Les Trésors de Cornélius Lapide - Hollande-Belgique - 17 eme siècle
Page 1 sur 1
Les Trésors de Cornélius Lapide - Hollande-Belgique - 17 eme siècle
Source : Les trésors de Cornélius Lapide - Belgique - Hollande - 17 eme siecle
( Extraits)
L`AVEUGLEMENT SPIRITUEL.
Qu`est-ce que l`aveuglement spirituel?
L'AVEUGLEMENT spirituel n'est autre chose qu'une certaine stupidité, un abrutissement de l'esprit, qui empêche de voir et de goûter les choses divines. L'aveuglement spirituel appartient particulièrement à l'intelligence; l'endurcissement, à la volonté. L'un et l'autre sont un péché, la peine du péché et un principe de péché. L'aveuglement spirituel, que Dieu seul éloigne, parce qu'il est la vraie lumière, dit saint Augustin, est un péché par lequel on cesse de croire en Dieu; il est la peine du péché, car il châtie le cœur orgueilleux, en lui attirant justement la haine de Dieu; il est un principe de péché, quand le cœur, trompé par la passion, fait commettre le mal. Ainsi les Juifs de son époque, aveuglés par l'erreur et l'endurcissement du coeur, persécutèrent Jésus Christ, et le mirent à mort.
L`aveuglement spirituel est un crime
L'AVEUGLE spirituel fait un Dieu de sa passion, en laquelle il met sa fin. Il n'a pas la foi.
L'aveuglement spirituel est le principe d'une infinité de péchés; or, ce qui est le principe d'un grand nombre de péchés, souvent graves, est en soi-même un mal très-grave. L'aveuglement de l'esprit vient de la volonté endurcie dans le mal. Par suite de cet aveuglement, on ne sent plus rien , on ne voit plus rien, on ne craint plus rien, on ne pratique plus la vertu ; on tombe dans l'indifférence, l'incrédulité, l'impiété.
L'aveugle spirituel ne comprend plus rien. L'aveugle, dit saint Augustin, ne voit pas la lumière du soleil, quoiqu'il soit environné de ses brillants rayons : l'aveugle spirituel, lui, ne voit pas la lumière de Dieu.
L'homme stupide méconnaît les œuvres magnifiques du Créateur, dit le Psalmiste; l'insensé ne les comprend pas : (Psaumes 91. 7). Mais cette folie volontaire est un crime énorme. Jésus-Christ, l'Évangile, l'Église, le dogme, la morale, les sacrements , la grâce, la sainteté, les fins dernières , ne sont que ténèbres pour l'aveugle spirituel.
Or, ne pas voir des faits et des vérités si nécessaires au salut, et dont l'existence repose sur des démonstrations invincibles, c'est se rendre coupable.
Pour les aveugles d'esprit, les choses de la religion sont comme les paroles d'un livre scellé, dit Isaïe (Isaïe 29,11).
Cet aveuglement est volontaire
L'AVEUGLEMENT spirituel est volontaire ; et c'est ce qui le rend plus coupable. Il n'a pas voulu comprendre, de peur de faire le bien, dit le Prophète (Isaïe 35 4).
L'éclat des œuvres de Jésus Christ , dit saint Cyrille, ne laissait pas de doute possible à ceux qui n'avaient pas l'esprit corrompu; mais le grand nombre, se trouvant dans cet état, ne voulait pas voir.
Quand Jésus Christ se fut approché , dit saint Luc, il vit Jérusalem et il pleura sur elle, en disant ; Ah! si tu savais même en ce jour ce qui peut t'apporter la paix ! Mais maintenant tout est caché à tes yeux : (Luc 19, 41. 42); parce que tu n'as pas connu (c'est-à-dire, parce que tu n'as pas voulu connaître) le temps où tu as été visitée ( Luc 19. 44).
0 fille de Sion que j'ai aimée, que j'ai honorée, que j'ai enrichie, que j'ai instruite comment ne me connais-tu pas? Pourquoi me rejettes-tu, me poursuis-tu, et te prépares-tu à me condamner, à me mettre à mort, à me crucifier? C'est pour toi que je suis descendu du ciel sur la terre, et que je me suis incarné : pour toi , j'ai passé ma vie dans des travaux continuels, dans la pauvreté, dans la douleur: je t'ai visitée, je t'ai enseignée; j'ai guéri tes lépreux, tes malades, tes démoniaques; j'ai ressuscité tes morts : et tu me fuis, tu me méprises, tu me persécutes, tu me hais. Mais cela même est caché tes yeux, parce que tu n'as pas voulu m'accueillir et croire en moi;
L'incarnation, la prédication de Jésus Christ sa passion, sa résurrection furent donc cachés aux Juifs endurcis; ce peuple ne connut pas même sa propre perfidie, ainsi que son aveuglement et son ingratitude. Et une terrible vengeance fut exercée sur Jérusalem, que Tite, le général romain, ruina complètement.
J'ai trouvé sur une de vos places publiques, dit saint Paul aux Athéniens, un autel portant cette inscription : Au Dieu inconnu (Actes des apôtres 17. 23}
Voilà, dit Tertullien, le crime suprême de ceux qui ne veulent pas reconnaître celui qu'ils ne peuvent (In Apolog.).
Quelle est cette stupidité, s'écrie saint Pierre Chrysologue! Où sommes-nous? Quel est ce sommeil qui nous accable? Quel est cet oubli mortel qui s'est emparé de nous? Pourquoi n'échangeons-nous pas la terre contre le ciel? Pourquoi n'achetons-nous pas les biens éternels avec ceux d'ici-bas? Pourquoi ne nous procurons-nous pas les richesses qui demeurent, au prix de celles qui passent si promptement?
Enfants des hommes, dît le Seigneur par la bouche du Prophète royal, jusques à quand aurez-vous le cœur pesant? Pourquoi aimez-vous la vanité, et cherchez vous le mensonge? (4. 3.) Hélas ! mon peuple n'a point entendu ma voix; Israël ne m'a pas écouté(Psaumes. 80 12). Vous avez rejeté et méprisé votre Christ; vous vous êtes irrité contre lui (Psaumes. 88. 39).
Et ils ont dit : Le Seigneur ne nous verra pas; le Dieu de Jacob n'en aura pas connaissance : vous qui êtes insensés au milieu du peuple, hommes aveugles, quand aurez-vous l'intelligence? Quoi! celui qui a formé votre oreille, ne vous entendra pas; celui qui a fait vos yeux, ne vous verra pas; celui qui punit les nations, ne vous châtiera pas; celui qui enseigne aux hommes la science, ne comprendra point ! ( Psaumes 93, 7-10)
Les impies se tairont dans les ténèbres, est-il dit au premier livre des Rois (1 Rois 2, 9). Ils se tairont parce qu'ils seront sans excuse d'être aveugles. Il est aveugle, dit saint Grégoire, celui qui veut ignorer la lumière des contemplations célestes; qui, plongé dans les ténèbres de la vie présente, et ne regardant jamais avec amour la vraie lumière, ignore de quel côté il dirige ses œuvres .
Va, dit le Seigneur à Isaïe, dis à ce peuple : Écoute, et ne comprends pas; ouvre les yeux, et ne vois pas. C'est-à-dire, vous entendrez et vous verrez ; mais vous ne voudrez ni entendre, ni connaître Le cœur de ce peuple s'est aveuglé, dit le Seigneur par la bouche du même prophète ; ses oreilles sont fermées, ses yeux appesantis. II a craint de voir la lumière, d'entendre la vérité, d'avoir l'intelligence du cœur, de se convertir, et d'être guéri de ses maux (Isaïe 6. 10).
Il faut deux choses pour l'aveuglement spirituel :
1° Un attachement pervers à sa volonté, qui empêche de recevoir la vraie lumière, à l'aide de laquelle Dieu propose, développe et confirme suffisamment, soit par lui-même, soit par ses prophètes et ses apôtres, soit par l'Église enseignante, les vérités nécessaires au salut. Alors on imite celui qui ferme sa fenêtre pour exclure les rayons du soleil.
2° Il faut la privation de la lumière divine, privation que la volonté perverse ne manque pas de causer. Alors, on se trouve dans l'impuissance morale d'apercevoir la vérité. En veut-on un exemple ? Les Juifs, voyant Jésus Christ opérer tant de miracles, devaient en conclure et étaient tenus de croire qu'il était le Messie ; mais ils s'y refusèrent, et c'est ainsi qu'ils furent aveuglés. La cause de ce refus était leur avarice, leur ambition, leur envie, leur orgueil, etc., que Jésus Christ leur reprochait.
Seigneur, aveuglez le cœur de ce peuple, dit Isaïe (Isaïe 6. 10), c'est-à-dire, permettez qu'il soit aveuglé. A proprement parler, l'homme s'aveugle et s'endurcit lui-même directement. C'est ce que dit en termes formels la Sagesse : Leur malice les a aveuglés (Sagesses 11. 21). La cause positive de l'aveuglement spirituel est donc la malice de celui qui subit ce châtiment.
Mais Dieu n'aveugle qu'indirectement comme il n'endurcit qu'indirectement : il soustrait peu à peu aux impies la lumière de la vérité et de la grâce ; afin de les punir de leurs péchés, il permet que des occasions les entraînent dans l`erreur et l'aveuglement.
Ils ne voient pas le soleil en plein jour, dit Jérémie (Jérémie 15. 9 ) .
Tous les aveugles spirituels, dit saint Cyprien, sont privés d'intelligence at de sagesse; indignes de la vie de la grâce, ils l'ont devant les yeux, et ne la voient point ( FpisL ) .
Visible pour ceux qui croient, Jésus, dit St Léon, se cache à ceux qui le persécutent par le péché. (Serm. de Nativ.). Ils sont frappés d'aveuglement d'esprit, ajoute ce Père, afin qu'ils ne comprennent pas la gravité de leurs crimes, et qu'ils ne les pleurent pas.( Ut sapra).
Eu présence de la résurrection de Lazare si publique, si connue, si miraculeuse, qu'ils ne pouvaient ni cacher le fait, ni le nier, savez-vous, dit saint Augustin, ce que les chefs des Juifs inventèrent? Ils prirent la résolution de le tuer. 0 folle pensée, aveugle cruauté ! (Homil in Evang. )
Ne voit-on pas chaque jour des aveugles d'esprit volontaires, qui se dérobent à la lumière? Ceux-là ne le sont-ils pas qui fuient l'enseignement de la parole de Dieu, les saints offices, les églises? Il en est de même des jeunes personnes qui ne veulent plus recevoir les bons conseils d'un père, d'une mère, d'un ami, d'un pasteur; qui s'éloignent de la confession, qui s'exposent témérairement aux occasions prochaines du péché; des parents négligents? faibles, qui ne reprennent que rarement et mollement leurs enfant égarés, etc.
Combien le pécheur est aveugle
1 -Le pécheur ne connaît pas parfaitement la malice du péché; car combien en le voyant si hideux, si cruel, etc., il n'aurait jamais le triste courage de s'y livrer. Le péché le trompe en l'aveuglant.
2 - Il ne comprend pas ce qu'il fait en péchant, parce qu'il agit contre les lumières de son intelligence. Autrefois, vous n'étiez que ténèbres, dit saint Paul aux Éphésiens: (Éphésiens 5. 8 ) , c'est-à-dire pécheurs.
Remarquez que l'Apôtre appelle les péchés, ténèbres: 1° parce que les pécheurs n'aiment pas la lumière et cherchent les ténèbres; car le péché est ce qu'il y a de plus honteux, de plus vil, de plus dégradant; 2° parce que les péchés aveuglent la raison.
Le péché a toujours son principe, ou dans l'erreur, ou dans l'imprudence, ou dans le défaut d'examen, ou dans l'inadvertance de la raison et de l'intelligence; lorsqu'on le commet, il hébète, il aveugle, il fausse la conscience; et les ténèbres au sein desquelles on était entré s'augmentent encore.
Il n'y a que ténèbres épaisses dans le péché, dit saint Grégoire; celui qui le commet s'enfonce dans la nuit la plus profonde et la plus noire. ( Moral., lib. III ).
Ne péchez pas, dit saint Augustin, et Dieu, qui est le soleil véritable, ne cessera jamais de briller à vos yeux; au contraire, faites une chute, et Dieu disparaîtra. Si vous désirez de conserver ta lumière, soyez vous-même pur et brillant; mais si vous aimez les ténèbres et les passions ténébreuses, elles vous plongeront dans une nuit profonde, dans un déplorable aveuglement.
Les péchés sont appelés ténèbres en raison de leur ressemblance avec elles :
1 - Comme les ténèbres sont la privation de la lumière, ainsi les péchés sont la privation de la grâce. Celle-ci est à notre âme, à notre cœur, ce que le soleil est à la terre.
2- Comme celui qui marche dans les ténèbres ne voit rien, et fait souvent des faux pas et des chutes, ainsi, dans la voie du salut, ceux qui pèchent ne voient pas; ils tombent et se souillent.
3 - Les oiseaux nocturnes redoutent la lumière, elle les aveugle; les pécheurs craignent la lumière de Dieu et des hommes, selon ces paroles de J. C. : Celui qui fait le mal, hait la lumière; il la fuit pour n'être pas blâmé, repris, corrigé : (Jean 3. 20).
4 - Les péchés sont appelés ténèbres, parce qu'ils sont les œuvres du démon, prince des ténèbres.
5 - Parce que la plupart des péchés se commettent dans les ténèbres.
6 - Parce que les péchés naissent des ténèbres, c'est-à-dire d'une erreur pratique qui porte le pécheur à croire qu'il peut suivre sa passion, toute méprisable qu'elle est et malgré la perte de Dieu, de l`âme et des biens éternels; ce qui est à coup sûr le suprême aveuglement, la plus insigne folie.
7 - Parce que le péché plonge de plus en plus l'esprit dans les ténèbres.
8° Parce que le péché mortel conduit aux ténèbres suprêmes à celles de l'enfer.
La lumière est salutaire; elle est nécessaire à la vie des hommes et à celle de toute chose; tandis que les ténèbres sont nuisibles et mortelles : ainsi la foi et la grâce de Jésus Christ sont la source du salut et elles procurent la vie éternelle, tandis que les péchés affaiblissent l'âme et lui donnent la mort.
Ils marcheront en aveugles, parce qu'ils ont péché contre Dieu, dit le prophète Sophonie (Sophonie 1, 17).
Le chemin que suivent les impies est couvert de ténèbres, disent les Proverbes; ils ne savent ni quand ils tombent, ni comment ils tombent (Proverbes 4, 19).
Le monde est dans l`aveuglement spirituel
JÉSUS-CHRIST, dit saint Jean, était la véritable lumière qui illumine le monde est tout homme venant en ce monde. Il était dans le monde, et le monde a été fait par lui, et le monde ne l'a point connu : il est venu chez soi, et les siens ne l'ont point reçu.
Aussi J. C. disait à son Père : Père saint, le monde ne vous connaît pas :(Jean 17, 25).
Le monde, dit saint Bernard, a ses nuits, et elles sont fréquentes. Que dis-je? le monde a ses nuits! II est, hélas! lui-même tout ténèbres, et il ne voit jamais la lumière. L`aveuglement des Juifs est une nuit; l'ignorance des païens, une nuit ; la dépravation des hérétiques, une nuit; la conduite charnelle et animale des mauvais catholiques, une nuit et une nuit profonde. En effet, la nuit ne règne-t-elle pas où ne se rencontre point l'intelligence des choses de Dieu?
Les ténèbres étaient sur la surface de l'abîme, dit la Genèse (1. 2). Or, le monde est la surface des abîmes de l'enfer; il est enveloppé par la fumée noire qu'exhalent en abondance les flammes éternelles. Les ténèbres enveloppent la terre, la nuit environne les peuples, dit Isaïe (60. 2 ) .
Il est dit qu'à la mort de J. C. d'épaisses ténèbres couvrirent la terre entière (Matth. XÏVII. 45). Pour les hommes coupables et impies, ces ténèbres n'ont pas disparu.
Les maximes du monde, sa morale corrompue, sa conduite, ses scandales, son incrédulité, etc., prouvent qu'il est plongé dans le plus affreuses et les plus dangereuses ténèbres. Aussi le Prophète royal l'appelle-t-il une terre d'oubli.
Causes de l`aveuglement spirituel
La cause première de l`aveuglement spirituel, ce sont les passions. Votre œil est la lumière de votre corps, dit Jésus Christ. (Matthieu 6 22). Ce que l'œil est au corps, l'intelligence l'est à l’âme ; mais l'âme tombée sous le joug des passions, n'a plus d'intelligence; elle est abrutie Lorsque le feu de la concupiscence dévore, dit saint Grégoire, on ne peut plus voir le soleil de l'intelligence. Les passions précipitent dans une fosse profonde, dans des lieux de ténèbres, et dans l'ombre du sépulcre, dit le Psalmiste.
La seconde cause de l'aveuglement spirituel, ce sont les richesses, Les richesses aveuglent l'âme. De là vient que les poètes païens disent que Plutus, le dieu des richesses, est aveugle de naissance
Troisième cause : la paresse spirituelle..., la tiédeur
Quatrième cause : la corruption du cœur. L'insensé a dit dans son cœur : Il n'y a point de Dieu (Psaumes. 13. 1). Ceux qui sont corrompus ne voient pas la lumière, dit Job : (Job . 3, 16).
Plus on tombe et plus on reste dans le péché, plus on s'éloigne de Dieu, qui est la lumière incréée de qui nous vient toute clarté.
Il y a d'autres causes de l'aveuglement spirituel : 1. l'imprudence..., 2. l'imprévoyance..., 3. l'orgueil
L`ange déchu surtout nous aveugle
L`ange déchu, le dieu de ce siècle, dit saint Paul aux Corinthiens, a jeté dans l'aveuglement l'esprit des infidèles (2 Corinthiens 4. 4 ). Le Dieu du siècle est l`ange déchu, qui est le Dieu de ceux qui vivent selon le siècle : il est leur Dieu, non parce qu'il les a créés, mais parce qu'il les conduit par ses funestes suggestions et par de mauvais
exemples, et parce qu'il exerce sur eux son empire. Il est le père du mensonge, de l'orgueil, de l'erreur. Il commença par aveugler Adam et Ève. Dans le cours des siècles il n'a jamais cessé, autant qu'il a pu, d'aveugler les hommes et les peuples. Tous ceux qui obéissent à Satan, qui se donnent à lui , agissent par suite du plus déplorable aveuglement; car on ne doit attendre de l`ange déchu que malheurs en cette vie et surtout en l'autre. Se remettre entre les mains d'un ennemi cruel et implacable, de celui qui fut homicide dès le commencement, se livrer à un lion furieux, à un loup enragé, est un aveuglement qui va jusqu'à la folie et à la frénésie ; or, le démon est tout cela.
Jugez du nombre des aveugles spirituels par la multitude de ceux qui font la volonté du démon, qui sont ses victimes
Ravages et désordres de l`aveuglement spirituel
1 - L'aveuglement spirituel tue la foi.
2 - Il rend l'homme stupide. L'aveugle spirituel ne comprend plus rien aux choses de Dieu. Il ne s'inquiète ni d'où il vient, ni où il est, ni où il va.
3 - L'aveuglement spirituel enlève la sagesse. Je détruirai, dit le Seigneur par la bouche d’Isaïe, la sagesse des sages, en obscurcissant leur intelligence : (Isaïe 29, 14).
4 - L'aveuglement spirituel rend indocile; on ne veut plus obéir même à la vérité. C'est ce que saint Paul reproche aux Galates quand il leur dit : Galates insensés, qui vous a fascinés à ce point que vous n'obéissez plus à la vérité ? (Galates 3. 1)
5 - L'aveuglement spirituel détruit la vie divine. Ils ont l'esprit plein de ténèbres, dit saint Paul aux Éphésiens, et ils sont entièrement éloignés de la vie de Dieu, à cause de l'aveuglement de leur cœur (Éphésiens 4. 48).
Si nous disons que nous sommes unis à Dieu, et que nous marchons dans les ténèbres, nous mentons, dit l'apôtre saint Jean. Et quelle société peut-il exister entre la lumière et les ténèbres, dit saint Paul ( 2 Corinthiens 6,14)
6 - L'aveuglement spirituel engendre toutes les tentations. Ne peut-on pas appliquer à cet aveuglement ces paroles du Psalmiste: Vous amenez les ténèbres, et voilà la nuit : alors les bêtes des forêts se glissent dans (Psaumes 103. 20). Les voleurs cherchent les ténèbres ; le démon, qui dépouille de toute vertu, ne cesse d'être en quête des aveugles spirituels, et il leur enlève tout ce qu'ils pouvaient avoir de bien
7 - Les aveugles spirituels roulent d'abîme en abime ; ils vont de crimes en crimes; ils se plongent dans le mal, se vautrent dans toutes les souillures et y périssent. Comme les cadavres dans le tombeau, ils tombent en putréfaction.
8 – L’ aveuglement spirituel conduit à l'endurcissement.
Combien les aveugles spirituels sont malheureux
N’apercevant pas sont triste état, l'aveugle spirituel ne cherche pas à en sortir. Il croit n'avoir besoin de rien; et il ne voit pas qu'il est malheureux, pauvre, misérable et nu.
Au milieu de sa grandeur, l'homme, dit le Psalmiste, n'a pas compris sa destinée; il s'est fait semblable aux animaux, qui meurent tout entiers. La voie où il s'avance est l'aveuglement (Psaumes 48, 13. 14).
L'aveugle spirituel erre dans le désert du vice, et ne trouve pas le chemin de la cité des vertus (Psaumes 106, 4). Il est comme ces statues dont parle le Prophète royal : il a une bouche, et ne parle point ; des yeux, et ne voit point; il a des oreilles, et n'entend pas; des narines, et ne sent pas; il a des mains, et ne touche pas; des pieds, et il ne marche pas; son gosier ne rend point de son (oenr. 5-7).
Considérez, dit saint Paulin à Sévère, la vie que mènent les aveugles spirituels, et vous les trouverez semblables au cheval aveugle qui tourne sans cesse, en traînant une meule. Après s'être épuisés de fatigue chaque jour, ils arriveront à la mort sans avoir fait un pas pour le ciel (Epist, 4).
0 aveugles enfants d'Adam! pourquoi aimez-vous la vanité et cherchez vous le mensonge? Pourquoi préférez-vous les choses périssables aux impérissables, l'exil à la patrie, la terre au ciel, la créature au Créateur, le vice à la vertu, un étranger à Jésus Christ , l’ange déchu à Dieu, le temps à l'éternité, la mort à la vie? Pourquoi, pour un vil et passager plaisir, vous exposez-vous aux chagrins, aux douleurs, à une mort déplorable, et aux feux de l'enfer?
Châtiments de l’aveuglement spirituel
1 - L'AVEUGLEMENT spirituel attire la colère de Dieu- Que leurs yeux s'obscurcissent, dit le Psalmiste, afin qu'ils ne voient pas, et que leur dos soit toujours courbé sous la servitude. Versez sur eux votre fureur, Seigneur que le feu de votre colère les enveloppe (Psaumes 68, 24.25).
2 - Dieu abandonne l'aveugle spirituel. Mon peuple, dit le Seigneur, n'a point écouté ma voix ; Israël n'est point venu à moi et je les ai livrés aux désirs de leurs cœurs ; ils s'enfonceront dans leurs vaines inventions (Psaumes 80 12. 13). Je délaisserai ce peuple, dit le Seigneur; je lui cacherai ma face, et il sera en proie à tous les maux, et toutes les afflictions l'envahiront ( Deutéronome. 31, 17 ). Je lui ai caché mon visage, et il a erré dans la voie de son cœur ( Isaïe 57, 17 ).
3 - L'aveugle spirituel se châtie lui-même de ses propres mains. Et maintenant, voici que la main du Seigneur tombe sur toi, dit Saint Paul à Élymas, magicien, et tu seras aveugle, tu ne verras pas la lumière (Actes des apôtres 13. 11). C'est ce qui arrive à l'aveugle spirituel. Il ne veut pas voir, la main de Dieu s'appesantit sur lui, et l'aveuglement est sa peine, son plus terrible châtiment. Or, cette peine est un mal sans mélange d'aucun bien ; il souffre, mais sans mérite ; les souffrances qu'il endure et qui sont elles-mêmes un effroyable châtiment, deviennent un crime; en sorte qu'il se trouve puni non seulement d'avoir fermé les yeux à la lumière, mais encore de ce qu'il souffre, car il ne souffre que parce qu'il l'a voulu.
4 - Le ciel est fermé pour toujours à l'aveugle spirituel. Ils n'ont pas voulu connaître mes voies, dit le Seigneur; je jure dans ma colère qu'ils n'entreront jamais dans le lieu de mon repos (Psaumes). Il est dit dans l'Écriture que les anges frappèrent de cécité les infâmes habitants de Sodome, de manière qu'ils ne purent jamais trouver la porte de la maison de Loth : (Genèse 19, 11 ) . Tel est le châtiment que Dieu inflige aux aveugles spirituels : ils ne trouvent plus le chemin ni la porte du ciel
5 - Des ténèbres de l'aveuglement il tombe dans les ténèbres éternelles (Matthieu 8, 12). En s'abandonnant aux plaisirs criminels delà vie présente, l'âme aveugle, dit saint Grégoire, fait-elle autre chose que de se jeter les yeux fermés dans le feu éternel? (Lib. Moral.)
Regrets d’avoir été aveugle spirituel
Écoutez la Sagesse : Les impies, les aveugles tomberont sans honneur, ils seront flétris à jamais parmi les morts, car le Seigneur les brisera et ils demeureront muets; ils seront dans l'extrême désolation , et leur mémoire périra. Ils entreront tout tremblants dans la pensée de leurs péchés, et leurs iniquités s'élèveront contre eux pour les accuser (4 Sagesses 4, 19. 20). Alors les justes se lèveront avec une grande fermeté contre ceux qui les ont tourmentés et qui ont méprisé leurs travaux. A cette vue , les impies seront saisis d'une frayeur horrible, ils s'étonneront du salut inespéré des justes; se repentant et gémissant dans l'angoisse de leur âme, ils diront en eux-mêmes: Les voilà ceux que nous avions en mépris, et qui étaient l'objet de nos outrages ! Insensés, nous estimions leur vie une folie, nous croyions que leur mort serait sans honneur, et les voilà comptés à jamais parmi les fils de Dieu, et leur partage est parmi les saints ! Nous avons donc erré hors de la voie de la vérité ; la lumière de la justice n'a pas lui pour nous, et le soleil de l'intelligence ne s'est pas levé sur nous. Nous nous sommes lassés dans la voie de l'iniquité et de la perdition, nous avons marché dans des chemins difficiles, et nous avons ignoré la voie du Seigneur (Sagesses 5, 1-7).
Les aveugles spirituels se reprochent ici une triple erreur et une triple folie : 1 - d'avoir erré hors de la voie de la vérité. 2 - d'avoir agi de telle sorte que la lumière de la justice, c'est-à-dire de la raison et de la prudence, n'a pas lui pour eux; parce qu'ils l'ont méprisée volontairement et qu'ils ont voulu rester dans les ténèbres. 3 - d'avoir mérité que le soleil, c'est-à-dire Dieu et Jésus Christ qui éclaire tout homme venant en ce monde, ne se levât pas sur eux, parce qu'ils n'ont pas voulu lui ouvrir leur cœur.
C`est une vraie démence, dit saint Cyprien, de ne pas voir et d'ignorer que les passions trompeuses ne trompent pas longtemps. La nuit existe tant que le jour ne parait pas; mais le jour venu, le soleil levé, il est nécessaire que les ténèbres s'enfuient, et que les crimes qui se commettaient, cessent.
Aveugles spirituels, vous vous repentirez un jour, mais ce sera trop tard et inutilement. Comprenez et ouvrez les yeux à la lumière, tandis que vous le pouvez; travaillez tandis qu'il est jour; acceptez la grâce tandis qu'elle vous est offerte, de peur qu'ayant imité les vierges folles, vous n'en ayez le triste sort; et qu'ayant, comme elles, laissé éteindre la lumière de votre intelligence, vous ne la cherchiez avec larmes sans parvenir à la trouver.
Craignez qu'exclus des noces célestes, vous n'entendiez de la bouche de Jésus Christ, le souverain juge, ces terribles paroles : En vérité, je vous le dis, j e ne vous connais pas ( Matthieu. 25. 12).
Moyens pour sortir de l`aveuglement spirituel
POUR sortir de l'aveuglement spirituel, il faut :
1 - Vivre de la vérité..., vivre de l'immortalité..., vivre de l'éternité.
2 – Prier le Seigneur, disait le Psalmiste, éclairez mes yeux, pour que je ne m'endorme pas dans la mort, et pour que mon ennemi ne dise pas un jour : Je l'ai vaincu (Psaumes 17. 29)
3 - Nous approcher de Dieu et nous tenir près de l u i , et nous serons éclairés. (Psaumes 33. 6).
4 - Ouvrir les oreilles et les yeux à la foi : (Isaïe 42, 18).
5 - Se lever, secouer la paresse spirituelle, la tiédeur : Jérusalem, lève-toi, sois éclairée; car ta lumière est arrivée, et la gloire du Très-Haut s'est levée sur toi, dit Isaïe (60, 1).
6 - Ne pas différer d'agir. Marchez, dit Jésus Christ, tandis que vous avez la lumière, afin que les ténèbres ne vous enveloppent pas: (Jean 12, 35).
7 - Aller à Jésus Christ , qui est la voie, la vérité et la vie. Celui qui le suit ne marche point dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie (Jean 14, 6)
( Extraits)
L`AVEUGLEMENT SPIRITUEL.
Qu`est-ce que l`aveuglement spirituel?
L'AVEUGLEMENT spirituel n'est autre chose qu'une certaine stupidité, un abrutissement de l'esprit, qui empêche de voir et de goûter les choses divines. L'aveuglement spirituel appartient particulièrement à l'intelligence; l'endurcissement, à la volonté. L'un et l'autre sont un péché, la peine du péché et un principe de péché. L'aveuglement spirituel, que Dieu seul éloigne, parce qu'il est la vraie lumière, dit saint Augustin, est un péché par lequel on cesse de croire en Dieu; il est la peine du péché, car il châtie le cœur orgueilleux, en lui attirant justement la haine de Dieu; il est un principe de péché, quand le cœur, trompé par la passion, fait commettre le mal. Ainsi les Juifs de son époque, aveuglés par l'erreur et l'endurcissement du coeur, persécutèrent Jésus Christ, et le mirent à mort.
L`aveuglement spirituel est un crime
L'AVEUGLE spirituel fait un Dieu de sa passion, en laquelle il met sa fin. Il n'a pas la foi.
L'aveuglement spirituel est le principe d'une infinité de péchés; or, ce qui est le principe d'un grand nombre de péchés, souvent graves, est en soi-même un mal très-grave. L'aveuglement de l'esprit vient de la volonté endurcie dans le mal. Par suite de cet aveuglement, on ne sent plus rien , on ne voit plus rien, on ne craint plus rien, on ne pratique plus la vertu ; on tombe dans l'indifférence, l'incrédulité, l'impiété.
L'aveugle spirituel ne comprend plus rien. L'aveugle, dit saint Augustin, ne voit pas la lumière du soleil, quoiqu'il soit environné de ses brillants rayons : l'aveugle spirituel, lui, ne voit pas la lumière de Dieu.
L'homme stupide méconnaît les œuvres magnifiques du Créateur, dit le Psalmiste; l'insensé ne les comprend pas : (Psaumes 91. 7). Mais cette folie volontaire est un crime énorme. Jésus-Christ, l'Évangile, l'Église, le dogme, la morale, les sacrements , la grâce, la sainteté, les fins dernières , ne sont que ténèbres pour l'aveugle spirituel.
Or, ne pas voir des faits et des vérités si nécessaires au salut, et dont l'existence repose sur des démonstrations invincibles, c'est se rendre coupable.
Pour les aveugles d'esprit, les choses de la religion sont comme les paroles d'un livre scellé, dit Isaïe (Isaïe 29,11).
Cet aveuglement est volontaire
L'AVEUGLEMENT spirituel est volontaire ; et c'est ce qui le rend plus coupable. Il n'a pas voulu comprendre, de peur de faire le bien, dit le Prophète (Isaïe 35 4).
L'éclat des œuvres de Jésus Christ , dit saint Cyrille, ne laissait pas de doute possible à ceux qui n'avaient pas l'esprit corrompu; mais le grand nombre, se trouvant dans cet état, ne voulait pas voir.
Quand Jésus Christ se fut approché , dit saint Luc, il vit Jérusalem et il pleura sur elle, en disant ; Ah! si tu savais même en ce jour ce qui peut t'apporter la paix ! Mais maintenant tout est caché à tes yeux : (Luc 19, 41. 42); parce que tu n'as pas connu (c'est-à-dire, parce que tu n'as pas voulu connaître) le temps où tu as été visitée ( Luc 19. 44).
0 fille de Sion que j'ai aimée, que j'ai honorée, que j'ai enrichie, que j'ai instruite comment ne me connais-tu pas? Pourquoi me rejettes-tu, me poursuis-tu, et te prépares-tu à me condamner, à me mettre à mort, à me crucifier? C'est pour toi que je suis descendu du ciel sur la terre, et que je me suis incarné : pour toi , j'ai passé ma vie dans des travaux continuels, dans la pauvreté, dans la douleur: je t'ai visitée, je t'ai enseignée; j'ai guéri tes lépreux, tes malades, tes démoniaques; j'ai ressuscité tes morts : et tu me fuis, tu me méprises, tu me persécutes, tu me hais. Mais cela même est caché tes yeux, parce que tu n'as pas voulu m'accueillir et croire en moi;
L'incarnation, la prédication de Jésus Christ sa passion, sa résurrection furent donc cachés aux Juifs endurcis; ce peuple ne connut pas même sa propre perfidie, ainsi que son aveuglement et son ingratitude. Et une terrible vengeance fut exercée sur Jérusalem, que Tite, le général romain, ruina complètement.
J'ai trouvé sur une de vos places publiques, dit saint Paul aux Athéniens, un autel portant cette inscription : Au Dieu inconnu (Actes des apôtres 17. 23}
Voilà, dit Tertullien, le crime suprême de ceux qui ne veulent pas reconnaître celui qu'ils ne peuvent (In Apolog.).
Quelle est cette stupidité, s'écrie saint Pierre Chrysologue! Où sommes-nous? Quel est ce sommeil qui nous accable? Quel est cet oubli mortel qui s'est emparé de nous? Pourquoi n'échangeons-nous pas la terre contre le ciel? Pourquoi n'achetons-nous pas les biens éternels avec ceux d'ici-bas? Pourquoi ne nous procurons-nous pas les richesses qui demeurent, au prix de celles qui passent si promptement?
Enfants des hommes, dît le Seigneur par la bouche du Prophète royal, jusques à quand aurez-vous le cœur pesant? Pourquoi aimez-vous la vanité, et cherchez vous le mensonge? (4. 3.) Hélas ! mon peuple n'a point entendu ma voix; Israël ne m'a pas écouté(Psaumes. 80 12). Vous avez rejeté et méprisé votre Christ; vous vous êtes irrité contre lui (Psaumes. 88. 39).
