* Lumières dans la Bible. * : Miséricorde, Fraternité
Page 1 sur 1
* Lumières dans la Bible. * : Miséricorde, Fraternité
Miséricorde
Je suis Sœur Marie Laetitia de la Congrégation Romaine de Saint Dominique.
J’habite en Italie dans la région de Rome, je me consacre actuellement à l’accompagnement spirituel et à la prédication.
Après des années d'enseignement, je me consacre maintenant à l'accomplissement spirituel et à la prédication. Quand Saint Dominique s'adressait à Dieu, il l'appelait "Ma Miséricorde".
Compassion, tendresse, pardon, charité, autant d'expressions de la miséricorde que nous allons découvrir ensemble tout au long de la Bible pendant cette retraite.
Nous nous laisserons emporter par une vague de tendresse et nous écouterons les témoignages d'hommes et de femmes qui au long des siècles ont été fascinés par cette miséricorde.
Bonne retraite !
Nous nous laisserons emporter par une vague de tendresse.
Soeur Marie-Laetitia Youchtchenko
Dernière édition par Lumen le Lun 19 Sep 2022 - 18:49, édité 2 fois (Raison : Vidéo remplacée par ???)
Lumen- Date d'inscription : 09/11/2021
Localisation : France
Re: * Lumières dans la Bible. * : Miséricorde, Fraternité
J'ai vu la misère de mon peuple (Exode 3, 7-10)
Le Seigneur dit : « J’ai vu, oui, j’ai vu la misère de mon peuple qui est en Égypte, et j’ai entendu ses cris sous les coups des surveillants. Oui, je connais ses souffrances. Je suis descendu pour le délivrer de la main des Égyptiens et le faire monter de ce pays vers un beau et vaste pays, vers un pays, ruisselant de lait et de miel, vers le lieu où vivent le Cananéen, le Hittite, l’Amorite, le Perizzite, le Hivvite et le Jébuséen. Maintenant, le cri des fils d’Israël est parvenu jusqu’à moi, et j’ai vu l’oppression que leur font subir les Égyptiens. Maintenant donc, va ! Je t’envoie chez Pharaon : tu feras sortir d’Égypte mon peuple, les fils d’Israël. »
Méditation
Promesse d’amour
La vie est terriblement dure pour les Hébreux en Égypte : travail harassant, humiliations, oppression et jusqu’à l’élimination des nouveau-nés. Ils ont beau crier vers le ciel, ils n’entrevoient aucune amélioration. Ce pays qui les a accueillis les réduit maintenant en servitude. Qui les délivrera du joug de Pharaon ? L’esclavage est-il leur seul horizon d’avenir ? Dieu semble sourd à leurs appels !
Mais non, Dieu n’est pas sourd : il les entend, il se penche, il les voit, il descend. Dieu se laisse toucher et il décide de les délivrer. Car il s’agit de son peuple, celui de la Promesse, celui de la terre donnée à Abraham. Et Dieu est fidèle à sa promesse d’amour. À leur misère répondra sa miséricorde.
Il nous arrive à tous de traverser des périodes difficiles, où nous nous sentons comme écrasés, où tous les horizons semblent bouchés. Nous avons beau prier, rien ne bouge. Nous pouvons même en arriver à nous demander si Dieu ne nous a pas oubliés. Et puis, un jour, lorsque nous avons l’impression de toucher le fond, notre prière devient véritable cri comme dans le psaume : « Des profondeurs je crie vers toi, Seigneur, Seigneur écoute mon appel ! »* Lorsque nous nous rendons vraiment compte que nous ne pouvons rien résoudre tout seuls, notre prière jaillit du plus profond de notre misère. Nous nous en remettons alors entièrement à notre Père du Ciel et à son Fils. Comme des enfants, nous faisons appel à son amour.
Avec sainte Faustine, témoin de la divine miséricorde, nous prions « Jésus, j’ai confiance en toi ». Et nous faisons l’expérience de la miséricorde d’un Dieu qui vient nous rejoindre dans notre souffrance, pour la porter avec nous et pour nous libérer.
* Psaume 129, 1.2.
Lumen- Date d'inscription : 09/11/2021
Localisation : France
Re: * Lumières dans la Bible. * : Miséricorde, Fraternité
J'ai vu la misère de mon peuple (Exode 3, 7-10)
« Vais-je t’abandonner, Éphraïm, et te livrer, Israël ? Vais-je t’abandonner comme Adma, et te rendre comme Seboïm ? Non ! Mon cœur se retourne contre moi ; en même temps, mes entrailles frémissent. Je n’agirai pas selon l’ardeur de ma colère, je ne détruirai plus Israël, car moi, je suis Dieu, et non pas homme : au milieu de vous je suis le Dieu saint, et je ne viens pas pour exterminer. »
Méditation
Un sacré cœur !
Au temps d’Abraham, les villes d’Adma et de Seboïm vivaient dans le désordre et la corruption. Elles n’avaient pas voulu se convertir, et leur rébellion avait causé leur destruction. Quelque mille ans plus tard, Israël subira-t-il le même sort ? Il s’est détourné de Dieu, et selon toute logique, il devrait affronter sa colère. Oui, mais la logique de Dieu n’est pas celle des hommes. « Au milieu de vous je suis le Dieu saint, nous dit-il, et mon amour dépasse tout ce que vous pouvez concevoir. » La miséricorde de Dieu fait fondre sa colère : quelle belle image que ces entrailles divines qui frémissent ! Dieu est un Père au cœur de mère, qui ne peut pas abandonner ses enfants. « Une femme oublie-t-elle son petit enfant, est-elle sans pitié pour le fils de ses entrailles ? Même si les femmes oubliaient, moi je ne t’oublierai pas ! »*, ajoute-t-il.
Nous avons beau nous éloigner de lui et multiplier les infidélités, Dieu ne se lasse pas de nous redire sa miséricorde et de nous appeler à revenir à lui. Et au long des siècles, il ne cesse de chercher des hommes et des femmes qui, comme le prophète Osée, transmettront au monde ses déclarations d’amour.
« Voici ce Cœur qui a tant aimé les hommes » dira le Christ à sainte Marguerite-Marie, qui écrira : « Ce divin Cœur est un abîme de bien où les pauvres doivent abîmer leurs nécessités, un abîme de joie où il faut abîmer toutes nos tristesses, un abîme d’humiliation pour notre orgueil, un abîme de miséricorde pour les misérables, et un abîme d’amour où il nous faut abîmer toutes nos misères. »**
* Livre d’Isaïe 49, 15.
