les aggrave. Il faut aussi se supporter dans la dévotion elle-même ; car elle est quelquefois un sujet d'impatience. On voudrait avoir de la piété, on se dépite de n'en point avoir.
On voudrait s'approcher de la Table sainte dans de bonnes dispositions; mais comme on n'y trouve pas toujours les délices qu'on voudrait y goûter, On en sort quelquefois mécontent; on ne pense pas que ces dons célestes n'appartiennent qu'aux âmes saintes, qu'il sont la récompense de leur fidélité, et que l'on ne peut se flatter de les avoir mérités ; et parce qu'on ne les aura pas éprouvées, on rentre chez soi de mauvaise humeur : et malheur à celui qui se rencontre sur vos pas. Ainsi même dans la dévotion, qui ne commande que douceur, que suavité, on aura été chercher des motifs d'aigreur.
Si l'on ne se supporte pas, comment supportera-t-on les autres ? Ayez soin d'observer les différents caractères avec lesquels vous avez à vivre; il faut les prendre tels qu'ils sont, parce qu'il ne dépend pas de nous de les changer, et qu'il dépend de nous de nous en arranger, afin de bien vivre avec eux, et c'est ce qu'on ne fait pas toujours. Par exemple, au commencement d'une union, une jeune femme n'a pas toujours le bon esprit d'observer le caractère de son mari, afin de mettre le sien en harmonie avec ses goûts, ses idées; et il en résulte souvent des oppositions fâcheuses, qui produisent par la suite des divisions plus fâcheuses encore. Occupé ordinairement de plus grands intérêts qui l'absorbent, l'homme est plus froid, il ne pense plus à aimer, tandis que la femme toute à ce sentiment, s'étonne, s'afflige, voudrait que son mari aimât comme elle; de là des plaintes, quelquefois des reproches. Les femmes sont susceptibles de porter le sentiment de l'amour conjugal jusqu'à l'héroïsme, rarement les hommes ; souvent ils ne l'ont pas même compris. Tous n'ont pas les mêmes caractères, les mêmes sentiments, pourquoi voulons-nous imposer aux autres notre façon d'aimer ?
Quelquefois c'est à l'égard d'autres membres de la famille, dont les caractères ne cadrent pas avec le nôtre ; quand on croit les avoir comblés, on les accuse de manquer de reconnaissance : cette personne peut y répondre à sa manière qui n'est pas la vôtre. Si l'on faisait la part des caractères, et que l'on n'eût pas toujours prétention de mettre les autres à son niveau a sous ce rapport, combien de mauvaise humeur On s'éviterait à soi et aux autres !
N'irritons personne par nos paroles; traitons tout le monde avec bonté, et Dieu accordera la persuasion à nos lèvres. Vous vouliez, mères chrétiennes, épouses chrétiennes, une chose juste, et vous n'avez pas réussi. Je le crois bien : Vous avez voulu avec force, vous avez voulu impérieusement, et vous n'avez pas été écoutées. Si vous aviez prié au lieu d'exiger, vous auriez persuadé; mais vous avez irrité, c'est fini, vous n'obtiendrez jamais.
Épouses de l'homme, vous êtes là pour adoucir ses chagrins, vous êtes sa compagne, son amie. Mères de l'homme, ah ! c'est là que vos rapports sont plus sublimes encore : à vous est confiée cette importante mission qui influe sur la société tout entière. Vous pouvez par vos sages leçons avoir un ascendant de toute la vie ; vous n'avez pas la force en partage, elle appartient à l'homme, qui ne sait pas toujours en faire un bon usage, laissez-la-lui, n'y prétendez pas : encore une fois, à vous appartient l'empire de la douceur, la puissance d'insinuation; vous ne dominerez pas, mais vous dirigerez. Présentez toujours vos idées avec ce calme qui les fait goûter; jamais d'aigreur ni d'esprit de domination : si vous employez la tyrannie, vous manquez votre destination ; si vous n'avez pas le cœur, vous n'aurez jamais la confiance. Restez dans le rôle admirable que la Providence vous a confié.
Cherchez donc à vous connaître, cherchez à approfondir ce que vous êtes, et à creuser dans la connaissance de votre propre misère et de votre faiblesse, afin que vous sachiez apprécier votre juste valeur, vous dépouiller de tout ce qui tient à cette terre, et trouver le trésor de l'humilité , c'est surtout dans vous que croît la vanité. Rappelez-vous que c'est la vanité d'esprit qui produit les contradictions si désavantageuses dans la société, et si fâcheuses au sein des ménages. Quand l'esprit de contestation règne au milieu de l'intérieur d'une famille, il amène bien vite l'aigreur, la division ; il faut cependant traîner cette lourde chaîne : on aurait pu rencontrer le bonheur dans un ménage, et il est devenu un véritable enfer. Quand on veut faire une observation profitable, il ne faut pas se laisser inspirer par la vanité, mais y réfléchir devant Dieu, et la présenter avec humilité pour ne point blesser.
La vanité d'esprit produit aussi l'obstination. Non-seulement on contestera, mais on ne cédera pas, parce qu'on n'a pas eu une idée et que d'autres l'auront eue; cette idée ne vaudra rien, on la rejettera, On s'entêtera à sur des riens, et l'amitié, la paix, la bonne harmonie , tout cela s'envolera. Il y a une autre vanité d'esprit, qui a des suites bien fâcheuses, c'est celle qui s'exerce sur les choses de la religion, qui fait qu'on en décide sans les comprendre ; on attaque certaines pratiques pieuses, que l'on ne comprend pas. D'abord il faut reconnaître que ces pratiques ne sont imposées à personne; que personne n'est obligé à se faire recevoir dans ces confréries, dans ces associations pieuses; elles peuvent être bonnes pour certaines âmes qui y trouvent de la consolation ou un encouragement à la piété, et qui ont besoin de ces dévotions; mais il ne faut pas, parce qu'on ne les conçoit pas, condamner, comme on le fait ordinairement, ces dévotions populaires, et cela en présence des enfants qui en reçoivent ainsi des impressions défavorables à la religion; laissons aux ecclésiastiques le droit de juger des dévotions particulier , approuvées, autorisées ou tolérées par l'Église, et dont l'utilité peut être grande pour beaucoup de personnes.
Après la vanité d'esprit, vient celle de la figure, qui s'applaudit des formes extérieures qu'elle possède, ou croit posséder ; car les formes qui caractérisent la beauté sont peu communes ; tout le monde ne possède pas ces avantages, du reste peu nécessaires, auxquels les femmes attachent autant d'importance, et auxquels elles prétendent plus ou moins, et qu'elles cherchent à faire valoir. Vous faites bien voir, femmes futiles , que votre sexe est faible : si les agréments de la figure sont un petit avantage, puisque tout le monde se laisse prendre facilement par la forme extérieure, et qu'elle prévient favorablement; car c'est ce qui explique l'influence prodigieuse qu'elle peut avoir, elle est sujette aussi à beaucoup d'inconvénients, car on la fait presque toujours tourner au détriment des âmes ; ce qui a porté certains moralistes à dire que la beauté était un présent bien funeste.
Le premier inconvénient est la coquetterie, qui est le vain désir de plaire : on se trouve bien, et on aime à être remarquée, et quelquefois c'est au détriment des affections légitimes, c'est un pas glissant pour vous, femmes du monde, prenez-y garde!... Le deuxième inconvénient vient de la vanité de la figure, c'est l'amour de la parure, inconvénient des plus graves. Ce soin excessif de son corps dispose à la frivolité de l'esprit. En général, l'amour de la mode affaiblit la modestie, et attaque souvent la pudeur. On aime à se faire admirer , à montrer cette toilette d'un nouveau goût, il faut étaler cette étoffe brillante; et de cette manière on néglige ses devoirs, le soin de sa maison, l'éducation de ses enfants; ils deviennent ce qu'ils peuvent : les domestiques feront ce qu'il leur plaira, le mari en pensera ce qu'il voudra.
Prenez encore garde, mères chrétiennes, de ne pas inspirer de bonne heure à vos enfants l'esprit du monde, et de le développer en eux ; car souvent c'est la mère qui l'inspire à sa fille; les louanges qu'elle donne à ses enfants, encore dans l'enfance, leur apprennent trop tôt ce qu'ils ne devraient jamais savoir, et à dix-sept ans la mère les reprendra peut-être avec sévérité, sans se douter que c'est elle qui a provoqué. Il est des vérités qui répugnent à dire; il est beaucoup de mères injustes par ce sentiment de vanité; l'enfant qui flattera leur amour-propre par un physique agréable, sera l'objet de toute leur affection , sera l'enfant gâté; et l'autre, qui manquera de ces formes extérieures, sera sans cesse repris et rudoyé.
Après la vanité de l'esprit et de la figure, vient encore celle de la naissance. Je voudrais que toutes les femmes pussent comprendre combien il est ridicule de s'enorgueillir d'une disposition de la Providence à laquelle les hommes n'ont nulle part. Au temps où nous vivons, on a beaucoup parlé d'égalité sans pouvoir jamais l'établir. L'inégalité des conditions est une nécessité de la société; On aura beau faire, elle existera toujours. Je vous demande, femmes chrétiennes, quel mérite vous avez acquis en naissant dans une condition élevée ? Si vous vous en applaudissez, c'est une folie, c'est une ingratitude envers Dieu; mais avez-vous bien compris que Dieu vous demandera compte un jour de tous les biens qu'il vous a répartis, et quelle est votre mission?
Avez vous compris à quoi le rang que vous occupez vous oblige, quelle responsabilité pèse sur vous ? Vous êtes cependant, dans les campagnes que vous habitez, en vue à tout le monde; il ne se fait rien dans vos habitations qui ne soit su des lieux qui les entourent. Quel moyen d'influence pesez-en l'immense responsabilité. Pensez encore une fois que Dieu vous demandera un compte exact de toutes vos actions; comme au serviteur de l'Évangile, il vous dira : «Rendez-moi compte de votre administration.»
Le premier inconvénient de la vanité de la naissance, c'est la hauteur et la fierté qui en résultent. L'homme et la femme d'un haut rang ne devraient voir que des frères et des sœurs dans tous ceux qui les entourent; alors ils n'auraient que de la bonté et de l'indulgence, ne traitant jamais personne avec mépris. Oh ! si les femmes, je le répète encore, savaient mieux comprendre leur mission, si elles voulaient voir un grand moyen de régénération dans le bon exemple qu'elles pourraient donner !
L'Ostentation est encore un effet de l'Orgueil, cette affectation à faire voir le bien et les talents que l'on possède ou que l'on croit posséder, se les attribuant à soi-même. Évitez autant qu'il vous sera possible, femmes chrétiennes, évitez de parler de vous avec une sorte de complaisance, évitez de prononcer ce moi humain qui choque souvent la susceptibilité; car, malgré toute l'adresse que vous pourrez y mettre, vous choquerez facilement les autres; pour vous grandir ne faut-il pas les abaisser? alors de la jactance on passe facilement à l'injustice. Il y a une certaine jactance des bonnes œuvres qui fait qu'on est bien aise de se montrer à la vue des hommes ; d'autres fois même on a de l'orgueil dans les actions vicieuses: les conséquences en sont affreuses; elles portent au mal par l'exemple; puis elles moissonnent des réputations.
Oh! Prenez garde, femmes coupables, ne faites pas parade de vos vices, et ne familiarisez personne à écouter tout sans rougir ; vos enfants pourraient se plaindre un jour du mauvais exemple qu'ils auraient reçu! En remontant au principe de l'inégalité des conditions, établie par Dieu même : il faut des riches, il faut des pauvres; mais il faut que les premiers connaissent leurs obligations envers les seconds et qu'ils ne profitent pas de leur immense fortune pour entretenir un luxe effréné. C'est à vous, femmes mondaines, que je m'adresse : on ne saurait trop vous répéter que la plupart de celles qui s'égarent doivent à l'amour du luxe le commencement de leurs égarements et de leur perte; il est reconnu que le luxe ne vient pas tout à coup; vous y êtes conduites par une pente souvent insensible.
Le luxe ronge comme une plaie jusqu'au cœur de la société , et nous serions heureux si quelques femmes qui veulent sauver leur âme protestaient contre ce désordre, et opposaient un contrepoids salutaire à ces déplorables habitudes, qui font pencher les nations à leur ruine, et les âmes vers l'abîme éternel. Toutes les femmes sont quelque manière solidaires sous ce rapport; car chacune cherche à justifier ses excès par ceux des autres : c'est ainsi que se forme peu à peu une opinion publique contraire aux maximes de l'Évangile et à la foi de l'Église. O vous, femmes, qui croyez à tout cet échafaudage qui s'écroule à la mort, songez plutôt à devenir humbles d'esprit et de cœur ; car le premier, le second, le troisième degré de sainteté , c'est l'humilité ; écoutez les propres paroles de Notre-Seigneur : «Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur!» Montez à cette échelle, Dieu vous tiendra la main pour y arriver.
L'orgueil
Dieu s'est humilié pour guérir notre orgueil. (S. Augustin.)
D'après ce que nous venons de dire sur la vertu d'humilité, il est aisé de conclure que le défaut qui nuit le plus à la perfection de l'âme chrétienne, c'est l'amour-propre qui nous fait tout rapporter à nous-mêmes, qui ne se départ de rien, qui veut trouver son compte partout, qui fait que nous nous croyons si supérieurs aux autres, et qui nous porte à le leur faire sentir chaque jour, à chaque heure. Au lieu de penser autant à vous, femmes chrétiennes, oubliez-vous un peu ; car cette disposition vous rend quelquefois sévères pour les autres et peu aimables dans votre intérieur ; ne soyez pas étonnées de ne point trouver de cœur qui comprenne le vôtre; mais prenez bien plutôt le moyen de vous faire aimer; commencez à aimer vous-mêmes de cette charité qui rend si aimable, si indulgente, si bonne pour les autres; la charité ne consiste pas seulement à donner aux pauvres; celle-là n'est pas toujours difficile à pratiquer, mais soyez réellement plus charitables dans vos discours, dans vos manières; sachez pardonner et supporter les coups d'épingles que vous recevez si souvent dans la vie ; soyez indulgentes pour les faiblesses des autres.
Oh! que ce mérite de tous les jours est grand ! là, rien ne satisfait l'amour-propre; cette petite victoire de tous les instants n'a rien d'éclatant, le monde ne la remarquera pas ; mais Dieu la comptera; le monde n'en parlera pas, mais Dieu l'inscrira au livre de vie.
L'orgueil persuade aussi quelquefois que la perfection n'est pas possible dans tous les états, et une femme se plaindra de sa position en pensant qu'elle se sanctifierait mieux dans une autre. Ainsi vous , femmes mariées , ayant un ménage à tenir, des enfants à élever, vous enviez le loisir d'une autre qui, par exemple, passe sa vie à visiter les pauvres et à courir les églises. Elle croit que la perfection est là.
Cette femme aurait bien plus de mérite si elle était douce, bonne, aimable pour son mari, qu'elle pourrait ne pas aimer; si elle élevait ses enfants avec soin , si elle réglait mieux sa maison, si elle veillait à ce qu'il ne s'y passât rien de mal; c'est la chose à laquelle elle ne pense nullement ; c'est pourtant un devoir essentiel pour une maîtresse de maison, qui ne songe peut être pas à se croire coupable de négligence à cet égard, elle n'en parle pas même dans ses confessions; ce n'est que dans le cas où il est arrivé un grand scandale dans la maison, qu'elle se dira alors : C'est peut-être un peu ma faute et elle s'en accuse en passant comme d'une chose légère.
La perfection est de tous les états, elle ne demande rien d'extraordinaire; malheureusement on veut toujours l'aller chercher au loin, sans voir qu'elle est à la porte de chacun, au moment même où on se fait une espèce d'illusion et qu'on néglige la véritable perfection, qui consiste uniquement dans le simple accomplissement des devoirs de l'état dans lequel Dieu nous a placées. Arrivées au dernier jour de notre vie, que nous serons heureuses de pouvoir dire à Dieu: Seigneur je n'ai rien fait d'extraordinaire; mais j'ai accompli fidèlement la tâche que vous m'avez imposée; vous ne pouvez pas me refuser la récompense que vous avez promise à l'accomplissement de votre volonté.
La colère
Quittez la colère, l'aigreur, la malice, la médisance. (St Paul.)