Et ils ont dit : Le Seigneur ne nous verra pas; le Dieu de Jacob n'en aura pas connaissance : vous qui êtes insensés au milieu du peuple, hommes aveugles, quand aurez-vous l'intelligence? Quoi! celui qui a formé votre oreille, ne vous entendra pas; celui qui a fait vos yeux, ne vous verra pas; celui qui punit les nations, ne vous châtiera pas; celui qui enseigne aux hommes la science, ne comprendra point ! ( Psaumes 93, 7-10)
Les impies se tairont dans les ténèbres, est-il dit au premier livre des Rois (1 Rois 2, 9). Ils se tairont parce qu'ils seront sans excuse d'être aveugles. Il est aveugle, dit saint Grégoire, celui qui veut ignorer la lumière des contemplations célestes; qui, plongé dans les ténèbres de la vie présente, et ne regardant jamais avec amour la vraie lumière, ignore de quel côté il dirige ses œuvres .
Va, dit le Seigneur à Isaïe, dis à ce peuple : Écoute, et ne comprends pas; ouvre les yeux, et ne vois pas. C'est-à-dire, vous entendrez et vous verrez ; mais vous ne voudrez ni entendre, ni connaître Le cœur de ce peuple s'est aveuglé, dit le Seigneur par la bouche du même prophète ; ses oreilles sont fermées, ses yeux appesantis. II a craint de voir la lumière, d'entendre la vérité, d'avoir l'intelligence du cœur, de se convertir, et d'être guéri de ses maux (Isaïe 6. 10).
Il faut deux choses pour l'aveuglement spirituel :
1° Un attachement pervers à sa volonté, qui empêche de recevoir la vraie lumière, à l'aide de laquelle Dieu propose, développe et confirme suffisamment, soit par lui-même, soit par ses prophètes et ses apôtres, soit par l'Église enseignante, les vérités nécessaires au salut. Alors on imite celui qui ferme sa fenêtre pour exclure les rayons du soleil.
2° Il faut la privation de la lumière divine, privation que la volonté perverse ne manque pas de causer. Alors, on se trouve dans l'impuissance morale d'apercevoir la vérité. En veut-on un exemple ? Les Juifs, voyant Jésus Christ opérer tant de miracles, devaient en conclure et étaient tenus de croire qu'il était le Messie ; mais ils s'y refusèrent, et c'est ainsi qu'ils furent aveuglés. La cause de ce refus était leur avarice, leur ambition, leur envie, leur orgueil, etc., que Jésus Christ leur reprochait.
Seigneur, aveuglez le cœur de ce peuple, dit Isaïe (Isaïe 6. 10), c'est-à-dire, permettez qu'il soit aveuglé. A proprement parler, l'homme s'aveugle et s'endurcit lui-même directement. C'est ce que dit en termes formels la Sagesse : Leur malice les a aveuglés (Sagesses 11. 21). La cause positive de l'aveuglement spirituel est donc la malice de celui qui subit ce châtiment.
Mais Dieu n'aveugle qu'indirectement comme il n'endurcit qu'indirectement : il soustrait peu à peu aux impies la lumière de la vérité et de la grâce ; afin de les punir de leurs péchés, il permet que des occasions les entraînent dans l`erreur et l'aveuglement.
Ils ne voient pas le soleil en plein jour, dit Jérémie (Jérémie 15. 9 ) .
Tous les aveugles spirituels, dit saint Cyprien, sont privés d'intelligence at de sagesse; indignes de la vie de la grâce, ils l'ont devant les yeux, et ne la voient point ( FpisL ) .
Visible pour ceux qui croient, Jésus, dit St Léon, se cache à ceux qui le persécutent par le péché. (Serm. de Nativ.). Ils sont frappés d'aveuglement d'esprit, ajoute ce Père, afin qu'ils ne comprennent pas la gravité de leurs crimes, et qu'ils ne les pleurent pas.( Ut sapra).
Eu présence de la résurrection de Lazare si publique, si connue, si miraculeuse, qu'ils ne pouvaient ni cacher le fait, ni le nier, savez-vous, dit saint Augustin, ce que les chefs des Juifs inventèrent? Ils prirent la résolution de le tuer. 0 folle pensée, aveugle cruauté ! (Homil in Evang. )
Ne voit-on pas chaque jour des aveugles d'esprit volontaires, qui se dérobent à la lumière? Ceux-là ne le sont-ils pas qui fuient l'enseignement de la parole de Dieu, les saints offices, les églises? Il en est de même des jeunes personnes qui ne veulent plus recevoir les bons conseils d'un père, d'une mère, d'un ami, d'un pasteur; qui s'éloignent de la confession, qui s'exposent témérairement aux occasions prochaines du péché; des parents négligents? faibles, qui ne reprennent que rarement et mollement leurs enfant égarés, etc.
Combien le pécheur est aveugle
1 -Le pécheur ne connaît pas parfaitement la malice du péché; car combien en le voyant si hideux, si cruel, etc., il n'aurait jamais le triste courage de s'y livrer. Le péché le trompe en l'aveuglant.
2 - Il ne comprend pas ce qu'il fait en péchant, parce qu'il agit contre les lumières de son intelligence. Autrefois, vous n'étiez que ténèbres, dit saint Paul aux Éphésiens: (Éphésiens 5. 8 ) , c'est-à-dire pécheurs.
Remarquez que l'Apôtre appelle les péchés, ténèbres: 1° parce que les pécheurs n'aiment pas la lumière et cherchent les ténèbres; car le péché est ce qu'il y a de plus honteux, de plus vil, de plus dégradant; 2° parce que les péchés aveuglent la raison.
Le péché a toujours son principe, ou dans l'erreur, ou dans l'imprudence, ou dans le défaut d'examen, ou dans l'inadvertance de la raison et de l'intelligence; lorsqu'on le commet, il hébète, il aveugle, il fausse la conscience; et les ténèbres au sein desquelles on était entré s'augmentent encore.
Il n'y a que ténèbres épaisses dans le péché, dit saint Grégoire; celui qui le commet s'enfonce dans la nuit la plus profonde et la plus noire. ( Moral., lib. III ).
Ne péchez pas, dit saint Augustin, et Dieu, qui est le soleil véritable, ne cessera jamais de briller à vos yeux; au contraire, faites une chute, et Dieu disparaîtra. Si vous désirez de conserver ta lumière, soyez vous-même pur et brillant; mais si vous aimez les ténèbres et les passions ténébreuses, elles vous plongeront dans une nuit profonde, dans un déplorable aveuglement.
Les péchés sont appelés ténèbres en raison de leur ressemblance avec elles :
1 - Comme les ténèbres sont la privation de la lumière, ainsi les péchés sont la privation de la grâce. Celle-ci est à notre âme, à notre cœur, ce que le soleil est à la terre.
2- Comme celui qui marche dans les ténèbres ne voit rien, et fait souvent des faux pas et des chutes, ainsi, dans la voie du salut, ceux qui pèchent ne voient pas; ils tombent et se souillent.
3 - Les oiseaux nocturnes redoutent la lumière, elle les aveugle; les pécheurs craignent la lumière de Dieu et des hommes, selon ces paroles de J. C. : Celui qui fait le mal, hait la lumière; il la fuit pour n'être pas blâmé, repris, corrigé : (Jean 3. 20).
4 - Les péchés sont appelés ténèbres, parce qu'ils sont les œuvres du démon, prince des ténèbres.
5 - Parce que la plupart des péchés se commettent dans les ténèbres.
6 - Parce que les péchés naissent des ténèbres, c'est-à-dire d'une erreur pratique qui porte le pécheur à croire qu'il peut suivre sa passion, toute méprisable qu'elle est et malgré la perte de Dieu, de l`âme et des biens éternels; ce qui est à coup sûr le suprême aveuglement, la plus insigne folie.
7 - Parce que le péché plonge de plus en plus l'esprit dans les ténèbres.
8° Parce que le péché mortel conduit aux ténèbres suprêmes à celles de l'enfer.
La lumière est salutaire; elle est nécessaire à la vie des hommes et à celle de toute chose; tandis que les ténèbres sont nuisibles et mortelles : ainsi la foi et la grâce de Jésus Christ sont la source du salut et elles procurent la vie éternelle, tandis que les péchés affaiblissent l'âme et lui donnent la mort.
Ils marcheront en aveugles, parce qu'ils ont péché contre Dieu, dit le prophète Sophonie (Sophonie 1, 17).
Le chemin que suivent les impies est couvert de ténèbres, disent les Proverbes; ils ne savent ni quand ils tombent, ni comment ils tombent (Proverbes 4, 19).
Le monde est dans l`aveuglement spirituel
JÉSUS-CHRIST, dit saint Jean, était la véritable lumière qui illumine le monde est tout homme venant en ce monde. Il était dans le monde, et le monde a été fait par lui, et le monde ne l'a point connu : il est venu chez soi, et les siens ne l'ont point reçu.
Aussi J. C. disait à son Père : Père saint, le monde ne vous connaît pas :(Jean 17, 25).
Le monde, dit saint Bernard, a ses nuits, et elles sont fréquentes. Que dis-je? le monde a ses nuits! II est, hélas! lui-même tout ténèbres, et il ne voit jamais la lumière. L`aveuglement des Juifs est une nuit; l'ignorance des païens, une nuit ; la dépravation des hérétiques, une nuit; la conduite charnelle et animale des mauvais catholiques, une nuit et une nuit profonde. En effet, la nuit ne règne-t-elle pas où ne se rencontre point l'intelligence des choses de Dieu?
Les ténèbres étaient sur la surface de l'abîme, dit la Genèse (1. 2). Or, le monde est la surface des abîmes de l'enfer; il est enveloppé par la fumée noire qu'exhalent en abondance les flammes éternelles. Les ténèbres enveloppent la terre, la nuit environne les peuples, dit Isaïe (60. 2 ) .
Il est dit qu'à la mort de J. C. d'épaisses ténèbres couvrirent la terre entière (Matth. XÏVII. 45). Pour les hommes coupables et impies, ces ténèbres n'ont pas disparu.
Les maximes du monde, sa morale corrompue, sa conduite, ses scandales, son incrédulité, etc., prouvent qu'il est plongé dans le plus affreuses et les plus dangereuses ténèbres. Aussi le Prophète royal l'appelle-t-il une terre d'oubli.
Causes de l`aveuglement spirituel
La cause première de l`aveuglement spirituel, ce sont les passions. Votre œil est la lumière de votre corps, dit Jésus Christ. (Matthieu 6 22). Ce que l'œil est au corps, l'intelligence l'est à l’âme ; mais l'âme tombée sous le joug des passions, n'a plus d'intelligence; elle est abrutie Lorsque le feu de la concupiscence dévore, dit saint Grégoire, on ne peut plus voir le soleil de l'intelligence. Les passions précipitent dans une fosse profonde, dans des lieux de ténèbres, et dans l'ombre du sépulcre, dit le Psalmiste.
La seconde cause de l'aveuglement spirituel, ce sont les richesses, Les richesses aveuglent l'âme. De là vient que les poètes païens disent que Plutus, le dieu des richesses, est aveugle de naissance
Troisième cause : la paresse spirituelle..., la tiédeur
Quatrième cause : la corruption du cœur. L'insensé a dit dans son cœur : Il n'y a point de Dieu (Psaumes. 13. 1). Ceux qui sont corrompus ne voient pas la lumière, dit Job : (Job . 3, 16).
Plus on tombe et plus on reste dans le péché, plus on s'éloigne de Dieu, qui est la lumière incréée de qui nous vient toute clarté.
Il y a d'autres causes de l'aveuglement spirituel : 1. l'imprudence..., 2. l'imprévoyance..., 3. l'orgueil
L`ange déchu surtout nous aveugle
L`ange déchu, le dieu de ce siècle, dit saint Paul aux Corinthiens, a jeté dans l'aveuglement l'esprit des infidèles (2 Corinthiens 4. 4 ). Le Dieu du siècle est l`ange déchu, qui est le Dieu de ceux qui vivent selon le siècle : il est leur Dieu, non parce qu'il les a créés, mais parce qu'il les conduit par ses funestes suggestions et par de mauvais
exemples, et parce qu'il exerce sur eux son empire. Il est le père du mensonge, de l'orgueil, de l'erreur. Il commença par aveugler Adam et Ève. Dans le cours des siècles il n'a jamais cessé, autant qu'il a pu, d'aveugler les hommes et les peuples. Tous ceux qui obéissent à Satan, qui se donnent à lui , agissent par suite du plus déplorable aveuglement; car on ne doit attendre de l`ange déchu que malheurs en cette vie et surtout en l'autre. Se remettre entre les mains d'un ennemi cruel et implacable, de celui qui fut homicide dès le commencement, se livrer à un lion furieux, à un loup enragé, est un aveuglement qui va jusqu'à la folie et à la frénésie ; or, le démon est tout cela.
Jugez du nombre des aveugles spirituels par la multitude de ceux qui font la volonté du démon, qui sont ses victimes
Ravages et désordres de l`aveuglement spirituel
1 - L'aveuglement spirituel tue la foi.
2 - Il rend l'homme stupide. L'aveugle spirituel ne comprend plus rien aux choses de Dieu. Il ne s'inquiète ni d'où il vient, ni où il est, ni où il va.
3 - L'aveuglement spirituel enlève la sagesse. Je détruirai, dit le Seigneur par la bouche d’Isaïe, la sagesse des sages, en obscurcissant leur intelligence : (Isaïe 29, 14).
4 - L'aveuglement spirituel rend indocile; on ne veut plus obéir même à la vérité. C'est ce que saint Paul reproche aux Galates quand il leur dit : Galates insensés, qui vous a fascinés à ce point que vous n'obéissez plus à la vérité ? (Galates 3. 1)
5 - L'aveuglement spirituel détruit la vie divine. Ils ont l'esprit plein de ténèbres, dit saint Paul aux Éphésiens, et ils sont entièrement éloignés de la vie de Dieu, à cause de l'aveuglement de leur cœur (Éphésiens 4. 48).
Si nous disons que nous sommes unis à Dieu, et que nous marchons dans les ténèbres, nous mentons, dit l'apôtre saint Jean. Et quelle société peut-il exister entre la lumière et les ténèbres, dit saint Paul ( 2 Corinthiens 6,14)
6 - L'aveuglement spirituel engendre toutes les tentations. Ne peut-on pas appliquer à cet aveuglement ces paroles du Psalmiste: Vous amenez les ténèbres, et voilà la nuit : alors les bêtes des forêts se glissent dans (Psaumes 103. 20). Les voleurs cherchent les ténèbres ; le démon, qui dépouille de toute vertu, ne cesse d'être en quête des aveugles spirituels, et il leur enlève tout ce qu'ils pouvaient avoir de bien
7 - Les aveugles spirituels roulent d'abîme en abime ; ils vont de crimes en crimes; ils se plongent dans le mal, se vautrent dans toutes les souillures et y périssent. Comme les cadavres dans le tombeau, ils tombent en putréfaction.
8 – L’ aveuglement spirituel conduit à l'endurcissement.
Combien les aveugles spirituels sont malheureux
N’apercevant pas sont triste état, l'aveugle spirituel ne cherche pas à en sortir. Il croit n'avoir besoin de rien; et il ne voit pas qu'il est malheureux, pauvre, misérable et nu.
Au milieu de sa grandeur, l'homme, dit le Psalmiste, n'a pas compris sa destinée; il s'est fait semblable aux animaux, qui meurent tout entiers. La voie où il s'avance est l'aveuglement (Psaumes 48, 13. 14).
L'aveugle spirituel erre dans le désert du vice, et ne trouve pas le chemin de la cité des vertus (Psaumes 106, 4). Il est comme ces statues dont parle le Prophète royal : il a une bouche, et ne parle point ; des yeux, et ne voit point; il a des oreilles, et n'entend pas; des narines, et ne sent pas; il a des mains, et ne touche pas; des pieds, et il ne marche pas; son gosier ne rend point de son (oenr. 5-7).
Considérez, dit saint Paulin à Sévère, la vie que mènent les aveugles spirituels, et vous les trouverez semblables au cheval aveugle qui tourne sans cesse, en traînant une meule. Après s'être épuisés de fatigue chaque jour, ils arriveront à la mort sans avoir fait un pas pour le ciel (Epist, 4).
0 aveugles enfants d'Adam! pourquoi aimez-vous la vanité et cherchez vous le mensonge? Pourquoi préférez-vous les choses périssables aux impérissables, l'exil à la patrie, la terre au ciel, la créature au Créateur, le vice à la vertu, un étranger à Jésus Christ , l’ange déchu à Dieu, le temps à l'éternité, la mort à la vie? Pourquoi, pour un vil et passager plaisir, vous exposez-vous aux chagrins, aux douleurs, à une mort déplorable, et aux feux de l'enfer?
Châtiments de l’aveuglement spirituel
1 - L'AVEUGLEMENT spirituel attire la colère de Dieu- Que leurs yeux s'obscurcissent, dit le Psalmiste, afin qu'ils ne voient pas, et que leur dos soit toujours courbé sous la servitude. Versez sur eux votre fureur, Seigneur que le feu de votre colère les enveloppe (Psaumes 68, 24.25).
2 - Dieu abandonne l'aveugle spirituel. Mon peuple, dit le Seigneur, n'a point écouté ma voix ; Israël n'est point venu à moi et je les ai livrés aux désirs de leurs cœurs ; ils s'enfonceront dans leurs vaines inventions (Psaumes 80 12. 13). Je délaisserai ce peuple, dit le Seigneur; je lui cacherai ma face, et il sera en proie à tous les maux, et toutes les afflictions l'envahiront ( Deutéronome. 31, 17 ). Je lui ai caché mon visage, et il a erré dans la voie de son cœur ( Isaïe 57, 17 ).
3 - L'aveugle spirituel se châtie lui-même de ses propres mains. Et maintenant, voici que la main du Seigneur tombe sur toi, dit Saint Paul à Élymas, magicien, et tu seras aveugle, tu ne verras pas la lumière (Actes des apôtres 13. 11). C'est ce qui arrive à l'aveugle spirituel. Il ne veut pas voir, la main de Dieu s'appesantit sur lui, et l'aveuglement est sa peine, son plus terrible châtiment. Or, cette peine est un mal sans mélange d'aucun bien ; il souffre, mais sans mérite ; les souffrances qu'il endure et qui sont elles-mêmes un effroyable châtiment, deviennent un crime; en sorte qu'il se trouve puni non seulement d'avoir fermé les yeux à la lumière, mais encore de ce qu'il souffre, car il ne souffre que parce qu'il l'a voulu.
4 - Le ciel est fermé pour toujours à l'aveugle spirituel. Ils n'ont pas voulu connaître mes voies, dit le Seigneur; je jure dans ma colère qu'ils n'entreront jamais dans le lieu de mon repos (Psaumes). Il est dit dans l'Écriture que les anges frappèrent de cécité les infâmes habitants de Sodome, de manière qu'ils ne purent jamais trouver la porte de la maison de Loth : (Genèse 19, 11 ) . Tel est le châtiment que Dieu inflige aux aveugles spirituels : ils ne trouvent plus le chemin ni la porte du ciel
5 - Des ténèbres de l'aveuglement il tombe dans les ténèbres éternelles (Matthieu 8, 12). En s'abandonnant aux plaisirs criminels delà vie présente, l'âme aveugle, dit saint Grégoire, fait-elle autre chose que de se jeter les yeux fermés dans le feu éternel? (Lib. Moral.)
Regrets d’avoir été aveugle spirituel
Écoutez la Sagesse : Les impies, les aveugles tomberont sans honneur, ils seront flétris à jamais parmi les morts, car le Seigneur les brisera et ils demeureront muets; ils seront dans l'extrême désolation , et leur mémoire périra. Ils entreront tout tremblants dans la pensée de leurs péchés, et leurs iniquités s'élèveront contre eux pour les accuser (4 Sagesses 4, 19. 20). Alors les justes se lèveront avec une grande fermeté contre ceux qui les ont tourmentés et qui ont méprisé leurs travaux. A cette vue , les impies seront saisis d'une frayeur horrible, ils s'étonneront du salut inespéré des justes; se repentant et gémissant dans l'angoisse de leur âme, ils diront en eux-mêmes: Les voilà ceux que nous avions en mépris, et qui étaient l'objet de nos outrages ! Insensés, nous estimions leur vie une folie, nous croyions que leur mort serait sans honneur, et les voilà comptés à jamais parmi les fils de Dieu, et leur partage est parmi les saints ! Nous avons donc erré hors de la voie de la vérité ; la lumière de la justice n'a pas lui pour nous, et le soleil de l'intelligence ne s'est pas levé sur nous. Nous nous sommes lassés dans la voie de l'iniquité et de la perdition, nous avons marché dans des chemins difficiles, et nous avons ignoré la voie du Seigneur (Sagesses 5, 1-7).
Les aveugles spirituels se reprochent ici une triple erreur et une triple folie : 1 - d'avoir erré hors de la voie de la vérité. 2 - d'avoir agi de telle sorte que la lumière de la justice, c'est-à-dire de la raison et de la prudence, n'a pas lui pour eux; parce qu'ils l'ont méprisée volontairement et qu'ils ont voulu rester dans les ténèbres. 3 - d'avoir mérité que le soleil, c'est-à-dire Dieu et Jésus Christ qui éclaire tout homme venant en ce monde, ne se levât pas sur eux, parce qu'ils n'ont pas voulu lui ouvrir leur cœur.
C`est une vraie démence, dit saint Cyprien, de ne pas voir et d'ignorer que les passions trompeuses ne trompent pas longtemps. La nuit existe tant que le jour ne parait pas; mais le jour venu, le soleil levé, il est nécessaire que les ténèbres s'enfuient, et que les crimes qui se commettaient, cessent.
Aveugles spirituels, vous vous repentirez un jour, mais ce sera trop tard et inutilement. Comprenez et ouvrez les yeux à la lumière, tandis que vous le pouvez; travaillez tandis qu'il est jour; acceptez la grâce tandis qu'elle vous est offerte, de peur qu'ayant imité les vierges folles, vous n'en ayez le triste sort; et qu'ayant, comme elles, laissé éteindre la lumière de votre intelligence, vous ne la cherchiez avec larmes sans parvenir à la trouver.
Craignez qu'exclus des noces célestes, vous n'entendiez de la bouche de Jésus Christ, le souverain juge, ces terribles paroles : En vérité, je vous le dis, j e ne vous connais pas ( Matthieu. 25. 12).
Moyens pour sortir de l`aveuglement spirituel
POUR sortir de l'aveuglement spirituel, il faut :
1 - Vivre de la vérité..., vivre de l'immortalité..., vivre de l'éternité.
2 – Prier le Seigneur, disait le Psalmiste, éclairez mes yeux, pour que je ne m'endorme pas dans la mort, et pour que mon ennemi ne dise pas un jour : Je l'ai vaincu (Psaumes 17. 29)
3 - Nous approcher de Dieu et nous tenir près de l u i , et nous serons éclairés. (Psaumes 33. 6).
4 - Ouvrir les oreilles et les yeux à la foi : (Isaïe 42, 18).
5 - Se lever, secouer la paresse spirituelle, la tiédeur : Jérusalem, lève-toi, sois éclairée; car ta lumière est arrivée, et la gloire du Très-Haut s'est levée sur toi, dit Isaïe (60, 1).
6 - Ne pas différer d'agir. Marchez, dit Jésus Christ, tandis que vous avez la lumière, afin que les ténèbres ne vous enveloppent pas: (Jean 12, 35).
7 - Aller à Jésus Christ , qui est la voie, la vérité et la vie. Celui qui le suit ne marche point dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie (Jean 14, 6)
Dernière édition par MichelT le Dim 27 Aoû 2017 - 18:36, édité 3 fois
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
Re: Les Trésors de Cornélius Lapide - Hollande-Belgique - 17 eme siècle
Source : Les trésors de Cornélius Lapide – Belgique et Hollande - 17 eme siècle.
Le péché d`AVARICE
Qu`est-ce que l`Avarice?
Les richesses, dit saint Ambroise, sont appelées ainsi, parce qu'elles divisent et déchirent l'âme. Le mot avare signifie avide d'or, dit St Isidore ( Lib. X Origin. ).
Être avare, dit saint Augustin, ce n'est pas seulement aimer l'argent, mais poursuivre quelque chose que ce soit d'une ardeur, immodérée.
Quiconque désire plus qu'il ne lui faut, est avare.
Folie de l`Avarice
N'amassez pas, dit Jésus Christ en saint Matthieu, des trésors sur la terre, où la rouille et les vers dévorent, et où les voleurs fouillent et dérobent (Matthieu 6. 19). Remarquez ces trois genres de destruction : la teigne ronge les habits, la rouille consume le fer, les voleurs ravissent l'or et l'argent.
Jésus Christ détourne l'homme de l'amour des richesses pour trois motifs : 1 - parce qu'elles passent et se corrompent; 2 - parce qu'elles aveuglent l'esprit; 3 - parce qu'elles s'emparent de l'âme tout entière, et l'empêchent de servir Dieu.
.
Quelle folie, dit saint Chrysostome, de placer vos trésors dans un lieu que vous devez quitter, et de ne pas les envoyer là où vous devez aller ! Amassez des richesses là où est votre patrie ( les Cieux).
Le champ d'un homme riche avait rapporté une grande abondance de fruits, dit Jésus Christ , et le riche pensant en lui-même, se disait : Que ferai-je? car je n'ai pas de quoi renfermer ma récolte et tous mes biens. Mais voici ce que je ferai : j'abattrai mes greniers et j'en rebâtirai de plus grands; et j'y rassemblerai mes fruits et mes biens; et je dirai à mon âme : Mon âme, tu as beaucoup de biens rassemblés pour beaucoup d'années; repose-toi, mange, bois, et réjouis-toi (Luc. 12 16-19). Mais Dieu lui dit : Insensé, en cette même nuit on te redemandera ton âme; et les choses que tu as, à qui seront-elles?(Luc 12,20) Tel sera le sort de celui qui s'amasse beaucoup d'or et qui n'est point riche en Dieu : (Luc. 12, 21 ).
Ce que nous ne pouvons pas emporter avec nous, ne nous appartient pas, dit Saint Ambroise; la vertu seule est la compagne des défunts. Le sage seul est riche, car il ne désire rien.
Dans sa folie, l'avare entasse, et il ignore pour qui il amasse des trésors, dit le Psalmiste (Psaumes 38, 7 ). Il laissera ses richesses à des étrangers, et il ne lui restera que le sépulcre (Psaumes 48, 11- 12),
La seule vue de l'or émeut l'insensé, et lui fait aimer la vaine apparence d'une chose sans vie , dit la Sagesse ( 15. 5 ).
Triste état de l’avare
Si vous considérez l'âme de l'avare, vous la trouverez semblable à un habit rongé de vers; vous la verrez percée cruellement de toutes parts, gangrenée par le péché et couverte de la rouille du mal. Au contraire, l'âme de l'homme charitable et désintéressé brille comme l'or, resplendit comme le diamant, s'épanouit comme la rose. Elle ne craint ni la teigne, ni la rouille, ni les larrons; elle échappe à l'inquiétude que donnent les affaires d'ici-bas
Ceux qui veulent devenir riches, dit Saint Paul à Timothée, tombent dans la tentation et dans les pièges du démon, et en bien des désirs inutiles et pernicieux qui précipitent les hommes dans l'abime de la perdition et de la damnation. Car l'avarice est la racine de tous les maux; elle fait perdre la foi et jette dans de grandes douleurs.
Ennuis, courses, veilles, déceptions, chagrins, craintes, travaux, contradictions, désespoir, etc , voilà les fruits que recueille l'avare. Se servir de l'or ou de l'argent est une bonne chose, dit Saint Bernard; en abuser, est mal ; le rechercher par avarice et l'aimer, c'est une conduite honteuse et dégradante ( De Considérât., c. xrv )•
Fuyez l'avarice, dit saint Prosper; si vous voulez les richesses, vous serez accablés de difficultés pour les découvrir, de travail et de peines pour vous les procurer, de souci pour les garder, d'amertume pour en jouir, de douleur en les perdant (De Vit. contemplât., lib. II, c. xm).
Selon les poètes et la fable, Plutus, dieu des richesses, est aveugle de naissance, et il aveugle ceux qui L'honorent, dit Clément d'Alexandrie (Lib. IV Strom.).
Sacrifiez votre argent, dit saint Augustin, pour acheter le repos et le temps de servir Dieu. L'abondance où se trouve le riche ne lui permet pas de dormir, dit l'Ecclésiaste.
Jésus Christ appelle les richesses des épines (Matthieu 13. 22).
Montrez-moi, dit saint Chrysostome, la conscience de l'avare, vous y verrez une foule de péchés, une crainte continuelle, l'agitation, le trouble, des frayeurs de toutes sortes, le soupçon et l'anxiété; l'avare craint même les esprits, il redoute les ombres, ses serviteurs les plus fidèles, les étrangers qui lui arrivent, sa compagne qu'il a rendue semblable à lui ; que dis-je ? il se redoute lui-même (Homil ad pop.).
L’avare est tout à sa passion
Ou est votre trésor, là est aussi votre cœur, dit Jésus Christ en saint Matthieu ( 6. 21). C'est-à-dire, ce qui cause votre joie , ce que vous estimez, ce que vous aimez, ce que vous chérissez, ce que vous poursuivez avec ardeur, possède votre cœur tout entier. Et ce n'est pas la passion de l'avarice seule qui s'empare ainsi de l'homme, mais toutes les autres.
Que votre âme ne s'enfouisse pas dans un vil métal, mais qu'elle s'élève vers le ciel, dit saint Jérôme ( Ad Paulin. ).
Saint Antoine de Padoue raconte qu'après la mort d'un avare, on trouva son cœur au milieu de l'or qui remplissait son coffre-fort.
Avares, vous ne pensez qu'à l'or, vous n'aimez que l'or; mais quel or est comparable à Dieu ! Vous recherchez les richesses; mais quelles richesses valent la possession de Dieu!
Si vos richesses se multiplient, n'y attachez pas votre cœur, dit le Psalmiste .
L’avare ne peut pas servir Dieu
Nul ne peut servir deux maîtres, dit Jésus Christ. Vous ne pouvez servir Dieu et l'argent (Matthieu 6. 24).
La fortune et une conscience en bon état sont choses à peu près incompatibles, dit Sénèque (In Prov. ).
Pauvreté de l’avare
Moins vous serez cupide, plus vous serez le maître de votre fortune, dit saint Bernard. L'avare a faim des richesses de la terre comme un mendiant; le vrai chrétien les méprise comme un maître (Serm. in Cant.).
Écoutez Sénèque : L'indigent manque de beaucoup de choses, l'avare manque de tout (Epist. cvni).
Celui, dit Saint Ambroise, qui ne peut pas emporter avec lui ce qu'il a , n'est pas riche ; car ce qu'on est forcé de laisser ici-bas, ne nous appartient pas : c'est un bien étranger.
Les riches, dit le Psalmiste, ont souffert l'indigence et la faim; ceux qui cherchent le Seigneur auront tous les biens en abondance.
Il est un mal que j'ai vu sous le soleil, dit Salomon dans l`'Ecclésiaste, et qui est même fréquent parmi les hommes : c'est l'homme à qui Dieu a donné les richesses et l'opulence sans lui donner le pouvoir d'en jouir; ses biens deviendront la proie d'un étranger. En vérité, cela est vanité et grande misère . Voilà le triste état de l'avare bien dépeint parle Saint-Esprit.
La volonté d'amasser, appauvrit, l'envie dévore, la soif de posséder réduit à la misère. En effet, on possède seulement ce dont on se sert; or, l'avare n'use pas de ce qu'il a, donc il n'a rien. L'argent qu'il enfouit dans la terre n'est pas à l u i , mais à la terre elle-même. Celui qui paierait un impôt égal à son revenu, serait dans l'indigence; or, la passion de l'avarice prélève un impôt si lourd, qu'elle enlève, à celui qu'elle domine, et le revenu et le capital.
L'envieux, qui se hâte d'atteindre l'opulence, disent les Proverbes, ne voit pas que la pauvreté fond sur lui (Proverbes 28. 22).
Les richesses, dit saint Augustin, ne préservent pas de la disette. L'avare souffrira d'autant plus de la pauvreté qu'il s'attachera davantage à ses richesses, et que celles-ci seront plus grandes.
Que l'avare médite souvent ces paroles de Job (20. 15) : Il vomira les richesses qu'il a dévorées ; Dieu les arrachera de ses entrailles Celui qui a amassé de l'argent, l'a mis dans une bourse qui n'a pas de fond, dit le prophète Aggée ( 1. 6).
Cherchez avant tout le règne de Dieu et sa justice, dit Jésus Christ , et le reste vous sera donné par surcroit (Matthieu 6. 33)
Les apôtres, pêchant toute la nuit, ne prirent aucun poisson, parce que Jésus Christ n'était pas avec eux ; mais aussitôt que Pierre lança son filet à la parole de son divin Maître, il prit une grande quantité de poissons ( Luc. 5. 5 ).
0 avare! s'écrie saint Basile, vous ne savez dire qu'une chose : Je n'ai pas, je ne donnerai pas ; car je suis pauvre aussi. Oui, vous êtes pauvre ; vous manquez de tous les biens. Vous êtes pauvre de charité, pauvre de bonté , pauvre de confiance en Dieu, pauvre d'éternelle espérance (Homil. vu in Divitesavaros).
O riche, vous ignorez combien vous êtes pauvre !...
La nature ne connaît pas de riches; elle a engendré tous les hommes dans la pauvreté; elle les a mis au monde nus, elle les enferme tous dans la même demeure, le sépulcre.
L'avare n’est jamais rassasié
Cela démontre bien la pauvreté de l’ avare, c est qu’ il n’a jamais assez et que jamais il n` est rassasié. L’avare change son opulence en pauvreté. Le riche est un hydropique, dit saint Augustin, plus il a, plus il désire (DeMorib.).
Plus on boit, plus on veut boire, dit le poète.
Leurs richesses se sont augmentées, dit Ovide, et avec elles la soif insatiable de l'opulence; plus ils possèdent, plus ils veulent posséder: {Lib. Fastorum)
L'avarice est semblable au feu qui croit en raison des aliments qu'il rencontre. L'avare, dit l’Ecclésiaste, ne se rassasiera jamais d'or ; celui qui aime les richesses, n'en jouira pas (Ecclésiaste 5. 9). L'univers ne suffit pas à l'avare ; et cependant un jour viendra où il sera forcé de se contenter d'un cercueil, que même il ne possédera pas seul ; les vers le lui disputeront, et s'en rendront maîtres!...
Les richesses sont données afin qu'on en use avec sobriété. Celui qui mange au-delà de ce qui lui est nécessaire, éprouve des vomissements.