** Sainte Marguerite-Marie Alacoque, Lettre au Père Croiset, 1689.
Lumen- Date d'inscription : 09/11/2021
Localisation : France
Re: * Lumières dans la Bible. * : Miséricorde, Fraternité
Pitié pour moi (Psaume 56 2-3)
Pitié, mon Dieu, pitié pour moi ! En toi je cherche refuge, un refuge à l’ombre de tes ailes, aussi longtemps que dure le malheur. Je crie vers Dieu, le Très-Haut, vers Dieu qui fera tout pour moi.
Méditation
Sous ton aile
Avez-vous déjà vu des poussins se cacher sous les ailes de leur mère ? Une image qui évoque la protection, la proximité, la tendresse. C’est ce que recherche l’auteur du psaume 56 : cerné de toutes parts par des ennemis armés de lances et de flèches, il sait qu’il ne trouvera refuge qu’en Dieu. Son malheur est grand, mais sa confiance est totale : Dieu est le Très-Haut, donc il peut tout. Mais cette toute-puissance n’est pas synonyme de distance infranchissable : le psalmiste est certain que Dieu le protégera, qu’il fera tout pour lui. Il sait qu’aucune misère ne peut laisser indifférent celui qui sait tout, qui peut tout, et qui nous aime. Et c’est pourquoi il n’hésite pas à répéter : « Pitié, mon Dieu, pitié pour moi ! »
« Prends pitié ! » Ce sera aussi le cri de l’aveugle*, des dix lépreux**, de la Cananéenne***, au passage de Jésus. Et c’est le nôtre, notamment lors de la célébration eucharistique : avec le Kyrie Eleison, au milieu du Gloria, et dans la prière de l’Agnus Dei. Demandons la grâce de retrouver le sens profond de ce que nous disons, afin que chacune de ces invocations nous conduise à creuser notre soif de Dieu, et à créer en nous un espace d’accueil de sa miséricorde.
Comme saint François, le petit pauvre d’Assise, nous pourrons prier :
Tu es le seul saint, Seigneur Dieu, Toi qui fais des merveilles.
Tu es tout-puissant toi, Père saint, roi du ciel et de la terre.
Tu es amour et charité, Tu es sécurité. Tu es le repos.
Tu es notre abri, notre gardien, notre défenseur.
Dieu tout-puissant, bon Sauveur plein de miséricorde. Amen.
* Évangile selon saint Luc 18,38.
** Évangile selon saint Luc 17,13.
*** Évangile selon saint Matthieu 15, 22.
Lumen- Date d'inscription : 09/11/2021
Localisation : France
Re: * Lumières dans la Bible. * : Miséricorde, Fraternité
Pitié pour Ninive (Jonas 4, 5-11)
Jonas sortit de Ninive et s’assit à l’est de la ville. Là, il fit une hutte et s’assit dessous, à l’ombre, pour voir ce qui allait arriver dans la ville. Le Seigneur Dieu donna l’ordre à un arbuste, un ricin, de pousser au-dessus de Jonas pour donner de l’ombre à sa tête et le délivrer ainsi de sa mauvaise humeur. Jonas se réjouit d’une grande joie à cause du ricin.
Mais le lendemain, à l’aube, Dieu donna l’ordre à un ver de piquer le ricin, et celui-ci se dessécha.
Au lever du soleil, Dieu donna l’ordre au vent d’est de brûler ; Jonas fut frappé d’insolation. Se sentant défaillir, il demanda la mort et ajouta : « Mieux vaut pour moi mourir que vivre. »
Dieu dit à Jonas : « As-tu vraiment raison de te mettre en colère au sujet de ce ricin ? » Il répondit : « Oui, j’ai bien raison de me mettre en colère jusqu’à souhaiter la mort. » Le Seigneur répliqua : « Toi, tu as pitié de ce ricin, qui ne t’a coûté aucun travail et que tu n’as pas fait grandir, qui a poussé en une nuit, et en une nuit a disparu. Et moi, comment n’aurais-je pas pitié de Ninive, la grande ville, où, sans compter une foule d’animaux, il y a plus de cent vingt mille êtres humains qui ne distinguent pas encore leur droite de leur gauche ? »
Méditation
Sors de ta hutte
C’est la deuxième fois que Dieu demande à Jonas de parcourir l’immense ville de Ninive pour l’appeler à se convertir. La première fois, le prophète a voulu s’enfuir par la mer, ce qui lui a valu une terrible tempête et trois jours dans le ventre d’un gros poisson. Il s’en est sorti, et cette fois-ci, il a obéi, en annonçant la destruction de la ville. Et contre toute attente, Ninive s’est repentie de sa mauvaise conduite. Jonas en est fort contrarié : au fond, il ne comprend pas que Dieu veuille la conversion des pécheurs. Il sait bien que Dieu est miséricordieux, mais selon lui le pardon a ses limites ! Alors, pour signifier son désaccord, il va s’asseoir à l’écart, en spectateur, seul sous sa hutte. À travers l’épisode du ricin, Dieu cherche à lui faire comprendre que son amour pour ses enfants dépasse tout ce que nous pouvons imaginer.
Croire à la miséricorde de Dieu pour nous ou pour les autres n’est jamais simple. Comme Jonas, nous pouvons être tentés de nous dire « un péché pareil, Dieu ne le pardonnera jamais ! » et de nous enfermer dans la hutte de notre culpabilité ou de notre jugement. L’histoire de Jonas nous appelle à changer de regard : rien n’arrête le cœur de Dieu. Il n’attend que notre repentir et notre bonne volonté.
Comme sainte Thérèse de Lisieux, nous pouvons dire avec humble assurance : « Si j’avais commis tous les crimes possibles, j’aurais toujours la même confiance, je sens que toute cette multitude d’offenses serait comme une goutte d’eau jetée dans un brasier ardent. »*
* Thérèse de l’Enfant-Jésus, Derniers entretiens, Carnet Jaune, 11 juillet, 6
Lumen- Date d'inscription : 09/11/2021
Localisation : France
Re: * Lumières dans la Bible. * : Miséricorde, Fraternité
Heureux les miséricordieux (Matthieu 5,7)
Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde.
Méditation
À l’aventure
Tout au long de l’Évangile, le Christ nous invite à pardonner. Prenons deux exemples. Après avoir donné à ses disciples la prière du Notre Père, Jésus ajoute : « Si vous pardonnez aux hommes leurs fautes, votre Père céleste vous pardonnera aussi. »* Plus tard, dans une parabole, il fera dire au maître du serviteur impitoyable : « Ne devais-tu pas, à ton tour, avoir pitié de ton compagnon, comme moi-même j’avais eu pitié de toi ? »** Nous voyons là qu’il ne s’agit pas d’un prêté pour un rendu : pardonner pour être pardonné. Pour Dieu, il n’y a pas d’avant ni d’après, mais l’éternel présent de l’amour. Un amour qui ne peut que se donner, un amour sans cesse à notre recherche. Un amour gratuit, un amour qui ne compte pas. Et cette béatitude est un appel à nous laisser transformer, renouveler par cet amour, afin que notre cœur devienne semblable au cœur de Dieu. Un cœur de chair, et non plus un cœur de pierre***.