La colère est un obstacle à la charité chrétienne et à l'humilité, c'est un mouvement impétueux de notre âme, qui nous porte à repousser avec violence ce qui nous déplaît. La colère est quelquefois terrible dans les hommes, mais elle est plus dangereuse pour les femmes qui ne savent faire aucun effort pour la vaincre; la colère s'exhale ordinairement au dehors; si elle est contrariée, elle produit souvent des désirs de vengeance. Les femmes qui veulent passer pour avoir de la prudence, trouvent mille prétextes et mille excuses pour se justifier à leurs yeux et aux yeux des autres. C'est, disent-elles, la cause de la religion qu'elles prennent à cœur: dans ce cas, c'est un faux zèle, et les expressions d'aigreur qui leur échappent, ne prouvent que trop que ces mouvements impétueux qui les dominent, sont une conséquence de leur mauvaise disposition.
Le zèle de Jésus-Christ n'a jamais ressemblé à celui-ci, et il était cependant dévoré d'un zèle ardent pour les intérêts de la gloire de son Père. Quelquefois c'est un sang bouillant qui servira d'excuse.... D'autres fois un état nerveux... Qu'est-ce, la plupart du temps, qu'un état nerveux? c'est de la mauvaise humeur.... Pauvres femmes, qui vous abandonnez à des colères si fréquentes, et qui vous croyez si excusables, ne savez-vous pas cependant quelquefois être maîtresses de vous? Et quand il est question de passer dans la société pour une femme charmante, vous êtes d'une douceur, d'une mansuétude sans pareille; le sang bouillant, l'état nerveux, tout a disparu; ce n'est pas pour longtemps, à la vérité, car, rentrées chez vous, tout cela revient.
Nous pourrions passer en revue toutes les colères, et nous verrions qu'elles ne sont que la manifestation des autres passions, l'explosion d'une passion contrariée, et comme toutes peuvent l'être, toutes peuvent produire la colère. Combien ne doit donc pas être funeste une passion toujours aveugle et qui peut avoir autant de causes qu'elle a de mouvements dans le cœur humain. Ainsi, dans les revers de fortune, c'est la cupidité qui produit la colère. Un dîner est mauvais, On se fâche, on gronde ; c'est la gourmandise qui excite la colère. Un lit est mal fait, c'est la sensualité qui s'irrite.
Certaines vertus ou qualités, quand elles sont portées à l'excès, excitent aussi la colère. Ainsi une chambre est mal arrangée, on se fâche : là c'est l'amour de l'ordre poussé à l'excès. C'est donc la colère qui est la passion la plus fréquente; elle nous domine tous plus ou moins, et dans les plus petites choses souvent. Afin de vous en garantir, femmes chrétiennes, examinez ses résultats. Elle vous rend malheureuses. La colère est
un état pénible, qui jamais n'a pu procurer de satisfaction, tout au plus celle du moment, et voilà tout; elle empoisonne la vie. Quand elle se satisfait, elle occasionne de grands maux; dans le cas contraire, elle excite au dedans les émotions les plus pénibles,
et la santé souvent s'en altère.
Elle vous aveugle, car la colère emporte bien plus loin qu'on ne croit; quelque peu qu'on s'y livre, on ne voit plus où on en est. Quelquefois, dans un de ces mouvements de colère, une mère chrétienne est allée jusqu'à donner une malédiction que son cœur aura démentie l'instant d'après; comment a-t-elle pu aller jusque-là? sûrement elle ne le voulait pas Peut-être même, pour un ordre mal exécuté elle a dit quelques mots de trop et fait des reproches dictés par la colère ; et ce domestique si bon, cet excellent sujet que vous ne remplacerez peut-être jamais, est sorti de chez vous.
Voilà comment la colère nous force à nous repentir de nous y être livrées; elle nous a aliéné des cœurs qui ensuite ne nous ont plus pardonné. Que de sujets de repentir occasionnés par la colère! Vous vous êtes chargées, mères chrétiennes, de l'éducation de vos enfants ; c'est bien, sans doute, c'est votre premier devoir. Mais la faites-vous, cette éducation, comme vous devez la faire? n'allez-vous pas souvent trop loin dans l'expression de vos reproches? Une faute, peut-être bien légère, vous fait dire de grands mots, des choses beaucoup trop fortes ; vous provoquez souvent par là des réponses que vous ne devriez jamais permettre; et voilà où vous entraîne l'aveuglement de la colère. Vous n'aviez pas prévu que la chose irait si loin, aveuglées que vous étiez par la colère, et vous en êtes venues à souffrir des torts qui ne sont plus tolérables. C`est ainsi que la colère amène la faiblesse qui en est le résultat. Avec votre vivacité, si vous ne voulez pas qu'on l'appelle colère, vous affaiblissez votre autorité. Vous vous êtes fort impatientées le matin , vous vous l'êtes reproché; vous ne voulez pas recommencer le soir : c'est tout simple.
Les enfants sont bien fins, ils remarquent tout; ils savent à merveille que c'est là votre marche; l'enfant sait qu'il peut tout oser, et il ne manquera pas d'en abuser. Dans la crainte de s'impatienter, on garde un coupable silence sur les fautes essentielles; et plus tard, lorsque l'enfant aura pris quelques années de plus , c'est alors que vous verrez les graves inconvénients d'une semblable éducation.
Femmes chrétiennes, n'y a-t-il qu'à l'égard des enfants que les vivacités produisent une faiblesse fâcheuse? Oh! combien perdent par là tout leur avenir! Disons-le franchement, cette petite tactique de vous fâcher souvent, que vous employez quelquefois avec tant de succès, ne vous réussira pas toujours, et ce mari qui, pendant longtemps, a bien voulu céder, a changé : par votre humeur , par votre vivacité , vous usez votre autorité, vous vous déconsidérez à ses yeux; désormais il ne vous écoutera plus ; accoutumé à vos petites colères, il ne s'en inquiétera plus. Comment conserver quelque empire sur le cœur d'un époux, quand la femme ne sait pas se vaincre? et cet empire dont elle aura besoin dans les circonstances graves, où elle voit ses intérêts et ceux de ses enfants compromis, elle l'aura usé sur des riens, et il n'aura plus d'effet. C'est surtout à la mère de famille que cette autorité manque; elle ne peut plus gronder une fille qui va bientôt se marier, un fils de vingt ans.
Quel moyen lui restera-t-il donc quand on a des choses essentielles à réprimer, et vous qui deviez être la première confidente, vous ne serez sa mère que de nom; c'est ce qui fait que l'on voit, dans le monde, tant de jeunes femmes, ayant encore une mère dont le cœur est fermé pour elles !
Un autre résultat de la colère , ce sont les divisions : elle est presque toujours cause de ces désunions de ménage, dont nous sommes souvent les témoins ; deux êtres qui, selon l'expression de Dieu, ne devraient faire qu'un, se sont aigris par des paroles, et en sont venus peut-être à aspirer au moment qui mettra un terme à une union qui aurait pu être si douce, et qui l'a été si peu. Peut-être votre époux n'avait-il pas toutes les qualités que vous pouviez désirer , je le veux ; mais vous, n'aviez-vous pas quelques défauts! Si vous aviez employé la douceur l'aménité, vous auriez mis par là une digue à ses emportements. Au lieu de cela, votre humeur, vos vivacités l'ont exaspéré davantage, et votre ménage est devenu une espèce d'enfer.
La patience produit la patience; si vous aviez su combattre votre humeur, il aurait rougi devant une femme si bonne ; et au contraire, de votre manière d'être il est résulté des inimitiés qui ne produisent que de l'irritation, et souvent avec un air mécontent, vous rendez votre société difficile à supporter , et il en survient une haine dont on ne peut guère calculer les malheurs. Les enfants sont témoins de toutes les altercations : au commencement on se gênera un peu, on a soin de les écarter; mais ensuite on n'en prend plus la peine.
Et quelles suites funestes cela ne doit-il pas avoir ? On insulte une femme devant eux ; une mère, celle qu'ils devraient le plus respecter! Heureux encore s`ils ne renouvellent pas un jour dans leur ménage ce qu'ils auront vu dans le vôtre. Si ce scandale est donné par des personnes qui font profession de piété, c'est encore plus fâcheux. On vous voit, à l'église, approcher des sacrements ! et quel effet cela doit-il produire sur l'esprit d'un mari déjà peut être peu croyant ? Et vous voudriez tant, cependant, que votre mari vous accompagnât à l'église?
Vous vous contentez de prier pour cela ; mais il n'en coûte pas beaucoup pour prier : ne vaudrait-il pas mieux prêcher par le bonheur que la douceur de votre caractère pourrait répandre autour de vous ; au lieu de l'attirer à la religion par cet esprit de mansuétude, vous l'en avez éloigné peut être pour toujours. Et d'ailleurs, dans l'état d'impatience où vous vivez habituellement, vous est-il possible de recueillir vos esprits pour prier ? Peut-être méditez-vous quelques mots plus acerbes et cela devant l'autel , en présence du Saint des saints !.....
Non-seulement l'âme est troublée; mais le corps l'est aussi; car ces vivacités détruisent la santé et usent les sens; les effets de la colère sont de porter le sang à la tête avec violence, et d'y occasionner les plus grands maux. Voilà tous les effets que peut produire la colère qui n'est point réprimée ; disons un mot des moyens à prendre pour la corriger.
Il faut d'abord être bien convaincu que ce n'est pas une passion qui s'use avec l'âge , elle s'accroît presque toujours avec les années, parce que les souffrances physiques viennent s'y joindre; même il est à remarquer que beaucoup de femmes, après avoir été douces et bonnes, sont devenues , vers l'âge mûr, plus sujettes à l'impatience, et se laissent aller souvent jusqu'à la colère!
En général, les vieillards sont grondeurs et tristes; le il est presque certain qu'ils n'ont point voulu réprimer la vivacité du premier âge. De là vient la nécessité de détruire ce défaut chez les enfants, dès qu'il se manifeste. C'est la partie la plus essentielle de l'éducation, et malheureusement la plus négligée ; c'est ce qui nous explique pourquoi les hommes, insupportables chez eux ,se montrent si aimables dans la société.
Il faudrait vous résoudre, femmes chrétiennes, à ne jamais accorder à un enfant rien de ce qu'il veut impérieusement; mais peu de mères en ont le courage; elles s'imaginent toujours que leurs enfants vont se faire du mal ; elles en tremblent à mêmes ce qui la provoque ; nous sommes tout instant, et la colère de ce petit être va toujours croissant ; prenez donc garde, et sachez infliger de petites pénitences qui porteront certainement leurs fruits.
Le véritable remède pour réprimer en nous la colère et les mouvements de vivacité et d'impatience , c'est d'examiner dans nous déjà convenues que cette passion n'existait pas, pour ainsi dire, par elle-même, qu'elle était seulement à la solde des autres, se faisant exécuteur de leur vengeance ; il faut donc en découvrir le motif. D'où vient cette humeur qui nous rend si insupportables aux autres et à nous-mêmes? C'est en général de l'orgueil; nous voulons dominer, primer partout; pour peu que cet orgueil vienne à être blessé, nous ne nous contenons plus ; nous nous imaginons cependant qu'une vie passée avec nous doit être fort agréable ; mais les autres n'ont pas toujours cette persuasion. Pour combattre notre passion dominante, il faut la connaître; et pour la connaître, il ne faut pas se faire illusion ; il faut nous juger nous-mêmes, et Dieu veuille que ce ne soit pas avec une indulgence trop excessive! Nous avons beau vouloir dissimuler nos défauts , les autres les connaissent.
Ah ! si nous les voyions nous-mêmes tels qu'ils sont , nous serions étonnées d'avoir aussi peu d'indulgence pour les autres, ayant tant besoin de celle du prochain; si nous connaissions mieux nos torts , nous serions moins portées à toujours grossir ceux des autres, nous serions moins disposées à nous fâcher de tout. Cet homme, s'il s'examinait d'un peu plus près, s'apercevrait peut-être qu'il opprime cette pauvre femme. Si c'est elle qui est maussade, il la laisse là, et s'en va; tandis que si c'est lui qui est de mauvaise humeur, colère, emporté, la femme pleure; mais il faut qu'elle reste dans son ménage. Ne serait-il pas bon que l'homme et la femme pussent réfléchir à cette union contractée en la présence de Dieu, en face de ses autels, devant de nombreux témoins, et se rappeler le serment qu'ils ont fait de se rendre heureux mutuellement?
Gardez-vous, femmes chrétiennes, d'agir pendant la colère, et même de parler, parce qu'on le ferait avec passion ; c'est une espèce de folie, de frénésie; or, tout ce qu'on fait dans cet état est entaché; ayez une sorte d'inertie , jusqu'à ce que la colère soit calmée, alors vous ne vous en repentirez pas. Ce n'est pas toujours facile, j'en conviens, mais disparaissez, éloignez-vous plutôt; il y a toujours moyen de trouver un prétexte pour cela, non-seulement à l'égard de nos supérieurs, afin de ne pas leur parler, mais à l'égard de nos égaux, de nos inférieurs, et même de nos domestiques. Eux aussi ont leur orgueil, leur colère : si dans ces moments- là vous leur donnez un ordre, ils ne manqueront pas de le faire tourner contre vous, prenez-y garde.
Si vous avez, femmes chrétiennes, le désir de vous corriger, prenez les moyens les plus puissants, la raison, la religion, ajoutez-y une petite punition: il faut pour cela un certain courage; mais traitons-nous en grands enfants; si c'est l'orgueil qui a excité en nous l'impatience, que l'orgueil soit puni ; convenons franchement que nous avons eu tort, c'est le meilleur moyen de réparer sa faute. Est-il donc bien pénible d'avouer qu'on s'est laissé emporter par la colère, de demander pardon à réparer le mal que l'on a pu faire, à soulager les cœurs que l'on a blessés? Il y a quelquefois plus de mérite à bien réparer un tort qu'à ne l'avoir pas eu. Les excuses ne sont pas les mêmes envers tout le monde; entre maris et femmes, elles doivent être toutes simples, toutes cordiales; plus respectueuses de la part d'une belle-fille à l'égard de sa belle-mère.
Jeunes femmes, c'est là souvent une pierre d'achoppement. Vous n'êtes pas toujours ce que vous devriez être pour votre belle-mère; en cela vous vous faites tort dans l'esprit de votre mari; et pourrait-il en être autrement? vous froissez sa mère... Ah ! réparez, réparez promptement vos torts envers elle; que vos excuses soient franches et soumises; ne craignez pas d'avouer que vous avez eu des torts et que vous voulez les réparer. Quant aux domestiques, la réparation est plus difficile, sans doute; on ne peut pas leur faire des excuses, ils en abuseraient; On peut leur parler avec bonté, leur faire du bien, ou avoir tout autre bon procédé à leur égard, à moins que la colère n'ait été trop loin; alors il faudrait bien leur faire une espèce de réparation; ce serait peut-être même le meilleur moyen de reprendre son autorité, pourvu qu'on l'employât avec mesure, et avec cette charité chrétienne qui donne toujours de la dignité.
Il faut faire de fréquents actes de douceur et d'humilité pour combattre le penchant qu'on pourrait avoir à la colère. Tâchez de vous accoutumer à ce je ne sais quoi de suave, qui peut répandre le bonheur autour de nous. Examinez tous les mouvements de votre cœur pour les maîtriser; de cette manière vous vous trouverez toujours en garde contre les mauvaises impressions, et vous ne serez plus prises au dépourvu ; mais ne vous contentez pas d'actes seulement des lèvres; tâchez de produire ces bons sentiments dans vos cœurs, jeunes personnes , jeunes gens, qui prenez quelquefois le ton si tranchant, tâchez d'acquérir un peu d'humilité. Vous pouvez avoir ait vos études avec succès, je le veux bien, vous savez un peu d'histoire, de littérature, etc., etc.; mais tout cela ne vous donne pas le droit de juger de tout, et d'avoir de vous une si bonne opinion.
Ne donnez pas toujours tort aux autres, et ne croyez pas qu'ils veulent toujours vous offenser; n'écoutez jamais les rapports, rien n'est plus fâcheux, rien n'est plus propre à exciter la colère, à faire naître les divisions. Les rapports écoutés produisent des préjugés, des préventions, des jalousies; entre époux rien n'est si funeste. Cherchez à excuser les autres; si nous ne sommes pas tombées dans les mêmes fautes, à qui le devons-nous ? N'est-ce pas les circonstances qui ont été plus favorables pour nous ? une éducation plus chrétienne, et mille causes que la Providence a disposées en notre faveur, et dont nous nous faisons à tort un mérite?
Par cet examen nous arriverons à réformer tout à la fois les jugements téméraires et la vivacité. Ne vous découragez pas, femmes chrétiennes, il ne suffit pas de vouloir se corriger pour l'être sur-le-champ; cette correction demande du temps ; l'habitude de n'avoir jamais maîtrisé sa colère la rend nécessairement bien difficile à détruire. Il ne faut pas vouloir aller trop vite, parce qu'alors on se décourage, et c'est une source de colère nouvelle. Si nous sommes faibles, Dieu sera fort; comptez sur son appui, si vous voulez sincèrement et si vous prenez les moyens nécessaires pour y parvenir. Priez surtout beaucoup; sans le secours de Dieu nous ne pouvons rien; il faut l'implorer.
