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Simplicité des Colombes et Prudence des Serpents - PRINCESSE RUSSO-POLONAISE - CAROLYNE DE SAYN WITTGENSTEIN - 19 eme

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Simplicité des Colombes et Prudence des Serpents - PRINCESSE RUSSO-POLONAISE - CAROLYNE DE SAYN WITTGENSTEIN - 19 eme  Empty Simplicité des Colombes et Prudence des Serpents - PRINCESSE RUSSO-POLONAISE - CAROLYNE DE SAYN WITTGENSTEIN - 19 eme

Message par MichelT Jeu 17 Jan 2019 - 21:03

Simplicité des Colombes et Prudence des Serpents – Quelques réflexions sur ces deux principes Évangéliques - ( EXTRAITS)

PRINCESSE RUSSO-POLONAISE - CAROLYNE DE SAYN WITTGENSTEIN NÉE IWANOWSKA (1819 à 1887)  

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Table des Matières

1 - De la Simplicité en matières de Foi, spécialement nécessaire en présence des deux principales objections, faites par les incroyants

2 - De la Prudence en matières de foi, spécialement nécessaire

3 - De la Simplicité dans la conduite:

4 - De la Prudence dans la conduite:


Jésus-Christ a dit à ses disciples : Voilà que je vous envoie comme des brebis au milieu des loups soyez donc prudents comme les serpents et simples comme les colombes. (St Matthieu.)

Qui sont les brebis? Ce sont les hommes de bonne volonté; ce sont les cœurs aux intentions droites; ce sont les âmes croyantes; ce sont aussi les êtres sans malice, sans défiance et sans défense.

Qui sont les loups? Ce sont les esprits tentateurs; ce sont les hommes enivrés par l'orgueil de la vie, les femmes livrées à la convoitise des yeux, les êtres envahis par les concupiscences de la chair; ce sont toutes les personnes qui font mal et mènent à mal, nous exposant à une perte probable, à une souffrance certaine; nous exposant surtout à mal souffrir; à souffrir par châtiment, au lieu de souffrir par épreuve.

Pour vaincre les loups, que doivent faire les brebis? Réunir les qualités de deux natures dessemblables entr'elles, et dissemblables à la leur: celle de la colombe et celle du serpent. Cela se peut-il? Comment cela se peut-il? Cela se peut, puisque Jésus le commande, et cela se peut en déployant ces qualités, tantôt simultanément, tantôt successivement, tout en les conservant toujours intégralement en soi; il n'y a qu'à être toujours prudent comme le serpent, vis-à-vis des hommes, et simple comme la colombe, vis-à-vis de Dieu.

Disons d'abord, qu'il n'y a pas de foi sans la simplicité de la colombe, et ne nous laissons nullement embarrasser ni dérouter, par le ricanement du rationaliste qui s'écrie: Oui certes! Il faut beaucoup de simplicité, pour croire a tout ce que les Religions enseignent. La prudence des serpents peut ici venir en aide aux colombes, et embarrasser à son tour l'interlocuteur, en lui demandant' s'il a mieux trouvé que Pascal, disant des mystères divins qu'ils sont obscurs et incompréhensibles; mais sans les clartés qu'ils répandent, l'univers est plus incompréhensible encore.

Nous sommes dans une époque où l'on combat les religions, avec des armes tirées de l'arsenal des sciences diverses.

Ne peut on point raisonnablement croire, qu'il était juste que la Toute-Puissance de Dieu se déployât, d'une manière digne d'elle, aux yeux de toutes ses créatures intelligentes, créatures purement spirituelles comme les anges, ou corporelles comme les humains. Les perfections invisibles de Dieu, aussi bien que son éternelle puissance et sa divinité, sont devenues visibles, depuis La création du monde, par tout ce qui a été fait, dit St Paul. La Grandeur et la Magnificence divines, se sont manifestées par une splendeur qui, comme elles-mêmes, dépassent les facultés compréhensives, de tous les êtres créés peut-être?


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C'est ce que le Psalmiste semble si souvent vouloir rappeler à notre cœur et à notre mémoire, nommément en ce fameux chant où il s'écrie

Les Cieux instruisent la terre
A révérer leur auteur;
Tout ce que le globe enserre
Célèbre un Dieu créateur (1)


Les Cieux racontent la gloire de Dieu et le firmament annonce les ouvrages de ses mains! Ce ne sont ni un langage, ni des discours dont on n'entende pas la signification (Psaumes). La grandeur invisible de Dieu, sa puissance et sa bonté, deviennent visibles à nos yeux, en se faisant connaître par la grandeur, l'harmonie, la beauté de ce vaste univers, aux proportions incalculables; d'où il nous est plus aisé de conclure combien son essence doit être incompréhensible pour nous, puisque les œuvres visibles par lesquelles il se révèle à nous, dépassent tellement nos facultés et notre entendement.

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Qui donc pourrait douter, que le Créateur eût eu moyen de procurer à la terre toutes les conditions actuelles de son existence, indispensables et favorables à celles de l'homme, sans étendre sur des proportions aussi vastes le monde sidéral qui lui verse la vie, avec la lumière et la chaleur?

Mais, si le Créateur avait limité ces espaces, diminué ces masses, amoindri ces volumes, en donnant à la mécanique céleste, des nombres, des poids, des mesures, plus aisément abordables à l'esprit humain, celui-ci n'eût-il pas été privé du concept de l'immensité? Toutes les proportions incommensurables de ce vaste univers ne seraient-elles pas assez justifiées, par la seule raison qu'elles donnent à l'homme une sorte d'image sensible de l'infini? Car, encore un coup, ces espaces qui nous remplissent de stupéfaction, que sont-ils aux yeux de Dieu? Le monde est devant lui comme une balance en équilibre, ou comme une goutte de rosée tombée sur la terre avant l'aurore car, ajoute magnifiquement le verset sacré, toi seul, Seigneur, tu possèdes toujours de la puissance en surplus. (Sagesses)


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Quand notre intelligence a compris que la Toute-Puissance divine ne connait aucune limite, et sa Volonté créatrice aucun effort, il nous et facile d'admettre, que la multitude de nombres, la variété de poids, la beauté de mesures qui composent le magnifique et grandiose ensemble de la nature, le Tout harmonieux de l'univers, aurait pu n'avoir été fait que pour témoigner dignement cette Toute-Puissance et cette Volonté créatrice, aux yeux des créatures intelligentes.

Mais, le chrétien comprend en outre, que tout cet immense univers, ne devait pas seulement être admiré par l'homme et par les purs esprits (Anges), capables de le mieux embrasser, de le mieux pénétrer que lui, d'en mieux apprécier encore la beauté, la perfection, les éléments, les transformations, les rapports simples et multiples. Le Psalmiste a dit aussi Les cieux des cieux sont au Seigneur, et la terre fut donnée aux hommes. – Les luminaires du firmament des cieux, divisent le jour et la nuit, marquent les saisons, les jours et les années, et brillent dans le firmament des cieux pour illuminer la terre. (Genèse.)

L'univers n'est pas seulement un témoignage, une preuve de la Toute-Puissance divine; il doit encore servir à la vie, à la fécondité, au fonctionnement de tout l'organisme de notre planète, à la beauté, à la perfection, à l'harmonie parfaite de cette terre, demeure de l'homme, parcequ'elle est la demeure de l'homm

SUR L`INCRÉDULITÉ

L'incrédulité du 19 eme siècle n'est pas fille de la concupiscence de la chair, mais de l'orgueil de la vie. Mal très différent de l'autre. Un tel rapprochement du péché angélique, est-il plus excusable dans l'homme, ou plus impardonnable? Dieu seul le sait.

Ce caractère éthique de l'incrédulité actuelle, provient de ce qu'elle a grandi parmi les travaux scientifiques. Ainsi, libre dans les champs de la spéculation, la science avance toujours, sans se heurter à ses propres conséquences et c'est ainsi qu'il s'est formé maintenant une catégorie toute spéciale d'hommes, qui par leurs doctrines, méritent parfaitement l'épithète d'insensés, ( selon les termes de la Bible) mais qui repoussent vigoureusement les dénominations ( bibliques) de méchants de pervers, d`iniques, d'immondes.

Ils les repoussent au nom de leur honnêteté naturelle, de leurs vertus humaines, de la beauté de leur idéal, de la délicatesse de leurs sentiments, du mérite de leurs dévouements, de l'élévation de leur esprit, des rares dons de leur intelligence.

Nous ne saurions mieux dire, en traitant cette question brûlante qu'un écrivain distingué dont nous citons les excellentes paroles. Dieu est éminemment conciliant, et en cela il ne ressemble nullement à ceux de ses serviteurs qui se persuadent que conciliation et faiblesse sont une même chose, et que dans les débats surtout où la vérité est en cause, on ne saurait se montrer conciliant sans trahir les droits de cette fille du ciel. Il est vrai que la conciliation dont use le Très-Haut, ne ressemble pas davantage à celle de ces timides soldats qui craignent toujours de prendre trop ouvertement les intérêts de la vérité, et qui croient lui gagner les cœurs en cachant ses traits véritables.

