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La charité n’est pas un humanisme

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Message par MichelT Dim 12 Mar 2017 - 18:24

La charité n’est pas un humanisme

Le rougeetlenoir.org


2 mars 2017  



Nous vivons dans une époque d’une telle confusion intellectuelle, que même aux plus hauts sommets de l’Église on ne sait plus de quoi on parle. Aussi voit-on régulièrement nos prélats et autres catéchistes assermentés nous expliquer que le chrétien doit accepter toutes les offenses et recueillir toute la misère du monde au nom de la charité. Que ce mot a bon dos ! Plus prompt à flatter leurs consciences qu’à défendre la vérité, beaucoup d’ecclésiastiques et de fidèles ont profané la charité [1]. Profaner en deux sens : d’abord dans son usage, puisqu’ils en ont fait une vertu profane, altruiste, détachée de toute fin religieuse, pour la transformer en un lénifiant humanisme philanthropique. Profanée également dans le sens du sacrilège, puisque ce qui est d’abord grâce infuse et don gratuit de Dieu, a été réduit à de la soupe compassionnelle qui n’a rien de spirituel. De fait, une brève lecture des écrits des Pères et Docteurs, et une lecture du Nouveau Testament éclairée par la Tradition, nous montrent que la charité est loin de ce bon sentiment dégoulinant d’empathie. N’en déplaise aux chrétiens qui font profession d’humanisme, le christianisme n’est pas la religion de l’homme. Prenant prétexte de l’idée d’Incarnation, ils n’ont que le mot de « personne », « individu », ou dignité humaine à la bouche, jusqu’à placer l’homme là où Dieu devrait se tenir toujours. Il nous apparaît donc urgent de rappeler ce que la doctrine dit de la première des vertus théologales.

La charité est Amour de Dieu.

Le christianisme ne connaît qu’une seule adoration, celle de Dieu. Il est le Bien au-dessus de tous les autres biens, car il en est le principe et la forme. A ce titre, il est la fin ultime de l’existence humaine : Le bien ultime et principal de l’homme est de jouir de Dieu, selon la parole du Psaume (73, 28) : "Pour moi, adhérer à Dieu est mon bien." Et c’est à cela que l’homme est ordonné par la charité [2].

Par conséquent l’amour qu’on doit Lui porter est prioritaire sur toutes les autres formes d’amour. Quand un pharisien interroge le Christ sur le plus grand commandement de la Loi, le Christ lui répond d’abord  d’aimer « le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit », car « C’est là le plus grand et le premier commandement » [3]. La charité, en son sens premier, caritas, est donc l’Amour de Dieu. Et si elle est une vertu théologale, c’est précisément parce qu’elle vient de Dieu et nous mène à Lui : La charité est une amitié de l’homme pour Dieu, fondée sur la communication même de la vie spirituelle qui fait parvenir à la béatitude éternelle [4].

Nous devons donc aimer Dieu d’une manière absolue et sans partage, et c’est ce qu’entend le Christ en nous ordonnant de L’aimer de « tout notre cœur, toute notre âme et tout notre esprit ». Saint Jean Chrysostome commente : « Or, aimer Dieu de tout son cœur, c’est n’avoir dans son cœur aucune affection qui l’emporte sur l’amour de Dieu. Car celui qui croit que Dieu renferme tout bien, et qu’en dehors de lui il n’existe aucun bien véritable, aime Dieu de toute son âme [5]. » Toutes nos facultés, qu’elles soient spirituelles, intellectuelles ou vitales, doivent être dirigées vers le Premier Principe, et saint Augustin poursuit :

Dieu n’a donc laissé aucune partie de notre vie libre, et dont nous puissions disposer pour l’appliquer à un autre objet. Mais tout ce qui se présente d’ailleurs à notre affection, doit être emporté par l’élan de notre cœur dans le courant général de l’amour ; car l’homme n’atteint vraiment la perfection, que lorsque toute sa vie se dirige vers le Bien immuable.  [6]

L’existence terrestre nous oblige à un investissement temporel irréductible, lié à notre condition humaine, mais notre idéal doit être de nous en extraire au maximum, comme l’écrit saint Thomas d’Aquin : l’homme s’applique tout entier à vaquer à Dieu et aux choses divines en laissant tout le reste, sauf ce que requièrent les nécessités de la vie présente. Telle est la perfection de la charité qui est possible ici-bas [7].