Nous voudrions qu'il ne nous en coûtât rien et être tout de suite corrigées, cela ne se peut pas et ne dépend pas uniquement de nous. Prions donc, et prions avec persévérance mais doucement et non avec impétuosité. Le Dieu qui a apaisé les flots de la mer peut apaiser ceux de la colère. Il faut encore se supporter soi-même dans les occupations, ne serait-ce que dans le fil qui se tord lorsque vous vous occupez de ces petits ouvrages d'aiguilles, il faut supporter cela avec calme et douceur. On ne sait point offrir à Dieu toutes ces petites choses qui seraient d'un grand mérite si on savait en profiter; on s'impatiente, puis c'est tout. Il faut se supporter dans un mauvais état de santé; c'est peut-être plus difficile ; on souffre, la souffrance dispose au noir, à la mauvaise humeur.
On voudrait mettre de l'ordre dans sa maison, c'est un bon motif sans doute, On ne le peut pas, on s'impatiente. On voudrait aller, venir, faire des bonnes œuvres; Dieu ne vous les demande pas; au lieu de lui offrir cette privation qu'il nous impose, on s'en irrite ; et parce qu'on ne peut pas faire une bonne œuvre, on en fait une mauvaise, en retombant de tout le poids de sa mauvaise humeur sur un mari, des enfants , des domestiques, qui ne sont pourtant pas cause de vos souffrances. Si l'on avait pris sagement son parti, si l'on était résigné à la volonté de Dieu, on aurait été plus calme, et peut-être même que la santé en serait devenue meilleure; car souvent l'humeur que l'on a de ses maux les aggrave. Il faut aussi se supporter dans la dévotion elle-même ; car elle est quelquefois un sujet d'impatience. On voudrait avoir de la piété, on se dépite de n'en point avoir.
On voudrait s'approcher de la Table sainte dans de bonnes dispositions; mais comme on n'y trouve pas toujours les délices qu'on voudrait y goûter, On en sort quelquefois mécontent; on ne pense pas que ces dons célestes n'appartiennent qu'aux âmes saintes, qu'il sont la récompense de leur fidélité, et que l'on ne peut se flatter de les avoir mérités ; et parce qu'on ne les aura pas éprouvées, on rentre chez soi de mauvaise humeur : et malheur à celui qui se rencontre sur vos pas. Ainsi même dans la dévotion, qui ne commande que douceur, que suavité, on aura été chercher des motifs d'aigreur.
Si l'on ne se supporte pas, comment supportera-t-on les autres ? Ayez soin d'observer les différents caractères avec lesquels vous avez à vivre; il faut les prendre tels qu'ils sont, parce qu'il ne dépend pas de nous de les changer, et qu'il dépend de nous de nous en arranger, afin de bien vivre avec eux, et c'est ce qu'on ne fait pas toujours. Par exemple, au commencement d'une union, une jeune femme n'a pas toujours le bon esprit d'observer le caractère de son mari, afin de mettre le sien en harmonie avec ses goûts, ses idées; et il en résulte souvent des oppositions fâcheuses, qui produisent par la suite des divisions plus fâcheuses encore. Occupé ordinairement de plus grands intérêts qui l'absorbent, l'homme est plus froid, il ne pense plus à aimer, tandis que la femme toute à ce sentiment, s'étonne, s'afflige, voudrait que son mari aimât comme elle; de là des plaintes, quelquefois des reproches. Les femmes sont susceptibles de porter le sentiment de l'amour conjugal jusqu'à l'héroïsme, rarement les hommes ; souvent ils ne l'ont pas même compris. Tous n'ont pas les mêmes caractères, les mêmes sentiments, pourquoi voulons-nous imposer aux autres notre façon d'aimer ?
Quelquefois c'est à l'égard d'autres membres de la famille, dont les caractères ne cadrent pas avec le nôtre ; quand on croit les avoir comblés, on les accuse de manquer de reconnaissance : cette personne peut y répondre à sa manière qui n'est pas la vôtre. Si l'on faisait la part des caractères, et que l'on n'eût pas toujours prétention de mettre les autres à son niveau a sous ce rapport, combien de mauvaise humeur On s'éviterait à soi et aux autres !
N'irritons personne par nos paroles; traitons tout le monde avec bonté, et Dieu accordera la persuasion à nos lèvres. Vous vouliez, mères chrétiennes, épouses chrétiennes, une chose juste, et vous n'avez pas réussi. Je le crois bien : Vous avez voulu avec force, vous avez voulu impérieusement, et vous n'avez pas été écoutées. Si vous aviez prié au lieu d'exiger, vous auriez persuadé; mais vous avez irrité, c'est fini, vous n'obtiendrez jamais.
Épouses de l'homme, vous êtes là pour adoucir ses chagrins, vous êtes sa compagne, son amie. Mères de l'homme, ah ! c'est là que vos rapports sont plus sublimes encore : à vous est confiée cette importante mission qui influe sur la société tout entière. Vous pouvez par vos sages leçons avoir un ascendant de toute la vie ; vous n'avez pas la force en partage, elle appartient à l'homme, qui ne sait pas toujours en faire un bon usage, laissez-la-lui, n'y prétendez pas : encore une fois, à vous appartient l'empire de la douceur, la puissance d'insinuation; vous ne dominerez pas, mais vous dirigerez. Présentez toujours vos idées avec ce calme qui les fait goûter; jamais d'aigreur ni d'esprit de domination : si vous employez la tyrannie, vous manquez votre destination ; si vous n'avez pas le cœur, vous n'aurez jamais la confiance. Restez dans le rôle admirable que la Providence vous a confié.
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
Re: Le Guide de la femme chrétienne - France - 19 eme siecle
Les Femmes dans les Souffrance Physique et Morale
Venez à moi , vous tous qui avez de la peine et qui êtes chargés, et je vous soulagerai. ( Matthieu, 11.)
Comme une mère caresse son enfant , ainsi je vous consolerai. ( Isaïe, 66.)
La terre est comme un grand et vaste calvaire, où chacun a sa croix. Le pauvre, couvert d'ulcères, n'est pas le seul à dire, avec Job , que la vie lui est à charge ; le grand de la terre, le monarque même, peut faire écho. A quelle porte frappera la femme dont le cœur est ulcéré par la douleur la plus vive ? De qui attendra-t-elle de la consolation? Sera-ce auprès de ses amis? Il est bien peu de personnes qui connaissent l'étendue de ce nom. Hélas ! le malheur est une espèce de réprobation , et il suffit souvent d'être malheureux pour donner à tout le monde, et même aux amis, le droit de vous méconnaître !... Quels discours, d'ailleurs , tiendraient-ils ?
Oh! c'est Dieu seul qui, dans les tribulations, peut être le véritable consolateur ; aussi invite-t-il, dans ses livres saints, à recourir à lui avec confiance : Venez , dit-il, venez à moi, vous qui souffrez ; dites-moi vos peines , et j'y apporterai le remède ; j'aurai pour vous toutes les attentions d'une mère qui voit son enfant pleurer entre ses bras. Le Prophète avoue avec reconnaissance que, dans ses adversités, Dieu a proportionné les secours à ses besoins, les consolations à ses douleurs.
Daignez, Seigneur, répandre cette même onction sur les miens. Je ne cherche et ne veux d'autre consolateur que vous; je souffre beaucoup , il est vrai; mais c'est en votre présence et à vos pieds.
La femme affligée doit recourir à Dieu
Réjouissez-vous lorsque vous participerez aux
souffrances de Jésus Christ. (1. Pierre, 4.)
Quelle bonté de la part de Dieu de nous faire participer aux souffrances du Sauveur! Il en agit envers nous, comme il en a agi avec son propre Fils, dont toute la vie n'a été qu'une croix et un martyre continuel. L'Écriture le fait voir durant sa vie mortelle, rassasié d'opprobres, et traité comme un ver de terre. Or, quand nous pensons que le Fils de Dieu lui-même a passé ainsi ses jours dans la peine, la douleur et les larmes,
pouvons-nous espérer passer les nôtres dans la paix et les délices? Pouvons-nous nous trouver malheureux, ayant un sort semblable au sien ? Le chemin par lequel je marche est pénible, il est vrai; mais je me range, par cela même, au nombre des disciples de Jésus.
Le monde parle à ses disciples de plaisirs, d'honneurs, de richesses; mais le Fils de Dieu, dont la doctrine est directement opposée à celle du monde, ne parle que d'humiliations, d'abnégations. Ainsi, pour être digne de participer à la gloire éternelle, il faut auparavant boire avec Jésus le calice de sa passion, c'est-à-dire, participer à ses ignominies; la condition est pénible, mais elle est nécessaire et juste ; car personne n'est couronné qu'il n'ait combattu.
Nous sommes, en qualité de chrétiens, les enfants du calvaire, dit saint Augustin, et ce n'est pas dans ce lieu qu'on prend le goût des plaisirs et des satisfactions terrestres. Nous devons être entés sur la ressemblance de Jésus-Christ.
La femme dans ses souffrances..
Nous nous glorifions dans nos tribulations.
(Romains, 5.)
Qu'est- ; ce que toutes ces tribulations qui affligent et brisent le cœur, sinon une partie de la Croix de Jésus-Christ. Saint Paul n'a jamais parlé en conquérant glorieux que lorsqu'il énumère les palmes qu'il a cueillies dans les fers dont il était chargé ; il regardait l'état dans lequel il était comme plus heureux que la possession de tous les empires.
Mon Dieu, par votre grâce, soutenez ma faiblesse, je n'ai jamais eu assez de courage pour m'offrir de moi-même à porter votre croix ; mais puisque vous voulez que je la porte, je m'y soumets puisque j'ai part à vos souffrances.
La femme aura le ciel pour récompense
Si nous souffrons avec Jésus-Christ, nous serons
glorifiés et nous régnerons avec Jésus-Christ.
(Romains, 8.)
En quittant le monde, le Fils de Dieu nous a promis le ciel pour héritage, mais c'est à condition que nous porterons notre croix ; il nous l'a léguée en mourant. Il nous appelle tous à la gloire des cieux, fin unique à laquelle nous devons tendre; mais pour y parvenir à cette fin, il faut en prendre les moyens; or un des plus puissants est de monter avec lui au calvaire et d'embrasser la croix.
Femmes chrétiennes, le ciel est une terre promise, dont vous pouvez faire la conquête; mais ne l'oubliez pas, c'est par beaucoup de travaux et d'épreuves. Le roi sous le drapeau duquel vous marchez n'y est pas entré autrement le premier: ainsi si vous voulez y régner avec lui, vous devez auparavant travailler et souffrir, combattre et vaincre comme lui. Non, la couronne du ciel ne se mettra pas, dit Tertullien, sur le front de ces heureux du monde, qui vivent dans les plaisirs et se couronnent de fleurs; elle sera mise sur ces têtes que le monde aura couvertes d'ignominie, sur le front de ces chrétiennes que la calomnie aura contraintes de se cacher aux yeux des hommes ; elle sera donnée à ces chrétiennes qui, dans des corps déjà crucifiés par la pénitence, portent encore, avec la plus héroïque patience, un cœur blessé par les traits de l'ingratitude, de l'injustice et de la méchanceté des hommes, par un cœur affligé par ce qu'il a de plus cher !...
Durant la vie on sème; après la mort on recueille. Plus on aura de peine à semer, plus la récolte sera un jour abondante. Tandis qu'on sème, le temps est triste et nébuleux ; mais, au jugement des saints, le temps de l'adversité est le plus propre à recueillir pour l'éternité. Ames pieuses, combien de mérites en effet ne pouvez-vous pas amasser dans vos peines et afflictions! Elles sont comme un fonds qui sans cesse peut fructifier : chaque moment, chaque heure servent à former un trésor que Dieu gardera en dépôt; oubliez donc le nombre des larmes que vous répandez : le livre de vie en tient un compte exact, et les richesses spirituelles qu'elles vous font acquérir vous achèteront un royaume éternel.
Non, Seigneur, vous ne laissez jamais sans récompense le plus petit mérite acquis par vos serviteurs dans la tribulation. Vous les voyez même avec plaisir souffrir à présent quelques peines, et vous les offrir en union de tout ce que votre divin Fils Jésus a souffert pour notre amour, à cause du prix infini que Cette union donne à leurs souffrances ; vous aimez à les entendre lorsqu'ils vous bénissent dans leurs maux, qu'ils vous en remercient, qu'ils vous demandent de leur donner la résignation et la patience. Mon Dieu, vous êtes mon soutien, cette pensée me remplit de consolation, comme elle en remplissait le Prophète dans ses adversités. Je trouve abondamment, comme lui , dans cette espérance de quoi me fortifier dans tous mes malheurs. Ainsi soit-il.
La tristesse abrège les jours de la femme
La tristesse abrège les jours. (Eccl., 38.)
Les jours s'abrègent quand les femmes sont accablées par la douleur ; les impressions qu'elle cause à l'âme abattent son courage: c'est là ce que Dieu a promis dans l'Évangile à ceux qui pleurent à et ceux qui souffrent persécution pour la justice.
Si vous laissez quelques péchés à expier, le purgatoire achèvera de tout effacer; mais tant que vous vivez ici-bas, ayez soin d'offrir toutes vos peines, de quelque nature qu'elles soient, et Dieu qui n'envoie des afflictions que dans ce dessein de miséricorde, exigera beaucoup moins ; le feu des tribulations remplace avec avantage les flammes du purgatoire. De deux maux il faut toujours choisir le moindre, dit l'Imitation de Jésus-Christ: si vous dites que vous ne pouvez pas tant souffrir, comment pourrez-vous supporter les peines de l'expiation dans l'autre vie ? J'ai mérité de souffrir, Seigneur, et si je suis juste, je dois penser que je souffre trop peu encore, pour réparer par la douleur, autant qu'il est en moi, les outrages que je vous ai faits, ô Dieu infiniment bon !
Maintenant je suis entre vos mains, servez-vous de tous les moyens pour me faire expier mes péchés, les éléments, les maladies, les amis, les ennemis, les parents, les étrangers, etc. Je dois reconnaître que c'est votre main et votre volonté qui agissent, et je dois me soumettre avec la plus grande résignation. En considérant les souffrances que votre divin Fils a endurées sur le Calvaire pour m'obtenir mon pardon, je dois me trouver heureuse d'y unir les miennes; daignez me l'accorder. Ainsi soit-il.
La femme pieuse trouve le joug de Jésus-Christ
doux et léger
Mon joug est doux et mon fardeau léger.
(Matth., 1 1.)
0 vous qui êtes revenues à Dieu, et qui avez abandonné les voies tortueuses du vice, goûtez, même au milieu des peines de votre état, combien le Seigneur est doux ; sachez faire la différence qu'il y a entre la conduite de Dieu et celle du monde; quels secours vous offrait le siècle quand vous le serviez et que vous vous trouviez dans l'affliction. Oh! Quand vous n'avez plus fourni à ses plaisirs , il oubliait vos services; si quelquefois il prenait votre défense contre l'injustice, c'est autant qu'il y trouvait son intérêt. Y voyait-il quelque danger à craindre pour lui, il était d'airain et de bronze pour vous. Pas un seul sentiment de reconnaissance qui le portât à parler en votre faveur; il a même joint peut-être l'injustice à l'ingratitude.
Dans les premiers jours d'une maladie, le monde que vous avez servi avec ardeur, et qui se cherche plus en vous aimant qu'il ne cherche votre amitié, paraît, pour remplir ce qu'on appelle devoir de bienséance, prendre quelque part à votre état; mais le mal s'accroît-il ? est-il de durée ? les attentions cessent; vous n'êtes plus regardée que comme une femme qui ne mérite plus qu'on pense à elle. Les temps sont changés. Une femme était de toutes les fêtes du monde ; sa fortune vient d'être renversée, les amis que le monde lui avait procurés la fuient, de peur d'entendre ses gémissements, qui demandent une main secourable ; et d'ailleurs ces amis seraient peut-être dans une partie de divertissement, à l'heure même où, accablée sous le poids de ses infirmités, elle rendra le dernier soupir.