Naboth, dit l'Écriture, possédait une vigne près du palais d'Achab, roi de Samarie. Achab lui dit : Donne-moi ta vigne (3 Rois 21 1,2). O riche avare! s'écrie saint Ambroise, commentant ce passage, tu ne sais pas combien tu es pauvre, toi qui te dis riche ! Plus tu as, plus tu convoites ; et quand tu atteins l'opulence, il te semble encore que tu n'as pas assez. L'or alimente l'avarice et ne l'éteint pas. La cupidité a d'innombrables degrés; plus elle en franchit, plus elle veut en franchir ; plus elle monte, plus elle tombe de haut. L'Écriture nous enseigne combien l'avare est affamé; elle nous montre comme il mendie honteusement. Achab était roi d'Israël, et Naboth pauvre. Achab abondait en richesses, Naboth ne possédait qu'un petit champ. Naboth pauvre ne désirait point les richesses d'Achab. Et ce roi laissa voir qu'il était dans la disette, puisqu'il désirait la vigne de Naboth. Donne-moi ta vigne. Que prouve cette demande, sinon le besoin? Donne-moi, parce que je n'ai pas ce qu'il me faut. Quelle abjection! quelle pénurie ! voilà l'avare
Ne pouvant faire entrer l'or dans son cœur, l'avare le remplit de désirs insatiables; mais ces désirs ne sauraient en combler le vide; il lui faudrait y verser l'or, qu'il est forcé de laisser dans ses coffres.
L'avare ne peut se rassasier ; car, 1 - l'avarice ne dit jamais : C'est assez ; 2 - sa soif augmente ; 3 - l'argent ne nourrit pas ; 4 - l'avarice ne remplit pas le cœur; 5 - toutes les richesses qu'elle amasse sont vanité : elles font le vide plutôt qu'elles ne le comblent, selon ces paroles de la Genèse : La terre était stérile et nue ( Genèse 1 . 2 ).
Que sont les trésors, qui augmentent la disette à mesure qu'ils s'accroissent, qui laissent à leurs poursuivants une soif d'autant plus cruelle qu'ils sont plus abondants ? L'argent ne ferme pas la gueule de l'avarice et ne remplit pas son ventre, mais il le dilate; il ne rafraîchit pas, mais il brûle. Les avares ne se contentent pas d'un verre d'eau, parce qu'ils ont soif d'un fleuve.
Le pauvre, dit saint Chrysostome, ne désire pas le nécessaire avec autant d'ardeur que le riche avare désire le superflu. L'avare ressemble à ces terres arides et sablonneuses que la pluie ne rassasie pas, mais qui absorberaient des torrents d'eau et reviendraient presque immédiatement à leur sécheresse première, demeurant toujours avides d'arrosement. Quoiqu'il amasse d'immenses richesses, l'avare a toujours soif; et plus il reçoit, plus il désire. Comme les sables, bien qu'arrosés souvent, ne produisent aucun fruit, l'avare, bien qu'amassant sans cesse, ne fait pas d'aumônes. Ses richesses périssent en lui et avec lui. Ce qui fait dire à saint Chrysostome que l'avare soupire plus ardemment après l'argent et en a plus soif que le mauvais riche, dans l'enfer, n'a soif d'eau; car il n'en demande qu'une goutte, et l'avare veut un océan (BomiL ad pop.)
L'avare, dit saint Bernard, ne se rassasie pas plus d'or, que nos poumons ne se rassasient de l'air qu'ils aspirent.
Le feu ne dit jamais : C'est assez. (Proverbes 30. 16). Le feu ne s'arrête que lorsqu'il n'y a plus rien à dévorer, alors il s'éteint; l'avarice dévorerait tout, qu'elle ne s'éteindrait pas. Elle ne se réjouit pas de ce qu'elle tient, dit saint Basile, mais elle se tourmente pour avoir ce qu'elle ne tient pas. Elle ressemble au chien , qui, en avalant une bouchée du pain que vous lui jetez, ne s'occupe qu'à regarder la seconde et à se préparer à la manger. L'avare ne jouit pas de ce qu'il a amassé; il est torturé par le désir ardent d'avoir davantage. L'avare fond surtout comme la mort; il désir tout engloutir comme l'enfer, dit saint Chrysostome, il voudrait être seul sur la terre pour la posséder seul.
Voilà pourquoi Saint Luc (16. 2 3 ) , racontant les tourments du riche avare dans l'enfer, dit : Élevant ses yeux lorsqu'il était dans les supplices, il vit de loin Abraham et Lazare. Il était dans les tourments, dit saint Chrysostome, il n'avait de libre que ses yeux, et il les employait à regarder les richesses d'autrui.
Quelle est, dit saint Augustin, cette avidité de la passion de posséder? Les bêtes féroces s'arrêtent : elles se jettent sur leur proie lorsqu'elles sont affamées, mais elles l'épargnent lorsqu'elles sont rassasiées. Seule la faim des richesses est inexplicable; elle dévore toujours, et jamais elle n'est rassasiée. L'avare ne craint pas Dieu, il ne respecte pas l'homme, il n'épargne pas son père, il ne connaît pas sa mère, il méprise son frère, il trahit son ami.
L'argent ne rassasie pas l'avare, il l'irrite, dit Sénèque.
L'œil de l'avare , dit l'Ecclésiastique, est insatiable dans son iniquité ; et il ne sera rassasié que lorsqu'il aura desséché et consumé son âme. L'œil de l'avare est tourné vers le mal l'avare ne se rassasiera pas de pain , mais il sera triste et dans le besoin auprès de sa table (Ecclésiastique 14. 9,10).
Ceux qui amassent l’or et l'argent, en qui les hommes se confient, ne sont jamais rassasiés. (Baruch.3. 18, 19. ]
Avare, s'écrie saint Basile , par votre insatiable cupidité, vous faites beaucoup de mal. La mer a ses bornes, l'avare n'en a pas. Vous avez des domaines : qu’acquerrez-vous ensuite? cinq pieds de terre !
L'avarice est un gouffre sans fond, dit saint Ambroise.
L’avarice est un accablant fardeau
L'on est lourd de sa nature ; l'avarice en fait un fardeau écrasant qui pèse plus encore sur l'âme que sur le corps. Voyez, dit saint Augustin, cet homme chargé du poids de l'avarice ; voyez-le courbé sous son fardeau, haletant, dévoré de soif, ne travaillant qu'à augmenter sa charge. Qu'attends-tu, ô avare? pourquoi t'épuises-tu? après quoi respires-tu? que convoites-tu? Tu veux assouvir ta passion qui te possède ? Elle peut te torturer : tu ne saurais la rassasier. Ne te pèse-t-il pas, ce fardeau qui t'écrase au point de te faire perdre connaissance? Ne te pèse-t-elle pas, cette passion qui t'éveille et qui ne te permet pas de dormir…
Aveuglement de l’avarice
Celui qu'on enchaîne pendant qu'il dort, ne s'aperçoit de ses chaînes de I avarice à son réveil, il veut se lever; de même ceux qui ont des richesses éprouvent pour elles une affection secrète qui les l i e , et qu'ils ne sentent que lorsqu'ils viennent à les perdre ou bien à y renoncer.
L'avare ne possède pas l'or, c'est l’or qui le possède; il en est le serviteur et l'esclave.
Le Romain Curius refusa l'or des Samnites, en disant : J'aime mieux gouverner l'argent et ceux qui l'ont, que de me laisser gouverner par lui ( Vita Maxim. ).
Les avares, dit Sénèque, ont les richesses de la même manière que nous disons que nous avons la fièvre, tandis que c'est elle qui réellement nous maîtrise. Nous devrions rectifier notre langage et dire : La fièvre le tient; les richesses le tiennent ou plutôt le torturent.
Celui qui est l'esclave des richesses, dit saint Jérôme, veille sur elles comme un serviteur; au contraire, celui qui secoue leur joug, les distribue en maître (2).
Si vous savez user de votre argent pour faire le bien, dit Sénèque, votre argent est votre serviteur ; si vous ne le savez pas , il est votre maitre (in Prov. ).
Les richesses servent le sage et elles lui appartiennent : au contraire, elles commandent à l'insensé et il leur appartient. Les avares sont garrottés par l'amour des richesses ; elles les enchaînent, et les liens dont elles les chargent sont plus lourds et plus forts que des chaînes de fer. Ce qui fait dire à saint Chrysostome : Comment l'homme qui est conduit en laisse par l'avarice vaincrait-il ses ennemis ? Les richesses sont une chaîne pesante pour ceux qui ne savent pas en user ; elles sont un tyran cruel, inhumain, qui commande à ses victimes tout ce qui peut tourner à leur ruine. Mais si l'on voulait, on briserait leur joug , on secouerait leur tyrannie; et comment? en faisant d'abondantes aumônes. Tant qu'on se trouve seul à seul avec Plutus, comme avec un voleur, en un lieu écarté et solitaire, il vous fait beaucoup de mal et vous terrasse ; mais lorsqu'on l'amène en présence de la foule, il perd sa force, est vaincu, et subit les liens dont les pauvres le chargent en s'entraidant.
Il faut commander aux richesses, et non les servir, dit Sénèque.
L'avare, dit excellemment saint Chrysostome, est le gardien et non le maître de ses richesses ; il en est l'esclave, et non le possesseur. Il donnerait, en effet, plutôt un de ses membres qu'une pièce d'or de sa cachette; il s'abstient d'user de son bien, comme s'il était à autrui. Et, en effet, il ne lui appartient pas; comment regarderait-il comme sien un trésor dont il ne se permettrait pas de distraire une obole pour la donner ni pour s'en servir dans un besoin pressant, et quelle que fût l'extrémité qui le menaçât?
L'avare ne tire aucun avantage de ses richesses, ajoute ce grand docteur; il fait état de ne rien posséder. S'il travaille, c'est pour ses héritiers et avec perte et grand danger pour son âme. Ses sueurs et ses veilles sont sans utilité pour lui ; sa mort même, qu'amènent les privations familières aux avares, ne lui est d'aucun profit (Homil. n ad pop. ) .
N'est-ce pas honteux que celui qui a tant de richesses ne s'appartienne pas à lui-même? dit Diogène (2).
Saint Augustin montre que l'avarice ordonne des choses beaucoup plus pénibles que celles que Dieu commande. L'avarice, dit le Seigneur , impose des obligations difficiles, et moi des devoirs faciles; son joug est pesant, le mien est agréable; son fardeau est accablant, le mien, léger. Ne vous laissez pas dominer par l'avarice. L'avarice vous ordonne de traverser les mers, et vous lui obéissez ; elle vous ordonne de vous exposer aux tempêtes et aux naufrages, et vous le faites : pour moi, j'exige seulement que vous donniez aux pauvres qui viennent frapper à votre porte ce que vous pouvez leur donner. Et lorsque vous êtes assez intrépide pour vous aventurer sur l'Océan, vous n'avez pas le courage de faire une bonne action qui se trouve sous votre main ! L'avarice commande, et vous la servez; Dieu commande , et vous ne tenez compte ni de lui ni de ses ordres.
Vous obéissez à l'avarice, qui, loin de vous donner aucun bien, vous accable de maux; et vous refusez d'obéir à Dieu, qui vous comblerait de biens et vous préserverait de tout mal !...
L'avare se laisse prendre par l'or comme l'oiseau au filet, dit saint Grégoire de Nazianze.
Quand l'or fait entendre sa voix, dit le même docteur, toute supplication parait froide.
Saint Augustin dit très-justement : Avant d'avoir rien gagné, l'avare se perd lui-même; avant d'avoir quelque chose, il devient esclave. Celui, dit-il ailleurs, qui sait se servir de son or en est le maître; mais celui qui ne sait pas s'en servir à l'or pour despote. Soyez les maîtres de l'or et non ses esclaves; car Dieu, qui a fait l'or, vous a créés supérieurs à ce métal : il a fait l'or pour votre usage, et il vous a faits vous-mêmes à son image et pour lui seul. Envisagez ce qui est au-dessus de vous, et foulez aux pieds ce qui est au-dessous.
L'or est un tyran caché, dit saint Grégoire de Nazianze.
Tous les avares périssent enchaînés par l'argent, dit le prophète Sophonie : (1.11 ).
L'avare, dit saint Ambroise, est toujours dans les filets, toujours dans les chaînes; il n'est jamais libre, parce qu'il est toujours dans le péché (De Caïn.).
C'est une nécessité, dit saint Augustin, que celui qui ne respire que pour les choses terrestres, s'éloigne des choses célestes. L'avarice nous attache à la terre, à la boue, car l'or n'est pas autre chose, et elle ne nous laisse pas même dormir en paix .
NE vous inquiétez point pour votre vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps comment vous le vêtirez, dit Jésus-Christ en Saint Matthieu. La vie n'est-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement? ( Matthieu 6. 25. ) Or, l'avare oublie entièrement sa vie et son âme, et ne s'occupe que de son trésor. Quel aveuglement... Insensés qui ne vous appliquez qu'à amasser des richesses, cette nuit même vous mourrez !
L'avare est dans les ténèbres. Il était nuit, dit l'Évangile, lorsque Judas sortit pour aller vendre son maître par avarice ( Jean. 13 30 ) .
Hommes aveugles qui passez votre vie à poursuivre la richesse , vous ignorez même souvent pour qui vous travaillez, pour qui vous vous épuisez (Luc. 12. 20). Vous travaillez pour les autres, et jamais pour vous ; que dis-je vous travaillez contre vous.
Vous cherchez votre bonheur dans l'opulence, dit saint Bernard; mais Dieu ne nous a pas chassés du paradis terrestre pour nous en procurer un autre ici-bas (Serm. in Cant.). C'est un grand aveuglement de chercher son bonheur là où jamais on ne l'a trouvé, et où jamais on ne le trouvera.
L'or qu'on cherche au fond des entrailles de la terre, dit saint Augustin, est conservé par suite des ténèbres du cœur. Le poursuivre fait des damnés, l'aimer a produit Judas, et pourtant l'avare le préfère à Jésus Christ.
Plutus, Dieu des richesses, est aveugle de naissance, et il rend aveugles ceux qui le servent, comme déjà nous l'avons dit.
Que préférez-vous, dit saint Augustin, ou d'aimer les choses temporelles et de passer avec le temps, ou de ne pas les aimer, et de vivre éternellement avec Dieu? Le Seigneur vous a donné toutes les choses créées : en reconnaissance, aimez-le. Il veut vous donner plus que de l'or, il veut se donner lui-même à vous. Mais si vous vous attachez aux biens d'ici-bas, quoiqu'ils viennent de lui , et que vous le négligiez, votre amour n'est-il pas adultère? Les biens que Dieu vous prodigue sont une invitation à l'aimer. Si vous lui préférez ses présents, vous ressemblez à l'épouse qui préfère l'anneau d'or que lui a donné son époux à son époux lui-même, affection qui est certainement adultère ( Serm. xxvin de verbis Domini).
Par amour pour les richesses périssables, dit saint Cyrille, l'avare sacrifie les richesses célestes et impérissables. Il a des yeux , et il ne voit pas ; il abandonne les biens véritables pour ceux qui sont faux ce qui dure pour ce qui passe, le ciel pour la terre; il troque des trésors infinis contre la pauvreté, la gloire contre la misère, le certain contre le douteux, le bien contre le mal, la joie réelle contre l'affliction. II amasse au dehors des futilités et il s'appauvrit intérieurement; il s'attache aux bagatelles qui disparaissent; il possède la terre, et l'enfer le tient Il dévore, et son estomac ne peut supporter la nourriture qu'il prend; il aime ce qui le tue, il acquiert pour perdre, il conserve précieusement ce qui lui causera un repentir impérissable, il se charge pour tomber plus rapidement dans J'abime éternel.
Il est certain, dit saint Grégoire, que celui qui désire s'enrichir, néglige d'éviter le péché ; ébloui comme l'oiseau par le miroir du chasseur, il regarde avec avidité l'appas des richesses, et ne voit ni n'évite le filet du péché (Pastor, admon. xxi).
Les avares sont tellement aveugles, qu'ils ne remarquent pas combien ils sont coupables; ils regardent l'avarice comme une vertu, ils l'appellent de l'ordre : voilà pourquoi ils ne se convertissent jamais. On résiste souvent aux autres penchants, on dompte les autres passions : jamais on ne triomphe de l'avarice; elle va, au contraire, toujours croissant, à mesure qu'on approche de la mort qui, en une minute, dépouille de tout ce que l'on avait amassé.
Néant des richesses
L'homme erre au milieu des fantômes, dit le Roi-Prophète; il s agite et s'agite en vain; il amasse des trésors, et il ignore qui les possédera (Psaumes 38, 7). Celui qui se fie en son opulence tombera, disent les Proverbes (11 28). Les richesses sont pour l'avare une idole, le bonheur, la force, tout son bien, tout son espoir et toute sa joie; mais cela même est futile, trompeur et vain.
L'avare porte ses richesses dans ses mains, dans ses vêtements; son cœur est vide.
La mort épargne-t-elle l'opulence? s'abstient-elle de frapper celui qui possède de l'or?
Les richesses sont des embûches pour l'Âme, l'hameçon de la mort, un aliment de péché.
L`avare est défiant
Déposez le fardeau de vos misères dans le sein du Seigneur, dit le Psalmiste, et il soutiendra votre Âme. Le Seigneur est mon pasteur, je ne manquerai de rien ; il m'a placé lui-même au milieu de ses pâturages: (Psaumes 22 1. 2). Or, l'avare se défie toujours de Dieu, de la Providence, des hommes et de tout ce qui l'environne
L'avare porte envie à toutes choses, aux hommes, à la terre, etc.
L'envie a perdu les mauvais anges...; elle a perdu Adam et Ève Voyez à quel excès elle a conduit Caïn....
L'envie, dit saint Bernard, est le ver rongeur de l'âme; elle fatigue les sens, brûle les entrailles, affecte l'esprit, ronge le cœur. L'envieux veut ce qui ne lui appartient pas, et il ne recueille que péchés (Lib. de Consid.).
La prospérité d'autrui torture l'avare...,.
L`avare est traitre
Qu`est-ce qui a fait Judas? l'avarice Ce traître était ivre d'avarice, dit saint Jérôme. Elle le possédait tellement, qu'il tremblait que Jésus Christ n'échappât à ceux qui étaient venus pour le saisir ; il redoutait de perdre ses trente deniers, car il ne les avait pas encore reçus. C'est lui-même, leur dit-il, prenez-le et liez-le fortement : (Matthieu 26. 48). L'or est un serviteur qui nous trahit
L'avare vendrait Dieu. Voyez Judas : Que voulez-vous me donner , et je vous le livrerai, dit-il aux princes des prêtres (Matthieu 26. 15 .)
L'avare trahit sa conscience..., les hommes..., ses amis..., sa famille. Il n'y a rien de sacré pour lui . La chute de Judas nous montre combien l'avarice est un grand mal, et à quels excès elle porte. Elle fut la cause de la trahison de cet apôtre, de son hypocrisie, de son désespoir, de son suicide, de son éternelle damnation et de la mort de Jésus Christ.
Injustice de l`avare
C'est une erreur, dit saint Chrysostome, de croire que les choses d'ici-bas soient à nous et nous appartiennent en propre. Rien ne nous appartient, tout est à Dieu qui le donne .
Le riche mourut, dit l'Évangile, et fut enseveli dans l'enfer (Luc. 16, 22). Il fut enseveli dans l'enfer â cause de son avarice, de sa dureté, de son mépris pour Lazare, de sa coupable injustice envers ce pauvre souffrant.
En effet, nous dit saint Chrysostome, c'est un vol de ne pas donner lorsque l'on a. (In Evang.). Ce n'est pas parce qu'il était riche, ajoute saint Chrysostome, qu'il est tourmenté, mais parce qu'il n'a pas eu pitié de Lazare (Ut supra). En ne faisant pas l'aumône, il commettait donc un crime. Votre âme ne vous appartient pas, dit encore saint Jean Chrysostome , comment vos richesses vous appartiendraient-elles? Ne dites donc pas : Je ne dépense que ce qui est à moi ; vos biens ne sont pas à vous, ils appartiennent aux pauvres.
L'or et l'argent m'appartiennent, dit le Seigneur des armées (Aggée 2, 9 ) . Saint Augustin part de là pour harceler les avares : Si, dit-il, l'or et l'argent sont à Dieu, lorsque Dieu vous ordonne de donner aux indigents, il vous ordonne de donner son propre bien; et lorsque vous faites l'aumône, vous la faites avec des fonds qu'il vous prescrit de distribuer, et non pas avec ce qui vous appartient. Dieu, ajoute le même saint docteur, donne l'or aux hommes charitables pour qu'ils exercent la charité et qu'ils obéissent à la voix de l'humanité ; et il le donne aux avares pour punir leur cupidité. Si vous cherchez à vous enrichir, vous perdrez inévitablement la justice; si au contraire vous voulez être juste, vous sacrifierez la richesse.
Du superflu l'avare fait le nécessaire : il n'y a point de charité dans son cœur....
L'avare vit d’égoïsme ; il n'a ni compassion, ni charité, ni entrailles C'est une espèce de tigre domestique
L`avarice rend cruel
L'avarice rend cruels et atroces tous ceux qui la servent, dit saint Chrysostome. ( Homil. ad pop. ).
Celui qui est sans pitié repousse même ses proches, disent les Proverbes ( 11. 17 ). L'avare est cruel pour son âme, pour son corps, pour ses parents, pour le prochain et pour Dieu.
L'avarice est une maladie grave, qui rend aveugle, sourd, et pire que les bêtes féroces, dit saint Chrysostome. (Homil. ad pop.).
L`avarice est un crime
Il n'y a personne de plus coupable que l'avare. Car l'avarice est une grave injure faite à Dieu, auquel elle préfère l'or. Elle est un tort fait à l'État, qu'elle remplit d'usures, de vols, de fraudes, de procès, de séditions, de meurtres, de haines, etc. Elle nuit à l'avare
lui-même, qu'elle souille et corrompt, et que l'amour de l'or conduit en enfer. Elle est un crime envers les pauvres. Elle violente l'or lui-même; car sa destinée et , si je puis m'exprimer ainsi, son bonheur est de satisfaire aux besoins communs des hommes : c'est pour cela que Dieu l'a créé. L'avare s'oppose à ce qu'il atteigne cette fin; il le renferme et l'annihile. Mais ce qu'il refuse aux hommes, il l'accorde à l'enfer, qui lui achète son âme. L'avarice insulte à tous les éléments, aux cieux, à la terre. Elle insulte à toutes les lois, à toutes les vertus; elle les méprise et les foule aux pieds.
L`avare est un despote
Ne sont-ce pas les riches (dévorés d'avarice) qui vous oppriment par leur puissance dit l`apôtre saint Jacques, et qui vous traînent devant les tribunaux ? ( Jacques 2 6. ) Les richesses, en effet, égarent l'esprit de l'avare devenu opulent, au point de lui faire croire que tout lui est permis ; qu'il doit commander; qu'il faut que les pauvres lui obéissent et qu'ils deviennent des serviteurs et des esclaves, dont il usera impunément pour accroître son faste et ses richesses. Le riche avare dévore le pauvre, comme les gros poissons dévorent les petits; et si quelqu'un s'avise de lui résister, il entre en fureur, il ne pardonne pas. Il s'attribue tout et rien aux autres ; il se croit supérieur à son entourage et s'imagine que nul ne doit lui résister. L'âne sauvage est la proie du lion dans le désert ; ainsi les pauvres sont la proie des riches (avares), dit l'Ecclésiastique (13. 23).
L`avarice corrompt le cœur
Pourquoi l'avare est-il idolâtre plutôt que les esclaves des autres vices? En voici les raisons : Premièrement, les avares placent toute l'espérance de leur vie dans leurs richesses; ils les regardent par conséquent comme leur Dieu. Secondement, les idolâtres adorent des statues d'or et d'argent : l'avare fait-il autrement? Troisièmement, l'avarice est insatiable Quatrièmement, elle occupa l'homme tout entier, et toujours
Les avares aiment et adorent les richesses; car ils ne pensent et n'agissent que pour s'en procurer, pour les conserver, les augmenter ; ils leur consacrent leur corps, leur cœur, leur âme, leurs soins, leurs sueurs, leurs travaux, leur sommeil, leurs veilles, leur vie. Ils obéissent en tout à leur passion; ils mettent en elle tout leur bonheur et leur dernière fin. Pour elle, ils négligent le culte de Dieu, ils violent ses préceptes, et nient sa providence.
Le roi Nabuchodonosor, dit Daniel, fit une statue d'or. Le peuple se tenait devant elle; des hérauts criaient : Prosternez-vous, adorez la statue d'or ; et le peuple se prosterna, et il l'adora, etc. (Daniel 3. 1). Ainsi fait l'avare Le veau d'or est le dieu de ce siècle
L’avare est son mortel ennemi
L'avare ne se montre bon envers personne; il est implacable pour lui-même, dit Sénèque.
Malheur à vous, s'écrie le prophète Isaïe, qui joignez maison à maison, et terre à terre ! ( Isaïe 5. 8. )
Malheur aux riches ! s'écrie Jésus Christ (Luc. 6. 24.)
Quelque douce que soit l'eau des fleuves, elle devient amère ci entrant dans l'Océan. Telle est l'image des richesses de ce monde. Ceux qui les possèdent s'en réjouissent durant le cours de la vie ; mais quand ils arrivent au gouffre de la mort, où tout aboutit, ils ne trouvent qu'amertume et que déception
Les richesses, dit saint Ambroise, sont une terrible occasion de péché; elles enflent, elles enorgueillissent, elles font oublier le Créateur (Lib. de Cain. et Abel.).
L’avarice est la source de tous les péchés
Le principe de tous les maux, de tous les péchés, c’est l'avarice dit saint Paul ( 1 Timothée 6, 10). Fuyez donc, homme de Dieu, fuyez l'avarice.
L'avarice, die saint Ambroise, ne recule devant aucun péché : elle les enfante tous ; car, pour assouvir ses désirs, ce qui est impossible, elle a recours aux maléfices, elle se rend coupable d'homicide, d'impuretés et de tous les crimes (Lib. de Cain. et A bel. ) .
Les mœurs des Romains ont été corrompues par l'avarice, dit Juvénal. Depuis que la pauvreté de Rome a disparu, tous les crimes, toutes les corruptions y abondent.
L'avarice se rit de tous les droits Les richesses sont une occasion de vanité, de gourmandise, de luxure, d'ivrognerie, de paresse, et de tous les excès.
L'avarice engendre l'incrédulité; elle ne craint ni Dieu, ni son jugement redoutable , ni l'enfer. Les avares négligent la religion, ils violent les préceptes sacrés de Dieu et de l'Église ; et comme un crime en attire un autre, il arrive que le riche avare, croissant en orgueil, en ambition, en injustice, en toute espèce de désordres, tombe enfin dans l'hérésie, dans l'athéisme, dans l'idolâtrie, comme il advint de Salomon.
Laertius disait que l'avarice est la métropole de tous les vices. Les enfants de l'avarice sont : la trahison, la fraude, les déceptions, le parjure, l'inquiétude, la violence, l'inhumanité, la dureté du cœur, e t c.
Jésus-Christ méprise les richesses
JÉSUS-CHRIST, dit saint Augustin, a méprisé tous les biens de ce monde afin de montrer qu'ils étaient, en effet, méprisables et il supporté toutes les épreuves durant sa vie mortelle, afin qu'on ne cherchât pas la félicité dans les richesses, et qu'on ne craignit pas les épreuves et les croix. Celui qui possède tout, s'est fait pauvre; celui qui nourrit tout, a eu faim ; celui qui est la fontaine de v i e , a eu soif ( De vera Relig., c. x v ) .
Jésus Christ , dit Salvien, a été pauvre, et vous amassez des richesses! Jésu Christ a enduré la faim, et vous vous plongez dans les délices ! Jésus Christ n'a pas eu de l'eau à boire, et vous vous livrez aux excès de l’Ivrognerie (Lib. IV ad Ecoles. ) .
De tous les biens de ce monde, Jésus Christ n'a voulu qu'une crèche et une croix. Combien sa conduite ne condamne-t-elle pas l'estime que l'on a pour les richesses, et surtout l'avarice !
Or, dit saint Paul, ce que l'homme aura semé, il le moissonnera (Galates 6, 8 ).
Damnation de l’avare
Par votre avarice, vous avez amassé un trésor de colère pour le dernier jour, dit l'apôtre Saint Jacques (Jacques 5. 3 ).
Dans l'enfer , les avares seront tourmentés par une faim cruelle, par une soif dévorante, par une pauvreté incomparable et une nudité complète.
Seigneur, dit Salomon dans les Proverbes, ne me donnez ni la pauvreté, ni les richesses; accordez-moi seulement le nécessaire de la vie (Proverbes 30. 8 ) ; de peur que, me trouvant rassasié, ajoute-t-il, je ne vous renie, et que je ne dise : Qui est le Seigneur? ou que, pressé par la pauvreté, je ne me livre au vol et ne parjure le nom de mon Dieu ( Proverbes 30. 9 ).
N'oublions jamais les paroles suivantes de Job : Je suis sorti nu du sein de je retournerai nu dans le sein de la terre (Job 1, 24).
Le péché d`AVARICE
Qu`est-ce que l`Avarice?
Les richesses, dit saint Ambroise, sont appelées ainsi, parce qu'elles divisent et déchirent l'âme. Le mot avare signifie avide d'or, dit St Isidore ( Lib. X Origin. ).
Être avare, dit saint Augustin, ce n'est pas seulement aimer l'argent, mais poursuivre quelque chose que ce soit d'une ardeur, immodérée.
Quiconque désire plus qu'il ne lui faut, est avare.
Folie de l`Avarice
N'amassez pas, dit Jésus Christ en saint Matthieu, des trésors sur la terre, où la rouille et les vers dévorent, et où les voleurs fouillent et dérobent (Matthieu 6. 19). Remarquez ces trois genres de destruction : la teigne ronge les habits, la rouille consume le fer, les voleurs ravissent l'or et l'argent.
Jésus Christ détourne l'homme de l'amour des richesses pour trois motifs : 1 - parce qu'elles passent et se corrompent; 2 - parce qu'elles aveuglent l'esprit; 3 - parce qu'elles s'emparent de l'âme tout entière, et l'empêchent de servir Dieu.
.
Quelle folie, dit saint Chrysostome, de placer vos trésors dans un lieu que vous devez quitter, et de ne pas les envoyer là où vous devez aller ! Amassez des richesses là où est votre patrie ( les Cieux).
Le champ d'un homme riche avait rapporté une grande abondance de fruits, dit Jésus Christ , et le riche pensant en lui-même, se disait : Que ferai-je? car je n'ai pas de quoi renfermer ma récolte et tous mes biens. Mais voici ce que je ferai : j'abattrai mes greniers et j'en rebâtirai de plus grands; et j'y rassemblerai mes fruits et mes biens; et je dirai à mon âme : Mon âme, tu as beaucoup de biens rassemblés pour beaucoup d'années; repose-toi, mange, bois, et réjouis-toi (Luc. 12 16-19). Mais Dieu lui dit : Insensé, en cette même nuit on te redemandera ton âme; et les choses que tu as, à qui seront-elles?(Luc 12,20) Tel sera le sort de celui qui s'amasse beaucoup d'or et qui n'est point riche en Dieu : (Luc. 12, 21 ).
Ce que nous ne pouvons pas emporter avec nous, ne nous appartient pas, dit Saint Ambroise; la vertu seule est la compagne des défunts. Le sage seul est riche, car il ne désire rien.
Dans sa folie, l'avare entasse, et il ignore pour qui il amasse des trésors, dit le Psalmiste (Psaumes 38, 7 ). Il laissera ses richesses à des étrangers, et il ne lui restera que le sépulcre (Psaumes 48, 11- 12),
La seule vue de l'or émeut l'insensé, et lui fait aimer la vaine apparence d'une chose sans vie , dit la Sagesse ( 15. 5 ).
Triste état de l’avare
Si vous considérez l'âme de l'avare, vous la trouverez semblable à un habit rongé de vers; vous la verrez percée cruellement de toutes parts, gangrenée par le péché et couverte de la rouille du mal. Au contraire, l'âme de l'homme charitable et désintéressé brille comme l'or, resplendit comme le diamant, s'épanouit comme la rose. Elle ne craint ni la teigne, ni la rouille, ni les larrons; elle échappe à l'inquiétude que donnent les affaires d'ici-bas
Ceux qui veulent devenir riches, dit Saint Paul à Timothée, tombent dans la tentation et dans les pièges du démon, et en bien des désirs inutiles et pernicieux qui précipitent les hommes dans l'abime de la perdition et de la damnation. Car l'avarice est la racine de tous les maux; elle fait perdre la foi et jette dans de grandes douleurs.
Ennuis, courses, veilles, déceptions, chagrins, craintes, travaux, contradictions, désespoir, etc , voilà les fruits que recueille l'avare. Se servir de l'or ou de l'argent est une bonne chose, dit Saint Bernard; en abuser, est mal ; le rechercher par avarice et l'aimer, c'est une conduite honteuse et dégradante ( De Considérât., c. xrv )•
Fuyez l'avarice, dit saint Prosper; si vous voulez les richesses, vous serez accablés de difficultés pour les découvrir, de travail et de peines pour vous les procurer, de souci pour les garder, d'amertume pour en jouir, de douleur en les perdant (De Vit. contemplât., lib. II, c. xm).
Selon les poètes et la fable, Plutus, dieu des richesses, est aveugle de naissance, et il aveugle ceux qui L'honorent, dit Clément d'Alexandrie (Lib. IV Strom.).
Sacrifiez votre argent, dit saint Augustin, pour acheter le repos et le temps de servir Dieu. L'abondance où se trouve le riche ne lui permet pas de dormir, dit l'Ecclésiaste.
Jésus Christ appelle les richesses des épines (Matthieu 13. 22).
Montrez-moi, dit saint Chrysostome, la conscience de l'avare, vous y verrez une foule de péchés, une crainte continuelle, l'agitation, le trouble, des frayeurs de toutes sortes, le soupçon et l'anxiété; l'avare craint même les esprits, il redoute les ombres, ses serviteurs les plus fidèles, les étrangers qui lui arrivent, sa compagne qu'il a rendue semblable à lui ; que dis-je ? il se redoute lui-même (Homil ad pop.).
L’avare est tout à sa passion
Ou est votre trésor, là est aussi votre cœur, dit Jésus Christ en saint Matthieu ( 6. 21). C'est-à-dire, ce qui cause votre joie , ce que vous estimez, ce que vous aimez, ce que vous chérissez, ce que vous poursuivez avec ardeur, possède votre cœur tout entier. Et ce n'est pas la passion de l'avarice seule qui s'empare ainsi de l'homme, mais toutes les autres.
Que votre âme ne s'enfouisse pas dans un vil métal, mais qu'elle s'élève vers le ciel, dit saint Jérôme ( Ad Paulin. ).
Saint Antoine de Padoue raconte qu'après la mort d'un avare, on trouva son cœur au milieu de l'or qui remplissait son coffre-fort.
Avares, vous ne pensez qu'à l'or, vous n'aimez que l'or; mais quel or est comparable à Dieu ! Vous recherchez les richesses; mais quelles richesses valent la possession de Dieu!
Si vos richesses se multiplient, n'y attachez pas votre cœur, dit le Psalmiste .
L’avare ne peut pas servir Dieu
Nul ne peut servir deux maîtres, dit Jésus Christ. Vous ne pouvez servir Dieu et l'argent (Matthieu 6. 24).
La fortune et une conscience en bon état sont choses à peu près incompatibles, dit Sénèque (In Prov. ).
Pauvreté de l’avare
Moins vous serez cupide, plus vous serez le maître de votre fortune, dit saint Bernard. L'avare a faim des richesses de la terre comme un mendiant; le vrai chrétien les méprise comme un maître (Serm. in Cant.).