Heureux, oui heureux sommes-nous lorsque nous nous laissons toucher par la miséricorde de Dieu. Heureux sommes-nous quand nous nous ouvrons à l’amour !
Au milieu du XXe siècle, Madeleine Delbrêl a choisi de demeurer dans des cités ouvrières pour témoigner de cet amour. Elle explique que se livrer à la miséricorde, « ce n’est pas ressentir une émotion passagère. C’est recevoir de Dieu ce qui nous met en mesure de rendre ce monde plus chaleureux, moins dur, plus respectueux de chaque personne, plus imprégné de charité ». Se livrer à la miséricorde : une véritable aventure !
* Évangile selon saint Matthieu 6, 14.
** Évangile selon saint Matthieu 18, 33.
*** Livre d’Ézéchiel 36, 26.
Lumen- Date d'inscription : 09/11/2021
Localisation : France
Re: * Lumières dans la Bible. * : Miséricorde, Fraternité
Appel de Lévi (Marc 2, 13-17)
Jésus sortit de nouveau le long de la mer ; toute la foule venait à lui, et il les enseignait. En passant, il aperçut Lévi, fils d’Alphée, assis au bureau des impôts. Il lui dit : « Suis-moi. » L’homme se leva et le suivit.
Comme Jésus était à table dans la maison de Lévi, beaucoup de publicains (c’est-à-dire des collecteurs d’impôts) et beaucoup de pécheurs vinrent prendre place avec Jésus et ses disciples, car ils étaient nombreux à le suivre.
Les scribes du groupe des pharisiens, voyant qu’il mangeait avec les pécheurs et les publicains, disaient à ses disciples : « Comment ! Il mange avec les publicains et les pécheurs ! » Jésus, qui avait entendu, leur déclara : « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs. »
Méditation
Entraîne-moi
Jésus est entouré d’une grande foule. Nombreux sont les publicains et les pécheurs qui le suivent, et dans ce brouhaha un homme se tient à l’écart. Lui aussi est publicain : il recueille les impôts pour les Romains. Il est assis, immobile, derrière sa table. Les passants détournent leurs regards : il est à la fois craint et méprisé. Il est enfermé dans cette fonction qui certes lui donne la richesse, mais qui lui fait perdre sa dignité. L’enseignement de Jésus le touche en plein cœur, mais osera-t-il quitter l’ombre protectrice de son bureau des impôts ?
C’est alors que Jésus l’aperçoit. Son regard semble lui dire : pour moi tu n’es pas ton métier, tu n’es pas ce que tu fais, mais ce que tu es ! Tu es Lévi, fils d’Alphée : je connais ton histoire, tes aspirations, ta soif de vérité. Alors suis-moi. Et Lévi se lève : une vie nouvelle commence, qu’il célèbre en organisant un grand repas. Jésus n’hésite pas à s’asseoir à cette table. C’est en le voyant manger avec eux, c’est-à-dire entrer dans leur intimité, que les pécheurs accueilleront sa miséricorde.
Comme l’a si bien vu le saint curé d’Ars, Jésus « prend tous les moyens possibles pour se trouver parmi les pécheurs afin de les attirer à son Père ». Serons-nous de ceux qui s’indigneront, se croyant bien portants ? Ou de ceux qui se reconnaîtront malades et qui se laisseront guérir ? « La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé ; elle entraîne les cœurs sur son passage », nous dit encore saint Jean-Marie Vianney. Comme Lévi, nous laisserons-nous entraîner ?
Lumen- Date d'inscription : 09/11/2021
Localisation : France
Re: * Lumières dans la Bible. * : Miséricorde, Fraternité
Le bon Samaritain (Luc 10, 30-37)
Jésus reprit la parole : Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho, et il tomba sur des bandits ; ceux-ci, après l’avoir dépouillé et roué de coups, s’en allèrent, le laissant à moitié mort.
Par hasard, un prêtre descendait par ce chemin ; il le vit et passa de l’autre côté.
De même un lévite arriva à cet endroit ; il le vit et passa de l’autre côté.
Mais un Samaritain, qui était en route, arriva près de lui ; il le vit et fut saisi de compassion. Il s’approcha, et pansa ses blessures en y versant de l’huile et du vin ; puis il le chargea sur sa propre monture, le conduisit dans une auberge et prit soin de lui.
Le lendemain, il sortit deux pièces d’argent, et les donna à l’aubergiste, en lui disant : “Prends soin de lui ; tout ce que tu auras dépensé en plus, je te le rendrai quand je repasserai.” »
Lequel des trois, à ton avis, a été le prochain de l’homme tombé aux mains des bandits ? Le docteur de la Loi répondit : « Celui qui a fait preuve de pitié envers lui. » Jésus lui dit : « Va, et toi aussi, fais de même. »
Méditation
En route !
Dans son encyclique Fratelli Tutti, le pape François consacre un chapitre entier à cette parabole du Bon Samaritain. Il précise qu’elle « se présente de telle manière que chacun d’entre nous peut se laisser interpeller par elle »*. Elle est en effet si concrète qu’il ne nous est pas difficile de nous reconnaître dans tel ou tel personnage, et j’ajouterais qu’elle nous montre trois aspects de la miséricorde.
Tout d’abord, nous mettre en route, sans avoir peur de nous diriger vers Jéricho, qui représente le monde et ses dangers. Marcher, non pas préoccupés de nous-mêmes, mais les yeux ouverts sur ce qui nous entoure. Ensuite, il s’agit d’être saisis de compassion, c’est-à-dire de souffrir avec ceux qui souffrent, de pleurer avec ceux qui pleurent**. Enfin, nous approcher de l’autre, être attentifs à ses besoins, lui donner ce que nous sommes et ce que nous avons, trouver les manières les plus adaptées de prendre soin de lui.
Pour le pape François, ce récit « nous révèle une caractéristique essentielle de l’être humain, si souvent oubliée : nous avons été créés pour une plénitude qui n’est atteinte que dans l’amour »***.
Lorsque nous sommes le prêtre ou le lévite qui passent sans la voir devant la souffrance de leurs frères, ouvre nos yeux, ouvre nos cœurs, Seigneur. Lorsque nous sommes le voyageur blessé qui gémit de douleur dans l’indifférence générale, viens panser nos blessures, Seigneur.
Mets en nous ta miséricorde, Seigneur, pour que nous sachions donner notre compassion, notre temps et nos soins aux frères et aux sœurs que tu places sur notre chemin.
* Pape François, Lettre Encyclique Fratelli Tutti, 2020, § 56.
