Pie XII et la Shoah : douze réponses sur un « silence » (1/2) et (2/2)
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Pie XII et la Shoah : douze réponses sur un « silence » (1/2) et (2/2)
Pie XII et la Shoah : douze réponses sur un « silence » (1/2)
Au moment où Benoît XVI effectue un voyage en Terre sainte, la polémique sur l’attitude de Pie XII à l’égard des Juifs est plus vive que jamais. Alors que paraissent de nouveaux livres comme celui d’Hubert Wolf, Le Pape et le Diable, aux éditions du CNRS , voici nos réponses à douze questions inévitables puisées chez les meilleurs historiens. Pour raison garder.
Au moment où Benoît XVI effectue un voyage en Terre sainte, la polémique sur l’attitude de Pie XII à l’égard des Juifs est plus vive que jamais. Alors que paraissent de nouveaux livres comme celui d’Hubert Wolf, Le Pape et le Diable, aux éditions du CNRS , voici nos réponses à douze questions inévitables puisées chez les meilleurs historiens. Pour raison garder.
Publié le 6/05/2009 à 10:40
Comment s’est formée la légende noire de Pie XII, celle du « pape silencieux » face à la Shoah ?
Elle s’est formée à partir des années 1960 ; et notamment de la pièce de théâtre de Rolf Hochhuth en 1963, Le Vicaire, qui attaquait Pie XII pour son « inaction » en faveur des Juifs persécutés sous le IIIe Reich, une inaction significative, selon l’auteur, d’une forme de connivence. Un débat qui a rebondi en 1999 avec l'historien John Cornwell, dont le livre, paru en Angleterre, Hitler’s Pope (1), présentait Pie XII sous les traits d’un homme très ambitieux politiquement et insensible à la souffrance des Juifs.
Dans ce livre, Cornwell, qui est un ancien séminariste, rappelait que le pape n’a pas cité nommément les Juifs persécutés durant le fameux message de Noël 1942, où il a protesté contre les exactions hitlériennes en matière de racisme. Il y a vu un « oubli » du sort des populations juives pour lesquelles il n’avait pas de sympathie, prolongeant ainsi la tradition d’un certain antijudaïsme chrétien.
Sur quoi se fondent les arguments accablant Pie XII ?
On lui reproche, en particulier, de ne pas avoir dénoncé le national-socialisme avec autant de force qu’il avait dénoncé le communisme. Et de ne pas avoir stigmatisé nommément l’antijudaïsme nazi. De fait, il est exact que, pour le Vatican, l’ennemi principal, dans les années 1930, était le communisme qui, en URSS, avait démontré sa volonté d’éradiquer la religion chrétienne à travers des persécutions de masse. Ce qui n’était pas le cas du régime national-socialiste, tout au moins à ses débuts.
Nonobstant, Eugenio Pacelli, futur Pie XII, connaissait bien l’Allemagne pour avoir été nonce apostolique en Bavière, puis à Berlin jusqu’en 1930. Il n’ignorait rien des dangers du nazisme et, en particulier, l’idolâtrie de la « race aryenne ». Mais désireux de protéger les catholiques allemands des visées totalitaires du nouveau régime, il a jugé qu’il fallait faire un compromis avec celui-ci, lequel s’exprimera par le Concordat, signé en juillet 1933.
Pie XII connaissait-il la réalité et l’ampleur du génocide ?
Il connaissait partiellement la réalité, mais il n’était pas à même de mesurer l’ampleur d’un massacre de masse, décidé secrètement lors de la conférence de Wannsee, en janvier 1942, durant laquelle Hitler donna vraisemblablement l’ordre à Reinhard Heydrich et Himmler, chef des SS et président du parti nazi, de systématiser l’élimination des Juifs en Europe : ce que nous appelons « la solution finale ».
Pour autant, Pie XII savait que des massacres massifs de Polonais, d’Ukrainiens, de Russes et de Juifs avaient eu lieu à l’Est, notamment lors de la guerre contre la Russie. Mais la notion de Shoah est ici anachronique. À l’époque, il était mal aisé de distinguer entre les victimes juives et non juives de la barbarie nazie, et si Pie XII, en effet, n’a pas cité nommément des victimes juives à l’Est, il ne s’est pas non plus étendu sur les victimes polonaises, pourtant catholiques. De fait, l’ampleur du génocide juif, son organisation spécifique et sa dimension « démente » n’étaient pas, à l’époque, des réalités aisées à percevoir. Ni Churchill, ni De Gaulle, ni Roosevelt n’ont, une seule fois, dans leurs Mémoires, ni dans leurs propos, évoqué cette réalité spécifique. Pourquoi en faire grief à Pie XII ?
Rome a-t-elle toujours condamné le nazisme ?
Sans aucun doute, même si, par ailleurs, le Vatican n’a pas dénoncé en tant que tel l’État national-socialiste, pas plus d’ailleurs que l’État soviétique, dont il combattait pourtant la doctrine. Mais sur les questions idéologiques, il n’y a aucun doute quant à la position invariée de l’Église. Dès les premières manifestations publiques d’Hitler, au lendemain de la Première Guerre mondiale, Eugenio Pacelli, qui représente le Vatican en Allemagne, le considère comme un individu dangereux et le fait savoir à Pie XI.
Par la suite, le Vatican tiendra compte de la position parfois ambivalente des catholiques allemands, dont beaucoup se sont laissés séduire, au moins un temps, par la puissance du national-socialisme, surtout par patriotisme et anticommunisme. Cela n’empêchera pas le Vatican, le 14 février 1934, de mettre à l’index Le Mythe du XXe siècle, de l’idéologue raciste Alfred Rosenberg, qui servit de « bible » au parti hitlérien.
Puis, à travers la fameuse encyclique rédigée par Eugenio Pacelli en 1937, Mit brennender Sorge (Avec une brûlante inquiétude), Pie XI condamne l’idolâtrie de la race et de l’État, tout en considérant comme légitime le droit du peuple allemand à former « une communauté ethnique » fondée sur les valeurs de patrie et de liberté, notamment religieuse.
L’encyclique sera lue, le 21 mars 1937, dans les églises allemandes. Furieux, Hitler ordonna l’arrestation de toute personne trouvée en possession de ce texte. Himmler, à la tête de la SS, intensifia le harcèlement contre les prêtres. En avril 1938, l’excommunication de Hitler est évoquée au Vatican, et lorsque celui-ci viendra à Rome rencontrer Mussolini, Pie XI se retirera à Castel Gandolfo. Lors de sa première encyclique, Summi Pontificatus, publiée le 20 octobre 1939, Pie XII dénoncera la violence faite à la Pologne et s'en prendra à la divinisation de l’État par les régimes totalitaires.
Enfin, lors du fameux discours de Noël 1942, Pacelli, devenu Pie XII, condamne les exactions d’un régime qui promeut « l’extinction progressive » de populations entières, à partir des critères de race et de nationalité. Et le 2 juin 1943, devant le collège des cardinaux, il exprime sa sollicitude envers ceux qui, à cause de leur nationalité et de leur race, sont « livrés à des mesures d’extermination ». Un discours qui sera salué par le New York Times comme une manifestation de résistance à Hitler.
Comment comprendre le Concordat que l’Église allemande a signé avec le régime national-socialiste ?
Le but de ce Concordat, désiré par le Vatican, et auquel Eugenio Pacelli œuvrera, était
de protéger les droits d’une communauté minoritaire qui avait été en butte à la persécution sous Bismarck à la fin du XIXe siècle, à l’époque du Kulturkampf (Combat pour la culture) durant lequel des prêtres furent révoqués, chassés et parfois emprisonnés, sans susciter de solidarité particulière de la part des protestants ou des Juifs allemands. Cette politique d’auto-protection aboutira à la signature de concordats avec la Bavière et la Prusse, puis avec l’Allemagne national-socialiste en 1933, enfin avec l’Autriche et la Yougoslavie en 1935.
Dans le cadre du Concordat signé avec le Reich, il est stipulé que l’État reconnaît et protège les droits de l’Église catholique, dans le domaine de l’éducation et de la Foi, à condition que celle-ci accepte de rester neutre politiquement. S’il est indéniable qu’Hitler en retirera un surcroît de légitimité nationale et internationale, il est faux de prétendre que le Vatican a légitimé le régime national-socialiste, dont les options idéologiques resteront condamnées par Rome.
Quelle vision Hitler avait-il de l’Église catholique ?
Hitler était antichrétien et donc anticatholique, et ce, bien que sa mère fût catholique et qu’il appartînt à une région, la Bavière, marquée par le catholicisme. Comme Bismarck, il estimait que les catholiques, 20 millions d’Allemands, soit près d’un tiers de la population, répartis essentiellement dans le sud et l’ouest de l’Allemagne, formaient une puissance à contrôler et ce, d’autant plus que l’institution devait allégeance à Rome, un pouvoir étranger.
En outre, sa vision messianique du peuple allemand comme nouveau peuple élu était évidemment incompatible avec le christianisme.
Pour autant, Hitler souhaitera, dans un premier temps, ménager l’Église ou, du moins, ne pas la heurter de front, contrairement à des idéologues fanatiquement antichrétiens comme Rosenberg, Himmler, Rudolf Hess, ou encore Reinhard Heydrich, ex-catholique qui considérait les Juifs et l’Église comme les deux ennemis principaux du Reich. Pragmatiste, scientiste, et d’une certaine manière déiste, Hitler voulait avant tout neutraliser la puissance des organisations catholiques qui empêchaient l’instauration d’une hégémonie totale sur la jeunesse.
Quels furent les rapports entre l’Église catholique allemande et le régime nazi ?
Ils furent à la fois conflictuels et ambigus. Le 30 septembre 1930, le vicariat général de Mayence déclare le catholicisme et le national-socialisme incompatibles, et les évêques allemands condamnent ce dernier. Cependant, après le Concordat signé en mars 1933, le cardinal von Faulhaber va rédiger un mémorandum examinant les possibilités de revenir sur les déclarations d’incompatibilité, et le 28 mars 1933, les évêques vont retirer leur condamnation.
Ces positions s’expliquent par une volonté d’apaisement. Ce calcul s’avérera vain.
Dès la fin mars 1933, Baldur von Schirach, chef des Jeunesses hitlériennes, accusa les Jeunesses catholiques de diviser le peuple allemand. Et pendant la Nuit des longs couteaux de juin 1934, Erick Klausener, secrétaire général de l’Action catholique, fut abattu. Progressivement, les relations entre le Reich et l’Église vont se détériorer. Dans son message de Pâques du 19 mars 1935, Clemens von Galen, évêque de Munster, lance une violente attaque contre l’idée d’« âme raciale ». Il fut soutenu par des
milliers de catholiques qui défilèrent pour acclamer leur évêque.
À partir de 1937, et devant la violation patente du Concordat par le régime nazi qui tente d’annihiler les organisations de Jeunesse catholique, l’Église devient un foyer d’opposition majeur, notamment sur la question de l’euthanasie, où les protestations véhémentes de l’évêque von Galen feront reculer Himmler. Les catholiques furent aussi présents dans le mouvement qui aboutit au complot des généraux contre Hitler, menés par le colonel Claus von Stauffenberg en juillet 1944.
Et les Églises protestantes allemandes ?
Les Églises protestantes, qui représentaient environ 40 millions d’Allemands, résistèrent moins bien que les catholiques à l’attraction du national-socialisme, et ce, pour des raisons historiques. Hitler fut perçu par certains d’entre eux comme l’héritier de Luther dans la lutte contre la puissance romaine. Une partie des protestants, regroupés dans le mouvement des chrétiens allemands avec, à leur tête, le pasteur Ludwig Muller â nommé évêque du Reich par Hitler qui souhaitait mettre les Églises évangéliques sous la coupe de l’État â, fit indiscutablement collusion avec un régime qui prétendait « nazifier » le christianisme. Ainsi des pasteurs protestants bénirent-ils des assemblées de SA ou de SS. Pour autant, cette collusion rencontra ses limites.
