Les sens spirituels cachés du coquelicot

par Lumen Dim 31 Juil 2022 - 21:09

Les sens spirituels cachés du coquelicot

Emblème de la fleur des champs, le coquelicot symbolise la prodigalité de Dieu, mais aussi l’éphémère de la vie terrestre au regard de l’Éternité.

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Dans la famille des fleurs des champs, le coquelicot se repère au premier coup d’œil à sa mine écarlate,
comme la crête-de-coq qui lui a donné son nom. - FLRILEGIUS - BRIDGEMAN IMAGES

Tige maigre et duveteuse, robe rouge vite froissée ou envolée... Dans la famille des fleurs des champs, le coquelicot se repère au premier coup d’œil à sa mine écarlate, comme la crête-de-coq qui lui a donné son nom, parmi les chicorées sauvages, les bleuets, les pissenlits, la saponaire et l’angélique...

Il annonce tout de suite la couleur, dans les champs monochromes ou le terrain vague que l’on croyait voué à la grisaille. Célébré par tous les peintres, il est l’emblème de la fleur naturelle, ces fleurs des champs que Dieu habille et dont l’Évangile nous dit qu’Il en fera encore plus pour nous (Mt 6). Celles que ramassent les petites mains potelées des enfants et qu’en rentrant de promenade, on dépose dans un verre d’eau où elles s’empressent de piquer du nez. Fragile entre toutes les fleurs, le coquelicot ne souffre pas d’être transporté. On ne peut le conserver pour l’offrir en bouquet.

Ce bonheur qui est dans le pré

Fleurissant le matin et se fanant le soir même, il faut le contempler tout de suite, là où il est planté, ici et maintenant. Pour l’homme pressé qui repousse sans cesse la rencontre à une autre fois, ailleurs ou plus tard, il indique la présence réelle, comme la petite lumière rouge qui attend les âmes dans le clair-obscur de l’église. Ce bonheur qui est dans le pré et que nous laissons filer en courant toujours à autre chose, voilà qui symbolise très bien les paradoxes de la vie spirituelle.

Le coquelicot est l’autre fleur de l’amour, celle des comptines et des jeux d’enfants, moins fière que la rose, sans autres épines pour se défendre que sa frugalité. Les noces de coquelicot, célébrées aux huit ans de mariage, sont celles des caps humblement franchis, quand l’amour prend conscience de sa fragilité et du soin qu’il réclame chaque jour que Dieu fait. Les fleurs ont toujours été associées à la fuite du temps et aux saisons de la vie. Elles tirent souvent leur nom du temps liturgique, comme l’hellébore, dite « rose de Noël » ou « de Carême », car elle est une des rares à fleurir en hiver, l’impressionnante fleur de passiflore, dont le calice évoque la passion du Christ. Les pâquerettes, qui annoncent l’arrivée de Pâques, couvrant soudain le vert gazon d’un manteau blanc comme le linge du Ressuscité, l’orchidée du Saint-Esprit, en forme de colombe aux ailes déployées, quand vient la Pentecôte...

Innombrables, comme les étoiles du ciel

Innombrables, comme les étoiles du ciel, increvables, même si le coquelicot est devenu l’emblème de la résistance contre les ravages des pesticides sur les plantes sauvages, les fleurs des champs célèbrent les noces de l’éphémère et de la profusion, la puissance de la vie. Ainsi les boutons d’or qui rampent et poussent n’importe où, quelle que soit la nature de la terre, bonne ou mauvaise, envahie par les ronces, et même sur le chemin ; le pissenlit qui se ressème si bien aux quatre vents, avec ses aigrettes en boule, la mauve qui escalade les murs et les remblais. Elles viennent toutes seules, se ressèment toutes seules et on les retrouve à chaque saison. « Cela dit beaucoup de la fidélité de Dieu. On sait qu’on a rendez-vous, et qu’Il sera là », nous confie Sœur Odile (voir ci-contre), jardinière et Sœur bénédictine de l’abbaye Sainte-Croix à Poitiers, qui nous accompagnera tout l’été pour la composition de cet herbier mystique.

Clotilde Hamon

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