La vraie conciliation consiste, au contraire, à montrer la vérité tout entière. Les partisans de la rigueur n'en montrent que le côté sévère, les amis des lâches concessions en dissimulent toute la force. La seule tactique qui lui convienne consiste à la montrer sous tous les aspects, de sorte que ce qu'elle a de consolant et de doux rende moins répugnant ce qu'elle a de rigoureux et de fort.

Les hommes étant tombés par la faute d'Adam, dans la nuit de l'ignorance, Dieu livra le monde à leurs disputes, (Eccl.) car, c'est de leurs disputes que jaillissent les étincelles, les lueurs, les clartés, qui éclairent peu-a-peu leurs ténèbres d'un jour toujours plus intense. Dans l'ordre naturel évidemment, puisque l'homme ne peut rien savoir de l'ordre surnaturel, que ce qui lui en est révélé par Dieu dans les Écritures-Saintes, interprétées par l'infaillible autorité de l'Église. Partout où il y a vie, mouvement, production, initiative, développement, croissance, expansion de la pensée ou de l'action humaine, il y a disputes, car il y a aussitôt divergences d'opinions, de vues, de conceptions, de buts, de moyens, de procédés, d'écoles, de méthodes.

Toutes sont imparfaites, et toutes ont leurs avantages; même celles qui se trompent sont utiles, en prouvant comment il ne faut point faire, comment il ne faut point penser ou agir. Si Dieu souffre la variété des religions, comment ne la souffririons-nous pas? dit St Thomas. Ce qu'il dit des cultes, qui introduisent l'erreur dans le temple même de la Vérité, une et suprême, peut, à bien plus forte raison, se dire de toutes les autres variétés d'opinions, d'idées, d'influences.

St Paul dit: il faut des hérésies. Or, Dieu ne permet aucun mal absolu, dont il ne puisse résulter aucun mieux, relatif au bien qu'il a détruit. Si donc il faut des hérésies, c'est pour provoquer les croyants à combattre le bon combat, car il n'y a pas de triomphes sans luttes, et pas de luttes sans périls et sans peines. Aussi, la prudence du serpent ne conseille pas toujours également, d'étouffer les symptômes précurseurs de ces recrudescences dans les attaques dirigées contre la vérité, car le feu qui couve sous la cendre, est celui qui à la première occasion peut allumer le plus violent incendie.

Il advient quelquefois, que la réaction religieuse ne s'accomplit point, avant que l'action impie ait atteint ses dernières limites. Alors, le plutôt, est le mieux. Il peut se faire, que plus on empêche l'expression des opinions erronées, plus elles rongent secrètement l'esprit religieux dans les sociétés, n'y laissant que les dehors de la foi, pendant que la foi et la piété en ont tout-à-fait disparu.

Cet état est le plus désastreux, le plus dangereux de tous, pour les mœurs et l'avenir des pays celui qu'on doit surtout craindre et dont il faut se préserver à tout prix. En permettant aux innovations philosophiques de se faire jour, pour être publiquement débattues, combattues, attaquées, condamnées, on leur permet de dépasser ouvertement les bornes de la modération qui les présente sous un aspect favorable. Par une pente irrésistible, moins elles sont gênées, plus elles se jettent promptement dans les extrêmes, dépassant les limites de la raison et du bon sens. ( Note : On le voit très bien a notre époque en 2019 avec le relativisme moral)

L'Église ayant pour mission d'éclairer les peuples de ses lumières célestes, non de les gouverner politiquement durant leur existence terrestre, elle est par nature, éminemment, presqu'exclusivement, conservatrice en matières politiques et sociales.  Elle l'a été à ses propres dépens, tant elle sent qu'il ne lui appartient pas de refuser à César, (l`autorité politique temporelle,) ce qui est à César, (liberté d'action politique et temporelle). Ce n'est point l'Église qui eut l'idée d'exiler à Byzance, les Césars romains. Bien au contraire; tant qu'elle le put, elle les traita comme s'ils régnaient encore à Rome. Ce n'est que lorsque l`impérieuse nécessité les y obligea, que les Papes ont transféré aux rois de l'occident, le concept de l'Empire Romain, dont leur esprit conservateur ne se détachait point.

Lorsqu'au moyen-âge, les Papes déliaient les peuples de leur serment, ils le faisaient au nom d'un principe de morale; ils défendaient l'éthique chrétienne, en les protégeant contre la barbarie de tyrans immoraux, contre la violence des mauvais souverains. Mais, un exemple plus indépendant de la politique, plus intimement lié à la vie sociale, fera encore mieux voir comment l'esprit du christianisme agit sur les institutions, comment il en change peu à peu la nature, le sens, les formes, l'application; comment il les anéantit et les remplace, sans que l`Église se départe d'une certaine passivité, sans qu'elle renonce à son rôle de conservation, rendant à César, - la force actuelle des choses - , ce qui est à César -  la soumission qui maintient l'ordre; cherchant à corriger le mal par les moyens légaux, non par le désordre de la révolte ouverte.

Qui donc aujourd'hui oserait mettre en doute, que l'esclavage, inhérent à toute l'antiquité, n'ait été adouci, affaibli, transformé, infamé, aboli enfin, par l'esprit du christianisme. Pourtant l`Église n'a point agi en cette question, comme innovatrice. Elle a laissé au sentiment de modifier les mœurs, aux mœurs de modifier les lois, se contentant d'approuver les résultats conformes à sa doctrine, d'improuver les actes partiels qui lui étaient contraires.

Le sentiment des chrétiens, des fidèles catholiques, ne saurait certes jamais être ni l'envie, ni la haine, ni la rancune, ni la vengeance. Puisque leur cœur n'est animé que par la charité la plus sincère et la plus ardente, pourquoi alors se donner d'autres apparences. Pourquoi induire en erreur ceux, qui sont déjà si peu instruits de notre foi, en leur faisant croire que ce n'est point uniquement l'amour de leur bien et de la gloire de Dieu, qui parle par la bouche des croyants?

Au moment surtout, ou ils parlent du Dieu fait Homme qui aima le genre humain jusqu'à la mort, et qui mourut pour tous. Jésus Christ dit aux siens Docete; enseigner, c'est espérer; c'est attirer à la vérité par la douceur des paroles qui exposent sa beauté. Le cœur du fidèle qui plaide en faveur de la vérité éternelle, directement ou indirectement, doit donc toujours être ouvert à l'espérance que le Créateur et le Rédempteur des hommes, saura arracher à la malédiction éternelle, bien des âmes égarées qui nous semblent perdues.

Chaque fidèle doit espérer que le Tout-Puissant, réparateur autant qu'auteur de toutes choses, saura aujourd'hui, comme de tout temps, tirer le bien du mal, pour en faire un mieux. Ce serait manquer à la seconde des indispensables vertus théologales, de se sentir déprimé par la vue des calamités auxquelles on assiste, au point de douter de la facilité avec laquelle la Providence peut les changer en moyens de perfectionnement et d'améliorations sociales, que nous ne pouvons prévoir.


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Message par MichelT Jeu 17 Jan 2019 - 21:42

Lors des terribles sacs de Rome par les barbares (année 410 ap J.C.), ni l'histoire n'avait encore été considérée aussi philosophiquement dans les diverses manières dont s'opèrent ses transformations, ni le christianisme n'avait encore victorieusement traversé vingt siècles de luttes, d'épreuves et de victoires; lentes mais définitives; cependant les évêques d'alors, voyant, que les chrétiens, épouvantés par les bouleversements qui atteignaient le Siège de St Pierre, croyaient proches la fin du monde ou le règne de l'Antéchrist, voulurent rassurer, tranquilliser les esprits éperdus.

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Chute de Rome au main des tribus barbares germaniques d`Alaric au 5 eme siècle


Ils publièrent les plus beaux écrits, les plus magnifiques œuvres, pour démontrer que, si violent que soit momentanément l'empire du mal, le bien doit nécessairement le vaincre un jour. Depuis, l'Église soutint des catastrophes plus horribles encore. Rome fut saccagée, plus d'une fois, hélas, avec de plus barbares horreurs encore! Et, par les armes de ses propres enfants, par des mains catholiques! En 1527 il y en eut de françaises, d'espagnoles, d'italiennes, d'allemandes, également sacrilèges! Mais cela aussi, fut passager.

Le passé ne doit-il pas, offrir une garantie pour l'avenir? Quand surtout, nous n'assistons point à des cataclysmes de ce genre. Pourquoi donc les croyants auraient-ils moins de confiance maintenant, qu'en-des temps plus effroyables? C'est pour endormir la prudence des fils de la lumière que le tentateur, en dissimulant les dangers de la tiédeur cachée sous la tranquille indifférence des esprits, fait regretter outre mesure les époques de calme, au moment où surviennent les grandes luttes qui marquent les courbes périlleuses de la spirale, décrite par l'humanité dans sa marche.

