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SAINTE HÉLÈNE ET SON SIÈCLE : L`impératrice romaine qui retrouva la Sainte Croix à Jérusalem

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Message par MichelT Mer 14 Sep 2022 - 23:09

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SAINTE HÉLÈNE ET SON SIÈCLE : L`impératrice romaine qui retrouva la Sainte Croix à Jérusalem.  (Extraits)

Source : Sainte Hélène et son siècle où le triomphe de la Croix – Madame de Gaulle – France - 1856

Le Christ , avec sa divine doctrine , était venu apporter au monde une lumière nouvelle qui devait dissiper les ténèbres de l'idolâtrie et purifier la terre du monstrueux amas d'iniquités qui l'inondaient ; mais cette lumière , si sublime dans son principe , si grande dans sa destination , ne se révéla pas tout à coup à ce monde abruti , à ces yeux qui ne la pouvaient comprendre. Elle se développa d'abord dans les catacombes , et l'on essaya plusieurs fois de l'éteindre dans le Sang. Les pauvres la reçurent les premiers, et les puissants furent pendant trois siècles ses implacables ennemis. Enfin arriva le temps où elle devait briller de tout son éclat et changer ostensiblement la face de l'univers , après avoir préparé insensiblement cette révolution dans les cœurs. Ce fut au quatrième siècle de l'ère chrétienne qu'eut lieu cette glorification du christianisme, qui changea véritablement la face du monde.

Le grand Constantin devint l'instrument choisi par la Providence pour produire ce changement miraculeux et compléter la plus grande oeuvre qui fut jamais dans toute la suite des âges. A côté d'un homme célèbre se tient ordinairement , et le plus souvent à demi cachée , une femme qui , si elle n'est l'inspiratrice de son génie , est au moins l'associée de ses idées et la compagne dévouée de ses travaux . Chez Adam , et bien souvent depuis , on a vu cette femme exercer sur l'homme une influence funeste ; mais en la réhabilitant dans la personne de Marie , le Christ en a fait la coopératrice du grand mystère de la rédemption des hommes. On pourrait citer à la suite de la Vierge immaculée les saintes figures d'Hélène , de Monique , de Clotilde , de Blanche , et d'autres encore ; mais Hélène appelle et fixe ici toute notre attention , et c'est d'elle que nous avons à nous occuper.

Les historiens sont divisés sur l'origine de la mère de Constantin. Les uns la font naître d'un sang royal et la disent fille de Coïlus , roi de Bretagne ; d'autres ne lui assignent qu'une origine obscure . Après avoir examiné ces diverses allégations , nous penchons beaucoup pour admettre , d'après saint Ambroise et l'historien Procope , qu'Hélène était née au bourg de Drépane en Bithynie ( région du nord de la Turquie actuelle près de la mer noire et de Byzance – elle était possiblement d`origine grecque car il y avait de nombreuses colonies grecques sur le bord de la mer noire et dans cette région?).

SAINTE HÉLÈNE ET SON SIÈCLE : L`impératrice romaine qui retrouva la Sainte Croix à Jérusalem Carte_Bithynie
Drépane en Bithynie ou Hélènopolis serait le lieu de naissance de Sainte-Hélène - ancienne ville gréco-romaine de nos jours en Turquie. Sainte Hélène a aussi vécu en Allemagne a Trèves et en Angleterre dans des villes de garnisons romaines

Constantin lui-même justifia cette assertion en faisant plus tard embellir et fortifier Drépane, qu'il nomma Hélénopolis , en mémoire de sa mère. Les parents d'Hélène , suivant les mêmes auteurs, tenaient une modeste hôtellerie . Leur fille , belle et sage , plut à Constance- Chlore , alors simple officier des gardes prétoriennes , qui l'épousa.

Hélène faisait là un mariage brillant et fort au dessus de son humble position. Constance possédait de grands biens en Dardanie (région antique qui incluait le territoire actuel du Kosovo et d'une partie de la Macédoine du Nord et de l'Albanie.) , où il appartenait à une famille puissante . Ce fut là qu'il emmena sa femme , et qu'elle donna le jour , l'an 272 , dans la ville de Naisse , à ce Constantin destiné à remplir un si grand rôle dans les destinées de l’Église . Pendant les vingt années qui suivent , l'histoire ne dit rien d'Hélène , et nous en sommes réduits aux suppositions . Il est à croire qu'elle contribua beaucoup pour sa part aux nobles instincts qui se développèrent chez son fils , et les honneurs qu'il lui rendit par la suite témoignent du respect qu'il avait pour elle et de l'amour qu'elle avait su lui inspirer . Parmi les plus grands hommes , dit un historien moderne , ceux qui ont fait le plus de bien au monde avaient le cœur façonné à l'image du coeur de leur mère . » Ainsi nous sommes fondés à accorder à Hélène cette heureuse influence de l'éducation première qu'une mère imprime dans le coeur de son enfant.

Cependant Hélène n'était pas chrétienne , et elle était encore bien éloignée du jour où la vérité devait luire à ses yeux ; mais l'élection divine l'avait déjà marquée du sceau des prédestinés , elle avait en germe les nobles et généreuses qualités qui font les saints ; je n'en veux pour témoignage que les fruits qu'elles produisirent dans la suite. Constance surnommé Chlore, son époux , était également doué d'un grand et digne caractère , et c'était une chose bien rare dans le monde païen , corrompu comme il l'était alors , que ce couple si méritant en dehors de la religion chrétienne. Doux , modéré, plein d'humanité , chéri des soldats , aimant à faire le bonheur des peuples , réglé dans ses mœurs et respectant la vertu , tel était donc le futur empereur Constance . Sans être fort instruit , il favorisa et protégea les lettres . L'historien Eusèbe dit qu'il connut le vrai Dieu et qu'il condamnait la grossière superstition du polythéisme; mais tout en rendant une sorte de manifestation à la vérité , dans la protection qu'il donna aux chrétiens et la préférence qu'il leur témoigna , il eut la faiblesse de ne pas se déclarer ouvertement pour elle et de garder pour lui son opinion . Faiblesse assez ordinaire dans un temps où il s'agissait d'opter entre les dignités , la pourpre , ou la pénitence et le martyre.

