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LA ROSE DANS LES LÉGENDES CHRÉTIENNES

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Message par MichelT Lun 12 Avr 2021 - 22:48

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LA ROSE DANS LES LÉGENDES CHRÉTIENNES

Source: La Rose dans l`Antiquité et au Moyen-âge - Charles Joret - 1892

La rose est plus que nule autre flors bele -
Chrestien de Troyes - Roman courtois de chevalerie Cligès - verset 208 - 12 ème siècle


Les deux grands faits, qui ont changé la face du monde au commencement des temps modernes, l'avènement du christianisme et l'invasion des Barbares, font aussi époque dans l'histoire de la rose. Sa culture poussée si loin dans tout l'empire romain dut être, sinon abandonnée complètement, du moins négligée, au milieu des guerres presque continuelles qui le désolèrent. Une autre cause devait lui être fatale ; ce fut le discrédit dans lequel cette fleur charmante, mais profane, tomba auprès des parti chaque jour plus nombreux du christianisme. Une religion, fondée sur la mortification de la chair, ne pouvait manquer de condamner l'usage que les païens faisaient de la rose ; n'était-elle pas d’ailleurs associée aux pratiques d'un culte proscrit, comme aux plaisirs coupables d'une vie condamnée par les nouveaux croyants ? C'est là ce qui explique le dédain dont la reine des fleurs fut tout d'abord l'objet auprès des chrétiens. Mais cette opposition disparut bientôt avec l'abus qui l'avait fait naître et provoquée, et elle fera place à un sentiment où le symbolisme se mêlera avec je ne sais quoi de mystique et de respectueux chez les nations chrétiennes de l'Occident.

Les ordres religieux contribuèrent pour une large part à cette diffusion de la rose. Au milieu des ruines dont l'invasion des Barbares couvrit le sol de l'Empire romain, le clergé recueillit les débris de la civilisation antique, et les monastères, qui s'élevèrent peu à peu dans toute l'Europe chrétienne, lui servirent d'asile et de refuge. Construits le plus souvent dans des sites, qui témoignaient, chez leurs fondateurs, d'un véritable sentiment des beautés de la nature, on v trouvait toujours, à côté de spacieux bâtiments, un jardin destiné aux besoins du couvent; s'il renfermait avant tout des légumes, qui servaient à la nourriture des cénobites, des arbres qui leur donnaient des fruits et de l'ombre, avec des herbes aromatiques ou médicinales cultivées pour les remèdes qu'elles fournissaient, on y trouvait aussi quelques fleurs destinées — l'expression est d'Albert le Grand (Allemagne – Bavière – 13 eme siècle) — au plaisir des yeux et de l'odorat, ainsi qu'à parer les autels aux jours de fêtes ; comment parmi celles-ci aurait-on oublié le lys et la rose, que leur signification symbolique associait si naturellement au culte chrétien? C'est ainsi que ces fleurs, d'origine orientale, pénétrèrent, au moyen âge, dans tout l'ouest et le nord, comme à l'époque romaine, elles avaient pénétré dans le sud de l'Europe ; déjà au temps d'Aldhelm elles paraissent avoir été connues en Angleterre.

Note : Aldhelm est un religieux anglo-saxon né vers 640 et mort en 709 ou 710. Originaire du Wessex, il dirige l'abbaye de Malmesbury, en Angleterre puis devient le premier évêque de Sherborne vers 705.


Les Scarabées - le coeur de mon pays

Elles le seront bientôt aussi en Allemagne. Du jardin des monastères la rose et le lys ne tardèrent pas à pénétrer dans celui des burgs et des châteaux des grands. Dans leur admiration pour la civilisation romaine, les rois mérovingiens ne pouvaient manquer d'en imiter le luxe; celui des jardins ne leur fut pas étranger. Fortunat ( France au 6 eme siècle) a chanté le jardin de la reine Ultrogothe, veuve de Childebert, « où l'air, dit-il, est embaumé du parfum des roses du Paradis ». Les soucis de la guerre et le soin de leur grandeur laissèrent peu de loisirs aux premiers Carolingiens pour s'intéresser à la culture des jardins; mais bientôt les choses changèrent. Charlemagne, qui, dans ses expéditions en Italie, avait puisé le goût des constructions somptueuses, y puisa aussi, il semble, celui des jardins ; ils embellirent, dit-on sa résidence d'Aix-la-Chapelle (Allemagne actuelle); toutes les métairies impériales en possédèrent.

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Jardin de Roses

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Lys blanc


Chanson anglaise du 16 siècle - Pastime with good company - Passer du temps en bonne compagnie - par Ensemble Obsidienne

Dans un de ses capitulaires, le grand empereur Charlemagne n'a pas dédaigné d'énumérer les espèces végétales qu'on y devait cultiver ; à côté des plantes potagères et médicinales, ainsi que des arbres fruitiers dont la place y était marquée d'avance, il eut le soin de recommander d'y mettre des lys et des roses. Il s'agit évidemment ici, quoi qu'en ait dit Schleiden, de la rose à cent feuilles ; tous les historiens de la botanique, depuis Sprengel jusqu'à Ernst Meyer, sont unanimes sur ce point : comment supposer que Charlemagne aurait pu, ainsi que le prétend l'auteur de La Rose, recommander de planter dans les jardins de ses villas l'églantier, qui croît au bord de tous les chemins, et dans toutes les haies de l'Allemagne et de la France? Non, c'est bien la rose cultivée, — la cent feuilles —, qu'il avait en vue dans ses prescriptions, la même qu'à cette époque également, Alcuin célébrait comme l'ornement, avec le lys, de l'humble jardin de sa cellule mais qui était loin, ainsi que le montre l'inventaire dressé, en l`an 812, par l'ordre du monarque franc, de se trouver dans tous ceux des résidences impériales. C'est encore évidemment la rose cultivée ou à cent feuilles que Walafrid Strabus a chantée, au 9eme siècle, dans son Hortulus comme la « fleur des fleurs ». Cette qualification ne peut guère convenir qu'à cette espèce, et le sens mystique qu'il lui attribue empêche de voir dans ses vers, comme on l'a prétendu, un simple pastiche ou une amplification des louanges données à la rose par les poètes de l'antiquité.

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La Rose a cent feuilles

On ne peut douter non plus que ce ne soit bien la rose double que l'auteur anonyme d'une traduction de la Genèse en vieil allemand, faite aux 10 ème siècle, place, avant tout autres plantes, avec le lys, dans le Paradis terrestre, dont il a fait un jardin semblable à ceux qu'on voyait dans tous les couvents de l'époque. L'éloge que Macer Floridus fait de la rose, dans son traité des « Vertus des simples »; ce qu'il dit de ses propriétés curatives ne peut s'appliquer aussi qu'à l'espèce cultivée. Il en est de même de la rose, dont l'abbesse de Saint-Rupert près de Bingen, Hildegarde, (Hildegarde de Bingen) a décrit au 12 ème siècle, dans son livre Des Plantes, les propriétés médicinales. Hildegarde ne parle pas par oui-dire, mais en connaissance de cause ; c'est la religieuse habituée à préparer des remèdes qu'on entend ici ; on ne peut mettre en doute dès lors qu'elle n'ait réellement connu, sinon même cultivé, les roses dont elle indique l'emploi et les vertus; et cette circonstance qu'elle traite aussitôt après des propriétés du lys montre encore que dans la première de ces deux plantes, il ne peut être question pour la pieuse et docte abbesse que de la rose à cent feuilles, inséparable depuis si longtemps du lys dans la culture des jardins, comme dans la poésie.

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La Rose a cent feuilles

Tous les auteurs du moyen âge, qui se sont occupés d'horticulture, ont parlé de ces deux fleurs. Dans l’énumération que l'un des plus anciens, Alexandre Neckam, a faite des plantes que devait, suivant lui, renfermer un jardin plus idéal, il est vrai, que réel, et que Thomas Wright a eu le tort de regarder comme le modèle d'un verger anglais au 12 ème siècle, — on y voit des arbres tels que le citronnier et le dattier, qui n'ont jamais pu être cultivés dans un parterre de la Grande-Bretagne, — le religieux anglais a, lui aussi, mis au premier rang des rares fleurs qu'il connaissait, les roses et les lys, auxquels il a joint la violette et, chose singulière, la fabuleuse mandragore, ainsi que la pivoine qu'il paraît ranger parmi les herbes aromatiques.

Jean de Garlande, au siècle suivant, avait aussi, dans son jardin, qui semble avoir été celui d'un bourgeois de Paris, à cette époque, des roses et des lys, ainsi que des violettes. C'étaient là les principales et presque les seules fleurs d'agrément cultivées de son temps. Albert le Grand n'en mentionne guère davantage. On ne s'occupait à peu près alors que de la culture des plantes aromatiques et potagères avec celle de quelques arbres fruitiers. Alexandre Neckam en a donné une liste assez longue, Albert le Grand a suivi son exemple ; mais il a fait plus ; il nous a laissé une description précieuse — je pourrais dire scientifique — du jardin, tel qu'on le comprenait et qu'il existait alors. L'horticulture avait fait bien des progrès depuis les premiers siècles du moyen âge ; les expéditions en Orient avaient révélé l'existence d'espèces végétales, jusque-là inconnues dans l'Occident, et dont quelques-unes y furent importées ; Thibault IV, comte de Champagne, en particulier, rapporta, dit-on, de Syrie la rose de Provins cultivée jusqu'en ces dernières années dans cette ville et aux environs. Ce ne fut pas là sans doute un fait isolé. Le sentiment croissant de la nature dont témoignent les œuvres des poètes contemporains, comme le bien-être grandissant, ne pouvaient que développer le goût des jardins. Chaque demeure seigneuriale et, bientôt, chaque habitation bourgeoise en possédèrent un, comme chaque monastère.

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La Rose de Provins

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Violettes

C'est dans le « verger » féodal que se déroulent le plus souvent les scènes héroïques ou gracieuses décrites par les poètes. Les assemblées les plus graves s'y tenaient, comme les réunions les plus gaies et les plus joyeuses. Le jardin occupait dans la vie tout entière une place trop grande pour que les écrivains du moyen âge n'aient point songé à le faire connaître. Albert le Grand n'y a pas manqué. Le savant allemand a consacré un chapitre de son traité des végétaux à la « plantation du verger. »

Il comprendra d'abord, dit-il, un gazon d'une herbe fine, soigneusement sarclé et foulé aux pieds, vrai tapis de verdure, dont rien ne doit dépasser l'uniforme surface. A l'une de ses extrémités, du côté du midi, se dresseront des arbres : poiriers, pommiers, grenadiers, lauriers, cyprès et autres de ce genre, où s'enlaceront des vignes, dont le feuillage protégera en quelque sorte le gazon et fournira une ombre agréable et fraîche. Derrière le gazon, on plantera en quantité des herbes aromatiques et médicinales, par exemple la rue, la sauge, le basilic, dont le parfum viendra réjouir l'odorat, puis des fleurs, telles que la violette, l'ancolie, le lys, la rose, l'iris et d'autres semblables, qui par leur diversité charment la vue et excitent l'admiration. Enfin, à l'extrémité du gazon, dans l'espace réservé aux fleurs, Albert le Grand recommandait de relever le terrain de manière à y former un siège verdoyant et « fleuri », où l'on pourrait venir s'asseoir et se reposer doucement l'esprit.

Tel était, d'après le célèbre dominicain , le verger ou jardin d'agrément du moyen âge. Qu'on le restreigne a l'espace planté d'herbes aromatiques et de fleurs, en y joignant quelques légumes, oignons, poireaux, ail, bettes, melons, concombres et autres, et l'on aura le jardin- d'un bourgeois du 13 ème siècle, comme celui de Jean de Garlande, comme l'était encore à peu près, à la fin du siècle suivant, celui de l'auteur du Ménagier de Paris — lequel, outre les quelques fleurs déjà mentionnées, cultivait aussi la lavande et la giroflée, plantes inconnues avant lui, mais qu'on trouve désormais dans tous les jardins. Qu'on agrandisse, au contraire, ce verger, qu'une fausse poterne y conduise de la demeure seigneuriale, qu'on l'entoure d'une enceinte de murs, qu'un parc peuplé d`animaux et où retentit le chant des oiseaux, s'y joigne à l'occasion, enfin qu'une source limpide l'arrose, et l'on aura « l'enclos » attenant à tout château féodal, avec ses arbres fruitiers, ses bosquets et ses quelques fleurs, en particulier les roses et les lis, tel que nous le décrivent les poèmes chevaleresques .

Albert le Grand n'a pas seulement le mérite de nous avoir fait connaître le verger du moyen âge, avec ses herbes et ses fleurs; le premier écrivain de cette époque, il nous a laissé, dans son traité des Plantes  une description complète et exacte dans ses traits généraux des roses qu'on y cultivait ; le premier il les a nettement distinguées des roses sauvages. Après quelques renseignements sur la nature du rosier, son port et ses dimensions, Albert ajoute : « On donne le nom de rose à sa fleur ; cette fleur est renfermée dans un calice à cinq sépales verdâtres ; quand il s'ouvre, apparaît une corolle composée d'un grand nombre de pétales, si c'est une rose des jardins, en particulier la rose blanche, qui a souvent jusqu'à cinquante ou soixante pétales, tandis que la rose sauvage n'en compte que cinq. »

Quelle est cette rose sauvage ou « champêtre » que le dominicain allemand oppose d'une manière si expresse a la « rose des jardins » ? A-t-il connu de l'une ou de l'autre plusieurs espèces ou variétés ? Albert a été frappé, et cela était naturel, par le grand nombre de pétales de la rose cultivée à fleurs blanches ; il revient à deux reprises sur ce caractère. Il a été également frappé par les dimensions qu'acquiert le rosier qui la porte : « C'est un arbre, dit-il , dont le tronc atteint parfois la grosseur du bras ; il est très rameux et les branches en sont touffues, mais longues et minces. » Quant à la rose à fleurs purpurines, Albert n'en parle qu'indirectement, en paraissant dire qu'elle a moins de pétales que la rose blanche et il se borne à remarquer, comme en passant, que sa fleur d'abord verte devient rouge à la fin. Il n'y a là rien, on le voit, qui permette d'en déterminer l'espèce. Il peut se faire qu'il s'agisse de la R. gallica, comme de la centifolia. Pour la rose à fleurs blanches on serait tenté de l'identifier avec la R. alba de Linné; mais il est impossible de rien affirmer.

Ceci n'a d'ailleurs qu'un intérêt secondaire ; ce qui importe, c'est que la rose double, Albert le Grand nous l'apprend, était cultivée en Allemagne au 13 eme siècle, et qu'elle y produisait les fleurs les plus belles. Le fait sans doute n'était pas nouveau ; Albert ne le donne pas non plus comme récent ; mais il est intéressant de le trouver aussi incontestablement, quoique si tardivement, constaté. Ce qui n'offre pas moins d'intérêt, c'est que le savant encyclopédiste distingue nettement,  plusieurs espèces de roses sauvages. Dans la « rose champêtre » opposée par lui, a cause du nombre de ses pétales, à la rose des jardins ou cultivée, Cari Jessen a reconnu, avec toute raison, je le crois, la « rose des champs » — Rosa arvensis de Linné.

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Rosa arvensis

Cette tige unique  culmus unus —, qui se dresse au milieu de la fleur, paraît bien désigner les styles soudés en colonne de cette espèce, que le pollen vient, au moment de la fécondation, recouvrir d'une poussière jaunâtre — respersio crocea. — Le fruit arrondi de cet églantier est bien aussi celui de la Rosa arvensis. Mais Albert le Grand connaissait encore deux espèces de roses sauvages auxquelles il ne donne pas, il est vrai, le nom de rose, — il les appelle l'une bédégar, l'autre tribulus, — et qu'il a, on ne sait trop pourquoi, dans un chapitre à part, décrites comme des épines et séparées de la rose des jardins, à laquelle il a, au contraire, réuni la rose des champs, quoiqu'elle ne lui ressemble pas davantage. Il ne lui est pas échappé néanmoins tout ce qui les rapprochait, au moins la première, de la « rose champêtre» et de la rose des jardins. « La rose, disait-il, en commençant la description de cette dernière, est un arbre ou un arbrisseau, pourvu de nombreuses épines, tout comme le bédégar, auquel elle ressemble d'ailleurs par la forme de ses feuilles. Mais les épines de la rose sont plus faibles et ses feuilles plus larges que celles du bédégar. Et en parlant du fruit de la rose champêtre, Albert remarquait1 qu'il était « fait comme celui du bédégar, seulement qu'il était plus arrondi ».

Le savant encyclopédiste avait insisté déjà, dans sa description du bédégar, sur la ressemblance de cet arbrisseau et du rosier. « Ses feuilles, remarque-t-il , ainsi que la fleur et le fruit ressemblent à ceux du rosier, mais la fleur est plus petite. » Et il ajoute: Les feuilles exhalent, surtout au printemps et quand elles sont fraîches, une odeur vineuse. Ce dernier caractère ne permet pas de se méprendre sur la nature du bédégar ; par ce nom Albert le Grand désigne évidemment le rosier odorant ou rouillé — la R. rubiginosa de Linné, la Weinrose des Allemands, la sweet briar des Anglais, — arbuste auquel, par une confusion étrange, il a attribué le mot arabe, qui désigne, nous l'avons vu, l'espèce de galle produite sur l'églantier par la piqûre d'un ichneumon, le Cynips rosae. Il n'est pas plus difficile d'identifier l'espèce de rosier sauvage auquel Albert a assez singulièrement donné le nom de tribulus, mot qui sert d'ordinaire à désigner la macre ou châtaigne d'eau.

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Rose rubiginosa - Weinrose ou sweet briar rose

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Macre ou châtaigne d'eau.

C'est, dit-il une autre espèce d'épine, plus robuste que le bédégar, mais qui lui ressemble par la forme de ses feuilles et de ses épines ; sa fleur aussi est plus grande. Quant à son fruit il est plus allongé que celui du bédégar ou de la rose. Mais sous le rapport de la couleur et des graines, les fruits de la rose, du bédégar et du tribulus — pourquoi n'a-t-il pas ajouté de la rose champêtre? — sont entièrement semblables. Albert, tout en disant, erreur assez peu explicable, que le tribulus n'est pas vraiment de la nature de la rose, ajoute néanmoins qu'on lui donne parfois le nom de rose sauvage -. On se serait attendu à ce qu'il eût dit « rose de chien », — Rosa canina, — car c'est évidemment de cette espèce si commune qu'il s'agit ici. Malgré ce qu'il y a d'incomplet et d'inexact dans les descriptions d'Albert le Grand, elles témoignent, le fait est incontestable, d'une observation personnelle de la nature. C'est un spectacle curieux de voir le dominicain du 13 ème siècle, devançant le botanistes modernes, s'appuyer, pour distinguer les différentes espèces de roses, sur la forme du fruit.

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Rosa canina

Ce qui est vrai, c'est que depuis le 13 ème siècle le culture de la rose paraît avoir pris une extension considérable dans toute l'Europe romane et germanique. C'était la conséquence naturelle de l'usage de plus en plus grand qu'on faisait alors de cette fleur et de ses produits. En Italie il en est déjà question, au commencement de ce siècle, dans une espèce de tournois donné à Trévise, et cent ans plus tard on se servait même dans la Péninsule, Pierre de Crescence en fait foi, des rosiers à fleurs blanches pour faire des clôtures ; Boccace parle aussi, à plusieurs reprises, de rosiers blancs et vermeils, qui, avec les jasmins, bordent les allées des jardins, et à chaque instant il fait mention de roses dans ses ouvrages.

En Espagne la culture de ces fleurs continua d'être l'objet de soins assidus après l'expulsion des Arabes, qui l'avaient poussée si loin. Nicolas Monardès parle de nombreuses variétés de roses qu'on rencontrait dans la Péninsule ; il cite en particulier celles de Tolède comme surpassant toutes les autres en éclat et en parfum. En France l'impulsion donnée à l'agronomie et à l'horticulture par Charles V ne fut pas arrêtée par les troubles qui suivirent ce règne réparateur. Depuis lors la culture des roses prit la plus grande extension. Sauvai rapporte que Charles VI fit, en 1398, planter dans le jardin du Champ-au-Plâtre, à l'hôtel de Saint-Pol, trois cents gerbes de rosiers blancs et rouges, avec trois cents oignons de lis, autant d'oignons de flambes (iris) et huit lauriers. En 1432, dit-il encore, le duc de Bedford fit de même planter dans le jardin de l'hôtel des Tournelles « une infinité de rosiers blancs. » Le roi René de Provence, qui joignait à des goûts chevaleresques celui de la culture des fleurs », rivalisa avec eux.

Dans les jardins de ses châteaux d'Aix, d'Angers, de Baugé, des Ponts-de-Cé, on voyait, dit son historien, avec des arbres fruitiers  des plantes variées, spécialement des rosiers, et Bourdigné a été jusqu'à attribuer à ce prince le mérite peu probable d'ailleurs d'avoir le premier importé dans l'Anjou les roses de Provins. Les relations de nos rois avec l'Italie à la fin du 15 eme et au commencement du 16 eme siècle contribuèrent à développer, en même temps que l'amour des constructions luxueuses, le culte des jardins ; les enluminures des Heures de la reine Anne ne sont pas seulement un monument unique de l'art contemporain, mais encore un témoignage manifeste de la passion croissante qu'on avait alors pour les fleurs, en particulier pour les roses. Partout les plantations de rosiers vont se multipliant, partout se répand la culture de ces fleurs aimées. Les femmes surtout aimaient à s'y livrer, goût que leurs maris étaient d'ailleurs loin de contrarier : Sachiez, dit à sa femme un bourgeois de Paris, de la fin du 14 eme siècle, que je ne prends pas desplaisir, mais plaisir, en ce que vous aurez a labourer rosiers, a garder violettes et a faire chapeaulx. Et au 16 eme siècle Louis Vivès recommandait encore aux jeunes filles la culture de ces mêmes fleurs.

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Anne de Bretagne  - 15 ème siècle

Il serait intéressant de connaître quels furent, au moyen âge, les principaux centres de culture de la rose ; malheureusement on ne trouve que bien peu de renseignements à cet égard dans les écrivains du temps, et l'on a encore à peine songé à recueillir dans les Archives ceux qu'elles pourraient fournir. Les historiens de Provins, MM. F. Bourquelot et Opoix, ont omis de dire ce que fut autrefois la culture de cette fleur dans cette ville, où elle a dû avoir tant d'importance, et ils ne parlent des produits de la rose et du présent qu'on en faisait aux rois à leur passage par Provins qu'à partir du 16 ème siècle. Que Provins ait été depuis une époque reculée un lieu de culture renommé par ses roses, le fait est incontestable ; mais bientôt Paris rivalisa avec lui. Un document, dont je dois la connaissance à une bienveillante communication de M. Siméon Luce, nous apprend qu'à la fin du 15 eme siècle on achetait également les roses dont on avait besoin à Paris et à Provins. C'est ainsi que, sur l'ordre de Louis XI, qui se trouvait alors à La Mothe d'Esgry, dans l'Orléanais, deux messagers furent envoyés en même temps dans ces deux villes « querir des rozes et boutons Mais il y avait alors bien d'autres centres de culture de la rose en France. Au Homme près Rouen, elle avait pris déjà au 13 ème siècle assez de développement pour que le curé perçût la dîme sur les rosiers. L'usage si répandu des chapeaux de rose, auxquels les poètes des 13 ème, 14 ème et 15 ème siècles font sans cesse allusion, les fréquentes mentions des redevances qu'on en faisait, montrent que la culture de la rose était générale en France à la fin du moyen âge.

Cette fleur occupe une trop grande place dans la poésie allemande ou néerlandaise contemporaine pour qu'il n'en fût pas de même dans les pays de langue germanique. Depuis Frédéric II, qui en fut le protecteur, l'horticulture avait fait de grands progrès en Allemagne, la faveur dont au siècle suivant elle jouit auprès de Charles IV contribua encore à la développer. Mais le goût des fleurs ne fut pas le privilège des princes et des grands ; les riches marchands de la Souabe et de la Bavière, ainsi que de la vallée du Rhin, le partagèrent de bonne heure ; les jardins des villes d'Augsbourg, Ulm, Nuremberg, Bâle, Cologne, furent célèbres à la fin du moyen âge; on y voyait les plantes les plus diverses, mais surtout des rosiers ; les roses d'Ulm furent renommées de bonne heure, et le nom de rose de Batavie ou de Hollande, donné à une variété de la centfeuilles, témoigne de l'importance que vers l'époque de la Renaissance prit aux Pays-Bas la culture de cette fleur. Dans toute l'Europe centrale il n'y aura pas désormais de jardin, si humble soit-il, qui n'ait quelques rosiers. Même spectacle en Angleterre. Un roman du 13 ème siècle nous apprend que déjà alors les roses y étaient employées comme fleurs d'ornement; un manuscrit du British Museum nous les montre au siècle suivant cultivées, non seulement pour l'agrément, mais encore pour servir à la distillation ainsi que cela se faisait d'ailleurs en France. Ainsi qu'en France et en Allemagne aussi, depuis la fin du moyen âge les roses se multiplient en Angleterre : nul pays n'en connaissait un plus grand nombre d'espèces vers la fin du 16 ème siècle.

CHAPITRE III (Extraits)

La rose avait été trop intimement mêlée aux pratiques du paganisme, elle avait joué un rôle trop considérable dans ce que la vie des anciens avait de plus profane, pour n'avoir pas été tout d'abord suspecte au christianisme ; elle fut proscrite aussi par les premiers docteurs de l’Église. Tertullien, en blâmant l'emploi des couronnes condamnait par là même l'usage des roses ; Clément d'Alexandrie proscrivait également l'emploi des couronnes de fleurs, en particulier de roses et de lys, ainsi que l'usage des parfums. Prudence se vante de ne se servir, dans ses repas, ni de roses, ni d'aromates, et il félicite sainte Eulalie d'avoir toujours dédaigné et méprisé les couronnes de roses, aussi bien que les ornements d'ambre et les colliers d'or.

Mais cette opposition prit fin avec le spectacle des excès auxquels la rose avait été associée. Merveille du règne végétal, cette fleur devait bientôt, avec toutes les autres, prendre place dans le culte qu'on rendait au Créateur et aux saints ; les poètes de la religion nouvelle la chantèrent comme l'avaient fait autrefois ceux du paganisme ; le mysticisme chrétien lui attribua une signification symbolique et elle en devint un des emblèmes les plus chers. Parure de la terre, la rose ne pouvait manquer dans le Paradis terrestre ; elle y figure au premier rang avec le lys dans toutes les descriptions que nous en ont données les écrivains du moyen âge. Mais, par une conception qui rappelle une des traditions du Bundehesch, saint Basile et saint Ambroise ont supposé qu'elle était alors sans épines.

Elles n'auraient apparu qu'après la désobéissance d'Adam et d'Eve, fiction qui devait être la source d'innombrables comparaisons. L'un des poètes les plus anciens qui aient décrit le Paradis terrestre, Dracontius, nous montre Adam et Eve se promenant dans ce jardin délicieux « au milieu des fleurs et des vastes bosquets de roses ». Des fleurs de toute nuance et des roses sans épines remplissent les vallées de l'Éden. L'hiver, dit-il ailleurs, y produisait des roses; en plein été s'épanouissaient encore les lys empourprés ; toutes les fleurs y étaient parfumées et jamais l'éclat des violettes à la pudique pâleur ne s'y ternissait. Les lys, chante également Avitus, y brillent sans que le soleil les flétrisse, aucun souffle n'y ternit les violettes et les roses vermeilles y conservent toujours une grâce inaltérable. Dans la description du Paradis que Madoïnus adresse à son ami Théowulf, l'évêque du 8 eme siècle décrit aussi ce séjour de délices et ses ruisseaux au doux murmure tout bordés de fleurs et de roses. Deux siècles plus tard, l'auteur de la traduction allemande de la Genèse, dont j'ai parlé plus haut, place également dans le Paradis terrestre des roses et des lys, ainsi que toutes sortes d'herbes aromatiques. Milton est resté fidèle à cette tradition et il nous montre le berceau fleuri, sous lequel sommeillent Adam et Eve, répandant sur eux « une pluie de roses que renouvelle chaque matin ». Sedulius dépeint également le Paradis et « ses champs remplis de fleurs éternelles , le charme de ses bosquets entretenu par des eaux toujours vives et ses jardins ravissants où les fruits ne manquent jamais ». «C'est un verger immense, dit Saturus dans les Actes de sainte Perpétue, rempli de rosiers et de fleurs de toute espèce ».  - Fin de l`Extrait


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Rose de Rescht


La compagnie Créole - Megamix

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Jardin médiéval

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Jardin Hollandais

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MichelT

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