Tout ce qui est, n'est-il point ou par la volonté ou par la permission de Dieu? Par conséquent, toutes les transformations de la société, tous les changements de l'histoire, ne sont-ils point des faits providentiels? Prenons donc en patience leurs diverses phases; elles sont les incessantes transformations d'une même lutte, à laquelle l'Église est condamnée sur cette terre, où elle s'appelle militante? Ne l'oublions pas; notre irascibilité peut facilement être entraînée à grandir les maux dont nous pâtissons immédiatement, pendant que ceux d'autrefois sont décolorés et apâlis

C'est ainsi qu'on perd la prudence du serpent, quand on oublie dans ses appréciations, la vérité, la véracité, la sincérité, la justice, qui sont l'apanage naturel de la simplicité des colombes. La prudence est tellement nécessaire aux catholiques dans leurs relations avec les non-catholiques, que le Cardinal, Préfet actuel de la Propagande, répète souvent entr'amis: La prudence est la première vertu cardinale.. la seconde, la troisième, et la quatrième! Sans la prudence, mes Évêques ne font rien, avec la prudence, ils arrivent à tout!

Les dévots qui pensent que c'est aux mécréants que l'on doit faire la leçon, non aux croyants, trouveront fort mauvais peut-être, qu'on leurs recommande si instamment la prudence. Mais les enfants du siècle n'en manquent pas; Jésus-Christ l'a dit. (St Luc) Le monde ne serait point cette vallée de larmes que chacun sait, si les croyants avaient toutes les vertus et les bons toute l'intelligence souhaitables.

L`ennemi du genre humain, s'efforce d'enlever aux croyants certaines qualités de la vie pratique, et aux bons une certaine compréhension du cours des choses. Mais, comme il est limité dans son action, l'histoire de l'Église nous montre qu'elle a trouvé dans ses membres de grands secours intellectuels quand la vertu était moins généralement répandue, et une somme totale de grande vertu quand les lumières de l'esprit semblaient diminuer. Le constant effort des fidèles doit donc être, d'acquérir la vertu quand c'est elle qui défaille, et l'intelligence quand c'est elle qui vient à faire défaut, afin de toujours unir la prudence dans les œuvres, à la simplicité dans la foi.

Mais, la simplicité de la colombe ne s'applique pas seulement à la foi; elle s'applique aussi à la conduite; surtout par notre manière d'envisager et de ressentir les événements de l'histoire, les événements de ce monde, les événements de notre vie, relativement à leur fin, relativement aux desseins de Dieu, relativement à la part que nous avons à y prendre, ou à n'y pas prendre.

L'intervention de la Providence dans les choses de ce monde est si frappante, si visible, si incontestable, que les païens la désignèrent du nom de Némésis, l'Inexorable; ils identifiaient son pouvoir invincible, à l'idée de vengeance céleste ne connaissant, ni toute la puissance de la prière, ni toute la vertu du sacrifice, ni cette Clémence divine révélée par le christianisme, qui pardonne bien plus qu'elle ne venge. L'intervention de la Providence se manifeste, immédiatement en ces choses qui échappent partiellement ou entièrement à toute volonté humaine, et qui pourtant exercent la plus grande influence sur les destinées des peuples, des familles, des individus; tels, par exemple, l'abondance prospère ou les calamités de toutes sortes; tels le degré de génie départi à certains hommes, ou le degré d'intelligence refusé à d'autres.

C'est donc la Providence qui envoie les hommes au monde; qui suscite aux nations, aux sociétés, aux familles, leurs sauveurs, leurs défenseurs, ou leurs fléaux, et qui les en retire quand il lui plait car ils ne disposent pas de l'heure de leur naissance, ni de l'heure de leur mort. C'est la Providence qui facilite ou suspend leur action au jour qu'elle a marqué, par la santé qui leur permet de jouir de leurs facultés, ou la maladie qui annule complètement ou diminue considérablement tous leurs moyens; par les clartés dont elle illumine leurs vues, par les ténèbres où elle laisse leur esprit, selon les voies mystérieuses de sa justice et de sa clémence. En outre, le Seigneur s'est réservé de décider du sort des grands combats.

Ce sont les hommes qui rangent les chevaux en ordre de bataille, mais c'est le Seigneur qui donne la victoire, nous apprend le Roi David ( Psaumes). Il en est ainsi, soit que le Seigneur donne la victoire aux Siens, soit qu'il la laisse momentanément pour des raisons inscrutables à la raison humaine, à ceux qui paraissent combattre ses desseins; qui combattent la justice, la vérité, l'ordre de choses établi.

Il faut donc attribuer la direction de ces causes, innombrables et inextricables pour nous, produisant un effet simple et impérieux, à cette Providence qui seule sait tout, et seule conduit tout. Le Seigneur dissipe les desseins des nations, il rend vain les projets des peuples et les conseils des Princes car les conseils du Seigneur sont établis de toute éternité, ses pensées sont fixées pour toute la succession des temps et des générations. (Psaumes)

Ceux qui veulent conserver la simplicité de la colombe, méditent ces paroles, car la simplicité d'une foi naïve, d'une espérance sans crainte, d'un amour plein de joie, n'est point facile à conserver au milieu des complications de cette vie, du clair-obscur que Dieu a voulu faire régner sur elles, afin de mettre à l'épreuve notre foi, notre espérance et notre amour.


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Message par MichelT Jeu 17 Jan 2019 - 22:00

Mais les âmes pieuses et simples voient aussi, que tout en étant méconnaissable dans son action sur les plus grands événements de ce monde, comme dans ses plus petits faits, la Providence ne se laisse cependant pas toujours comprendre, car ses voies sont impénétrables, et c'est là, la supériorité de la foi qui appelle de la justice faite en ce monde, à la justice définitive d'une autre vie. Les âmes pieuses et simples, en présence de certaines conjonctures qui semblent dérouter toutes, les prudences humaines, savent qu'il faut attendre l'avenir pour les juger, et en l'attendant, pratiquer le silence; ce silence que le poète nomma: il bel tacere

Les âmes pieuses et simples, sentent avec autant de raison que de délicatesse, qu'il serait bien arrogant, de demander à l'Éternel, au Très-Haut, au Tout-Puissant, le secret de ses desseins, chaque fois que nous ne comprenons pas la portée des événements que nous contemplons. Est-ce à nous créatures, de mettre notre Créateur en demeure de nous expliquer ses vues? Est-ce à nous, nés d'hier, morts demain, ignorants ou trompés, d'attribuer témérairement à ses châtiments ou à ses récompenses, des faits dont nous ne pouvons apprécier le sens véritable, la portée secrète, les suites futures? Il ne nous est pas donne de distinguer ce qui est l'effet d'une volonté providentielle expresse, de ce qu'elle permet, comme conséquence naturelle, médiate ou immédiate, des passions humaines, des vaines folies de l'imagination ou de la déraison?

Celui qui possède la simplicité de la colombe, se contente d'attendre qu'il plaise à Dieu de faire révéler le sens de ces faits, au Temps, son fréquent interprète. Pourtant, sur bien des sujets, il n'est pas permis, même au Temps, de divulguer les secrets destinés à n'être livrés à la connaissance de tous, qu'à la porte de l'Éternité, au Jugement Universel, où tout être sera jugé, et toute chose dévoilée publiquement où chaque créature raisonnable connaîtra la perfection de la Justice divine en tout, et l'immensité de sa Clémence sur tous.

Le soleil se lève sur les bons et sur les méchants, et il pleut sur les justes et sur les injustes. ( St Matthieu ) Les prospérités de cette vie ne sont pas réservées spécialement, aux uns ou aux autres, mais distribuées à tous. Les dévots oublient que les morts subites, les maladies, les accidents, les douleurs, les trahisons domestiques, les infortunes éclatantes, peuvent atteindre un juste, le lendemain même du jour où ils ont affligé un méchant. Il est donc très imprudent, très-présomptueux, de vouloir distinguer ce qui dans ces coups du sort est nommément un châtiment, un avertissement, de ce qui est une épreuve, un simple effet naturel, d'une cause que nous n'apercevons pas.

Devant cet ordre de considérations, la simplicité de la colombe consiste à s'abstenir de tout jugement à suivre uniquement les versions de la charité, en écartant les interprétations cruelles, humiliantes, déprimantes, pour ne voir dans les malheurs qui accablent le prochain, que l'épreuve, la peine inhérente à la condition humaine; pour croire ses prospérités dues à des mérites antécédents.

La piété et la rectitude des principes, l'élévation et la droiture des intentions, l'honnêteté irréprochable du but et la loyauté des moyens, représentent dans la conduite des sociétés, de quelque nature qu'elles soient, la simplicité recommandée par notre divin Maître. Mais cette qualité prend un autre caractère encore dans les individus. Pour ceux-ci, pratiquer la simplicité de la colombe, dans leur manière d'envisager et de ressentir les événements de leur propre vie, c'est adhérer à la volonté de Dieu, en tout ce qui dans leur sort est indépendant de leur volonté.