Pendant vingt années il y a lieu de croire que Constance , qui avait les moeurs les plus pures , rendit sa femme aussi heureuse qu'on peut l'être du bonheur de ce monde ; c'est-à-dire qu'il ne fut pas exempt des vicissitudes inhérentes à la condition humaine . La satisfaction qu'elle eut de voir s'élever par degrés un mari qui l'avait épousée par affection , dut être souvent mélangée par les inquiétudes qui sont le partage de l'épouse d'un guerrier. Vivant au milieu des camps , Constance , dès 274 revêtu d'un commandement, remporta une victoire importante sur une tribu germanique. Peu de temps après il fut gouverneur de la Dalmatie (Région des Balkans) et repoussa avec succès une irruption des Sarmates , ce qui lui assura , autant que l'illustration de sa famille , la faveur de l'empereur Dioclétien . Mais est-ce donc un bonheur pour une épouse affectionnée que l'élévation politique d'un époux ? Ce qu'elle gagne en honneurs , elle le perd en tranquillité. Dès lors il ne lui appartient plus, il appartient aux affaires. Adieu les douceurs de la vie domestique ! adieu le charme de l'existence ! Et qui sait quelles autres peines venaient encore empoisonner les joies intimes d'Hélène ? qui sait si les parents de son mari , le voyant élevé en dignité , ne lui reprochèrent pas plus amèrement qu'ils ne l'avaient peut-être déjà fait son union avec une petite fille d'auberge ? qui sait combien de jalouses inquiétudes durent assiéger le cœur d'Hélène et troubler son sommeil , en voyant Constance lancé dans la faveur des cours ?

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La Tétrarchie au temps de Constance et de Sainte-Hélène au 4 ème siècle - En jaune - la Gaule (France) et la Bretagne (Angleterre) sont gouvernées par l`empereur romain Constance et ensuite par son fils Constantin qui va se convertir a la foi chrétienne. En vert - l`Italie, l`Espagne et l`Afrique du Nord sont gouvernées par l`empereur romain païen Maximien - en rouge - la région du Danube et de la Grèce sont gouvernées par l`empereur romain païen Galère - en mauve - L`Égypte, la Turquie et la Syrie-Palestine sont sous le gouvernement de l`empereur romain païen Dioclétien qui va ordonner des persécutions violentes contre les chrétiens.

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Pressions des tribus barbares contre l`empire romain au 3 ème siècle

Hélas ! ces tristes pressentiments ne furent que trop justifiés ! Qu'il aimât encore sa femme ou non , de gré ou de force , Constance - Chlore, créé césar par Dioclétien , c'est à-dire héritier présomptif de l'empire , fut obligé , pour sanctionner une si haute faveur , de répudier l'humble Hélène , la mère de son Constantin , et d'accepter pour épouse Théodora , belle - fille de l'empereur Maximien -Hercule , collègue de Dioclétien . Cette princesse était née d'un premier mariage de l'impératrice Eutropia. Il est plus aisé d'apprécier que de peindre les  douleurs d'Hélène et sa courageuse résignation . L'épouse répudiée , se renfermant dans le silence et l'obscurité , se retira dans une province éloignée, vraisemblablement à Trèves (Allemagne). Nous aimons à croire que son époux lui avait assuré une existence honorable.

D'ailleurs , à son défaut, Constantin , son fils, y aurait pourvu sans aucun doute , et nous ne plaignons Hélène que sous le rapport des souffrances du cœur. Son fils même ne lui appartient plus , il suit la fortune de son père . Et si les cœurs de la mère et du fils demeurèrent unis , leurs existences restèrent séparées. Ce jeune prince était alors âgé de vingt ans. Il réunissait les avantages du corps aux belles qualités de l'âme : grand , bien fait , brave , généreux , magnanime , sage dans sa conduite privée , il ne manifestait d'autre passion que celle de la gloire , et cherchait à imiter son père qui s'illustrait de plus en plus par ses exploits guerriers. Dioclétien le retenait en otage à sa cour pour s'assurer de la fidélité de Constance -Chlore ; car , dans ces temps féconds en trahisons , on ne se fiait à personne. Constantin , comme un autre Moïse , fut donc élevé au sein même de la fausse religion qu'il avait mission de détruire.

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Monnaie romaine montrant l`empereur Constance Chlore - Trèves - Allemagne 305 Ap J.C. - Constance Chlore ou Constance I , Caius Flavius Julius Constantius (vers 250-306), est un César du 1 mars 293 au 1 mai 305.

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L`empereur romain chrétien Constantin et sa mère Sainte-Hélène

II

Pour mieux donner une idée de l'heureuse révolution que le règne de Constantin devait apporter dans l’Église , il faut se faire un tableau de la situation où elle était avant l'avènement de ce prince. Durant près de trois siècles , neuf persécutions consécutives , ordonnées par les empereurs romains et exagérées encore par des courtisans dignes de tels maîtres , n'avaient fait que fortifier la foi qu'on avait voulu anéantir. Le sang des martyrs , comme une divine semence , faisait germer des millions de chrétiens qui se multipliaient de la manière la plus inquiétante pour ceux qui avaient juré de détruire la religion . Aussi la rage de l'enfer et de ses adeptes était-elle à son paroxysme , et elle épuisa ses derniers efforts en suscitant, l'an 303 ap J.C. , une dixième persécution , la plus sanglante et la plus cruelle de toutes. La plume se refuse à tracer le tableau de la société romaine telle qu'elle était alors , ainsi que la corruption des empereurs qui étaient les maîtres du monde. L'imagination la moins chaste ne peut se faire une idée des vices et des crimes passés dans les moeurs de ce temps . L'histoire a enregistré les turpitudes et les atrocités des Caligula , des Néron et de leurs successeurs. (voir le livre de Suétone - Vies des douze Césars)

La cour et le peuple ne valaient pas mieux , et tous courbaient la tête sous le joug odieux qui autorisait les plus viles passions . L'exemple de leurs dieux romains eux-mêmes y portait , et du culte de ces dieux auxquels ils ne croyaient plus, les païens , qui en avaient perdu toute crainte , n'avaient conservé que ses indécents mystères. A côté du hideux spectacle que présente ce monde plus qu’abruti , les mœurs des chrétiens forment un magnifique contraste . Déjà les calomnies répandues sur eux étaient tombées, on ne pouvait plus fermer les yeux sur l'excellence de leur vie et sur la pureté de leur doctrine ; mais ces moeurs si saintes étaient une condamnation trop vive de la corruption païenne pour ne pas exciter plus que jamais la rage des persécuteurs , qui tenta, dans un dernier effort, d'exterminer le christianisme par toute la terre. Dioclétien , regardé comme l'auteur de la dixième persécution , n'était cependant pas des plus vicieux entre les empereurs romains. Durant dix-neuf années il avait laissé les chrétiens fort tranquilles , et leur témoignait même quelque confiance en les admettant parmi les principaux officiers de son palais. Ce ne fut qu'à la fin de son règne que , cédant aux observations de Galérius ( l`empereur Galère), second césar et son fils adoptif, il signa ce fameux édit dont il assuma ainsi toute la responsabilité, et dont l'exécution inonda la terre de flots de sang , d'autant plus que les intentions des princes furent souvent dépassées par la fureur des juges et des bourreaux.

