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« L’existence de Dieu peut être prouvée par la raison naturelle grâce à la philosophie »

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Message par Lumen Lun 1 Aoû 2022 - 21:17

« L’existence de Dieu peut être prouvée par la raison naturelle grâce à la philosophie »

Dans le sillage de Dieu, la science, les preuves d’Olivier Bonnassies, le philosophe et théologien Matthieu Lavagna publie Soyez rationnel, devenez catholique ! (Marie de Nazareth). Une défense rationnelle des vérités de foi. Passionnant.

« L’existence de Dieu peut être prouvée par la raison naturelle grâce à la philosophie » Matthieu_lavagna
Le philosophe et théologien Matthieu Lavagna publie Soyez rationnel, devenez catholique !
(Marie de Nazareth) - Capture d'écran YouTube


A qui s’adresse votre livre ?

L’ouvrage s’adresse à trois types de personnes. Aux chrétiens engagés qui cherchent à mieux comprendre leur foi et qui veulent répondre aux objections diverses du scepticisme contemporain. Aux chrétiens « de culture », qui ont reçu une éducation vaguement religieuse, mais qui ont fini par abandonner la foi. Enfin, aux sceptiques ouverts d’esprit et intéressés par toute démarche rationnelle touchant à l’existence de Dieu, voire à la possibilité d’une « vérité religieuse ».

Qu’est-ce que l’apologétique ?

L’apologétique, du grec apologia (ce qui signifie « défense »), est une branche de la théologie chrétienne qui cherche à donner des justifications rationnelles à l’ensemble de la foi chrétienne (en tant que doctrine). Cette science des raisons de croire a surtout pour objet de montrer aux incroyants la vérité de la Révélation chrétienne par le biais d’arguments purement rationnels et de donner aux croyants les ressources pour consolider leur foi, les aidant à sortir des périodes de doute.

Vous évoquez le commencement et le « réglage fin » de l’univers… Sont-ce véritablement des preuves de l’existence de Dieu ou des arguments qui vont dans ce sens ?

Tout dépend de ce qu’on entend par le mot « preuve ». Prise dans son sens large, une preuve désigne un « raisonnement propre à établir solidement la vérité », c’est-à-dire un raisonnement qui permet d’accréditer une thèse et d’infirmer son contraire. Les preuves en mathématiques sont d’une certitude absolue ; les preuves en matière scientifique ou historique sont d’une certitude relative. En philosophie, on parle de preuve lorsqu’il y a un argument logiquement valide et qu’il comporte de vraies prémisses (1). L’Eglise enseigne que l’existence de Dieu peut être prouvée par la raison naturelle grâce à la philosophie. En revanche, rien n’empêche que la science puisse confirmer certaines prémisses dans les arguments philosophiques. En ce qui concerne le commencement de l’univers, je pense que la science vient confirmer ce que la philosophie est capable de démontrer.

En quoi l’existence d’un Univers éternel serait-elle impossible philosophiquement parlant ?

Si l’univers n’a pas commencé d’exister, alors cela implique que le passé est infini. Cela veut dire qu’une infinité d’événements nous ont réellement précédés un à un, avant d’atteindre l’instant présent. Or, ce n’est pas possible car cela reviendrait à dire que l’on aurait traversé un nombre infini d’événements avant d’atteindre aujourd’hui. Mais cette traversée est irréalisable car un processus qui n’a pas de commencement ne peut pas aboutir quelque part. De la même manière que vous ne pouvez pas compter jusqu’à l’infini en partant de l’instant présent, vous ne pouvez pas provenir de « moins l’infini » et finir votre décompte aujourd’hui (une traversée qui ne peut pas se faire dans un sens ne peut pas se faire dans l’autre). C’est un peu comme si on voulait « sauter hors d’un puits sans fond », selon l’expression de Craig. Par conséquent le passé ne peut pas être infini. Le temps lui-même doit donc avoir un commencement.

Le Big Bang, ou « l’atome primitif » dont parlait l’astrophysicien Georges Lemaitre implique-t-il que l’univers a eu un commencement ?

Le Big Bang tend à montrer que l’univers a eu un commencement, du moins d’après le modèle de Friedmann-Lemaitre, qui implique que le temps commence d’exister à ce moment-là. En réalité, on ne sait pas bien ce qui se passe entre l’instant t=0 et le mur de Planck ( 10-43 secondes après le Big Bang). En revanche, ce que l’on peut dire depuis la publication du théorème de Borde Guth Vilenkin (2003), est que tout Univers qui, en moyenne, est en expansion tout au long de son histoire doit avoir un commencement. Si les théoriciens tentaient autrefois d’éviter le commencement absolu en se rabattant sur la période précédant le temps de Planck, ce théorème ne leur laisse plus cette possibilité et impose la nécessité d’un commencement cosmique. Vilenkin admet lui-même : « Avec la preuve maintenant établie, les cosmologistes ne peuvent désormais plus se cacher derrière la possibilité d’un Univers éternel. Il n’y a plus d’issue de secours, ils doivent faire face au problème d’un commencement cosmique. » (2)

Quelles sont les constantes qui régissent l’univers ?

Il y en a une quinzaine environ. Les plus connues sont la constante de Planck, celle de la gravitation, le taux de l’expansion de l’Univers ou encore la constante cosmologique, réglée avec une précision de l’ordre de 1/10120. Pour vous donner une idée, une précision de l’ordre de1/1060, est analogue à la probabilité de lancer une flèche à l’autre bout de l’univers en atteignant une cible de 1 cm 2. Alors imaginez un peu ce qu’une précision de 1/10120  représente ! La probabilité devient totalement hors du pensable ! Il serait irrationnel de penser que ce réglage fin puisse être le fruit du hasard.

Le philosophe Florian Laguens objecte que le fait d’asseoir l’existence de Dieu sur une théorie scientifique est risqué : une théorie scientifique n’est jamais définitive, elle peut être dépassée par une nouvelle théorie.

Laguens a raison de souligner que les preuves de l’existence de Dieu sont d’abord basées sur la philosophie, sur les principes de la raison, avant d’être fondées sur la science. En effet, les principes philosophiques sont immuables, ils ne sont pas liés aux nouvelles découvertes comme l’est la science empirique. En revanche, il y a des avancées de la science qu’on ne peut négliger et sur lesquelles on ne reviendra pas. Par exemple l’ajustement très fin des constantes de l’univers dont nous parlions à l’instant. Il serait donc absurde de se priver de ces découvertes pour raisonner sur l’origine de l’Univers. Ce n’est pas parce que l’on ne peut pas tout prouver par la science qu’il faut en conclure que la science ne sert à rien. Il y a donc deux excès à éviter à mon avis : vouloir tout prouver scientifiquement (scientisme), et écarter complètement la science comme si elle ne pouvait pas être la collaboratrice de la philosophie.

Y a-t-il un risque de confondre science et philosophie avec la méthode que vous utilisez ?

Il faut être extrêmement précis en épistémologie pour bien distinguer ces domaines. Cependant, rien n’empêche une juste collaboration entre eux tant que l’on fait attention à ces distinctions au préalable. Par exemple « Tout ce qui a commencé d’exister a une cause » est une prémisse purement philosophique fondée sur le principe ex nihilo nihil fit (« de rien ne sort rien »). De son côté, la prémisse « l’univers a commencé d’exister » est une prémisse à la fois accessible à la philosophie (réflexions sur les implications d’un passé infini) et à la science (découvertes récentes en cosmologie). Les deux domaines peuvent être utilisés dans un même raisonnement à juste titre, sans mélanger les genres.

Vous abordez l’argument moral de Dostoïevski : « Si Dieu n’existe pas tout est permis ». Ne peut-on pas considérer qu’il y a une loi morale universelle, basée sur la nature humaine (Antigone vs Créon), à laquelle croyaient les Grecs, et qui n’est pas religieuse ?

En effet, il n’y a pas besoin d’une religion révélée pour établir une loi morale universelle. En revanche, je pense que si Dieu n’existe pas, il vous est impossible de fonder une loi morale objective. Après tout, d’un point de vue matérialiste, les êtres humains n’ont rien de spécial par rapport aux animaux. Nous sommes juste des « singes améliorés », des purs accidents et produits de l’évolution biologique. Qui aurait autorité pour nous donner des obligations morales objectives s’il n’y a pas de source transcendante qui est elle-même le fondement ultime du bien ? Comment pourrions-nous avoir des obligations morales objectives, s’il n’y a personne pour nous donner de telles obligations ? Sans Dieu il est difficile d’établir des commandements comme « Tu dois aimer ton prochain, tu dois pardonner, tu dois être généreux, etc. » La question est de savoir d’où vient cette conscience morale que tous les hommes possèdent. Pourrait-elle émaner des atomes ? Il me semble que non. Un monde purement matériel ne peut pas soudainement produire des règles impératives ou des normes absolues auxquelles nous devrions nous conformer. Par conséquent, je pense que Camus et Sartre ont raison lorsqu’ils admettent que leur athéisme est incapable de fonder une morale objective.

L’apologétique est-elle de nature à convertir un non-croyant ?

Non, seul Dieu peut convertir les cœurs. L’apologétique peut juste vous montrer que le christianisme est vrai, mais elle ne peut pas donner la foi. Ce n’est pas parce que vous savez qu’un contenu doctrinal est vrai que vous êtes obligés d’y adhérer avec le cœur. Par exemple, les démons savent très bien que Dieu existe et que le catholicisme est vrai, et pourtant ils refusent d’accepter Jésus comme maitre et Seigneur. L’apologétique ne s’adresse qu’à l’intelligence (et non à la volonté). Or, la conversion suppose la coopération des deux. Par conséquent, l’apologétique ne peut pas convertir les gens « de force ». En revanche, elle est utile dans la mesure où elle enlève les obstacles intellectuels qu’ont les gens vis-à-vis de la foi et qui seraient prêts à y croire « si c’était vrai ».



(1) Exemple : Tous les hommes sont mortels (1ère prémisse), or je suis un homme (2e prémisse), donc je suis mortel.
(2) Alexander Vilenkin, Many Worlds in One: The Search for Other Universes, New York: Hill and Wang, 2006, p. 176.




Charles-Henri d'Andigné
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