** Lettre aux Romains 12, 15.
*** Fratelli Tutti 68.
Lumen- Date d'inscription : 09/11/2021
Localisation : France
Re: * Lumières dans la Bible. * : Miséricorde, Fraternité
La femme adultère (Jean 8, 3-11)
Les scribes et les pharisiens lui amènent une femme qu’on avait surprise en situation d’adultère. Ils la mettent au milieu, et disent à Jésus : « Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d’adultère. Or, dans la Loi, Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là. Et toi, que dis-tu ? »
Ils parlaient ainsi pour le mettre à l’épreuve, afin de pouvoir l’accuser. Mais Jésus s’était baissé et, du doigt, il écrivait sur la terre.
Comme on persistait à l’interroger, il se redressa et leur dit :
« Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. »
Il se baissa de nouveau et il écrivait sur la terre.
Eux, après avoir entendu cela, s’en allaient un par un, en commençant par les plus âgés. Jésus resta seul avec la femme toujours là au milieu. Il se redressa et lui demanda : « Femme, où sont-ils donc ? Personne ne t’a condamnée ? »
Elle répondit : « Personne, Seigneur. » Et Jésus lui dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. »
Méditation
Regard d’avenir
Cette femme prise en flagrant délit d’adultère est coupable, cela ne fait aucun doute. Et la loi est claire, elle est inscrite sur la pierre : cette femme doit être lapidée. Jésus ne le conteste pas, car il n’est pas venu pour abolir la loi. Mais en évitant de regarder les scribes et les pharisiens, il signifie qu’il ne se situe pas de leur côté, du côté de ceux qui accusent. Comment le pourrait-il, lui qui est venu sur terre pour prendre sur lui le péché du monde ? Lui, le seul juste, le seul qui selon la loi aurait pu jeter la première pierre, a choisi de remplacer la condamnation par l’amour, par le pardon, par la guérison.
L’évangéliste ne nous donne pas le nom de cette femme, mais il la définit par son péché, c’est une « femme adultère ». C’est peut-être pour cela que spontanément, à la lecture de ce passage, nous nous sentons proches d’elle, et c’est vers elle que va notre compassion : en fin de compte, elle nous ressemble, cette anonyme humiliée. Pour nous comme pour elle, la seule issue est de rencontrer un regard de miséricorde, qui efface le passé et qui ouvre un avenir : « Je ne te condamne pas, va, et désormais ne pèche plus. »
Nous ne saurons jamais ce que Jésus écrivait sur le sol : la miséricorde est le secret du cœur de Dieu. Mais ce que nous savons, c’est ce que la Vierge Marie, Mater misericordiae, chante dans son Magnificat : « Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent ; il élève les humbles ; il se souvient de son amour. »*
* Évangile selon saint Luc 1, 50.52.54.
Lumen- Date d'inscription : 09/11/2021
Localisation : France
Re: * Lumières dans la Bible. * : Miséricorde, Fraternité
Ramener l'égaré (Marc 2, 13-17)
Mes frères, si l’un de vous s’égare loin de la vérité et qu’un autre l’y ramène, alors, sachez-le : celui qui ramène un pécheur du chemin où il s’égarait sauvera son âme de la mort et couvrira une multitude de péchés.
Méditation
Cap sur la vérité
Dans sa lettre aux chrétiens du premier siècle, saint Jacques leur donne des conseils pour vivre une vie authentiquement chrétienne. Il évoque notamment la nécessité de demander à Dieu la sagesse, il analyse le rapport entre la foi et les œuvres, il exhorte les fidèles à surveiller leur langue et il les met en garde contre le danger des richesses. Autant de manières de vivre la charité. Dans le dernier chapitre, la miséricorde prend un nouveau visage : il s’agit de ramener à la vérité quelqu’un qui s’en éloigne.
Nous savons que « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité »*. C’est la volonté de Dieu mais est-ce aussi la nôtre ? Y pensons-nous lorsque nous prions « Que ta volonté soit faite » ? Préoccupés de respecter la liberté de notre prochain, nous hésitons parfois à annoncer la vérité. Est-ce de notre part de la tolérance ou de l’indifférence ? Pourtant, il ne fait aucun doute que seule la vérité est source de bonheur.
« Amour et vérité se rencontrent ! »** Les contemporains de saint Dominique disaient de lui que le jour il « accueillait tous les hommes dans le vaste sein de sa charité »*** et que la nuit il s’écriait dans sa prière : « Ô ma miséricorde, que vont devenir les pécheurs ? »**** Demandons la grâce de désirer du fond du cœur le salut de tous et ne soyons pas indifférents lorsque nos frères et sœurs s’éloignent de la vérité. Leur salut sera notre joie et celle des anges, suivant la confidence de Jésus : « Il y aura plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de conversion. »*****
* ITimothée 2, 4.
** Psaume 84, 11.
*** Jourdain de Saxe, Le Libellus, 1233, §107.
**** Procès de canonisation de Toulouse, 18.
***** Luc 15, 7.
Lumen- Date d'inscription : 09/11/2021
Localisation : France
Re: * Lumières dans la Bible. * : Miséricorde, Fraternité
Fraternité
Je m’appelle Jacqueline Cuche, je suis mariée, mère, grand-mère et depuis peu arrière-grand-mère. J’habite Strasbourg et parfois à Rome quand ce n’est pas en temps de pandémie.
Je suis laïque dominicaine et déléguée de mon diocèse pour les relations entre chrétiens et juifs., c'est là l'essentiel de mon engagement apostolique.
Le Thème que nous allons voir est le thème de la fraternité. Ce thème est particulièrement important dans nos relations entre juifs et chrétiens surtout depuis 1986.
Rappelez-vous de la fameuse visite de Jean Paul II dans la synagogue de Rome. Aucun pape depuis Saint Pierre n'était allé dans une synagogue. Ce jour-là , Jean Paul II a appelé les juifs ses "frères ainés". C'est une fraternité qui est à construire entre juifs et chrétiens. Toute fraternité est à construire parfois dans les souffrances, les difficultés mais elle grandit et nous allons voir dans la Bible la construction d'une fraternité.
Toute fraternité est à construire.
Jacqueline Cuche
Lumen- Date d'inscription : 09/11/2021
Localisation : France
Re: * Lumières dans la Bible. * : Miséricorde, Fraternité
Caïn et Abel (Genèse 4, 3-10)
Au temps fixé, Caïn présenta des produits de la terre en offrande au Seigneur.
De son côté, Abel présenta les premiers-nés de son troupeau, en offrant les morceaux les meilleurs. Le Seigneur tourna son regard vers Abel et son offrande, mais vers Caïn et son offrande, il ne le tourna pas. Caïn en fut très irrité et montra un visage abattu.