On exerça contre les chrétiens des cruautés inouïes , et l'on employa des tortures inconnues jusque-là .  La persécution commença dans le palais même de Dioclétien . Prisca , sa femme, et Valéria , sa fille , mariée à Galérius , eurent la faiblesse de sacrifier aux idoles. Plusieurs de ses officiers , aussi chrétiens , aimèrent mieux perdre sa faveur que de trahir la foi. On leur fil endurer les plus cruelles tortures , et en particulier à l'un d'eux , nommé Pierre , que Dioclétien aimait cependant. L'empereur Maximien prit , dans cette persécution , une part plus cruellement active encore que son collègue dont il n'avait pas attendu l'édit pour la commencer. Dans les Gaules (France) , où il commandait , on vit plusieurs milliers de martyrs.  

III

Le césar Galérius (Galère), fils adoptif de Dioclétien et plus ardent persécuteur des chrétiens que l'empereur , n'avait pas attendu le sanglant édit provoqué par lui pour en venir aux persécutions les plus violentes . Il en exerçait depuis longtemps dans les provinces qu'il gouvernait , cédant à la fois à l'instigation de sa mère et à sa férocité naturelle. Ingrat envers le bienfaiteur qui , dès les plus bas âges, l'avait élevé au pouvoir , Galérius fut le principal instrument de la punition de Dioclétien , en attendant qu'il reçût à son tour le châtiment de ses crimes. Le règne du vieil empereur avait été long et heureux , si on le compare à celui de ses prédécesseurs ; mais depuis le fatal édit qui le rendit responsable de toutes les cruautés exercées en son nom , la main du Seigneur s'appesantit sur lui . Il perdit d'abord de sa popularité , et fut obligé de quitter Rome, où il n'était plus goûté , pour se retirer à Nicomédie (Près de Byzance en Turquie); sa santé se dérangea sensiblement , et jusqu'à un certain point sa tête . Galérius, profitant de ces circonstances , le força d'abdiquer le pouvoir , ainsi que Maximien , empereur adjoint , et qui avait toujours marché d'accord avec Dioclétien .

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Persécutions contre les chrétiens ordonnées par l`empereur romain païen Dioclétien

De cette manière , Galérius et Constance Chlore , leurs fils adoptifs, furent proclamés empereurs. Dioclétien prit d'abord son parti d'assez mauvaise grâce pour verser publiquement des larmes en renonçant à l'empire ; mais enfin , surmontant cette faiblesse , il se retira à la campagne , et , appréciant désormais les grandeurs à leur juste valeur , il goûta quelque consolation à cultiver lui même son jardin , et aurait pu s'y trouver heureux si l'on pouvait s'affranchir du remords et s'il eût pu être insensible aux douleurs qui frappèrent sa famille . Prisca , sa femme , ne se résigna point à être la compagne de sa solitude , et elle demeura à la cour du nouvel empereur , soit qu'elle ne sût pas renoncer à l'éclat de la pourpre , soit que son cœur la portât plutôt à rester la compagne inséparable de l'impératrice Valéria sa fille .

Le poids de l'empire romain , attaqué de toutes parts par des peuples barbares , était trop lourd pour les épaules d'un seul homme, et Galérius fut, ainsi que ses prédécesseurs , obligé d'accepter un collègue. En conséquence Constance -Chlore, qui depuis longtemps faisait avec succès la guerre dans les Gaules et dans la Grande-Bretagne , y conserva la souveraine autorité que lui assuraient d'ailleurs l'amour de ses troupes et celui des peuples qu'il avait vaincus et qu'il traitait avec une humanité digne d'éloges. Galérius gouvernait l'Illyrie (Balkans) , la Thrace et l'Asie Mineure par lui- même. Il créa deux nouveaux césars : Sévère et Maximin , aux quels il donna pour gouvernement , à l'un l'Italie et l'Afrique, à l'autre le reste de l'Asie . Cette élection était faite au préjudice de Maxence , son gendre , dont il craignait le caractère , non moins odieux que le sien , de Candidien , son propre fils , trouvé trop jeune , et de Constantin , aimé du peuple comme son père et désigné comme césar par sa naissance et la voix populaire. Ce jeune prince , pendant que son père combattait en Occident , était resté à la cour de Dioclétien (Empire Romain d`Orient - en Turquie actuelle) .

Au milieu de cette cour corrompue , Constantin , à l'exemple de son père , conserva la pureté de ses moeurs et la loyauté de son caractère . Galérius continua de le retenir auprès de lui , et , redoutant pour lui l'avenir de ce jeune prince , lui dressa plusieurs embûches auxquelles il échappa par les soins d'une Providence qui avait sur lui ses desseins et qui sut déjouer la malice des hommes. Constantin avait trente et un ans lorsque Galérius parvint au souverain pouvoir . Ce dernier n'avait nul droit de le retenir , d'autant plus que son père le redemandait . Désirant s'en défaire , mais ne l'osant pas ouvertement parce que Constantin était aimé des soldats , Galérius tendit des pièges à sa valeur : il l'engagea à combattre contre un lion furieux , et l'exposa aux plus grands dangers dans la guerre qu'il faisait aux Sarmates ; mais la main de Dieu protégeait Constantin . Enfin Galérius , ne pouvant résister à une demande aussi juste que celle de Constance , qui , malade et sentant approcher sa fin , voulait voir son fils avant que mourir , feignit de se rendre , et il donna à Constantin la permission de partir et le brevet nécessaire pour prendre des chevaux dans les postes impériales.

Une preuve qu'il n'était pas de bonne foi , c'est que , lui ayant fait remettre ce brevet sur le soir , il lui commanda d'attendre au lendemain matin pour recevoir ses ordres . Constantin se douta de sa fraude. Il craignit que le dessein de l'empereur ne fût ou de le retenir encore à Nicomédie (Empire Romain d`Orient - en Turquie actuelle) sous quelque prétexte , ou de se donner le temps de faire passer à Sévère , qui commandait en Italie , un ordre de l'arrêter en chemin. Il partit de nuit , et prit la précaution d'estropier ou même de tuer les chevaux de chaque poste après s'en être servi, afin que l'on ne pût le poursuivre . L'événement justifia ses craintes : Galérius , après avoir affecté de rester au lit jusqu'à midi, fut , à son lever , très-étonné de ne point voir Constantin ; et ayant appris qu'il était parti , il voulait que l'on courût après lui . On se mit en devoir de lui obéir ; mais la prévoyance de Constantin avait mis les chevaux de poste hors d'état de rendre service ; il fallait renoncer à l'espérance d'atteindre le prince fugitif , qui avait pris déjà beaucoup d'avance , et Galérius ne put qu'exhaler sa colère en plaintes et en vaines menaces .