Est-il de plus dur maître à servir que le monde ? Qu'on adore à présent les divinités de ce monde trompeur et perfide, qu'on mette en elles sa confiance ; divinités sans intelligence pour comprendre, sans cœur pour sentir, et qui n'ont des mains que pour lancer la foudre sur ceux qui ont tout sacrifié pour leur plaire. Quant à vous, Seigneur, vous n'avez jamais plus d`attention et de bonté pour vos servantes et vos amies que lorsqu'elles sont dans l'affliction. Vous seul êtes un ami tendre, pour soutenir longtemps les plaintes d'un malheureux. Vous ne vous lassez point de le secourir et de le consoler. Vous êtes avec lui dans la tribulation pour lui faire trouver des ressources dans ses besoins, ou pour faire briller à ses yeux la lumière après les ténèbres, toujours pour recevoir ses larmes dans votre sein, pour verser la consolation dans son cœur, lors même que son corps est plus abattu par la douleur. Oh! oui , mon Dieu, j'aime mieux être obscure et méprisée dans vos voies, que d'être honorée et distinguée parmi les pécheurs. Ainsi soit-il.
La femme pieuse est éprouvée
Les justes ont beaucoup d'afflictions. (Psaume 33.)
Ne soyez pas surprises, femmes chrétiennes, de voir un grand nombre de pécheurs dans la prospérité , tandis qu'il y a tant de justes qui passent leur vie dans l'adversité. C'est une secrète conduite de la Providence. Jérémie les regarde comme des victimes qu'on engraisse et qu'on prépare pour le jour où on doit les égorger. Leur abondance, en effet, entretient leur luxe, et les hommages qu'ils reçoivent entretiennent leur orgueil ; tout à coup la mort vient, l'enfer s'ouvre, et les engloutit sans qu'ils aient le temps de se reconnaître.
Les annales de l'Église vous font voir, femmes pieuses, qu'il n'y a pas une seule âme juste que Dieu n'ait éprouvée par le feu de la tribulation. Quelle sainteté plus éminente, après la sainteté de Jésus, que celle de Marie, sa mère? Cependant de quel glaive de douleur son âme ne fut-elle pas percée durant, sa vie, et surtout à la mort de son Fils Jésus-Christ disait que saint Jean-Baptiste était le plus grand des enfants des hommes; cependant ce saint précurseur a toujours gémi ; il est mort dans les fers.
Nul des prophètes qui n'ait eu des persécutions à essuyer. Le monde se réjouissait, tandis que les apôtres étaient dans la tristesse. L'Apôtre des nations a passé aussi par bien des traverses. Vous n'êtes pas une sainte; mais Dieu vous envoie des afflictions pour que vous le deveniez; et ne vous faites pas illusion , les douleurs des autres étaient semblables aux vôtres, car, en ceci comme en toute autre chose, il n'y a rien de nouveau sous le soleil, et dont on ne puisse donner des exemples : Job passa d'un palais sur un fumier, et fut couvert d'ulcères depuis les pieds jusqu'à la tête. Saint Clément d'Ancyre soutint un martyre de dix-huit ans. Sainte Claire fut affligée de maladies pendant vingt-deux ans, et saint François d'Assise pendant vingt-cinq. Sainte Ludivine
demeura sur un lit trente-huit ans, et saint Servule fut paralytique toute sa vie. La calomnie jeta Joseph dans une prison. Le roi David fut détrôné par son propre fils. Saint Athanase, poursuivi par les ariens, demeura quatre mois cachés dans le tombeau de son père. Sainte Élisabeth fut chassée de son palais, dépouillée de tous ses biens, et chargée , d'outrages. Sainte Catherine de Gênes se vit délaissée par ceux même qui lui étaient le plus nécessaires pour les besoins de son âme.
Les tentations contre la pureté portèrent saint Benoît à se jeter dans les épines, et saint François d'Assise à se rouler dans la neige. Saint François de Sales fut tenté de désespoir. Saint Ignace de Loyola éprouva la rigueur des peines que donne le scrupule. Saint Jérôme et saint Bernard parlent des combats qu'ils avaient à livrer contre les distractions dans leurs exercices de piété. Sainte Thérèse fut pendant dix-huit ans dans les déserts les plus arides de la vie intérieure. Vos saints , ô mon Dieu ! avaient donc les mêmes chagrins, les mêmes infirmités, les mêmes tentations que moi; mais ils profitaient mieux que moi des secours que vous offrez aux âmes affligées. Accordez-moi, ainsi qu'à eux, le don de patience, de soumission : c'est la grâce que je ne cesserai de solliciter. Ainsi soit-il.
La femme ne doit point mettre sa confiance dans les richesses, les talents, les honneurs, les plaisirs
Que sait celui qui n'a point été éprouvé par
la tentation? - (Eccl., 34.)
O femmes qui vivez dans le monde, il vous est naturel d'aimer les richesses , la santé, les honneurs, les plaisirs, et tout ce qui tient aux jouissances de la vie; comme aussi de haïr la mortification, la pénitence, les ennuis, l'adversité, les maladies, les afflictions, en un mot, toutes les tribulations qui torturent l'âme, gênent le corps. Je voudrais vous faire comprendre combien le monde mérite peu votre estime et votre confiance; rappelez-vous quelques circonstances de votre vie, où vous avez dû éprouver l'ingratitude d'une amie qui vous a manqué au besoin; l'oubli et l'abandon de ceux et celles qui avaient des raisons pour vous être attachés; les discours injurieux qu'on a tenus sur votre compte, et nullement mérités; une espérances flatteuse qui s'est tout à coup évanouie par le caprice de la personne même qui l'a fait naître, et qui pouvait facilement la remplir; tout cela doit vous instruire de ce qu'il faut penser du monde , de ses amitiés, de ses jugements.
Oh ! placez mieux votre confiance et votre cœur, et abandonnez-vous à la conduite de Dieu qui est plein d'indulgence et de bonté pour ceux qui le servent ! Que l'adversité ; vous fasse comprendre combien tout ce qui passe est vain et fragile. Si vous aviez été heureuse selon le monde, vous vous seriez attachée à tout ce qu'il promet, et vous seriez devenue comme le peuple bien-aimé qui abandonna Dieu, son créateur, et s'en éloigna parce qu'il avait été nourri et engraissé par la prospérité: au lieu que la souffrance tient dans cette heureuse servitude où nous devons nous réduire avec l'Apôtre, pour être un jour glorifiées; elle fait de notre corps cette hostie vivante, que nous devons sans cesse offrir à Dieu. Une vie de souffrances est une vie de sacrifices, telle que doit être une vie chrétienne ; les sacrifices sont forcés, mais la soumission les rend volontaires; si l'on n'était pas dans l'affliction, Dieu ne laisserait pas de les exiger.
Je vous remercie, Seigneur, de me faire envisager les afflictions avec l'œil de la foi et de la soumission, j'aurai alors des mérites de plus à vous offrir; car je ne passe pas de jour sans souffrir : c'est tantôt un mépris que j'ai à essuyer, et tantôt un droit que je dispute ; ,c'est quelquefois des douleurs dans le corps; d'autres fois des tortures morales auxquelles on ne peut guère s'accoutumer, si on ne pense qu'elles sont autant de victoires qu'on remporte sur soi-même. Oui, mon Dieu, plus les croix que vous m'enverrez seront pesantes, plus je vous bénirai des secours que vous me donnez contre des puissances ennemies, qui sans cesse méditent ma perte ; je regarderai toujours mes peines comme autant de sujets de chanter vos louanges, et de vous
rendre des actions de grâces. Ainsi soit-il.
Venez à moi , vous tous qui avez de la peine et qui êtes chargés, et je vous soulagerai. ( Matthieu, 11.)
Comme une mère caresse son enfant , ainsi je vous consolerai. ( Isaïe, 66.)
La terre est comme un grand et vaste calvaire, où chacun a sa croix. Le pauvre, couvert d'ulcères, n'est pas le seul à dire, avec Job , que la vie lui est à charge ; le grand de la terre, le monarque même, peut faire écho. A quelle porte frappera la femme dont le cœur est ulcéré par la douleur la plus vive ? De qui attendra-t-elle de la consolation? Sera-ce auprès de ses amis? Il est bien peu de personnes qui connaissent l'étendue de ce nom. Hélas ! le malheur est une espèce de réprobation , et il suffit souvent d'être malheureux pour donner à tout le monde, et même aux amis, le droit de vous méconnaître !... Quels discours, d'ailleurs , tiendraient-ils ?
Oh! c'est Dieu seul qui, dans les tribulations, peut être le véritable consolateur ; aussi invite-t-il, dans ses livres saints, à recourir à lui avec confiance : Venez , dit-il, venez à moi, vous qui souffrez ; dites-moi vos peines , et j'y apporterai le remède ; j'aurai pour vous toutes les attentions d'une mère qui voit son enfant pleurer entre ses bras. Le Prophète avoue avec reconnaissance que, dans ses adversités, Dieu a proportionné les secours à ses besoins, les consolations à ses douleurs.
Daignez, Seigneur, répandre cette même onction sur les miens. Je ne cherche et ne veux d'autre consolateur que vous; je souffre beaucoup , il est vrai; mais c'est en votre présence et à vos pieds.
La femme affligée doit recourir à Dieu
Réjouissez-vous lorsque vous participerez aux
souffrances de Jésus Christ. (1. Pierre, 4.)
Quelle bonté de la part de Dieu de nous faire participer aux souffrances du Sauveur! Il en agit envers nous, comme il en a agi avec son propre Fils, dont toute la vie n'a été qu'une croix et un martyre continuel. L'Écriture le fait voir durant sa vie mortelle, rassasié d'opprobres, et traité comme un ver de terre. Or, quand nous pensons que le Fils de Dieu lui-même a passé ainsi ses jours dans la peine, la douleur et les larmes,
pouvons-nous espérer passer les nôtres dans la paix et les délices? Pouvons-nous nous trouver malheureux, ayant un sort semblable au sien ? Le chemin par lequel je marche est pénible, il est vrai; mais je me range, par cela même, au nombre des disciples de Jésus.
Le monde parle à ses disciples de plaisirs, d'honneurs, de richesses; mais le Fils de Dieu, dont la doctrine est directement opposée à celle du monde, ne parle que d'humiliations, d'abnégations. Ainsi, pour être digne de participer à la gloire éternelle, il faut auparavant boire avec Jésus le calice de sa passion, c'est-à-dire, participer à ses ignominies; la condition est pénible, mais elle est nécessaire et juste ; car personne n'est couronné qu'il n'ait combattu.
Nous sommes, en qualité de chrétiens, les enfants du calvaire, dit saint Augustin, et ce n'est pas dans ce lieu qu'on prend le goût des plaisirs et des satisfactions terrestres. Nous devons être entés sur la ressemblance de Jésus-Christ.
La femme dans ses souffrances..
Nous nous glorifions dans nos tribulations.
(Romains, 5.)
Qu'est- ; ce que toutes ces tribulations qui affligent et brisent le cœur, sinon une partie de la Croix de Jésus-Christ. Saint Paul n'a jamais parlé en conquérant glorieux que lorsqu'il énumère les palmes qu'il a cueillies dans les fers dont il était chargé ; il regardait l'état dans lequel il était comme plus heureux que la possession de tous les empires.
Mon Dieu, par votre grâce, soutenez ma faiblesse, je n'ai jamais eu assez de courage pour m'offrir de moi-même à porter votre croix ; mais puisque vous voulez que je la porte, je m'y soumets puisque j'ai part à vos souffrances.
La femme aura le ciel pour récompense
Si nous souffrons avec Jésus-Christ, nous serons
glorifiés et nous régnerons avec Jésus-Christ.
(Romains, 8.)
En quittant le monde, le Fils de Dieu nous a promis le ciel pour héritage, mais c'est à condition que nous porterons notre croix ; il nous l'a léguée en mourant. Il nous appelle tous à la gloire des cieux, fin unique à laquelle nous devons tendre; mais pour y parvenir à cette fin, il faut en prendre les moyens; or un des plus puissants est de monter avec lui au calvaire et d'embrasser la croix.
Femmes chrétiennes, le ciel est une terre promise, dont vous pouvez faire la conquête; mais ne l'oubliez pas, c'est par beaucoup de travaux et d'épreuves. Le roi sous le drapeau duquel vous marchez n'y est pas entré autrement le premier: ainsi si vous voulez y régner avec lui, vous devez auparavant travailler et souffrir, combattre et vaincre comme lui. Non, la couronne du ciel ne se mettra pas, dit Tertullien, sur le front de ces heureux du monde, qui vivent dans les plaisirs et se couronnent de fleurs; elle sera mise sur ces têtes que le monde aura couvertes d'ignominie, sur le front de ces chrétiennes que la calomnie aura contraintes de se cacher aux yeux des hommes ; elle sera donnée à ces chrétiennes qui, dans des corps déjà crucifiés par la pénitence, portent encore, avec la plus héroïque patience, un cœur blessé par les traits de l'ingratitude, de l'injustice et de la méchanceté des hommes, par un cœur affligé par ce qu'il a de plus cher !...
Durant la vie on sème; après la mort on recueille. Plus on aura de peine à semer, plus la récolte sera un jour abondante. Tandis qu'on sème, le temps est triste et nébuleux ; mais, au jugement des saints, le temps de l'adversité est le plus propre à recueillir pour l'éternité. Ames pieuses, combien de mérites en effet ne pouvez-vous pas amasser dans vos peines et afflictions! Elles sont comme un fonds qui sans cesse peut fructifier : chaque moment, chaque heure servent à former un trésor que Dieu gardera en dépôt; oubliez donc le nombre des larmes que vous répandez : le livre de vie en tient un compte exact, et les richesses spirituelles qu'elles vous font acquérir vous achèteront un royaume éternel.
Non, Seigneur, vous ne laissez jamais sans récompense le plus petit mérite acquis par vos serviteurs dans la tribulation. Vous les voyez même avec plaisir souffrir à présent quelques peines, et vous les offrir en union de tout ce que votre divin Fils Jésus a souffert pour notre amour, à cause du prix infini que Cette union donne à leurs souffrances ; vous aimez à les entendre lorsqu'ils vous bénissent dans leurs maux, qu'ils vous en remercient, qu'ils vous demandent de leur donner la résignation et la patience. Mon Dieu, vous êtes mon soutien, cette pensée me remplit de consolation, comme elle en remplissait le Prophète dans ses adversités. Je trouve abondamment, comme lui , dans cette espérance de quoi me fortifier dans tous mes malheurs. Ainsi soit-il.
La tristesse abrège les jours de la femme
La tristesse abrège les jours. (Eccl., 38.)
Les jours s'abrègent quand les femmes sont accablées par la douleur ; les impressions qu'elle cause à l'âme abattent son courage: c'est là ce que Dieu a promis dans l'Évangile à ceux qui pleurent à et ceux qui souffrent persécution pour la justice.
Si vous laissez quelques péchés à expier, le purgatoire achèvera de tout effacer; mais tant que vous vivez ici-bas, ayez soin d'offrir toutes vos peines, de quelque nature qu'elles soient, et Dieu qui n'envoie des afflictions que dans ce dessein de miséricorde, exigera beaucoup moins ; le feu des tribulations remplace avec avantage les flammes du purgatoire. De deux maux il faut toujours choisir le moindre, dit l'Imitation de Jésus-Christ: si vous dites que vous ne pouvez pas tant souffrir, comment pourrez-vous supporter les peines de l'expiation dans l'autre vie ? J'ai mérité de souffrir, Seigneur, et si je suis juste, je dois penser que je souffre trop peu encore, pour réparer par la douleur, autant qu'il est en moi, les outrages que je vous ai faits, ô Dieu infiniment bon !
Maintenant je suis entre vos mains, servez-vous de tous les moyens pour me faire expier mes péchés, les éléments, les maladies, les amis, les ennemis, les parents, les étrangers, etc. Je dois reconnaître que c'est votre main et votre volonté qui agissent, et je dois me soumettre avec la plus grande résignation. En considérant les souffrances que votre divin Fils a endurées sur le Calvaire pour m'obtenir mon pardon, je dois me trouver heureuse d'y unir les miennes; daignez me l'accorder. Ainsi soit-il.
La femme pieuse trouve le joug de Jésus-Christ
doux et léger
Mon joug est doux et mon fardeau léger.
(Matth., 1 1.)
0 vous qui êtes revenues à Dieu, et qui avez abandonné les voies tortueuses du vice, goûtez, même au milieu des peines de votre état, combien le Seigneur est doux ; sachez faire la différence qu'il y a entre la conduite de Dieu et celle du monde; quels secours vous offrait le siècle quand vous le serviez et que vous vous trouviez dans l'affliction. Oh! Quand vous n'avez plus fourni à ses plaisirs , il oubliait vos services; si quelquefois il prenait votre défense contre l'injustice, c'est autant qu'il y trouvait son intérêt. Y voyait-il quelque danger à craindre pour lui, il était d'airain et de bronze pour vous. Pas un seul sentiment de reconnaissance qui le portât à parler en votre faveur; il a même joint peut-être l'injustice à l'ingratitude.