C'est se soumettre, sans murmure, si non sans peine, à tout ce qui dans notre destinée, ainsi renfermée dans le cadre que Dieu lui a assigné, nous semble le plus dur et le plus difficile à supporter, le plus en désaccord avec notre naturel, le plus contraire à nos inclinations, à nos vœux, aux aspirations de notre cœur, de notre intelligence, de notre imagination.

Car il est dit comme l'argile est dans les mains du potier, qui peut la former et en disposer selon qu'il veut, ainsi est l`homme dans les mains de Celui qui le créa. (Eccl.) Paroles, que St Paul commente ainsi : Un vase d'argile dit-il à celui qui l`a formé: pourquoi m'avez-vous fait ainsi? Le potier n'a-t-il pas le pouvoir de former de la même masse d'argile un vase de gloire, ou un autre destiné à l'opprobre?

Il faut en outre, pour être simple de cœur, et je souhaiterais attirer spécialement l'attention sur ce point, trop souvent négligé; accepter avec joie et gratitude tout ce que notre sort nous a réservé d'heureux, de bon, de charmant, et goûter ces bienfaits dans toute leur étendue. Il n'est pas seulement nécessaire de nous résigner à ce que notre destinée a de pénible pour nous, suivant nos conceptions, si souvent fausses et insuffisantes, sur le vrai bien et le vrai mal; il est encore bon de savoir comprendre et sentir tout ce que cette destinée, a d'enviable, afin d'en rendre grâces au Seigneur, supportant les peines, les ennuis, les  désagréments, les croix, attachés à ces avantages, comme des espèces de rançons qui nous permettent de jouir des bénéfices du sort, en acceptant ses charges.

Avoir la simplicité de la colombe, c'est s'associer, s'identifier aux sentiments du sublime représentant biblique de l'homme de bien, égal à lui-même dans l'infortune comme dans la prospérité; c'est pratiquer ses vertus quand on possède la santé, les richesses, la puissance, et lorsqu'on les perd, dire avec lui: Dieu donne et Dieu ôte. (Livre de Job. Ancien Testament) Une telle parole nous aide à ne pas formuler des jugements précipités, souvent insensés, parfois blasphématoires, en présence de certains événements qui nous semblent des énigmes insolubles, lorsqu'elles nous montrent l'adversité atteignant ceux qui ont pratiqué la vertu; les prospérités rester attachées à des hommes d'une paresse indigne, d'un égoïsme révoltant; les bons se soulevant contre les bons; ceux qui devraient récompenser, en proie à des préventions qui leur font punir les justes de leur justice!

Ah! qui peut dire alors, si l'homme brisé est condamné, ou purifié dans la fournaise du creuset, (Prophète Isaïe), ou si, comme le patriarche de l'Arabie, (Livre de Job) il souffre, lui innocent, pour édifier ou pour expier? Il y a sans doute un grand mystère dans cette simple parole, la volonté Dieu sur nous; car, demandent quelques`uns, où est notre liberté, si nous ne devons faire que la volonté de Dieu?

Outre la liberté de faire le bien ou de faire le mal, nous avons encore la liberté dans le bien; la liberté de choisir nos tâches, nos missions, le genre de vie que nous voulons mener, le genre de bien que nous voulons faire. Nous sommes libres de vivre dans le monde ou hors du monde, dans le mariage ou hors du mariage, de nous livrer aux Œuvres de Miséricorde temporelle ou spirituelle, au service de l'Église ou de l'État; de choisir telle profession, telle science ou tel art, tel métier ou telle existence.

Mais, ce choix une fois fait, nous sommes en mesure de nous sanctifier ou de nous perdre dans la voie que nous avons librement embrassée. Nous pouvons en supporter vaillamment les peines, et jouir des douceurs d'une bonne conscience; et alors nous accomplissons la volonté de Dieu sur nous, ayant adhéré, à sa volonté en nous. Nous pouvons aussi répudier les charges attachées à la destinée que nous avons librement adoptée, pour chercher à en accaparer seulement les bénéfices; chaque fois que nous agissons ainsi, égoïstement et déraisonnablement, chaque fois que nos actions sont par-là mauvaises, et doivent nécessairement porter de mauvais fruits, nous faisons notre volonté, mue par quelque passion, concupiscible ou irascible, par l'orgueil de la vie, la convoitise des yeux ou la concupiscence de la chair, quelqu'imperceptibles que soient leurs chuchotements.

La volonté de Dieu est toujours une volonté sainte et raisonnable, qui mène au bien par le bien, fût-ce par «le Chemin de la Croix», pour donner à ses créatures la plus grande somme de bonheur éternel. Donc, adhérer à la volonté de Dieu, quand elle s'impose à notre sort, ou la faire, lorsque nous sommes libres de faire la nôtre, c'est travailler « la gloire de Dieu», en travaillant à notre propre bien, choses identiques en ce cas.

II y a peu de peine à la distinguer quand il s'agit de choisir entre le bien et le mal, entre ce que sa loi permet et ce qu'elle défend, entre ce qui répugne et ce qui satisfait la conscience humaine; la difficulté commence, et elle devient quelquefois presqu'inextricable, rendant perplexes les meilleurs et les plus intelligents, quand il s'agit de choisir entre deux choses qui semblent être un bien, l'une et l'autre, dont pourtant l'une doit être, ou plus urgente, ou plus nécessaire que l'autre; dont l'une peut être un vrai bien qu'il nous répugne d'entreprendre parce que contraire à nos inclinations, l'autre un bien apparent qui nous tente parce que conforme à quelque penchant de la mauvaise nature, latent et inavoué. C'est lorsque les bons, les justes, les cœurs droits, honnêtes, vertueux, arrivent à de tels moments, que commence pour eux une série d'anxiétés de doutes intérieurs, d'incertitudes, de défaillances, qui font partie des plus cruelles épreuves, attachées aux obscurités de cette vie.

A ces moments, une âme pieuse n'a d'autre-ressource, que d'invoquer les lumières du Saint-Esprit, de s'écrier - Veni Creator Spiritus -  Mentes tuorum visita; - Imple superna gratia, - Quae tu creasti pectora. Qu'elle parle ainsi avec la simplicité de la colombe, afin d'entrevoir ce qu'elle a de mieux, de plus beau, de plus parfait à faire.


Veni Creator Spiritus - Invocation de l`Esprit-Saint


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Message par MichelT Jeu 17 Jan 2019 - 22:15

Comme la grâce de Dieu n'abandonne jamais celui qui crie : Seigneur, Seigneur, j'ai mis ma confiance en vous, et je ne serai pas confondu, (Psaumes) jamais alors, elle ne manquera d'être éclairée. On ne sait quel petit incident surgit, quelle pensée survient, quelle réflexion se présente, quelle volonté fortifie la nôtre, quelle incompatibilité nous frappe, et on ne sait comment, quelque chose met fin aux hésitations, aux tergiversations, aux cruelles indécisions. Pour peu qu'on ait vraiment voulu la volonté de Dieu, qu'on puisse s'écrier avec le Psalmiste: Deus meus, volui! on peut espérer d'avoir bien fait. Il est rare que les événements ne viennent le démontrer clairement.

Avoir la simplicité de la colombe, c'est supporter avec une inaltérable douceur, une paix intérieure plus inaltérable encore dans sa confiante sérénité, tout ce qui contrarie, dérange, déroute, renverse nos plans les plus longtemps, médités, nos projets les plus habilement combinés, et souvent nos pieux dévouements, nos sacrifices saignants.

Connaissons-nous l'avenir pour savoir, à quoi nous préparent les événements? à quel but nous conduit un sentier rempli de broussailles? à quelles tâches nous forme l'école de l'adversité? Nous sommes aveuglés, comme de petits enfants, par nos désirs et nos plaisirs du moment, par tout ce qui plait à nos sens, par tout ce qui parle à notre imagination, par ce qui flatte notre orgueil. Nous ne savons ni ce qui doit tourner à notre avantage réel, ni ce qui nous porte un dommage spirituel, car nous ne connaissons pas la valeur effective des choses, toujours comme ces petits enfants qui, déchirant avec insouciance les précieuses dentelles de leurs langes, s'attachent à un misérable jouet, brillant et retentissant.

Aussi, que de fois ne voyons-nous pas nos désirs tourner à mal, sitôt qu'ils sont exaucés! Que de fois n'entendons-nous pas retentir à nos oreilles émues, des exclamations de ce genre « Quel malheur que j'aie voulufaire ceci! Qui pouvait prévoir ce qui est arrivé! Quel bonheur que je n'aie point fait cela! Je ne me doutais pourtant pas de ce qui allait arriver!»

Heureux celui que le Seigneur a choisi et pris à son service. (Psaume) L'essentiel pour les âmes pieuses et simples, est de travailler, dans toute la mesure de leurs forces et de leurs capacités. Comme des semeurs infatigables, elles veulent jeter le grain en terre, réservant au Seigneur de faire prospérer la moisson. Après donc avoir agi, « comme si tout dépendait d'elles», elles prient  «comme si tout dépendait de Dieu». Leurs prières, fréquentes, ferventes, pleines de foi et d'espérance, demandent ses bénédictions sur leurs entreprises, leurs projets, leurs dévouements et leurs sacrifices, sans s'inquiéter outre-mesure de leur issue immédiate,
sachant bien que si le Seigneur leur permet de travailler, ce travail tournera nécessairement à sa gloire, et au bien de leurs âmes.

