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Défenseurs et opposants au motu proprio Traditionis Custodes débattent sur KTO

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Défenseurs et opposants au motu proprio Traditionis Custodes débattent sur KTO Empty Défenseurs et opposants au motu proprio Traditionis Custodes débattent sur KTO

Message par Lumen Jeu 27 Jan 2022 - 13:04

Défenseurs et opposants au motu proprio Traditionis Custodes débattent sur KTO

Plusieurs représentants de l’Eglise et des communautés « tradis » débattaient le 21 janvier autour du motu proprio Traditionis custodes sur KTO. Partageant leurs frustrations et leurs incompréhensions respectives, ils ont évoqué quelques pistes de sortie de crise.




Publié le 25/01/2022 à 10:34


Une discussion à la fois franche et apaisée sur le Motu proprio Traditionis Custodes. KTO en a fait le pari en invitant plusieurs représentants de l’Eglise dans son émission « Sans langue de buis », le 21 janvier dernier, pour aborder ce texte qui a déchaîné bien des passions et des incompréhensions depuis juillet dernier.

Sur le plateau, toutes les parties avaient donc voix au chapitre. Un tel débat n’avait pas encore vraiment été organisé publiquement depuis la publication du motu proprio en juillet, même si à l’échelle des diocèses certaines initiatives de dialogue avaient été prises. Les invités étaient Mgr Dominique Lebrun, archevêque de Rouen et délégué de la CEF pour le dialogue avec les communautés traditionnelles, le frère Henry Donneaud, o.p., professeur de théologie et régent de la province de Toulouse chargé de la communauté « tradi » des dominicaines du Saint-Esprit, Christophe Geffroy, directeur du magazine La Nef, Hervé Rolland, vice-président de Notre-Dame de Chrétienté, l'Abbé Guillaume de Tanoüarn, prêtre co-fondateur de l'Institut du Bon Pasteur, et Pauline Debay, de l'association La Voie romaine.


« Quel mal font les tradis ? »

Hervé Rolland s’est fait le porte-voix des quelques 14 000 pèlerins du pélé de Chartres de Notre-Dame de Chrétienté, attachés à la messe traditionnelle, et qui viennent tous vers lui avec cette question : « quel mal faisons-nous ? » Et Mgr Lebrun de lui répondre, d’abord un peu brusquement : « Si vous ne trouvez pas, il faut chercher ! » Avant d’entrer plus en profondeur dans le dialogue et les causes de crispation du Motu proprio.

« Le pape n’a pas dit tout le bien que vous faites. De fait, c’est clair, l’écriture est dure. Je le dis et je l’assume, car je lui ai dit personnellement, fin octobre. Reste la question. Quand vous dites que vous participez à toutes les activités de l’Eglise, ça, ce n’est pas vrai factuellement », a pointé l’évêque de Rouen. Et de citer au fil de l’émission quelques exemples, notamment le refus de la concélébration, de l’appel décisif (inscription du nom du futur baptisé dans les registres de l’Eglise), ou de célébrer la messe en forme ordinaire. Lui-même a vécu comme une « grande violence » le refus de trois prêtres « tradis » d’aller célébrer la messe dans des villages en forme ordinaire dans son ancien diocèse de Saint-Etienne.


Une politique floue de Rome pendant des années

« Rome n’a jamais eu de politique très claire à l’égard du monde traditionaliste », regrette pour sa part Christophe Geffroy de La Nef. Le Saint-Siège n’a pas su « saisir que ce monde était une richesse pour l’église. […] Et prendre en compte cette minorité, cela voulait dire aussi l’encadrer, la former, comme Rome a fait pour le mouvement charismatique. » Un regret partagé par le frère Henry Donneaud, responsable de la communauté tradi des dominicaines du Saint-Esprit. « Depuis 2007, nous avons vécu cette période comme une espèce de cohabitation sans faire l’effort de nous connaître mutuellement. […] ce qui n’a pas permis de se rendre compte des vrais problèmes, de voir que certains traditionalistes étaient tout à fait d’accord avec Vatican II et que d’autres ne l’étaient pas. Grace au motu proprio du pape François, cela va nous obliger à nous écouter mutuellement. » Ce dominicain est « convaincu et sait très bien que le pape François n’a rien contre les traditionnalistes en général ». Pour lui, la « véritable question » pour le souverain pontife est « l’acceptation profonde du Concile Vatican II ».

L’abbé Guillaume de Tanoüarn, représentant l’institut du Bon pasteur dont il est le cofondateur, a redit en ce sens son attachement au concile et à la légitimité de la messe Paul VI, contrairement à l’autre cofondateur l’abbé Laguerrie les ayant fermement rejetés dans une interview au Présent la semaine passée. « Vous avez raison d’insister sur la légitimité du rite nouveau, et je pense que beaucoup de traditionalistes ont été très légers dans leur appréciation de ce rite nouveau voulu par les papes. Mais au lieu de condamner tout le monde », le pape n’aurait dû punir que les « mauvais élèves », a-t-il souligné en reprenant l’expression du frère dominicain.


Question épineuse de l’ordination des prêtres tradis

Pour l’abbé de Tanoüarn comme pour les autres défenseurs de la messe tridentine, l’un des véritables problèmes est le refus de la célébration des sacrements et notamment l’ordination selon la forme extraordinaire. « Le fait de nous priver d’une ordination selon notre rite traditionel est une attaque directe contre notre rite propre » et « ne laisse pas beaucoup d’avenir ».

Bien que certains profonds désaccords persistent, tous les intervenants ont appelé de leurs vœux la poursuite d’un dialogue, au sein des diocèses mais aussi « entre les autorités romaines et les responsables des instituts Ecclesia dei », a souligné Christophe Geffroy. Pauline Debay a rappelé que l’association La Voie Romaine apporterait à Rome à travers un pèlerinage de mères de prêtres, plus d'un millier de lettres écrites par tous les catholiques attachés à la messe tridentine, pour témoigner au pape de « toutes les richesses qui se vivent dans les familles au cœur de ces deux rites » qui se complètent, notamment aux yeux des jeunes. Il faut aussi engager un dialogue « avec les théologiens de la forme ordinaire et de la forme extraordinaire », a déclaré le frère Henry Donneaud, qui est déjà à la manœuvre pour rendre une telle discussion possible.




Camille Lecuit
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