Dans les premiers jours d'une maladie, le monde que vous avez servi avec ardeur, et qui se cherche plus en vous aimant qu'il ne cherche votre amitié, paraît, pour remplir ce qu'on appelle devoir de bienséance, prendre quelque part à votre état; mais le mal s'accroît-il ? est-il de durée ? les attentions cessent; vous n'êtes plus regardée que comme une femme qui ne mérite plus qu'on pense à elle. Les temps sont changés. Une femme était de toutes les fêtes du monde ; sa fortune vient d'être renversée, les amis que le monde lui avait procurés la fuient, de peur d'entendre ses gémissements, qui demandent une main secourable ; et d'ailleurs ces amis seraient peut-être dans une partie de divertissement, à l'heure même où, accablée sous le poids de ses infirmités, elle rendra le dernier soupir.
Est-il de plus dur maître à servir que le monde ? Qu'on adore à présent les divinités de ce monde trompeur et perfide, qu'on mette en elles sa confiance ; divinités sans intelligence pour comprendre, sans cœur pour sentir, et qui n'ont des mains que pour lancer la foudre sur ceux qui ont tout sacrifié pour leur plaire. Quant à vous, Seigneur, vous n'avez jamais plus d`attention et de bonté pour vos servantes et vos amies que lorsqu'elles sont dans l'affliction. Vous seul êtes un ami tendre, pour soutenir longtemps les plaintes d'un malheureux. Vous ne vous lassez point de le secourir et de le consoler. Vous êtes avec lui dans la tribulation pour lui faire trouver des ressources dans ses besoins, ou pour faire briller à ses yeux la lumière après les ténèbres, toujours pour recevoir ses larmes dans votre sein, pour verser la consolation dans son cœur, lors même que son corps est plus abattu par la douleur. Oh! oui , mon Dieu, j'aime mieux être obscure et méprisée dans vos voies, que d'être honorée et distinguée parmi les pécheurs. Ainsi soit-il.
La femme pieuse est éprouvée
Les justes ont beaucoup d'afflictions. (Psaume 33.)
Ne soyez pas surprises, femmes chrétiennes, de voir un grand nombre de pécheurs dans la prospérité , tandis qu'il y a tant de justes qui passent leur vie dans l'adversité. C'est une secrète conduite de la Providence. Jérémie les regarde comme des victimes qu'on engraisse et qu'on prépare pour le jour où on doit les égorger. Leur abondance, en effet, entretient leur luxe, et les hommages qu'ils reçoivent entretiennent leur orgueil ; tout à coup la mort vient, l'enfer s'ouvre, et les engloutit sans qu'ils aient le temps de se reconnaître.
Les annales de l'Église vous font voir, femmes pieuses, qu'il n'y a pas une seule âme juste que Dieu n'ait éprouvée par le feu de la tribulation. Quelle sainteté plus éminente, après la sainteté de Jésus, que celle de Marie, sa mère? Cependant de quel glaive de douleur son âme ne fut-elle pas percée durant, sa vie, et surtout à la mort de son Fils Jésus-Christ disait que saint Jean-Baptiste était le plus grand des enfants des hommes; cependant ce saint précurseur a toujours gémi ; il est mort dans les fers.
Nul des prophètes qui n'ait eu des persécutions à essuyer. Le monde se réjouissait, tandis que les apôtres étaient dans la tristesse. L'Apôtre des nations a passé aussi par bien des traverses. Vous n'êtes pas une sainte; mais Dieu vous envoie des afflictions pour que vous le deveniez; et ne vous faites pas illusion , les douleurs des autres étaient semblables aux vôtres, car, en ceci comme en toute autre chose, il n'y a rien de nouveau sous le soleil, et dont on ne puisse donner des exemples : Job passa d'un palais sur un fumier, et fut couvert d'ulcères depuis les pieds jusqu'à la tête. Saint Clément d'Ancyre soutint un martyre de dix-huit ans. Sainte Claire fut affligée de maladies pendant vingt-deux ans, et saint François d'Assise pendant vingt-cinq. Sainte Ludivine
demeura sur un lit trente-huit ans, et saint Servule fut paralytique toute sa vie. La calomnie jeta Joseph dans une prison. Le roi David fut détrôné par son propre fils. Saint Athanase, poursuivi par les ariens, demeura quatre mois cachés dans le tombeau de son père. Sainte Élisabeth fut chassée de son palais, dépouillée de tous ses biens, et chargée , d'outrages. Sainte Catherine de Gênes se vit délaissée par ceux même qui lui étaient le plus nécessaires pour les besoins de son âme.
Les tentations contre la pureté portèrent saint Benoît à se jeter dans les épines, et saint François d'Assise à se rouler dans la neige. Saint François de Sales fut tenté de désespoir. Saint Ignace de Loyola éprouva la rigueur des peines que donne le scrupule. Saint Jérôme et saint Bernard parlent des combats qu'ils avaient à livrer contre les distractions dans leurs exercices de piété. Sainte Thérèse fut pendant dix-huit ans dans les déserts les plus arides de la vie intérieure. Vos saints , ô mon Dieu ! avaient donc les mêmes chagrins, les mêmes infirmités, les mêmes tentations que moi; mais ils profitaient mieux que moi des secours que vous offrez aux âmes affligées. Accordez-moi, ainsi qu'à eux, le don de patience, de soumission : c'est la grâce que je ne cesserai de solliciter. Ainsi soit-il.
La femme ne doit point mettre sa confiance dans les richesses, les talents, les honneurs, les plaisirs
Que sait celui qui n'a point été éprouvé par
la tentation? - (Eccl., 34.)
O femmes qui vivez dans le monde, il vous est naturel d'aimer les richesses , la santé, les honneurs, les plaisirs, et tout ce qui tient aux jouissances de la vie; comme aussi de haïr la mortification, la pénitence, les ennuis, l'adversité, les maladies, les afflictions, en un mot, toutes les tribulations qui torturent l'âme, gênent le corps. Je voudrais vous faire comprendre combien le monde mérite peu votre estime et votre confiance; rappelez-vous quelques circonstances de votre vie, où vous avez dû éprouver l'ingratitude d'une amie qui vous a manqué au besoin; l'oubli et l'abandon de ceux et celles qui avaient des raisons pour vous être attachés; les discours injurieux qu'on a tenus sur votre compte, et nullement mérités; une espérances flatteuse qui s'est tout à coup évanouie par le caprice de la personne même qui l'a fait naître, et qui pouvait facilement la remplir; tout cela doit vous instruire de ce qu'il faut penser du monde , de ses amitiés, de ses jugements.
Oh ! placez mieux votre confiance et votre cœur, et abandonnez-vous à la conduite de Dieu qui est plein d'indulgence et de bonté pour ceux qui le servent ! Que l'adversité ; vous fasse comprendre combien tout ce qui passe est vain et fragile. Si vous aviez été heureuse selon le monde, vous vous seriez attachée à tout ce qu'il promet, et vous seriez devenue comme le peuple bien-aimé qui abandonna Dieu, son créateur, et s'en éloigna parce qu'il avait été nourri et engraissé par la prospérité: au lieu que la souffrance tient dans cette heureuse servitude où nous devons nous réduire avec l'Apôtre, pour être un jour glorifiées; elle fait de notre corps cette hostie vivante, que nous devons sans cesse offrir à Dieu. Une vie de souffrances est une vie de sacrifices, telle que doit être une vie chrétienne ; les sacrifices sont forcés, mais la soumission les rend volontaires; si l'on n'était pas dans l'affliction, Dieu ne laisserait pas de les exiger.
Je vous remercie, Seigneur, de me faire envisager les afflictions avec l'œil de la foi et de la soumission, j'aurai alors des mérites de plus à vous offrir; car je ne passe pas de jour sans souffrir : c'est tantôt un mépris que j'ai à essuyer, et tantôt un droit que je dispute ; ,c'est quelquefois des douleurs dans le corps; d'autres fois des tortures morales auxquelles on ne peut guère s'accoutumer, si on ne pense qu'elles sont autant de victoires qu'on remporte sur soi-même. Oui, mon Dieu, plus les croix que vous m'enverrez seront pesantes, plus je vous bénirai des secours que vous me donnez contre des puissances ennemies, qui sans cesse méditent ma perte ; je regarderai toujours mes peines comme autant de sujets de chanter vos louanges, et de vous
rendre des actions de grâces. Ainsi soit-il.
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
Re: Le Guide de la femme chrétienne - France - 19 eme siecle
RÉCAPITULATI0N DE T0US LES PRINCIPES GÉNÉRAUX
REC0MMANDÉS AUX FEMMES ÉTABLIES DANS LE M0NDE
1°. Dans la conduite : Uniformité, droiture, modestie, prudence, douceur , fermeté.
2°. Dans les conversations : Gaieté sans dissipation; retenue dans les paroles ; oubli de soi ; peu d'avis.
3°. Dans les fautes : Humble et sincère aveu; douleur profonde sans abattement; recours à Dieu, abandon dans sa miséricorde.
4°. Dans l'usage des sacrements : Pureté de cœur et d'intention ; détachement des goûts sensibles ; foi vive ; ferveur pratique.
5°. Avec Dieu : Confiance filiale ; étude de ses volontés ; attente paisible de ses moments; obéissance prompte, généreuse et sans réserve.
6°. Avec le prochain : Cordialité, prévenance, support ; complaisance sans bassesse;
déférence sans flatterie; condescendance sans respect humain.
7°. Avec soi-même : Justice exacte, abnégation affective et soutenue; patience à toute
épreuve.
8°. Pour son corps : Soin modéré; rigueur discrète ; sobriété en tout.
9°. Pour son imagination : Tranquillité inaltérable dans ses écarts; mépris de ses fantômes ; diversion dans les importunités.
10°. Pour son esprit : Défiance sage de ses lumières ; heureuse ignorance de son mérite;
usage saint de ses talents.
11°. Pour son cœur : Fidélité à en bannir toute espèce de trouble ; vigilance sur tous
ses mouvements; sacrifice de tout ce qui est opposé au bon plaisir de Dieu.
12°. Vie de foi : C'est-à-dire conformité entière avec Jésus-Christ, dans le langage,
les pensées , les châtiments , les œuvres.
MÉDITATI0N POUR UNE FEMME MARIEÉ
1 Point. Le mariage est un état saint. Il doit ce caractère au but de son institution : car il a été établi pour que le ciel se peuplât d'habitants vertueux. Il est saint par la dignité de sacrement à laquelle Jésus-Christ l'a élevé. Combien ce saint état ne mérite-t il pas d'être honoré! Vous commettriez une action abominable en violant la fidélité que vous avez jurée au jour de votre mariage. Ce lien contracté au pied des autels ne fut point une vaine cérémonie, une pompe inutile. Le prêtre vous donna lecture des devoirs du mariage, et vous ne reculâtes pas devant toutes ces obligations; vous devez donc les remplir quoi qu'il puisse vous en coûter.
2° Point. Le mariage est un état difficile. Il est accompagné de déplaisirs et de désagréments sans nombre. Quels chagrins ne causent point les enfants et les domestiques! Que de soucis naissent de la nécessité de se procurer la nourriture et les vêtements , et quelquefois l'obligation de payer des dettes ! Souvent les époux se rendent à charge à eux-mêmes, et plus cet état de choses se prolonge, plus la vie commune leur devient insupportable. Que devront-ils faire alors? Se rappeler et tenir fidèlement leurs promesses , autrement le mariage ne sera pour eux qu'un état misères et de tribulations. Ne considérez pas le mariage comme un état profane; mais accoutumez-vous, par des réflexions sérieuses, à vous pénétrer de sa sainteté. Proposez-vous pour modèles les saints de l'ancien et du nouveau Testament qui ont vécu dans cet état avec une si grande sainteté.
3° Point. Le mariage est un état à long terme. Il est donc nécessaire d`y faire régner la paix et l`union. L`amour conjugal est incompatible avec les querelles sans cesse renaissantes. Gardez-vous de tout faire et de tout régler selon vos caprices prenez pas de l'humeur pour toute chose, ne résistez pas longtemps ; cédez et gardez le silence. Si vous voyez une querelle près de s'élever, évitez-la ; agissez comme si vous n'aviez rien vu ni rien entendu ; mais si vous ne pouvez pas vous dispenser de parler et d'exhorter , faites vos remontrances avec bonté. N'ajoutez pas foi à tous les propos ni à tous les bruits; n'écoutez point une folle jalousie, un sot orgueil, une vaine présomption. Les méchants emploient tous les moyens pour jeter la discorde dans un ménage. Si vous avez le malheur d'avoir rencontré un caractère difficile, supportez avec patience vos tribulations, priez et faites prier, et vous aurez le consolant témoignage d'une bonne conscience et l'espérance d'une grande récompense.
MÉDITATION POUR LES MERES DE FAMILLES SUR L'ÉDUCATI0N DES ENFANTS.
1er Point. Élevez vos enfants dans les principes de la religion chrétienne. Si vous donnez une mauvaise éducation à vos enfants, vous vous préparez les chagrins les plus amers ; n'attendez ni respect, ni reconnaissance, ni obéissance de leur part ;si, sourdes à la voix de votre conscience , vous négligez de remplir vos devoirs et fermez les yeux sur leurs défauts, ils vous couvriront d'opprobres et de risée; ils vous plongeront dans le malheur et l'avilissement. Instruments de la colère céleste ils seront vos plus cruels châtiments, vos bourreaux et vous précipiteront dans le cercueil par une mort amère et prématurée. Aussitôt qu`ils commencent à parler tâcher de leur faire comprendre que la prière est en même temps un devoir et une consolation ; enseignez-leur le signe de la croix et quelques actes, qu'ils feront en se levant et se couchant, avant et après le repas; inspirez-leur la crainte de Dieu, l'horreur du péché, l'amour de la vertu et du travail; envoyez-les exactement à l'instruction, à l'école, au catéchisme. Mais quand vous leur donneriez cette éducation , vous n'obtiendrez qu'un faible résultat, si vous ne donnez vous-même à vos enfants le bon exemple : les enfants sont très-imitatifs, et ils feront ce qu'ils verront faire.
2° Point. Vous avez la plus grande responsabilité. Que répondrez-vous un jour au Père céleste dont vous aurez effacé l'image dans vos enfants? Que répondrez-vous au Fils de votre Dieu dont vous aurez rendu le sang inutile ? Que répondrez-vous au Saint-Esprit dont vous aurez changé le temple en un repaire de vices? Que répondrez-vous à vos enfants eux-mêmes, relativement à la mauvaise éducation et au mauvais exemple que vous leur aurez donnés, relativement aux péchés sans nombre que vous aurez tolérés, secondés et dont vous aurez été la première cause? Nourrissez vos enfants selon vos moyens : les enfants qui manquent du nécessaire se précipitent dans les désordres et les vices. Tâchez d'acquérir pour eux quelque fortune par des moyens honnêtes, et faites-les instruire selon leur position ; gênez-vous même pour cela.
3° Point. Prenez garde à la damnation éternelle. Si vos enfants se perdaient par la mauvaise éducation que vous leur aurez donnée, pourriez-vous espérer autre chose qu'une perdition semblable ? A ces paroles terribles, votre sang ne s'est-il pas glacé dans vos veines! un tremblement subit ne s'est-il pas emparé de tous vos membres? Quoi ! vous seriez la cause de la damnation éternelle de vos enfants, et vos enfants vous feraient éprouver le même sort? Sera-ce là le fruit de tant de peines que vous Vous serez données pour vos enfants ? Pour éviter tous ces malheurs, donnez une grande surveillance à l'enfance, à l'adolescence et à la jeunesse de vos enfants; faites-vous aimer, et inspirez-leur une crainte bien entendue : ne les condamnez pas pour des bagatelles; n'exigez pas trop d'eux, et, dans la conduite que vous devez tenir à leur égard , consultez Dieu ; le tact est difficile et il faut s'étudier beaucoup.
MÉDITATION
LE BON EXEMPLE D`UNE MERE DE FAMILLE.
1er Point. Excitez au bien ceux qui vous sont soumis , et détournez-les du mal. Votre Dieu et Seigneur vous en impose l'obligation; il ne vous a point appelée à commander aux autres pour que vous ne songiez qu'à votre sécurité, à votre fortune, à votre bien-être sans vous inquiéter de la conduite, du sort de ceux qui vous sont soumis, alors même qu'ils seraient exposés à perdre leurs biens , leur corps et leur âme. Non, s'il vous a placée dans un rang élevé , c'est pour que vous le représentiez sur la terre, et afin que vous employiez le pouvoir dont il vous a investie, à conduire ceux qu'il a rachetés de son sang à la vraie béatitude, à celle qu'on n'obtient qu'en faisant le bien et en évitant le mal. Si vous êtes négligente sur un point aussi important, Dieu vous traitera sévèrement et comme un mandataire infidèle. Faites dans votre maison des règlements salutaires;
mais insistez surtout sur leur prompte et exacte exécution; prouvez par vos actes que vous ne négligez pas les objets qui sont utiles et nécessaires au bien, que vous ne cherchez que la justice, que vous ne craignez que Dieu; et soyez sûre que vous obtiendrez tout cela.