Le Seigneur dit à Caïn : « Pourquoi es-tu irrité, pourquoi ce visage abattu ? Si tu agis bien, ne relèveras-tu pas ton visage ? Mais si tu n’agis pas bien…, le péché est accroupi à ta porte. Il est à l’affût, mais tu dois le dominer. »
Caïn dit à son frère Abel : « Sortons dans les champs. » Et, quand ils furent dans la campagne, Caïn se jeta sur son frère Abel et le tua.
Le Seigneur dit à Caïn : « Où est ton frère Abel ? » Caïn répondit : « Je ne sais pas. Est-ce que je suis, moi, le gardien de mon frère ? »
Le Seigneur reprit : « Qu’as-tu fait ? La voix du sang de ton frère crie de la terre vers moi ! »
Méditation
Le premier sacrifice
Le premier cadeau offert à Dieu dans l’histoire de l’humanité, que relate le début de la Genèse, au lieu d’être un temps de communion ou du moins de proximité entre l’offrant et son Dieu, se solde par un désastre, un temps de haine et de mort.
À qui la faute ? On en attribue parfois la responsabilité à Dieu, dont la préférence pour l’offrande d’Abel peut poser question et paraître à première vue injuste. Mais, à y bien regarder, le texte l’explique avec clarté : Abel offre « les morceaux les meilleurs », à la différence de Caïn dont l’offrande est désignée par un terme vague : « des produits de la terre ».
Dieu n’est pas injuste. Il est au contraire attentif à chacun, à ses intentions les plus secrètes. S’il « sait ce qui est dans le cœur de l’homme », c’est parce que justement ce cœur l’intéresse et qu’il veut le toucher pour le faire se tourner vers le bien : « J’ai mis devant toi la vie et la mort, choisis la vie ! », ne cesse-t-il de nous dire à travers la parole biblique*.
« Le péché est accroupi à ta porte […] mais tu dois le dominer », dit-il ainsi à Caïn. Mais celui-ci, tout à sa colère et à sa soif de vengeance, n’écoute pas cette parole, ou plutôt il y prête la même indifférence qu’à l’offrande qu’il vient de faire à Dieu. Dans le texte hébreu** il y a un manque : « Caïn dit à son frère Abel… », puis plus rien. Cela signifie qu’indifférent et sourd à l’appel de Dieu, Caïn l’est tout autant aux protestations de son frère à qui il refuse tout dialogue. Et c’est avec la même indifférence qu’il rejette tout sentiment de responsabilité dans sa réponse arrogante à la question de Dieu.
Comme il serait tentant de se mettre du côté d’Abel et de condamner Caïn ! Mais ne sommes-nous pas les deux, tantôt Abel, brûlant de donner à Dieu le meilleur de lui-même, tantôt Caïn, replié sur lui-même et sourd aux cris du monde ?
Seigneur, rends-moi attentif à ta parole de vie et aux appels des hommes, ces frères que tu as mis sur ma route et me demandes d’aimer!
* Livre du Deutéronome 30, 19.
** En voici le mot à mot : « Caïn dit à son frère Abel – et voici, comme ils étaient aux champs… », ce qui paraît en effet comme une absence de parole.
Lumen- Date d'inscription : 09/11/2021
Localisation : France
Re: * Lumières dans la Bible. * : Miséricorde, Fraternité
Joseph et ses frères (Genèse 45, 1-5)
Joseph ne put se contenir devant tous les gens de sa suite, et il s’écria : « Faites sortir tout le monde. » Quand il n’y eut plus personne auprès de lui, il se fit reconnaître de ses frères. Il pleura si fort que les Égyptiens l’entendirent, et même la maison de Pharaon. Il dit à ses frères : « Je suis Joseph ! Est-ce que mon père vit encore ? » Mais ses frères étaient incapables de lui répondre, tant ils étaient bouleversés de se trouver en face de lui. Alors Joseph dit à ses frères : « Approchez-vous de moi. » Ils s’approchèrent, et il leur dit : « Je suis Joseph, votre frère, que vous avez vendu pour qu’il soit emmené en Égypte. Mais maintenant ne vous affligez pas, et ne soyez pas tourmentés de m’avoir vendu, car c’est pour vous conserver la vie que Dieu m’a envoyé ici avant vous. »
Méditation
Tout est grâce
Lorsque, après tant d’années de séparation et tant de souffrances subies à cause d’eux, Joseph se retrouve enfin face à ses frères, il est bouleversé, il « ne [peut] se contenir », « il [pleure] si fort » que ses pleurs traversent les murs… Son affection pour ses frères est restée intacte, malgré les si bonnes raisons qu’il aurait de leur en vouloir. Eux, ils ont voulu sa mort puis ont tout fait pour l’éloigner à jamais en le vendant comme esclave à des étrangers, mais, lui, il veut leur vie en sûreté près de lui. C’est son amour, son bonheur de les revoir qui le bouleversent, comme son impatience de savoir si son père est encore en vie.
Ses frères sont bouleversés, eux aussi, mais pour d’autres raisons, qui les rendent comme pétrifiés : stupéfaction de retrouver là, au sommet de la dignité, celui qu’ils avaient vendu comme esclave, peur surtout de le voir se venger du mal qu’ils lui ont fait, une peur qui ne les quittera pas vraiment puisqu’elle se manifestera encore à la mort de leur père Jacob*.
Alors que Joseph leur a depuis longtemps pardonné (pas un seul mot de reproche ne sort de sa bouche), ses frères ne parviennent pas à croire en ce pardon. Pourtant ils se sont repentis, remplis de honte pour le mal causé à leur frère comme à leur père. Le sacrifice qu’ils étaient prêts à consentir pour sauver leur plus jeune frère, Benjamin, le montre bien**.
Mais leur faute est si grande, le mal commis leur semble si irréparable qu’ils en sont accablés. Joseph, le fidèle, le cœur pur, leur enseigne un autre chemin, plus haut : il les appelle à remercier Dieu et sa providence. Joseph, le croyant, qui comprend les chemins de Dieu...
Malheur et souffrance sont inexplicables aux yeux des hommes, ne paraissent que négatifs ; seul celui qui voit comme Dieu peut comprendre que tout concourt au bien de qui sait se remettre entre ses mains. « Tout est grâce » : tels sont les derniers mots du jeune prêtre souffre-douleur de ses paroissiens dans Journal d’un curé de campagne de Bernanos. Tels sont ceux qu’avait prononcés avant de mourir Thérèse de l’Enfant Jésus. Si ces mots, dans la nuit, pouvaient devenir nôtres !
* Livre de la Genèse 50, 15 sq.
** Genèse 44, 33.
Lumen- Date d'inscription : 09/11/2021
Localisation : France
Re: * Lumières dans la Bible. * : Miséricorde, Fraternité
Vie fraternelle (Psaume 132)
Oui, il est bon, il est doux pour des frères de vivre ensemble et d’être unis ! On dirait un baume précieux, un parfum sur la tête, qui descend sur la barbe, la barbe d’Aaron, qui descend sur le bord de son vêtement. On dirait la rosée de l’Hermon qui descend sur les collines de Sion. C’est là que le Seigneur envoie la bénédiction, la vie pour toujours.