Constantin fit heureusement sa route , et arriva auprès de son père, qui ne devait pas survivre longtemps à cette réunion . Malgré sa mauvaise santé , Constance se préparait alors à passer de la Gaule dans l`île de la Grande-Bretagne , pour faire la guerre aux Pictes , nation qui occupait la partie nord de l'île , aujourd'hui l’Écosse . Constantin l'y accompagna. Ce fut au retour de cette expédition , dont il était revenu vainqueur, que Constance mourut à York (Angleterre) entre les bras de son fils , le 23 juillet 306 , laissant à regretter aux chrétiens , qu'il avait toujours favorisés , qu'il n'eût pas su joindre à ses belles qualités la manifestation personnelle de la vérité qu'il avait semblé reconnaître et que , moins retenu par les entraves du rang , il aurait peut-être embrassée ; mais il n'avait pas cru sans doute pouvoir être à la fois césar et chrétien , et c'était dans la personne de Constantin son fils ,que devait se révéler au monde étonné ce nouveau miracle .


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L`empereur Constance Chlore et son fils Constantin interviennent contre les tribus pictes de l`Écosse dans la Grande Bretagne romaine

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La Grande-Bretagne romaine

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Eboracum de nos jours la ville de York dans le nord de l`Angleterre - On voit la ville et le camp retranché romain - L`empereur Constance Chlore meurt de maladie au retour de la campagne militaire contre les Pictes

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La ville de York de nos jours dans le nord de l`Angleterre (Eboracum au temps de la Bretagne romaine)

Un des premiers actes du règne de Constantin fut de tirer sa mère de l'obscurité et de l'exil , et de lui rendre les honneurs dus au rang d'une impératrice . Il établit d'abord sa cour à Trèves (Allemagne), où elle résidait , lui confia tous ses trésors et la fit entrer en participation de sa puissance. Hélène ne s'en servit que poursuivre les mouvements généreux de son coeur qui la portait à faire le bien . Grâce à ces heureuses inclinations , elle pouvait encore goûter quelques joies dans celle élévation qui eût paru trop tardive à une femme frivole pour qu'elle en pût jouir , car Hélène était âgée de soixante ans. Heureuse la femme qui a mis ses plaisirs et sa gloire dans la pratique des devoirs de la famille et l'exercice de la bienfaisance ! les cheveux blancs ni les rides ne peuvent les lui ravir , et la vertu lui donne un charme inaltérable qui survit à la jeunesse Hélène goûtait pour la première fois , dans cet âge avancé , le bonheur et le pouvoir de soulager les misères de l'humanité, et elle y joignit celui de jouir enfin des prérogatives d'une mère de famille , titre plus précieux à son coeur que celui d'impératrice ; elle réunissait sous sa tendre influence et le digne fils qui s'identifiait étroitement avec elle , et son petit- fils Crispus, dont l'éducation devint un des principaux objets de sa sollicitude maternelle . Les enfants de Théodora furent aussi les objets de ses soins vigilants . Le cœur d'Hélène devait déborder de joie ... mais non , il n'est pas encore venu le jour divin où son bonheur devait être complété par la connaissance du vrai Dieu qu'elle était si digne de posséder , et le sentiment de la vertu purement humaine ne porte point avec soi de quoi réjouir parfaitement le cœur de l'homme.

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Empire romain

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Augusta Treverorum - le ville de Trèves sur la rivière Moselle de nos jours en Allemagne - ou résidait la cour de l`empereur romain Constantin et sa mère Sainte-Hélène

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La ville de Trèves en Allemagne de nos jours

D'ailleurs , même à ne la considérer qu'humainement , la félicité de l'impératrice avait ses ombres : indépendamment des amers souvenirs du passé, elle devait avoir des sujets de crainte pour l'avenir , car le pouvoir de Constantin ne s'affermit pas sans de longues luttes , et nous allons le voir pendant sept années disputé par bien des compétiteurs qui rendent cette époque de l'histoire une des plus embrouillées et des plus difficiles à exposer. La première démarche de Constantin , après qu'il eut été proclamé auguste par la mort de son père, fut de demander à Galérius la confirmation de ce que les soldats avaient fait en sa faveur. Ce n'était pas le compte de Galérius , qui avait d'autres intentions ; mais n'osant s'opposer formellement à Constantin et à l’armée qui le chérissait , il n'acquiesca à cette élection qu'en partie ; c'est-à-dire , qu'en envoyant à Constantin la pourpre , marque de sa nouvelle dignité , il lui ordonna de se contenter du titre et des honneurs de césar , conférant à Sévère le titre d'auguste , vacant par la mort de Constance-Chlore . Constantin , par une modération qui valait la plus habile politique , se soumit à cette décision , et il descendit sans murmurer du second rang au quatrième.

Galérius, qui s'était peut-être attendu à la résistance et à l'empiétement, parut satisfait de ce nouvel état de choses . Il n'eut pas les mêmes sujets de satisfaction de la part de son gendre Maxence , fils de l'ex -empereur Maximien-Hercule . Nous avons vu qu'à l'exclusion de ce gendre , Galérius s'était adjoint comme césars Sévère et Maximien ses créatures , dont il  espérait plus de servilité. Blessé dans son ambition , Maxence, excité d'ailleurs par son père qui , n'avait abdiqué que malgré lui et qui regrettait le trône , profita des mécontentements que Galérius avait donnés à la ville de Rome , pour y fomenter la révolte et s'élever lui - même à l'empire . Alors Maximien ayant repris aussi le rang qu'il regrettait , on vit à la fois six princes se partageant le pouvoir en qualité de césars ou d'augustes ; savoir : Galérius, Sévère , Maximin , Constantin , Maximien-Hercule et Maxence . Il s'en fallut de peu que ce nombre ne fût encore augmenté d'un septième , Maximien ayant engagé Dioclétien à suivre son exemple ; mais ce dernier eut le bon sens de préférer aux luttes d'une puissance aussi disputée , les douceurs de la retraite qu'il habitait et où la culture des fruits de la terre lui paraissait plus douce que le gouvernement si lourd des peuples .

Tout réussit d'abord à Maximien et à Maxence. Ce dernier s'empara par perfidie de son compétiteur Sévère et le fit mourir . Maximien chercha ensuite un appui dans l'alliance de Constantin . Ce jeune prince n'avait pas lieu , non plus que lui , d'aimer Galérius ; d'ailleurs le fils de Constance devait être un précieux allié , car , aimé au dedans et redoutable aux ennemis au- dehors , il commençait son règne d'une façon tout à fait brillante . Le premier usage qu'il avait fait de sa puissance avait été d'accorder aux chrétiens le libre exercice de leur religion , en révoquant expressément l'édit de persécution que son père s'était contenté de ne point exécuter. En même temps il repoussait avec avantage et même avec une sévérité rigoureuse les attaques des Francs et des Barbares qui cherchaient à s'établir dans les Gaules où il commandait en même temps que dans la Grande Bretagne.