2° Point. Vos inférieurs comptent sur vous. Vous exigez d'eux fidélité, obéissance, et en retour ils attendent de vous une douce protection, une indulgence de tous les jours. Oui, il faut en effet leur accorder votre bienveillance, mais que ce soit avec mesure; usez aussi d'une autorité bien comprise, employez votre puissance pour empêcher le mal et faites éviter les occasions; proscrivez les livres contraires à la foi et aux bonnes mœurs, supprimez les spectacles dangereux, fuyez les gens suspects, prohibez les réunions secrètes : par ce moyen vous pourrez éviter plus de mal dans une maison, dans un village, que le prédicateur le plus zélé.
3° Point. Le salut de votre âme vous y oblige. Il suffit à une simple particulière d'être pieuse pour mériter le ciel, sans qu'elle ait besoin de s'inquiéter de la conduite d'autrui; mais il en est autrement de la femme élevée en puissance et en dignité; son devoir est de veiller sur ses enfants, sur ses domestiques , sur un état de maison qui comprend souvent un grand nombre d'ouvriers , sur des inférieurs qui attendent un exemple à suivre. En général , les personnes qui sont à notre service sont promptes à faire le bien, lorsqu'elles voient que leur maîtresse est reconnaissante des services qui lui sont rendus, et qu'elle place sa confiance dans le mérite. Lorsqu'un agneau périt, lorsqu'un chien de chasse est tué, n'en demande-t-on pas compte au berger et au chasseur? Et vous ne seriez pas responsable devant Dieu , si ceux qui vous sont soumis, eux qui ont été créés pour le ciel, qui ont été rachetés par le sang de Jésus Christ, venaient à être frappés de la damnation éternelle ! La perdition de leur âme entraînerait certainement la vôtre !
MÉDITATION POUR UNE VEUVE
1er Point. L'état de veuvage est rempli de soucis. Pendant la vie de l'époux, ces soucis étaient partagés : mais quand la mort dissout les liens du mariage, vous êtes obligée de les supporter seule, ainsi que toutes les charges relatives au ménage, aux enfants, aux domestiques et à d'autres circonstances encore. Si vous n'êtes vigilante, les embarras multipliés dont vous êtes accablée absorberont tellement toute l'activité de votre esprit, que vous pourrez facilement oublier Dieu, votre âme et la vertu. Placez votre refuge en Dieu par la prière; demandez des conseils à une amie sincère, à un confesseur. N'ajoutez pas foi à tous les propos que vous entendrez; ils ne sont propres qu'à troubler l'esprit ; conduisez-vous toujours suivant les règles de la loi de Dieu, et tout ira pour le mieux.
2° Point. Cet état est rempli de contrariétés. Chaque état a ses désagréments et ses peines, mais surtout l'état du veuvage : sans parler des dettes, des besoins et des maladies, que de chagrins n'occasionnent pas souvent des domestiques infidèles, des enfants méchants, des amis faux, des parents intéressés. A combien de contrariétés n'est-on pas exposé jusqu'à ce que l'on se soit accordé sur le partage et la vente des biens de la succession. Le poids de semblables contrariétés est si accablant pour une femme veuve, qu'elle perd quelquefois sa confiance en Dieu et la patience, si elle n'est vigilante et soutenue par des motifs surnaturels.
3° Point. Cet état est rempli de dangers. Hélas! Combien de veuves paraissent ridicules, lorsqu'elles songent à se remarier; elles doivent alors s'armer d'une extrême vigilance, afin que la crainte de Dieu n'abandonne point leur cœur. Si au contraire elles veulent s'occuper uniquement de Dieu, il faut qu'elles renoncent à toutes les vanités du monde, car leurs œuvres seules peuvent les accompagner au tribunal de Dieu; elle peuvent d`autant plus facilement se consacrer à Dieu qu'elles ont besoin de lui dans toutes les occasions. On peut même dire à celle qui voudra se débarrasser des choses de la terre : Employez bien votre temps, travaillez, priez, visitez les églises, livrez-vous à la méditation et lisez des livres de piété. Consacrez votre fortune au soulagement des pauvres et à l'extension de la religion, si votre entretien et le besoin de vos parents n'exigent pas que vous lui donniez une autre destination. Que de bien les veuves n'ont-elles pas fait par leur exemple, par leurs prières et par leur fondations pieuses !
MÉDITATI0N SUR LES DIVERTISSEMENTS DU MONDE
1er Point. Les divertissements sont souvent criminels. Qu'ils sont en petit nombre ceux
qui, de nos jours, savent se récréer sans offenser Dieu ! La plupart ne saurait jouir d'un divertissement, si le caprice et la séduction n'en font pas les frais. Mais combien elles sont misérables les joies qui offensent Dieu, scandalisent le prochain et perdent l'âme.
2e Point. Les divertissements sont souvent dangereux. Tout aujourd'hui contribue à les rendre dangereux : le temps, le lieu, les personnes, leur nature. Haïssez les plaisirs dont on ne peut jouir sans péché, quel qu'en soit d`ailleurs le nom. Il est impossible même que ce qui offense Dieu et blesse la conscience, procure une joie véritable. Reconnaissez que c'est un poison couvert de miel. Défiez-vous du jeu ; quels malheurs n'occasionne-t-il pas quand on s'y adonne trop souvent, trop longtemps et y exposant de fortes sommes. Cette sorte d'habitude rend paresseuse , donne de la négligence pour son travail ; souvent on contracte des dettes, on se plonge dans la misère avec à toute une famille. Quant aux plaisirs de la table, ils hébètent l'esprit, abrègent le cours de la vie, troublent la paix des familles et ouvrent la porte à tous les maux. Réglez vos récréations sans prodigalité, sans excès et sans luxe.
3° Point. Goûtez les plaisirs innocents. Il n'est pas douteux qu'il existe des plaisirs qui, considérés en eux-mêmes, ne sont ni criminels ni dangereux , ceux-là peuvent ranimer votre esprit, rétablir vos forces, édifier votre prochain, garantir votre vertu mais il faut les soumettre aux règles de la bienséance et de la modération; car, s'abandonner sans relâche, ce n'est pas vivre en chrétienne, mais en femme dissipée et légère, toute terrestre et toute charnelle. Ainsi, prenez bien garde de ne pas vous laisser entraîner trop loin. De combien de précautions n'est-on pas obligé de s'environner pour ne pas franchir les bornes de la décence, de la modestie et de la nécessité; et sans ces précautions , combien le cœur de la femme se laisserait facilement séduire et corrompre !
MÉDITATI0N SUR LA PRUDENCE CHRÉTIENNE
1er Point. Rien n'est plus déraisonnable que de vivre sans prudence et sans réflexion. Les brutes privées de raison ne suivent que l'instinct de la nature ; mais l'homme, qui a la raison en partage, ne doit se diriger dans toute sa conduite que par des motifs raisonnables, c'est pour cela qu'il est homme. Le temps est précieux; mais il s'écoule rapidement, et une fois qu'il est passé, on ne saurait plus le récupérer. Employez donc bien votre temps; ne le perdez point en futilités et dans l'oisiveté; ne le consacrez pas tout entier aux choses temporelles, donnez-en aussi une partie à Dieu et à votre âme. Le mieux serait de régler avec ordre toutes les heures de la journée; vous trouverez le moyen d'agir en tout avec plus de perfection et plus de sain
2° Point. Rien n'est plus dangereux que de vivre suivant la prudence de la chair ( la prudence humaine sans se guider sur les Écritures saintes). Cette prudence qui ne recherche que ce qui flatte les sens, le corps, l'amour-propre et l'orgueil, est rejetée par Dieu comme une folie, comme un excès coupable. Elle précipite ceux qui l'adoptent dans tous les péchés, et les rend les misérables esclaves de leurs mauvais penchants. Vous n'avez pas été créée pour attacher votre cœur aux choses temporelles, pour amasser des biens et de l'argent, pour acquérir des dignités et des honneurs, pour mener une vie oisive et sensuelle, mais pour connaître Dieu et l'aimer, pour observer ses commandements et mériter par là le salut éternel. Ne perdez jamais cette fin de votre âme, et que toutes vos affaires soient dirigées de manière à s'y rapporter.
3° Point. Rien n'est plus salutaire que de vivre suivant la prudence chrétienne. Elle est fondée sur la raison et la bienséance, sur les commandements de Dieu , sur la doctrine et l'exemple de Jésus-Christ. Adoptez cette prudence pour règle de votre conduite, si vous voulez éviter de vous égarer dans mille sentiers tortueux et détournés. Votre fin dernière l'exige, ainsi que la promesse que vous avez faite en recevant le saint baptême, et la foi chrétienne que vous professez. Ne négligez point les choses de peu d'importance, c'est-à-dire celles qui ne vous paraîtront pas aussi nécessaires à votre salut, il y a de petites fautes , de petits péchés, de petits actes de vertu, de petites mortifications : ne négligez ni les uns ni les autres. On ne saurait regarder comme chose peu importante, ce qui plait et ce qui déplaît à Dieu. Il ne faut pas regarder sans conséquence un acte d'où dépend souvent la perte ou le profit de toute une chaîne de grâces. Celle qui veut s'enrichir ne doit négliger ni les moindres pertes ni les plus légers profits.
REC0MMANDÉS AUX FEMMES ÉTABLIES DANS LE M0NDE
1°. Dans la conduite : Uniformité, droiture, modestie, prudence, douceur , fermeté.
2°. Dans les conversations : Gaieté sans dissipation; retenue dans les paroles ; oubli de soi ; peu d'avis.
3°. Dans les fautes : Humble et sincère aveu; douleur profonde sans abattement; recours à Dieu, abandon dans sa miséricorde.
4°. Dans l'usage des sacrements : Pureté de cœur et d'intention ; détachement des goûts sensibles ; foi vive ; ferveur pratique.
5°. Avec Dieu : Confiance filiale ; étude de ses volontés ; attente paisible de ses moments; obéissance prompte, généreuse et sans réserve.
6°. Avec le prochain : Cordialité, prévenance, support ; complaisance sans bassesse;
déférence sans flatterie; condescendance sans respect humain.
7°. Avec soi-même : Justice exacte, abnégation affective et soutenue; patience à toute
épreuve.
8°. Pour son corps : Soin modéré; rigueur discrète ; sobriété en tout.
9°. Pour son imagination : Tranquillité inaltérable dans ses écarts; mépris de ses fantômes ; diversion dans les importunités.
10°. Pour son esprit : Défiance sage de ses lumières ; heureuse ignorance de son mérite;
usage saint de ses talents.
11°. Pour son cœur : Fidélité à en bannir toute espèce de trouble ; vigilance sur tous
ses mouvements; sacrifice de tout ce qui est opposé au bon plaisir de Dieu.
12°. Vie de foi : C'est-à-dire conformité entière avec Jésus-Christ, dans le langage,
les pensées , les châtiments , les œuvres.
MÉDITATI0N POUR UNE FEMME MARIEÉ
1 Point. Le mariage est un état saint. Il doit ce caractère au but de son institution : car il a été établi pour que le ciel se peuplât d'habitants vertueux. Il est saint par la dignité de sacrement à laquelle Jésus-Christ l'a élevé. Combien ce saint état ne mérite-t il pas d'être honoré! Vous commettriez une action abominable en violant la fidélité que vous avez jurée au jour de votre mariage. Ce lien contracté au pied des autels ne fut point une vaine cérémonie, une pompe inutile. Le prêtre vous donna lecture des devoirs du mariage, et vous ne reculâtes pas devant toutes ces obligations; vous devez donc les remplir quoi qu'il puisse vous en coûter.
2° Point. Le mariage est un état difficile. Il est accompagné de déplaisirs et de désagréments sans nombre. Quels chagrins ne causent point les enfants et les domestiques! Que de soucis naissent de la nécessité de se procurer la nourriture et les vêtements , et quelquefois l'obligation de payer des dettes ! Souvent les époux se rendent à charge à eux-mêmes, et plus cet état de choses se prolonge, plus la vie commune leur devient insupportable. Que devront-ils faire alors? Se rappeler et tenir fidèlement leurs promesses , autrement le mariage ne sera pour eux qu'un état misères et de tribulations. Ne considérez pas le mariage comme un état profane; mais accoutumez-vous, par des réflexions sérieuses, à vous pénétrer de sa sainteté. Proposez-vous pour modèles les saints de l'ancien et du nouveau Testament qui ont vécu dans cet état avec une si grande sainteté.
3° Point. Le mariage est un état à long terme. Il est donc nécessaire d`y faire régner la paix et l`union. L`amour conjugal est incompatible avec les querelles sans cesse renaissantes. Gardez-vous de tout faire et de tout régler selon vos caprices prenez pas de l'humeur pour toute chose, ne résistez pas longtemps ; cédez et gardez le silence. Si vous voyez une querelle près de s'élever, évitez-la ; agissez comme si vous n'aviez rien vu ni rien entendu ; mais si vous ne pouvez pas vous dispenser de parler et d'exhorter , faites vos remontrances avec bonté. N'ajoutez pas foi à tous les propos ni à tous les bruits; n'écoutez point une folle jalousie, un sot orgueil, une vaine présomption. Les méchants emploient tous les moyens pour jeter la discorde dans un ménage. Si vous avez le malheur d'avoir rencontré un caractère difficile, supportez avec patience vos tribulations, priez et faites prier, et vous aurez le consolant témoignage d'une bonne conscience et l'espérance d'une grande récompense.
MÉDITATION POUR LES MERES DE FAMILLES SUR L'ÉDUCATI0N DES ENFANTS.
1er Point. Élevez vos enfants dans les principes de la religion chrétienne. Si vous donnez une mauvaise éducation à vos enfants, vous vous préparez les chagrins les plus amers ; n'attendez ni respect, ni reconnaissance, ni obéissance de leur part ;si, sourdes à la voix de votre conscience , vous négligez de remplir vos devoirs et fermez les yeux sur leurs défauts, ils vous couvriront d'opprobres et de risée; ils vous plongeront dans le malheur et l'avilissement. Instruments de la colère céleste ils seront vos plus cruels châtiments, vos bourreaux et vous précipiteront dans le cercueil par une mort amère et prématurée. Aussitôt qu`ils commencent à parler tâcher de leur faire comprendre que la prière est en même temps un devoir et une consolation ; enseignez-leur le signe de la croix et quelques actes, qu'ils feront en se levant et se couchant, avant et après le repas; inspirez-leur la crainte de Dieu, l'horreur du péché, l'amour de la vertu et du travail; envoyez-les exactement à l'instruction, à l'école, au catéchisme. Mais quand vous leur donneriez cette éducation , vous n'obtiendrez qu'un faible résultat, si vous ne donnez vous-même à vos enfants le bon exemple : les enfants sont très-imitatifs, et ils feront ce qu'ils verront faire.
2° Point. Vous avez la plus grande responsabilité. Que répondrez-vous un jour au Père céleste dont vous aurez effacé l'image dans vos enfants? Que répondrez-vous au Fils de votre Dieu dont vous aurez rendu le sang inutile ? Que répondrez-vous au Saint-Esprit dont vous aurez changé le temple en un repaire de vices? Que répondrez-vous à vos enfants eux-mêmes, relativement à la mauvaise éducation et au mauvais exemple que vous leur aurez donnés, relativement aux péchés sans nombre que vous aurez tolérés, secondés et dont vous aurez été la première cause? Nourrissez vos enfants selon vos moyens : les enfants qui manquent du nécessaire se précipitent dans les désordres et les vices. Tâchez d'acquérir pour eux quelque fortune par des moyens honnêtes, et faites-les instruire selon leur position ; gênez-vous même pour cela.
3° Point. Prenez garde à la damnation éternelle. Si vos enfants se perdaient par la mauvaise éducation que vous leur aurez donnée, pourriez-vous espérer autre chose qu'une perdition semblable ? A ces paroles terribles, votre sang ne s'est-il pas glacé dans vos veines! un tremblement subit ne s'est-il pas emparé de tous vos membres? Quoi ! vous seriez la cause de la damnation éternelle de vos enfants, et vos enfants vous feraient éprouver le même sort? Sera-ce là le fruit de tant de peines que vous Vous serez données pour vos enfants ? Pour éviter tous ces malheurs, donnez une grande surveillance à l'enfance, à l'adolescence et à la jeunesse de vos enfants; faites-vous aimer, et inspirez-leur une crainte bien entendue : ne les condamnez pas pour des bagatelles; n'exigez pas trop d'eux, et, dans la conduite que vous devez tenir à leur égard , consultez Dieu ; le tact est difficile et il faut s'étudier beaucoup.