Écoutez Sénèque : L'indigent manque de beaucoup de choses, l'avare manque de tout (Epist. cvni).
Celui, dit Saint Ambroise, qui ne peut pas emporter avec lui ce qu'il a , n'est pas riche ; car ce qu'on est forcé de laisser ici-bas, ne nous appartient pas : c'est un bien étranger.
Les riches, dit le Psalmiste, ont souffert l'indigence et la faim; ceux qui cherchent le Seigneur auront tous les biens en abondance.
Il est un mal que j'ai vu sous le soleil, dit Salomon dans l`'Ecclésiaste, et qui est même fréquent parmi les hommes : c'est l'homme à qui Dieu a donné les richesses et l'opulence sans lui donner le pouvoir d'en jouir; ses biens deviendront la proie d'un étranger. En vérité, cela est vanité et grande misère . Voilà le triste état de l'avare bien dépeint parle Saint-Esprit.
La volonté d'amasser, appauvrit, l'envie dévore, la soif de posséder réduit à la misère. En effet, on possède seulement ce dont on se sert; or, l'avare n'use pas de ce qu'il a, donc il n'a rien. L'argent qu'il enfouit dans la terre n'est pas à l u i , mais à la terre elle-même. Celui qui paierait un impôt égal à son revenu, serait dans l'indigence; or, la passion de l'avarice prélève un impôt si lourd, qu'elle enlève, à celui qu'elle domine, et le revenu et le capital.
L'envieux, qui se hâte d'atteindre l'opulence, disent les Proverbes, ne voit pas que la pauvreté fond sur lui (Proverbes 28. 22).
Les richesses, dit saint Augustin, ne préservent pas de la disette. L'avare souffrira d'autant plus de la pauvreté qu'il s'attachera davantage à ses richesses, et que celles-ci seront plus grandes.
Que l'avare médite souvent ces paroles de Job (20. 15) : Il vomira les richesses qu'il a dévorées ; Dieu les arrachera de ses entrailles Celui qui a amassé de l'argent, l'a mis dans une bourse qui n'a pas de fond, dit le prophète Aggée ( 1. 6).
Cherchez avant tout le règne de Dieu et sa justice, dit Jésus Christ , et le reste vous sera donné par surcroit (Matthieu 6. 33)
Les apôtres, pêchant toute la nuit, ne prirent aucun poisson, parce que Jésus Christ n'était pas avec eux ; mais aussitôt que Pierre lança son filet à la parole de son divin Maître, il prit une grande quantité de poissons ( Luc. 5. 5 ).
0 avare! s'écrie saint Basile, vous ne savez dire qu'une chose : Je n'ai pas, je ne donnerai pas ; car je suis pauvre aussi. Oui, vous êtes pauvre ; vous manquez de tous les biens. Vous êtes pauvre de charité, pauvre de bonté , pauvre de confiance en Dieu, pauvre d'éternelle espérance (Homil. vu in Divitesavaros).
O riche, vous ignorez combien vous êtes pauvre !...
La nature ne connaît pas de riches; elle a engendré tous les hommes dans la pauvreté; elle les a mis au monde nus, elle les enferme tous dans la même demeure, le sépulcre.
L'avare n’est jamais rassasié
Cela démontre bien la pauvreté de l’ avare, c est qu’ il n’a jamais assez et que jamais il n` est rassasié. L’avare change son opulence en pauvreté. Le riche est un hydropique, dit saint Augustin, plus il a, plus il désire (DeMorib.).
Plus on boit, plus on veut boire, dit le poète.
Leurs richesses se sont augmentées, dit Ovide, et avec elles la soif insatiable de l'opulence; plus ils possèdent, plus ils veulent posséder: {Lib. Fastorum)
L'avarice est semblable au feu qui croit en raison des aliments qu'il rencontre. L'avare, dit l’Ecclésiaste, ne se rassasiera jamais d'or ; celui qui aime les richesses, n'en jouira pas (Ecclésiaste 5. 9). L'univers ne suffit pas à l'avare ; et cependant un jour viendra où il sera forcé de se contenter d'un cercueil, que même il ne possédera pas seul ; les vers le lui disputeront, et s'en rendront maîtres!...
Les richesses sont données afin qu'on en use avec sobriété. Celui qui mange au-delà de ce qui lui est nécessaire, éprouve des vomissements.
Naboth, dit l'Écriture, possédait une vigne près du palais d'Achab, roi de Samarie. Achab lui dit : Donne-moi ta vigne (3 Rois 21 1,2). O riche avare! s'écrie saint Ambroise, commentant ce passage, tu ne sais pas combien tu es pauvre, toi qui te dis riche ! Plus tu as, plus tu convoites ; et quand tu atteins l'opulence, il te semble encore que tu n'as pas assez. L'or alimente l'avarice et ne l'éteint pas. La cupidité a d'innombrables degrés; plus elle en franchit, plus elle veut en franchir ; plus elle monte, plus elle tombe de haut. L'Écriture nous enseigne combien l'avare est affamé; elle nous montre comme il mendie honteusement. Achab était roi d'Israël, et Naboth pauvre. Achab abondait en richesses, Naboth ne possédait qu'un petit champ. Naboth pauvre ne désirait point les richesses d'Achab. Et ce roi laissa voir qu'il était dans la disette, puisqu'il désirait la vigne de Naboth. Donne-moi ta vigne. Que prouve cette demande, sinon le besoin? Donne-moi, parce que je n'ai pas ce qu'il me faut. Quelle abjection! quelle pénurie ! voilà l'avare
Ne pouvant faire entrer l'or dans son cœur, l'avare le remplit de désirs insatiables; mais ces désirs ne sauraient en combler le vide; il lui faudrait y verser l'or, qu'il est forcé de laisser dans ses coffres.
L'avare ne peut se rassasier ; car, 1 - l'avarice ne dit jamais : C'est assez ; 2 - sa soif augmente ; 3 - l'argent ne nourrit pas ; 4 - l'avarice ne remplit pas le cœur; 5 - toutes les richesses qu'elle amasse sont vanité : elles font le vide plutôt qu'elles ne le comblent, selon ces paroles de la Genèse : La terre était stérile et nue ( Genèse 1 . 2 ).
Que sont les trésors, qui augmentent la disette à mesure qu'ils s'accroissent, qui laissent à leurs poursuivants une soif d'autant plus cruelle qu'ils sont plus abondants ? L'argent ne ferme pas la gueule de l'avarice et ne remplit pas son ventre, mais il le dilate; il ne rafraîchit pas, mais il brûle. Les avares ne se contentent pas d'un verre d'eau, parce qu'ils ont soif d'un fleuve.
Le pauvre, dit saint Chrysostome, ne désire pas le nécessaire avec autant d'ardeur que le riche avare désire le superflu. L'avare ressemble à ces terres arides et sablonneuses que la pluie ne rassasie pas, mais qui absorberaient des torrents d'eau et reviendraient presque immédiatement à leur sécheresse première, demeurant toujours avides d'arrosement. Quoiqu'il amasse d'immenses richesses, l'avare a toujours soif; et plus il reçoit, plus il désire. Comme les sables, bien qu'arrosés souvent, ne produisent aucun fruit, l'avare, bien qu'amassant sans cesse, ne fait pas d'aumônes. Ses richesses périssent en lui et avec lui. Ce qui fait dire à saint Chrysostome que l'avare soupire plus ardemment après l'argent et en a plus soif que le mauvais riche, dans l'enfer, n'a soif d'eau; car il n'en demande qu'une goutte, et l'avare veut un océan (BomiL ad pop.)
L'avare, dit saint Bernard, ne se rassasie pas plus d'or, que nos poumons ne se rassasient de l'air qu'ils aspirent.
Le feu ne dit jamais : C'est assez. (Proverbes 30. 16). Le feu ne s'arrête que lorsqu'il n'y a plus rien à dévorer, alors il s'éteint; l'avarice dévorerait tout, qu'elle ne s'éteindrait pas. Elle ne se réjouit pas de ce qu'elle tient, dit saint Basile, mais elle se tourmente pour avoir ce qu'elle ne tient pas. Elle ressemble au chien , qui, en avalant une bouchée du pain que vous lui jetez, ne s'occupe qu'à regarder la seconde et à se préparer à la manger. L'avare ne jouit pas de ce qu'il a amassé; il est torturé par le désir ardent d'avoir davantage. L'avare fond surtout comme la mort; il désir tout engloutir comme l'enfer, dit saint Chrysostome, il voudrait être seul sur la terre pour la posséder seul.
Voilà pourquoi Saint Luc (16. 2 3 ) , racontant les tourments du riche avare dans l'enfer, dit : Élevant ses yeux lorsqu'il était dans les supplices, il vit de loin Abraham et Lazare. Il était dans les tourments, dit saint Chrysostome, il n'avait de libre que ses yeux, et il les employait à regarder les richesses d'autrui.
Quelle est, dit saint Augustin, cette avidité de la passion de posséder? Les bêtes féroces s'arrêtent : elles se jettent sur leur proie lorsqu'elles sont affamées, mais elles l'épargnent lorsqu'elles sont rassasiées. Seule la faim des richesses est inexplicable; elle dévore toujours, et jamais elle n'est rassasiée. L'avare ne craint pas Dieu, il ne respecte pas l'homme, il n'épargne pas son père, il ne connaît pas sa mère, il méprise son frère, il trahit son ami.
L'argent ne rassasie pas l'avare, il l'irrite, dit Sénèque.
L'œil de l'avare , dit l'Ecclésiastique, est insatiable dans son iniquité ; et il ne sera rassasié que lorsqu'il aura desséché et consumé son âme. L'œil de l'avare est tourné vers le mal l'avare ne se rassasiera pas de pain , mais il sera triste et dans le besoin auprès de sa table (Ecclésiastique 14. 9,10).
Ceux qui amassent l’or et l'argent, en qui les hommes se confient, ne sont jamais rassasiés. (Baruch.3. 18, 19. ]
Avare, s'écrie saint Basile , par votre insatiable cupidité, vous faites beaucoup de mal. La mer a ses bornes, l'avare n'en a pas. Vous avez des domaines : qu’acquerrez-vous ensuite? cinq pieds de terre !
L'avarice est un gouffre sans fond, dit saint Ambroise.
L’avarice est un accablant fardeau
L'on est lourd de sa nature ; l'avarice en fait un fardeau écrasant qui pèse plus encore sur l'âme que sur le corps. Voyez, dit saint Augustin, cet homme chargé du poids de l'avarice ; voyez-le courbé sous son fardeau, haletant, dévoré de soif, ne travaillant qu'à augmenter sa charge. Qu'attends-tu, ô avare? pourquoi t'épuises-tu? après quoi respires-tu? que convoites-tu? Tu veux assouvir ta passion qui te possède ? Elle peut te torturer : tu ne saurais la rassasier. Ne te pèse-t-il pas, ce fardeau qui t'écrase au point de te faire perdre connaissance? Ne te pèse-t-elle pas, cette passion qui t'éveille et qui ne te permet pas de dormir…
Aveuglement de l’avarice
Celui qu'on enchaîne pendant qu'il dort, ne s'aperçoit de ses chaînes de I avarice à son réveil, il veut se lever; de même ceux qui ont des richesses éprouvent pour elles une affection secrète qui les l i e , et qu'ils ne sentent que lorsqu'ils viennent à les perdre ou bien à y renoncer.
L'avare ne possède pas l'or, c'est l’or qui le possède; il en est le serviteur et l'esclave.
Le Romain Curius refusa l'or des Samnites, en disant : J'aime mieux gouverner l'argent et ceux qui l'ont, que de me laisser gouverner par lui ( Vita Maxim. ).
Les avares, dit Sénèque, ont les richesses de la même manière que nous disons que nous avons la fièvre, tandis que c'est elle qui réellement nous maîtrise. Nous devrions rectifier notre langage et dire : La fièvre le tient; les richesses le tiennent ou plutôt le torturent.
Celui qui est l'esclave des richesses, dit saint Jérôme, veille sur elles comme un serviteur; au contraire, celui qui secoue leur joug, les distribue en maître (2).
Si vous savez user de votre argent pour faire le bien, dit Sénèque, votre argent est votre serviteur ; si vous ne le savez pas , il est votre maitre (in Prov. ).
Les richesses servent le sage et elles lui appartiennent : au contraire, elles commandent à l'insensé et il leur appartient. Les avares sont garrottés par l'amour des richesses ; elles les enchaînent, et les liens dont elles les chargent sont plus lourds et plus forts que des chaînes de fer. Ce qui fait dire à saint Chrysostome : Comment l'homme qui est conduit en laisse par l'avarice vaincrait-il ses ennemis ? Les richesses sont une chaîne pesante pour ceux qui ne savent pas en user ; elles sont un tyran cruel, inhumain, qui commande à ses victimes tout ce qui peut tourner à leur ruine. Mais si l'on voulait, on briserait leur joug , on secouerait leur tyrannie; et comment? en faisant d'abondantes aumônes. Tant qu'on se trouve seul à seul avec Plutus, comme avec un voleur, en un lieu écarté et solitaire, il vous fait beaucoup de mal et vous terrasse ; mais lorsqu'on l'amène en présence de la foule, il perd sa force, est vaincu, et subit les liens dont les pauvres le chargent en s'entraidant.
Il faut commander aux richesses, et non les servir, dit Sénèque.
L'avare, dit excellemment saint Chrysostome, est le gardien et non le maître de ses richesses ; il en est l'esclave, et non le possesseur. Il donnerait, en effet, plutôt un de ses membres qu'une pièce d'or de sa cachette; il s'abstient d'user de son bien, comme s'il était à autrui. Et, en effet, il ne lui appartient pas; comment regarderait-il comme sien un trésor dont il ne se permettrait pas de distraire une obole pour la donner ni pour s'en servir dans un besoin pressant, et quelle que fût l'extrémité qui le menaçât?
L'avare ne tire aucun avantage de ses richesses, ajoute ce grand docteur; il fait état de ne rien posséder. S'il travaille, c'est pour ses héritiers et avec perte et grand danger pour son âme. Ses sueurs et ses veilles sont sans utilité pour lui ; sa mort même, qu'amènent les privations familières aux avares, ne lui est d'aucun profit (Homil. n ad pop. ) .
N'est-ce pas honteux que celui qui a tant de richesses ne s'appartienne pas à lui-même? dit Diogène (2).
Saint Augustin montre que l'avarice ordonne des choses beaucoup plus pénibles que celles que Dieu commande. L'avarice, dit le Seigneur , impose des obligations difficiles, et moi des devoirs faciles; son joug est pesant, le mien est agréable; son fardeau est accablant, le mien, léger. Ne vous laissez pas dominer par l'avarice. L'avarice vous ordonne de traverser les mers, et vous lui obéissez ; elle vous ordonne de vous exposer aux tempêtes et aux naufrages, et vous le faites : pour moi, j'exige seulement que vous donniez aux pauvres qui viennent frapper à votre porte ce que vous pouvez leur donner. Et lorsque vous êtes assez intrépide pour vous aventurer sur l'Océan, vous n'avez pas le courage de faire une bonne action qui se trouve sous votre main ! L'avarice commande, et vous la servez; Dieu commande , et vous ne tenez compte ni de lui ni de ses ordres.
Vous obéissez à l'avarice, qui, loin de vous donner aucun bien, vous accable de maux; et vous refusez d'obéir à Dieu, qui vous comblerait de biens et vous préserverait de tout mal !...
L'avare se laisse prendre par l'or comme l'oiseau au filet, dit saint Grégoire de Nazianze.
Quand l'or fait entendre sa voix, dit le même docteur, toute supplication parait froide.
Saint Augustin dit très-justement : Avant d'avoir rien gagné, l'avare se perd lui-même; avant d'avoir quelque chose, il devient esclave. Celui, dit-il ailleurs, qui sait se servir de son or en est le maître; mais celui qui ne sait pas s'en servir à l'or pour despote. Soyez les maîtres de l'or et non ses esclaves; car Dieu, qui a fait l'or, vous a créés supérieurs à ce métal : il a fait l'or pour votre usage, et il vous a faits vous-mêmes à son image et pour lui seul. Envisagez ce qui est au-dessus de vous, et foulez aux pieds ce qui est au-dessous.
L'or est un tyran caché, dit saint Grégoire de Nazianze.
Tous les avares périssent enchaînés par l'argent, dit le prophète Sophonie : (1.11 ).
L'avare, dit saint Ambroise, est toujours dans les filets, toujours dans les chaînes; il n'est jamais libre, parce qu'il est toujours dans le péché (De Caïn.).
C'est une nécessité, dit saint Augustin, que celui qui ne respire que pour les choses terrestres, s'éloigne des choses célestes. L'avarice nous attache à la terre, à la boue, car l'or n'est pas autre chose, et elle ne nous laisse pas même dormir en paix .
NE vous inquiétez point pour votre vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps comment vous le vêtirez, dit Jésus-Christ en Saint Matthieu. La vie n'est-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement? ( Matthieu 6. 25. ) Or, l'avare oublie entièrement sa vie et son âme, et ne s'occupe que de son trésor. Quel aveuglement... Insensés qui ne vous appliquez qu'à amasser des richesses, cette nuit même vous mourrez !
L'avare est dans les ténèbres. Il était nuit, dit l'Évangile, lorsque Judas sortit pour aller vendre son maître par avarice ( Jean. 13 30 ) .
Hommes aveugles qui passez votre vie à poursuivre la richesse , vous ignorez même souvent pour qui vous travaillez, pour qui vous vous épuisez (Luc. 12. 20). Vous travaillez pour les autres, et jamais pour vous ; que dis-je vous travaillez contre vous.
Vous cherchez votre bonheur dans l'opulence, dit saint Bernard; mais Dieu ne nous a pas chassés du paradis terrestre pour nous en procurer un autre ici-bas (Serm. in Cant.). C'est un grand aveuglement de chercher son bonheur là où jamais on ne l'a trouvé, et où jamais on ne le trouvera.
L'or qu'on cherche au fond des entrailles de la terre, dit saint Augustin, est conservé par suite des ténèbres du cœur. Le poursuivre fait des damnés, l'aimer a produit Judas, et pourtant l'avare le préfère à Jésus Christ.
Plutus, Dieu des richesses, est aveugle de naissance, et il rend aveugles ceux qui le servent, comme déjà nous l'avons dit.
Que préférez-vous, dit saint Augustin, ou d'aimer les choses temporelles et de passer avec le temps, ou de ne pas les aimer, et de vivre éternellement avec Dieu? Le Seigneur vous a donné toutes les choses créées : en reconnaissance, aimez-le. Il veut vous donner plus que de l'or, il veut se donner lui-même à vous. Mais si vous vous attachez aux biens d'ici-bas, quoiqu'ils viennent de lui , et que vous le négligiez, votre amour n'est-il pas adultère? Les biens que Dieu vous prodigue sont une invitation à l'aimer. Si vous lui préférez ses présents, vous ressemblez à l'épouse qui préfère l'anneau d'or que lui a donné son époux à son époux lui-même, affection qui est certainement adultère ( Serm. xxvin de verbis Domini).
Par amour pour les richesses périssables, dit saint Cyrille, l'avare sacrifie les richesses célestes et impérissables. Il a des yeux , et il ne voit pas ; il abandonne les biens véritables pour ceux qui sont faux ce qui dure pour ce qui passe, le ciel pour la terre; il troque des trésors infinis contre la pauvreté, la gloire contre la misère, le certain contre le douteux, le bien contre le mal, la joie réelle contre l'affliction. II amasse au dehors des futilités et il s'appauvrit intérieurement; il s'attache aux bagatelles qui disparaissent; il possède la terre, et l'enfer le tient Il dévore, et son estomac ne peut supporter la nourriture qu'il prend; il aime ce qui le tue, il acquiert pour perdre, il conserve précieusement ce qui lui causera un repentir impérissable, il se charge pour tomber plus rapidement dans J'abime éternel.
Il est certain, dit saint Grégoire, que celui qui désire s'enrichir, néglige d'éviter le péché ; ébloui comme l'oiseau par le miroir du chasseur, il regarde avec avidité l'appas des richesses, et ne voit ni n'évite le filet du péché (Pastor, admon. xxi).
Les avares sont tellement aveugles, qu'ils ne remarquent pas combien ils sont coupables; ils regardent l'avarice comme une vertu, ils l'appellent de l'ordre : voilà pourquoi ils ne se convertissent jamais. On résiste souvent aux autres penchants, on dompte les autres passions : jamais on ne triomphe de l'avarice; elle va, au contraire, toujours croissant, à mesure qu'on approche de la mort qui, en une minute, dépouille de tout ce que l'on avait amassé.
Néant des richesses
L'homme erre au milieu des fantômes, dit le Roi-Prophète; il s agite et s'agite en vain; il amasse des trésors, et il ignore qui les possédera (Psaumes 38, 7). Celui qui se fie en son opulence tombera, disent les Proverbes (11 28). Les richesses sont pour l'avare une idole, le bonheur, la force, tout son bien, tout son espoir et toute sa joie; mais cela même est futile, trompeur et vain.
L'avare porte ses richesses dans ses mains, dans ses vêtements; son cœur est vide.
La mort épargne-t-elle l'opulence? s'abstient-elle de frapper celui qui possède de l'or?
Les richesses sont des embûches pour l'Âme, l'hameçon de la mort, un aliment de péché.
L`avare est défiant
Déposez le fardeau de vos misères dans le sein du Seigneur, dit le Psalmiste, et il soutiendra votre Âme. Le Seigneur est mon pasteur, je ne manquerai de rien ; il m'a placé lui-même au milieu de ses pâturages: (Psaumes 22 1. 2). Or, l'avare se défie toujours de Dieu, de la Providence, des hommes et de tout ce qui l'environne
L'avare porte envie à toutes choses, aux hommes, à la terre, etc.
L'envie a perdu les mauvais anges...; elle a perdu Adam et Ève Voyez à quel excès elle a conduit Caïn....
L'envie, dit saint Bernard, est le ver rongeur de l'âme; elle fatigue les sens, brûle les entrailles, affecte l'esprit, ronge le cœur. L'envieux veut ce qui ne lui appartient pas, et il ne recueille que péchés (Lib. de Consid.).
La prospérité d'autrui torture l'avare...,.
L`avare est traitre
Qu`est-ce qui a fait Judas? l'avarice Ce traître était ivre d'avarice, dit saint Jérôme. Elle le possédait tellement, qu'il tremblait que Jésus Christ n'échappât à ceux qui étaient venus pour le saisir ; il redoutait de perdre ses trente deniers, car il ne les avait pas encore reçus. C'est lui-même, leur dit-il, prenez-le et liez-le fortement : (Matthieu 26. 48). L'or est un serviteur qui nous trahit
L'avare vendrait Dieu. Voyez Judas : Que voulez-vous me donner , et je vous le livrerai, dit-il aux princes des prêtres (Matthieu 26. 15 .)
L'avare trahit sa conscience..., les hommes..., ses amis..., sa famille. Il n'y a rien de sacré pour lui . La chute de Judas nous montre combien l'avarice est un grand mal, et à quels excès elle porte. Elle fut la cause de la trahison de cet apôtre, de son hypocrisie, de son désespoir, de son suicide, de son éternelle damnation et de la mort de Jésus Christ.
Injustice de l`avare
C'est une erreur, dit saint Chrysostome, de croire que les choses d'ici-bas soient à nous et nous appartiennent en propre. Rien ne nous appartient, tout est à Dieu qui le donne .
Le riche mourut, dit l'Évangile, et fut enseveli dans l'enfer (Luc. 16, 22). Il fut enseveli dans l'enfer â cause de son avarice, de sa dureté, de son mépris pour Lazare, de sa coupable injustice envers ce pauvre souffrant.
En effet, nous dit saint Chrysostome, c'est un vol de ne pas donner lorsque l'on a. (In Evang.). Ce n'est pas parce qu'il était riche, ajoute saint Chrysostome, qu'il est tourmenté, mais parce qu'il n'a pas eu pitié de Lazare (Ut supra). En ne faisant pas l'aumône, il commettait donc un crime. Votre âme ne vous appartient pas, dit encore saint Jean Chrysostome , comment vos richesses vous appartiendraient-elles? Ne dites donc pas : Je ne dépense que ce qui est à moi ; vos biens ne sont pas à vous, ils appartiennent aux pauvres.
L'or et l'argent m'appartiennent, dit le Seigneur des armées (Aggée 2, 9 ) . Saint Augustin part de là pour harceler les avares : Si, dit-il, l'or et l'argent sont à Dieu, lorsque Dieu vous ordonne de donner aux indigents, il vous ordonne de donner son propre bien; et lorsque vous faites l'aumône, vous la faites avec des fonds qu'il vous prescrit de distribuer, et non pas avec ce qui vous appartient. Dieu, ajoute le même saint docteur, donne l'or aux hommes charitables pour qu'ils exercent la charité et qu'ils obéissent à la voix de l'humanité ; et il le donne aux avares pour punir leur cupidité. Si vous cherchez à vous enrichir, vous perdrez inévitablement la justice; si au contraire vous voulez être juste, vous sacrifierez la richesse.
Du superflu l'avare fait le nécessaire : il n'y a point de charité dans son cœur....
L'avare vit d’égoïsme ; il n'a ni compassion, ni charité, ni entrailles C'est une espèce de tigre domestique
L`avarice rend cruel
L'avarice rend cruels et atroces tous ceux qui la servent, dit saint Chrysostome. ( Homil. ad pop. ).
Celui qui est sans pitié repousse même ses proches, disent les Proverbes ( 11. 17 ). L'avare est cruel pour son âme, pour son corps, pour ses parents, pour le prochain et pour Dieu.
L'avarice est une maladie grave, qui rend aveugle, sourd, et pire que les bêtes féroces, dit saint Chrysostome. (Homil. ad pop.).
L`avarice est un crime
Il n'y a personne de plus coupable que l'avare. Car l'avarice est une grave injure faite à Dieu, auquel elle préfère l'or. Elle est un tort fait à l'État, qu'elle remplit d'usures, de vols, de fraudes, de procès, de séditions, de meurtres, de haines, etc. Elle nuit à l'avare
lui-même, qu'elle souille et corrompt, et que l'amour de l'or conduit en enfer. Elle est un crime envers les pauvres. Elle violente l'or lui-même; car sa destinée et , si je puis m'exprimer ainsi, son bonheur est de satisfaire aux besoins communs des hommes : c'est pour cela que Dieu l'a créé. L'avare s'oppose à ce qu'il atteigne cette fin; il le renferme et l'annihile. Mais ce qu'il refuse aux hommes, il l'accorde à l'enfer, qui lui achète son âme. L'avarice insulte à tous les éléments, aux cieux, à la terre. Elle insulte à toutes les lois, à toutes les vertus; elle les méprise et les foule aux pieds.
L`avare est un despote
Ne sont-ce pas les riches (dévorés d'avarice) qui vous oppriment par leur puissance dit l`apôtre saint Jacques, et qui vous traînent devant les tribunaux ? ( Jacques 2 6. ) Les richesses, en effet, égarent l'esprit de l'avare devenu opulent, au point de lui faire croire que tout lui est permis ; qu'il doit commander; qu'il faut que les pauvres lui obéissent et qu'ils deviennent des serviteurs et des esclaves, dont il usera impunément pour accroître son faste et ses richesses. Le riche avare dévore le pauvre, comme les gros poissons dévorent les petits; et si quelqu'un s'avise de lui résister, il entre en fureur, il ne pardonne pas. Il s'attribue tout et rien aux autres ; il se croit supérieur à son entourage et s'imagine que nul ne doit lui résister. L'âne sauvage est la proie du lion dans le désert ; ainsi les pauvres sont la proie des riches (avares), dit l'Ecclésiastique (13. 23).
L`avarice corrompt le cœur
Pourquoi l'avare est-il idolâtre plutôt que les esclaves des autres vices? En voici les raisons : Premièrement, les avares placent toute l'espérance de leur vie dans leurs richesses; ils les regardent par conséquent comme leur Dieu. Secondement, les idolâtres adorent des statues d'or et d'argent : l'avare fait-il autrement? Troisièmement, l'avarice est insatiable Quatrièmement, elle occupa l'homme tout entier, et toujours
Les avares aiment et adorent les richesses; car ils ne pensent et n'agissent que pour s'en procurer, pour les conserver, les augmenter ; ils leur consacrent leur corps, leur cœur, leur âme, leurs soins, leurs sueurs, leurs travaux, leur sommeil, leurs veilles, leur vie. Ils obéissent en tout à leur passion; ils mettent en elle tout leur bonheur et leur dernière fin. Pour elle, ils négligent le culte de Dieu, ils violent ses préceptes, et nient sa providence.
Le roi Nabuchodonosor, dit Daniel, fit une statue d'or. Le peuple se tenait devant elle; des hérauts criaient : Prosternez-vous, adorez la statue d'or ; et le peuple se prosterna, et il l'adora, etc. (Daniel 3. 1). Ainsi fait l'avare Le veau d'or est le dieu de ce siècle
L’avare est son mortel ennemi
L'avare ne se montre bon envers personne; il est implacable pour lui-même, dit Sénèque.
Malheur à vous, s'écrie le prophète Isaïe, qui joignez maison à maison, et terre à terre ! ( Isaïe 5. 8. )
Malheur aux riches ! s'écrie Jésus Christ (Luc. 6. 24.)
Quelque douce que soit l'eau des fleuves, elle devient amère ci entrant dans l'Océan. Telle est l'image des richesses de ce monde. Ceux qui les possèdent s'en réjouissent durant le cours de la vie ; mais quand ils arrivent au gouffre de la mort, où tout aboutit, ils ne trouvent qu'amertume et que déception
Les richesses, dit saint Ambroise, sont une terrible occasion de péché; elles enflent, elles enorgueillissent, elles font oublier le Créateur (Lib. de Cain. et Abel.).
L’avarice est la source de tous les péchés
Le principe de tous les maux, de tous les péchés, c’est l'avarice dit saint Paul ( 1 Timothée 6, 10). Fuyez donc, homme de Dieu, fuyez l'avarice.
L'avarice, die saint Ambroise, ne recule devant aucun péché : elle les enfante tous ; car, pour assouvir ses désirs, ce qui est impossible, elle a recours aux maléfices, elle se rend coupable d'homicide, d'impuretés et de tous les crimes (Lib. de Cain. et A bel. ) .
Les mœurs des Romains ont été corrompues par l'avarice, dit Juvénal. Depuis que la pauvreté de Rome a disparu, tous les crimes, toutes les corruptions y abondent.
L'avarice se rit de tous les droits Les richesses sont une occasion de vanité, de gourmandise, de luxure, d'ivrognerie, de paresse, et de tous les excès.
L'avarice engendre l'incrédulité; elle ne craint ni Dieu, ni son jugement redoutable , ni l'enfer. Les avares négligent la religion, ils violent les préceptes sacrés de Dieu et de l'Église ; et comme un crime en attire un autre, il arrive que le riche avare, croissant en orgueil, en ambition, en injustice, en toute espèce de désordres, tombe enfin dans l'hérésie, dans l'athéisme, dans l'idolâtrie, comme il advint de Salomon.
Laertius disait que l'avarice est la métropole de tous les vices. Les enfants de l'avarice sont : la trahison, la fraude, les déceptions, le parjure, l'inquiétude, la violence, l'inhumanité, la dureté du cœur, e t c.
Jésus-Christ méprise les richesses
JÉSUS-CHRIST, dit saint Augustin, a méprisé tous les biens de ce monde afin de montrer qu'ils étaient, en effet, méprisables et il supporté toutes les épreuves durant sa vie mortelle, afin qu'on ne cherchât pas la félicité dans les richesses, et qu'on ne craignit pas les épreuves et les croix. Celui qui possède tout, s'est fait pauvre; celui qui nourrit tout, a eu faim ; celui qui est la fontaine de v i e , a eu soif ( De vera Relig., c. x v ) .
Jésus Christ , dit Salvien, a été pauvre, et vous amassez des richesses! Jésu Christ a enduré la faim, et vous vous plongez dans les délices ! Jésus Christ n'a pas eu de l'eau à boire, et vous vous livrez aux excès de l’Ivrognerie (Lib. IV ad Ecoles. ) .
De tous les biens de ce monde, Jésus Christ n'a voulu qu'une crèche et une croix. Combien sa conduite ne condamne-t-elle pas l'estime que l'on a pour les richesses, et surtout l'avarice !
Or, dit saint Paul, ce que l'homme aura semé, il le moissonnera (Galates 6, 8 ).
Damnation de l’avare
Par votre avarice, vous avez amassé un trésor de colère pour le dernier jour, dit l'apôtre Saint Jacques (Jacques 5. 3 ).
Dans l'enfer , les avares seront tourmentés par une faim cruelle, par une soif dévorante, par une pauvreté incomparable et une nudité complète.
Seigneur, dit Salomon dans les Proverbes, ne me donnez ni la pauvreté, ni les richesses; accordez-moi seulement le nécessaire de la vie (Proverbes 30. 8 ) ; de peur que, me trouvant rassasié, ajoute-t-il, je ne vous renie, et que je ne dise : Qui est le Seigneur? ou que, pressé par la pauvreté, je ne me livre au vol et ne parjure le nom de mon Dieu ( Proverbes 30. 9 ).
N'oublions jamais les paroles suivantes de Job : Je suis sorti nu du sein de je retournerai nu dans le sein de la terre (Job 1, 24).
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
Re: Les Trésors de Cornélius Lapide - Hollande-Belgique - 17 eme siècle
DEVOIRS DES PARENTS
Les Trésors de Cornélius Lapide – Hollande -Belgique – 17 ème siècle
Responsabilité des parents
Les parents doivent regarder leurs enfants comme ne leur appartenant pas, et se souvenir que Dieu, auteur de la vie, les a remis entre leurs mains, et leur a confié le soin de former des serviteurs fidèles. Les enfants sont à Dieu. Car qu'avons-nous qui nous appartienne, à nous qui ne nous appartenons pas à nous-mêmes?...
Le Seigneur dit à tous les pères et à toutes les mères : Prenez cet enfant, et nourrissez-le-moi, et je vous donnerai votre récompense (Exode 2, 9). Ne péchez point contre votre enfant, car vous êtes responsable de son sang : (Genèse 42, 22 ). L'âme des parents répondra de celle des enfants, dit le Seigneur.
Gardez votre enfant; s'il se perd, votre âme paiera pour la sienne, dit encore le Seigneur : ( Rois. 20, 39 ).
Tenant la place de Dieu vis-à-vis de leurs enfants, les pères et les mères auront à lui rendre compte de la manière dont ils en auront pris soin.
Le premier devoir des parents, c'est d'être vertueux.
L'Évangile le premier nous dit que Zacharie le père et Élisabeth la mère de Jean-Baptiste, étaient tous deux justes devant Dieu, marchant dans tous les commandements du Seigneur avec obéissance et sans murmure : (Luc. 1. 6).
Je marchais dans l`innocence de mon cœur au milieu de ma famille, dit le Roi-Prophète .
Dans une famille, le père et la mère doivent, par la splendeur de leurs vertus et la sainteté de leurs mœurs, briller comme le soleil et la lune ; alors les enfants seront comme des étoiles étincelantes, et cette maison deviendra comme le firmament et le ciel de Dieu.
