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Saint Jean de la Croix, le saint de l’Incarnation. + Vidéo - Film

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Message par Lumen Mer 15 Déc 2021 - 19:21

Saint Jean de la Croix, le saint de l’Incarnation

Docteur de l’Église, le carme espagnol est fêté le 14 décembre, à dix jours de la Nativité. Esquisse d’une spiritualité ancrée dans le mystère de l’Incarnation.



Publié le 14/12/2021 à 07:50


Devant la crèche, l’Enfant Jésus au creux de ses bras, il danse. Il danse de joie dans le cloître du carmel de Grenade. En ce jour de Noël, il laisse éclater son allégresse, lui d’ordinaire si réservé. Face au grand amour de Dieu qui prend chair de notre chair, Juan de Yepes Àlvarez, en religion Jean de la Croix, se consume à son tour.

Une anecdote particulièrement savoureuse, tant sont rares les détails de sa biographie. Dans ses écrits, le carme parle peu de lui-même, à la différence de sainte Thérèse d’Avila, qu’il seconda dans la réforme de son ordre. On trouve chez le pape Jean-Paul II des mots très justes à son sujet : « Théologien et mystique, il fit du mystère trinitaire et des mystères du Verbe incarné l’axe de la vie spirituelle et le chant de sa poésie », écrit-il en 1990, à l’occasion du IVe centenaire de la mort du saint espagnol. Ces mystères divins, il les médite et les chante ainsi le surnomme-t-on parfois le « rossignol du Carmel ». Jean de la Croix était un « amoureux de Dieu », insiste encore Jean-Paul II. « Il Le portait dans son cœur et sur ses lèvres, parce qu’Il était son véritable trésor, son monde le plus réel. »

Un seul et même désir traverse les œuvres de Jean de la Croix : l’union avec Dieu. Un Dieu qui a tout dit en son Fils. Ce désir anime ses poèmes, ses lettres, ses avis spirituels et ses quatre grands traités que sont La Montée du Carmel, La Nuit obscure, Le Cantique spirituel et La Vive Flamme d’amour. « Le Verbe Fils de Dieu est caché, avec le Père et le Saint-Esprit, dans l’être intime de l’âme », écrit le carme dans son Cantique spirituel. « Réjouis-toi et jubile avec Lui en ton recueillement intérieur, puisque tu L’as si près de toi. »



Le manque de Dieu

Comment le saint perçoit-il le mystère de l’Incarnation ? « Il l’évoque comme les épousailles de Dieu avec l’humanité », précise le Frère Didier-Marie Golay, prieur du couvent carme de Lisieux. « La Création devient l’épouse du Verbe de Dieu, lorsque Jésus prend chair dans le sein de la Vierge Marie. » Depuis son monastère de Toulouse, le Frère prieur Jean-Gabriel Rueg appuie : « Saint Jean de la Croix est le saint de l’Incarnation par excellence, dans la mesure où pour lui, il n’est d’union à Dieu possible pour l’âme sans la foi, et donc sans la source de la foi qu’est l’Incarnation du Verbe de Dieu. Dieu se fait l’un de nous pour que nous puissions être unis à Lui. Le Salut n’est possible que par la grâce de la venue de Dieu en notre chair. »

Ce désir de s’unir à Dieu, cette soif de Le connaître, Jean de la Croix l’explique ainsi : l’âme manque infiniment de son Créateur. « Il médite longuement sur ce manque de Dieu, qui a aimé l’âme en premier », détaille Alain Cugno, philosophe et enseignant au Centre Sèvres, auteur de deux ouvrages sur le saint espagnol (1). « L’âme s’aperçoit qu’elle est aimée, mais aussi, en même temps, que le Bien-Aimé a disparu. » L’âme cherche Dieu qui, dans son amour infini, la cherche bien davantage. « Plus Dieu veut donner, plus Il fait désirer, jusqu’à faire en nous le vide complet, pour nous remplir de ses biens », écrivait le saint dans une lettre en 1589.