MÉDITATION
LE BON EXEMPLE D`UNE MERE DE FAMILLE.
1er Point. Excitez au bien ceux qui vous sont soumis , et détournez-les du mal. Votre Dieu et Seigneur vous en impose l'obligation; il ne vous a point appelée à commander aux autres pour que vous ne songiez qu'à votre sécurité, à votre fortune, à votre bien-être sans vous inquiéter de la conduite, du sort de ceux qui vous sont soumis, alors même qu'ils seraient exposés à perdre leurs biens , leur corps et leur âme. Non, s'il vous a placée dans un rang élevé , c'est pour que vous le représentiez sur la terre, et afin que vous employiez le pouvoir dont il vous a investie, à conduire ceux qu'il a rachetés de son sang à la vraie béatitude, à celle qu'on n'obtient qu'en faisant le bien et en évitant le mal. Si vous êtes négligente sur un point aussi important, Dieu vous traitera sévèrement et comme un mandataire infidèle. Faites dans votre maison des règlements salutaires;
mais insistez surtout sur leur prompte et exacte exécution; prouvez par vos actes que vous ne négligez pas les objets qui sont utiles et nécessaires au bien, que vous ne cherchez que la justice, que vous ne craignez que Dieu; et soyez sûre que vous obtiendrez tout cela.
2° Point. Vos inférieurs comptent sur vous. Vous exigez d'eux fidélité, obéissance, et en retour ils attendent de vous une douce protection, une indulgence de tous les jours. Oui, il faut en effet leur accorder votre bienveillance, mais que ce soit avec mesure; usez aussi d'une autorité bien comprise, employez votre puissance pour empêcher le mal et faites éviter les occasions; proscrivez les livres contraires à la foi et aux bonnes mœurs, supprimez les spectacles dangereux, fuyez les gens suspects, prohibez les réunions secrètes : par ce moyen vous pourrez éviter plus de mal dans une maison, dans un village, que le prédicateur le plus zélé.
3° Point. Le salut de votre âme vous y oblige. Il suffit à une simple particulière d'être pieuse pour mériter le ciel, sans qu'elle ait besoin de s'inquiéter de la conduite d'autrui; mais il en est autrement de la femme élevée en puissance et en dignité; son devoir est de veiller sur ses enfants, sur ses domestiques , sur un état de maison qui comprend souvent un grand nombre d'ouvriers , sur des inférieurs qui attendent un exemple à suivre. En général , les personnes qui sont à notre service sont promptes à faire le bien, lorsqu'elles voient que leur maîtresse est reconnaissante des services qui lui sont rendus, et qu'elle place sa confiance dans le mérite. Lorsqu'un agneau périt, lorsqu'un chien de chasse est tué, n'en demande-t-on pas compte au berger et au chasseur? Et vous ne seriez pas responsable devant Dieu , si ceux qui vous sont soumis, eux qui ont été créés pour le ciel, qui ont été rachetés par le sang de Jésus Christ, venaient à être frappés de la damnation éternelle ! La perdition de leur âme entraînerait certainement la vôtre !
MÉDITATION POUR UNE VEUVE
1er Point. L'état de veuvage est rempli de soucis. Pendant la vie de l'époux, ces soucis étaient partagés : mais quand la mort dissout les liens du mariage, vous êtes obligée de les supporter seule, ainsi que toutes les charges relatives au ménage, aux enfants, aux domestiques et à d'autres circonstances encore. Si vous n'êtes vigilante, les embarras multipliés dont vous êtes accablée absorberont tellement toute l'activité de votre esprit, que vous pourrez facilement oublier Dieu, votre âme et la vertu. Placez votre refuge en Dieu par la prière; demandez des conseils à une amie sincère, à un confesseur. N'ajoutez pas foi à tous les propos que vous entendrez; ils ne sont propres qu'à troubler l'esprit ; conduisez-vous toujours suivant les règles de la loi de Dieu, et tout ira pour le mieux.
2° Point. Cet état est rempli de contrariétés. Chaque état a ses désagréments et ses peines, mais surtout l'état du veuvage : sans parler des dettes, des besoins et des maladies, que de chagrins n'occasionnent pas souvent des domestiques infidèles, des enfants méchants, des amis faux, des parents intéressés. A combien de contrariétés n'est-on pas exposé jusqu'à ce que l'on se soit accordé sur le partage et la vente des biens de la succession. Le poids de semblables contrariétés est si accablant pour une femme veuve, qu'elle perd quelquefois sa confiance en Dieu et la patience, si elle n'est vigilante et soutenue par des motifs surnaturels.
3° Point. Cet état est rempli de dangers. Hélas! Combien de veuves paraissent ridicules, lorsqu'elles songent à se remarier; elles doivent alors s'armer d'une extrême vigilance, afin que la crainte de Dieu n'abandonne point leur cœur. Si au contraire elles veulent s'occuper uniquement de Dieu, il faut qu'elles renoncent à toutes les vanités du monde, car leurs œuvres seules peuvent les accompagner au tribunal de Dieu; elle peuvent d`autant plus facilement se consacrer à Dieu qu'elles ont besoin de lui dans toutes les occasions. On peut même dire à celle qui voudra se débarrasser des choses de la terre : Employez bien votre temps, travaillez, priez, visitez les églises, livrez-vous à la méditation et lisez des livres de piété. Consacrez votre fortune au soulagement des pauvres et à l'extension de la religion, si votre entretien et le besoin de vos parents n'exigent pas que vous lui donniez une autre destination. Que de bien les veuves n'ont-elles pas fait par leur exemple, par leurs prières et par leur fondations pieuses !
MÉDITATI0N SUR LES DIVERTISSEMENTS DU MONDE
1er Point. Les divertissements sont souvent criminels. Qu'ils sont en petit nombre ceux
qui, de nos jours, savent se récréer sans offenser Dieu ! La plupart ne saurait jouir d'un divertissement, si le caprice et la séduction n'en font pas les frais. Mais combien elles sont misérables les joies qui offensent Dieu, scandalisent le prochain et perdent l'âme.
2e Point. Les divertissements sont souvent dangereux. Tout aujourd'hui contribue à les rendre dangereux : le temps, le lieu, les personnes, leur nature. Haïssez les plaisirs dont on ne peut jouir sans péché, quel qu'en soit d`ailleurs le nom. Il est impossible même que ce qui offense Dieu et blesse la conscience, procure une joie véritable. Reconnaissez que c'est un poison couvert de miel. Défiez-vous du jeu ; quels malheurs n'occasionne-t-il pas quand on s'y adonne trop souvent, trop longtemps et y exposant de fortes sommes. Cette sorte d'habitude rend paresseuse , donne de la négligence pour son travail ; souvent on contracte des dettes, on se plonge dans la misère avec à toute une famille. Quant aux plaisirs de la table, ils hébètent l'esprit, abrègent le cours de la vie, troublent la paix des familles et ouvrent la porte à tous les maux. Réglez vos récréations sans prodigalité, sans excès et sans luxe.
3° Point. Goûtez les plaisirs innocents. Il n'est pas douteux qu'il existe des plaisirs qui, considérés en eux-mêmes, ne sont ni criminels ni dangereux , ceux-là peuvent ranimer votre esprit, rétablir vos forces, édifier votre prochain, garantir votre vertu mais il faut les soumettre aux règles de la bienséance et de la modération; car, s'abandonner sans relâche, ce n'est pas vivre en chrétienne, mais en femme dissipée et légère, toute terrestre et toute charnelle. Ainsi, prenez bien garde de ne pas vous laisser entraîner trop loin. De combien de précautions n'est-on pas obligé de s'environner pour ne pas franchir les bornes de la décence, de la modestie et de la nécessité; et sans ces précautions , combien le cœur de la femme se laisserait facilement séduire et corrompre !
MÉDITATI0N SUR LA PRUDENCE CHRÉTIENNE
1er Point. Rien n'est plus déraisonnable que de vivre sans prudence et sans réflexion. Les brutes privées de raison ne suivent que l'instinct de la nature ; mais l'homme, qui a la raison en partage, ne doit se diriger dans toute sa conduite que par des motifs raisonnables, c'est pour cela qu'il est homme. Le temps est précieux; mais il s'écoule rapidement, et une fois qu'il est passé, on ne saurait plus le récupérer. Employez donc bien votre temps; ne le perdez point en futilités et dans l'oisiveté; ne le consacrez pas tout entier aux choses temporelles, donnez-en aussi une partie à Dieu et à votre âme. Le mieux serait de régler avec ordre toutes les heures de la journée; vous trouverez le moyen d'agir en tout avec plus de perfection et plus de sain
2° Point. Rien n'est plus dangereux que de vivre suivant la prudence de la chair ( la prudence humaine sans se guider sur les Écritures saintes). Cette prudence qui ne recherche que ce qui flatte les sens, le corps, l'amour-propre et l'orgueil, est rejetée par Dieu comme une folie, comme un excès coupable. Elle précipite ceux qui l'adoptent dans tous les péchés, et les rend les misérables esclaves de leurs mauvais penchants. Vous n'avez pas été créée pour attacher votre cœur aux choses temporelles, pour amasser des biens et de l'argent, pour acquérir des dignités et des honneurs, pour mener une vie oisive et sensuelle, mais pour connaître Dieu et l'aimer, pour observer ses commandements et mériter par là le salut éternel. Ne perdez jamais cette fin de votre âme, et que toutes vos affaires soient dirigées de manière à s'y rapporter.
3° Point. Rien n'est plus salutaire que de vivre suivant la prudence chrétienne. Elle est fondée sur la raison et la bienséance, sur les commandements de Dieu , sur la doctrine et l'exemple de Jésus-Christ. Adoptez cette prudence pour règle de votre conduite, si vous voulez éviter de vous égarer dans mille sentiers tortueux et détournés. Votre fin dernière l'exige, ainsi que la promesse que vous avez faite en recevant le saint baptême, et la foi chrétienne que vous professez. Ne négligez point les choses de peu d'importance, c'est-à-dire celles qui ne vous paraîtront pas aussi nécessaires à votre salut, il y a de petites fautes , de petits péchés, de petits actes de vertu, de petites mortifications : ne négligez ni les uns ni les autres. On ne saurait regarder comme chose peu importante, ce qui plait et ce qui déplaît à Dieu. Il ne faut pas regarder sans conséquence un acte d'où dépend souvent la perte ou le profit de toute une chaîne de grâces. Celle qui veut s'enrichir ne doit négliger ni les moindres pertes ni les plus légers profits.
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
Re: Le Guide de la femme chrétienne - France - 19 eme siecle
MÉDITATION SUR LA TEMPÉRANCE CHRÉTIENNE ( la Modération)
1er Point. La tempérance est nécessaire dans la vie de la femme. Le caractère distinctif de la brute, c'est de demander, sans but et sans mesure, ce qui flatte les sens et le corps. Ôtez à l'homme la tempérance, permettez-lui de donner un libre essor à ses penchants, n'opposez aucune barrière à ses désirs, et bientôt il ne sera plus qu'un animal qui n'a que la figure humaine. Usez donc de tempérance dans vos repas, de modération dans vos propos, de simplicité dans vos vêtements ; n'adoptez pas chaque mode nouvelle sans réflexions, proportionnez toujours vos dépenses à vos moyens : à quoi vous servirait de porter de beaux habits, si votre âme est dénuée de toutes vertus ?
2° Point. La tempérance est nécessaire pour mener une vie chrétienne. Parcourez tous les préceptes de l'Évangile, et vous trouverez que tous recommandent la tempérance. Toute la morale évangélique n'est d'ailleurs qu'un ensemble complet de règles qui enseignent à la femme chrétienne de modérer ses désirs, conformément à l'ordre de la nature, à ses rapports avec Dieu et avec ses semblables. Ainsi l'excès ôte tout mérite aux meilleures œuvres. Le sel est l'assaisonnement le plus agréable, mais si vous en faites un usage immodéré, vous gâterez les mets les plus exquis : c'est ainsi que les prières, le jeûne et d'autres mortifications, ainsi que les bons services ,sont aussi des bonnes œuvres, s'il y règne de la modération ; mais si elle y manque, elles font beaucoup plus de mal que de bien. Le plus sûr sera de vous en rapporter au jugement et aux conseils d'un confesseur prudent, et de considérer ses avis comme un ordre émané de Dieu même.
3°Point. La tempérance est nécessaire pour mener une vie plus parfaite. Si la vertu a un degré qu'elle ne peut dépasser, elle en a un au-dessous, qu'elle ne doit jamais descendre; sans cela elle dégénérerait en vice ou en faiblesse. C'est ainsi qu'une trop grande libéralité devient dissipation, qu'une économie trop sévère se change en avarice, qu'un courage trop bouillant est voisin de la témérité, qu'une humilité mal entendue court le risque de se confondre avec la bassesse ou la pusillanimité, qu'une trop grande constance dans ses principes, ses idées et ses opinions, dégénère en opiniâtreté et en amour-propre : tout au contraire, c'est se montrer inconstant que de changer trop facilement de principes et d'opinions; ces deux défauts s'éloignent également de la vertu de constance, qui consiste dans un juste milieu, placé entre deux excès, l'exagération et la faiblesse. Il faut d'ailleurs que chacun pratique la vertu suivant son état, son âge, ses moyens, les temps, les lieux et d'autres circonstances; car la Vertu consiste dans la bienséance et la réflexion. La modération est donc bien nécessaire : c'est pour cela qu'il faut être attentive à ne pas dévier de la droite ligne qui mène directement à Dieu par la voie la plus sûre.
MÉDITATI0N POUR UNE MERE DE FAMILLE
AU MILIEU DES 0CCUPATI0NS.
1er Point. Ce soin attire de grandes bénédictions ici-bas. Femmes chrétiennes, quelque laborieuses que vous soyez, quelle que soit votre prudence, votre économie, rien ne prospérera dans votre maison si vous n'êtes pas secondées par la bénédiction de Dieu : or , vous ne pouvez l'espérer qu'en vous appliquant, avant tout, à faire vivre chrétiennement votre famille. En effet, sans la crainte de Dieu, il est impossible qu'une maison prospère. Ne souffrez pas qu'il entre dans votre maison des livres défendus, et procurez-en d'édifiants. Ne supportez chez vous aucune division , des propos peu honnêtes, des chansons licencieuses, ni des plaisanteries contraires aux bonnes mœurs; proscrivez les réunions dangereuses. La maison d'une chrétienne , doit être un sanctuaire où habite la crainte de Dieu et non les vices.
2° Point. Ce soin est fécond en consolations à l'heure de la mort. Quand vous serez étendue sur votre lit de mort, où votre âme trouvera-t-elle des consolations ? Sera-ce dans vos trésors, dans l'or et l'argent que vous aurez péniblement amassés ? Hélas! non ; ce ne pourra être que dans votre conscience, qui vous permettra de dire : J'ai veillé à ce que ma famille vécût chrétiennement, je n'ai souffert volontairement rien de mal dans ma maison ; aucun de ceux que Dieu m'avait confiés ne s'est perdu par ma faute. Oh ! combien la mort vous sera légère, si votre conscience n'est point chargée de péchés d'autrui !
3° Point. Ce soin procure d'ineffables joies dans le ciel. Lorsque, dans un incendie, vous sauvez quelqu'un, vous vous en réjouissez pendant toute votre vie. Combien votre joie ne devra-t-elle donc pas être plus grande, si vous arrachez Votre famille au feu éternel, soit par vos bons avis, soit par votre bon exemple! Oh! combien elle vous en aura de reconnaissance ! avec quels transports n'avouera-t-elle pas devant tous les saints qu'elle vous est redevable de son salut ! Vos joies se multiplieront alors en proportion du nombre de ceux que vous avez préservés ou retirés de l'abîme du péché.
Prières Chrétiennes
Dieu vous commande de prier, âme chrétienne, et il vous y engage en vous promettant de vous accorder tout ce que vous lui demanderez par une fervente prière, si ce que vous demandez est convenable pour votre salut; il vous a appris lui-même à prier. En effet, que pouvons-nous par nos propres forces sans le secours de Dieu? Exposées à de grands dangers, environnées d'une multitude de pièges et de nombreux ennemis, comment nous sauverions-nous sans le secours de la prière?
1°. Il faut prier Dieu avec un cœur pur ; repentez-vous donc sincèrement de vos péchés, si vous voulez prier avec fruit, âme chrétienne ; ne cherchez dans la prière que ce qui plaît à Dieu. Si votre âme est souillée par le péché, soyez d'autant plus zélée pour la prière, car elle est le moyen le plus efficace d'apaiser la colère de Dieu, et d'obtenir la grâce de votre conversion.