Méditation
Joie de la fraternité
Les commentateurs juifs disent que les seuls frères qui, dans la Bible, se sont toujours aimés sont Moïse et Aaron – même si, une fois, Aaron et Myriam ont un court moment jalousé leur frère*.
C’est Moïse qui, sur l’ordre de Dieu, a désigné Aaron comme grand-prêtre et l’a oint, répandant sur lui l’huile d’onction sainte. Pourtant c’est bien lui, Moïse, qui le premier avait été appelé pour guider le peuple jusqu’en Terre promise. C’est bien lui qui rencontrait Dieu dans la tente de réunion et lui parlait « face à face ». Mais nulle jalousie chez lui, « le plus humble des hommes »** ! Au contraire, sa joie est grande de voir son frère choisi pour être celui qui, dans la liturgie, servira d’intermédiaire entre Dieu et son peuple.
L’Épître aux Hébreux qualifie Jésus de « grand-prêtre ». Il est en effet celui qui, environ mille cinq cents ans plus tard, a été à son tour notre intermédiaire entre Dieu et les hommes. C’est à Sion, la ville sainte où il a subi sa passion et vaincu la mort, que, s’offrant pour le pardon de nos péchés, il a obtenu pour nous « une fois pour toutes » la bénédiction et la vie pour toujours. Et c’est encore lui qui a fait de nous tous des frères en qui il a déposé sa joie, celle qu’il avait à l’avance promise à ses disciples. Et c’est aussi pour nous qu’il a prié son Père de nous garder dans l’unité. Si, nous aimant les uns les autres, nous savons rester unis, membres de son unique corps qu’est l’Église, et si nous demeurons dans son amour, cette joie, nul ne pourra nous l’enlever***.
* Livre des Nombres 12, 2.
** Livre des Nombres 12, 3.
*** Évangile selon Jean 15, 11 et 16, 22.
Lumen- Date d'inscription : 09/11/2021
Localisation : France
Re: * Lumières dans la Bible. * : Miséricorde, Fraternité
Ma mère et mes frères (Matthieu 12, 46-50)
Comme Jésus parlait encore aux foules, voici que sa mère et ses frères se tenaient au-dehors, cherchant à lui parler. Quelqu’un lui dit : « Ta mère et tes frères sont là, dehors, qui cherchent à te parler.» Jésus lui répondit : « Qui est ma mère, et qui sont mes frères ? » Puis, étendant la main vers ses disciples, il dit : « Voici ma mère et mes frères. Car celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là est pour moi un frère, une sœur, une mère. »
Méditation
La vraie parenté
« Jésus parlait encore aux foules. » Ce petit mot, « encore », peut être compris de diverses façons : encore une fois ! ou bien : malgré l’heure tardive, Jésus était encore là, à enseigner la foule ! Ce passage d’évangile est en effet précédé de nombreuses prises de parole de Jésus et de nombreuses guérisons.
Quel que soit le sens qu’on lui donnera, cet « encore » nous fait percevoir combien Jésus est dévoré, happé par la foule qui se presse autour de lui pour l’entendre, pour se faire guérir ou consoler, allant même parfois le poursuivre jusque dans sa retraite.
C’en est trop pour sa famille, qui se sent dépossédée : impossible de le récupérer, de l’avoir un peu pour elle seule, ni même de l’approcher ! Quelle humiliation pour elle, la famille de Jésus, de devoir recourir à un étranger pour lui faire porter sa demande !
Peut-être peut-on aussi y percevoir une pointe de jalousie : c’est lui, Jésus que l’on recherche, c’est lui maintenant, de toute la famille, le personnage le plus important.
Comme il est difficile pour une mère d’accepter que son enfant lui échappe, ou pour des frères aînés que le petit dernier les dépasse (une des traditions fait d’eux les fils d’un premier mariage de Joseph) !
Il n’empêche ! Elle est bien dure la réponse que Jésus, sans les rejoindre et sans même s’adresser à eux personnellement, lance à la cantonade !
À l’âge de 12 ans déjà, à Jérusalem, où il était resté à l’insu de ses parents, les laissant le chercher, angoissés, il leur avait rétorqué, sans manifester le moindre remords, qu’il se devait d’abord à son Père.
Jésus est celui qui échappe à toute mainmise, nul ne peut le posséder pour soi, comme nul ne peut posséder Dieu. Peut-être la meilleure façon d’être avec lui est-elle, non seulement de faire la volonté de son Père, mais aussi de le donner aux autres, en aimant gratuitement, comme Dieu nous demande d’aimer, sans retour sur soi, et de le remercier lorsque parfois sa présence se fait discrètement sentir.
Lumen- Date d'inscription : 09/11/2021
Localisation : France
Re: * Lumières dans la Bible. * : Miséricorde, Fraternité
Recevoir des frères (Marc 10, 28-31)
Pierre se mit à dire à Jésus : « Voici que nous avons tout quitté pour te suivre. » Jésus déclara : « Amen, je vous le dis : nul n’aura quitté, à cause de moi et de l’Évangile, une maison, des frères, des sœurs, une mère, un père, des enfants ou une terre sans qu’il reçoive, en ce temps déjà, le centuple : maisons, frères, sœurs, mères, enfants et terres, avec des persécutions, et, dans le monde à venir, la vie éternelle. Beaucoup de premiers seront derniers, et les derniers seront les premiers. »
Méditation
Cherchez l'intrus
Par deux fois déjà, Jésus avait annoncé à ses disciples qu’il allait bientôt être mis à mort. Stupéfaits, ils avaient refusé de le croire, comme Pierre qui s’était écrié, indigné : « non, cela ne sera pas ! », avant de se faire vertement rabrouer par le Maître; ou bien, plongés dans des abîmes de perplexité, ils n’avaient plus osé l’interroger.
Et voilà que, comme pour les décontenancer un peu plus encore, il vient de leur donner comme modèles les enfants et les pauvres, c’est-à-dire les derniers de la société. Cette place de « dernier », ce n’est pourtant pas la première fois qu’ils entendent Jésus en parler et la vanter, et ils pressentent que, du moins dans un premier temps, elle risque d’être la leur. Pauvres, en effet, les disciples le sont devenus depuis qu’ils ont tout quitté pour suivre Jésus.
Mais dans la parole de Pierre, qui ouvre ce passage d’évangile, nous sentons percer l’inquiétude : nous qui avons tout quitté pour te suivre, que va-t-il advenir de nous ?
Peut-être y percevons-nous aussi une pointe de réclamation : cela mérite bien une récompense, puisque nous avons obéi à ton injonction : viens et suis-moi !