Celui qui a la charge de corriger les autres, doit être exempt de vices, dit saint Grégoire; l'œil blessé par quelques grains de poussière ne peut apercevoir une tache, et celui dont la main est pleine de boue ne saurait essuyer les souillures qui se trouvent sur ses vêtements (Lib. Moral.).
Pères et mères, dit saint Ambroise, si vous ne préservez et purifiez votre cœur de toute tache de péché, vous ne pouvez corriger vos enfants. Commencez par pacifier votre cœur, si vous voulez faire descendre la paix dans le cœur des autres. Car, comment purifierez-vous le cœur d'autrui, si vous n'avez auparavant purifié le vôtre ? (Lib. de Oflic.)
L'homme, dit encore ce père, doit être soumis à Dieu pour pouvoir commander. (Ut supra).
Celui qui veut que son inférieur lui soit soumis, doit se soumettre lui-même à son supérieur, dit saint Augustin. Parents, reconnaissez l'ordre. Qu'y a-t-il de plus juste et de plus raisonnable que d'obéir à Dieu, afin que vos enfants vous obéissent? Qu'y a-t-il de plus beau? Vous, soumis à Dieu, votre enfant vous sera soumis. Servez celui qui vous a créé, afin que votre enfant, ce don de Dieu, vous serve. Que si vous refusez de servir Dieu, jamais vous n'obtiendrez une parfaite soumission de votre famille. Vous vous insurgez contre Dieu, vos enfants s'insurgeront contre vous et feront votre tourment ( in PsaL CXLVH).
Nul ne sait commander, que celui qui sait obéir; nul ne connaît le joug qu'il impose, à moins qu'il ne l'ait porté lui-même. Voulez-vous, parents, savoir commander à vos enfants? recevez-les ordres de Dieu et exécutez-les; voulez-vous que vos enfants portent
le joug précieux et aimable de Jésus Christ, portez-le vous-mêmes.
Le fils de Tobie disait à son épouse : Nous sommes les enfants des saints (Tobie 2. 48). Quels sont aujourd'hui les enfants qui pourraient parler ainsi? Aussi Raguel dit-il au fils de Tobie : Soyez béni, mon fils, car vous êtes l`enfant du meilleur et du plus vertueux des pères : (Tobie 7. 7 ). Gabélus lui dit de son côté : Que le Dieu d'Israël vous bénisse, parce que vous êtes le fils d'un père parfait, juste, craignant Dieu, et faisant (Tobie 9. 9). Si les parents ne sont pas vertueux, comment inspireront ils à leurs enfants l'amour de la vertu?...
Deuxième devoir des parents – le bon exemple.
Le deuxième devoir que les pères et les mères ont à remplir, c'est de donner le bon exemple à leurs enfants.
Il est dit dans l'Évangile qu'un homme riche et puissant crut en Jésus Christ et toute sa maison à son exemple (Jean. 4 , 53). L'enfant suit vite l'exemple de ses parents. Il ressemble au lierre qui, ne pouvant se soutenir seul, s'attache à l'arbre ou à la muraille.
L'enfant est une cire molle, il prend facilement l'empreinte qu'on lui donne.
Le père de famille, qui est le chef de la maison, doit en être le modèle, et précéder son épouse et ses enfants en leur donnant le bon exemple.
Les parents par leurs scandales causent la perte de leurs enfants (cv. 37).
Vouloir faire des leçons aux enfants, et contredire par ses mauvais exemples les maximes que l'on émet, c'est une honte et un crime; c`est caresser d'une main, et frapper de l'autre. Il faut que les paroles s'accordent avec les actions; car si la conduite est en opposition avec les paroles, on élève inutilement la voix
Saint Augustin dit de sainte Monique sa mère : Elle arrosait de ses larmes et nourrissait par ses bons exemples les préceptes de vie qu'elle semait dans mon cœur (Lib. Confess. ).
Quelle impression voulez-vous que les bons avis, les sages conseils d`un père blasphémateur, impie, incrédule, colérique, ivrogne on d'une mère impudique, irréligieuse, emportée, lassent sur l'âme de leurs enfants?...
Le troisième devoir des parents, c'est la prière.
Ils sont obligés: 1° de prier pour eux-mêmes...; 2° de prier pour leurs enfants...; 3° de leur apprendre de bonne heure à prier; de les encourager à le faire; de leur enseigner l'obligation et l'excellence de la prière
Le quatrième devoir des parents : L`éducation
Quatrième devoir des parents, c'est de donner à leurs enfants une bonne éducation.
L'éducation regarde spécialement le cœur. Il faut éloigner du cœur des enfants les vices, en extirper le principe autant que possible, y faire germer les bonnes mœurs, les vertus, les conseils évangéliques.
Nos mauvais philosophes ont enseigné aux jeunes gens qu'il n'y a point de Dieu, ni d'autre vie ; que la religion est une fable; que l'homme n'est qu'un animal; que toute la morale consiste à rechercher le plaisir et à fuir la douleur. Ce cours d'éducation est bientôt fait; il ne faut ni collège, ni instituteurs pour s'y rendre habile ; aussi nos jeunes libertins en ont bientôt su autant que leurs maîtres, et tous les jours nous voyons éclore les fruits de cette morale humaine, naturelle, philosophique, ou plutôt animale, plus digne, dit Bergier, des étables d'Épicure que d'une école d'éducation ( Art. Éducation ).
Tout est perdu dans l'homme et la société , quand le cœur des enfants est corrompu ou mal dirigé par les parents.
Dans tout plan d'éducation, il faut faire entrer la politesse..., les bonnes manières..., la civilité. Les parents qui négligent de donner ces excellentes habitudes à leurs enfants, en font des êtres grossiers, malhonnêtes, sots et détestables.
Le premier fruit d'une bonne éducation, c'est la joie qu'elle prépare aux parents et aux enfants Le second fruit, c'est d'éloigner d'eux la misère Le troisième, c'est d'attirer sur les parents les louanges et l'honneur Le quatrième, c'est de confondre l'inimitié et la jalousie, et de réjouir l'amitié.
Le père de cet enfant est mort, dit l'Ecclésiastique, et cependant c'est comme s'il ne l'était pas : car il a laissé après lui quelqu'un qui lui ressemble (30. 4). Voilà le cinquième fruit d'une bonne éducation. En mourant, le père parait ressusciter dans ses enfants : ceux-ci reproduisent sa vie, sa sagesse, sa vertu, et les rendent comme immortelles La mauvaise éducation a des résultats tout opposés.
Cinquième devoir des parents : l`instruction religieuse
Le cinquième devoir des parents, c'est de donner à leurs enfants l'instruction religieuse.
Pères et mères, dit saint Paul, élevez vos enfants, les instruisant selon le Seigneur (Éphésiens 6. 3 ) .
Instruisez votre fils, disent les Proverbes (19, 18).
Avez-vous des fils? dit l'Ecclésiastique; instruisez-les avec soin, et donnez- leur de la discipline dès leur enfance ( 7, 25 ).
Ce qu'il faut apprendre aux enfants, c'est le saint nom de Jésus, de Marie, de Joseph, le Pater, l` Ave Maria, le Credo, les trois principaux mystères du christianisme, quelles sont nos fins dernières, les commandements de Dieu et de l'Église, les avantages et la nécessité de la prière et de la grâce, ce que sont les sacrements. On doit ne rien négliger pour leur apprendre le catéchisme en entier, ou le leur faire apprendre, si l'on est soi-même dans l'impossibilité de remplir ce devoir.
L'instruction religieuse, qui doit être donnée avec soin depuis l’âge le plus tendre jusqu'à la première communion, ne doit pas ensuite être négligée, mais développée.
La nécessité où sont les parents de donner l'instruction religieuse à leurs enfants, montre combien il est nécessaire qu'ils soient instruits eux-mêmes.
Sixième devoir des parents : la vigilance
IL est dit dans la Genèse que Joseph, mis à l a tète de la maison de Putiphar, la gouvernait et avait soin de tout ce qui lui avait été confié. (Genèse 39, 4). Et, à cause de Joseph, le Seigneur bénit la maison de cet Égyptien (Genèse 39. 5 ) .
Les parents sont tenus à la vigilance :
Vigilance de la part de la mère, lorsqu'elle porte son enfant dans son sein , afin de ne faire aucune imprudence, soit en marchant, soit en travaillant, soit en mangeant et en buvant, soit en portant des fardeaux, et afin de ne pas se mettre en colère, etc.
Vigilance de la part du mari, pour entourer de soins son épouse, pour faire lui-même ou faire faire les travaux les plus pénible qui sont à exécuter Vigilance pour lui épargner les mauvais traitements.
Vigilance de l'un et de l'autre pour se procurer des parrains vertueux et pour faire promptement baptiser l'enfant dès qu'il est né.
Vigilance de crainte de quelque accident, de ne pas laisser les enfants seuls à la maison.
Vigilance pour leur donner l'Instruction nécessaire, pour leur faire fréquenter la confession et les préparer à l'action la plus importante delà vie : la première communion.
Vigilance pour les éloigner des mauvaises compagnies.
Vigilance pour leur donner de bons principes, leur faire aimer de bonne heure la vertu, et leur faire détester le péché.
Vigilance dans la fréquentation des personnes d'un sexe différent.
Vigilance pour les surveiller à leur entrée dans le monde.
Vigilance pour ne pas entraver leur vocation lorsqu'elle est convenable, et surtout lorsqu'elle est excellente.
Vigilance enfin pour les nourrir et les vêtir selon leur condition, avec propreté, mais sans caresser leur vanité.
Septième devoir des parents: la correction
Et vous , pères, dit le grand Apôtre, ne provoquez point vos enfants a la colère; mais élevez-les en les corrigeant selon le Seigneur (Éphésiens 6. 4).
Corrigez votre enfant tandis qu'il en est temps. Il n'y a pas de défaut qu'on ne puisse détruire dans un enfant, si les réprimandes et les corrections sont sages et constantes. Châtiez, mais sans colère. Que la sévérité soit mêlée de douceur. Celui qui l'abandonne à la colère en corrigeant, se nuit à lui-même et nuit à l'enfant. Par la colère, il exaspère et scandalise son fils, loin de le guérir. Corriger avec colère n'est pas obéir à la charité, mais a la passion. Faite avec calme, la correction inspire le respect; faite avec emportement, elle excite la révolte et n'opère aucun bien.
Ne soyez pas comme un lion dans votre maison, dit l'Ecclésiastique, renversant tout et opprimant ceux dont vous êtes le maître (4. 35).
La correction doit être faite sans faiblesse, sans colère, quand il faut et comme il faut.
Huitième devoir des parents: Ils doivent bénir leurs enfants
On voit des exemples frappants des heureux effets de la bénédiction des parents, dans les bénédictions que Sem et Japhet reçurent de Noé leur père; Isaac, d'Abraham; Jacob, d'Isaac ; Tobie, etc.
Combien sont coupables les parents qui néglige de remplir leurs devoirs – Malheurs qu`ils se préparent.
Écoutez saint Paul : Celui, dit-il, qui n'a pas soin des siens, a renié sa foi, il est pire qu'un infidèle (1 Timothée 5. 8 ) .
Les mères insensées et scandaleuses ont des fils pervers, dit la Sagesse (3, 12).
Les vices de l'Âme se transmettent aux enfants aussi bien que ceux du corps. Les parents coupables sont comme les bourreaux de leur race; en commettant le mal, ils assassinent l'âme de leurs enfants. Ils sont, dit la Sagesse, les impitoyables meurtriers de leurs fils: (Sagesses 14, 23).
Les enfants et les neveux imitent leurs pères, est-il dit au livre des Rois.
St Cyprien disait : Les parents qui aiment leurs enfants selon la chair, en aveugles et en insensés, n'osent pas les reprendre ni les châtier; ils leur laissent satisfaire tous leurs caprices, Qu`arrive-t-il de là? Leurs enfants deviennent audacieux, libertins, querelleurs, incorrigibles ; ils tombent enfin dans de graves excès, et finissent par une mort prématurée et quelquefois honteuse et infâme. Ils sont pour leurs parents une cause de grandes douleurs, d'ignominie et de désespoir.
Vous n'êtes pas des pères, s'écrie saint Bernard, mais des assassins. (Serm. in Cant. ).
Les enfants bien élevés deviennent l`honneur et la gloire de leur parents.
Les enfants religieusement élevés font le bonheur, la joie, la consolation et la gloire de leurs parents. Ils sont respectueux, prévenants, affables, pleins de douceur et de bonté Ils perpétuent d’âge en âge la bonne réputation qui, depuis longtemps, est attachée, à leur famille et qui l'honore. Une telle maison se soutient. Du père aux petits-fils, elle ne cesse d'être un modèle de justice, de sagesse , de vertu; en un mot, c'est la maison bénie de Dieu et des hommes. De semblables familles excitent l'admiration de tout le monde, de génération en génération Elles sont un trésor national et comme un paratonnerre qui écarte les coups de la malédiction de Dieu de la tête du peuple auquel elles appartiennent. Heureuses familles! unies et en paix sur la terre, elles vont d'âge en âge s'unir dans le sein de Dieu, où a jamais le père bénira son fils, et le fils son père ; et tous ensemble Dieu.
Modèles que l`on doit suivre
La reine Blanche de Castille voulut aussi allaiter elle-même son fils Louis IX, et elle se chargea du soin de veiller sur son éducation. Elle lui avait inspiré dès le berceau un grand respect pour les choses saintes, de vifs sentiments de zèle et de piété, et un amour extraordinaire pour la chasteté. Je vous aime assurément, mon fils, lui disait-elle souvent dans son enfance ; je vous aime avec toute la tendresse dont une mère est capable ; • mais j'aimerais infiniment mieux vous voir tomber mort à mes pieds, que de vous voir jamais commettre un péché mortel. Ces paroles avaient fait une telle impression sur l'esprit du roi Louis, qu'il avoua plusieurs fois ne les avoir jamais oubliées, et qu'il ne passait pas de jour sans les rappeler à sa mémoire, pour se prémunir contre les attraits du péché (Ut supra). Écoutez ce que disait à son fils Philippe ce grand roi mourant : Mon fils, la première chose que je te commande à garder, c'est d'aimer Dieu de tout ton cœur, et de désirer plutôt souffrir tous les tourments que de pécher mortellement. Si Dieu t'envoie adversité, souffre-la en bonne grâce, et pense que tu l`as bien méritée. Va souvent à confesse, entends la messe avec dévotion, sois bon pour les pauvres. Maintiens les bonnes coutumes de ton royaume, et corrige les mauvaises. Ne charge pas ton peuple d'impôts, sers-toi d'hommes prudents et consciencieux. Écoute la parole de Dieu, et la retiens en ton cœur. Que nul ne soit assez hardi devant toi pour dire de mauvaises paroles, soit contre la modestie, soit contre la charité. Rend souvent grâces à Dieu. Sois juste envers tout le monde. Honore le clergé. Respecte ton père et ta mère. Travaille à faire disparaître le péché de la terre. Bien cher fils, je te donne toutes bénédictions qu'un bon père peut donner à son fils (Hist. de France).
Les premiers principes de l'éducation influent beaucoup sur toute la vie; et il est ordinaire à ceux qui ont été formés à la vertu dès l'enfance, de prendre toujours les maximes de l'Évangile pour règle de leur conduite. Les premières impressions ont une force immense quand elles sont aidées et soutenues par les soins et les exemples de parents pieux.
Toute la suite de la vie dépend des idées que l'on donne aux enfants, des sentiments qu'on leur inspire, et des habitudes qu'on leur fait contracter dans leurs premières années. Il est plus important qu'on ne le pense de les accoutumer alors à de petits sacrifices, de leur faire sentir les dangers des plaisirs des sens, et de les mettre en garde contre leurs impressions ; de leur montrer que ces plaisirs amoindrissent la force de l'âme; de les convaincre, en un mot, qu'il est plus facile de dompter ses passions dès leur commencement que plus tard, et que si on ne les fait plier sous le joug dès leur naissance, on aura une peine infinie à les soumettre. Il faut bien leur persuader que, dans la jeunesse, l'entêtement, l'opiniâtreté, l'aversion du travail, l'amour des plaisirs , sont de toutes les dispositions les plus dangereuses.
Les Trésors de Cornélius Lapide – Hollande -Belgique – 17 ème siècle
Responsabilité des parents
Les parents doivent regarder leurs enfants comme ne leur appartenant pas, et se souvenir que Dieu, auteur de la vie, les a remis entre leurs mains, et leur a confié le soin de former des serviteurs fidèles. Les enfants sont à Dieu. Car qu'avons-nous qui nous appartienne, à nous qui ne nous appartenons pas à nous-mêmes?...
Le Seigneur dit à tous les pères et à toutes les mères : Prenez cet enfant, et nourrissez-le-moi, et je vous donnerai votre récompense (Exode 2, 9). Ne péchez point contre votre enfant, car vous êtes responsable de son sang : (Genèse 42, 22 ). L'âme des parents répondra de celle des enfants, dit le Seigneur.
Gardez votre enfant; s'il se perd, votre âme paiera pour la sienne, dit encore le Seigneur : ( Rois. 20, 39 ).
Tenant la place de Dieu vis-à-vis de leurs enfants, les pères et les mères auront à lui rendre compte de la manière dont ils en auront pris soin.
Le premier devoir des parents, c'est d'être vertueux.
L'Évangile le premier nous dit que Zacharie le père et Élisabeth la mère de Jean-Baptiste, étaient tous deux justes devant Dieu, marchant dans tous les commandements du Seigneur avec obéissance et sans murmure : (Luc. 1. 6).
Je marchais dans l`innocence de mon cœur au milieu de ma famille, dit le Roi-Prophète .
Dans une famille, le père et la mère doivent, par la splendeur de leurs vertus et la sainteté de leurs mœurs, briller comme le soleil et la lune ; alors les enfants seront comme des étoiles étincelantes, et cette maison deviendra comme le firmament et le ciel de Dieu.
Celui qui a la charge de corriger les autres, doit être exempt de vices, dit saint Grégoire; l'œil blessé par quelques grains de poussière ne peut apercevoir une tache, et celui dont la main est pleine de boue ne saurait essuyer les souillures qui se trouvent sur ses vêtements (Lib. Moral.).
Pères et mères, dit saint Ambroise, si vous ne préservez et purifiez votre cœur de toute tache de péché, vous ne pouvez corriger vos enfants. Commencez par pacifier votre cœur, si vous voulez faire descendre la paix dans le cœur des autres. Car, comment purifierez-vous le cœur d'autrui, si vous n'avez auparavant purifié le vôtre ? (Lib. de Oflic.)
L'homme, dit encore ce père, doit être soumis à Dieu pour pouvoir commander. (Ut supra).
Celui qui veut que son inférieur lui soit soumis, doit se soumettre lui-même à son supérieur, dit saint Augustin. Parents, reconnaissez l'ordre. Qu'y a-t-il de plus juste et de plus raisonnable que d'obéir à Dieu, afin que vos enfants vous obéissent? Qu'y a-t-il de plus beau? Vous, soumis à Dieu, votre enfant vous sera soumis. Servez celui qui vous a créé, afin que votre enfant, ce don de Dieu, vous serve. Que si vous refusez de servir Dieu, jamais vous n'obtiendrez une parfaite soumission de votre famille. Vous vous insurgez contre Dieu, vos enfants s'insurgeront contre vous et feront votre tourment ( in PsaL CXLVH).
Nul ne sait commander, que celui qui sait obéir; nul ne connaît le joug qu'il impose, à moins qu'il ne l'ait porté lui-même. Voulez-vous, parents, savoir commander à vos enfants? recevez-les ordres de Dieu et exécutez-les; voulez-vous que vos enfants portent
le joug précieux et aimable de Jésus Christ, portez-le vous-mêmes.
Le fils de Tobie disait à son épouse : Nous sommes les enfants des saints (Tobie 2. 48). Quels sont aujourd'hui les enfants qui pourraient parler ainsi? Aussi Raguel dit-il au fils de Tobie : Soyez béni, mon fils, car vous êtes l`enfant du meilleur et du plus vertueux des pères : (Tobie 7. 7 ). Gabélus lui dit de son côté : Que le Dieu d'Israël vous bénisse, parce que vous êtes le fils d'un père parfait, juste, craignant Dieu, et faisant (Tobie 9. 9). Si les parents ne sont pas vertueux, comment inspireront ils à leurs enfants l'amour de la vertu?...
Deuxième devoir des parents – le bon exemple.
Le deuxième devoir que les pères et les mères ont à remplir, c'est de donner le bon exemple à leurs enfants.
Il est dit dans l'Évangile qu'un homme riche et puissant crut en Jésus Christ et toute sa maison à son exemple (Jean. 4 , 53). L'enfant suit vite l'exemple de ses parents. Il ressemble au lierre qui, ne pouvant se soutenir seul, s'attache à l'arbre ou à la muraille.
L'enfant est une cire molle, il prend facilement l'empreinte qu'on lui donne.
Le père de famille, qui est le chef de la maison, doit en être le modèle, et précéder son épouse et ses enfants en leur donnant le bon exemple.
Les parents par leurs scandales causent la perte de leurs enfants (cv. 37).
Vouloir faire des leçons aux enfants, et contredire par ses mauvais exemples les maximes que l'on émet, c'est une honte et un crime; c`est caresser d'une main, et frapper de l'autre. Il faut que les paroles s'accordent avec les actions; car si la conduite est en opposition avec les paroles, on élève inutilement la voix
Saint Augustin dit de sainte Monique sa mère : Elle arrosait de ses larmes et nourrissait par ses bons exemples les préceptes de vie qu'elle semait dans mon cœur (Lib. Confess. ).
Quelle impression voulez-vous que les bons avis, les sages conseils d`un père blasphémateur, impie, incrédule, colérique, ivrogne on d'une mère impudique, irréligieuse, emportée, lassent sur l'âme de leurs enfants?...
Le troisième devoir des parents, c'est la prière.
Ils sont obligés: 1° de prier pour eux-mêmes...; 2° de prier pour leurs enfants...; 3° de leur apprendre de bonne heure à prier; de les encourager à le faire; de leur enseigner l'obligation et l'excellence de la prière
Le quatrième devoir des parents : L`éducation
Quatrième devoir des parents, c'est de donner à leurs enfants une bonne éducation.
L'éducation regarde spécialement le cœur. Il faut éloigner du cœur des enfants les vices, en extirper le principe autant que possible, y faire germer les bonnes mœurs, les vertus, les conseils évangéliques.
Nos mauvais philosophes ont enseigné aux jeunes gens qu'il n'y a point de Dieu, ni d'autre vie ; que la religion est une fable; que l'homme n'est qu'un animal; que toute la morale consiste à rechercher le plaisir et à fuir la douleur. Ce cours d'éducation est bientôt fait; il ne faut ni collège, ni instituteurs pour s'y rendre habile ; aussi nos jeunes libertins en ont bientôt su autant que leurs maîtres, et tous les jours nous voyons éclore les fruits de cette morale humaine, naturelle, philosophique, ou plutôt animale, plus digne, dit Bergier, des étables d'Épicure que d'une école d'éducation ( Art. Éducation ).
Tout est perdu dans l'homme et la société , quand le cœur des enfants est corrompu ou mal dirigé par les parents.
Dans tout plan d'éducation, il faut faire entrer la politesse..., les bonnes manières..., la civilité. Les parents qui négligent de donner ces excellentes habitudes à leurs enfants, en font des êtres grossiers, malhonnêtes, sots et détestables.
Le premier fruit d'une bonne éducation, c'est la joie qu'elle prépare aux parents et aux enfants Le second fruit, c'est d'éloigner d'eux la misère Le troisième, c'est d'attirer sur les parents les louanges et l'honneur Le quatrième, c'est de confondre l'inimitié et la jalousie, et de réjouir l'amitié.
Le père de cet enfant est mort, dit l'Ecclésiastique, et cependant c'est comme s'il ne l'était pas : car il a laissé après lui quelqu'un qui lui ressemble (30. 4). Voilà le cinquième fruit d'une bonne éducation. En mourant, le père parait ressusciter dans ses enfants : ceux-ci reproduisent sa vie, sa sagesse, sa vertu, et les rendent comme immortelles La mauvaise éducation a des résultats tout opposés.
Cinquième devoir des parents : l`instruction religieuse
Le cinquième devoir des parents, c'est de donner à leurs enfants l'instruction religieuse.
Pères et mères, dit saint Paul, élevez vos enfants, les instruisant selon le Seigneur (Éphésiens 6. 3 ) .
Instruisez votre fils, disent les Proverbes (19, 18).
Avez-vous des fils? dit l'Ecclésiastique; instruisez-les avec soin, et donnez- leur de la discipline dès leur enfance ( 7, 25 ).
Ce qu'il faut apprendre aux enfants, c'est le saint nom de Jésus, de Marie, de Joseph, le Pater, l` Ave Maria, le Credo, les trois principaux mystères du christianisme, quelles sont nos fins dernières, les commandements de Dieu et de l'Église, les avantages et la nécessité de la prière et de la grâce, ce que sont les sacrements. On doit ne rien négliger pour leur apprendre le catéchisme en entier, ou le leur faire apprendre, si l'on est soi-même dans l'impossibilité de remplir ce devoir.
L'instruction religieuse, qui doit être donnée avec soin depuis l’âge le plus tendre jusqu'à la première communion, ne doit pas ensuite être négligée, mais développée.
La nécessité où sont les parents de donner l'instruction religieuse à leurs enfants, montre combien il est nécessaire qu'ils soient instruits eux-mêmes.
Sixième devoir des parents : la vigilance
IL est dit dans la Genèse que Joseph, mis à l a tète de la maison de Putiphar, la gouvernait et avait soin de tout ce qui lui avait été confié. (Genèse 39, 4). Et, à cause de Joseph, le Seigneur bénit la maison de cet Égyptien (Genèse 39. 5 ) .
Les parents sont tenus à la vigilance :
Vigilance de la part de la mère, lorsqu'elle porte son enfant dans son sein , afin de ne faire aucune imprudence, soit en marchant, soit en travaillant, soit en mangeant et en buvant, soit en portant des fardeaux, et afin de ne pas se mettre en colère, etc.
Vigilance de la part du mari, pour entourer de soins son épouse, pour faire lui-même ou faire faire les travaux les plus pénible qui sont à exécuter Vigilance pour lui épargner les mauvais traitements.
Vigilance de l'un et de l'autre pour se procurer des parrains vertueux et pour faire promptement baptiser l'enfant dès qu'il est né.
Vigilance de crainte de quelque accident, de ne pas laisser les enfants seuls à la maison.
Vigilance pour leur donner l'Instruction nécessaire, pour leur faire fréquenter la confession et les préparer à l'action la plus importante delà vie : la première communion.
Vigilance pour les éloigner des mauvaises compagnies.
Vigilance pour leur donner de bons principes, leur faire aimer de bonne heure la vertu, et leur faire détester le péché.
Vigilance dans la fréquentation des personnes d'un sexe différent.
Vigilance pour les surveiller à leur entrée dans le monde.
Vigilance pour ne pas entraver leur vocation lorsqu'elle est convenable, et surtout lorsqu'elle est excellente.
Vigilance enfin pour les nourrir et les vêtir selon leur condition, avec propreté, mais sans caresser leur vanité.
Septième devoir des parents: la correction
Et vous , pères, dit le grand Apôtre, ne provoquez point vos enfants a la colère; mais élevez-les en les corrigeant selon le Seigneur (Éphésiens 6. 4).
Corrigez votre enfant tandis qu'il en est temps. Il n'y a pas de défaut qu'on ne puisse détruire dans un enfant, si les réprimandes et les corrections sont sages et constantes. Châtiez, mais sans colère. Que la sévérité soit mêlée de douceur. Celui qui l'abandonne à la colère en corrigeant, se nuit à lui-même et nuit à l'enfant. Par la colère, il exaspère et scandalise son fils, loin de le guérir. Corriger avec colère n'est pas obéir à la charité, mais a la passion. Faite avec calme, la correction inspire le respect; faite avec emportement, elle excite la révolte et n'opère aucun bien.
Ne soyez pas comme un lion dans votre maison, dit l'Ecclésiastique, renversant tout et opprimant ceux dont vous êtes le maître (4. 35).
La correction doit être faite sans faiblesse, sans colère, quand il faut et comme il faut.
Huitième devoir des parents: Ils doivent bénir leurs enfants
On voit des exemples frappants des heureux effets de la bénédiction des parents, dans les bénédictions que Sem et Japhet reçurent de Noé leur père; Isaac, d'Abraham; Jacob, d'Isaac ; Tobie, etc.
Combien sont coupables les parents qui néglige de remplir leurs devoirs – Malheurs qu`ils se préparent.
Écoutez saint Paul : Celui, dit-il, qui n'a pas soin des siens, a renié sa foi, il est pire qu'un infidèle (1 Timothée 5. 8 ) .
Les mères insensées et scandaleuses ont des fils pervers, dit la Sagesse (3, 12).
Les vices de l'Âme se transmettent aux enfants aussi bien que ceux du corps. Les parents coupables sont comme les bourreaux de leur race; en commettant le mal, ils assassinent l'âme de leurs enfants. Ils sont, dit la Sagesse, les impitoyables meurtriers de leurs fils: (Sagesses 14, 23).
Les enfants et les neveux imitent leurs pères, est-il dit au livre des Rois.
St Cyprien disait : Les parents qui aiment leurs enfants selon la chair, en aveugles et en insensés, n'osent pas les reprendre ni les châtier; ils leur laissent satisfaire tous leurs caprices, Qu`arrive-t-il de là? Leurs enfants deviennent audacieux, libertins, querelleurs, incorrigibles ; ils tombent enfin dans de graves excès, et finissent par une mort prématurée et quelquefois honteuse et infâme. Ils sont pour leurs parents une cause de grandes douleurs, d'ignominie et de désespoir.
Vous n'êtes pas des pères, s'écrie saint Bernard, mais des assassins. (Serm. in Cant. ).
Les enfants bien élevés deviennent l`honneur et la gloire de leur parents.
Les enfants religieusement élevés font le bonheur, la joie, la consolation et la gloire de leurs parents. Ils sont respectueux, prévenants, affables, pleins de douceur et de bonté Ils perpétuent d’âge en âge la bonne réputation qui, depuis longtemps, est attachée, à leur famille et qui l'honore. Une telle maison se soutient. Du père aux petits-fils, elle ne cesse d'être un modèle de justice, de sagesse , de vertu; en un mot, c'est la maison bénie de Dieu et des hommes. De semblables familles excitent l'admiration de tout le monde, de génération en génération Elles sont un trésor national et comme un paratonnerre qui écarte les coups de la malédiction de Dieu de la tête du peuple auquel elles appartiennent. Heureuses familles! unies et en paix sur la terre, elles vont d'âge en âge s'unir dans le sein de Dieu, où a jamais le père bénira son fils, et le fils son père ; et tous ensemble Dieu.
Modèles que l`on doit suivre
La reine Blanche de Castille voulut aussi allaiter elle-même son fils Louis IX, et elle se chargea du soin de veiller sur son éducation. Elle lui avait inspiré dès le berceau un grand respect pour les choses saintes, de vifs sentiments de zèle et de piété, et un amour extraordinaire pour la chasteté. Je vous aime assurément, mon fils, lui disait-elle souvent dans son enfance ; je vous aime avec toute la tendresse dont une mère est capable ; • mais j'aimerais infiniment mieux vous voir tomber mort à mes pieds, que de vous voir jamais commettre un péché mortel. Ces paroles avaient fait une telle impression sur l'esprit du roi Louis, qu'il avoua plusieurs fois ne les avoir jamais oubliées, et qu'il ne passait pas de jour sans les rappeler à sa mémoire, pour se prémunir contre les attraits du péché (Ut supra). Écoutez ce que disait à son fils Philippe ce grand roi mourant : Mon fils, la première chose que je te commande à garder, c'est d'aimer Dieu de tout ton cœur, et de désirer plutôt souffrir tous les tourments que de pécher mortellement. Si Dieu t'envoie adversité, souffre-la en bonne grâce, et pense que tu l`as bien méritée. Va souvent à confesse, entends la messe avec dévotion, sois bon pour les pauvres. Maintiens les bonnes coutumes de ton royaume, et corrige les mauvaises. Ne charge pas ton peuple d'impôts, sers-toi d'hommes prudents et consciencieux. Écoute la parole de Dieu, et la retiens en ton cœur. Que nul ne soit assez hardi devant toi pour dire de mauvaises paroles, soit contre la modestie, soit contre la charité. Rend souvent grâces à Dieu. Sois juste envers tout le monde. Honore le clergé. Respecte ton père et ta mère. Travaille à faire disparaître le péché de la terre. Bien cher fils, je te donne toutes bénédictions qu'un bon père peut donner à son fils (Hist. de France).
Les premiers principes de l'éducation influent beaucoup sur toute la vie; et il est ordinaire à ceux qui ont été formés à la vertu dès l'enfance, de prendre toujours les maximes de l'Évangile pour règle de leur conduite. Les premières impressions ont une force immense quand elles sont aidées et soutenues par les soins et les exemples de parents pieux.
Toute la suite de la vie dépend des idées que l'on donne aux enfants, des sentiments qu'on leur inspire, et des habitudes qu'on leur fait contracter dans leurs premières années. Il est plus important qu'on ne le pense de les accoutumer alors à de petits sacrifices, de leur faire sentir les dangers des plaisirs des sens, et de les mettre en garde contre leurs impressions ; de leur montrer que ces plaisirs amoindrissent la force de l'âme; de les convaincre, en un mot, qu'il est plus facile de dompter ses passions dès leur commencement que plus tard, et que si on ne les fait plier sous le joug dès leur naissance, on aura une peine infinie à les soumettre. Il faut bien leur persuader que, dans la jeunesse, l'entêtement, l'opiniâtreté, l'aversion du travail, l'amour des plaisirs , sont de toutes les dispositions les plus dangereuses.
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
Re: Les Trésors de Cornélius Lapide - Hollande-Belgique - 17 eme siècle
Comment être CHRÉTIEN
Source : Les trésors de Cornélius Lapide – Belgique et Hollande - 17 eme siècle.
Qu`est-ce qu`un Chrétien
Le chrétien est celui qui imite Jésus Christ qui est uni à Jésus Christ, qui vit de la vie de Jésus Christ et qui le possède. Le chrétien est mort aux vices..., il vît pour la vertu.
Il faut que celui qui voit un chrétien croie voir Jésus Christ; car le chrétien doit être l'image vivante du Sauveur. Il doit ressembler à Dieu; Adam fut créé à cette ressemblance, comme l'attestent ces paroles de la Genèse : Faisons l'homme à notre image et à notre ressemblance; et Dieu créa l'homme à son image (Genèse 1. 26.27 ). La profession du chrétien est de ramener l'homme à son antique état, à sa première grandeur et félicité, c'est-à-dire a la ressemblance avec Dieu.
On appelle chrétien, dit saint Ambroise, celui qui aime la chasteté, qui fuit l'ivrognerie, qui déteste l'orgueil, qui évite l'envie comme un venin diabolique .