Contrairement à l’homme, que l’on doit aimer pour Dieu, la divinité n’est aimable que pour elle-même : Dieu ne saurait être aimé pour rien d’autre que lui-même. En effet, il ne se rapporte pas à autre chose comme à sa fin, puisqu’il est lui-même la fin ultime de tous les êtres [8]. Pour reprendre le mot de saint Bernard : Le motif d’aimer Dieu, c’est Dieu ; la mesure à y apporter, c’est d’aimer sans mesure [9]. C’est d’ailleurs la grande leçon des mystiques, de Richard de Saint-Victor à Dante : l’amour de Dieu est à l’image de son objet, infini. Par rapport à l’objet aimé, la charité est parfaite quand une chose est aimée autant qu’elle est aimable. Or Dieu est aussi aimable qu’il est bon ; et comme sa bonté est infinie, il est infiniment aimable [10].


La charité est amour du prochain en  Dieu.

Le deuxième commandement du Christ, qui est apparenté au premier, est d’aimer son prochain. C’est sur ce commandement que la plupart de nos contemporains, abusés par les idéologies modernes de fraternité universelle et d’humanisme athée, ont une interprétation biaisée. S’il nous est ordonné d’aimer son prochain, c’est uniquement  par et pour l’Amour de Dieu. Se demandant ce que l’on doit aimer de charité, saint Thomas d’Aquin explique que la raison d’aimer le prochain, c’est Dieu ; car ce que nous devons aimer dans le prochain, c’est qu’il soit en Dieu [11]. Et il rappelle avec attention que, dans le cas de ceux qui nous éloignent de Dieu, il faut toujours préférer le Père céleste aux hommes.

A cause de Dieu, nous devons haïr notre prochain s’il nous détourne de Dieu, selon la parole de S. Luc (14, 26) : "Si quelqu’un vient à moi sans haïr son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, ses sœurs, il ne peut être mon disciple." Nous devons donc aimer de charité Dieu plus que le prochain. […] C’est donc Dieu qui doit être aimé de charité à titre principal et par-dessus tout ; il est aimé en effet comme la cause de la béatitude, tandis que le prochain est aimé comme participant en même temps que nous de la béatitude. [12]

L’homme ne doit donc jamais, pour un chrétien, être aimé comme une fin. Notre charité est ordonnée à Dieu, et si nous aimons notre prochain, c’est au titre de sa relation possible ou présente à Dieu : pour le convertir, pour l’édifier, pour être édifié par lui, pour partager une vie spirituelle [13]. La fin de toutes les actions et de tous les sentiments de l’homme c’est d’aimer Dieu : c’est par la dilection de Dieu que nous atteignons tout à fait notre fin ultime [14].

La charité pour le prochain est donc tout diamétralement différente de l’amour naturel des hommes entre eux, ou de la fausse fraternité universelle des athées, au nom d’une prétendue « humanité » qui n’est qu’un leurre et qui n’a jamais existé [15]. Comme nous le demande saint Augustin :

Ne vous aimez pas comme s’aiment les hommes qui ne cherchent qu’à corrompre, ni comme ceux qui s’aiment, parce qu’ils ont une même nature, mais aimez-vous comme ceux qui s’aiment mutuellement, parce qu’ils sont dieux, et les fils du Très-Haut, pour devenir ainsi les frères du Fils unique de Dieu, en s’aimant mutuellement de cet amour qu’il a eu pour eux et qui le porte à les conduire à cette fin bienheureuse où il rassasiera leurs désirs dans l’abondance de tous les biens [16].

Notre amour du prochain est surnaturel, il repose en Dieu, et nous aimons le prochain que parce qu’il est comme nous un être déiforme et que nous voulons avec lui participer de la divinité. C’est là tout le seul du commandement du Christ : « aimez-vous les uns les autres », pas comme le monde le fait, mais « comme je vous ai aimés » (Jn XV, 12) :

La charité est distincte de l’amour que les hommes ont les uns pour les autres, en tant qu’ils sont hommes, et Notre Seigneur prend soin d’établir cette distinction, eu ajoutant : « Comme je vous ai aimés. » car dans quel dessein Jésus-Christ nous a-t-il aimés, si ce n’est pour nous faire régner avec lui dans les cieux ? Aimons-nous donc les uns les autres pour le même motif, afin que notre amour nous sépare de ceux dont l’amour réciproque n’a point pour fin l’amour de Dieu, et qui ne s’aiment pas véritablement. Ceux au contraire qui s’aiment les uns les autres pour tendre d’un commun accord à la possession de Dieu, s’aiment d’un amour véritable [17].