Elles se souviennent de ce que Jésus-Christ disait à sainte Catherine de Sienne: Occupez-vous de mes intérêts, ma fille, et moi je songerai aux vôtres.

Les âmes qui ont la simplicité de la colombe, prient sans se lasser, ni se rebuter de l'insuccès apparent de leurs prières, car il a été dit. Demandez et il vous sera donné, frappez et il vous sera ouvert, cherchez et vous trouverez. (St Matthieu)

Sans nous arrêter ici au sens mystique de ces trois formules, remarquons seulement que la prière n'est jamais vaine, ce qui permettait au Prophète de dire qu'il remerciait avant d'être exaucé. Il savait que le Seigneur donne toujours à qui le prie, et quand il refuse ce qui lui est demandé, pour le bien même de celui qui ne sait pas ce qu'il veut, (St Matthieu) il accorde une grâce souvent supérieure à celle qu'on implore, une grâce invisible pour une grâce visible et matérielle.

Il faut donc remercier le Seigneur au moment même où on l'invoque, avant même d'être exaucé, car plus on lui rend d'actions de grâces, plus il accorde des grâces insignes à une foi assez forte pour compter avec une filiale confiance, sur sa paternelle bonté.

Simplicité des Colombes et Prudence des Serpents - PRINCESSE RUSSO-POLONAISE - CAROLYNE DE SAYN WITTGENSTEIN - 19 eme  372px-catherine_of_siena_0_article
Sainte-Catherine de Sienne (1347 a 1380 - Italie) - Tertiaire dominicaine et mystique - Docteur de l`Église

C'est en cette foi, suivie de cette constance, que la simplicité de la colombe se témoigne de la manière la plus agréable à Jésus Christ. Il est né, il est mort pour nous; il a vécu, il a souffert pour nous, et nous douterions encore de sa sollicitude pour nous? Quelle ingratitude l`âme qui ressemble à une colombe, se fie à cette sollicitude, et sans l'interroger curieusement, indiscrètement, elle est certaine qu'en demandant à Dieu de la faire travailler pour lui, en coopérant au bien que les hommes doivent faire sur cette terre, elle sera exaucée, en quelque manière. Mais, de quelle manière? Qu'importe! Ne peut-on pas servir le Seigneur ici et là, dans tous les lieux, dans toutes les conditions? L'important vraiment, est de le servir. Aussi, cela n'est-il jamais refusé, pourvu qu'on le veuille en esprit et en vérité. Quand on voit les événements tourner au rebours de ce qu'on souhaite, de ce qu'on avait raisonnablement, prévu, de ce qu'on avait soigneusement préparé, il faut attendre, résignés et contents, le bien que la Providence fera éclore de tous nos efforts persévérants, à son jour, qui sera peut-être celui de l'Éternité! Il ne faut point se décourager, mais répéter avec le Psalmiste: Expectans, expectavi! J'ai mis ma confiance dans le Seigneur, et je ne serai point confondu

Oserions-nous songer à imposer au Très-Haut, l'heure et le moment dans lequel il doit nous secourir? Attendre, Attendre, Attendre encore! Veiller et prier! telle doit être la simplicité de la colombe! Certes, ont voit des croyants, trop confiants dans la protection du Ciel, négliger l'emploi des facultés que Dieu nous donna pour que nous nous en servions.

C'est précisément alors que les secours, les inspirations d'en haut, les grâces spéciales, dites, grâces d'état, viennent à leur manquer, pour punir les paresseux qui enterrent leur talent au lieu de le faire fructifier. Dieu a dit : Je te donnerai l'intelligence et je t'enseignerai les voies que tu dois suivre ne sois point semblable au cheval et au mulet qui n'ont point d'intelligence, qu'il faut conduire avec le mors et la bride (Psaumes.)

Les croyants qui veulent appliquer tous les moyens que Dieu leur a départi pour faire le bien, aiguisent leur esprit, développent leur intelligence, réfléchissent, s'efforcent d'être prudents, et en fin-de compte, ils reconnaissent les erreurs qui leur ont échappé, malgré toute leur prudence et tous leurs efforts. C'est tantôt un mouvement de passion qui se sera fait jour avant qu'on ait eu le temps ou la force de le réprimer, faisant dire ou faire ce qu'on regrette d'avoir dit ou  fait; tantôt c'est une préoccupation, une distraction, un accès de rêverie ou d'agitation, qui aura fait oublier certains rapports, certaines coïncidences, certains détails, dont le souvenir eût modifié notre manière d'agir on de parler; tantôt on aura ignoré certaines circonstances, on n'aura pas prévu, certaines conséquences, qui donnent à nos actes un tout autre aspect.

Quand l'homme intelligent, quand la femme prudente, en examinant leurs actions y découvrent des fautes de ce genre, des erreurs qui se sont glissées dans leurs meilleurs calculs, ou bien, des gaucheries de conduite qui compromettent une position, des maladresses involontaires qui renversent toute une série de rapports, des bévues inexcusables qui nous font perdre nos meilleurs soutiens, des  balourdises qui semblent aussi inexplicables qu'impardonnables, s'ils sont gens de foi, ils s'empressent de recourir en toute simplicité à leurs anges gardiens, les priant de corriger le défaut de leur prudence. Je ne saurais assez recommander à tous, de s'adresser à ces chers anges, ni assez dire comme ils exaucent souvent de telles demandes, venant au secours de la colombe, quand le serpent est mis hors de combat.

Le mot d'Ange signifie originairement messager, comme si nous ne devions connaître ici-bas les Esprits bienheureux, qu'en leur qualité d'envoyés bienfaisants de Dieu. Tous les anges sont messagers de bonnes nouvelles pour les bons; ils ne sont terribles et redoutables qu'aux méchants. Mais on ignore, ou plutôt, l'on oublie trop, hélas la constante et touchante protection qu'ils exercent sur chacun de nous, au milieu des tempêtes et des tourmentes du monde.

C'est un ange sans nul doute, qui poussa un des soldats envoyés pour rompre les jambes des trois crucifiés sur le Golgotha, à ne pas briser celles de Jésus-Christ, afin que son divin corps demeurât intact, et à percer son cœur de de sa lance, afin que les dernières gouttes de' son sang en sortissent, et qu'ainsi il fût entièrement répandu pour le salut des hommes, ce sang d'un mérite infini; la blessure faite par cette lance du soldat, fit ainsi voir au monde le prodige d'un sacrifice se prolongeant avec son mérite, après la mort de la victime.

Les anges inspirent aux hommes bien des actes, des mouvements, des paroles mêmes, nécessaires aux desseins de Dieu, sans qu'ils en aient le mérite immédiat; mais ils laissent en ceux qu'ils ont ainsi inspiré, une prédisposition au bien, une grâce fortifiante et encourageante, qu'ils sont libres de suivre ou de contrarier.

Il est dit: Le Seigneur a commandé à ses anges: afin qu'ils veillent sur tes sentiers! Rien de plus propre à nous donner confiance en notre ange gardien, comme la Litanie, que les fidèles récitent de temps immémorial, pour implorer son aide et son secours. Ce cher ange y est appelé d'abord, notre guide et notre conseiller; puis notre protecteur, notre frère, notre aide, notre consolateur; enfin notre défenseur, notre conservateur.

Dans la  Litanie de tous les Saints-Anges, nous les invoquons, parce qu’ils sont chargés par le Seigneur de veiller sur les hommes;  parcequ'ils  – sauvent du danger les serviteurs de Dieu;  parcequ'ils – portent aux pieds de son Trône les prières des bons; parcequ'ils  – font des miracles au non du Seigneur; parcequ'ils sont établis à la garde des nations et des royaumes;  parcequ'ils – dispersent les armées ennemies;  parcequ'ils – fortifient et réjouissent les saints martyrs dans les tourments; parcequ'ils - assistent ceux qui quittent cette terre;  parcequ'ils – introduisent dans les cieux les âmes purifiées!


Litanies aux anges gardiens - source:   Jesus Buzz

Les bons anges nous accordent des lumières qui nous font entrevoir, apercevoir, voir, reconnaître, distinguer, induire, déduire, deviner, pressentir, prévoir, des choses, des faits, des relations, des conséquences, des effets et des causes, qui sans les mystérieuses clartés d'en-haut, seraient restées inaperçues aux yeux de notre esprit, ou du moins obscures, incertaines, confuses, indéterminées, indéchiffrables, sans signification nette et précise. Ces lumières sont comme des inspirations, des avertissements qui nous poussent ou nous retiennent par l'emploi des facultés naturelles de l'esprit, un raisonnement juste, une prévision perçante.

La liberté humaine n'en reçoit aucune atteinte, puisqu'elle reste toujours maîtresse d'adhérer à la volonté de Dieu en l'accomplissant, ou de s'en détacher en se livrant à ses passions, qui la font obéir au mauvais ange en la soustrayant aux inspirations et aux impulsions de l'ange gardien.