Chrétien vient de Christ, et ces deux termes sont comme synonymes. Il faut dit saint Ambroise, que la conduite réponde au nom, afin que le nom ne devienne pas un vain mot et un grand crime. Citons en entier ce beau passage du saint docteur : Sachons, dit-il, ce que nous sommes; et ce que nous sommes par profession, montrons-le par nos œuvres plutôt que par notre nom, afin que le nom soit d'accord avec les actions et que les actions répondent au nom. Autrement le nom serait un vain mot et un grand crime. Il faut éviter de joindre à l'honneur qui nous a été fait une vie abominable; a une profession divine, une conduite criminelle; à l'habit du chrétien, les vices du monde ; au langage de la colombe, les actes du renard; à l'apparence de l'agneau, la férocité du loup. Celui-là est chrétien, dit saint Augustin, qui est miséricordieux pour tous, qui ne s'émeut pas d'une injure, qui vient au secoure des délaissés, qui s'afflige avec les affligés, qui partage la douleur d'autrui comme si elle lui était propre, qui ne ferme pas sa porte ai malheureux, qui n'outrage personne, qui sert Dieu jour et nuit, qui fait son occupation constante de méditer la loi divine, qui est pauvre aux yeux du monde, mais riche a u x yeux de Dieu. Celui-là est chrétien dont l`âme est simple et droite, dont la conscience est fidèle et pure, dont l'esprit se repose en Dieu et qui met tout son espoir en J. C ; celui-là est chrétien qui préfère les biens du ciel à ceux de la terre, et qui méprise le monde pour s'attacher à Dieu.
Le christianisme est la profession de la sainteté, l'étude de la vertu, l'imitation de la vie de Jésus Christ. Pourquoi, dit saint Antoine, ne pas abandonner de bon cœur, pour gagner le royaume des cieux, des biens que la mort doit nous ravir tôt ou tard? Le chrétien ne doit pas s'occuper des bagatelles qu'il ne peut emporter avec lui. Cherchons et désirons ce qui conduit au ciel, la sagesse, la pureté, la justice, la vigilance, la charité envers les pauvres, la foi en Jésus Christ, un esprit courageux et sachant dompter la colère.
Faire des bonnes œuvres, c'est confirmer son titre de chrétien; car celui-là seul est véritablement chrétien qui conforme sa foi et ses œuvres aux préceptes de Jésus Christ
Le chrétien doit demeurer en Jésus Christ. Or, dit l'apôtre saint Jean, celui qui demeure en Jésus Christ doit suivre lui-même la voie où Jésus Christ a marché.
Comment doit agir un Chrétien
Ce n'est pas vous qui m'avez choisi, dit Jésus Christ à ses disciples, mais moi qui vous ai choisis, et je vous ai établis, afin que vous alliez, que vous produisiez des fruits, et des fruits qui demeurent, et que mon Père vous donne tout ce que vous demanderez en mon nom (Jean 15. 16).
Le chrétien, qui est plus grand que le monde, ne peut ni désirer, ni rechercher ce qui appartient au monde. Le chrétien doit se servir de la croix comme d'un instrument pour cultiver son corps, son âme, son esprit et son cœur. Ce n'est qu'avec la croix qu'on parvient à arracher les ronces et les épines qui naissent sans cesse dans le champ du Seigneur
Les premiers chrétiens : 1° écoutaient assidûment la parole de Dieu, 2° communiaient souvent, 3° priaient le Seigneur et célébraient ses louanges. Il faut encore agir de même. Trois choses sont nécessaires à la vie du corps : le soleil, le pain, l'air ou la respiration; trois choses sont également nécessaires à la vie de l'âme: le soleil spirituel qui éclaire l'intelligence, c'est-à-dire la parole de Dieu, le pain eucharistique, et la prière, qui est la respiration de l'âme.
L'apôtre saint Pierre exige des chrétiens une pleine et universelle sainteté : Soyez saints, dit-il, en toutes vos actions ( 1 . Pierre 1 .15). Il y a des chrétiens qui paraissent des anges dans l'Église, et qui sont des démons dans leur maison. Il faut que la vie soit chrétienne, c'est-à-dire pure et sainte, dans les actes, le langage, les démarches, la nourriture, l'étude, le travail, le sommeil, l'exercice de l'autorité, etc. Au pied des autels le chrétien doit prier avec la ferveur des séraphins; dans l'administration de la justice, il doit se montrer doux et équitable comme les Trônes; dans la répression de ses convoitises, il doit avoir la fermeté des Dominations; dans le gouvernement des affaires de sa maison, il doit imiter les Principautés; dans les tentations, il doit reproduire l`héroïsme et la générosité des Puissances; dans ses luttes contre le démon, le monde et la chair, il lui faut la force des Vertus; dans l'accomplissement des devoirs et des actes de la vie publique, la fidélité des archanges; à table, en voyage, hors de chez lui, et en son particulier, de jour et de nuit la décence, la modestie, et la pureté des anges. ( Note: Les neuf types d`Anges: les séraphins - chérubins - Trônes - Dominations - Principautés - Puissances - Vertus - Archanges - Anges.)
Vous-mêmes, dit le prince des Apôtres, soyez posés sur Jésus Christ comme des pierres vivantes, afin de former un édifice spirituel, et un sacerdoce saint, afin d'offrir à Dieu des sacrifices spirituels qui lui soient agréables par Jésus Christ (Pierre 1 , 2. 5).
Il faut que le chrétien soit une pierre vivante par la foi et la charité. Voici la ressemblance qui existe entre une pierre et un chrétien: Pour être employée, il est nécessaire que la pierre soit taillée : pour servir à la construction de la céleste Jérusalem, le chrétien doit être taillé par le ciseau de la pénitence, etc. C'est ce qu'expriment si bien les paroles suivantes de l'hymne de saint Ambroise : Les pierres vivantes de cette cité sainte sont taillées par les persécutions et les douleurs; puis la main du Seigneur les met chacune a sa place; elle les range dans les murs sacrés où elles resteront éternellement
Comme la pierre doit avoir certaines dimensions, de même le chrétien doit avoir la dimension suffisante pour prendre place dans le mur du salut. La pierre doit être bonne et solide: le chrétien doit être pieux et fort, etc. Il ne faut pas qu'il soit indigne d'être posé sur la pierre fondamentale, qui est Jésus Christ. Dans une construction, la pierre soutient la pierre : selon la recommandation de l'Apôtre, les chrétiens doivent se supporter et s'aider les uns les autres (Galates 6. 2). La pierre est liée à la pierre par du ciment, afin de ne faire qu'un seul corps et qu'un tout : les chrétiens doivent être unis par les liens de la charité, à l'imitation des premiers chrétiens, qui n'avaient qu'un cœur et qu'une une âme (Actes des Apôtres 4. 32).
Les chrétiens doivent être les brebis du Sauveur, les disciples et les membres de Jésus Christ , le temple du Saint-Esprit, les fils de Dieu, la lumière du monde, le sel de la terre.
Apportez tous vos soins, dit l'apôtre saint Pierre, pour unir à votre foi la force, à la force la science, à la science la tempérance, à la tempérance la patience, à la patience la piété, à la piété l'amour de vos frères, et à l'amour de vos frères la charité. Car, si ces vertus se trouvent en vous, et qu'elles y croissent de plus en plus, elles ne laisseront pas stérile et infructueuse la connaissance que vous avez de Jésus Christ. Celui qui ne les a point est un aveugle qui marche à tâtons (2.Pierre 1, 5-9). Telles sont les vertus qui, selon saint Pierre, doivent orner le chrétien. Car en joignant à la foi la force, à la force la science, à la science la tempérance, à la tempérance la patience, a la patience la piété, à la piété l'amour fraternel, à l'amour fraternel l'amour de Dieu, on embrasse tous les devoirs de la vie chrétienne et on en atteint la perfection. Par la foi, la piété et la charité, on rend a Dieu ce qu'on lui doit; par la force, la science, la tempérance et la patience, on s'acquitte de ses devoirs envers soi-même, et par l'amour fraternel, de ses devoirs envers le prochain
Faites en sorte, dit encore saint Pierre, que le Seigneur vous trouve purs et irrépréhensibles. (2 Pierre 3, 14).
Il faut être irrépréhensibles, 1 - en présence de Celui à qui rien n'est caché ; 2 - au jugement du tribunal que rien ne peut tromper et auquel personne ne peut se soustraire ; 3 - il faut l'être, afin de plaire à Dieu et non pour plaire aux hommes, afin de procurer l'honneur de Dieu et non le vôtre, pour le sien propre.
Malheur, malheur, malheur aux habitants de la terre! s'écrie saint Jean dans l'Apocalypse: (Apocalypse 8, 13 ) ; c'est-à-dire, malheur à ceux qui s'attachent aux biens de la terre I Le vrai chrétien n'est ici-bas qu'un voyageur et un étranger; celui qui habite réellement la terre et qui l'aime, n'y trouve que la misère et la mort.
Attendez le Seigneur, dit le Psalmiste, agissez virilement, fortifiez votre cœur et soutenez les épreuves du Seigneur (Psaumes 26. 14). Tant que dure la vie présente, travaillez à vous procurer celle qui ne finit jamais ; pendant que vous possédez votre corps, mourez au monde et à la chair, afin qu'ainsi vous viviez en Dieu. Au milieu des souffrances du martyre, saint Diaconus disait : Je suis chrétien, et ne suis rien autre chose : voilà mon nom, ma noblesse, ma patrie, ma doctrine. Nous sommes chrétiens, disait sainte Blandine a ses juges iniques, et il ne se commet point de pèches parmi nous.
Il ne suffit pas d'être appelé chrétien, dit saint Ignace, mais il faut l'être d'action ; ce n'est pas le nom qui rend heureux, mais les bonnes œuvres. Le chrétien est un être céleste sur la terre, dit saint Grégoire (Lib. V Moral.).
Le sage édifie la maison de son salut, disent les Proverbes; l'insensé la renverse de ses propres mains ( Proverbes 14, 1). Pour construire la maison spirituelle, dit le vénérable Bède, il faut avoir une foi ferme, le casque du salut sur la tête, la parole de la vérité dans la bouche, la bonne volonté dans l'esprit, l'amour de Dieu dans le cœur, la charité et la chasteté pour ceinture, la pureté dans les actions, la sobriété dans les mœurs, une bonté constante, la patience dans les tribulations, l'espérance en Celui qui nous a créés, le désir de la vie éternelle, et la persévérance jusqu'à la fin (ln Psal.).
En mourant, sainte Catherine de Sienne fit entendre à ses religieuses ces remarquables et immortelles paroles : II faut que le chrétien ait une grande confiance en la Providence; qu'il sache que tout ce qui arrive, soit à lui, soit aux autres, arrive par ses soins, et qu'elle est guidée non par la haine, mais par un amour infini (In ejusvita).
Qui montera sur la montagne où habite le Seigneur? qui s'arrêtera dans son sanctuaire? demande le Roi-Prophète. Celui, répond-il, qui a les mains innocentes et le cœur pur, qui n'a pas reçu son âme en vain, qui n'a jamais été parjure. Celui-là recevra la bénédiction du Seigneur, et obtiendra la miséricorde de Dieu son Sauveur (1).
«Éloignez-vous du mal, et faites le bien» ( Psaumes 36. 27 ). Voilà en deux mots tous les devoirs du chrétien.
Excitez-vous mutuellement aux combats du Seigneur, dit saint Eucher; que chacun de vous serve Dieu avec activité; qu'il soit fervent dans l'oraison, attentif aux lectures pieuses, pur, sobre, repentant de ses fautes, honnête, modeste, sincère, doux, modéré, grave, et plein de charité. ( Epist. )
Dans la vie spirituelle, dit le P. Alvarez, l'eau de la componction est nécessaire pour nous purifier, le feu du Saint-Esprit pour nous enflammer, le fer de la tribulation pour nous dompter, le sel de la mortification pour nous préserver de la corruption, le lait de la pureté pour nous fortifier, le pain des vertus pour nous nourrir, le miel des consolations pour nous encourager, une forte dose de zèle pour accomplir nos bonnes œuvres, l'huile de la charité pour nous adoucir, et le vêtement de la grâce pour nous couvrir ( Proverb. ).
Le Chrétien doit s`attacher a Jésus-Christ et s`unir a lui en l`imitant
Je suis la vraie vigne, dit Jésus Christ, et mon Père est le vigneron. Il coupera toutes celles de mes branches qui sont stériles, et il émondera toutes celles qui portent du fruit afin qu`elles produisent encore davantage. Demeurez en moi, je demeurerai en vous. Le sarment ne peut porter de fruit par lui-même, s'il ne demeure uni à la vigne; ainsi sera-t-il de vous, si vous ne demeurez pas en moi. Je suis la vigne et vous les branches. Celui qui demeure en moi, et en qui je demeure, porte beaucoup de fruits : sans moi vous ne pouvez rien faire. Si quelqu'un ne demeure pas en moi, il sera jeté dehors comme le rameau inutile; il séchera, on le ramassera, et on le jettera au feu, et il sera consumé .
Je suis la vigne, dit Jésus Christ , et vous les branches. Pourquoi Jésus Christ se compare-t-il à la vigne plutôt qu'à tout autre arbre ? 1 - A cause de l'abondance de fruits que donne la vigne : le chrétien doit produire des fruits abondants. 2 - A cause de la douceur de ce fruit : le chrétien doit être doux, patient, résigné. 3 - Parce que la vigne produit le vin, et que Jésus Christ est justement nommé le vin qui engendre les vierges : le chrétien doit avoir soif de Jésus Christ , et travailler à se procurer ce vin délicieux, qui réparera ses forces
4 - Parce que la vigne s'étend beaucoup : le chrétien doit étendre et augmenter le nombre de ses vertus. 5 - La vigne ne s'élève pas d'elle-même, mais rampe sur le sol : le chrétien doit se plaire dans l'humilité. 6 - La vigne suit la direction qu'on lui donne : le chrétien doit renoncer à sa volonté, et obéir constamment à Dieu et à l'Église. 7 - La vigne a des fleurs odoriférantes et de larges feuilles : le chrétien doit répandre partout la bonne odeur de Jésus Christ et se couvrir de lui comme d'un brillant feuillage. 8 - Le raisin mis sous le pressoir donne du vin : le chrétien doit se résigner à passer par le pressoir des épreuves, s'il veut produire des actes de vertu
Demeurez en moi, dit Jésus Christ. Car, 1 - sans moi vous ne pouvez rien faire; avec moi vous serez féconds en fruits divins. 2 - Sans moi vous seriez arides : avec moi vous vivrez. 3 - Sans moi vous seriez coupés et jetés au feu : avec moi vous demeurerez et serez transportés au ciel Demeurez en moi : comme la branche de vigne tire sa vie , sa sève, ses fruits du tronc qui la porte; ainsi le chrétien tire de Jésus Christ toutes ses vertus, tous ses mérites, la vie de la grâce et la vie éternelle.
Si quelqu'un ne demeure pas en moi, dit Jésus Christ , il sera jeté dehors comme le sarment inutile...; il séchera..., on le ramassera..., on le jettera au feu..., et il sera consumé
Méditons souvent et avec attention sur chaque mot de ce verset de l'Évangile.
Si vous voulez être chrétien, attachez-vous à Jésus Christ, vivez de Jésus Christ et suivez ses exemples.
Quiconque dit qu'il demeure en J. C , doit suivre la voie que J.C. a suivie, dit l'apôtre St Jean (1. Jean 2, 6). Saint Prosper dit excellemment : Qu'est-ce que suivre la voie que Jésus Christ a suivie, sinon mépriser toutes les prospérités qu'il a méprisées, ne pas craindre les adversités qu'il a supportées , pratiquer ce qu'il a enseigné, espérer ce qu'il a promis, faire du bien même aux ingrats, ne pas rendre le mal pour le mal, prier pour ses ennemis, avoir compassion des méchants, aller au-devant de ceux qui nous persécutent, supporter les hypocrites et les orgueilleux, enfin être, selon l'expression de l'apôtre saint Paul, mort à la chair pour ne vivre que de J. C? (De Vit. contemplât. )
Les premiers chrétiens et les bons chrétiens de tous les siècles ont imité Jésus Christ
Écoutez saint Justin décrivant les mœurs des chrétiens de son temps : Toute contrée, quelque étrangère qu'elle leur soit, est leur patrie, et la patrie leur est comme étrangère. Ils sont revêtus d'un corps de chair, mais ils ne vivent pas selon la chair; ils sont sur la terre, mais leur conversation est dans le ciel ; ils sont pauvres, et ils enrichissent autrui ; ils manquent de tout, et ils sont dans l'abondance [Epist. ad Diog.).
Les vrais chrétiens de tous les siècles ont été modestes dans leurs vêtements, sereins de visage, prudents dans leurs paroles, assidus à la prière, grands dans la foi, remplis d'espérance et de charité, profondément humbles, circonspects dans les conseils, animés d'une tendre piété, actifs en bonnes œuvres, satisfaits dans les opprobres, doux de mœurs, ornés de sagesse, de vertus et de grâce devant Dieu et devant les hommes. Telle est la vie chrétienne et l'imitation de Jésus Christ.
On lit dans la vie de saint Willibald, que ce saint faisait d'abondantes aumônes, qu'il veillait assidûment, qu'il aimait l'oraison, qu'il était plein de compassion pour les malheureux, d'une charité parfaite, puissant en doctrine, saint dans sa conversation. La douceur de son visage témoignait de la candeur de son âme ; la mansuétude de ses paroles était l'indice de la piété de son cœur ; il n'omettait rien de ce qui pouvait conduire au salut éternel, le pratiquant et l'enseignant aux autres. Il prenait très-peu de repos, n'écoulait jamais ses inclinations ni sa volonté, aimait le travail, était patient devant les injures, repoussait les louanges, était pauvre d`argent, mais riche en vertus, humble en présence du mérite, terrible pour le vice, et ne perdant jamais Dieu de vue. Voilà le vrai chrétien. Le portrait de ce saint est celui de tous les saints et de tous les bons chrétiens; car le bon chrétien est un saint, comme le mauvais chrétien est un réprouvé.
Le Chrétien doit avoir de la discipline
Je vous ordonne ce combat spirituel selon les lois de la sainte milice, dit Saint Paul à son cher disciple Timothée.
Écoutez Tertullien : Nous sommes appelés, dit-il, à la milice du Dieu vivant. Aucun soldat ne marche au combat en se plongeant dans les délices ; ce n'est pas d'un lit qu'il sort pour aller à l'ennemi, mais d'une tente dure et pauvre, qu'un instant suffit à transporter d'un lieu à un autre. Dans la paix même, le soldat apprend déjà la guerre par ses travaux, par des incommodités de mille espèces, en marchant sous les armes, en plantant le camp, en faisant des retranchements, en desséchant les marais. Il se fortifie par les sueurs qu'il supporte, et il se prépare ainsi à ne pas trembler au moment du combat. Il va de l'ombre au soleil, du soleil à la lutte; il passe de l'habit à la cuirasse, du silence aux cris, du repos à la bataille.
Grandeur du Chrétien
Pour être semblables u Dieu dans la gloire, nous devons lui être semblables en sainteté, en vertu, en grâce, en amour, en travail, en douleur et porter notre croix; selon ces paroles du grand Apôtre aux Romains : Si nous sommes enfants de Dieu, nous sommes aussi héritiers; je dis héritiers de Dieu et cohéritiers de J. C , pourvu toutefois que nous souffrions avec l u i , afin que nous soyons glorifiés avec lui ( Épitre aux Romains 8, 17).
Vous serez mon peuple, dit le Seigneur par la bouche de Jérémie, et moi je serai votre Dieu. (Jérémie 30. 22).
La grandeur du chrétien consiste, non à passer pour tel, mais à l'être en effet, dit saint Jérôme.( Epist. ad Paulin. ).
Les Chrétiens sont les enfants de la promesse
Les chrétiens sont les enfants de la promesse, c'est-à-dire promis par Dieu. .
1 – Dieu avait promis par les prophètes qu'il y aurait des chrétiens, ou une nation de chrétiens 2 - Par les mêmes prophètes, il a promis aux chrétiens la justice et le salut, qui leur viennent de leur foi et de leur obéissance à Jésus Christ. La génération des chrétiens n'est pas naturelle, mais surnaturelle et libre ; elle se fait par la grâce qui en est le père, et par le consentement de la volonté qui en est la mère. Les Chrétiens ont succédé aux Juifs incrédules et rejetés de la filiation spirituelle.
Moyens à employer pour être bon chrétien
1 - le souvenir de la présence de Dieu...; 2 - l'intention pure.,.; 3 - la confiance en Dieu...; 4 - l'oraison...; 5 - le courage et la persévérance...; 6 - ne jamais mépriser les petites choses...; 7- travailler pour l'éternité et non pour le temps...; 8 - tous les jours, en se levant, penser que ce jour est peut-être le dernier de la vie...; 9 - observer les lois de Dieu de l'Église.
Source : Les trésors de Cornélius Lapide – Belgique et Hollande - 17 eme siècle.
Qu`est-ce qu`un Chrétien
Le chrétien est celui qui imite Jésus Christ qui est uni à Jésus Christ, qui vit de la vie de Jésus Christ et qui le possède. Le chrétien est mort aux vices..., il vît pour la vertu.
Il faut que celui qui voit un chrétien croie voir Jésus Christ; car le chrétien doit être l'image vivante du Sauveur. Il doit ressembler à Dieu; Adam fut créé à cette ressemblance, comme l'attestent ces paroles de la Genèse : Faisons l'homme à notre image et à notre ressemblance; et Dieu créa l'homme à son image (Genèse 1. 26.27 ). La profession du chrétien est de ramener l'homme à son antique état, à sa première grandeur et félicité, c'est-à-dire a la ressemblance avec Dieu.
On appelle chrétien, dit saint Ambroise, celui qui aime la chasteté, qui fuit l'ivrognerie, qui déteste l'orgueil, qui évite l'envie comme un venin diabolique .
Chrétien vient de Christ, et ces deux termes sont comme synonymes. Il faut dit saint Ambroise, que la conduite réponde au nom, afin que le nom ne devienne pas un vain mot et un grand crime. Citons en entier ce beau passage du saint docteur : Sachons, dit-il, ce que nous sommes; et ce que nous sommes par profession, montrons-le par nos œuvres plutôt que par notre nom, afin que le nom soit d'accord avec les actions et que les actions répondent au nom. Autrement le nom serait un vain mot et un grand crime. Il faut éviter de joindre à l'honneur qui nous a été fait une vie abominable; a une profession divine, une conduite criminelle; à l'habit du chrétien, les vices du monde ; au langage de la colombe, les actes du renard; à l'apparence de l'agneau, la férocité du loup. Celui-là est chrétien, dit saint Augustin, qui est miséricordieux pour tous, qui ne s'émeut pas d'une injure, qui vient au secoure des délaissés, qui s'afflige avec les affligés, qui partage la douleur d'autrui comme si elle lui était propre, qui ne ferme pas sa porte ai malheureux, qui n'outrage personne, qui sert Dieu jour et nuit, qui fait son occupation constante de méditer la loi divine, qui est pauvre aux yeux du monde, mais riche a u x yeux de Dieu. Celui-là est chrétien dont l`âme est simple et droite, dont la conscience est fidèle et pure, dont l'esprit se repose en Dieu et qui met tout son espoir en J. C ; celui-là est chrétien qui préfère les biens du ciel à ceux de la terre, et qui méprise le monde pour s'attacher à Dieu.
Le christianisme est la profession de la sainteté, l'étude de la vertu, l'imitation de la vie de Jésus Christ. Pourquoi, dit saint Antoine, ne pas abandonner de bon cœur, pour gagner le royaume des cieux, des biens que la mort doit nous ravir tôt ou tard? Le chrétien ne doit pas s'occuper des bagatelles qu'il ne peut emporter avec lui. Cherchons et désirons ce qui conduit au ciel, la sagesse, la pureté, la justice, la vigilance, la charité envers les pauvres, la foi en Jésus Christ, un esprit courageux et sachant dompter la colère.
Faire des bonnes œuvres, c'est confirmer son titre de chrétien; car celui-là seul est véritablement chrétien qui conforme sa foi et ses œuvres aux préceptes de Jésus Christ
Le chrétien doit demeurer en Jésus Christ. Or, dit l'apôtre saint Jean, celui qui demeure en Jésus Christ doit suivre lui-même la voie où Jésus Christ a marché.
Comment doit agir un Chrétien
Ce n'est pas vous qui m'avez choisi, dit Jésus Christ à ses disciples, mais moi qui vous ai choisis, et je vous ai établis, afin que vous alliez, que vous produisiez des fruits, et des fruits qui demeurent, et que mon Père vous donne tout ce que vous demanderez en mon nom (Jean 15. 16).
Le chrétien, qui est plus grand que le monde, ne peut ni désirer, ni rechercher ce qui appartient au monde. Le chrétien doit se servir de la croix comme d'un instrument pour cultiver son corps, son âme, son esprit et son cœur. Ce n'est qu'avec la croix qu'on parvient à arracher les ronces et les épines qui naissent sans cesse dans le champ du Seigneur
Les premiers chrétiens : 1° écoutaient assidûment la parole de Dieu, 2° communiaient souvent, 3° priaient le Seigneur et célébraient ses louanges. Il faut encore agir de même. Trois choses sont nécessaires à la vie du corps : le soleil, le pain, l'air ou la respiration; trois choses sont également nécessaires à la vie de l'âme: le soleil spirituel qui éclaire l'intelligence, c'est-à-dire la parole de Dieu, le pain eucharistique, et la prière, qui est la respiration de l'âme.
L'apôtre saint Pierre exige des chrétiens une pleine et universelle sainteté : Soyez saints, dit-il, en toutes vos actions ( 1 . Pierre 1 .15). Il y a des chrétiens qui paraissent des anges dans l'Église, et qui sont des démons dans leur maison. Il faut que la vie soit chrétienne, c'est-à-dire pure et sainte, dans les actes, le langage, les démarches, la nourriture, l'étude, le travail, le sommeil, l'exercice de l'autorité, etc. Au pied des autels le chrétien doit prier avec la ferveur des séraphins; dans l'administration de la justice, il doit se montrer doux et équitable comme les Trônes; dans la répression de ses convoitises, il doit avoir la fermeté des Dominations; dans le gouvernement des affaires de sa maison, il doit imiter les Principautés; dans les tentations, il doit reproduire l`héroïsme et la générosité des Puissances; dans ses luttes contre le démon, le monde et la chair, il lui faut la force des Vertus; dans l'accomplissement des devoirs et des actes de la vie publique, la fidélité des archanges; à table, en voyage, hors de chez lui, et en son particulier, de jour et de nuit la décence, la modestie, et la pureté des anges. ( Note: Les neuf types d`Anges: les séraphins - chérubins - Trônes - Dominations - Principautés - Puissances - Vertus - Archanges - Anges.)
Vous-mêmes, dit le prince des Apôtres, soyez posés sur Jésus Christ comme des pierres vivantes, afin de former un édifice spirituel, et un sacerdoce saint, afin d'offrir à Dieu des sacrifices spirituels qui lui soient agréables par Jésus Christ (Pierre 1 , 2. 5).
Il faut que le chrétien soit une pierre vivante par la foi et la charité. Voici la ressemblance qui existe entre une pierre et un chrétien: Pour être employée, il est nécessaire que la pierre soit taillée : pour servir à la construction de la céleste Jérusalem, le chrétien doit être taillé par le ciseau de la pénitence, etc. C'est ce qu'expriment si bien les paroles suivantes de l'hymne de saint Ambroise : Les pierres vivantes de cette cité sainte sont taillées par les persécutions et les douleurs; puis la main du Seigneur les met chacune a sa place; elle les range dans les murs sacrés où elles resteront éternellement
Comme la pierre doit avoir certaines dimensions, de même le chrétien doit avoir la dimension suffisante pour prendre place dans le mur du salut. La pierre doit être bonne et solide: le chrétien doit être pieux et fort, etc. Il ne faut pas qu'il soit indigne d'être posé sur la pierre fondamentale, qui est Jésus Christ. Dans une construction, la pierre soutient la pierre : selon la recommandation de l'Apôtre, les chrétiens doivent se supporter et s'aider les uns les autres (Galates 6. 2). La pierre est liée à la pierre par du ciment, afin de ne faire qu'un seul corps et qu'un tout : les chrétiens doivent être unis par les liens de la charité, à l'imitation des premiers chrétiens, qui n'avaient qu'un cœur et qu'une une âme (Actes des Apôtres 4. 32).
Les chrétiens doivent être les brebis du Sauveur, les disciples et les membres de Jésus Christ , le temple du Saint-Esprit, les fils de Dieu, la lumière du monde, le sel de la terre.
Apportez tous vos soins, dit l'apôtre saint Pierre, pour unir à votre foi la force, à la force la science, à la science la tempérance, à la tempérance la patience, à la patience la piété, à la piété l'amour de vos frères, et à l'amour de vos frères la charité. Car, si ces vertus se trouvent en vous, et qu'elles y croissent de plus en plus, elles ne laisseront pas stérile et infructueuse la connaissance que vous avez de Jésus Christ. Celui qui ne les a point est un aveugle qui marche à tâtons (2.Pierre 1, 5-9). Telles sont les vertus qui, selon saint Pierre, doivent orner le chrétien. Car en joignant à la foi la force, à la force la science, à la science la tempérance, à la tempérance la patience, a la patience la piété, à la piété l'amour fraternel, à l'amour fraternel l'amour de Dieu, on embrasse tous les devoirs de la vie chrétienne et on en atteint la perfection. Par la foi, la piété et la charité, on rend a Dieu ce qu'on lui doit; par la force, la science, la tempérance et la patience, on s'acquitte de ses devoirs envers soi-même, et par l'amour fraternel, de ses devoirs envers le prochain
Faites en sorte, dit encore saint Pierre, que le Seigneur vous trouve purs et irrépréhensibles. (2 Pierre 3, 14).
Il faut être irrépréhensibles, 1 - en présence de Celui à qui rien n'est caché ; 2 - au jugement du tribunal que rien ne peut tromper et auquel personne ne peut se soustraire ; 3 - il faut l'être, afin de plaire à Dieu et non pour plaire aux hommes, afin de procurer l'honneur de Dieu et non le vôtre, pour le sien propre.
Malheur, malheur, malheur aux habitants de la terre! s'écrie saint Jean dans l'Apocalypse: (Apocalypse 8, 13 ) ; c'est-à-dire, malheur à ceux qui s'attachent aux biens de la terre I Le vrai chrétien n'est ici-bas qu'un voyageur et un étranger; celui qui habite réellement la terre et qui l'aime, n'y trouve que la misère et la mort.
Attendez le Seigneur, dit le Psalmiste, agissez virilement, fortifiez votre cœur et soutenez les épreuves du Seigneur (Psaumes 26. 14). Tant que dure la vie présente, travaillez à vous procurer celle qui ne finit jamais ; pendant que vous possédez votre corps, mourez au monde et à la chair, afin qu'ainsi vous viviez en Dieu. Au milieu des souffrances du martyre, saint Diaconus disait : Je suis chrétien, et ne suis rien autre chose : voilà mon nom, ma noblesse, ma patrie, ma doctrine. Nous sommes chrétiens, disait sainte Blandine a ses juges iniques, et il ne se commet point de pèches parmi nous.
Il ne suffit pas d'être appelé chrétien, dit saint Ignace, mais il faut l'être d'action ; ce n'est pas le nom qui rend heureux, mais les bonnes œuvres. Le chrétien est un être céleste sur la terre, dit saint Grégoire (Lib. V Moral.).
Le sage édifie la maison de son salut, disent les Proverbes; l'insensé la renverse de ses propres mains ( Proverbes 14, 1). Pour construire la maison spirituelle, dit le vénérable Bède, il faut avoir une foi ferme, le casque du salut sur la tête, la parole de la vérité dans la bouche, la bonne volonté dans l'esprit, l'amour de Dieu dans le cœur, la charité et la chasteté pour ceinture, la pureté dans les actions, la sobriété dans les mœurs, une bonté constante, la patience dans les tribulations, l'espérance en Celui qui nous a créés, le désir de la vie éternelle, et la persévérance jusqu'à la fin (ln Psal.).
En mourant, sainte Catherine de Sienne fit entendre à ses religieuses ces remarquables et immortelles paroles : II faut que le chrétien ait une grande confiance en la Providence; qu'il sache que tout ce qui arrive, soit à lui, soit aux autres, arrive par ses soins, et qu'elle est guidée non par la haine, mais par un amour infini (In ejusvita).
Qui montera sur la montagne où habite le Seigneur? qui s'arrêtera dans son sanctuaire? demande le Roi-Prophète. Celui, répond-il, qui a les mains innocentes et le cœur pur, qui n'a pas reçu son âme en vain, qui n'a jamais été parjure. Celui-là recevra la bénédiction du Seigneur, et obtiendra la miséricorde de Dieu son Sauveur (1).
«Éloignez-vous du mal, et faites le bien» ( Psaumes 36. 27 ). Voilà en deux mots tous les devoirs du chrétien.
Excitez-vous mutuellement aux combats du Seigneur, dit saint Eucher; que chacun de vous serve Dieu avec activité; qu'il soit fervent dans l'oraison, attentif aux lectures pieuses, pur, sobre, repentant de ses fautes, honnête, modeste, sincère, doux, modéré, grave, et plein de charité. ( Epist. )
Dans la vie spirituelle, dit le P. Alvarez, l'eau de la componction est nécessaire pour nous purifier, le feu du Saint-Esprit pour nous enflammer, le fer de la tribulation pour nous dompter, le sel de la mortification pour nous préserver de la corruption, le lait de la pureté pour nous fortifier, le pain des vertus pour nous nourrir, le miel des consolations pour nous encourager, une forte dose de zèle pour accomplir nos bonnes œuvres, l'huile de la charité pour nous adoucir, et le vêtement de la grâce pour nous couvrir ( Proverb. ).
Le Chrétien doit s`attacher a Jésus-Christ et s`unir a lui en l`imitant
Je suis la vraie vigne, dit Jésus Christ, et mon Père est le vigneron. Il coupera toutes celles de mes branches qui sont stériles, et il émondera toutes celles qui portent du fruit afin qu`elles produisent encore davantage. Demeurez en moi, je demeurerai en vous. Le sarment ne peut porter de fruit par lui-même, s'il ne demeure uni à la vigne; ainsi sera-t-il de vous, si vous ne demeurez pas en moi. Je suis la vigne et vous les branches. Celui qui demeure en moi, et en qui je demeure, porte beaucoup de fruits : sans moi vous ne pouvez rien faire. Si quelqu'un ne demeure pas en moi, il sera jeté dehors comme le rameau inutile; il séchera, on le ramassera, et on le jettera au feu, et il sera consumé .
Je suis la vigne, dit Jésus Christ , et vous les branches. Pourquoi Jésus Christ se compare-t-il à la vigne plutôt qu'à tout autre arbre ? 1 - A cause de l'abondance de fruits que donne la vigne : le chrétien doit produire des fruits abondants. 2 - A cause de la douceur de ce fruit : le chrétien doit être doux, patient, résigné. 3 - Parce que la vigne produit le vin, et que Jésus Christ est justement nommé le vin qui engendre les vierges : le chrétien doit avoir soif de Jésus Christ , et travailler à se procurer ce vin délicieux, qui réparera ses forces
4 - Parce que la vigne s'étend beaucoup : le chrétien doit étendre et augmenter le nombre de ses vertus. 5 - La vigne ne s'élève pas d'elle-même, mais rampe sur le sol : le chrétien doit se plaire dans l'humilité. 6 - La vigne suit la direction qu'on lui donne : le chrétien doit renoncer à sa volonté, et obéir constamment à Dieu et à l'Église. 7 - La vigne a des fleurs odoriférantes et de larges feuilles : le chrétien doit répandre partout la bonne odeur de Jésus Christ et se couvrir de lui comme d'un brillant feuillage. 8 - Le raisin mis sous le pressoir donne du vin : le chrétien doit se résigner à passer par le pressoir des épreuves, s'il veut produire des actes de vertu
Demeurez en moi, dit Jésus Christ. Car, 1 - sans moi vous ne pouvez rien faire; avec moi vous serez féconds en fruits divins. 2 - Sans moi vous seriez arides : avec moi vous vivrez. 3 - Sans moi vous seriez coupés et jetés au feu : avec moi vous demeurerez et serez transportés au ciel Demeurez en moi : comme la branche de vigne tire sa vie , sa sève, ses fruits du tronc qui la porte; ainsi le chrétien tire de Jésus Christ toutes ses vertus, tous ses mérites, la vie de la grâce et la vie éternelle.
Si quelqu'un ne demeure pas en moi, dit Jésus Christ , il sera jeté dehors comme le sarment inutile...; il séchera..., on le ramassera..., on le jettera au feu..., et il sera consumé
Méditons souvent et avec attention sur chaque mot de ce verset de l'Évangile.
Si vous voulez être chrétien, attachez-vous à Jésus Christ, vivez de Jésus Christ et suivez ses exemples.
Quiconque dit qu'il demeure en J. C , doit suivre la voie que J.C. a suivie, dit l'apôtre St Jean (1. Jean 2, 6). Saint Prosper dit excellemment : Qu'est-ce que suivre la voie que Jésus Christ a suivie, sinon mépriser toutes les prospérités qu'il a méprisées, ne pas craindre les adversités qu'il a supportées , pratiquer ce qu'il a enseigné, espérer ce qu'il a promis, faire du bien même aux ingrats, ne pas rendre le mal pour le mal, prier pour ses ennemis, avoir compassion des méchants, aller au-devant de ceux qui nous persécutent, supporter les hypocrites et les orgueilleux, enfin être, selon l'expression de l'apôtre saint Paul, mort à la chair pour ne vivre que de J. C? (De Vit. contemplât. )
Les premiers chrétiens et les bons chrétiens de tous les siècles ont imité Jésus Christ
Écoutez saint Justin décrivant les mœurs des chrétiens de son temps : Toute contrée, quelque étrangère qu'elle leur soit, est leur patrie, et la patrie leur est comme étrangère. Ils sont revêtus d'un corps de chair, mais ils ne vivent pas selon la chair; ils sont sur la terre, mais leur conversation est dans le ciel ; ils sont pauvres, et ils enrichissent autrui ; ils manquent de tout, et ils sont dans l'abondance [Epist. ad Diog.).
Les vrais chrétiens de tous les siècles ont été modestes dans leurs vêtements, sereins de visage, prudents dans leurs paroles, assidus à la prière, grands dans la foi, remplis d'espérance et de charité, profondément humbles, circonspects dans les conseils, animés d'une tendre piété, actifs en bonnes œuvres, satisfaits dans les opprobres, doux de mœurs, ornés de sagesse, de vertus et de grâce devant Dieu et devant les hommes. Telle est la vie chrétienne et l'imitation de Jésus Christ.
On lit dans la vie de saint Willibald, que ce saint faisait d'abondantes aumônes, qu'il veillait assidûment, qu'il aimait l'oraison, qu'il était plein de compassion pour les malheureux, d'une charité parfaite, puissant en doctrine, saint dans sa conversation. La douceur de son visage témoignait de la candeur de son âme ; la mansuétude de ses paroles était l'indice de la piété de son cœur ; il n'omettait rien de ce qui pouvait conduire au salut éternel, le pratiquant et l'enseignant aux autres. Il prenait très-peu de repos, n'écoulait jamais ses inclinations ni sa volonté, aimait le travail, était patient devant les injures, repoussait les louanges, était pauvre d`argent, mais riche en vertus, humble en présence du mérite, terrible pour le vice, et ne perdant jamais Dieu de vue. Voilà le vrai chrétien. Le portrait de ce saint est celui de tous les saints et de tous les bons chrétiens; car le bon chrétien est un saint, comme le mauvais chrétien est un réprouvé.
Le Chrétien doit avoir de la discipline
Je vous ordonne ce combat spirituel selon les lois de la sainte milice, dit Saint Paul à son cher disciple Timothée.
Écoutez Tertullien : Nous sommes appelés, dit-il, à la milice du Dieu vivant. Aucun soldat ne marche au combat en se plongeant dans les délices ; ce n'est pas d'un lit qu'il sort pour aller à l'ennemi, mais d'une tente dure et pauvre, qu'un instant suffit à transporter d'un lieu à un autre. Dans la paix même, le soldat apprend déjà la guerre par ses travaux, par des incommodités de mille espèces, en marchant sous les armes, en plantant le camp, en faisant des retranchements, en desséchant les marais. Il se fortifie par les sueurs qu'il supporte, et il se prépare ainsi à ne pas trembler au moment du combat. Il va de l'ombre au soleil, du soleil à la lutte; il passe de l'habit à la cuirasse, du silence aux cris, du repos à la bataille.
Grandeur du Chrétien
Pour être semblables u Dieu dans la gloire, nous devons lui être semblables en sainteté, en vertu, en grâce, en amour, en travail, en douleur et porter notre croix; selon ces paroles du grand Apôtre aux Romains : Si nous sommes enfants de Dieu, nous sommes aussi héritiers; je dis héritiers de Dieu et cohéritiers de J. C , pourvu toutefois que nous souffrions avec l u i , afin que nous soyons glorifiés avec lui ( Épitre aux Romains 8, 17).
Vous serez mon peuple, dit le Seigneur par la bouche de Jérémie, et moi je serai votre Dieu. (Jérémie 30. 22).
La grandeur du chrétien consiste, non à passer pour tel, mais à l'être en effet, dit saint Jérôme.( Epist. ad Paulin. ).
Les Chrétiens sont les enfants de la promesse
Les chrétiens sont les enfants de la promesse, c'est-à-dire promis par Dieu. .
1 – Dieu avait promis par les prophètes qu'il y aurait des chrétiens, ou une nation de chrétiens 2 - Par les mêmes prophètes, il a promis aux chrétiens la justice et le salut, qui leur viennent de leur foi et de leur obéissance à Jésus Christ. La génération des chrétiens n'est pas naturelle, mais surnaturelle et libre ; elle se fait par la grâce qui en est le père, et par le consentement de la volonté qui en est la mère. Les Chrétiens ont succédé aux Juifs incrédules et rejetés de la filiation spirituelle.
Moyens à employer pour être bon chrétien
1 - le souvenir de la présence de Dieu...; 2 - l'intention pure.,.; 3 - la confiance en Dieu...; 4 - l'oraison...; 5 - le courage et la persévérance...; 6 - ne jamais mépriser les petites choses...; 7- travailler pour l'éternité et non pour le temps...; 8 - tous les jours, en se levant, penser que ce jour est peut-être le dernier de la vie...; 9 - observer les lois de Dieu de l'Église.
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
Re: Les Trésors de Cornélius Lapide - Hollande-Belgique - 17 eme siècle
Source : Les trésors de Cornélius Lapide - Belgique et Hollande - 17 eme siècle.
( Extraits)
L`ORGUEIL.
Qu`est-ce que l`orgueil et comment le reconnait-on?
L`orgueil est une estime dérèglée de soi-même. L'orgueil, c'est se mettre au-dessus des autres; c'est s'attribuer ce qui nous vient de Dieu.....
On reconnaît l'orgueil à quatre marques :
1° l'orgueilleux croit tenir de lui-même ce qu'il possède... ;
2° il croit ne le devoir qu'à son propre mérite... ;
3° il se vante d'avoir ce qu'il n'a pas... ;
4» il méprise les autres et désire que chacun sache qu'il a beaucoup..».
L`orgueil est aveuglement et séduction
Si nous disons que nous n'avons point de péché, dit l'apôtre saint Jean, nous nous trompons nous-mêmes, et la vérité n'est point en nous .
Si quelqu'un, dit le grand Apôtre, estime être quelque chose tandis qu'il n'est rien, il s abuse lui-même (Galates. 6. 3) .
Les orgueilleux se complaisent en eux-mêmes, ils y mettent leur confiance; ils se persuadent qu'ils sont vertueux, et ils vivent dans une aveugle sécurité, comme ne manquant de rien et n'ayant rien à craindre
Homme inintelligent! tu dis : Je suis riche en mérites et n'ai besoin de personne; et tu ne sais pas que tu es à plaindre, et misérable, et pauvre, et aveugle, et nu, dit l'Apocalypse (3. 17 ).
L'orgueilleux croit savoir même ce qu'il ignore...; il ne veut recevoir ni leçons, ni conseils...; il est entêté... : voilà pourquoi il y peu d'espoir de le voir se convertir Tels étaient les scribes et les pharisiens, qui, pleins d'eux-mêmes, méconnurent Jésus Christ , le vrai docteur, et ne voulurent recevoir de lui aucune lumière ni aucune instruction. Ils ne veulent pas s'instruire ni voir la vérité, et ils veulent enseigner Que savez-vous, orgueilleux, si vous ne vous connaissez pas? et si vous vous connaissez, comment, cendre, et poussière, vous enorgueillissez-vous ?...
L'orgueil est la plus forte et la plus dangereuse séduction à laquelle l`homme peut céder; elle le plonge dans les ténèbres les plus étranges.
L'orgueilleux voit mal toutes choses, soit en lui-même, soit dans les autres.... Il voit où il n`y a rien a voir, et il ne voit rien où il faudrait voir quelque chose. Toujours aveuglé et séduit, il est convaincu de sa clairvoyance et de son impartialité.
Folie de l`Orgueil
St-Chrysostome assure que l'orgueil est la suprême folie ; qu'il n'y a pas d'insensé comparable à l'orgueilleux. Qu'y a-t-il en effet de plus insensé que de résister à Dieu, et de vouloir lui faire la guerre? Qu'y a-t-il de plus insensé que de se priver et de se dépouiller volontairement de la faveur, de la grâce et du secours de Dieu, de qui tout dépend et à qui tout appartient? Qu'y a-t-il de plus insensé que d'avoir pour antagoniste et pour ennemi, non pas un homme, non pas un ange, non pas même le démon ; mais Dieu en personne, et d'oser le provoquer comme à un duel? (Homil. ad pop.)
L'orgueilleux étant un insensé et l'orgueil une insigne folie, ils sont souverainement méprisables et souverainement méprisés. Se disant sages, ils sont devenus fous, dit saint Paul (Rom. 1. 22).
Avez-vous vu un homme qui s'estime sage? disent les Proverbes; il y a plus à espérer de l'insensé que de lui (Proverbes 26. 12). Celui qui se croit sage, est souverainement insensé, dit un proverbe accrédité. Ceux qui se croient sages, sont trompés facilement par l`ange déchu, et ils se perdent. Celui au contraire qui reconnaît son peu de sagesse, cherche un guide éclairé ; il marche ainsi en sûreté et se sauve facilement
L'orgueil nait de la démence, dit saint Chrysostome. Il ne peut pas exister d'orgueilleux qui ne soit insensé; l'orgueilleux est plein de folie. ( Homil. ad pop.). L'humilité est la sagesse de l`âme, l'orgueil en est la folie; car l`humilité repose sur la vérité; l'orgueil, lui, n'est que vanité, mensonge , erreur.
Pourquoi s'enorgueillissent la terre et la cendre? dit l'Ecclésiastique (10. 9.) O homme, terre et cendre, pourquoi t`enorgueillis-tu, dit saint Bernard, toi dont la conception est une faute, la naissance une misère, la vie une peine et la mort une angoisse; pourquoi est-tu pétri d'orgueil? (Serm. in Gant.)
La réprimande, qui rend meilleurs les humbles, est intolérable aux orgueilleux, dit saint Cyrille.
Combien est misérable la conscience qui, blâmée par la parole de Dieu, se persuade qu'elle reçoit un affront dit le vénérable Bède.
Seigneur, dit le Psalmiste, ne laissez pis mon cœur se tourner vers les paroles de malice afin de trouver des excuses a mes péchés (Psaumes 140, 4).
Voyez l'orgueilleux ; on a droit de le reprendre, il le mérite. Que de plaintes il fait entendre, que d'excuses il apporte, que de fausses raisons il allègue! On ne me connaît pas...; on invente...; on exagère...; on n'a point de charité...; on est plein de fiel. De quoi
se moque-t-on?... Je sais me conduire... ; je ne fais point de mal...
L'orgueilleux ne veut jamais avoir tort Touchez les montagnes volcaniques, et elles fumeront, dit le Prophète royal (Psaumes 143. 5). Chez les orgueilleux, dont ces montagnes sont l'emblème, il y a fumée noire, grondements sourds, coups de tonnerre. Il s'en échappe des laves de sarcasmes, d'ironies mordantes et d'injures qui couvrent l'homme charitable, aussitôt qu'il se permet de les avertir et de chercher à les ramener
Comme la désobéissance a l'orgueil pour racine, les désobéissants ont coutume de prêter l'oreille à celui qui fait ressortir l'énormité de leur faute, mais non pas de la réparer en la confessant humblement. Désirant paraître très-grands, ils ne s'occupent point de faire voir leurs chutes. En conséquence, tandis qu'ils mettent en avant des excuses, ils prétendent avoir eu raison au fond, car ils rougissent de paraître pécheurs .
Parlant de la chute d'Adam causée par l'orgueil, et de l’excuse que notre premier père a présentée à Dieu, excuse inspirée aussi par l'orgueil, saint Bernard montre combien l'apologie du mal est grave, et combien Dieu la déteste. On croit, dit-il, que cette antique et si nuisible prévarication eût trouvé facilement indulgence, si un humble aveu et non une apologie l'eût suivie. Car, bien que faite après délibération, la transgression n'a pas autant nui que l'obstination avec laquelle une excuse préméditée lui a été adjointe.
L'orgueilleux ressemble au hérisson. Voyez courir ce quadrupède, vous apercevez ses pattes, ses oreilles, son museau; mais si vous l'approchez, si vous voulez le saisir, ce n'est plus qu'une boule hérissée de pointes qui vous ensanglantent les mains. De quelque manière, par quelque côté que vous preniez l'orgueilleux, c'est un hérisson qui pique et qui blesse
Différence entre orgueil et humilité
Mis au-dessus de toutes les créatures lors de sa création, l`ange déchu, notre mortel ennemi, dit saint Grégoire, voulut, plein d'orgueil, qu'on le considérât comme supérieur à tout. Au contraire, notre Rédempteur, si grand et qui est infiniment au-dessus de tout, a daigné se faire petit en tout. L`auteur de la mort dit : Je monterai au ciel; l'auteur de la vie dit : Mon âme est remplie de misères, elle en est comme anéantie. Satan dit : Je placerai mon trône par-delà les astres du ciel; Jésus-Christ dit au genre humain : Voici que je viens pour habiter au milieu des hommes. Satan dit : Je m'assiérai sur la montagne de l'alliance, à côté de l'aquilon; Jésus-Christ dit : Je suis un ver, et non un homme, je suis l'opprobre des hommes et l'abjection du peuple. Satan dit : Je monterai sur la hauteur des nuées, et je serai semblable au Très-Haut; et Jésus Christ s'est anéanti en prenant la forme d'esclave.
Énormité de l`Orgueil
Le péché avec l'humilité est moins mauvais que l'innocence avec l'orgueil, dit saint Optât, évoque de Milève ( Contra Parmen.).
Tout orgueilleux se met au-dessus de Dieu, dit saint Bernard ; Dieu veut qu'on fasse sa volonté, et l'orgueilleux veut qu'on fasse la sienne. (Serm. iv in Vigil. nativ. ). Celui qui s'efforce de faire tourner vos dons à sa gloire et non à la vôtre. ô Seigneur, est un voleur et un larron, dit saint Augustin; il est semblable à l`ange déchu qui a voulu voler votre gloire.
Le Prophète royal disait donc avec raison : Seigneur, préservez-moi de la venue de l'orgueil. ( Psaumes 35. 12 )
Quel qu'il soit, l'homme hautain est en abomination au Seigneur, disent les Proverbes (16 5). La raison en est que l'orgueilleux est l` émule et l'antagoniste de Dieu; nouveau Lucifer, il veut s'égaler à lui, et mettre sa propre volonté a la place de celle du Tout-Puissant.
L'orgueil est un grand mal, car il attaque Dieu comme par des reproches et des moqueries; il le soufflette, il le couvre de crachats, il le provoque au combat malgré lui
Le crime de l'orgueil est très-grand, dit saint Chrysostome; il vaut mieux être fou qu'orgueilleux ; la folie n'est que l'empêchement de l'action de l'âme, tandis que l'orgueil est une folie volontaire. Le fou garde pour lui seul son malheur; mais l'orgueilleux fait le malheur des autres.
L'orgueil fait sa propre volonté; l'humilité fait la volonté de Dieu, dit saint Augustin.
L'orgueil de l'homme débute par apostasier Dieu, dit l'Ecclésiastique; en effet, le cœur de l'orgueilleux se retire loin de celui qui l'a fait, et l'orgueil est le commencement de tout péché.
Aussi Dieu, dit l'apôtre saint Jacques , résiste aux superbes (Jacques. 4, 6).
L`orgueil est la source et le commencement de tous les maux.
Le commencement de tout péché est l'orgueil, dit l'Ecclésiastique . (10. 45).
L'orgueil est la source de tous les maux, dit saint Chrysostome. Par l`orgueil on secoue le joug et la loi de Dieu L'orgueil les a saisis; ils sont couverts d'iniquité et d'impiété, dit le Psalmiste (Psaumes 72. 6). Avant que je n'eusse été humilié, je n'ai cessé de pécher, dit-il ailleurs.
L'humilité, dit saint Bernard, rend les hommes semblables aux anges, et des anges l'orgueil a fait des démons. L'orgueil, comme je le démontrerai, est le commencement, la fin et la cause de tous les péchés; car non-seulement l'orgueil, pris en lui-même, est un péché, mais aucun péché n'a pu, ne peut et ne pourra exister sans l'orgueil.
Aussi Tobie disait-il à son fils : Ne laissez jamais l'orgueil dominer dans vos pensées ou dans vos paroles; car c'est par l'orgueil que commence toute perdition (Tobie 4. 14).
Il n'y a point de péché sans orgueil, dit saint Prosper; car quiconque pèche, se préfère et préfère son appétit à Dieu et à sa loi, ce qui est véritable orgueil (De Vit. contempi., c. xxv).
L'orgueil est le commencement de tout péché, dit saint Chrysostome- De l'orgueil naît le mépris des pauvres, la convoitise de l'argent, l'amour de la domination, le désir de la gloire. L'orgueilleux ne peut supporter aucune épreuve de quelque part qu'elle vienne, soit de ses supérieurs, soit de ses inférieurs [Homil. ad poi. ) .
Comme la racine des arbres est cachée, mais nourrit le tronc et les branches, ainsi, dit saint Grégoire, l'orgueil se cache au fond du coeur et alimente des vices manifestes et nombreux, il n'y aurait aucun péché public, si l'orgueil ne possédait l`ame en secret ( Moral., lib. XXXIV, c. x v i ï ) .
L'orgueil produit les disputes, les dissensions, les haines, les médisances, les calomnies, les procès, les guerres, les schismes, les hérésies, etc..... L'humilité, au contraire, est la mère de la paix, de la concorde, de l'union, de la charité, etc.
On ne tombe dans le mal que par orgueil, par orgueil secret du moins… Pour n'avoir pas voulu se faire les disciples de la vérité, les orgueilleux, dit saint Augustin, sont devenus des maîtres d'erreur (De Pelag.).
L'orgueil précède les impies, en portant une torche devant eux, afin de les conduire au crime. L'orgueil est le père de tous les maux et de toutes les maladies; car les unes et les autres viennent du péché. Il n'y a pas de péché sans l'orgueil, car le péché n'est autre chose qu'une révolte contre Dieu, que le mépris de sa loi ; or, la rébellion et le mépris viennent directement de l'orgueil. L'orgueil est le péché de Lucifer, d'Adam, etc
Comme l'orgueil, dit saint Bernard, est le principe de tous les crimes ; il est aussi la ruine de toutes les vertus. L'orgueil est le premier dans la voie du péché, et le dernier dans celle du repentir
La superbe est la reine des vices, dit saint Grégoire.(Lib. Iïl Moral., c. xvin).
Saint Bernard dit énergiquement : La superbe a conçu la douleur dans le ciel, et elle a enfanté l'iniquité dans le paradis terrestre; la douleur, fille du péché ; l'iniquité, mère de la mort et de toutes les calamités (Serm. xvn in Gant.).
Comme l'orgueil est le principe de tous les péché, ainsi l'humilité est la source de toutes les vertus, dit saint Chrysostome (Homil ad pop.).
L'orgueil est :
1. le péché des anges déchus par Dieu...;
2. un péché dont on ne se corrige presque jamais.;
3. un péché source de tous les désordres...;
4. il est la cause des hérésies
Le seul orgueil s'élève contre toutes les vertus, dit saint Bernard; comme un venin général, il les corrompt toutes. (Serm. xvn in Cant. ).
L'orgueil engendre surtout la curiosité, la jactance, l'hypocrisie les querelles, l'entêtement, la discorde et la haine.
Saint Chrysostome compare l'orgueil aux tempêtes de la mer. Ce crime, dit-il, aveugle l'esprit; il n'est point de mal qui l'égale; il fait de l'homme un démon. (Homil* ad pop.).
L'orgueil, dit saint Grégoire, empêche de juger avec équité. Il fait élever la voix; il inspire un silence amer, une gaieté dissolue, une tristesse furieuse, des actes impudents, une démarche altière, des réponses aigres. L'âme des orgueilleux est toujours forte pour infliger un affront et faible pour le supporter; elle est paresseuse à obéir, importune à harceler autrui, lente à faire ce qu'elle doit, et prête a faire ce qu'elle ne doit pas. Aucune exhortation ne peut l'incliner vers ce dont elle ne se soucie pas, et au contraire elle cherche à être contrainte de faire ce qu`elle désire.
Quiconque pèche est un orgueilleux, dit saint Isidore ; car en péchant il méprise les divins préceptes. Les orgueilleux se nourrissent de vent. L'orgueil est le plus grand de tous les crimes; il cause la mort de l'âme, tant en détruisant toutes les vertus, qu'en engendrant tous les vices ( Epist. de forma bene vivendi ) .
L'orgueil est partout, il se mêle à tout : on doit le craindre même dans les bonnes actions, dit saint Augustin (InMédit.). C'est un poison qui corrompt les prières, les confessions, les communions, !e chant, le talent, la beauté, l'esprit, l'âme, le cœur, etc.
Mal suprême, il change en mal le bien même
Il y a l'orgueil du cœur, dit saint Bernard, l'orgueil de la langue, l'orgueil des oeuvres, l'orgueil des manières et du vêtement . (Serai, in Gant.).
Rien ne rend l'homme plus étranger à l'amour divin, dit saint Chrysostome, rien ne le précipite aussi facilement dans l'enfer, que la folie de l'orgueil. Ce vice souille toute notre vie, quelque remarquable qu'elle soit par la pudeur, la virginité, le jeûne, les prières, l'aumône, enfin par la vertu.
L'orgueil est répandu sur toute la face de la terre; il se trouve dans le cœur de presque tous les hommes Comme c'est ce vice qui a perdu les mauvais anges, ils s'en servent de préférence, pour perdre la race humaine
L'orgueil, dit le pape Innocent III, a renversé la tour de Babel, a confondu les langues, a défait Goliath, a dressé le gibet d'Aman, a fait mourir Nicanor, a frappé Antiochus, a submergé Pharaon, a tué Sennachérib. Hélas! d'où vient ce faste de l'homme; de l'homme dont la vie se déroule sous le coup qui lui impose le travail comme un châtiment; de l'homme que rend au repos la nécessité de mourir, châtiment plus grand encore; de l'homme dont l'existence compte à peine un instant, et pour lequel la vie est un naufrage et le monde un exil ; de l'homme, enfin, que la mort ou saisit, ou menace de saisir.
C'est l'orgueil qui a poussé les anges à se révolter dans le ciel; c'est l'orgueil qui en a fait des démons ; c'est lui qui a creusé l'enfer, et qui les y a précipités; c'est lui qui a changé en supplices éternels les délices dont ils devaient jouir C'est l'orgueil qui fait tomber Adam; c'est lui qui l'a chassé du «séjour du bonheur» et qui l'a livré au travail, aux soucis, au chagrin, à la nudité, à l'aveuglement, aux douleurs, aux maladies, à la mort et à la pourriture.
L`orgueil est un vice détestable
Qu`y a-t-il de plus détestable et de plus digne de sévères châtiments, que l'orgueilleux s`élevant sur la terre, à la vue d’un Dieu qui s’est fait homme ! C'est une intolérable impudence que là où s'est anéantie la suprême majesté, un petit ver s'enfle et s’enorgueillisse ! ( Serm. i de Nativ. ).
Tous les deux, c'est-à-dire le démon et l'homme, ont désiré avec ardeur la grandeur; celui-là de la puissance, celui-ci de la science, dit le même Père. (Ut supra). L`ange déchu a trouvé la suprême dégradation, et l'homme la suprême ignorance
Seigneur, dit l'Écriture, dès le commencement les superbes vous ont déplu. (Judith, 9. 16).
L'orgueilleux méprise souverainement les autres; il les tourne en ridicule, il les insulte, il s'élève au-dessus deux par le mépris et le sarcasme. Malheur à vous qui méprisez dit le Seigneur; ne serez-vous pas méprisés à votre tour? (Isaïe 33 1.) L'orgueilleux se prépare donc le mépris et les humiliations.
L'orgueilleux est méprisé de tout le monde ; chacun le craint, le fuit et le maudit. Dieu le déteste; le ciel, la terre, l'enfer, les anges les hommes et les anges déchus le détestent également.
Il y a toujours des débats parmi les orgueilleux, disent les Proverbes (13. 10). Voilà pourquoi nous voyons parmi les hérétiques autant de sectes et d'opinions différentes que d'individus Les orgueilleux se haïssent les uns les autres Rien n'est sacré pour les orgueilleux; mais ils prétendent être sacrés eux-mêmes. 0 conduite souverainement injuste détestable l . . .
L'orgueil est le chemin de l'ignominie Lorsque l'orgueil monte et croit, l'homme décroit et descend jusque dans la boue
Dieu et les hommes ont en horreur l'orgueil, dit l'Écriture :(Eccli. 10, 7 )
Parler avec dédain et arrogance, et agir par orgueil, c'est se rendre semblable aux anges déchus, dit saint Basile.
Dieu humilie les orgueilleux
Seigneur dit le Psalmiste, il est bon que vous m'ayez humilié: (Psaumes 118, 71 ).
Voyez quelles armées Dieu lève et lance contre les orgueilleux Égyptiens, pour combattre en faveur d'Israël et remporter la victoire : ce sont des grenouilles, des sauterelles, des moucherons. Le roi Pharaon, si puissant et si fort, est vaincu par une sauterelle. Lui qui avait osé lever son front contre Dieu, est forcé de le baisser sous un moucheron
Les humiliations de la chair accompagnent toujours l'orgueil de l'esprit. Dieu change en bête l'orgueilleux Nabuchodonosor, qui se glorifie dans sa grande ville de Babylone. Dieu abat le dédaigneux Balthasar, fils de Nabuchodonosor; il ne se sert pour l'humilier et le faire pâlir que d'une main, et même que de l'ombre d`une main ( Daniel, v ) . L'arrogant Antiochus est dévoré vivant par des vers.
Fier de ses forces, plein de son importance superbe, Goliath, dit saint Augustin, commence par placer en lui seul la victoire de tout son parti. Et parce que tout orgueil a l'impudence du front, il reçut une pierre au milieu même du front et fut terrassé. Le front qui avait l'impudence de son orgueil a été brisé ; et le front qui avait l'humilité de la croix du Christ est demeuré vainqueur.
Seigneur, dit Judith, vous n'abandonnez pas ceux qui se confient en vous; mais vous humiliez ceux qui se confient en eux-mêmes, et qui se glorifient de leur force. (Judith 6. 15).
L'orgueilleux Aman est humilié jusqu'à mourir sur une potence haute de cinquante coudées, élevée par lui pour y pendre l'humble Mardochée. Voyez comment cet orgueilleux est humilié. Irrité de ce que Mardochée ne fléchissait pas le genou devant lui, blessé de cet affront prétendu, il jure la mort des Juifs et fait dresser une potence pour Mardochée. Mais tout à coup les choses changent d'une manière frappante : Mardochée, destiné à une mort ignominieuse, est revêtu du manteau royal par Aman lui-même, son mortel ennemi, qui se trouve contraint d'agir ainsi. Les douleurs les plus vives, les humiliations les plus amères et les plus accablantes fondent sur l'arrogant favori d'Assuérus : car, 1° l'honneur immense qu'il s'était préparé dans son coeur superbe, lui est enlevé ; 2° cet honneur est accordé a l'humble Mardochée; 3 c'est Aman lui-même qui est l'instrument du triomphe de Mardochée; 4° lui qui auparavant se faisait adorer par tous les Perses comme un Dieu, n'est plus que l'écuyer, le héraut d'un vil juif qu'il déteste; 5° ces affronts, ces humiliations foudroyantes et inattendues tombent soudain et toutes à la fois sur lui, car le Très-Haut terrasse et brise les superbes ; 6° Aman est condamné à être pendu au même gibet qu'il avait fait dresser pour Mardochée ( Esther).
Dieu, dit la très-sainte Vierge, a déployé la force de son bras; il a dispersé les superbes. Il a renversé de leur trône les puissants, et il a élevé les petits .
Dieu, dit l'apôtre saint Jacques, résiste aux superbes, et il donne sa grâce aux humbles.
Quiconque s'élève sera abaissé, dit Jésus Christ , et celui qui s'abaisse sera élevé : (Luc. 18. 14).
Partout où entre l'orgueil, l'ignominie suit de près, disent les Proverbes (11 2). L'arrogance précède l'humiliation, et l'orgueil, la ruine, disent encore les Proverbes : (16, 18).
En pleurant et en s'humiliant, Pierre, dit saint Augustin, se condamnait et se sauvait ; quand, satisfait de lui-même, il se fia à ses propres forces, il se perdit. C'est la pensée qu'exprimait le Psalmiste quand il s'écriait : Seigneur, couvrez-les d'ignominie, et ils chercheront votre nom (Psaumes 82. 17 ).
Que l'orgueil de l'impie, dit Job, s'élève jusqu'aux cieux; que sa tête touche les nues : il n'en finira pas moins par périr comme un objet souillé, et ceux qui l'avaient vu diront : Où est-il? (Job 20 6.7.) Les orgueilleux s'élèvent pour un peu de temps, dit encore Job, mais ils ne subsisteront pas; ils seront renversés, ils seront foulés comme des épis murs:
Voilà comment Dieu traite les superbes.
Châtiments infligée à l`orgueil
Les humiliations que Dieu fait pleuvoir sur les orgueilleux sont déjà un terrible châtiment; mais il leur en réserve d'autres, dans les trésors de sa colère.
1. Dieu se détourne de l'orgueilleux. L'homme, dit le Psalmiste, montera au faîte de son cœur: Dieu s'élèvera davantage (Psaumes 63 7. 8). Du haut de son trône, le Seigneur regarde les humbles; il rejette loin de lui les superbes (Psaumes 137. 6).
2 . Dieu résiste à l'orgueilleux et le combat.
3. Un Dieu vengeur s'attache aux pas de l'orgueilleux, dit Sénèque. (In Hercule),
4. Dieu châtie l'orgueilleux en le livrant à lui-même. Méprisé et détesté par les autres, l'orgueilleux s'afflige du mépris qu'on fait de lui; il s'en offense, il en est torturé. Si vous êtes orgueilleux, dit saint Augustin , vous serez puni et abattu. Dieu ne manque pas de poids qui vous fasse descendre. Ce poids sera celui de vos péchés; il vous les jettera à la face, et vous serez anéanti. (Homil.) L'orgueil est un bourreau qui persécute les orgueilleux
5° Dieu a renversé le trône où voulaient s'asseoir les superbes, dit l'Ecclésiastique . Lucifer et ses anges, Adam, etc., attestent cette vérité Dieu a fait
sécher les nations superbes jusqu'à la racine, dit encore l'Ecclésiastique. (10 48). Ainsi, Dieu a chassé de la terre sainte et a complètement détruit sept nations de Chananéens, à cause de leur orgueil, et il les a remplacés par le peuple hébreu. Ainsi, Dieu a enlevé toute foi, toute grâce et toute gloire aux Juifs orgueilleux, qui repoussaient Jésus Christ humilié.
6° Dieu a effacé le souvenir des superbes, dit l'Ecclésiastique (10. 21 ). Tous les orgueilleux seront comme la paille, dit le prophète Malachie; et l'avenir les saisira comme la flamme, et il ne leur laissera ni germe, ni racine. (4. 1 ) .
7° Si Dieu n'a pas épargné les anges orgueilleux, dit saint Bernard, combien moins vous épargnera-t-il, vous qui êtes poussière et vermisseau? L'ange n'a pas agi, il n'a en qu'une pensée d'orgueil et en un instant ; en un clin d'oeil, il a été précipité sans retour. Fuyez l'orgueil, frères, je vous en conjure; fuyez-le de toutes vos forces, cet orgueil qui a si promptement plongé dans les ténèbres Lucifer, plus brillant que tous les astres; cet orgueil qui a changé un ange, et le premier de tous les anges, en démon ( Serm* i ieAdventu),
8° L'orgueil a produit la mort. L'homme, dit saint Augustin, avait été fait immortel ; il a voulu être Dieu; il n'a pas perdu la qualité d'homme, mais il a perdu l'immortalité; par suite de l`orgueil de sa désobéissance, il a été condamné aux maladies, à toutes les souffrances, et à la mort. Ainsi la mort introduite sur la terre par l'orgueil, est elle-même le châtiment de l'orgueil [Sentent, CCLX ).
9° Voulant le plus grand bien de tous les hommes, Dieu tout-puissant et souverainement bon , dit Raban-Maur, a été forcé, en quelque sorte, de placer sous la domination des anges orgueilleux les hommes superbes; afin que, persécutés par eux, ils apprissent la différence infinie qui existe entre le service de Dieu et celui du démon (DeAdepL virtut.). L'orgueilleux qui refuse de se soumettre à Dieu, devient l'esclave de Satan, des convoitises de la chair et de toutes les passions; ce qui est un effroyable châtiment
10° L'orgueil tarit la source des grâces. Seigneur, dit le Psalmiste, vous envoyez des fontaines dans les vallons; leurs eaux couleront entre les montagnes: (Psaumes 103, 10). Ces vallons arrosés sont les humbles qui reçoivent les grâces du ciel, et les montagnes qui ne profitent pas des eaux, signifient les orgueilleux, devenus semblables à des rochers desséchés et arides.
Les vases étant pleins, d`huile s'arrêta. L'orgueilleux, plein de lui-même, ne laisse aucune place à la grâce..... La privation de la grâce est une preuve de l'existence de l'orgueil, comme l'abondance des grâces est une preuve de l'existence de l'humilité. Si vous êtes privé de la grâce et des dons de Dieu, sachez-le, c'est que vous êtes orgueilleux. L'orgueil dissipe toutes les grâces. Or, il n'y a pas de pire punition que d'être privé de la grâce.
11. L'orgueil attire tous les châtiments : l'aveuglement spirituel, l`endurcissement du cœur, l`impénitence finale, une mort funeste, un jugement formidable, une condamnation terrible, et l'enfer éternel.
De tous les péchés, celui que Dieu déteste et punit le plus sévèrement, c'est l'orgueil. Dieu seul est grand, et tout orgueilleux attaquant cette grandeur n'obtient presque jamais miséricorde. Dieu oublie et pardonne facilement les chutes de faiblesse; mais avec difficulté les chutes d'orgueil
Nous reconnaissons ouvertement, dit saint Grégoire, que l'orgueil est la marque la plus évidente de la réprobation, et l'humilité le signe des prédestinés.. Cette manière de voir est celle de tous les Pères et de tous les théologiens; c'est l'enseignement de l'Église et celui de la sainte Écriture
Divers degrés d`orgueil
Il y a sept degrés d'orgueil : 1 ° ne pas porter les autres à nous regarder comme peu de chose... ; 2° ne pas être satisfait de se voir mépriser...; 3° ne pas avouer qu'on mérite de l'être... ; 4° ne pas endurer le mépris avec égalité d'humeur...; 5° ne pas supporter patiemment un affront... ; 6° s'irriter des humiliations... ; 7° se refuser à reconnaître qu'on n'a nulle valeur.....
Motifs que l`on a de chercher à combattre notre orgueil
VOICI neuf principaux motifs qui doivent nous engager a fuir l'orgueil : 1° l'orgueil est odieux à Dieu et aux hommes... ; 2* il est une cause d'injustices, de rapines, de tromperies, d'affronts 3° Fût-il très-puissant, fût-il même roi, l'homme de sa nature est
très-peu de chose 4° Tout homme est très-peu de chose, à ne considérer même que la brièveté et la vanité de la vie 5° Après sa mort, l'homme devient la pâture des vers 6* L'orgueil est un abandon que nous faisons de Dieu, une apostasie 7° L'orgueil est
le principe , la racine et le commencement de tous les péchés 8. L'orgueilleux cesse en quelque sorte d'être la créature de Dieu, pour devenir celle du démon; 9° il s'attire une foule de châtiments.
Il est dit dans l'Écriture que David, marchant contre Goliath, choisit dans un torrent cinq petites pierres très-polies, dont il se servit pour abattre ce géant (1. Rois 17. 40). Par ces cinq pierres, saint Bernard entend cinq moyens par lesquels nous renversons Goliath, c'est-à-dire l'orgueil : l ° la menace des peines-..; 2° la promesse des récompenses...; 3° l'amour de Dieu...; 4° l'imitation des saints, 5. Connaître Dieu, se connaître; soi-même : voilà un remède infaillible contre l'orgueil.
Il faut pratiquer, autant qu'il est nous, la belle et sublime vertu d`humilité; elle est la massue qui abat et tue l'orgueil.
( Extraits)
L`ORGUEIL.
Qu`est-ce que l`orgueil et comment le reconnait-on?
L`orgueil est une estime dérèglée de soi-même. L'orgueil, c'est se mettre au-dessus des autres; c'est s'attribuer ce qui nous vient de Dieu.....
On reconnaît l'orgueil à quatre marques :
1° l'orgueilleux croit tenir de lui-même ce qu'il possède... ;
2° il croit ne le devoir qu'à son propre mérite... ;
3° il se vante d'avoir ce qu'il n'a pas... ;
4» il méprise les autres et désire que chacun sache qu'il a beaucoup..».
L`orgueil est aveuglement et séduction
Si nous disons que nous n'avons point de péché, dit l'apôtre saint Jean, nous nous trompons nous-mêmes, et la vérité n'est point en nous .
Si quelqu'un, dit le grand Apôtre, estime être quelque chose tandis qu'il n'est rien, il s abuse lui-même (Galates. 6. 3) .
Les orgueilleux se complaisent en eux-mêmes, ils y mettent leur confiance; ils se persuadent qu'ils sont vertueux, et ils vivent dans une aveugle sécurité, comme ne manquant de rien et n'ayant rien à craindre
Homme inintelligent! tu dis : Je suis riche en mérites et n'ai besoin de personne; et tu ne sais pas que tu es à plaindre, et misérable, et pauvre, et aveugle, et nu, dit l'Apocalypse (3. 17 ).
L'orgueilleux croit savoir même ce qu'il ignore...; il ne veut recevoir ni leçons, ni conseils...; il est entêté... : voilà pourquoi il y peu d'espoir de le voir se convertir Tels étaient les scribes et les pharisiens, qui, pleins d'eux-mêmes, méconnurent Jésus Christ , le vrai docteur, et ne voulurent recevoir de lui aucune lumière ni aucune instruction. Ils ne veulent pas s'instruire ni voir la vérité, et ils veulent enseigner Que savez-vous, orgueilleux, si vous ne vous connaissez pas? et si vous vous connaissez, comment, cendre, et poussière, vous enorgueillissez-vous ?...
L'orgueil est la plus forte et la plus dangereuse séduction à laquelle l`homme peut céder; elle le plonge dans les ténèbres les plus étranges.
L'orgueilleux voit mal toutes choses, soit en lui-même, soit dans les autres.... Il voit où il n`y a rien a voir, et il ne voit rien où il faudrait voir quelque chose. Toujours aveuglé et séduit, il est convaincu de sa clairvoyance et de son impartialité.
Folie de l`Orgueil
St-Chrysostome assure que l'orgueil est la suprême folie ; qu'il n'y a pas d'insensé comparable à l'orgueilleux. Qu'y a-t-il en effet de plus insensé que de résister à Dieu, et de vouloir lui faire la guerre? Qu'y a-t-il de plus insensé que de se priver et de se dépouiller volontairement de la faveur, de la grâce et du secours de Dieu, de qui tout dépend et à qui tout appartient? Qu'y a-t-il de plus insensé que d'avoir pour antagoniste et pour ennemi, non pas un homme, non pas un ange, non pas même le démon ; mais Dieu en personne, et d'oser le provoquer comme à un duel? (Homil. ad pop.)
L'orgueilleux étant un insensé et l'orgueil une insigne folie, ils sont souverainement méprisables et souverainement méprisés. Se disant sages, ils sont devenus fous, dit saint Paul (Rom. 1. 22).
Avez-vous vu un homme qui s'estime sage? disent les Proverbes; il y a plus à espérer de l'insensé que de lui (Proverbes 26. 12). Celui qui se croit sage, est souverainement insensé, dit un proverbe accrédité. Ceux qui se croient sages, sont trompés facilement par l`ange déchu, et ils se perdent. Celui au contraire qui reconnaît son peu de sagesse, cherche un guide éclairé ; il marche ainsi en sûreté et se sauve facilement
L'orgueil nait de la démence, dit saint Chrysostome. Il ne peut pas exister d'orgueilleux qui ne soit insensé; l'orgueilleux est plein de folie. ( Homil. ad pop.). L'humilité est la sagesse de l`âme, l'orgueil en est la folie; car l`humilité repose sur la vérité; l'orgueil, lui, n'est que vanité, mensonge , erreur.
Pourquoi s'enorgueillissent la terre et la cendre? dit l'Ecclésiastique (10. 9.) O homme, terre et cendre, pourquoi t`enorgueillis-tu, dit saint Bernard, toi dont la conception est une faute, la naissance une misère, la vie une peine et la mort une angoisse; pourquoi est-tu pétri d'orgueil? (Serm. in Gant.)
La réprimande, qui rend meilleurs les humbles, est intolérable aux orgueilleux, dit saint Cyrille.
Combien est misérable la conscience qui, blâmée par la parole de Dieu, se persuade qu'elle reçoit un affront dit le vénérable Bède.
Seigneur, dit le Psalmiste, ne laissez pis mon cœur se tourner vers les paroles de malice afin de trouver des excuses a mes péchés (Psaumes 140, 4).
Voyez l'orgueilleux ; on a droit de le reprendre, il le mérite. Que de plaintes il fait entendre, que d'excuses il apporte, que de fausses raisons il allègue! On ne me connaît pas...; on invente...; on exagère...; on n'a point de charité...; on est plein de fiel. De quoi
se moque-t-on?... Je sais me conduire... ; je ne fais point de mal...
L'orgueilleux ne veut jamais avoir tort Touchez les montagnes volcaniques, et elles fumeront, dit le Prophète royal (Psaumes 143. 5). Chez les orgueilleux, dont ces montagnes sont l'emblème, il y a fumée noire, grondements sourds, coups de tonnerre. Il s'en échappe des laves de sarcasmes, d'ironies mordantes et d'injures qui couvrent l'homme charitable, aussitôt qu'il se permet de les avertir et de chercher à les ramener
Comme la désobéissance a l'orgueil pour racine, les désobéissants ont coutume de prêter l'oreille à celui qui fait ressortir l'énormité de leur faute, mais non pas de la réparer en la confessant humblement. Désirant paraître très-grands, ils ne s'occupent point de faire voir leurs chutes. En conséquence, tandis qu'ils mettent en avant des excuses, ils prétendent avoir eu raison au fond, car ils rougissent de paraître pécheurs .
Parlant de la chute d'Adam causée par l'orgueil, et de l’excuse que notre premier père a présentée à Dieu, excuse inspirée aussi par l'orgueil, saint Bernard montre combien l'apologie du mal est grave, et combien Dieu la déteste. On croit, dit-il, que cette antique et si nuisible prévarication eût trouvé facilement indulgence, si un humble aveu et non une apologie l'eût suivie. Car, bien que faite après délibération, la transgression n'a pas autant nui que l'obstination avec laquelle une excuse préméditée lui a été adjointe.
L'orgueilleux ressemble au hérisson. Voyez courir ce quadrupède, vous apercevez ses pattes, ses oreilles, son museau; mais si vous l'approchez, si vous voulez le saisir, ce n'est plus qu'une boule hérissée de pointes qui vous ensanglantent les mains. De quelque manière, par quelque côté que vous preniez l'orgueilleux, c'est un hérisson qui pique et qui blesse
Différence entre orgueil et humilité
Mis au-dessus de toutes les créatures lors de sa création, l`ange déchu, notre mortel ennemi, dit saint Grégoire, voulut, plein d'orgueil, qu'on le considérât comme supérieur à tout. Au contraire, notre Rédempteur, si grand et qui est infiniment au-dessus de tout, a daigné se faire petit en tout. L`auteur de la mort dit : Je monterai au ciel; l'auteur de la vie dit : Mon âme est remplie de misères, elle en est comme anéantie. Satan dit : Je placerai mon trône par-delà les astres du ciel; Jésus-Christ dit au genre humain : Voici que je viens pour habiter au milieu des hommes. Satan dit : Je m'assiérai sur la montagne de l'alliance, à côté de l'aquilon; Jésus-Christ dit : Je suis un ver, et non un homme, je suis l'opprobre des hommes et l'abjection du peuple. Satan dit : Je monterai sur la hauteur des nuées, et je serai semblable au Très-Haut; et Jésus Christ s'est anéanti en prenant la forme d'esclave.
Énormité de l`Orgueil
Le péché avec l'humilité est moins mauvais que l'innocence avec l'orgueil, dit saint Optât, évoque de Milève ( Contra Parmen.).
Tout orgueilleux se met au-dessus de Dieu, dit saint Bernard ; Dieu veut qu'on fasse sa volonté, et l'orgueilleux veut qu'on fasse la sienne. (Serm. iv in Vigil. nativ. ). Celui qui s'efforce de faire tourner vos dons à sa gloire et non à la vôtre. ô Seigneur, est un voleur et un larron, dit saint Augustin; il est semblable à l`ange déchu qui a voulu voler votre gloire.
Le Prophète royal disait donc avec raison : Seigneur, préservez-moi de la venue de l'orgueil. ( Psaumes 35. 12 )
Quel qu'il soit, l'homme hautain est en abomination au Seigneur, disent les Proverbes (16 5). La raison en est que l'orgueilleux est l` émule et l'antagoniste de Dieu; nouveau Lucifer, il veut s'égaler à lui, et mettre sa propre volonté a la place de celle du Tout-Puissant.
L'orgueil est un grand mal, car il attaque Dieu comme par des reproches et des moqueries; il le soufflette, il le couvre de crachats, il le provoque au combat malgré lui
Le crime de l'orgueil est très-grand, dit saint Chrysostome; il vaut mieux être fou qu'orgueilleux ; la folie n'est que l'empêchement de l'action de l'âme, tandis que l'orgueil est une folie volontaire. Le fou garde pour lui seul son malheur; mais l'orgueilleux fait le malheur des autres.
L'orgueil fait sa propre volonté; l'humilité fait la volonté de Dieu, dit saint Augustin.
L'orgueil de l'homme débute par apostasier Dieu, dit l'Ecclésiastique; en effet, le cœur de l'orgueilleux se retire loin de celui qui l'a fait, et l'orgueil est le commencement de tout péché.
Aussi Dieu, dit l'apôtre saint Jacques , résiste aux superbes (Jacques. 4, 6).
L`orgueil est la source et le commencement de tous les maux.
Le commencement de tout péché est l'orgueil, dit l'Ecclésiastique . (10. 45).
L'orgueil est la source de tous les maux, dit saint Chrysostome. Par l`orgueil on secoue le joug et la loi de Dieu L'orgueil les a saisis; ils sont couverts d'iniquité et d'impiété, dit le Psalmiste (Psaumes 72. 6). Avant que je n'eusse été humilié, je n'ai cessé de pécher, dit-il ailleurs.
L'humilité, dit saint Bernard, rend les hommes semblables aux anges, et des anges l'orgueil a fait des démons. L'orgueil, comme je le démontrerai, est le commencement, la fin et la cause de tous les péchés; car non-seulement l'orgueil, pris en lui-même, est un péché, mais aucun péché n'a pu, ne peut et ne pourra exister sans l'orgueil.
Aussi Tobie disait-il à son fils : Ne laissez jamais l'orgueil dominer dans vos pensées ou dans vos paroles; car c'est par l'orgueil que commence toute perdition (Tobie 4. 14).
Il n'y a point de péché sans orgueil, dit saint Prosper; car quiconque pèche, se préfère et préfère son appétit à Dieu et à sa loi, ce qui est véritable orgueil (De Vit. contempi., c. xxv).
L'orgueil est le commencement de tout péché, dit saint Chrysostome- De l'orgueil naît le mépris des pauvres, la convoitise de l'argent, l'amour de la domination, le désir de la gloire. L'orgueilleux ne peut supporter aucune épreuve de quelque part qu'elle vienne, soit de ses supérieurs, soit de ses inférieurs [Homil. ad poi. ) .
Comme la racine des arbres est cachée, mais nourrit le tronc et les branches, ainsi, dit saint Grégoire, l'orgueil se cache au fond du coeur et alimente des vices manifestes et nombreux, il n'y aurait aucun péché public, si l'orgueil ne possédait l`ame en secret ( Moral., lib. XXXIV, c. x v i ï ) .
L'orgueil produit les disputes, les dissensions, les haines, les médisances, les calomnies, les procès, les guerres, les schismes, les hérésies, etc..... L'humilité, au contraire, est la mère de la paix, de la concorde, de l'union, de la charité, etc.
On ne tombe dans le mal que par orgueil, par orgueil secret du moins… Pour n'avoir pas voulu se faire les disciples de la vérité, les orgueilleux, dit saint Augustin, sont devenus des maîtres d'erreur (De Pelag.).
L'orgueil précède les impies, en portant une torche devant eux, afin de les conduire au crime. L'orgueil est le père de tous les maux et de toutes les maladies; car les unes et les autres viennent du péché. Il n'y a pas de péché sans l'orgueil, car le péché n'est autre chose qu'une révolte contre Dieu, que le mépris de sa loi ; or, la rébellion et le mépris viennent directement de l'orgueil. L'orgueil est le péché de Lucifer, d'Adam, etc
Comme l'orgueil, dit saint Bernard, est le principe de tous les crimes ; il est aussi la ruine de toutes les vertus. L'orgueil est le premier dans la voie du péché, et le dernier dans celle du repentir
La superbe est la reine des vices, dit saint Grégoire.(Lib. Iïl Moral., c. xvin).
Saint Bernard dit énergiquement : La superbe a conçu la douleur dans le ciel, et elle a enfanté l'iniquité dans le paradis terrestre; la douleur, fille du péché ; l'iniquité, mère de la mort et de toutes les calamités (Serm. xvn in Gant.).
Comme l'orgueil est le principe de tous les péché, ainsi l'humilité est la source de toutes les vertus, dit saint Chrysostome (Homil ad pop.).
L'orgueil est :
1. le péché des anges déchus par Dieu...;
2. un péché dont on ne se corrige presque jamais.;
3. un péché source de tous les désordres...;
4. il est la cause des hérésies
Le seul orgueil s'élève contre toutes les vertus, dit saint Bernard; comme un venin général, il les corrompt toutes. (Serm. xvn in Cant. ).
L'orgueil engendre surtout la curiosité, la jactance, l'hypocrisie les querelles, l'entêtement, la discorde et la haine.
Saint Chrysostome compare l'orgueil aux tempêtes de la mer. Ce crime, dit-il, aveugle l'esprit; il n'est point de mal qui l'égale; il fait de l'homme un démon. (Homil* ad pop.).
L'orgueil, dit saint Grégoire, empêche de juger avec équité. Il fait élever la voix; il inspire un silence amer, une gaieté dissolue, une tristesse furieuse, des actes impudents, une démarche altière, des réponses aigres. L'âme des orgueilleux est toujours forte pour infliger un affront et faible pour le supporter; elle est paresseuse à obéir, importune à harceler autrui, lente à faire ce qu'elle doit, et prête a faire ce qu'elle ne doit pas. Aucune exhortation ne peut l'incliner vers ce dont elle ne se soucie pas, et au contraire elle cherche à être contrainte de faire ce qu`elle désire.
Quiconque pèche est un orgueilleux, dit saint Isidore ; car en péchant il méprise les divins préceptes. Les orgueilleux se nourrissent de vent. L'orgueil est le plus grand de tous les crimes; il cause la mort de l'âme, tant en détruisant toutes les vertus, qu'en engendrant tous les vices ( Epist. de forma bene vivendi ) .
L'orgueil est partout, il se mêle à tout : on doit le craindre même dans les bonnes actions, dit saint Augustin (InMédit.). C'est un poison qui corrompt les prières, les confessions, les communions, !e chant, le talent, la beauté, l'esprit, l'âme, le cœur, etc.
Mal suprême, il change en mal le bien même
Il y a l'orgueil du cœur, dit saint Bernard, l'orgueil de la langue, l'orgueil des oeuvres, l'orgueil des manières et du vêtement . (Serai, in Gant.).
Rien ne rend l'homme plus étranger à l'amour divin, dit saint Chrysostome, rien ne le précipite aussi facilement dans l'enfer, que la folie de l'orgueil. Ce vice souille toute notre vie, quelque remarquable qu'elle soit par la pudeur, la virginité, le jeûne, les prières, l'aumône, enfin par la vertu.
L'orgueil est répandu sur toute la face de la terre; il se trouve dans le cœur de presque tous les hommes Comme c'est ce vice qui a perdu les mauvais anges, ils s'en servent de préférence, pour perdre la race humaine
L'orgueil, dit le pape Innocent III, a renversé la tour de Babel, a confondu les langues, a défait Goliath, a dressé le gibet d'Aman, a fait mourir Nicanor, a frappé Antiochus, a submergé Pharaon, a tué Sennachérib. Hélas! d'où vient ce faste de l'homme; de l'homme dont la vie se déroule sous le coup qui lui impose le travail comme un châtiment; de l'homme que rend au repos la nécessité de mourir, châtiment plus grand encore; de l'homme dont l'existence compte à peine un instant, et pour lequel la vie est un naufrage et le monde un exil ; de l'homme, enfin, que la mort ou saisit, ou menace de saisir.
C'est l'orgueil qui a poussé les anges à se révolter dans le ciel; c'est l'orgueil qui en a fait des démons ; c'est lui qui a creusé l'enfer, et qui les y a précipités; c'est lui qui a changé en supplices éternels les délices dont ils devaient jouir C'est l'orgueil qui fait tomber Adam; c'est lui qui l'a chassé du «séjour du bonheur» et qui l'a livré au travail, aux soucis, au chagrin, à la nudité, à l'aveuglement, aux douleurs, aux maladies, à la mort et à la pourriture.
L`orgueil est un vice détestable
Qu`y a-t-il de plus détestable et de plus digne de sévères châtiments, que l'orgueilleux s`élevant sur la terre, à la vue d’un Dieu qui s’est fait homme ! C'est une intolérable impudence que là où s'est anéantie la suprême majesté, un petit ver s'enfle et s’enorgueillisse ! ( Serm. i de Nativ. ).
Tous les deux, c'est-à-dire le démon et l'homme, ont désiré avec ardeur la grandeur; celui-là de la puissance, celui-ci de la science, dit le même Père. (Ut supra). L`ange déchu a trouvé la suprême dégradation, et l'homme la suprême ignorance
Seigneur, dit l'Écriture, dès le commencement les superbes vous ont déplu. (Judith, 9. 16).
L'orgueilleux méprise souverainement les autres; il les tourne en ridicule, il les insulte, il s'élève au-dessus deux par le mépris et le sarcasme. Malheur à vous qui méprisez dit le Seigneur; ne serez-vous pas méprisés à votre tour? (Isaïe 33 1.) L'orgueilleux se prépare donc le mépris et les humiliations.
L'orgueilleux est méprisé de tout le monde ; chacun le craint, le fuit et le maudit. Dieu le déteste; le ciel, la terre, l'enfer, les anges les hommes et les anges déchus le détestent également.
Il y a toujours des débats parmi les orgueilleux, disent les Proverbes (13. 10). Voilà pourquoi nous voyons parmi les hérétiques autant de sectes et d'opinions différentes que d'individus Les orgueilleux se haïssent les uns les autres Rien n'est sacré pour les orgueilleux; mais ils prétendent être sacrés eux-mêmes. 0 conduite souverainement injuste détestable l . . .
L'orgueil est le chemin de l'ignominie Lorsque l'orgueil monte et croit, l'homme décroit et descend jusque dans la boue
Dieu et les hommes ont en horreur l'orgueil, dit l'Écriture :(Eccli. 10, 7 )
Parler avec dédain et arrogance, et agir par orgueil, c'est se rendre semblable aux anges déchus, dit saint Basile.
Dieu humilie les orgueilleux
Seigneur dit le Psalmiste, il est bon que vous m'ayez humilié: (Psaumes 118, 71 ).
Voyez quelles armées Dieu lève et lance contre les orgueilleux Égyptiens, pour combattre en faveur d'Israël et remporter la victoire : ce sont des grenouilles, des sauterelles, des moucherons. Le roi Pharaon, si puissant et si fort, est vaincu par une sauterelle. Lui qui avait osé lever son front contre Dieu, est forcé de le baisser sous un moucheron
Les humiliations de la chair accompagnent toujours l'orgueil de l'esprit. Dieu change en bête l'orgueilleux Nabuchodonosor, qui se glorifie dans sa grande ville de Babylone. Dieu abat le dédaigneux Balthasar, fils de Nabuchodonosor; il ne se sert pour l'humilier et le faire pâlir que d'une main, et même que de l'ombre d`une main ( Daniel, v ) . L'arrogant Antiochus est dévoré vivant par des vers.
Fier de ses forces, plein de son importance superbe, Goliath, dit saint Augustin, commence par placer en lui seul la victoire de tout son parti. Et parce que tout orgueil a l'impudence du front, il reçut une pierre au milieu même du front et fut terrassé. Le front qui avait l'impudence de son orgueil a été brisé ; et le front qui avait l'humilité de la croix du Christ est demeuré vainqueur.
Seigneur, dit Judith, vous n'abandonnez pas ceux qui se confient en vous; mais vous humiliez ceux qui se confient en eux-mêmes, et qui se glorifient de leur force. (Judith 6. 15).
L'orgueilleux Aman est humilié jusqu'à mourir sur une potence haute de cinquante coudées, élevée par lui pour y pendre l'humble Mardochée. Voyez comment cet orgueilleux est humilié. Irrité de ce que Mardochée ne fléchissait pas le genou devant lui, blessé de cet affront prétendu, il jure la mort des Juifs et fait dresser une potence pour Mardochée. Mais tout à coup les choses changent d'une manière frappante : Mardochée, destiné à une mort ignominieuse, est revêtu du manteau royal par Aman lui-même, son mortel ennemi, qui se trouve contraint d'agir ainsi. Les douleurs les plus vives, les humiliations les plus amères et les plus accablantes fondent sur l'arrogant favori d'Assuérus : car, 1° l'honneur immense qu'il s'était préparé dans son coeur superbe, lui est enlevé ; 2° cet honneur est accordé a l'humble Mardochée; 3 c'est Aman lui-même qui est l'instrument du triomphe de Mardochée; 4° lui qui auparavant se faisait adorer par tous les Perses comme un Dieu, n'est plus que l'écuyer, le héraut d'un vil juif qu'il déteste; 5° ces affronts, ces humiliations foudroyantes et inattendues tombent soudain et toutes à la fois sur lui, car le Très-Haut terrasse et brise les superbes ; 6° Aman est condamné à être pendu au même gibet qu'il avait fait dresser pour Mardochée ( Esther).
Dieu, dit la très-sainte Vierge, a déployé la force de son bras; il a dispersé les superbes. Il a renversé de leur trône les puissants, et il a élevé les petits .
Dieu, dit l'apôtre saint Jacques, résiste aux superbes, et il donne sa grâce aux humbles.
Quiconque s'élève sera abaissé, dit Jésus Christ , et celui qui s'abaisse sera élevé : (Luc. 18. 14).
Partout où entre l'orgueil, l'ignominie suit de près, disent les Proverbes (11 2). L'arrogance précède l'humiliation, et l'orgueil, la ruine, disent encore les Proverbes : (16, 18).
En pleurant et en s'humiliant, Pierre, dit saint Augustin, se condamnait et se sauvait ; quand, satisfait de lui-même, il se fia à ses propres forces, il se perdit. C'est la pensée qu'exprimait le Psalmiste quand il s'écriait : Seigneur, couvrez-les d'ignominie, et ils chercheront votre nom (Psaumes 82. 17 ).
Que l'orgueil de l'impie, dit Job, s'élève jusqu'aux cieux; que sa tête touche les nues : il n'en finira pas moins par périr comme un objet souillé, et ceux qui l'avaient vu diront : Où est-il? (Job 20 6.7.) Les orgueilleux s'élèvent pour un peu de temps, dit encore Job, mais ils ne subsisteront pas; ils seront renversés, ils seront foulés comme des épis murs:
Voilà comment Dieu traite les superbes.
Châtiments infligée à l`orgueil
Les humiliations que Dieu fait pleuvoir sur les orgueilleux sont déjà un terrible châtiment; mais il leur en réserve d'autres, dans les trésors de sa colère.
1. Dieu se détourne de l'orgueilleux. L'homme, dit le Psalmiste, montera au faîte de son cœur: Dieu s'élèvera davantage (Psaumes 63 7. 8). Du haut de son trône, le Seigneur regarde les humbles; il rejette loin de lui les superbes (Psaumes 137. 6).
2 . Dieu résiste à l'orgueilleux et le combat.
3. Un Dieu vengeur s'attache aux pas de l'orgueilleux, dit Sénèque. (In Hercule),
4. Dieu châtie l'orgueilleux en le livrant à lui-même. Méprisé et détesté par les autres, l'orgueilleux s'afflige du mépris qu'on fait de lui; il s'en offense, il en est torturé. Si vous êtes orgueilleux, dit saint Augustin , vous serez puni et abattu. Dieu ne manque pas de poids qui vous fasse descendre. Ce poids sera celui de vos péchés; il vous les jettera à la face, et vous serez anéanti. (Homil.) L'orgueil est un bourreau qui persécute les orgueilleux
5° Dieu a renversé le trône où voulaient s'asseoir les superbes, dit l'Ecclésiastique . Lucifer et ses anges, Adam, etc., attestent cette vérité Dieu a fait
sécher les nations superbes jusqu'à la racine, dit encore l'Ecclésiastique. (10 48). Ainsi, Dieu a chassé de la terre sainte et a complètement détruit sept nations de Chananéens, à cause de leur orgueil, et il les a remplacés par le peuple hébreu. Ainsi, Dieu a enlevé toute foi, toute grâce et toute gloire aux Juifs orgueilleux, qui repoussaient Jésus Christ humilié.
6° Dieu a effacé le souvenir des superbes, dit l'Ecclésiastique (10. 21 ). Tous les orgueilleux seront comme la paille, dit le prophète Malachie; et l'avenir les saisira comme la flamme, et il ne leur laissera ni germe, ni racine. (4. 1 ) .
7° Si Dieu n'a pas épargné les anges orgueilleux, dit saint Bernard, combien moins vous épargnera-t-il, vous qui êtes poussière et vermisseau? L'ange n'a pas agi, il n'a en qu'une pensée d'orgueil et en un instant ; en un clin d'oeil, il a été précipité sans retour. Fuyez l'orgueil, frères, je vous en conjure; fuyez-le de toutes vos forces, cet orgueil qui a si promptement plongé dans les ténèbres Lucifer, plus brillant que tous les astres; cet orgueil qui a changé un ange, et le premier de tous les anges, en démon ( Serm* i ieAdventu),
8° L'orgueil a produit la mort. L'homme, dit saint Augustin, avait été fait immortel ; il a voulu être Dieu; il n'a pas perdu la qualité d'homme, mais il a perdu l'immortalité; par suite de l`orgueil de sa désobéissance, il a été condamné aux maladies, à toutes les souffrances, et à la mort. Ainsi la mort introduite sur la terre par l'orgueil, est elle-même le châtiment de l'orgueil [Sentent, CCLX ).
9° Voulant le plus grand bien de tous les hommes, Dieu tout-puissant et souverainement bon , dit Raban-Maur, a été forcé, en quelque sorte, de placer sous la domination des anges orgueilleux les hommes superbes; afin que, persécutés par eux, ils apprissent la différence infinie qui existe entre le service de Dieu et celui du démon (DeAdepL virtut.). L'orgueilleux qui refuse de se soumettre à Dieu, devient l'esclave de Satan, des convoitises de la chair et de toutes les passions; ce qui est un effroyable châtiment
10° L'orgueil tarit la source des grâces. Seigneur, dit le Psalmiste, vous envoyez des fontaines dans les vallons; leurs eaux couleront entre les montagnes: (Psaumes 103, 10). Ces vallons arrosés sont les humbles qui reçoivent les grâces du ciel, et les montagnes qui ne profitent pas des eaux, signifient les orgueilleux, devenus semblables à des rochers desséchés et arides.
Les vases étant pleins, d`huile s'arrêta. L'orgueilleux, plein de lui-même, ne laisse aucune place à la grâce..... La privation de la grâce est une preuve de l'existence de l'orgueil, comme l'abondance des grâces est une preuve de l'existence de l'humilité. Si vous êtes privé de la grâce et des dons de Dieu, sachez-le, c'est que vous êtes orgueilleux. L'orgueil dissipe toutes les grâces. Or, il n'y a pas de pire punition que d'être privé de la grâce.
11. L'orgueil attire tous les châtiments : l'aveuglement spirituel, l`endurcissement du cœur, l`impénitence finale, une mort funeste, un jugement formidable, une condamnation terrible, et l'enfer éternel.
De tous les péchés, celui que Dieu déteste et punit le plus sévèrement, c'est l'orgueil. Dieu seul est grand, et tout orgueilleux attaquant cette grandeur n'obtient presque jamais miséricorde. Dieu oublie et pardonne facilement les chutes de faiblesse; mais avec difficulté les chutes d'orgueil
Nous reconnaissons ouvertement, dit saint Grégoire, que l'orgueil est la marque la plus évidente de la réprobation, et l'humilité le signe des prédestinés.. Cette manière de voir est celle de tous les Pères et de tous les théologiens; c'est l'enseignement de l'Église et celui de la sainte Écriture
Divers degrés d`orgueil
Il y a sept degrés d'orgueil : 1 ° ne pas porter les autres à nous regarder comme peu de chose... ; 2° ne pas être satisfait de se voir mépriser...; 3° ne pas avouer qu'on mérite de l'être... ; 4° ne pas endurer le mépris avec égalité d'humeur...; 5° ne pas supporter patiemment un affront... ; 6° s'irriter des humiliations... ; 7° se refuser à reconnaître qu'on n'a nulle valeur.....
Motifs que l`on a de chercher à combattre notre orgueil
VOICI neuf principaux motifs qui doivent nous engager a fuir l'orgueil : 1° l'orgueil est odieux à Dieu et aux hommes... ; 2* il est une cause d'injustices, de rapines, de tromperies, d'affronts 3° Fût-il très-puissant, fût-il même roi, l'homme de sa nature est
très-peu de chose 4° Tout homme est très-peu de chose, à ne considérer même que la brièveté et la vanité de la vie 5° Après sa mort, l'homme devient la pâture des vers 6* L'orgueil est un abandon que nous faisons de Dieu, une apostasie 7° L'orgueil est
le principe , la racine et le commencement de tous les péchés 8. L'orgueilleux cesse en quelque sorte d'être la créature de Dieu, pour devenir celle du démon; 9° il s'attire une foule de châtiments.
Il est dit dans l'Écriture que David, marchant contre Goliath, choisit dans un torrent cinq petites pierres très-polies, dont il se servit pour abattre ce géant (1. Rois 17. 40). Par ces cinq pierres, saint Bernard entend cinq moyens par lesquels nous renversons Goliath, c'est-à-dire l'orgueil : l ° la menace des peines-..; 2° la promesse des récompenses...; 3° l'amour de Dieu...; 4° l'imitation des saints, 5. Connaître Dieu, se connaître; soi-même : voilà un remède infaillible contre l'orgueil.
Il faut pratiquer, autant qu'il est nous, la belle et sublime vertu d`humilité; elle est la massue qui abat et tue l'orgueil.
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
Sujets similaires
» Le chrétien honnête-homme 17 eme siècle ( Belgique –Pays-Bas autrichiens)
» Comment être CHRÉTIEN - Cornélius Lapide – Belgique et Hollande - 17 eme siècle.
» Devoirs des parents - Les Trésors de Cornélius Lapide
» Le péché d`orgueil - Les trésors de Cornélius Lapide
» Aubry et Hollande, candidats du Siècle…- Oligarchie mondialiste
» Comment être CHRÉTIEN - Cornélius Lapide – Belgique et Hollande - 17 eme siècle.
» Devoirs des parents - Les Trésors de Cornélius Lapide
» Le péché d`orgueil - Les trésors de Cornélius Lapide
» Aubry et Hollande, candidats du Siècle…- Oligarchie mondialiste
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum