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Comment va se dérouler la succession de Mgr Aupetit à Paris ?

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Message par Lumen Lun 6 Déc 2021 - 22:17

Comment va se dérouler la succession de Mgr Aupetit à Paris ?

Le pape François a accepté le 2 décembre la démission de l’archevêque de Paris Mgr Aupetit après les révélations du Point, et nommé Mgr Pontier « administrateur apostolique » pour assurer l’interim. Comment la suite va-t-elle se dérouler ? Explications.

Comment va se dérouler la succession de Mgr Aupetit à Paris ? Mgr_aupetit_2
Mgr Aupetit en décembre 2017 dans sa résidence rue Barbet de Jouy,
alors qu'il était nouvel archevêque de Paris. - Guillaume POLI/CIRIC

Publié le 3/12/2021 à 20:05


Une fois la décision tombée, quelle suite pour le diocèse de Paris ? Car rien n’est encore vraiment réglé depuis que le pape a accepté la démission de son archevêque Mgr Aupetit le 2 décembre, prenant de court les fidèles autant que le clergé par la rapidité de sa décision. Le prélat français avait remis sa charge entre les mains de l’évêque de Rome après la publication d’une enquête à charge publiée par Le Point le 22 novembre.


Un administrateur apostolique pendant plusieurs mois

Pour l’heure, le Saint-Siège a nommé Mgr Georges Pontier, archevêque émérite de Marseille, « administrateur apostolique » pour assurer l’intérim. C’est habituellement ce qui se produit lorsqu’un siège est vacant, ou même qu’un évêque est dans une situation de quasi-incapacité de gouverner en raison d’une crise (comme à Lyon au moment de l’affaire Preynat, où Mgr Dubost est venu aux côtés du cardinal Barbarin en octobre 2019, avant que le pape n’accepte sa démission puis qu’il ne soit acquitté par la justice). Représentant de Rome dans le diocèse, l’administrateur apostolique est souvent un évêque émérite (c’est-à-dire ayant dépassé l’âge de la retraite de 75 ans), qui peut être connu pour sa capacité à apaiser les situations de crise. Mgr Pontier avait lui-même été administrateur apostolique à Avignon entre janvier et juin 2021, après la démission de Mgr Cattenoz ayant atteint l’âge limite et dans un climat de fortes tensions au sein du diocèse.

Pendant combien de temps Mgr Pontier devrait-il assurer cette transition avec le successeur de Michel Aupetit ? « En général, un administrateur reste quelques mois mais cela peut très bien durer plus d’un an. Etant donné que le départ de Mgr Aupetit n’était pas prévu et que le choix d’un archevêque de Paris exige une certaine réflexion étant donné l'importance stratégique de ce diocèse, il est possible que la vacance soit longue », suppose le révérend Père Bruno Gonçalves, maître de conférences à la Faculté de droit canonique de Paris et fin connaisseur du sujet.



Une procédure de nomination très rigoureuse

La nomination du nouvel archevêque de Paris impliquera en effet une enquête minutieuse. Comme pour toute nomination épiscopale, cette enquête sera diligentée par le nonce apostolique. Il pourra piocher des candidats aussi bien parmi les évêques déjà en poste dans d’autres diocèses, que dans les listes secrètes que les évêques des différentes provinces ecclésiastiques lui adressent tous les trois ans des prêtres qu’ils estiment aptes à assumer la charge épiscopale. « Dans l’histoire, le diocèse de Paris a très souvent été pourvu par des clercs qui étaient déjà évêques, voire originaires du diocèse de Paris pour les trois derniers archevêques, analyse le père Gonçalves. Cette fois sera peut-être l’occasion d’apporter un renouvellement dans le recrutement, avec une autre figure pastorale venant de province ».

Toujours est-il que de lourdes exigences pèsent sur le potentiel candidat. « Pendant l’enquête, le rôle du nonce est aussi de déterminer la figure pastorale correspondant aux besoins spécifiques du diocèse. Vous n’appliquez pas la même pastorale dans un diocèse ouvrier, urbain, agricole… Pour Paris, outre tout ce que l'on peut attendre d'un évêque qui doit porter l'odeur des brebis, il y a plusieurs autres aspects stratégiques. D’abord ce diocèse est un peu une vitrine pour l’Eglise de France qui nécessite en général des évêques énergiques, innovants, imaginatifs qui donnent de fortes impulsions. C’est aussi un diocèse qui a un statut particulier, dont l’archevêque a une fonction représentative auprès des autorités de l’Etat aux côtés du président de la CEF. Il faut donc un homme qui ait un sens politique et évangélique. Enfin, c’est un diocèse qui vient de connaitre une véritable blessure, qui nécessite un homme de communion et de prière capable de panser les plaies ». Autant de qualités qui pourraient être difficiles à trouver en un seul homme… L’enquête accordera aussi sans doute une importance toute particulière à la probité des candidats et à leur extrême droiture dans ce contexte particulier.

Au terme de l’investigation, le nonce soumet trois noms, la « terna »,  à la Congrégation pour les évêques, à Rome (présidée par le cardinal Marc Ouellet), qui la validera et et la soumettra au pape. « Ce dernier a une entière liberté, il peut choisir parmi les noms de la liste mais peut aussi nommer un candidat "intuitu personae’’, c’est-à-dire entièrement selon son choix personnel. On rapporte que ce fut le cas pour Mgr Jean-Marie Lustiger quand il fut désigné archevêque de Paris », raconte le père Gonçalves. En France, la règle veut que l’Etat ait aussi son mot à dire dans la sélection. Rome transmet le choix du pape au Quai d’Orsay, qui détermine si celui-ci risquerait d’être « objet de trouble à l’ordre public » ou non, précisait à Famille Chrétienne l’abbé Arnaud du Cheyron, auteur d’une thèse sur le sujet. Le nom est ensuite transmis au président de la République, qui émet à son tour un avis non contraignant pour le pape. Une fois le nom définitivement validé, le candidat en est informé et peut librement refuser la charge.



Des rumeurs sur le nom du prochain archevêque de Paris

Qui sera l’élu pour ce poste à haut risque à l’archevêché de Paris ? Dans les couloirs, certains s’avancent à émettre des hypothèses sur les potentiels successeurs de Michel Aupetit. L’actuel président de la conférence des évêques de France et archevêque de Reims, Mgr de Moulins-Beaufort, rompu aux arcanes politiques et jeune – il n’a que 59 ans. Le non moins jeune et habitué du monde politique Mgr Matthieu Rougé, évêque de Nanterre de 55 ans qui connaît bien Mgr Aupetit, l’actuel évêque de Limoges, le dynamique Mgr Pierre-Antoine Bozo. Les noms de trois archevêques trois archevêques français sont aussi évoqués, celui de Rouen Mgr Dominique Lebrun connu pour sa forte poigne et âgé de 64 ans, celui de Marseille Mgr Aveline âgé de 63 ans et habitué des relations avec les hommes politiques ou le polytechnicien Mgr Luc Ravel, archevêque de Strasbourg. Deux membres de la communauté de l’Emmanuel attirent enfin certains regards, l’évêque du Mans Mgr Yves le Saux, 60 ans, et l’évêque de Chartres, Mgr Philippe Christory. Un nouveau nom, parfaitement inattendu, peut aussi sortir du chapeau.



Camille Lecuit
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Date d'inscription : 09/11/2021
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