On voit ainsi ces chers anges suivre les hommes dès leur naissance, à travers toutes les phases de leur vie, jusqu'à leur entrée triomphale dans le Paradis. Quelle tendre confiance ne doit point nous inspirer, la vue de ce constant intérêt des esprits bienheureux pour nous? Et comment douter de cet intérêt, puisqu'ils travaillent pour la gloire de Dieu?

Chaque âme sauvée l'augmente, et chaque âme purifiée l'augmente plutôt. Ils veillent donc sur nous avec un zèle d'apôtre et de mère; ils veulent nous sauver, et pour peu que nous leur rendions notre voisinage possible, ils nous aident à en éloigner le tentateur. Ils émoussent notre sensibilité au moment de certaines blessures, que notre patience eût eu trop de peine à supporter; ils nous donnent de bonnes idées qui facilitent nos bonnes intentions, ils adoucissent nos afflictions, par je ne sais quelles bouffées de paix, qui nous font trouver une espèce d'oasis rafraîchissant, au milieu des aridités d'une existence désolée comme un désert sans eau.

Les anges s'interposent souvent entre les bons, pour leur éviter de se blesser réciproquement. Une pratique très-recommandable à cet effet,  est de prier l'ange gardien d'une personne qui nous a offensé, contre qui nous nous sentons indignés, afin qu'il lui inspire la conciliation nécessaire au maintien ou au rétablissement de la paix!

Presque toujours de telles prières, sincèrement faites, ont évité les brouilles, adouci les séparations, ou amené les réconciliations. Une expérience, mille fois répétée, prouve combien il est utile de les invoquer au moment où l'on commence un entretien difficile, épineux, et qui selon toutes les apparences, peut devenir orageux, périlleux, décisif, et peut-être fatal!  Toujours on a vu que la réprimande, à faire ou à recevoir, l'explication à donner, la lutte à soutenir, l'ultimatum à poser, devenaient moins vifs, moins irrévocablement blessants, quand les bons anges avaient été priés à l'avance, d'adoucir les irritations et de calmer les passions des interlocuteurs.

S'il ne leur est point permis d'éloigner entièrement le mal, ils en écartent du moins une partie, souvent la plus envenimée; en tout cas, ils ne manquent jamais de diminuer dans le cœur qui a imploré leur assistance, l'amertume de la peine qu'il doit subir. Ceci s'explique aisément; car, sitôt que nous souffrons, le tentateur s'efforce de nous faire mal souffrir; l'ange gardien en nous aidant à l'éloigner, soulage par cela déjà notre mal, puisqu'il suffit de bien souffrir pour moins souffrir.

Ces chers anges ont souvent le pouvoir de nous satisfaire en effaçant complètement les traces de nos imprudences involontaires, et plus souvent encore ils les dépouillent de certains inconvénients accessoires, qui en eussent doublé ou triplé la portée. Puis, on est sûr qu'ils récompensent la simplicité de cœur avec laquelle on a imploré leur secours, en inspirant plus de prudence à l'avenir.

Les personnes qui ont la dévotion des Saints-Anges, savent par expérience, sous combien de formes ils manifestent leur intervention bienfaisante, en lui laissant toujours assez de clarté pour être visiblement reconnue par celui à qui ils accordent cette faveur, et assez d'incertitude pour qu'elle se confonde aux autres regards, parmi les causes et les effets naturels.

L'esprit inattentif des gens du monde, leur peu de foi, leur distraction, les empêchent de saisir, toutes ces influences délicates qui vibrent autour d'eux comme des quarts, des demi-quarts de son; qui passent et repassent comme des teintes fugaces, des lueurs chatoyantes, dont on est certain qu'elles ont été, dont on ne sait plus comment elles ont été. Le manque d'attention apporté à saisir ces courtes entrevues du monde spirituel, nous empêchent de distinguer la voix des bons-anges, d'avec les autres de leur obéir, et de s'en laisser guider.


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Message par MichelT Jeu 17 Jan 2019 - 22:31

DE LA PRUDENCE DANS LA CONDUITE

Jésus Christ exige de nous qui sommes ses brebis, et formons le troupeau dont il est le Bon Pasteur, que nous réunissions la simplicité de la colombe, à la prudence du serpent, non seulement dans tout ce qui se rapporte à la foi, mais aussi dans ce qui tient à notre conduite privée.

Comment cela peut-il se faire? Comment y parvenir? Un mot de St. Ignace de Loyola, nous dévoilera un moyen, bien simple et bien efficace, de concilier deux qualités tellement opposées; un moyen approprié surtout à notre temps, où les adversaires de Dieu et de l'Église, enflés par l'orgueil de la vie, méprisent la prière et se distinguent avec tant d'avantages dans l'action.

«Priez, dit-il, comme si tout dépendait de Dieu; agissez ajoute-t-il, comme si tout dépendait de vous».

Les chrétiens sont particulièrement appelés maintenant, à compenser par leur adoration, à expier par leurs supplications, le déni que font les orgueilleux de ce siècle, de l'hommage, de la gratitude, de la confiance, dûes à notre Créateur, Rédempteur et Consolateur.

Il appartient plus que jamais aux croyants du XIX° siècle ( 20 eme et 21 eme) , de prier Dieu pour ceux qui ne prient pas, de le remercier pour ceux qui ne savent et ne veulent le remercier de rien! D'autre part, il ont le devoir, non certes, plus grave, mais tout aussi urgent, pour le moins, d'agir, afin de témoigner de leur foi par leurs œuvres, car la foi sans les œuvres ne sauve pas. Ils y sont d'autant plus étroitement obligés, qu'on porte au mépris de la foi, les incroyants qui produisent des œuvres splendides, quand, appartenant à la sainte milice des enfants de Dieu  on se montre incapable de rivaliser avec eux, en activité, en intelligence, en zèle, en dévouement au bien public, en souci du bien général.

Le grand Saint espagnol, possédant une intime connaissance du cœur humain, légua à ses fils une maxime, qui, maintenant la charité dans les cœurs et la vigilance dans les esprits, découvre avec une merveilleuse clarté, la vraie manière de pratiquer un précepte de Notre Seigneur, si fécond en profonds enseignements, et si peu suivi!

De tous ses préceptes, il est le moins suivi peut-être, par la grande masse des chrétiens imparfaits, dont les uns ne s'attachent qu'à conserver la simplicité de la colombe, et les autres s'approprient seulement la prudence du serpent.

En revanche, les parfaits, les héros de la foi, les grands hommes de la vertu chrétienne, ont toujours réuni tant de simplicité à tant de prudence, que leur vertu et leur influence ont dépassé tout ce que les hommes avaient vu auparavant, et tout ce qu'ils voyaient depuis, en dehors des énergies de la sainteté chrétiennes. Ignace de Loyola enseignait à se conformer à la divine parole de Jésus-Christ, en répétant sans cesse: Il faut prier, comme si tout dépendait uniquement de Dieu; il faut agir, comme si tout dépendait uniquement de nous. Suivre cette sentence, toujours et en tout, c'est se rapprocher de la perfection. Mais combien il est rare de voir la prière et l'action, s'entr'aider réciproquement.

D'ordinaire, hélas! ceux qui prient ne savent pas agir, et ceux qui agissent ne veulent pas prier! II en résulte une des plus grandes misères de ce bas-monde, puisque la prière dépourvue d'action, ne produit pas tous ses fruits, et l'action dénuée des secours de la prière, en donne souvent de mauvais.

Pourquoi Notre Seigneur nous a-t-il présenté immédiatement, à côté de la douée et suave image de la colombe, le triste et fatidique souvenir du serpent?

N'est-ce point en partie, pour nous montrer que les mauvaises passions, aiguisent l'esprit humain, jusqu'à en doubler et tripler les puissances, et que la passion du bien, la passion de son service, devrait aiguillonner nos facultés au même degré, si non au-delà!?

Le divin Maître ne se sort-il pas aussi de la comparaison du serpent, pour nous faire entendre qu'il est bon d'employer au profit des intérêts de Dieu, une même prudence, une même Habileté, une activité égale, des expédients aussi ingénieux, que ceux dont se servent les fils des ténèbres, au profil de leurs poursuites profanes?

En effet, les fils de la lumière peuvent souvent apprendre d'eux des moyens, applicables à d'autres buts. C'est donc dans l'action, qu'il faut dérober aux serpents, le secret de leur prudence. Jésus- Christ l'a dit: Les fils du siècle sont plus prudents, que les fils de la lumière. (St Luc).

Pour que Notre Sauveur ait prononcé une sentence si absolue, il faut qu'elle ait un caractère de généralité. La lutte du bien et du mal ne durerait peut-être pas si longtemps sur la terre, tant elle deviendrait inégale, si le Prince des ténèbres ne réussissait à neutraliser en grande partie l'action des justes et des bons sur le monde, en exploitant leurs défauts, leurs faiblesses, pour leur faire commettre d'innombrables péchés d'omission, quand il se voit dans l'impossibilité de les induire aux mauvaises œuvres, aux fausses doctrines.

