A Lyon, sur les pas de la BIENHEUREUSE PAULINE JARICOT + Ses OEUVRES + VIDEO DIRECT DE LA BÉATIFICATION

par Lumen Mer 18 Mai 2022 - 22:37

A Lyon, sur les pas de la bienheureuse Pauline Jaricot

Au lendemain de la Révolution française, la foi intense et bouillonnante de
la Lyonnaise Pauline Jaricot, béatifiée ce 22 mai, laissa un héritage spirituel abondant. Reportage.

Peu connue du grand public, la Lyonnaise Pauline Jaricot est souvent réduite aux initiatives concrètes qu’elle prit ou inspira. Sa béatification, le 22 mai, dans la capitale des Gaules, permettra-t-elle de redécouvrir en profondeur cette personnalité atypique, soucieuse de la détresse ouvrière, soutien des congrégations missionnaires, apôtre du Rosaire et surtout grande mystique ? Si la lecture de L’amour infini dans la divine eucharistie qu’elle rédigea à vingt-trois ans (tout récemment réédité1) suffit à faire prendre conscience de l’intensité de sa foi, le contact avec les lieux qu’elle sillonna soixante-deux années durant permet de mieux appréhender à quel point sa vie fut entièrement donnée à Dieu.

Le sermon qui fait basculer Pauline

Fourvière, au sommet de la colline. A 100 mètres du funiculaire d’où déboulent les touristes, la chapelle de la Vierge fondée au XIIe siècle jouxte la grande basilique consacrée en 1896. Les murs du petit édifice plongé dans le silence sont couverts d’ex-votos, et de plaques rappelant le passage de Don Bosco, la fondation de la Société des Missions africaines par Mgr de Marion-Brésillac, la visite de Sainte Thérèse de Lisieux… « Pauline Marie Jaricot, indique l’une d’elles, fondatrice de la Propagation de la foi et du Rosaire vivant, vint souvent prier [ici]. Elle y fit vœu de chasteté perpétuelle le 25 décembre 1816 ». Née le 22 juillet 1799 - cinq mois avant la prise du pouvoir par Bonaparte – la jeune Lyonnaise, qui avait alors dix-sept ans, aimait ce lieu et elle y vint souvent.

« Comme pour beaucoup de Lyonnais, Fourvière était un endroit important pour elle », raconte Manuelle-Anne Renault-Langlois, chargée des expositions au Musée de Fourvière voisin, dans les salles duquel la nouvelle bienheureuse est mise à l’honneur du 20 mai au 15 août (2). « Elle y est venue tout au long de sa vie soit supplier la Vierge soit remercier Dieu, par exemple lorsqu’elle a été miraculeusement guérie en 1835 en allant prier Sainte Philomène en Italie. Et c’est là qu’après un fameux sermon à l’église Saint Nizier en 1816 sur le thème des vanités, elle décida de consacrer sa vie à Dieu. » Donné par le vicaire de cette église du centre ville de Lyon, l’abbé Würtz, qui deviendra son directeur spirituel, cette homélie bouleverse la jeune fille. « Elle se rend compte, décrit Bernard Berthod, conservateur du Musée de Fourvière, que sa vie de petite-bourgeoise était incompatible avec l’amour de Dieu. C’est à partir de là qu’elle va s’intéresser à la condition ouvrière, et Dieu sait si à Lyon il se trouvait des ouvriers dans une situation difficile. »

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Chambre de Pauline Jaricot à la Maison Lorette dans le 5ème arrondissement de Lyon. Hugo Ribes / Item pour FC

Des parents attentifs aux pauvres

Touchée par la grâce, la jeune fille, pratiquante mais versant depuis quelque temps dans une certaine forme de mondanité, change du tout au tout. Elle passe des heures en prière et abandonne ses riches atours, pour aller vers les plus pauvres, prendre soin d’eux et les évangéliser. « Elle adopte le costume des ouvrières de la soie, la robe en tissu grossier violet, et le petit bonnet blanc, explique Catherine Masson, historienne et auteur d’une biographie de référence (3). Donc physiquement elle leur ressemble. Elle devait être assez avenante, avec une faculté à aller vers elles, à leur parler. » L’origine sociale de ses parents – sa mère était une ouvrière de la soie et son père venait d’une famille de cultivateurs –, leur foi et la place qu’ils ont appris à leurs sept enfants à donner aux plus pauvres facilitent ce rapprochement. « Les parents de Pauline, explique Catherine Masson, avaient la porte et la table ouvertes à toutes les misères qui se présentaient. Les pauvres étaient toujours bien accueillis et ils étaient nombreux dans le quartier de Saint Nizier. »

C’est aussi par les paroisses que Pauline rencontre les ouvrières de la soie. Après avoir vécu 16 rue Tupin, dans le quartier des Cordeliers, où Pauline est née, ses parents s’installent en 1815 au 21 rue Puits-Gaillot, au pied de la Croix-Rousse, la colline travailleuse. De cette nouvelle résidence, deux églises sont équidistantes et elle les fréquente toutes deux : Saint Nizier et Saint Polycarpe. A Saint Nizier, lieu de son baptême, elle reçoit de grandes grâces spirituelles, se recueillant fréquemment dans la chapelle Notre-Dame de Grâce où elle est aujourd’hui enterrée. Elle consignera ses pensées spirituelles dans des cahiers (4). Dans ses prières, raconte Catherine Masson, « elle entend Jésus lui dire : veux-tu vivre et mourir avec moi ? ». A partir de là, elle s’offre en victime, en donnant sa vie et configurant sa vie au Christ Crucifié. Sans être doloriste, elle accueille dans le don d’elle-même la souffrance qu’elle vit et qu’elle rencontre. Celle-ci ira croissante au fil de sa vie. « Elle vit ses épreuves au pied de la Croix, dans la foi. »

Surnommée « la mère des missions »

« Elle est à la fois priante et agissante », affirme Mgr François Duthel, ancien curé de Tassin— où Pauline fit la connaissance du curé d’Ars – et l’un des postulateurs de sa cause de béatification. A Saint Polycarpe, elle lance ainsi ses premières initiatives plus concrètes. « Tout est parti de cette paroisse », assure le curé de cette église située sur les pentes de la Croix-Rousse où est conservé le cœur de Pauline Jaricot. Ayant compris dans ses prières que Jésus souffrait de l’indifférence des hommes, notamment à l’égard de l’Eucharistie, elle y crée avec les ouvrières ses amies les « Réparatrices du cœur de Jésus méconnu et méprisé ». « Notre seule règle, écrira-t-elle en s’adressant à Dieu, était de vous aimer sans mesure, (…) de nous immoler chaque jour suivant les circonstances au profit de votre gloire, de contribuer au salut de nos frères et de réparer ostensiblement les mépris que vous essuyez dans le sacrement de votre amour ». La croix ornée des instruments de la passion était leur signe de ralliement.

A Lyon, sur les pas de la BIENHEUREUSE PAULINE JARICOT + Ses OEUVRES + VIDEO DIRECT DE LA BÉATIFICATION Croix_10

Ce crucifix est placé au dessus du lit de Pauline Jarricot à la Maison Lorette. La Croix ne la quittera
dès lors plus, jusqu’à sa mort en 1862 dans le plus grand dénuement. Hugo Ribes / Item pour FC

C’est sur ses « Réparatrices » qu’à partir de 1818 elle s’appuie pour mener des quêtes pour les Missions étrangères de Paris. Par des amis de son frère Philéas, futur prêtre désireux d’être missionnaire en Chine, elle est informée des difficultés que traverse cette congrégation qui se relève tout juste après la Révolution. Avec ses auxiliaires, elle se lance donc dans la collecte d’un « sou hebdomadaire » pour les missions. Tous les vendredis, elles passent du temps à quémander dans le quartier. Avec le temps, son initiative va se structurer et se développer (par la multiplication des collecteuses, organisées en équipes de dix), jusqu’à donner naissance en 1822 à l’œuvre de la Propagation de la foi. Vouée à un grand succès, finançant de nombreuses œuvres missionnaires, celle-ci deviendra même « pontificale » un siècle plus tard. « Pauline Jaricot est surnommée la mère des missions », explique l’actuel Secrétaire général des Œuvres pontificales missionnaires pour la France, Gaetan Boucharlat de Chazotte, dans leurs bureaux de la rue Sala où elles sont installées depuis la fin du XIXe siècle. Préoccupée à la fois de la mission ad gentes et de ce qui se passe autour d’elle, son but, quoi qu’elle fasse, est d’annoncer le Christ et d’évangéliser. »

Pionnière du catholicisme social

Alors que l’œuvre de la Propagation de la foi a pris son envol, c’est à un autre apostolat qu’elle consacre par la suite la majeure partie de son temps : le Rosaire vivant. Des années durant, le centre de cette initiative qui veut redonner goût à la pratique du Rosaire en en organisant la récitation dans des groupes, sera la « maison de Lorette », en contrebas de Fourvière. Restaurée entre 2002 et 2005, cette maison est aujourd’hui le principal lieu de mémoire lyonnais consacré à Pauline Jaricot. Elle s’y installe en 1833 avec un groupe de laïques, constitué là aussi d’ouvrières, de quelques amies, et d’anciennes infirmières de l’Hôtel Dieu, les Filles de Marie. Elle y restera jusqu’à sa mort. « Cloîtrées dans le monde », ces femmes qui ne forment pas une congrégation religieuse ont une vie de prière exigeante et vaquent le reste du temps à leurs activités. « Ces jeunes femmes allaient en ville s’occuper des personnes dans le besoin, visiter les malades, explique raconte Katy Campagnolo, qui fait visiter les lieux. Elles se rendaient là où régnait la misère, se préoccupent des prostituées. Pauline demandera d’ailleurs à son père de créer une usine de fleurs artificielles pour faire travailler ces filles de Lyon. Elle disait qu’on ne pouvait pas évangéliser quelqu’un qui est dans la misère, qu’il fallait commencer par lui redonner sa dignité. »

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Des années durant, la « maison de Lorette », en contrebas de Fourvière,
sera le coeur de l'initiative du Rosaire Vivant. Hugo Ribes / Item pour FC

C’est la raison pour laquelle Pauline veut soustraire les ouvriers de « l’esclavage d’un travail sans relâche », et leur permettre de mener une vie digne. L’actualité des années 1830, marquées par les deux insurrections des canuts, la conforte dans ce désir. Elle rêve de créer un cadre de travail chrétien, respectueux des personnes. C’est pourquoi lorsqu’on lui propose, en 1845, l’achat d’une usine à Rustrel, près d’Apt, elle voit l’occasion qu’elle attendait de rendre concrets ses projets. Malheureusement, l’expérience sera de courte durée. Ce projet, qui aurait dû continuer à la rendre célèbre, échoue totalement. Mal conseillée, elle est victime d’une escroquerie qui la contraindra à passer la fin de sa vie à tenter d’éponger les sommes investies par ceux qu’elle a convaincus de partager les risques de ce projet. « Dieu jugea bon d’étendre sa main sur moi comme sur Job, écrit-elle en 1856 ; je tombai comme l’homme qui descendant de Jérusalem à Jéricho, entre les mains des voleurs ». « Son idée a échoué donc on l’a complètement oubliée, explique encore Catherine Masson. Elle va resurgir dans les années 1870-1880, avec Léon Harmel au Val des Bois. Or elle la lance dans les années 1830, à un moment où le catholicisme social est encore timide. C’est donc une pionnière. »

En attendant, pour elle, c’est le début d’un long Calvaire. Mais celui-ci n’est pas infécond. « L’échec la fait grandir, souligne Mgr François Duthel. Par lui elle vit une dimension spirituelle importante : l’abandon entre les mains de Dieu. Un peu à l’image du Christ qui dit « Père je remets ma vie entre tes mains ». » Imprévue, cette évolution est une manière pour elle de se rapprocher encore de Dieu. Elle est désormais plus que jamais plongée dans l’expérience du Dieu crucifié, auquel à 17 ans elle avait offert sa vie. La Croix ne la quittera dès lors plus, jusqu’à sa mort en 1862 dans le plus grand dénuement, à l’image du Maître qu’elle s’efforça de suivre toute sa vie.

1. Mame, mai 2022.
2. Exposition « Pauline », Musée de Fourvière, 8 place de Fourvière.
3. Pauline Jaricot, 1799-1862, Cerf, 2019. Version réduite : Pauline Jaricot, laïque et sainte, Cerf, 2022.
4. Ecrits de jeunesse. Père éternel je vous offre…, Lethielleux, 2010.

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Jean-Marie Dumont Saints et témoins , 18/05/2022
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par Lumen Ven 20 Mai 2022 - 22:47

SES OEUVRES

DIRECT DE LA BÉATIFICATION

KTO retransmet en direct la messe de béatification de Pauline Jaricot ce dimanche 22 mai 2022 à 15h, en partenariat avec le diocèse de Lyon.

Fondatrice de l’Œuvre de la Propagation de la foi et du Rosaire Vivant, Pauline Jaricot sera béatifiée lors d’une célébration présidée par le cardinal Luis Antonio Tagle, préfet de la congrégation pour l’évangélisation des peuples, à Eurexpo.

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par Lumen Dim 22 Mai 2022 - 14:09

Le grand jour est arrivé pour les Lyonnais et les missionnaires du monde entier ! Ce dimanche 22 mai, à l’Eurexpo de Lyon, a lieu la messe de béatification de Pauline Jaricot présidée par Mgr Luis Antonio Tagle, préfet de la Congrégation pour l’Évangélisation des peuples, devant 13.000 personnes.
C’est une journée très attendue pour les missionnaires du monde entier, les milliers de membres du Rosaire Vivant et bien sûr les Lyonnais. Ce dimanche 22 mai a lieu la messe de béatification de Pauline Jaricot, femme laïque du XIXe siècle, à l’origine de l’Œuvre de la Propagation de la Foi et du Rosaire vivant.

La messe aura lieu à 15h à l’Eurexpo de Lyon, transformé pour l’occasion en cathédrale, et sera diffusée en direct sur KTO et RCF. Près de 13.000 personnes sont attendues, dont 120 délégations des Œuvres Pontificales missionnaires (OPM) et près de 2.000 étrangers, venant d’Allemagne, de Pologne mais aussi des deux Amériques.

[...]

La ville de Lyon est très attachée à cette “mère de la mission” et il est aisé de marcher sur les pas de Pauline, lorsque l’on visite la ville. Si sa tombe se trouve à l’église Saint-Nizier, son cœur est conservé dans l’église Saint-Polycarpe, connue pour être le berceau de l’œuvre de la Propagation de la Foi. Il est également possible de visiter la Maison de Lorette, où Pauline vécu une partie de sa vie, (elle y meurt, ruinée et abandonnée en 1862), et d’y découvrir plusieurs de ses reliques, un collier de corail qu’elle porte sur ses portraits, mais aussi une croix, offerte par le saint curé d’Ars avec qui elle vécu une longue amitié spirituelle. Les deux saints avaient d’ailleurs une grande dévotion à sainte Philomène, lui attribuant de nombreux miracles.

Dans un message adressé aux Œuvres pontificales missionnaires (OPM) le 16 mai dernier, en vue de ce jour de béatification, le pape François a rendu hommage à Pauline Jaricot . Pour lui, l’histoire de Pauline Jaricot, qui à 23 ans initia la première œuvre des OPM, révèle « le secret de la vie » : « Ce n’est qu’en la donnant qu’on la possède, et ce n’est qu’en la perdant qu’on la retrouve ». Le véritable missionnaire ne centre pas sa vie « sur lui-même mais sur Jésus ». Il invite tous les chrétiens à marcher « dans le sillon tracé par cette grande dame missionnaire », saluant « sa foi concrète, son courage audacieux, sa créativité généreuse ».

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DIRECT DE LA BÉATIFICATION

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