L'espérance chrétienne pour le monde
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L'espérance chrétienne pour le monde
L'espérance chrétienne pour le monde
Maranatha, oui, viens Seigneur ! Si la venue glorieuse du Christ (la « Parousie ») se réduisait à n’être que la fin du monde et la mort de tous les hommes, le Christ n’aurait pas besoin de « venir » : aujourd’hui comme à la fin du monde, pour passer dans l’au-delà, la mort suffit.
La manifestation glorieuse du Christ que nous attendons dans le monde est un événement objectif qui anéantira l’Antichrist (2Th 2, 3-12) et inaugurera quelque chose de nouveau que nous pourrions appeler une vie avec Dieu, car Dieu fait « sa demeure parmi les hommes » (Ap 21, 3). C’est quelque chose de bien mystérieux, mais qui est davantage que ce que nous connaissons actuellement et que nous appelons « vivre l’Évangile », avoir « une vie mystique ». Redisons-le, si ce n’était pas quelque chose de nouveau, il serait inutile que le Christ revienne dans le monde et on verrait mal pourquoi le Credo proclame « nous attendons son retour dans la gloire ».
La promesse de Jésus (Mt 19, 28-29) ouvre incontestablement une espérance non seulement pour l’au-delà de la mort au plan individuel, mais pour le monde. A travers un certain jugement qu’il nous faudra expliquer, la création accomplira le but et la grandeur pour laquelle elle a été créée, l’histoire a un sens. Cependant, certaines méprises, contresens et oublis ont occultés cette Bonne Nouvelle, en particulier en Occident. La culture musulmane a gardé un vague souvenir de cette annonce lorsqu’elle parle du retour de ‘Issa (Jésus) et du jugement de l’Antichrist, mais sa vision est déformée. Les chrétiens ont à redécouvrir le sens authentique de la Parousie, et plus que jamais, à l’annoncer.
1. La promesse de Jésus (Mt 19, 28-29)
« En vérité je vous le dis, à vous qui m’avez suivi : dans la régénération [araméen : bᶜālmā ḥaṯā littéralement : dans le monde nouveau ou dans le siècle nouveau], quand le Fils de l’homme siégera sur son trône de gloire, vous siégerez vous aussi sur douze trônes, pour juger les douze tribus d’Israël. Et quiconque aura laissé maisons, frères, sœurs, père, mère, enfants ou champs, à cause de mon nom, recevra bien davantage et aura en héritage la vie éternelle. » (Mt 19, 28-29)
« Fils de l’homme » : il s’agit d’une expression propre au prophète Daniel, que Jésus s’attribue et qui annonce celui qui, venant sur les nuées, règnera éternellement sur toutes les nations (Dn 7, 13-14). C’est avec cette expression que Jésus a toujours annoncé sa mort et sa résurrection. Celui qui juge et qui régénère, c’est le Fils de l’homme, mort sur la croix et ressuscité.
« Dans la régénération (dans le siècle nouveau) ». Autrement dit, une reprise du dessein du Créateur qui va enfin s’accomplir. Le monde n’est pas promis à une destruction, il est promis à une régénération. Le but de cette conférence sera de détailler la consistance de ce temps nouveau.
« Vie éternelle » : La « régénération » ou « le siècle nouveau », ce n’est pas encore la vie éternelle, c’est un « temps intermédiaire », la préparation à la vie éternelle.
« Son trône » : Le Christ va s’asseoir sur un trône : c’est la position du roi qui juge, il jugera la réponse à l’évangélisation du monde que certains auront fait fructifier, préparant ainsi le royaume de Dieu, mais que d’autres auront refusée et remplacée par des contrefaçons, préparant l’Antichrist.
« Douze trônes » : Les disciples de Jésus vont aussi siéger sur des trônes. Cela ne signifie pas qu’ils vont revenir sur la terre : de même que Jésus reviendra dans la gloire, de même ses disciples vont apparaître avec le Christ, à la manière des apparitions du Christ ressuscité. Le chiffre douze se réfère au travail de l’évangélisation issu des douze apôtres, le 12e étant Mathias et non pas Judas.
2. De la création à son accomplissement, le sens de l’histoire
« Toute la création espère et attend la révélation des fils de Dieu. Car la création a été assujettie au néant, non de son gré, mais à cause de celui qui l’a assujettie, concernant l’espérance qu’elle aussi sera libérée de l’esclavage de la corruption, [pour entrer] dans la liberté de la gloire des fils de Dieu » (Rm 8, 19-21 ‒ araméen).