Ceux qui ne pèchent plus en actions et en paroles, qui ne succombent point aux six premiers péchés capitaux, le tentateur les fait tomber dans le septième, la Paresse. ( Aucune action militante pour la Sainte Église et pour la Religion Chrétienne) -  Ceux qui semblent innocents, pour n'avoir rien fait de mal, il les entraîne à devenir coupables, en les empêchant de rien faire de bien, en les rendant semblables au serviteur de l'Évangile, qui mit en terre sont talent et cacha l`argent de son maître... (St Matthieu) au lieu de le faire valoir et fructifier.

De nos temps, il est urgent, de signaler à l'attention, à la méditation de tous les bons chrétiens, hommes et femmes, le fatal vice de la Paresse, ( Ne rien faire pour l`Église et pour la Foi ou faire le minimum ) qui fait d'autant plus de ravages, qu'il rencontre plus de simplicité dans la foi, plus de pureté dans les intentions. Il est bien rare d'entendre parler de la Paresse comme d'un vice, et pourtant ses effets parmi les bons sont désastreux, comme ceux d'un vice. Disons du moins, qu'elle est une des plus dangereuses imperfections, parmi les parfaits.

Elle annule, elle dessèche dans l'homme, une de ses plus précieuses facultés. L'excès de leur sécurité dans les secours providentiels, indépendants de leurs efforts, est un des défauts qui, en prenant les apparences d'une vertu, fait le plus de tort à la Religion.

Jésus- Christ voulut donner aux hommes l'honneur infini d'être ses coopérateurs, avant de devenir ses cohéritiers. Se contenter de prier sans agir, quand on n'a point-renoncé au monde afin de prier pour le monde, c'est mépriser à la fois, et les dons que Dieu nous a départis pour cette coopération, et les conditions posées par lui à notre co-héritage.

La majorité des croyants tombe, malheureusement, dans cette faute. Ils se renferment trop exclusivement dans la première partie du précepte de St- Ignace; ils prient comme si tout dépendait de Dieu, et puis ils n'agissent pas. Pour acquérir la prudence du serpent, il faut imiter la prudence partout où elle se trouve, en la pratiquant, comme dit St Bonaventure, selon les temps, les lieux, et les milieux ou l'on est placé.

Aide-toi, et le ciel t'aidera. Ce proverbe n'est pas à dédaigner, si dévot que l'on soit, et les dévots l'oublient trop fréquemment.

« Aide-toi »; c'est-à-dire apprenez les vraies conditions des instruments que vous maniez, la qualité du terrain qui est sous vos pieds, la nature des éléments dont vous disposez. Sachez reconnaître dans ceux qui vous entourent, dévots ou pas dévots, bons ou méchants, ce qu'ils font de bien sachez imiter ce qu'ils inventent de beau. Appréciez ce qu'ils disent de juste, ce qu'ils affirment avec raison, afin de vous servir de leurs moyens pour vous venir en aide à vous-même; afin que le ciel trouve des moissons à bénir, après que vous aurez fait les semailles, puisqu'en vous imposant le travail, il vous a donné l'intelligence.

Se fier à l'aide du ciel, avant, de s'être aidé soi-même, c'est mépriser à la fois, et le commandement de Dieu, le travail, et le don de Dieu, l'intelligence.  

Il résulte de cet état de choses, divers inconvénients pleins de dangers. Les personnes qui agissent, cessent, en plus ou moins de temps, d'être pieuses, et celles qui deviennent dévotes, perdent tout action sociale.


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Message par MichelT Ven 18 Jan 2019 - 0:41

LA FEMME CHRÉTIENNE

Dans premiers siècles, les femmes chrétiennes, dont les païens disaient avec admiration. Quelles femmes, les chrétiennes! Or, si les païens les admiraient, ce n'étaient certes pas, pour leurs « pratiques » ni peut-être, pour leurs vertus purement morales, dont les exemples n'avaient point manqué parmi eux; mais bien, pour leurs vertus sociales, pour leur intelligence, leur haute raison, leur force, leur caractère viril.  

Quelle est la dévote de nos temps, dont on puisse vanter les vertus sociales, l'intelligence, la haute raison, le caractère viril? Cependant, les femmes chrétiennes, les femmes croyantes et pieuses, devraient être, à présent comme aux premiers temps du christianisme, de beaucoup supérieures aux autres, non seulement pour les vertus morales, mais pour leur intelligente immixion dans les affaires de ce monde. Leur sagesse, leur douceur, leur pénétration, leur bonté, devraient de beaucoup dépasser celles des femmes qui ne croient pas, tout en restant honnêtes et vertueuses, ou qui ne croient plus, parcequ'elles ne sont plus ni honnêtes, ni vertueuses.

Si les saintes femmes s'éloignent ainsi de la société, qu'en adviendra-t-il. Comme la société grecque et romaine, elle sera livrée en proie aux mauvaises femmes, coupables et criminelles, ou bien ce qui ne serait pas un moindre mal elle tombera au pouvoir exclusif des femmes qui, quoique honnêtes et vertueuses, ne croyant ni à Dieu, ni au diable, façonnent le cœur des hommes à une action incessamment contraire à Dieu, et favorable au diable.

La grande noblesse se retire complètement de la vie du siècle, de la vie politique, de la vie publique, et cette conduite peu patriotique, déjà baptisée du mot barbare d'absentéisme, amène les plus déplorables conséquences pour elle-même, comme pour son pays.

Pourtant, ce n'est point obéir à Jésus-Christ et imiter la prudence du serpent, que de s'abstenir de tout travail social, de tout action politique, refusant ainsi de payer sa dette au bien public. C'est en quelque sorte imposer des lois à la Providence, que de ne vouloir apporter sa coopération à la grande et continuelle lutte du bien contre le mal, du vrai contre le faux, que dans les conditions qui plaisent à notre petite vanité, qui conviennent à notre petit égoïsme.

Du précepte de St Ignace, certains ne veulent pratiquer que la première partie; elles prient, comme si tout dépendait de Dieu Mais elles n'agissent pas, comme si tout dépendait d'elles. Leur désobéissance à la seconde moitié de la maxime, infirme l'effet de la première. Dieu n'aide pas ceux qui, vivant dans le monde, se contentent de prier, comme il aide ceux qui après avoir prié, agissent.

Compter sur l'aide du ciel, sans qu'on ait remué le petit doigt de ses jolies mains, pieusement jointes à l'église, sans qu'on se soit un peu séché la cervelle, rompu un peu la tête, sans qu'on se soit fatigué la pensée, pour trouver moyen d'encourager celui-ci, de consoler celui-là, de secourir un tel, de fortifier tel autre, c'est mal compter, c'est compter sans l'hôte de ce monde, l'ennemi du genre humain, auquel Dieu permet de susciter les maux que les bons et les croyants lui laissent accomplir.

Comment ne pas se souvenir, en présence d'un si incroyable désœuvrement, des paroles de l'Esprit-Saint:« Oh! Paresseux! Va, considère le travail de la fourmi, et apprends d'elle à être sage. Elle, sans avoir ni maître, ni précepteur, ni prince, elle prépare durant l'été les conditions de sa vie, et quand vient la moisson, elle s'approvisionne de nourriture. Jusques a quand, o paresseux! dormiras-tu? Quand donc, te réveilleras-tu? Tu dors un peu, tu sommeilles un peu, tu te frottes un peu les mains pour te reposer, et l'indigence comme un voleur, te surprend, et la misère comme un homme armé, t’abat » (Proverbes.)

PRUDENCE DANS L`ACTION

Je veux parler de l'infériorité des partis politiques qui soutiennent les principes religieux et sociaux, comparés aux partis qui les attaquent? Aujourd’hui, cette infériorité de talent, d'action, de prépondérance, est hautement constatée.

Ce qui, en politique, comme en religion, caractérise trop souvent ceux qu'on nomme les bons c'est une passivité, une insouciance, une incurie, qui justifient trop souvent, les mécontentements, les révoltes, les agressions des remuants.

Pourtant, il n'y a pas de temps à perdre, Un homme d'esprit l'a dit: Le monde, conduit jusqu'ici par les minorités traditionnelles, risque d'être entraîné par des majorités improvisées. En présence d'un tel péril, le parti conservateur se, trouve dans tous les pays, hormis l'Angleterre, sans portée, sans consistance, sans chefs, sans organisation, sans discipline, sans unité, sans action surtout, au rebours du parti révolutionnaire, du parti des athéistes, des anarchistes, si merveilleusement organisé et discipliné partout.

Or, si les conservateurs sont indispensables en toutes choses, dans la politique comme dans la législation, dans les lettres comme dans les sciences, pour modérer de leur frein salutaire, l'impulsion motrice des novateurs, il est certain que la plus sainte, la plus nécessaire, et la seule indispensable, de toutes les conservations, est celle de la religion, dont découlent tous les principes éternels, toutes les maximes de la vraie sagesse, toutes les sentences de la prudence chrétienne.

Étrange spectacle! ce que les conservateurs conservent le moins, c'est la religion, qu'ils devraient conserver le plus. Ceux qui ne savent pas, ni pourquoi ils doivent croire ce qu'ils doivent croire, ni ce qui est de précepte et ce qui est de conseil, ne sauront pas toujours distinguer ce qui est bien de ce qui est mal, ni ce qui est pour leur bien, de ce qui est pour leur biens perdent ainsi avec la simplicité, la prudence qui doit caractériser les forts, et accompagner les faibles.

Ils vont au hasard, à tâtons ils laissent au Seigneur de sauver la barque de St Pierre. La barque sera sauvée, le monde aussi, et le Seigneur en aura la gloire. Mais les hommes, en auront- ils le mérite?

Les personnes qui, sans quitter ces douceurs de la vie sociale, de la vie de famille, qui constituent le bonheur du vivre ne veulent pas s'aventurer sur le champ de bataille de l'actualité, préfèrent les jeûnes et les pénitences, à la dure tâche de combattre «le grand combat», m'ont fait penser parfois, avec un mélancolique attendrissement, aux soldats de l'Empereur Nicolas de Russie. Ils étaient sans cesse sous les armes; ils obéissaient sans cesse à cette rigoureuse discipline qui faisait expier sous les verges, un uniforme mal brossé. Aussi, les croyait-on, des lions dévorants.

Leurs chefs comptaient sur eux, comme sur des légions invincibles. Pourtant, quand arriva l'heure du vrai combat, du combat décisif, qui devait donner ou faire perdre la victoire, à leur cause, le moment solennel trouva tous ces soldats énervés, sans vigueur, sans énergie, doux et faibles, comme une troupe de daims!

On les avait habitués aux monotones fatigues des vaines parades, aux insipides et infructueux ennuis des revues sans fin; mais comme ils n'avaient point entendu parler d'une patrie à défendre, d'un nom glorieux à faire retentir dans des chants de triomphe, d'un honneur traditionnel et commun à sauver, ils ne connaissaient pas l'enthousiasme de la lutte, et ne savaient où prendre les inspirations du courage.

Puissent les chrétiens, qui appartiennent à la milice de Dieu, ne jamais ressembler à ces soldats du Czar! Ils avaient appris à supporter, dans les marais du Nord ou sous le soleil du Midi, la faim et la soif, les vermines qui les empestaient, les ophtalmies qui les aveuglaient, attendant avec une silencieuse impatience, le seul terme de leurs maux, la mort.

Qu'en advint-il? Lorsque l'ennemi du dehors survint, lorsqu'il fallut pour défendre les foyers domestiques, repousser des conquérants, puissants, bien armés, bien avisés, ces soldats si patients devant la faim et la soif, si familiarisés avec l'insomnie et la maladie, ne songèrent qu'à mourir, comme s'il s'agissait d'une nouvelle revue des troupes.

En voyant leurs compagnons tomber comme des mouches à leurs côtés, ils les félicitaient, disant, leur martyre est ainsi, plutôt terminé! La désertion ne se mit point dans les rangs du Czar; ses fidèles mouraient, résignés et passifs, avec un sourire de joie qui leur survivait, et surprenait jusqu'au fatalisme des turcs. Cependant, leur patrie avaient besoin de vivants, non de morts.

Mais ils ne se doutaient seulement pas, dans leur simplicité sans prudence, que la grandeur de cette patrie avait subi un échec. Que sa terre était violée, sa gloire évanouie, son souverain couvert de confusion, son avenir exposé. Le Czar, eut payé cher alors, pour que la moitié de son armée désertât, et que l'autre fut une cohorte de héros. Quel secours la « Sainte Russie», a-t-elle trouvé en cette fidélité apathisée, sans feu, sans nerf, sans science, sans intelligence, et sans, discernement?

La simplicité et la prudence doivent, imprégner l'esprit, de manière à informer ensemble tous les actes, quoique dans les uns c'est la première, dans d'autres, la seconde de ces qualités qui prédominent. En, majeure partie, la simplicité se témoigne dans l'intention et précède l'action.

Bienheureux l'homme qui se fie à son Dieu, et met son espérance dans le Seigneur, dit Jérémie. Il sera comme un arbre planté près d'une source, dont les racines s'étendent vers l`eau; il ne craint pas la canicule quand elle arrive. Ses feuilles verdissent, car la sécheresse ne lui fait pas de mal, et il ne cesse pas, de donner des fruits.

La prudence dirige l'action, indique les moyens, inspire cette défiance qui dicte les précautions utiles et salutaires, tout en les empêchant, de devenir exagérées comme il arrive dans les personnes privées de simplicité. Elle outrent les mesures préventives, ce qui, est un défaut; l'homme ne peut tout prévoir, cela est évident, et à force de vouloir tout prévenir, il s'embrouille dans ses propres lacs.

La simplicité et la prudence doivent être réunies dans les soins qu'exige notre existence spirituelle, et notre existence temporelle. Elles doivent pénétrer, de leur double et constante influence, l'activité que, dans la prière et dans les œuvres, nous consacrons au bien de notre être et de notre, avoir immatériel: la foi et la justice; comme au, bien de; notre être et de notre avoir matériel notre vie, notre santé, notre propriété.

La prudence recommandée par Jésus-Christ, se résume dans ce précepte du Sage d'Israël. Mon fils, sache reconnaître le temps opportun, et fuir le mal. (Ecc.)

Pour fuir le mal, il faut la simplicité de la colombe, qui demande à la, foi de lui enseigner les fins dernières auxquelles doivent tendre les sentiments du cœur, les actes de la vie, la justice des désirs de notre âme et des œuvres, de nos mains. Pour reconnaître le temps opportun, il faut recourir à la prudence du serpent, qui enseigne; les moyens les plus, directs, les plus sûrs, les plus appropriés au but: fuir le mal.

C'est pourquoi dans une vraie chrétienne, qui mérite ce beau titre, simplicité de cœur et prudence d'action, sont inséparables, car si, à elle seule, la simplicité d'intention ne suffit pas, ici-bas, la prudence dans l'action à; elle seule, suffit encore moins là-haut, et même ici-bas.

Quoique la prudence humaine soit souvent plus active, plus féconde en ressources que la prudence chrétienne, elle désapprend toutefois beaucoup de choses qui servent de fondement a la vraie sagesse. Elle ne tient plus nul compte, de la piété, et pourtant, la piété renferme un esprit d'intelligence (Sagesses.) La Piété, quand elle n'est point désunie des autres dons du Saint-Esprit, donne l'intelligence des choses de Dieu, des volontés célestes; or, toutes les prospérités qui leur sont contraires, passent comme l'ombre. (Psaumes).

Dans l'Ancien-Testament nous voyons le Prophète Balaam bénir, là, où il voulait maudire, pour nous prouver combien l'intervention de la Providence se joue de tous les calculs humains. Toute prudence dénuée de piété, est une prudence humaine, et l'Esprit-Saint qui propose pour exemple à la fainéantise, à l'incurie, à l'indolence de l'homme, l'activité et la diligence de la fourmi l'avertit de ne point prendre exemple sur la prudence des impies.  Maudit soit, s'écrie Jérémie, l'homme qui s'appuie sur d'homme, qui cherche son soutien sur un bras de chair et dont le cœur s'éloigne ainsi du Seigneur. Il se trouvera dans un désert desséché, sur un terrain stérile et inhabitable. Il sera semblable aux tamarins du désert et le bien lorsqu'il arrivera, ne lui servira plus.

Quelle fréquente application, ces dernières paroles ne trouvent-elles pas, dans l'histoire des individus, des familles, des dynasties, des peuples. Il n'est pas impossible à la prudence humaine, à la prudence des impies, d'obtenir des effets surprenants, des succès imprévus, et de grandir ainsi dans l'estime des hommes.

Ce qui lui est impossible, c'est de toujours conserver ces biens, puisqu'elle ne peut compter sur le Destin, cette force reconnue de tous les hommes, comme supérieure à toute sagesse. Les uns l'appellent Fatalité, les chrétiens la nomment Providence. Cette force supérieure à toute sagesse, ne favorise pas toujours le juste, mais l'impiété ne sauve pas non plus l'injuste (Eccl.)

Malheur donc, à celui qui édifie sa maison sur l'injustice dit encore Jérémie. Malheur, à qui ne bâtit point ses demeures sur l'équité et qui opprime sans raison le faible. Ici, le Prophète, s'interrompant tout d'un coup, demande: Mais le cœur de tous ces pervers, qui le connaît? – Moi, – dit le Seigneur. Je scrute les cœurs, et je donne à chacun selon le fruit de ses pensées, et selon ses œuvres.

Les enfants du siècle, oublient ces avertissements et ces menaces. Ils finissent par agir, comme s'ils ne savaient pas, que le vin enivre celui qui le boit, et de même l'homme superbe reste dépouillé de son honneur. (Hababuc)

par Carolyne Wittgenstein née Iwanowska.

Fin

MichelT

Date d'inscription : 06/02/2010

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