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Les tribus des Francs en Germanie veulent s`installer par la force en Gaule romaine au début du 4 ème siècle

Maximien alla donc trouver Constantin pour resserrer de nouveau les liens qui existaient déjà entre eux . On sait que Constance-Chlore , fils adoptif de cet empereur, en avait épousé la belle - fille , qui avait donné à Constantin plusieurs frères et soeurs . Pour rendre cette liaison encore plus étroite , Maximien lui donna en mariage sa propre fille Fausta , soit que sa première femme Minervine , mère de son fils aîné Crispus , n'existât plus , soit qu'il l'eût répudiée pour conclure , à l'exemple de son père , un mariage politique . Maximien , en faisant de Constantin son gendre , lui conférait en même temps le titre d'auguste , que Constantin accepta cette fois sans scrupule , comptant que l'élection de Maximien était un titre incontestable et bien plus fort que n'avait été la proclamation des soldats après la mort de son père. Galérius lui- même dut finir par être obligé de reconnaître cette validité . Maxence fut le premier instrument dont Dieu se servit pour châtier Galérius , qui essuya une honteuse défaite en venant mettre le siège devant Rome dans le but de venger Sévère. Le nouveau tyran , affranchi de toute crainte , se livra alors à tous les vices qui lui étaient naturels : il regardait comme sa proie les biens des citoyens et l'honneur des familles ; mais il ne jouit pas longtemps de  l'impunité , et ne tarda pas à trouver dans son propre père un ennemi vengeur de ses crimes ; car il était dans les décrets éternels que tous ces persécuteurs devaient s'entre-détruire et venger , sur les autres , les droits sacrés de la religion et de la morale , par eux si scandaleusement outragés.

Maximien , qui n'avait prêté son aide à Maxence qu'en vue de remonter lui-même sur le trône , profita des fautes de son fils pour soulever contre lui le peuple de Rome. Mais Maxence trouva de l'appui dans ses soldats , qui prirent le parti du jeune empereur contre un père dénaturé qui s'était déconsidéré d'ailleurs par son inconstance et par la faiblesse de caractère qu'il montrait en ne sachant pas plus se contenter de la condition privée qu'il n'avait su garder l'empire . Repoussé dans sa tentative , il fut obligé de chercher son salut dans la fuite , et revint en Gaule pour demander vengeance à Constantin , lequel ne jugea point à propos d'épouser cette odieuse querelle . Alors Maximien , qui voulait le trône à tout prix , s'abaissa jusqu'à recourir à Galérius pour réclamer de lui la place vacante par la mort de Sévère , puisque Galérius ne reconnaissait pas l'usurpation de Maxence . Mais il ne voulait pas plus du père que du fils , et c'était à Licinius , son compatriote et son conseiller , qu'il destinait cette part de l'empire. Voilà donc encore un nouveau compétiteur dans le chemin de Constantin ; celui-ci ne valait pas mieux que les autres. Licinius avait rendu de grands services à Galérius dans la guerre contre Narsès , le roi des Perses . Il passait pour habile dans l'art militaire et savait maintenir la discipline parmi les troupes ; mais il paraît que c'était là son seul mérite , et les païens mêmes en font un portrait odieux .

Il fut violent persécuteur des chrétiens , autant qu'il lui fut permis de suivre son inclination , et si , dans certains temps , il les épargna ou même parut les protéger , on ne doit attribuer cette modération qu'à des vues politiques . Il était l'ami de Galérius , c'est tout dire . Ce dernier , qui ne reconnaissait ni Maxence ni Maximien , voulut , pour consolider la promotion du nouvel auguste , la faire autoriser par Dioclétien , qui conservait encore une grande autorité morale sur les peuples , et à qui la conduite qu'il tenait dans sa retraite conservait toujours une impression de majesté. Celui-ci se rendit , à la prière de Galérius , à Carmonte dans la Pannonie , afin qu'ils pussent conférer ensemble. Maximien vint les y joindre , dans l'espoir d'engager Dioclétien à ressaisir avec lui les rênes de l'empire ; mais il se trompait dans cette attente , et le vieil empereur ne fit que lui vanter les douceurs qu'il goûtait dans sa retraite .

L'élection de Licinius fut confirmée , et Maximien fut obligé de se contenter des vains honneurs qu'on voulut bien lui abandonner sans pouvoir. Peu satisfait de cet arrangement , Maximien quitta la cour de Galérius et se retira de nouveau auprès de Constantin , qui se conduisit envers lui avec toutes sortes d'égards ; non content de faire jouir son beau - père d'une opulence impériale , il avait pour toutes ses volontés une déférence extrême ; mais cet ambitieux , qui voulait être maître suprême , ne se tenait tranquille qu'en apparence et couvait secrètement de noirs desseins . On était alors en l'an 308 .

Constantin ne jouissait encore alors du titre d'auguste que dans les provinces qu'il commandait . L'ambition d'un autre lui valut l'avantage d'être reconnu en cette qualité par Galérius , et par conséquent par tout l'empire , excepté les pays où dominait l’usurpateur Maxence : Maximin , surnommé Daza, créé césar trois ans auparavant par Dioclétien , vit avec dépit Licinius tout à coup élevé au rang d'auguste, sans avoir passé par celui de césar . Créature de Galérius , Maximia , blessé dans son ambition , se révolta contre son bienfaiteur et se fit nommer auguste par ses troupes. Il fallut , pour éviter une nouvelle guerre civile , que Galerius ratifiât cette élection ; il ne lui fut pas possible alors de refuser le même titre à Constantin . Quatre empereurs , régulièrement reconnus pour tels , se partageaient donc alors l'empire romain, sans compter l'usurpateur Maxence .

IV

Constantin justifiait cet accroissement d'honneurs et de puissance par de nouveaux exploits contre les ennemis de l'empire. Deux fois il repoussa les attaques des Francs , ayant été obligé de laisser imparfaite une première expédition pour venir s'opposer aux envahissements de son beau père, qui profitait de son absence pour causer un soulèvement. L'insatiable ambitieux n'était pas encore guéri de la soif qui l'avait tourmenté de ressaisir le pouvoir suprême. Ayant échoué contre Maxence et auprès de Galérius , il tournait ses efforts inquiets contre son gendre , qui s'était toujours conduit avec tant de noblesse à son égard . Pendant l'absence de Constantin , il reprenait la pourpre pour la troisième fois et se faisait proclamer empereur en Provence , après s'être emparé des trésors du prince et en avoir fait des largesses à ses complices . Il fut facile à Constantin de vaincre un adversaire dont le succès ne reposait pas sur l'amour des peuples . Assiégé dans Marseille, trahi par les habitants et amené aux pieds de Constantin , l'ingrat vieillard en fut quitte pour de justes reproches ; mais en ne le punissant pas autrement par respect pour l’affinité qui les unissait, le gendre prit pourtant les précautions nécessaires à sa sûreté , en dépouillant son beau - père de la pourpre qu'il avait si illégalement reprise , et il le retint auprès de sa personne. L'impunité des premiers forfaits est un attrait qui porte un mauvais cœur à en hasarder de nouveaux : Maximien fut assez scélérat et assez insensé pour solliciter sa fille de livrer Constantin à ses fureurs. Par prières , par caresses , par promesses flatteuses , il tâcha de l'engager à laisser ouverte , pendant la nuit, la chambre où couchait l'empereur , et en écarter les gardes. Fausta se trouvait dans un grand embarras : d'une part elle craignait les emportements de son père si elle refusait de se prêter à ce qu'il exigeait d'elle , et de l'autre , elle était très- résolue à ne pas trahir son mari.

Elle promit de faire ce qui lui était proposé , et elle rendit compte de tout à Constantin . Il fut convenu entre eux que l'on se mettrait en état de convaincre le criminel et de le prendre sur le fait. Le moyen qui fut employé est digne des mœurs païennes. On mit un esclave dans le lit de l'empereur , et une négligence affectée dans tout l'appartement sembla inviter l'assassin . En effet, au milieu de la nuit , Maximien se lève , et voyant la garde endormie ou faisant mal son devoir il ne doute pas que Fausta ne lui ait tenu parole . Il avance , il approche du lit , tue celui qu'il y trouve couché , et croyant avoir tué Constantin , déjà il se livrait à des transports de joie , lorsque Constantin parut environné de gens armés. Il est aisé de juger quelle fut la consternation du coupable. Une rage muette le rendit immobile . Il s'était ôté à lui -même tout moyen de défense , et il ne pouvait plus espérer de grâce . Constantin crut faire assez que de lui laisser le libre choix d'un genre de mort , et Maximien termina bientôt une vie souillée de crimes.

Ainsi périt ignominieusement, à l'âge de soixante ans , un prince qui avait régné près de vingt ans avec quelque gloire. Aux folies et aux crimes de sa vieillesse il faut ajouter qu'il avait été un violent persécuteur des chrétiens dans les Gaules où il gouvernait avant Constance . Il n'avait pas attendu l'édit de Dioclétien pour exercer contre eux ses cruautés. Il est à remarquer qu'étant le premier de cette génération de princes qui trempèrent dans cette dixième et atroce persécution , il fut aussi le premier d'entre eux qui périt comme marqué du sceau de la vengeance divine . Galérius ne devait pas tarder à le suivre. On était en 310 , il y avait sept ans que les chrétiens étaient l'objet persévérant de la rage de cet autre Antiochus , qui ne faisait pas peser une main moins lourde sur le reste de ses sujets , contre lesquels il multipliait les exactions pour donner des fêtes brillantes . Ce fut au milieu de cet aveuglement de la prospérité qu'il fut frappé d'une plaie honteuse , mystère pour les médecins qui payèrent de leur vie l'impuissance où ils étaient de le guérir .

Ainsi qu'Antiochus, les vers lui sortaient du corps, et une horrible pourriture rongeait ses entrailles ; la moitié de sa personne offrait l'aspect d'un squelette , le reste ne conservait plus de forme humaine. Malgré ses intolérables douleurs , la mort tarda plus d'un an à venir , soit pour le faire souffrir davantage , soit que la miséricorde divine , qui ne manque pas même aux plus grands coupables , voulût lui laisser le temps de faire pénitence de ses crimes . Un médecin , qui sans doute était chrétien , eut le courage d'y exhorter l'empereur moribond , en lui remontrant que sa maladie était manifestement une vengeance divine et ne pouvait céder à aucun remède humain ; que depuis longtemps il faisait la guerre aux serviteurs de Dieu , et que Dieu avait étendu sur lui une main vengeresse . Cette pensée ne laissa pas de faire impression sur Galérius , qui témoigna une sorte de repentir ; mais , pour pousser jusqu'au bout sa ressemblance avec l'impie Antiochus , ce fut un de ces repentirs imparfaits qui n'apaisent point la colère du ciel . L'orgueil de Galérius ne lui permit pas de reconnaître pleinement ses torts , et tout en publiant un édit pour faire cesser la persécution , il essaya néanmoins de justifier l'horreur de sa conduite précédente.

La paix fut donc rendue à l’Église et la liberté au culte saint. Des prières furent faites pour l'empereur; mais le ciel avait marqué sa victime , et il mourut peu de jours après , triste exemple de ces conversions tardives, imparfaites et plus que douteuses , pour témoigner au monde qu'un coeur gangréné ne devient pas pur aisément , et que , s'il ne faut jamais désespérer d`un miracle, il faut encore  moins y compter, quand on a passé sa vie à fouler aux pieds tout ce qui est saint et sacré . Et comme le châtiment devait s'étendre sur la famille de ce malheureux prince , ce fut en vain qu'il recommanda en mourant Valérie sa femme et son fils Candidien à Licinius sa créature. Nous verrons plus tard que la veuve et l'orphelin ne trouvèrent en lui qu'un persécuteur.

Comment les élèves de Galérius n'auraient- ils pas appris l'ingratitude à l'école de celui qui fut ingrat envers tous ceux qui lui firent du bien ? L'empire alors se trouva ainsi partagé : Constantin , Licinius et Maximin Daza , se reconnaissait tous trois pour augustes , mais n'étant pas d'accord entre eux sur la prééminence , régnaient, le premier dans les Gaules , l'Espagne et la Grande-Bretagne ; le second en Illyrie (Balkans-Grèce) , à laquelle étaient annexées la Macédonie , la Thrace et la Grèce ; le troisième dans l'Asie , l'Orient et l’Égypte. Maxence possédait l'Italie et l'Afrique ; mais les trois autres princes ne voulaient pas le reconnaître et le traitaient de tyran. Sous le prétexte de venger la mort de son père , contre lequel lui- même s'était élevé , Maxence déclara la guerre à Constantin , dont il voulait conquérir l'héritage . C'était une grande hardiesse de sa part , car Constantin était chéri de ses peuples tandis que Maxence était universellement détesté. Il y a tant d'horreurs sur son compte que notre plume se refuse à les tracer ; il nous suffit de savoir qu'il était par ses mœurs digne d'être mis au rang des hommes les plus odieux .

Constantin , au contraire, indépendamment des mérites que nous lui connaissons déjà et du bien qu'il voulait aux chrétiens dont il ne partageait pas encore la foi, travaillait avec ardeur au bonheur de ses sujets , et après avoir vaincu les ennemis du dehors , visitait paternellement ses états , où il s'attachait à réformer les abus , à établir le bon ordre , à faire fleurir tous les biens de la paix , à remédier aux maux causés par la guerre. Par des lois sévères qu'on ne saurait trop louer , il réprima les délateurs , et il nous est permis de penser que sa mère , dont il prenait les conseils , était pour quel que chose dans toutes ces sages entreprises . Fidèle à son caractère , respectant les liens qui l'attachaient à Maxence , Constantin fit tout ce qui dépendait de lui pour éviter la guerre que lui déclarait son beau - frère : il lui fit même des avances ; il l'invita à vivre en concorde et bonne intelligence avec lui ; mais Maxence , se confiant dans la supériorité de ses forces et convoitant les états de Constantin , fut sourd à toute proposition , et leva une puissante armée qui , en faisant la part de l'exagération , et au témoignage des auteurs contemporains les moins favorables à Constantin , avait l'avantage du nombre sur les troupes de ce dernier.

