À La Bénisson-Dieu, un éco-hameau chrétien fondé par des familles
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À La Bénisson-Dieu, un éco-hameau chrétien fondé par des familles
À La Bénisson-Dieu, un éco-hameau chrétien fondé par des familles
Dans cette petite commune de la Loire de 400 habitants, des familles se sont regroupées pour former un éco-hameau chrétien. Inspirées de l’encyclique Laudato si, elles sont animées par le désir d’unifier leur vie.
Dans cette petite commune de la Loire de 400 habitants, des familles se sont regroupées pour former un éco-hameau chrétien. Inspirées de l’encyclique Laudato si, elles sont animées par le désir d’unifier leur vie.
Publié le 2/01/2020 à 12:09
On sait que l’on arrive au village de La Bénisson-Dieu lorsqu’on aperçoit le singulier clocher en tuiles polychromes vernissées de l’ancienne abbaye cistercienne édifiée en son centre. Celle-ci est entourée de pâturages, dans un écrin de verdure calme et préservé, et ses lignes sobres et majestueuses taillées dans le blond calcaire invitent à la contemplation. Nul doute que saint Bernard de Clairvaux, découvrant ce hameau, avait été visionnaire en s’écriant : « Ce lieu est la bénédiction de Dieu ! » Tout ce qui l’entoure semble rayonner de la beauté divine. Il fallait bien un tel havre de paix, au nom si évocateur, pour établir une communauté chrétienne célébrant la Création. Vie rythmée au son de l’angélus, chants d’oiseaux, rires d’enfants et bruits de sabots, quelques foyers, dispersés dans le village pour mieux s’y intégrer, sont venus s’y installer pour retrouver une vie sobre, conviviale et spirituelle. C’est avec charité et hospitalité que Famille Chrétienne a été accueillie pour vivre, le temps d’un week-end d’automne, la vie d’apparence intrigante, mais pour le moins ordinaire, de ces familles.
Une petite visite ?
- L’éco-hameau accueille ceux qui le souhaitent en visite. Discussions, rencontres, prières, participation à la vie communautaire : c’est ce que peuvent partager les visiteurs en court séjour. Pour ceux qui disposent de moins de temps, l’éco-hameau les accueille le dernier dimanche de chaque mois pour un repas partagé. Échanges, enseignements, promenades et jeux sont au programme de ces « dimanches Cana ».
Leur choix vient d’abord d’une prise de conscience de l’incohérence de nos modes de vie contemporains. Des problèmes de santé liés à une alimentation industrielle, des vies remplies mais vides de sens, et un sentiment de solitude dans l’agitation citadine. Il y a quelques années, à l’été 2016, Blandine et François, Odile et Antoine, Stéphanie et Pierre-Alban, trois couples de trentenaires amis, ont décidé d’adopter un mode de vie alternatif. « Nous ne voulions pas un changement cosmétique de surface », explique François, président de l’association de l’éco-hameau de La Bénisson-Dieu, « mais une conversion saine et sainte de notre manière d’habiter le monde ». Rapidement, ils sont rejoints par d’autres foyers, aujourd’hui au nombre de neuf. Marianne Durano et Gaultier Bès, corédacteurs du livre Nos limites et figures du mouvement Les Veilleurs, sont de ceux-là. Arrivé cet été, Gaultier partage avec les autres membres de la communauté ce « besoin de se retirer du monde consumériste pour vivre pleinement [s]a vie de chrétien ». Comme les autres, il cherche à « fuir l’éclatement de nos vies et à redécouvrir notre existence », loin des dispersions, des distractions et des tentations de la vie moderne.
« Quelle est la vie bonne ? Cette vie est-elle bonne pour nos enfants ? » Ce sont ces questions qui ont conduit les pas de Gaultier et Marianne aux portes de l’éco-hameau. Des questions philosophiques qu’ils se sont posées. Et ce n’est pas un hasard si presque tous sont professeurs de lettres, agrégés de philosophie, normaliens ou institutrice Montessori. La trentaine, surdiplômés, issus de milieux urbains froids et goudronnés, ils sont en quête de sens. Ici, décrit Elsa, arrivée cet été, « il y a une émulation intellectuelle, le terrain est favorable au charisme ». Tous aspirent à une vie plus unifiée et plus cohérente. Convaincu que « tout est lié », chacun nourrit le désir de retrouver la vie de village, la solidarité, le labeur et le lien à la terre. « Depuis un mois, raconte Marianne, je redécouvre l’Angélus et une vie rythmée par le son des cloches. » Comme d’autres, elle a ressenti « le besoin d’apprendre à vivre les saisons, à faire quelque chose de [s]es dix doigts ».
Malgré ce désir de simplifier leur vie et l’immensité des choses à faire au quotidien, la réalité est parfois plus complexe pour les habitants de l’éco-hameau. « La transition n’est pas facile, admet François, je passe ma vie à apprendre ce que je devrais déjà savoir. » Tout est à déconstruire pour être rebâti plus sainement, et les obstacles sont nombreux : administratifs, budgétaires, ecclésiastiques. « On peut faire un burn-out de l’éco-hameau, glisse-t-il, cette vie idéale sera pour nos enfants, mais pas encore pour nous ».
La transition n’est pas facile, je passe ma vie à apprendre ce que je devrais déjà savoir.
François, président de l'association de l'éco-hameau
Une véritable école de vie
Le jour se lève à la Bénisson-Dieu. Ce matin, au petit-déjeuner, tisane de fenouil, pain maison et miel local. Sous le velux par lequel s’introduit un rayon de soleil, Marianne allaite paisiblement le petit Aurélien. Comme Lazare, bébé d’une autre famille tout juste installée, il vit ses premiers jours dans l’éco-hameau. Habillé d’un pantalon en laine mérinos et d’un gilet tricoté par sa mère, il ne connaît pas les couches jetables et le lait en poudre. Pour ses frères, Félix et Noé, le programme de la journée s’annonce joyeux : promenade à vélo avec les autres enfants du hameau, cueillette de champignons, Kapla et jeux de ballon. Ici, pas de publicité ni de magasin sur leur chemin. Pour Marianne, tout est plus simple, son nouveau cadre de vie a « une échelle qui fait qu’assez vite on est entourés de visages familiers ». Amis, ces enfants sont aussi camarades de classe à l’école de Saint-Nicolas de Briennon qui vient de rouvrir ses portes grâce au financement participatif lancé par l’éco-hameau. Pour s’y rendre, il faut grimper dans la calèche tirée par Scoubidou, un cheval de trait. Là-bas, on enseigne à ces enfants la pédagogie et la catéchèse de Maria Montessori. Le matin a lieu la classe, explique Virginie, directrice de l’école et habitante de l’éco-hameau, « chaque après-midi est ensuite pris en charge par une maman ». Activités manuelles, questions philosophiques autour d’une histoire, découverte de la faune et la flore, c’est une véritable école de la vie.
Un village, pas une communauté
« L’éco-hameau, reconnaît son président, François, n’a rien inventé de nouveau. » Il s’agit ni plus ni moins du retour à une vie de village comme l’ont connue nos aïeuls. « Mais ce n’est pas un retour en arrière, insiste Gaultier, car on bénéficie des accommodements technologiques de la vie moderne. » Téléphone portable, voiture partagée, l’empreinte carbone n’est pas nulle, mais le lien à la terre et aux autres est cultivé. Aude-Reine et Régis, la cinquantaine, ont quitté travail et vie sociale parisienne pour reprendre le domaine viticole de La Bénisson-Dieu. « On était des produits hors-sol, racontent-ils, on a voulu prendre de la hauteur, retrouver une harmonie perdue. » Devenir viticulteurs, c’était plus facile à annoncer que partir élever des chèvres dans le Larzac. « Le vin est facteur de lien, insiste Régis, c’est plus léger. » À l’approche de la retraite, il découvre la vie à la campagne. « On n’a jamais autant bossé qu’ici, reconnaît-il, mais on sait pourquoi on travaille. » Comme pour les cisterciens fondateurs de l’abbaye de La Bénisson-Dieu, la prière, la terre et le labeur sont les valeurs cardinales de l’éco-hameau. « Si le Christ a choisi le pain et le vin, ce n’est pas un hasard, lâche Régis tout sourire, le pain nourrit et le vin réjouit. »
Un discernement s'impose
Il est des initiatives qui inspirent et portent du fruit. Pour autant, tout le monde n’est pas disposé à ce mode de vie. Avant de rejoindre un éco-hameau ou de créer le sien, un temps de discernement s’impose. C’est cette étape que vivent Foucauld et Pauline, jeunes mariés, de passage à La Bénisson-Dieu. Lui, ébéniste, et elle, kinésithérapeute, exercent tous deux un métier qu’il est possible de transposer en zone rurale. Leur premier pas a été de quitter la vie parisienne pour une petite ville de banlieue, plus verte et isolée. Premiers hivers, premiers étés, le test est validé. Ils peuvent légitimement se projeter vers d’autres horizons. « On ne veut pas idéaliser une vie à la campagne, explique Foucauld, mais ce qu’on sait c’est qu’on veut commencer avec d’autres. » Ils ont alors entrepris un tour de France des éco-hameaux et autres oasis du mouvement Colibris, fondé par Pierre Rabhi. L’Arche du Gwenves en Bretagne, Goshen en Côte-d’Or, ou encore la communauté Sainte-Angèle-Mérici, à Poissy aux portes de Paris. Les initiatives sont nombreuses et les profils qui y habitent, distincts. Ici, on privilégie l’intimité et la famille sur le bien commun. Ailleurs, il fallait renoncer à ses biens matériels et vivre en communauté. Visiter ces lieux de vie, rencontrer leurs membres, échanger sur leurs objectifs de vie, y passer un long séjour, voilà les étapes cruciales d’un bon discernement. Il faut naturellement être vigilant sur les limites de ce modèle. Mais il faut aussi être attentif à ses propres limites. « Le risque », met en garde Damien, le chantre de La Bénisson-Dieu, « c’est de rêver et croire qu’on peut refaire le monde. »
Gabrielle de Loynes
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Lumen- Date d'inscription : 09/11/2021
Localisation : France
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