« C’est un vrai guide spirituel »

Saint Jean de la Croix peut-il être un guide spirituel ? Quelle résonance trouvent ses écrits ? « C’est un penseur immense, acquiesce Alain Cugno. Le commentaire de ses œuvres n’est pas facile, mais son langage n’est pas daté. C’est un vrai guide spirituel. En le lisant, on remarque combien sa pensée est originale et inépuisable. » Le Frère Didier-Marie Golay rappelle quant à lui sa grande expérience d’accompagnement spirituel auprès de prêtres, de religieuses et de laïcs. « Après leur rédaction, ses poèmes se diffusent auprès de ses Frères et Sœurs du Carmel, qui lui demandent alors de les leur expliquer, ajoute le prieur de Lisieux. C’est ainsi qu’il écrit ses grands traités, tels des commentaires qui déploient sa pensée. Il y met à distance son expérience et sa personne. C’est tout le contraire dans sa poésie et ses lettres, qui témoignent de sa sensibilité et de sa grande humanité. » C’est dans ces derniers textes que le saint carme donne des conseils, parfois concrets et adaptés à des moments précis de la vie spirituelle. « Ne rien faire, ne rien dire, que le Christ ne puisse dire ou faire s’Il se trouvait dans la situation où je suis, s’Il avait la santé que j’ai », conseille-t-il par exemple dans Les Degrés de perfection. « Le Verbe s’est incarné, Il a épousé l’humanité, reprend le Frère Didier-Marie. Jean de la Croix encourage chacun d’entre nous à entrer dans cette alliance. » « Ô âmes créées pour ces grandeurs, âmes appelées à en vivre, que faites-vous ? À quoi vous occupez-vous ? », interpelle ainsi Le Cantique spirituel.

Davantage encore que sa prose, l’œuvre poétique de saint Jean de la Croix est toute entière saisie par son élan d’amour pour le Christ. Ses poèmes, chants ou romances, figurent parmi les joyaux de la langue espagnole. Quelle force contient ce millier de vers ? « Sa poésie a une place extraordinairement importante, car le poème contient la doctrine que le religieux veut déployer, estime Alain Cugno. Il se dit lui-même dépassé par la poésie, ne sachant pas jusqu’au bout ce qu’elle signifie. C’est en cela que la poésie peut être une voie privilégiée d’accès au mystère divin. » À son époque, une activité d’échanges littéraires régnait entre les couvents carmes. Il semblerait que Jean de la Croix était un fin connaisseur de la poésie de son temps. Selon le Frère Didier-Marie Golay, « ce langage permet de dire l’indicible ». « Jean de la Croix affirme d’ailleurs clairement que les mots seront difficiles pour commenter la beauté de la poésie. » Qu’il n’a pas la prétention d’en expliquer toute l’étendue du sens. « Le saint explique que la poésie est le meilleur langage qui puisse exprimer ce que l’âme goûte dans l’expérience mystique, appuie le Frère Jean-Gabriel Rueg. Ce qu’il appelle la théologie mystique enseignée par l’amour même de Dieu, qui nous fait l’aimer «sans le comprendre ». »

C’est durant sa mise au secret par les Frères de l’ordre au couvent de Tolède (de décembre 1577 à août 1578), que Jean de la Croix se met à écrire. Durant le temps de l’Avent et de Noël, il compose les romances. « Seigneur, envoyez donc Celui que vous devez envoyer [...]. Ô nuées du ciel, répandez-vous en rosée, la terre Le réclame. » Des prières pour nourrir, aujourd’hui, l’attente de la naissance du Sauveur. Moment béni où le Verbe se fait chair, où se laisse entrevoir, entre l’âme et son Dieu, la beauté de la rencontre.



(1) Son dernier livre : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], Albin Michel.


Noémie Bertin
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