À partir de 1935, de nombreux pasteurs commencent à critiquer la volonté des nazis de déjudaïser le christianisme. L’évolution du célèbre pasteur Martin Niemuller est ici significative. Après avoir soutenu le régime, il fut arrêté et envoyé au camp de Sachsenhausen, en 1938. Malgré les violences subies, il se solidarisera avec des victimes juives. Et il eut cette formule qui deviendra célèbre : « Ils sont venus arrêter des communistes, je n’ai rien dit parce qu’ils étaient communistes. Lorsqu’ils sont venus arrêter des Juifs, je n’ai rien dit parce qu’ils étaient Juifs. Lorsqu’ils sont venus m’arrêter, il n’y avait plus personne pour me défendre »â¦
La « prudence » du Vatican à l’égard d’Hitler s’explique-t-elle par la volonté de ne pas mettre les catholiques en danger ?
Oui, mais pas seulement les catholiques. Ce que craint le Vatican, c’est une radicalisation de la violence du régime hitlérien. Quand, lors de sa déclaration de Noël 1939, Pie XII s’indigne du sort des Polonais après l’invasion de leur pays par les Allemands, la réaction de ces derniers est si violente que c’est l’Église polonaise elle-même qui demandera au Vatican de ne pas provoquer l’ire des envahisseurs. Idem pour les victimes juives.
En juillet 1942, des évêques hollandais protestent contre la persécution des Juifs dans leur pays ; aussitôt, les nazis se déchaînent et fouillent monastères et couvents, multiplient les rafles contre les Juifs, rafles dont sera victime Édith Stein, intellectuelle juive convertie au catholicisme et qui sera canonisée par Jean-Paul II.
Une béatification controversée
Le pape Benoît XVI a toujours défendu la mémoire de Pie XII, le qualifiant de « cadeau exceptionnel » du Christ pour son Église. Ces dernières années, a-t-il regretté en novembre 2008 à l’occasion du 50e anniversaire de la mort de son prédécesseur, l’attention était « concentrée de manière excessive sur une seule problématique » et « de façon plutôt unilatérale ». Benoît XVI évoquait la controverse sur ses « silences » présumés face à la Shoah.
La polémique fut ravivée à l’occasion du procès en béatification du pape italien. Procès bien entamé puisque depuis le 8 mai 2007, les vertus héroïques d’Eugenio Pacelli, devenu pape en 1939, sous le nom de Pie XII, ont été reconnues.
La décision de signer le décret appartient à Benoît XVI, pape allemand, ce qui, dans le contexte actuel, revêt un poids symbolique lourd.
Une solution de compromis pourrait être trouvée : ce serait d’attendre l’ouverture des archives du pontificat (1939-1958). Ce qui, pour classer 16 millions de feuilles réparties dans plus de 15 000 dossiers, pourrait prendre sept ans. Une éternité.
Pour aller plus loin
- Le Pape et le Diable - Pie XII, le Vatican et Hitler, les révélations des archives du Vatican, par Hubert Wolf, éd. du CNRS, 340 p., 25 euros.
- Histoire du IIIe Reich par Richard Evans, Flammarion.
- Le Pape Pie XI, par Yves Chiron, Perrin.
- "Nous pouvons vivre sans les Juifs", novembre 1941, et Heydrich et la solution finale, par Édouard Husson, Perrin.
- Le IIIe Reich, par François-Georges Dreyfus, Livre de Poche.
- Réédition :
- Pie XII - «Mon privilège fut de le servir», par Pascalina Lehnert, Téqui.
- À paraître :
- Pie XII, le point de vue de l’historien, par Édouard Husson, F.-X. de Guibert.
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Pie XII et la Shoah : douze réponses sur un « silence » (2/2)
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Sur quoi repose la polémique des « archives secrètes » ?
Elle repose sur une forme de soupçon portant sur des documents qui mettraient en évidence des compromissions politiques de l’institution vaticane avec des régimes ou des États totalitaires. On est ici plus près des fantasmagories à la Dan Brown que d’un débat historique. Comme si des dispositions secrètes pouvaient se cacher au Vatican où tout un chacun peut entreprendre des consultations, dès lors qu’il y est habilité pour faire une recherche précise dans son domaine de compétence.
Un procès d’intention d’autant plus absurde que Benoît XVI, comme Jean-Paul II, est partisan d’une mise à jour complète des archives concernant l’époque du IIIe Reich et ce, justement pour mettre un terme aux procès d’intention malveillants. Aujourd’hui, de nombreuses archives restent inpubliées et le débat historique est en partie tributaire des informations qu’elles pourraient contenir.
Pie XII a-t-il œuvré pour sauver des Juifs ?
Le fait est indéniable. En janvier 1939, il écrit aux représentants de l’Église des États-Unis et du Canada pour attirer leur attention sur le sort des savants et des professeurs juifs chassés d’Allemagne et que l’administration américaine refuse de recevoir dans ses universités.
Lors de la promulgation des lois raciales par le régime fasciste en 1943, le Vatican manifestera une opposition frontale à cette politique. « Nous sommes spirituellement des Sémites », avait dit Pie XI pour condamner les dispositions du régime qui, à ses débuts, n’avait pas manifesté d’ostracisme à l’égard des Juifs. Le 26 juin 1943, Radio Vatican avait déclaré : « Quiconque établit une distinction entre les Juifs et les autres hommes est infidèle et se trouve en contradiction avec les Commandements de Dieu ».
À Rome, le Vatican cachera, fin 1943, des centaines de Juifs pourchassés et menacés de déportation, et Pie XII donna vraisemblablement des instructions orales â cela, pour des raisons de sécurité, car le Vatican était espionné par la police italienne â aux organisations catholiques pour qu’elles secourent les Juifs dans les pays de l’Est occupés par les nazis.
En 1958, lors de la mort de Pie XII, la ministre israélienne Golda Meir déclarera que «pendant la décennie de la terreur nazie, quand notre peuple a subi un martyre terrible, la voix du pape s’est élevée pour condamner les persécuteurs ».
De son côté, Pinchas E. Lapide, ancien consul d’Israël à Milan et auteur d’un livre paru en 1967, Rome et les Juifs, déclarera « qu’il ne comprenait pas l’acharnement contre Pie XII qui ne disposait ni de divisions blindées, ni de flotte aérienne, alors que Staline, Roosevelt et Churchill qui en commandaient n’ont jamais voulu s’en servir pour désorganiser le réseau ferroviaire qui menait aux chambres à gaz ».
Il précisera aussi que, selon lui, « le Saint-Siège, les nonces et toute l’Église ont sauvé par leur action de 150 000 à 400 000 Juifs ». Plus tard, il évoquera même le chiffre de 800 000 vies sauvées grâce à l’action des catholiques.
Peut-on dire qu’il existe un procès d’intention à l’égard de l’Église catholique sur cette question ?
Oui, certainement, même si, par ailleurs, l’action de l’Église catholique peut évidemment être critiquée. Ce procès d’intention est implicitement idéologique. De fait, l’Église catholique était, entre les deux guerres, engagée dans la défense de régimes conservateurs, comme celui du général Franco, et c’est aussi cela qui lui est reproché.
Plusieurs historiens ne s’y sont pas trompés. Ainsi de David G. Dalin, universitaire américain, rabbin et auteur d’un livre, Le Pape Pie XII et les Juifs â Le mythe du pape d’Hitler (2), qui s’inscrit catégoriquement en faux contre la thèse de John Cornwell. Dans son livre, il affirme : « Dans le Talmud, il est écrit : âQui sauve une vie sauve le monde entierâ. De ce point de vue, et bien plus que tout autre à son époque, Pie XII a respecté ce principe. Aucun autre pape n’a été plus magnanime avec les Juifs ».
C’est pourquoi David G. Dalin propose que Pie XII soit reconnu comme un « Juste parmi les nations »â¦ une idée néanmoins loin de faire l’unanimité en Israël.
Paul-François Paoli
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