La réponse de Jésus semble à première vue rassurante : des récompenses, ses disciples en recevront, et même au centuple, maintenant et dans le monde à venir.
Mais un petit caillou s’est glissé dans le paquet cadeau : Jésus passe rapidement sur cette autre récompense – si on peut la nommer ainsi ! – les persécutions, comme si elles ne comptaient pas, comme si ce n’était rien, en comparaison de toutes les autres récompenses reçues. Pourtant, peut-être les persécutions seront-elles, elles aussi, au centuple ! Nous savons d’ailleurs que ce fut le cas pour les premiers chrétiens, comme pour ceux de tous les temps, et que ce l’est encore plus pour ceux d’aujourd’hui.
Mais Jésus veut tourner le regard de ses disciples, ainsi que le nôtre, vers un autre horizon, celui du Royaume (le « monde à venir », selon une expression typiquement juive), là où régnera la vie pour toujours – et où « les publicains et les prostituées » nous auront d’ailleurs précédés…
Lumen- Date d'inscription : 09/11/2021
Localisation : France
Re: * Lumières dans la Bible. * : Miséricorde, Fraternité
Va trouver mes frères (Jean 20, 11-18)
Marie Madeleine se tenait près du tombeau, au-dehors, tout en pleurs. Et en pleurant, elle se pencha vers le tombeau. Elle aperçoit deux anges vêtus de blanc, assis l’un à la tête et l’autre aux pieds, à l’endroit où avait reposé le corps de Jésus. Ils lui demandent : « Femme, pourquoi pleures-tu ? » Elle leur répond : « On a enlevé mon Seigneur, et je ne sais pas où on l’a déposé. » Ayant dit cela, elle se retourna ; elle aperçoit Jésus qui se tenait là, mais elle ne savait pas que c’était Jésus. Jésus lui dit : « Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? » Le prenant pour le jardinier, elle lui répond : « Si c’est toi qui l’as emporté, dis-moi où tu l’as déposé, et moi, j’irai le prendre. » Jésus lui dit alors : « Marie ! » S’étant retournée, elle lui dit en hébreu : « Rabbouni ! », c’est-à-dire : Maître. Jésus reprend : « Ne me retiens pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père. Va trouver mes frères pour leur dire que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. » Marie Madeleine s’en va donc annoncer aux disciples : « J’ai vu le Seigneur ! », et elle raconta ce qu’il lui avait dit.
Méditation
Un don à partager
Avant de devenir premier apôtre de la Résurrection et de courir, toute joyeuse, annoncer la bonne nouvelle aux disciples, comme le Maître l’en a chargée, Marie Madeleine est d’abord celle qui, en pleurs, se tient près du lieu où il fut déposé. Stabat Maria…
On imagine sans peine sa douleur, devant le tombeau de Jésus, accrue par la disparition, qu’elle vient de constater, du corps de son bien-aimé, comme on imagine sans peine la joie qui sera ensuite la sienne de le revoir soudain vivant.
Mais il lui faudra malgré tout passer encore une fois par une perte, par un nouveau détachement et accepter de donner aux autres celui qu’elle avait perdu, mais qu’elle regardait d’abord comme sien : « On a enlevé mon Seigneur », « … j’irai le prendre », avait-elle dit à celui qu’elle croyait le jardinier. De la même manière continue-t-elle à appeler « mon Maître » celui qu’elle revoit vivant (le mot hébreu Rabbouni est suffixé à la 1re personne du singulier).
« Ne me retiens pas… Va trouver mes frères… mon Père et votre Père… mon Dieu et votre Dieu », lui répond Jésus.
Ces paroles font enfin accéder Marie Madeleine à une autre dimension, celle de la communion où n’existent plus le mien ni le tien, mais le nôtre ou le vôtre, où tout est don, irrigué par la source qu’est le don premier opéré par Jésus lui-même, lui qui, à l’image du Père, n’est que don, un don offert à tous et pour tous.
Alors Marie peut dire : « J’ai vu le Seigneur ! »
Alors, nous aussi, nous pouvons dire, comme Jésus lui-même l’a enseigné à ses disciples : « Notre Père… ».
Lumen- Date d'inscription : 09/11/2021
Localisation : France
Re: * Lumières dans la Bible. * : Miséricorde, Fraternité
Aîné d'une multitude de frères (Romains 8, 28-30)
Nous le savons, quand les hommes aiment Dieu, lui-même fait tout contribuer à leur bien, puisqu'ils sont appelés selon le dessein de son amour. Ceux que, d’avance, il connaissait, il les a aussi destinés d’avance à être configurés à l’image de son Fils, pour que ce Fils soit le premier-né d’une multitude de frères. Ceux qu’il avait destinés d’avance, il les a aussi appelés; ceux qu’il a appelés, il en a fait des justes; et ceux qu’il a rendus justes, il leur a donné sa gloire.
Méditation
Marcher dans la confiance
« Ta proximité me rend toute chose bonne ! », disait à Jésus dans sa prière le bienheureux Titus Brandsma, prêtre carme néerlandais, universitaire et journaliste, mort à Dachau pour s’être opposé au nazisme et à la persécution des juifs. Soutenant et consolant ses compagnons de captivité, il engendra même à la grâce, comme elle le dira plus tard, l’infirmière haïe de tous à qui, avant d’en recevoir l’injection mortelle, il donna son chapelet et ses derniers mots de compassion.
C’est le même message que nous transmet dans la Bible l’histoire de Joseph : tout le mal que ses frères lui avaient fait, Dieu, par son intermédiaire, l’a fait contribuer au bien de tous.
Il en est ainsi pour ceux qui aiment Dieu et placent en lui leur confiance. Il en fut ainsi pour le Christ lui-même, le juste par excellence, qui, tel un premier de cordée, accepta de traverser pour nous la Passion et la mort, pour que nous tous, la multitude de ses frères, puissions à sa suite avoir accès à la vie.
Certes, les mots de Paul me gênent un peu : « ceux qu’il a destinés d’avance », ceux qui sont « appelés », car tous ne sont-ils pas appelés à la sainteté ? Le Christ n’est-il pas mort pour tous ? Mais la multitude des frères dont il parle ici, qui ont été ou seront « configurés à l’image du Christ », ne désigne-t-elle pas en réalité la multitude de ceux qui, nous dit l’Apocalypse, ont « lavé leur robe dans le sang de l’Agneau »* ? Si nous sommes tous appelés à la sainteté, nous ne sommes pas tous appelés à traverser de grandes épreuves ou à mourir martyrs, comme Titus Brandsma ou tant d’autres au long des siècles ? Dieu, qui nous connaît mieux que nous-mêmes, connaît nos forces, mais aussi nos faiblesses.