La création de l’univers fut un acte créatif et un acte conservateur. Toutes les choses créées : les cieux, la terre, le soleil, tout, ayant été créé par la très sainte Trinité, celle-ci a le droit de les habiter, et, en demeurant en elle, le Créateur les conserve dignement, en les maintenant toujours belles et neuves.
La création de l’homme fut différente : à l’acte créateur et conservateur s’ajoute un acte continu de sorte que l’homme puisse ressembler à Dieu, lui le Dieu trois fois saint qui ne sait que créer des êtres saints, beaux et heureux tels que Lui. Le premier chapitre du livre de la Genèse évoque la création de l’homme, Dieu parle, il parle à l’homme lorsqu’il sera éveillé. La création de l’abîme recouvert des ténèbres (Gn 1, 2) représente la dimension de l’homme qui ne lui serait pas connue si elle ne lui était pas révélée. Cet abîme recouvert de ténèbres représente l’instauration divine de nouvelles possibilités de vie. L’homme en effet se renouvelle dans ses pensées, ses paroles, ses œuvres. La nature humaine, selon le dessein du créateur, comporte une participation au souffle divin, à sa palpitation, au flux continuel de sa vie. L’homme est donc appelé à échanger son amour avec l’amour de Dieu, et à lui céder sa volonté pour vivre dans le divin vouloir. L’humanité est appelée à s’approprier ce que Dieu a mis à sa disposition, or Dieu a donné sa vie pour pouvoir reproduire sa ressemblance dans sa créature humaine.
A l’origine, l’homme connaissait clairement les vérités divines, il connaissait aussi les vertus bénéfiques possédées par les choses créées au profit des créatures.
La chute d’Adam aurait pu entraîner l’anéantissement de tout l’univers dont le but est que l’homme vive de la vie divine. Depuis que l’humanité ne veut plus recevoir la divine volonté en tant que vie, le Créateur se trouve dans la situation d’un riche seigneur, qui, après avoir bâti un grand et beau palais, y est reçu à coups de pierres.
La promesse et le Rédempteur
Si l’univers a été maintenu dans l’existence, c’est sans aucun doute à cause de la promesse qui suit immédiatement la chute : « Je mettrai une hostilité entre toi et la femme, dit Dieu au serpent, entre ton lignage et le sien ; il (le lignage ou un homme dans celui-ci) t’écrasera la tête et tu l’atteindras au talon » (Gn 3, 15). Le Créateur, avec une immense bonté, a dispensé les effets de sa divine volonté qui sont ses lois, et cela dès l’Ancien Testament, puis dans le temps de l’Eglise, l’exemple de Jésus et les sacrements.
Au moment de la Venue glorieuse de Jésus, la « Parousie », ceux qui auront refusé la grâce offerte en Jésus n’auront plus le droit de vivre sur la Terre. C’est ce que l’Apocalypse dit en parlant de la Bête et du faux prophète expulsés et jetés dans l’étang de feu (Ap 19, 20). Seuls ceux qui veulent le règne de Dieu, - le règne de son divin vouloir - pourront vivre sur la Terre, et vivront de l’instauration de la vie divine. Le but de la création va s’accomplir.
3. Méprises, contresens et oubli
Certaines interprétations absurdes ont discrédité la réalité du Royaume à venir, surtout de la part de gréco-latins. Par exemple, saint Justin (±102 - martyr vers 166 à Rome), probablement par souci de simplifier, plaçait la résurrection générale des corps lors de la Venue glorieuse du Christ déjà : « Nous savons qu’une résurrection de la chair arrivera pendant mille ans dans Jérusalem rebâtie, décorée et agrandie » (Dialogue avec Tryphon, 80). Il faudra beaucoup l’agrandir…
Saint Augustin (354-430) enseignait d’abord le temps de la régénération, qu’il appelle, comme beaucoup d’autres, le « septième jour » avant le « huitième jour » qui figure l’éternelle vie (Sermon 259). Mais au livre XX de La Cité de Dieu, saint Augustin exclut nettement la perspective de la régénération. De la sorte, à la fin de sa vie, saint Augustin (période moraliste) nous a laissé imaginer que la Venue glorieuse du Christ n’était rien d’autre que la fin et la mort du monde, avec le Jugement.