Puisqu’il faut aimer son prochain pour Dieu, il est aussi nécessaire de rejeter son péché. La véritable charité hait le péché, et le fait savoir au pécheur. Les chrétiens actuels ont si peur du pharisianisme, qu’ils se privent souvent de corriger leurs frères, au prétexte que les pécheurs sont appelés au Christ et qu’ils les précéderont peut-être au royaume des Cieux. Il n’y a dans ce raisonnement qu’humilité mal placée et pharisianisme inversé. La vraie charité n’est ni tiède ni timide : elle dénonce, elle corrige, et elle accepte aussi d’être corrigée. Le Docteur angélique le rappelle magistralement :

Mais la faute des pécheurs est contraire à Dieu, et elle est un obstacle à la béatitude. Aussi, selon leur faute qui les oppose à Dieu, ils méritent d’être haïs, quels qu’ils soient, fussent-ils père, mère ou proches, comme on le voit en S. Luc (14, 26). Car nous devons haïr les pécheurs en tant qu’ils sont tels, et les aimer en tant qu’ils sont des hommes capables de la béatitude. C’est là véritablement les aimer de charité, à cause de Dieu. Détester le mal d’un être et aimer son bien ont une même motivation. Aussi la haine parfaite [du péché] relève-t-elle aussi de la charité [18].

La vraie charité est donc le partage de la vérité et le rejet public de l’erreur. Ma gorge méditera la vérité, ma bouche maudira l’impie dit les Proverbes [19]. La charité, comme amour de Dieu et du prochain en Dieu, ne s’incarne que dans un élan de foi qui n’est pas compassion sentimentale [20]. À ce titre, il n’y a rien de moins charitable que l’œcuménisme post-Vatican II ou les compromis du magistère avec les autres confessions chrétiennes [21]. Les prêtres ne font preuve d’aucune charité lorsqu’ils ménagent l’opinion fausse de leurs contemporains, ou quand ils pensent tirer un bien du compromis avec les idéologies antireligieuses.

La charité est ordonnée.

Parce qu’elle est de Dieu, la charité est ordonnée à son principe et se déploie par degrés : dans les choses qui sont aimées de l’amour de charité, il y a un certain ordre, selon leur relation au premier principe de cet amour, qui est Dieu [22]. La charité est d’abord amour de Dieu, puis amour du prochain pour Dieu. Mais si le prochain peut signifier, dans une perspective universelle, l’ensemble des hommes, dans la réalité de l’action caritative, le prochain est d’abord celui qui nous est proche. « Prochain » vient du latin proximus, superlatif de proprior  et peut se traduire « le plus proche » ou « le plus voisin ». L’ordre de la charité exige d’aimer et d’aider d’abord ceux qui nous sont les plus proches : d’abord Dieu, parce qu’il habite notre âme, puis nos frères dans la foi, notre famille, nos amis, nos compatriotes, ceux qui nous sont étrangers, et même nos ennemis. Saint Paul, dans l’Epître aux Galates, l’affirme sans détour : Ainsi donc, tant que nous en avons l’occasion, pratiquons le bien à l’égard de tous et surtout de nos frères dans la foi [23]. Ce qui distingue la charité chrétienne de la solidarité mécanique des ONG humanitaires, c’est qu’elle ne voit que Dieu dans l’homme, et ne se donne pas indistinctement à tout le monde. Elle s’étend par cercles concentriques, en respectant un ordre, qui va du prioritaire et du plus proche au plus éloigné et au plus étranger : soi-même, la famille, la paroisse, la patrie, l’Église.

Il pourrait sembler étrange de se considérer soi-même comme le premier objet de charité. C’est pourtant ce que l’ordre de la charité ordonne : de s’aimer d’abord en premier, car c’est là que Dieu veut établir sa demeure. Saint Thomas d’Aquin nous l’explique : La charité est principalement une amitié de l’homme pour Dieu et, par voie de conséquence, pour toutes les créatures qui appartiennent à Dieu. Or, parmi celles-ci, il y a le sujet lui-même, qui a la charité. Ainsi, parmi tout ce qu’il aime de charité comme ressortissant à Dieu, l’homme s’aime lui-même d’un amour de charité [24].

