La rose, la messagère de l'Amour

par Lumen Mer 10 Aoû - 16:11

La rose, la messagère de l'Amour

Fleur la plus offerte et la plus célèbre, chargée de références mariales, la rose déploie les mystères de la vie en Dieu en ramenant toute chose à l’amour.

La rose, la messagère de l'Amour La_rose_herbier_mystique

« Avant que l’homme ne chute, la rose était née, sans l’épine. » Saint Ambroise
- FLORIGELUS - BRIDGEMAN IMAGES

Dans tous les jardins du monde, il y a un vieux rosier qui a fait du bois, étalant ses tiges hérissées d’épines et couvertes de feuilles jaunies, sur lesquelles tous les enfants de passage se sont écorché les bras, et qui possède l’odieux pouvoir d’attirer à lui les balles de ping-pong. On le garde pour la beauté des roses qu’il donne avec largesse et le délicat parfum qu’elles exhalent... Et aussi pour l’impressionnante hérédité de sa fleur qui fut l’emblème de la mystique en Occident, de l’amour courtois, de la beauté vite fanée ici-bas qu’il faut cueillir dès aujourd’hui et du besoin pressant d’Éternité.

« C’est la reine des fleurs, la plus célèbre, la plus trafiquée aussi », note Sœur Odile qui aime par-dessus tout la simplicité, la finesse extraordinaire de l’églantine, la rose sauvage originelle. « Celle que l’on offre le plus, pas seulement à la Saint-Valentin, pour son message d’amour, mais aussi de tendresse, d’amitié, de convivialité. On ne laisse jamais perdre les rosiers, parce qu’ils ont toujours été donnés par quelqu’un. Chacun est associé à un événement heureux, un anniversaire, une personne, avec laquelle le rosier nous fait garder un lien », remarque-t-elle. Le petit en buisson avec ses roses Pompon qui poudroie dans son coin, le rouge vif qui a embrasé le mur du perron, le pied orangé enlacé au pilier, chacun a été donné pour célébrer quelque chose... Le jardin de l’abbaye abrite le rosier que la sœur de Sœur Odile a reçu pour son départ à la retraite.

La rose qui fait coexister la brutalité de la ronce et la douceur de son soyeux pétale symbolise le lys au milieu des épines et le bon grain mélangé à l’ivraie. Elle figure le monde d’après la chute, la beauté de la Création blessée par le mal, où la souffrance est mêlée à la joie. « Avant que l’homme ne chute, la rose était née, sans l’épine », note saint Ambroise.

Rose mystique, reine du Ciel

Cette rose sans épines, née avant la chute, dans le jardin clos de l’Éden, c’est Marie, la toute belle, la pleine de grâce, conçue sans péché de toute éternité, qui accueille en son sein Dieu fait chair. La nouvelle Ève, celle qui reçoit et non celle qui s’empare du fruit. Rose mystique, reine du Ciel, sa couronne aux doux pétales remplace la couronne d’épines qu’Adam et Ève avaient tressée et que le peuple de Dieu à la nuque raide posa sur la tête de son propre Dieu.

C’est ainsi que les Pères de l’Église ont déployé ce motif de la rose mystique, dont le rosaire tire son nom, invitant les pécheurs à s’accrocher à Marie, celle qui « revenait aux choses mêmes dans son cœur » (Lc 19), car elle est le viatique qui restaure ce qui est déchu et conduit à mieux contempler les mystères de la vie du Christ.
Et, bien sûr, les rosaces des cathédrales, effeuillant ces mystères à la vue des fidèles.

Car la rose en bouton, secrète et close sur elle-même, ouvrant peu à peu ses pétales, pour s’offrir en partage, figure l’éveil spirituel. Sous la conduite de Marie, on comprend que cet éveil est fondé sur l’Amour et l’abandon à Dieu, à la différence du chemin initiatique tracé par les Rose-Croix et toutes les confréries qui ont cherché à en maîtriser le secret. Dans ce domaine, le maître est la Petite Thérèse de Lisieux : « Cette rose effeuillée, c’est la fidèle image/Divin Enfant/Du cœur qui veut pour Toi s’immoler sans partage/À chaque instant [...] »

Clotilde Hamon

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