Il y eut ensuite une lente dérive intellectualiste qui remonte à l’époque médiévale, quand des Universités ont acquis un certain monopole de l’interprétation des Écritures. Pour un intellectuel, ce qui concerne l’avenir n’étant pas rationnel, ce n’est pas un sujet !
Pour aggraver la situation, les chrétiens d’Occident perdirent le contact avec les chrétiens d’Orient. Même l’œuvre magistrale du grand saint Irénée, disciple de saint Polycarpe, lui-même disciple de saint Jean, fut en partie oubliée. La première édition imprimée par Erasme (1467-1536) de son Traité contre les hérésies est tronquée de toute la fin du texte, et se terminait sur l’idée de jugement (V, 31, 2) or la véritable conclusion, celle qui fut oubliée, donne la raison d’être du royaume des justes (V, 36, 3).
Nous avons donc structuré notre pensée occidentale sur l’oubli du temps de la régénération et nous sommes enfermés dans le moralisme. Il est vrai que la terre est « la maison commune », et que trier ses déchets, « c’est bon pour la planète » ; avec inquiétude ou avec fierté, notre génération se sent responsable du destin du monde, et c’est bien. L’interdépendance est générale (commerciale, écologique, climatique) et il est évident que l’espérance ne peut pas être uniquement individuelle. Cependant, dire cela, c’est en rester à un moralisme. Ce n’est pas encore donner une espérance, et beaucoup d’hommes – et de jeunes – sont actuellement en pleine désespérance !
Les uns croient que le monde étant voué à la destruction, autant verser dans le nihilisme. D’autres, plus moralistes, considèrent que ce monde est tellement corrompu que plus vite il sera détruit, mieux ce sera.
À l’inverse, d’autres se forgent des croyances que l’on pourrait appeler des messianismes politiques, c’est-à-dire qu’ils prétendent vouloir réaliser sur la terre ce qui ne peut s’accomplir que dans la puissance de la Parousie. Il y aurait ainsi des royaumes de Dieu sur la terre. Si vous en avez rencontré un, écrivez à l’auteur !
Un schéma montre les fausses questions qui surgissent à cause de l’oubli de la Venue glorieuse du Christ :
4. L’Antichrist et son jugement
Le schéma suivant, inspiré des personnages de l’Evangile, donne une idée de l’organisation de l’Antichrist :
La manifestation glorieuse du Christ que nous attendons dans le monde est un événement objectif qui anéantira l’Antichrist (2Th 2, 3-12). L’Apocalypse donne plus de détails en parlant de la Bête et du faux prophète. Elle évoque le salut de ceux qui refusent « la marque de la bête », sans préciser qu’ils soient tous chrétiens, c’est pourquoi une entente avec les non-chrétiens dans la lutte contre l’Antichrist est dans une certaine mesure tout à fait possible. C’est le premier point à souligner : l’Apocalypse mentionne en effet « ceux qui furent décapités pour le témoignage de Jésus et la Parole de Dieu, et tous ceux qui refusèrent d’adorer la Bête et son image, de se faire marquer sur le front ou sur la main ; ils reprirent vie et régnèrent avec le Christ mille années » (Ap 20, 4). Ceux qui se seront opposé à l’Antichrist auront donc le privilège de se manifester avec les saints auprès de ceux qui seront encore sur la terre pendant la Parousie (1Th 3, 13).
Le second point à souligner, c’est la naïveté qui fait croire qu’il n’y a ni Antichrist, ni bête, ni marque de la bête. L’Eglise ne peut pas se comporter « comme si » la société était inspirée de valeurs chrétiennes, autrement dit, comme si les chefs recherchaient le bien commun avec un sens du devoir, de la parole donnée, etc. La promesse du royaume aux persécutés sous-entend une confrontation : « Heureux les persécutés pour la justice, car le Royaume des Cieux est à eux » (Mt 5, 10). Certes, l’Occident a connu une certaine « chrétienté », mais, depuis la Renaissance, la société n’est plus inspirée de valeurs chrétiennes. Au début du XVIe siècle, dans son livre « Le Prince », Nicolas Machiavel, homme politique et écrivain florentin, montre comment devenir prince et le rester, et conseille dans certains cas des actions contraires aux bonnes mœurs, donnant lieu à l’épithète machiavélique... De nos jours, la naïveté dans le rapport des chrétiens au monde peut avoir de fâcheuses conséquences.
Pour autant, il n’appartient pas aux chrétiens de juger les hommes. Jésus, dans la parabole du bon grain et de l’ivraie est clair (Mt 13) : l’ivraie sera arrachée par les anges au moment de la Venue en gloire de Notre Seigneur !
C’est là toute la différence entre la foi chrétienne et ses plagiats. On trouve des contrefaçons de l’espérance chrétienne très diverses, laïques ou par exemple musulmanes. Ces contrefaçons rendent les gens très manipulables, il suffit de désigner « l’antichrist » à abattre (soi-même) pour faire advenir le « règne de la divinité ». Ces « messianismes » produisent des millions de morts, c’est pourquoi ils ont été dénoncés par l’Eglise (CEC 676).
5. Le temps de la Parousie ou Venue glorieuse du Christ
Le mot Parousie désignait la « Joyeuse entrée », quand un roi rendait visite à une ville de son royaume ; mais le terme lui-même évoque aussi une présence dans la durée.
Lors de la Parousie, le monde, libéré de l’emprise du Mal, deviendra « le prélude de l’incorruptibilité, royaume par lequel ceux qui en auront été jugés dignes s’accoutumeront peu à peu à saisir Dieu »[1], comme l’a pensé et écrit Irénée évêque de Lyon et mort martyr autour de l’an 201.
Après le Jugement de l’Antichrist, ne resteront sur terre comme adultes que ceux qui se seront réjouis de la « manifestation du Christ ». L’inventivité et la ténacité humaines seront bien utiles pour résoudre les immenses problèmes de survie et de réorganisation qui se poseront, et l’aide de ceux du Ciel ‒ les Anges et les Saints ‒ y contribuera (cf. 1Th 3, 13).
Beaucoup n’auront pas immédiatement une profonde relation à Dieu ‒ ils auront tout à découvrir ‒; pour autant, leur relation à Lui, même empreinte de préoccupations intéressées, exclura toute influence du Mal, car ils n’en voudront plus. Tel est le sens de l’image du « Diable, Satan » qui est « enchaîné » et « jeté dans l’abîme », des verrous étant tirés derrière lui et des sceaux étant posés (Ap 20, 2-3).
Le « Royaume des justes » dont parle saint Irénée n’est pas un Règne où le Christ assumerait des responsabilités politiques (suprêmes), il s’agit de l’organisation politique que les hommes auront à mettre eux-mêmes en place, sous sa Lumière, et que Jésus ultimement « remettra au Père » (1Co 15, 24) !
Tout le monde ne sera pas saint instantanément, mais les gens seront portés et vont découvrir de plus en plus que l’Eucharistie peut être intensément comme communion des saints. Même s’il faut toujours faire un effort pour s’entendre, il n’y aura plus de la jalousie parce que la grâce du Christ sera reconnue et chacun se réjouira ainsi au sujet de l’autre, et chacun prend sa part de responsabilité.
Par la vision du Christ glorieux, les gens pourront sentir la paternité de Dieu, comme a dit Jésus : « Qui m’a vu a vu le Père » (Jn 14, 9).
Tout l’enjeu du temps de la Parousie (1000 ans !), c’est de faire réussir le dessein du Créateur, notre Père, et d’entrer communautairement dans un acte continu d’union à la divine volonté. En effet, le Créateur désire donner sa volonté en tant que vie continue dans la créature qui veut ce que Dieu crée.
A la fin de la Parousie, l’humanité sera ferme dans sa décision pour Dieu et son Oui à Dieu sera continu. Cet ultime « Oui » sera capable de démasquer une ultime manifestation de puissance satanique tentant de séduire l’humanité de sorte Satan sera rejeté en enfer définitivement (Ap 20, 9-10). Alors, la « Jérusalem céleste » viendra à la rencontre de la « Jérusalem terrestre » pour l’emmener dans la gloire (Ap 21).
[1] Saint Irénée, Contre les hérésies, V, 32, 1
Tableau d’ensemble
Bibliographie succincte
Françoise Breynaert, La Venue glorieuse du Christ. Véritable espérance pour le monde. Editions du Jubilé (octobre 2016).
Françoise Breynaert, Préparer dès maintenant le retour glorieux du Christ, avec les écrits de Luisa Piccarreta (préface Mgr Rey), Téqui 2018.
Sœur Françoise parle aux musulmans, Le Messie va revenir, éditions des Nouveaux mondes, 2021.
Groupe Foi Terrain Médiation, Canevas de méthode de déradicalisation, dans un cadre laïc qui tienne compte de la croyance, Ed. Véronne 2021.
Françoise Breynaert
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Lumen- Date d'inscription : 09/11/2021
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