La charité étant l’amour de Dieu, il est important de s’assurer d’abord de cet amour en soi-même avant de s’intéresser à celui des autres. En d’autres termes, il faut se soucier de son salut avant toutes choses : médecins, guéris-toi toi-même  dit l’Évangile (Luc 4, 23). Il faut d’abord s’appliquer à soigner son âme avant de s’occuper du soin des autres, sous peine d’être des aveugles conducteurs d’aveugles, et si un aveugle conduit un aveugle, ils tomberont tous deux dans une fosse (Matthieu 15, 14). Le Docteur commun va même plus loin : le chrétien doit d’abord et en priorité se considérer comme le premier objet de son amour, car l’on ne peut aimer l’autre que lorsqu’on s’aime soi-même. Notre amour de soi sert de modèle pour l’amour du prochain, et saint Thomas y insiste à plusieurs reprises :

Il est dit en S. Matthieu (22, 39) : " Tu aimeras ton prochain comme toi-même. " On voit par là que l’amour de l’homme pour soi-même est comme le modèle de l’amour qu’il doit avoir pour le prochain. Or le modèle l’emporte sur la copie. L’homme doit donc s’aimer soi-même de charité plus que le prochain. […] L’homme est tenu de s’aimer, après Dieu, plus que quiconque. Et cela découle clairement de la raison pour laquelle on aime. En effet, comme nous l’avons vu plus haut, Dieu est aimé comme le principe du bien sur lequel est fondé l’amour de charité ; l’homme s’aime soi-même de charité parce qu’il participe de ce bien ; quant au prochain, il est aimé parce qu’il lui est associé dans cette participation. […] De même que l’unité l’emporte sur l’union, de même participer soi-même du bien divin est un motif d’aimer supérieur à celui qui vient de ce qu’un autre nous est associé dans cette participation. C’est pourquoi l’homme doit s’aimer soi-même de charité plus que son prochain [25].

L’analyse de saint Thomas est limpide : le Christ ne nous demande pas d’aimer le prochain autant que nous-même, mais comme, de la même manière que nous nous aimons [26]. Cette idée est aisément transposable dans le domaine temporel : il faut d’abord s’aimer soi-même et ce que nous sommes, chrétien et habitant d’une terre, pour être en mesure d’aimer véritablement l’autre et comprendre ses intérêts. Même la défense de la cité terrestre peut être charitable si elle est ordonnée à l’amour de ce que nous sommes [27]. C’est pour cette raison que l’amour des mondialistes et autres sans-frontiéristes, qui ont en horreur l’idée d’identité, ne pourra jamais être véritable et authentique, puisqu’ils sont incapables de s’aimer eux-mêmes et ce qu’ils sont.

L’amour se propage ensuite vers ceux qui nous sont les plus proches, donc en premier lieu ceux qui avec qui nous sommes apparentés. C’est ce qu’explique avec simplicité saint Thomas d’Aquin : il est manifeste que l’union fondée sur l’origine naturelle a la priorité et est aussi la plus stable parce qu’elle tient à la substance de notre être, tandis que les autres liens sont surajoutés et peuvent disparaître. Dans les préceptes du décalogue il est spécialement commandé d’aimer ses parents, ainsi qu’il apparaît dans l’Exode (20, 12). Nous devons donc plus spécialement aimer ceux qui nous sont plus unis par le sang [28].

Il existe donc bien un ordre de la charité, et une hiérarchie de l’amour : le prochain n’est pas une abstraction idéelle. Il s’incarne en nos  proches, ceux qui nous entourent, ceux qui sont présents et avec qui nous entretenons des liens [29]. Gardons-nous donc de ce discours nouveau dans l’Église qui flatte sa conscience en invoquant à tout propos la charité envers l’étranger, figure chimérique et idéale du prochain, sans se soucier d’abord de tous ses enfants qui ont quitté l’Église et qui habitent avec une grande misère spirituelle (et parfois matérielle) ses diocèses. Il est donc dangereux et irresponsable de confondre charité et gestion de crise, de confondre le devoir du fidèle et celui de l’État, en défendant une charité dévoyée qui réserverait ses attentions à l’inconnu sans d’abord se donner tout entier à ceux qui nous sont les plus proches - le prochain.


[1] Nous reprenons l’expression du magistral ouvrage de Jean Borella, La charité profanée (éd. Harmattan), qui est une somme d’une richesse rare sur la question. Le propos est largement théologique et métaphysique.


[2] Thomas d’Aquin, Somme théologique, IIa IIae, Q. 23, La nature de la charité, article 7 — Sans la charité, peut-il y avoir quelque vertu véritable ?


[3] Matthieu XXII, 36-38.


[4] Somme théologique, Q. 25, Ce que l’on doit aimer de charité, Article 2 - La charité doit-elle être aimée de charité ? Et Q. 24, Le siège de la charité, Article 2 - La charité est-elle causée dans l’homme par les actes qui la précèdent ou par infusion divine ?


[5] Catena aurea, Saint Jean Chrysostome (sur S. Matth., XXII, 36).


[6] Saint Augustin, De Doctrina christiana I, 22. Repris dans la Catena Aurea.


[7] Somme théologique, Q. 24, Le siège de la charité, Article 8 - La charité du voyage peut-elle être parfaite ?


[8] Somme théologique, Q. 27, La dilection, Article 3 - Dieu doit-il être aimé de dilection pour lui-même ?


[9] Saint Bernard de Clairvaux, Traité sur l’Amour de Dieu, I, 1. Repris par saint Thomas : Somme théologique, Q. 25, Ce que l’on doit aimer de charité, Article 6 - Notre dilection de Dieu a-t-elle une mesure ?


[10] Article 8 — La charité du voyage peut-elle être parfaite ?


[11] Somme théologique, Q. 25, Ce que l’on doit aimer de charité, Article 1 - Dieu seul doit-il être aimé de charité, ou aussi le prochain ?


[12] Somme théologique, Q. 26, L’ordre de la charité, Article 2 - Doit-on aimer Dieu plus que le prochain ?


[13] L’amour du prochain n’est pas à n’importe quel prix : Qui n’est pas avec moi est contre moi (Luc 11, 23).


[14] Somme théologique, Q. 25, Ce que l’on doit aimer de charité, Article 6 - Notre dilection de Dieu a-t-elle une mesure ?


[15] Voir infra  la note 27.


[16] Catena aurea, Saint Augustin (Traité 83 sur Saint Jean).


[17] Ibidem. Il poursuit ainsi : Celui qui aime le prochain d’un amour surnaturel et spirituel, qu’aime-t-il en lui, si ce n’est Dieu ? C’est cet amour que Notre Seigneur veut séparer de toute affection terrestre, lorsqu’il ajoute : « Comme je vous ai aimés. » Qu’a-t-il aimé en nous, en effet, si ce n’est Dieu ? Non pas Dieu que nous possédons, mais Dieu, qu’il désirait voir en nous. Aimons-nous donc ainsi les uns les autres, afin qu’autant que nous le pourrons, nous soyons attirés à la possession de Dieu seul par la force de cet amour mutuel.


[18] Somme théologique, Q. 25, Ce que l’on doit aimer de charité, Article 6 - Les pécheurs doivent-ils être aimés de charité ? Plus loin, dans le même article, parlant des châtiments infligés au pécheur, saint Thomas d’Aquin affirme que l’exercice même du châtiment ne se fait pas par haine mais par amour de la charité, car le bien commun prime sur l’individu : Cependant, ce châtiment, le juge ne le porte point par haine, mais par l’amour de charité, qui fait passer le bien commun avant la vie d’une personne. Et pourtant, la mort infligée par le juge sert au pécheur, s’il se convertit, à l’expiation de sa faute, et s’il ne se convertit pas, elle met un terme à sa faute, en lui ôtant la possibilité de pécher davantage.


[19] Proverbes 8, 7. D’autres traductions sont possibles : « Car ma bouche proclame la vérité, et mes lèvres ont l’iniquité en horreur. » Thomas d’Aquin a mis cette phrase en exergue de sa Somme contre les Gentils.


[20] Saint Paul nous montre d’ailleurs que l’amour du prochain est avant tout un résumé de la loi ancienne, qui est moins action caritative, qui relève en réalité des œuvres de la miséricorde, que cet adage : ne pas faire à autrui ce qu’on n’aimerait pas qu’on nous fasse : En effet, ces commandements : " Tu ne commettras point d’adultère ; tu ne tueras point ; tu ne déroberas point ; [tu ne diras point de faux témoignage] ; tu ne convoiteras point, " et ceux qu’on pourrait citer encore, se résument dans cette parole : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même." Épître aux Romains, 13, 9.


[21] Il y aurait beaucoup à dire sur l’action du pape François, mais nous nous contenterons ici de quelques faits : son apologie de Luther à l’occasion des 500 ans de son schisme (http://www.la-croix.com/Urbi-et-Orbi/Vatican/Luther-voulait-diviser-lEglise-mais-renouveler-affirme-pape-2017-01-19-1200818531), sa commémoration de la Réforme avec la Fédération luthérienne mondiale en Suède (http://www.la-croix.com/Religion/Pape/Voyage-pape-Francois-Suede-textes-2016-11-01-1200800080 ; [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] ; sa visite, première historique, à la communauté anglicane de Rome (http://www.rainews.it/dl/rainews/articoli/Papa-nella-chiesa-anglicana-camminiamo-insieme-come-amici-e-pellegrini-90eb4bcb-d655-41f7-a33c-1696591e3d49.html?refresh_ce) etc. Les exemples abondent, et on en trouverait tout autant pour les pontificats précédents (entre autres : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] ; les agnostiques-athées à Assise en 2011 : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] La vraie charité ne serait-elle pas de convertir les hommes à la vérité ? Le pape n’est-il pas le successeur de l’apôtre Pierre ?


[22] Somme théologique, Q. 26, L’ordre de la charité, Article 1 - Y a-t-il un ordre dans la charité ?


[23] Epître aux Galates 6, 10. …ergo dum tempus habemus operemur bonum ad omnes maxime autem ad domesticos fidei.


[24] Somme théologique, Q. 25, Ce que l’on doit aimer de charité, Article 4 - Peut-on s’aimer soi-même de charité ?


[25] Somme théologique, Q. 25, Ce que l’on doit aimer de charité, Article 4 - Doit-on s’aimer soi-même plus que le prochain ?


[26] Saint Thomas d’Aquin, Commentaire de St Matthieu (22, 39) : 2283. « Et ce qu’il dit : COMME TOI-MÊME, ne s’entend pas au sens de : « autant que toi-même », car cela serait contre l’ordre de la charité, mais au sens de : « comme toi-même », c’est-à-dire comme la fin pour laquelle tu [t’aimes] ou à la manière dont tu [t’aimes]. Pour la fin, car tu ne dois pas t’aimer pour toi-même, mais pour Dieu ; de même en est-il pour le prochain, [comme dit] l’Apôtre, 1 Co 10, 31 : Faites tout pour la gloire de Dieu. »


[27] Somme théologique, Q. 23, La nature de la charité, Article 7 - Sans la charité, peut-il y avoir quelque vertu véritable ? « Mais si ce bien particulier est un bien véritable, comme la défense de la cité ou quelque œuvre de ce genre, il y aura vertu véritable, mais imparfaite, à moins qu’elle ne soit référée au bien final et parfait. »


[28] Somme théologique, Q. 26, L’ordre de la charité, Article 8 - Doit-on aimer davantage celui qui nous est uni par le sang ?


[29] Une réflexion semblable peut être faite à propos de l’Homme dont on vante la nature et les droits. Mais, comme disait Joseph de Maistre dans ses Considérations sur la France : « J’ai vu, dans ma vie, des Français, des Italiens, des Russes, etc. ; je sais même, grâce à Montesquieu, qu’on peut être Persan : mais quant à l’homme, je déclare ne l’avoir rencontré de ma vie ; s’il existe, c’est bien à mon insu. » L’homme, comme abstraction, comme idée, n’existe pas. L’homme est toujours incarné, existant. C’est pour cette raison que le Christ nous demande d’aimer notre « prochain » et non « l’homme ». Et c’est pour cette raison que saint Thomas et les Docteurs peuvent parler d’un « ordre dans la charité ».

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MichelT

Date d'inscription : 06/02/2010

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