Le motu proprio ne s’applique pas à la Fraternité Saint Pierre, annonce le pape

par Lumen Lun 21 Fév 2022 - 20:38

Le motu proprio ne s’applique pas à la Fraternité Saint Pierre, annonce le pape

Un décret du pape François daté du 11 février réaffirme le droit pour la Fraternité Saint Pierre de célébrer la messe et tous les sacrements selon le rite tridentin. Sept mois après le motu proprio Traditionis custodes, cette disposition pourrait s’étendre aux autres communautés ex Ecclesia Dei.

Le motu proprio ne s’applique pas à la Fraternité Saint Pierre, annonce le pape Fssp_1

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Conformément aux statuts accordés en 1988, les prêtres de la Fraternité sacerdotale Saint Pierre pourront continuer d'utiliser les livres liturgiques anciens. - Séminaire Saint-Pierre Wigratzbad

Publié le 21/02/2022 à 09:00

L’horizon s’éclaircit pour la Fraternité sacerdotale Saint Pierre (FSSP). Les restrictions qui semblaient peser sur les membres de cette communauté attachée au rite tridentin depuis le motu proprio Traditionis custodes ne les concernent pas, leur a indiqué le pape François. Dans un décret du 11 février 2022 signé de sa main, le Saint Père, confirmant les dispositions qui leur avait été accordées lors de la fondation de leur institut en 1988, accorde en effet à tous les prêtres de cette Fraternité « la permission de célébrer le sacrifice de la messe, le rituel des sacrements et autres rites sacrés, ainsi que la récitation de l’office divin selon les éditions typiques des livres liturgiques en vigueur en 1962, à savoir le Missel, le Rituel, le Pontifical et le Bréviaire Romain ». Le document précise qu’ils peuvent « user de ces facultés dans leurs propres églises ou oratoires ». En dehors de ces lieux, ces prérogatives sont en revanche soumises à l’approbation de l’ordinaire du lieu, ce qui était déjà le cas pour toutes les communautés dites « Ecclesia Dei » depuis 1988. Le Saint Père demande en outre à la Fraternité Saint Pierre de mener, « dans la mesure du possible », une réflexion sur les dispositions du motu proprio Traditionis custodes.

Le pape touché par l'origine de la Fraternité Saint Pierre

Cette décision fait suite à une audience privée de près d’une heure accordée par le pape François le 4 février dernier aux abbés Benoît Paul-Joseph, Supérieur du District de France de la FSSP, et Vincent Ribeton, Recteur du Séminaire Saint-Pierre de Wigratzbad. Ce dernier souhaitait notamment connaitre le sort des 90 séminaristes dont il assure la formation depuis qu’une note de la Congrégation pour le culte divin du 18 décembre, précisant les modalités d’application du motu proprio Traditionis custodes, a interdit les ordinations dans la forme tridentine.

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Le pape François a reçu en audience privée le 4 février dernier les abbés Benoît Paul-Joseph, Supérieur du District de France de la FSSP, et Vincent Ribeton, Recteur du Séminaire Saint-Pierre de Wigratzbad.

« Au cours de cet entretien très paternel, le Saint Père nous a demandé de lui expliquer les difficultés auxquelles nous pouvions être confrontés. Il nous a ensuite affirmé que le motu proprio Traditionis custodes n’était pas à notre intention puisque nous étions membres d’une communauté fondée spécifiquement pour l’utilisation des livres liturgiques anciens et que nous conservions donc le droit qui nous avait été donné », indique à Famille Chrétienne l’abbé Paul-Joseph. A noter que le pape François aurait été très touché par l’histoire de la Fraternité Saint Pierre, à savoir l’acte fondateur de prêtres qui ont quitté la Fraternité Saint Pie X afin d’exprimer au pape de l’époque, Jean-Paul II, leur volonté de rester attachés au successeur de Pierre tout en continuant de célébrer la messe selon la liturgie latine antérieure.

Les ordinations autorisées dans le rite ancien

L’abbé Paul-Joseph a également demandé au pape François si le fait de ne pas célébrer selon les nouveaux livres liturgiques lui posait un problème. « Il nous a répondu "non", faisant valoir notre charisme propre », certifie l’ecclésiastique tout en précisant que son institut ne remettait pas en cause la légitimité du missel de Paul VI et vivait son charisme « sans esprit de division ». Le Saint Père a par ailleurs assuré qu’il était « évident » pour lui que les séminaristes de la Fraternité Saint Pierre pourraient recevoir les ordres selon le rite ancien. Les deux abbés sont sortis de cet entretien « rassurés de savoir par la bouche du pape que nous avons notre place dans l’Eglise tels que nous sommes et que la mission qui nous a été confiée à notre création en 1988 perdure. »

Avec ce décret, Rome réaffirme donc le principe canonique selon lequel la loi universelle ne déroge pas au droit particulier. C’est d’ailleurs cette interprétation du droit qu’avaient fait valoir les instituts ex Ecclesia Dei depuis la parution du motu proprio Traditionis Custodes en juillet 2021 afin de poursuivre leurs apostolats au service de l’Eglise.

Et les autres communautés traditionnelles ?

Plusieurs questions demeurent toutefois. Ces dispositions prises à l’égard de la Fraternité Saint Pierre seront-elles étendues aux membres des autres communautés ex Ecclesia Dei ? Si, comme l’affirme l’abbé Paul-Joseph, le pape François les a clairement évoquées au cours de leur entretien, le décret du 11 février, lui, n’a été rédigé qu’à l’intention de la Fraternité Saint Pierre. L’autre question concerne les évêques : ce décret va-t-il convaincre les plus réticents à poursuivre leur collaboration avec les communautés tradis ? Un décret devant apporter des précisions sur ce fameux motu proprio et annoncé pour le courant du mois de mars apportera peut-être une réponse à ces interrogations.

Élisabeth Caillemer
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