2°. Priez avec ordre. Ne vous surchargez pas de prières, sinon vous serez obligée de les faire à la hâte, de les omettre même, ou de négliger les affaires de votre état. Priez autant que vos occupations vous permettent de le faire commodément. Ne différez point la prière d'heure en heure, le désordre ôte toute force, tout mérite.
3°. Priez avec l'attention convenable : la prière ne consiste pas dans le mouvement des lèvres sans que l'esprit y ait part : vous auriez honte de parler à quelqu'un en termes décousus et sans liaisons entre eux. Comment voulez-vous que Dieu vous écoute, si vous ne vous entendez pas vous-même? Ainsi priez moins, mais avec plus d'attention.
4°. Priez avec une confiance filiale, la confiance est l'âme, la vie de la prière. Dieu vous demande de prier ; il vous promet d'exaucer vos prières , il sait que vous avez besoin de son appui; allez donc à lui comme un enfant auprès de son père. Plus votre confiance sera grande, plus vous serez sûre d'être écoutée , si vos demandes sont justes et raisonnables.
5°. Priez avec une grande persévérance. Lors même que vous êtes en proie au chagrin, à l'adversité, au dégoût , à la tentation ; lors même que le ciel paraît inexorable, ne cessez pas de prier; continuez à faire votre devoir, et abandonnez le reste à Dieu qui éprouve votre fidélité et votre amour : humiliez-vous à sa présence, et quand vous ne pourriez dire que quelques mots , ils ne seront pas perdus pour vous. Regardez-vous comme très-heureuse de ce qu'il veut bien vous souffrir en sa présence. Méprisez les distractions de l'esprit; lorsqu'elles sont involontaires, elles ne constituent pas un péché. Récitez avec ferveur votre prière du matin; il est même à propos de la savoir par cœur pour pouvoir la réciter à la tête d'une famille, vous devez tâcher de la faire en public devant vos enfants et vos domestiques ; cette pratique est excellente, c'est d'un bon exemple pour tous ceux qui en sont témoins et pour l'habitude qu'on leur fait contracter pour la suite de leur vie. La prière du diocèse doit être préférée. Cependant toutes sont bonnes.
O mon Dieu ! guidez-moi dans la voie que vous m'avez choisie. Soyez miséricordieux
envers mes parents, mes amis, mes proches, mes bienfaiteurs et mes ennemis. Accordez- leur à chacun ce qui leur est plus convenable.
Notre Père, qui êtes au cieux , que votre nom soit sanctifié, que votre règne arrive ;
que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
Donnez-nous aujourd'hui notre pain quotidien, pardonnez-nous nos offenses, comme
nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés ; ne nous laissez pas succomber en tentation, mais délivrez-nous du mal. Ainsi soit-il.
Je vous salue, Marie, pleine de grâces, le
Seigneur est avec vous, vous êtes bénie
entre toutes les femmes, et Jésus, le fruit de
vos entrailles est béni.
Sainte Marie , Mère de Dieu , priez pour
nous, pauvres pécheurs, maintenant et à
l'heure de notre mort. Ainsi soit-il.
Je crois en Dieu, le Père tout-puissant, le
Créateur du ciel et de la terre ; en Jésus
Christ, son Fils unique notre Seigneur, qui
a été conçu du Saint-Esprit ; est né de la
bienheureuse Vierge Marie ; a souffert sous
Ponce-Pilate; a été crucifié; est mort, a été
enseveli; est descendu aux enfers ; le troisième
jour est ressuscité des morts; est monté
aux cieux ; est assis à la droite de Dieu le
Père tout-puissant, d'où il viendra juger les
Vivants et les morts.
Je crois au Saint-Esprit, la sainte Église
catholique, la communion des saints , la ré
mission des péchés, la résurrection de la
chair, et la vie éternelle. Ainsi soit-il.
Je me confesse à Dieu tout-puissant, à la
bienheureuse Marie, toujours Vierge, à saint
Michel archange, à saint Jean-Baptiste, aux
apôtres saint Pierre et saint Paul, à tous les
Saints, parce que j'ai beaucoup péché en
pensées, paroles, actions et omissions : par
ma faute, par ma très-grande faute ; c'est pourquoi je supplie
la bienheureuse Marie, toujours Vierge, saint Michel
archange, saint Jean-Baptiste, les apôtres
saint Pierre et saint Paul, et tous les saints,
de prier pour moi le Seigneur notre Dieu.
Que Dieu tout-puissant nous fasse miséricorde,
et qu'après nous avoir pardonné nos
péchés, il nous conduise à la vie éternelle.
Que le Seigneur tout-puissant et tout miséricordieux,
daigne nous accorder le pardon,
l'absolution et la rémission de tous nos péchés. Ainsi soit-il.
COMMANDEMENTS DE DIEU.
1. Un seul Dieu tu adoreras , et aimeras parfaitement.
2. Dieu en vain tu ne jureras, Ni autre chose pareillement.
3. Les dimanches tu garderas, En servant Dieu dévotement.
4. Tes père et mère honoreras, Afin de vivre longuement.
5. Homicide point ne seras, De fait ni Volontairement.
6. Luxurieux point ne seras, De corps ni de consentement.
7. Le bien d'autrui tu ne prendras, Ni retiendras à ton escient.
8. Faux témoignage ne diras , Ni mentiras aucunement.
9. L'œuvre de chair ne désireras , Qu'en mariage seulement.
10. Les biens d'autrui ne convoiteras. Pour les avoir injustement.
FIN
1er Point. La tempérance est nécessaire dans la vie de la femme. Le caractère distinctif de la brute, c'est de demander, sans but et sans mesure, ce qui flatte les sens et le corps. Ôtez à l'homme la tempérance, permettez-lui de donner un libre essor à ses penchants, n'opposez aucune barrière à ses désirs, et bientôt il ne sera plus qu'un animal qui n'a que la figure humaine. Usez donc de tempérance dans vos repas, de modération dans vos propos, de simplicité dans vos vêtements ; n'adoptez pas chaque mode nouvelle sans réflexions, proportionnez toujours vos dépenses à vos moyens : à quoi vous servirait de porter de beaux habits, si votre âme est dénuée de toutes vertus ?
2° Point. La tempérance est nécessaire pour mener une vie chrétienne. Parcourez tous les préceptes de l'Évangile, et vous trouverez que tous recommandent la tempérance. Toute la morale évangélique n'est d'ailleurs qu'un ensemble complet de règles qui enseignent à la femme chrétienne de modérer ses désirs, conformément à l'ordre de la nature, à ses rapports avec Dieu et avec ses semblables. Ainsi l'excès ôte tout mérite aux meilleures œuvres. Le sel est l'assaisonnement le plus agréable, mais si vous en faites un usage immodéré, vous gâterez les mets les plus exquis : c'est ainsi que les prières, le jeûne et d'autres mortifications, ainsi que les bons services ,sont aussi des bonnes œuvres, s'il y règne de la modération ; mais si elle y manque, elles font beaucoup plus de mal que de bien. Le plus sûr sera de vous en rapporter au jugement et aux conseils d'un confesseur prudent, et de considérer ses avis comme un ordre émané de Dieu même.
3°Point. La tempérance est nécessaire pour mener une vie plus parfaite. Si la vertu a un degré qu'elle ne peut dépasser, elle en a un au-dessous, qu'elle ne doit jamais descendre; sans cela elle dégénérerait en vice ou en faiblesse. C'est ainsi qu'une trop grande libéralité devient dissipation, qu'une économie trop sévère se change en avarice, qu'un courage trop bouillant est voisin de la témérité, qu'une humilité mal entendue court le risque de se confondre avec la bassesse ou la pusillanimité, qu'une trop grande constance dans ses principes, ses idées et ses opinions, dégénère en opiniâtreté et en amour-propre : tout au contraire, c'est se montrer inconstant que de changer trop facilement de principes et d'opinions; ces deux défauts s'éloignent également de la vertu de constance, qui consiste dans un juste milieu, placé entre deux excès, l'exagération et la faiblesse. Il faut d'ailleurs que chacun pratique la vertu suivant son état, son âge, ses moyens, les temps, les lieux et d'autres circonstances; car la Vertu consiste dans la bienséance et la réflexion. La modération est donc bien nécessaire : c'est pour cela qu'il faut être attentive à ne pas dévier de la droite ligne qui mène directement à Dieu par la voie la plus sûre.
MÉDITATI0N POUR UNE MERE DE FAMILLE
AU MILIEU DES 0CCUPATI0NS.
1er Point. Ce soin attire de grandes bénédictions ici-bas. Femmes chrétiennes, quelque laborieuses que vous soyez, quelle que soit votre prudence, votre économie, rien ne prospérera dans votre maison si vous n'êtes pas secondées par la bénédiction de Dieu : or , vous ne pouvez l'espérer qu'en vous appliquant, avant tout, à faire vivre chrétiennement votre famille. En effet, sans la crainte de Dieu, il est impossible qu'une maison prospère. Ne souffrez pas qu'il entre dans votre maison des livres défendus, et procurez-en d'édifiants. Ne supportez chez vous aucune division , des propos peu honnêtes, des chansons licencieuses, ni des plaisanteries contraires aux bonnes mœurs; proscrivez les réunions dangereuses. La maison d'une chrétienne , doit être un sanctuaire où habite la crainte de Dieu et non les vices.
2° Point. Ce soin est fécond en consolations à l'heure de la mort. Quand vous serez étendue sur votre lit de mort, où votre âme trouvera-t-elle des consolations ? Sera-ce dans vos trésors, dans l'or et l'argent que vous aurez péniblement amassés ? Hélas! non ; ce ne pourra être que dans votre conscience, qui vous permettra de dire : J'ai veillé à ce que ma famille vécût chrétiennement, je n'ai souffert volontairement rien de mal dans ma maison ; aucun de ceux que Dieu m'avait confiés ne s'est perdu par ma faute. Oh ! combien la mort vous sera légère, si votre conscience n'est point chargée de péchés d'autrui !
3° Point. Ce soin procure d'ineffables joies dans le ciel. Lorsque, dans un incendie, vous sauvez quelqu'un, vous vous en réjouissez pendant toute votre vie. Combien votre joie ne devra-t-elle donc pas être plus grande, si vous arrachez Votre famille au feu éternel, soit par vos bons avis, soit par votre bon exemple! Oh! combien elle vous en aura de reconnaissance ! avec quels transports n'avouera-t-elle pas devant tous les saints qu'elle vous est redevable de son salut ! Vos joies se multiplieront alors en proportion du nombre de ceux que vous avez préservés ou retirés de l'abîme du péché.
Prières Chrétiennes
Dieu vous commande de prier, âme chrétienne, et il vous y engage en vous promettant de vous accorder tout ce que vous lui demanderez par une fervente prière, si ce que vous demandez est convenable pour votre salut; il vous a appris lui-même à prier. En effet, que pouvons-nous par nos propres forces sans le secours de Dieu? Exposées à de grands dangers, environnées d'une multitude de pièges et de nombreux ennemis, comment nous sauverions-nous sans le secours de la prière?
1°. Il faut prier Dieu avec un cœur pur ; repentez-vous donc sincèrement de vos péchés, si vous voulez prier avec fruit, âme chrétienne ; ne cherchez dans la prière que ce qui plaît à Dieu. Si votre âme est souillée par le péché, soyez d'autant plus zélée pour la prière, car elle est le moyen le plus efficace d'apaiser la colère de Dieu, et d'obtenir la grâce de votre conversion.
2°. Priez avec ordre. Ne vous surchargez pas de prières, sinon vous serez obligée de les faire à la hâte, de les omettre même, ou de négliger les affaires de votre état. Priez autant que vos occupations vous permettent de le faire commodément. Ne différez point la prière d'heure en heure, le désordre ôte toute force, tout mérite.
3°. Priez avec l'attention convenable : la prière ne consiste pas dans le mouvement des lèvres sans que l'esprit y ait part : vous auriez honte de parler à quelqu'un en termes décousus et sans liaisons entre eux. Comment voulez-vous que Dieu vous écoute, si vous ne vous entendez pas vous-même? Ainsi priez moins, mais avec plus d'attention.
4°. Priez avec une confiance filiale, la confiance est l'âme, la vie de la prière. Dieu vous demande de prier ; il vous promet d'exaucer vos prières , il sait que vous avez besoin de son appui; allez donc à lui comme un enfant auprès de son père. Plus votre confiance sera grande, plus vous serez sûre d'être écoutée , si vos demandes sont justes et raisonnables.
5°. Priez avec une grande persévérance. Lors même que vous êtes en proie au chagrin, à l'adversité, au dégoût , à la tentation ; lors même que le ciel paraît inexorable, ne cessez pas de prier; continuez à faire votre devoir, et abandonnez le reste à Dieu qui éprouve votre fidélité et votre amour : humiliez-vous à sa présence, et quand vous ne pourriez dire que quelques mots , ils ne seront pas perdus pour vous. Regardez-vous comme très-heureuse de ce qu'il veut bien vous souffrir en sa présence. Méprisez les distractions de l'esprit; lorsqu'elles sont involontaires, elles ne constituent pas un péché. Récitez avec ferveur votre prière du matin; il est même à propos de la savoir par cœur pour pouvoir la réciter à la tête d'une famille, vous devez tâcher de la faire en public devant vos enfants et vos domestiques ; cette pratique est excellente, c'est d'un bon exemple pour tous ceux qui en sont témoins et pour l'habitude qu'on leur fait contracter pour la suite de leur vie. La prière du diocèse doit être préférée. Cependant toutes sont bonnes.
O mon Dieu ! guidez-moi dans la voie que vous m'avez choisie. Soyez miséricordieux
envers mes parents, mes amis, mes proches, mes bienfaiteurs et mes ennemis. Accordez- leur à chacun ce qui leur est plus convenable.
Notre Père, qui êtes au cieux , que votre nom soit sanctifié, que votre règne arrive ;
que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
Donnez-nous aujourd'hui notre pain quotidien, pardonnez-nous nos offenses, comme
nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés ; ne nous laissez pas succomber en tentation, mais délivrez-nous du mal. Ainsi soit-il.
Je vous salue, Marie, pleine de grâces, le
Seigneur est avec vous, vous êtes bénie
entre toutes les femmes, et Jésus, le fruit de
vos entrailles est béni.
Sainte Marie , Mère de Dieu , priez pour
nous, pauvres pécheurs, maintenant et à
l'heure de notre mort. Ainsi soit-il.
Je crois en Dieu, le Père tout-puissant, le
Créateur du ciel et de la terre ; en Jésus
Christ, son Fils unique notre Seigneur, qui
a été conçu du Saint-Esprit ; est né de la
bienheureuse Vierge Marie ; a souffert sous
Ponce-Pilate; a été crucifié; est mort, a été
enseveli; est descendu aux enfers ; le troisième
jour est ressuscité des morts; est monté
aux cieux ; est assis à la droite de Dieu le
Père tout-puissant, d'où il viendra juger les
Vivants et les morts.
Je crois au Saint-Esprit, la sainte Église
catholique, la communion des saints , la ré
mission des péchés, la résurrection de la
chair, et la vie éternelle. Ainsi soit-il.
Je me confesse à Dieu tout-puissant, à la
bienheureuse Marie, toujours Vierge, à saint
Michel archange, à saint Jean-Baptiste, aux
apôtres saint Pierre et saint Paul, à tous les
Saints, parce que j'ai beaucoup péché en
pensées, paroles, actions et omissions : par
ma faute, par ma très-grande faute ; c'est pourquoi je supplie
la bienheureuse Marie, toujours Vierge, saint Michel
archange, saint Jean-Baptiste, les apôtres
saint Pierre et saint Paul, et tous les saints,
de prier pour moi le Seigneur notre Dieu.
Que Dieu tout-puissant nous fasse miséricorde,
et qu'après nous avoir pardonné nos
péchés, il nous conduise à la vie éternelle.
Que le Seigneur tout-puissant et tout miséricordieux,
daigne nous accorder le pardon,
l'absolution et la rémission de tous nos péchés. Ainsi soit-il.
COMMANDEMENTS DE DIEU.
1. Un seul Dieu tu adoreras , et aimeras parfaitement.
2. Dieu en vain tu ne jureras, Ni autre chose pareillement.
3. Les dimanches tu garderas, En servant Dieu dévotement.
4. Tes père et mère honoreras, Afin de vivre longuement.
5. Homicide point ne seras, De fait ni Volontairement.
6. Luxurieux point ne seras, De corps ni de consentement.
7. Le bien d'autrui tu ne prendras, Ni retiendras à ton escient.
8. Faux témoignage ne diras , Ni mentiras aucunement.
9. L'œuvre de chair ne désireras , Qu'en mariage seulement.
10. Les biens d'autrui ne convoiteras. Pour les avoir injustement.
FIN
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
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