N’ayons donc pas peur de répondre à son appel : quel que soit le chemin qu’il nous fera emprunter, qu’il soit lumière ou ténèbres, facile ou douloureux, nous n’y serons pas seuls. Le Christ, notre compagnon de route, saura bien nous guider pour que nous soyons aussi avec lui dans la gloire..
* Livre de l’Apocalypse 7, 14.
Lumen- Date d'inscription : 09/11/2021
Localisation : France
Re: * Lumières dans la Bible. * : Miséricorde, Fraternité
Ne pas choquer son frère (1 Corinthiens 8, 9-13)
Nous le savons, quand les hommes aiment Dieu, lui-même fait tout contribuer à leur bien, puisqu'ils sont appelés selon le dessein de son amour. Ceux que, d’avance, il connaissait, il les a aussi destinés d’avance à être configurés à l’image de son Fils, pour que ce Fils soit le premier-né d’une multitude de frères. Ceux qu’il avait destinés d’avance, il les a aussi appelés; ceux qu’il a appelés, il en a fait des justes; et ceux qu’il a rendus justes, il leur a donné sa gloire.
Méditation
La pierre de touche
Le souci du frère, l’attention à sa faiblesse, à sa capacité de compréhension, doivent toujours guider le disciple du Christ, lui qui durant sa vie sur terre a toujours eu le souci des faibles, des petits, des enfants, des marginaux.
Ainsi, Paul nous donne en exemple le problème des aliments sacrifiés aux idoles. Leur consommation posait question aux premiers chrétiens venus du paganisme ou risquait d’être mal interprétée. Ne serait-elle pas perçue comme un assentiment à ce culte des idoles, une volonté de communier avec elles ? Car alors, de nombreux sacrifices étaient offerts dans le temple de Jérusalem pour traduire la volonté de communier avec le Dieu d’Israël, du moins de « s’approcher » de lui. Rappelons que le mot hébreu, korban, qui désigne le sacrifice, vient justement d’une racine signifiant se rapprocher.
Paul tranche la question de façon catégorique, en suivant le Christ, son modèle : l’attention au petit et au faible, affirme-t-il, doit être la pierre de touche de tout comportement.
Qu’en est-il pour nous, aujourd’hui ? Nos choix et nos paroles sont-ils toujours guidés par le même souci ? Veillons-nous à ne dire à l’autre, à celui que nous savons fragile, que ce qu’il est capable de porter ? Et nous efforçons-nous de faire entrer dans une meilleure compréhension du christianisme ceux qui, par ignorance et non par mauvaise intention, le critiquent ou le dédaignent ?
Pécher contre ses frères, et surtout contre le petit, dont la conscience « est faible », c’est pécher contre le Christ lui-même, nous dit Paul. Nous savons bien quelle parole Jésus nous adressera, lorsque nous serons face à lui : « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. »*
Puisse la « connaissance » que, sans aucun mérite de notre part, nous avons reçue, au lieu de nous éloigner de nos frères, nous pousse à nous en sentir encore plus responsables !
* Évangile selon Matthieu 25, 40.
Lumen- Date d'inscription : 09/11/2021
Localisation : France
Re: * Lumières dans la Bible. * : Miséricorde, Fraternité
Aimer son frère (1 Jean 4, 19-21)
Quant à nous, nous aimons parce que Dieu lui-même nous a aimés le premier. Si quelqu’un dit : « J’aime Dieu », alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur. En effet, celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas. Et voici le commandement que nous tenons de lui : celui qui aime Dieu, qu’il aime aussi son frère.
Méditation
Vrai ou faux amour ?
« Dieu nous a aimés le premier », déclare Jean. La Création elle-même n’en est-elle pas d’ailleurs la première preuve ? Parce que « Dieu est amour »*, il a voulu faire connaître et partager avec nous, ses créatures, sa joie d’aimer, sans que rien ne l’y pousse, sinon justement cet amour qui l’habite.
Projet fou ? Projet insensé ? Dieu y a-t-il gagné ? À voir comment depuis des siècles les hommes ne cessent de se déchirer, on peut parfois en douter et se demander si, comme le Renard du Petit Prince, il n’y a pas seulement gagné « à cause de la couleur du blé »…
Mais Dieu, en nous créant à son image, a fait aussi de nous des êtres capables d’aimer, et depuis des siècles aussi des saints se lèvent à travers le monde. Alors pourquoi tant de malheurs ? Pourquoi un tel déferlement de haine ?
Au nom de Dieu, qu’ils croient ainsi aimer et servir, bien des hommes ont porté et portent encore la mort contre leurs prochains. Mais sans aller jusqu’à ces extrémités, nous qui pensons aimer Dieu, combien de fois ne sommes-nous pas tentés de détester ce voisin antipathique, ce collègue exaspérant, ce conjoint devenu à nos yeux insupportable ?
C’est alors que se fait entendre la voix de Dieu, par la bouche de saint Jean : « Menteurs ! »
Le raisonnement est implacable : « Celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu qu’il ne voit pas. »
En effet, « Dieu, personne ne l’a jamais vu »**. D’ailleurs, Jésus lui-même n’a-t-il pas déclaré un jour à ses disciples : « Personne ne connaît le Père, si ce n’est le Fils »*** ?
Il ne nous reste donc plus qu’une seule solution, si nous voulons arriver à connaître quelque chose de Dieu et à l’aimer en vérité : regarder nos frères les hommes, puisqu’il les a créés à son image et a même voulu, tant il les aime, se faire l’un d’eux. Peut-être parviendrons-nous alors à voir, même dans le plus antipathique, le reflet de son visage ; et peut-être alors parviendrons-nous à aimer cette image de lui, si imparfaite soit-elle. Alors seulement nous pourrons dire, en vérité, que nous aimons Dieu.
* Première lettre de Jean 4, 16.
** Première lettre de Jean 4, 12. Cf aussi le Prologue (Jean 1, 18).
*** Évangile de Matthieu 11, 27 et Évangile de Luc 10, 22.
Lumen- Date d'inscription : 09/11/2021
Localisation : France
Sujets similaires
» * Lumières dans la Bible. * : Sainteté, Gloire
» * Lumières dans la Bible. * : Intelligence, La Pauvreté
» * Lumières dans la Bible. * : La Création, l'Amitié
» Dans la Bible : la jalousie fraternelle promesse d'une fraternité réconciliée
» Parce que Dieu est juste, il se fait Miséricorde à notre égard. Adorons-le dans l'Eucharistie, trône de sa Miséricorde !
» * Lumières dans la Bible. * : Intelligence, La Pauvreté
» * Lumières dans la Bible. * : La Création, l'Amitié
» Dans la Bible : la jalousie fraternelle promesse d'une fraternité réconciliée
» Parce que Dieu est juste, il se fait Miséricorde à notre égard. Adorons-le dans l'Eucharistie, trône de sa Miséricorde !
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum