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CHRONIQUE ( Sur le renouveau du catholicisme en Angleterre au 19 eme siecle)

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Message par MichelT Mer 28 Juin 2017 - 4:00

CHRONIQUE ( Sur le renouveau du catholicisme en Angleterre)

Source : L`Écho du Cabinet de Lecture Paroissial – Montréal -Bas-Canada -  16 Février 1861

SOMMAIRE : Du mouvement religieux en Angleterre.—Travaux et succès des nouveaux Apôtres.—MM. Newman, Manning, Faber, etc.


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Au milieu de tous les événements qui occupent l'attention publique en ce moment, il en est qui passent inaperçus et qui cependant ont leur importance et leur intérêt. Le temps les dévoilera plus tard et les manifestera au grand jour.

Parmi ceux-ci nous ne devons pas oublier le mouvement religieux qui a été signalé en Angleterre, il y a quelques années, et qui, parmi tant d'autres faits qui tiennent la scène du monde, a continué son cours, ses développements et ses progrès. Voici ce que nous lisons dans un journal imprimé en 1859 : Le catholicisme compte maintenant en Angleterre et en Ecosse 926 églises et chapelles, tandis qu'en 1792 il n'en avait que 35.

Il y a actuellement, en Angleterre et en Ecosse, 11 collèges. Le nombre des prêtres, tant en Ecosse qu'en Angleterre, est de 1,217, ce qui constitue une augmentions de 625 depuis l'année 1841. Le nombre des couvents de femmes est de 110, et celui des couvents d'hommes de 34. C'est-à-dire qu'il y a 127 couvents de plus qu'en 1841.

Les écoles, en Angleterre, sont au nombre de 272, et le subside que l'État leur accorde est monté, dans la seule année 1858, à 24,000 livres str. (fr. 600,000.) Le nombre des maîtres catholiques rétribués est de 850. Dans la seule année 1858, il y a eu l'immense accroissement de 32 écoles nouvelles subsidiées par l'État. L'Église catholique a pu obtenir dernièrement des Aumôniers rétribués pour l'armée ; on leu raccorde le rang d'officiers. Actuellement ils sont au nombre de 19, tous soutenus par la caisse de l'État, et dont 4 ont été désignés pour l'armée même d'Angleterre ; 2 autres pour la marine, avec résidence à Sheerness et à Portsea.

Mais ce qui doit être avant tout rappelé, c'est que l'Église de Rome a maintenant en Angleterre une hiérarchie de 13 évêques, avec des titres attachés aux villes ou aux territoires, et ayant à leur tête un Cardinal-Archevêque.

C'était donc avec raison qu'un publiciste éclairé faisait remarquer dernièrement que le catholicisme n'a nulle part plus de chances qu'en Angleterre. Il y a conservé de profondes racines : outre les familles assez nombreuses et considérables qui n'ont jamais voulu abandonner leur croyance, on peut dire que, de toutes les nations dissidentes, l'Angleterre est celle qui a le plus conservé de germes de vraie Foi.

CHRONIQUE ( Sur le renouveau du catholicisme en Angleterre au 19 eme siecle) 922.-Westminster-Abbey-in-London
Westminster Abbey

Toutes les grâces conquises par des siècles de fidélité et de sainteté ne sont pas perdues. Cette île, l'une des maîtresses du monde moderne, a été l'île des saints. Elle a de belles pages dans l'histoire de l'Église. Que l'on visite cette contrée, que l'on voit les monuments qui restent des temps où elle fut fidèle, et on sera frappé d'admiration et d'étonnement !

Alors des milliers d'Églises splendides et de Monastères occupaient le sol de la vieille Angleterre, et lui formaient comme une blanche couronne de pierres, d'où s'élevaient sans cesse la supplication et la prière. Que de vertus et d'actes héroïques de Foi rappellent tout ce qui reste encore de ces gloires du passé ! Les saints illustres qu'a fourni le cloître, l'armée, le trône, veillent du haut du ciel sur les destinées futures de leur patrie terrestre. Les pères de ces enfants égarés ne les oublient pas ; sans cesse ils supplient pour eux l'Éternel.

Enfin, les jours actuels ont vu les signes certains d'une bénédiction particulière et d'une effusion merveilleuse de l'Esprit-Saint. Des milliers d'âmes ont été touchées dans ces dernières années ; mais de plus, Dieu n'a pas seulement donné à ces âmes la grâce du salut, il a répandu, sur les nouveaux convertis, un don particulier pour qu'ils puissent être utiles à leurs frères, et leur procurer le bien qu'ils ont conquis eux-mêmes.

C'est ce qu'il importe de bien remarquer. Les conversions continuent, et en même temps on voit paraître en grand nombre des livres remarquables de piété et d'exposition du dogme catholique. N'est-ce pas une grande grâce pour un pays, que la vocation de tant d'Apôtres si éminents? C'est un fait incontestable et qui nous frappe singulièrement ; il nous révèle des desseins particuliers de la divine miséricorde.

L'illustre cardinal Wiseman, par sa science et son talent d'écrivain et d'orateur, restera l'une des plus grandes gloires du catholicisme ; mais aussi près de lui sont venus se ranger des hommes vraiment remarquables par la piété comme par le talent. MM. Newman, Faber, Manning, Cape, et bien d'autres qui forment une légion de Docteurs.

Les uns ont été pris dans les plus épaisses ténèbres de l'erreur, et les autres déjà plongés dans d'inquiètes recherches de la vérité ; tous dans les conditions les plus heureuses pour parler avec autorité à leur compatriotes. Les Dr. Newman, le Dr. Manning, et les autres, ont procuré déjà à un grand nombre le bonheur de connaître la vérité. Élevés dans l'erreur, ils ont profité de ce malheur involontaire, pour montrer le chemin qu'il fallait suivre pour en sortir. Il ont pu mieux saisir le côté faible des doctrines qu'ils ont longtemps professées eux-mêmes, et ils ont pu mieux les réfuter avec intelligence et avec énergie.

De plus, y ayant participé de bonne foi, ils savent mieux que personne avec quelle délicatesse et quelle bienveillance ils doivent parler à ces âmes, malheureuses par la faute d'autrui. Élevés au milieu de ce monde, ayant pris part à tous ses intérêts, à ses goûts ; ayant partagé les objets de ses prédilections, ils parlent un langage qui touche et qui plait, et ils savent prendre et pénétrer ces cœurs par le côté le plus accessible et le plus sensible. Le fait qui nous touche tout particulièrement quand nous contemplons actuellement l'Angleterre, est donc le nombre et l'excellence des ouvriers que le Père de famille a suscités sur cette terre illustre. C'est un signe consolant entre tous, et qui révèle d'avance les desseins d'une haute miséricorde.

Ces nouveaux Apôtres parlent et écrivent; et ils savent se faire lire et écouter, même des plus dissidents ; leurs discours et leurs écrits multipliés par la presse restent ; et ils subsistent comme un corps précieux de doctrine qui pourra captiver l'estime et l'attention de bien des générations. Si donc, les nouvelles du centre de l'Europe ne nous
offrent rien de consolant, elles ne doivent pas nous faire oublier les motifs de confiance que Dieu laisse toujours subsister en ce monde.

Ces signes sont donnés pour soutenir les âmes, et ils servent à montrer l'intervention incessante de cette Providence qui ne se démentira jamais. Les peuples de certaines contrées catholiques ont semblé négliger et méconnaître la foi de leurs Pères; chez eux, hélas ! l'on a entendu retentir les accents sinistres de l'impiété et de la Révolution; et pendant ce temps-là, des âmes élevées dans l'erreur proclament la puissance invincible de la vérité, et savent faire monter vers le ciel un concert de ces louanges, dont une seule peut suffire pour réduire au néant toutes les vaines insultes et les blasphèmes des méchants.


Un commentaire très intéressant du Comte Grabinsky en conclusion de son livre de 1893 sur la renaissance catholique en Angleterre.

«Mes lecteurs peuvent maintenant juger par eux-mêmes des progrès très réels que le catholicisme a faits en Angleterre, au cours du 19 e siècle. J'ai mis sous leurs yeux tous
les éléments qui leur permettent de connaître la vérité. Ma tâche est donc accomplie. Qu'il me soit cependant permis, avant de terminer, de faire une dernière réflexion sur ce
merveilleux réveil de notre foi au-delà de la Manche, qui est un des faits les plus consolants de notre époque. Les desseins de Dieu sont insondables et confondent souvent les calculs des hommes. Depuis que l'apostasie d'Henri VIII a séparé l'Angleterre de l'unité de la foi, bien des efforts ont été tentés pour ramener l'île des saints dans le giron de l'Église romaine. Le trône même de saint Édouard s'est trouvé deux fois occupé par des princes catholiques. Ni la sévérité inflexible des conseillers de Marie Tudor, ni le zèle, plus ardent qu'éclairé, de Jacques II, n'ont réussi à entamer l'œuvre néfaste de leurs prédécesseurs. Les entreprises de l'Espagne, comme celles des catholiques anglais, y ont échoué à leur tour. Pendant plus de deux siècles tout a été tenté, et tout semble l'avoir été en vain, parce que le plus souvent on a fait appel à la force matérielle, voire même à l'intervention étrangère. Cette double faute de tactique a été fatale aux catholiques, et a considérablement consolidé l'œuvre de la révolte protestante du 16 e siècle.

De nos jours, les catholiques, en se plaçant résolument sur le terrain libéral et constitutionnel, ont changé du tout au tout leur situation. Ce que l'étranger ou le bras séculier
avaient été incapables d'obtenir, la liberté l'a arraché aux défenseurs attardés du despotisme et de l'intolérance, témoignant une fois de plus que, dans les questions religieuses qui divisent les hommes, rien n'est plus dangereux que de vouloir imposer par la force des croyances à un peuple. La persuasion seule, fruit de la douceur et de la charité, peut ramener à nous nos frères séparés. Car la vérité affranchit et ne requiert ni oppression ni violence. Sans doute, le chemin à parcourir, en suivant cette voie, est long et pénible. Mais au moins, la route est sûre, et les résultats sont durables, parce qu'ils sont fondés sur l'adhésion sincère des âmes et non sur le consentement hypocrite qui procède de la peur ou de l'opportunisme intéressé. L'Angleterre contemporaine nous offre ainsi une grande leçon.»


Livre: La Renaissance catholique en Angleterre et le Cardinal Newman - par le Comte Grabinsky - 1893

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MichelT

Date d'inscription : 06/02/2010

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