V

Nous voici arrivés à la grande époque , à la célèbre année 311, qui fut celle de la conversion de Constantin et du changement du monde. Voici le terme que Dieu avait marqué aux tribulations de son Église naissante ; désormais dégagée des liens qui la retenaient au berceau , elle va se révéler tout à coup dans toute la splendeur de sa virilité . Dès longtemps , le Seigneur préparait Constantin à cette grande oeuvre. Né d'un père plein d'estime et d'affection les chrétiens , ainsi que nous l`avons déjà dit , ce prince avait pris de bonne heure les mêmes sentiments. Les cruautés exercées sur eux lui avaient fait horreur. Il se rendit attentif à la vengeance que Dieu tira de Maximien et de Galérius . En conséquence de ces différentes impressions , il fut toujours favorable à ceux qui suivaient la loi du christianisme; et nous avons vu que le premier usage qu'il fit de la puissance impériale fut d'abolir tout vestige de persécution . Néanmoins il n'était pas revenu des fausses idées dans lesquelles il avait été nourri sur la multiplicité des dieux ; il trouvait bon que chacun adorât le sien ; et pour lui , il rendait ses hommages à ceux qu'on lui avait appris à révérer , ne connaissant point ce caractère du Dieu jaloux , qui veut être honoré seul , parce que lui seul mérite notre culte. La guerre déclarée par Maxence fut pour lui l'occasion de sérieuses réflexions . Il savait que son ennemi employait les maléfices et les sacrifices magiques pour s'appuyer du secours des puissances de l'enfer. Lui , au contraire , il invoqua ce Dieu qu'il ne connaissait encore que d'une manière imparfaite et confuse , et il le pria de se manifester à lui et de se déclarer son protecteur . Dieu exauça sa prière qui partait d'un cœur sincère ; et par une bonté qui n'avait pas seulement Constantin pour objet , mais qui devait s'étendre à toute l'Église chrétienne , il opéra un miracle en leur faveur.

Comme il était en marche avec son armée pour aller au - devant de celle de Maxence , Constantin , qui pensait peut être avec quelque inquiétude à l'infériorité de ses forces comparées à celles de son ennemi, vit tout à coup au milieu du ciel , vers l'après-midi, une croix étincelante de lumière. On y lisait , en caractères non moins éclatants , ces mots : In hoc signo vinces : Tu vaincras par ce signe. Toute l'armée , aussi bien que l'empereur, vit ce phénomène qui ne présentait rien de commun avec les accidents météorologiques dont la nature parfois se fait un jeu . Tous les témoins furent frappés de ce prodige, et le prince plus que tout autre . Il s'en préoccupa tout le reste du jour ; et la nuit Jésus- Christ lui apparut en songe avec le même signe , et lui ordonna de faire un étendard sur le modèle de cette croix , et de le porter dans les combats comme une sauvegarde contre les attaques de ses ennemis.

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Le signe divin envoyé a Constantin en l`an 311 avant la bataille contre Maxence aux portes de Rome - In hoc signo vinces : Tu vaincras par ce signe.

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Le prince se leva de grand matin , appela des ouvriers , et leur traça le dessin de cet étendard qui fut nommé le labarum . Sur ce plan sont faites à peu près les bannières de nos églises . Un long bâton , couvert de lames d'or était traversé tout en haut par un autre bois semblable en forme de croix , d'où pendait un riche voile , tissu d'or et de pierreries . Une couronne également d'or et de pierres précieuses au milieu de laquelle on voyait les deux initiales grecques du nom de Jésus- Christ, entrelacées l'une dans l'autre , surmontait la sommité de la croix . Au - dessus du voile paraissaient les images de Constantin et de ses enfants. Constantin choisit entre ses gardes cinquante hommes des plus braves et des plus religieux pour porter tour à tour le labarum . Il fit exécuter d'autres bannières sur le même modèle, mais avec moins de magnificence, pour servir d'enseignes militaires à tous les corps de troupes qui composaient son armée. Il voulut que les armes mêmes des soldats portassent l'empreinte de la croix , et il la fit graver sur leurs boucliers et leurs casques. Ce prodige est des mieux attestés et ne saurait paraître douteux qu'aux sceptiques volontaires qui doutent également de tout ce qui fait honneur au christianisme. « Si tout autre témoin nous l'eût raconté que l'empereur , dit l'historien Eusèbe qui nous en a d'abord transmis le souvenir , nous aurions peine à le croire ; mais ce prince , après un exact récit , l'ayant confirmé lui-même avec serment , qui pourrait en douter , surtout après que la suite des temps et des évènements en a confirmé la vérité ? »

Ainsi parlait Eusèbe , tandis qu'une infinité de personnes , qu'il dit en avoir été témoins oculaires , vivaient encore et pouvaient le démentir. Ce témoignage est encore confirmé par une multitude d'écrivains et de monuments de toute espèce . Le lieu précis de l'apparition de la croix à Constantin n'est point connu avec certitude . Mais les circonstances dans lesquelles ce miracle eut lieu s'accordent à faire penser que ce fut dans les Gaules . C'est le sentiment de plusieurs historiens et en particulier de l'un de nos investigateurs les plus sérieux . Ainsi notre heureuse patrie fut choisie entre toutes les contrées pour recevoir ce merveilleux signal de l'émancipation du christianisme qui a commencé à s'opérer dans son sein . Constantin , après cette vision , résolut efficacement de se faire chrétien . Il fit appeler des évêques pour s'instruire dans la foi , et l'on pense qu'il se servit principalement du ministère d'Ossius de Cordoue. Le prince s'appliqua lui-même à la lecture des livres saints , dont il demandait l'intelligence aux ministres sacrés ; et dès qu'il eut connu la vérité il s'étudia de tout son pouvoir à honorer, comme à faire honorer , le Dieu tout- puissant qui se manifestait avec tant de bonté .

L'empereur devenu chrétien amena toute sa famille à la vraie religion , il y fit élever ses enfants. Eutropie sa belle-mère , veuve de Maximien Hercule , Constancie sa soeur , et même Fausta son épouse , embrassèrent le christianisme ; mais la plus précieuse conquête entre tous ces catéchumènes fut sans contredit l`illustre mère de l'empereur , la pieuse Hélène , qui , pour être entrée si tard dans la voie de la vérité, y fit des progrès d'autant plus rapides , et , semblable à l'ouvrier appelé à la vigne sur la dernière heure du jour, elle devait , par sa généreuse ardeur , mériter entre tous le premier rang. De même que deux femmes s'attirent l'une l'autre , les vertus naturelles d'Hélène avaient appelé en elle la grâce surnaturelle , et ces deux feux s'étant rencontrés avaient fait de son cœur un foyer ardent de charité immortelle , Hélène avait soixante - quatre ans , c'était un âge avancé selon le monde ; mais la grâce sembla lui donner de nouvelles forces et une jeunesse nouvelle . Il était bien tard pour la vie de la terre ; il n'est jamais trop tard pour commencer à vivre selon Dieu . O vous que les années ou les chagrins semblent avoir épuisées , âmes chrétiennes vieillies au contact de la souffrance glacée ou des mordantes épines des faux plaisirs , vous qui avez perdu une vie déjà longue à poursuivre une vaine chimère , quel encouragement pour vous que l'exemple de cette femme qui , dans un âge aussi avancé , commence à vivre de la vraie vie et à marcher à grands pas dans la voie de la perfection . L'amour divin rajeunit son cœur et rend des forces à ses membres épuisés . Elle ira jusqu'au sommet de la montagne sainte , elle aura encore le temps d'y laisser à chaque pas des marques de son passage ; suivez -la , il n'est pas trop tard ! Et vous , qu'une sainte mission appelle depuis longtemps , vous qui , malgré de longues années passées à écouter la voix du ciel , n'avez pu encore parvenir à vous dégager des entraves apportées à vos nobles projets , apprenez que Dieu accorde quelquefois, vers la fin de la carrière , ce qu'il n'a pas jugé à propos de donner au commencement , regardez Hélène , ne vous découragez pas , il n'est pas trop tard ! Et vous encore qui depuis longtemps résistez à l'appel divin qui vous presse , et qui remettez votre conversion à un autre temps qui ne viendra peut être pas .... sortez de votre léthargie , que la ferveur supplée à vos retardements , regardez Hélène , il est temps, bientôt il serait trop tard !

VI

L'événement justifia la prédiction miraculeuse : Les troupes , partageant la sainte confiance de leur chef, marchèrent avec ardeur au combat , tandis que l'ennemi fut comme frappé de vertige . Après plusieurs victoires remportées par Constantin en personne , il parvint jusqu'aux portes de Rome , où Maxence se tenait renfermé . Les oracles sybillins consultés par ce prince impie , s'accordèrent à lui faire cette réponse ambiguë : que l'ennemi de Rome allait périr . Il fut assez aveugle pour l'interpréter en sa faveur , tandis qu'il était lui-même le plus cruel ennemi de ses sujets qui devaient bénir son vainqueur. Ce tyran périt dans le combat après six ans d'un règne usurpé et chargé de crimes. On ne sait pas ce que devint sa femme, fille de Galérius, ni le fils qu'elle lui avait donné : il est à croire qu'ils allèrent se cacher dans la retraite un front doublement déshonoré. Le lendemain de cette victoire Constantin entra triomphalement dans Rome , à la grande joie du peuple romain.

« Jamais, dit un auteur contemporain , aucun jour depuis la fondation de la ville ne lui a été plus heureux que celui- ci ; aucun des triomphes que l'antiquité nous vante ne peut entrer en comparaison avec le triomphe de Constantin . On n'a point vu marcher devant le char du vainqueur des généraux ennemis chargés de chaînes , mais toute la noblesse romaine délivrée de celles qu'elle avait portées . On n'a point jeté des barbares en prison , mais on en a tiré les consulaires . Ce ne sont point des captifs étrangers qui ont fait la décoration de cette fête , mais Rome remise en liberté . Elle n'a rien acquis sur l'ennemi, mais elle s'est recouvrée elle - même : elle ne s'est point enrichie d'un butin nouveau , mais elle a cessé d'être elle même la proie d'un tyran ....  Un des premiers usages que Constantin fit de sa victoire fut le licenciement des prétoriens , milice corrompue , énervée , séditieuse , maintes fois souillée du sang de ses empereurs , qui, presque jamais, n'avait pu souffrir aucun bon prince , qui en avait mis en place un si grand nombre de mauvais et s'était en dernier lieu attachée et dévouée au service de Maxence. Le sénat , qui avait été cruellement maltraité et opprimé , trouva en Constantin un libérateur . Ce prince sut aussi se rendre aimable au peuple sans le flatter ni le corrompre ; il fit des libéralités de toute espèce aux indigents. Il se fit estimer par une conduite aussi pure que celle de Maxence avait été déréglée , et commandant à la fois l'affection et le respect , il sut aussi maintenir le bon ordre par une juste sévérité.

Il s'occupa encore de l'embellissement de la ville : il construisit des bains et fit réparer les monuments publics. Le sénat et le peuple , dans leur reconnaissance , lui votèrent un arc de triomphe magnifique , qui subsiste encore aujourd'hui. L'Afrique se soumit à lui ; et la ville de Cirta , particulièrement victime des cruautés de Maxence , et qu'il aida à se relever des maux qu'elle avait soufferts, s'honora de son nom , et devenue Constantine en Algérie. Si nous n'avons pas commencé par parler des marques de reconnaissance de Constantin pour la protection divine dont il avait été sensiblement favorisé , c'est que nous voulons nous étendre à loisir sur ce point . Son premier soin fut d'exiger qu'une statue qu'on lui érigeait dans le lieu le plus fréquenté de la ville , tînt en sa main droite une croix avec cette inscription qui s'adressait aux Romains : Par ce signe salutaire , trophée de la vraie vaillance , j'ai délivré votre ville du joug du tyran , et j'ai rétabli le sénat et le peuple romain dans leur ancienne splendeur.

C'est ainsi que la croix , qui avait été jusqu'alors un objet d'ignominie et le supplice des esclaves, devint un signe de salut et de gloire pour les césars mêmes , qui en ornèrent leur couronne , et qui en arborèrent jusque sur le Capitole , comme pour annoncer à l'univers le triomphe d'un Dieu crucifié. Ce n'était pas assez pour Constantin de rendre un hommage personnel à la croix du Sauveur , il s'appliqua encore à lui faire des prosélytes dans toute l'étendue de son empire. Comme il connaissait le caractère de la religion chrétienne , qui n'emploie pour se faire des disciples que l'instruction et la persuasion , il se garda bien de révolter les esprits par des édits rigoureux. Quoiqu'il eût pris en horreur l'idolâtrie , il crut néanmoins de voir laisser ses sujets libres à l'égard de la religion ; il pensa avec raison qu'il suffisait de protéger le christianisme , et de le mettre en état de confondre son ennemi par la sagesse de ses dogmes et par la pureté de sa morale ; il n'usa donc que de moyens doux et modérés pour gagner les païens , et cette modération en convertit un grand nombre.

Il prescrivit cependant la célébration du dimanche et la cessation du travail , même pour les païens , et fit d'autres lois religieuses. Il commença par remédier à tous les maux qu'avaient faits les empereurs précédents : il rappela les confesseurs exilés , et fit rendre aux chrétiens tous les lieux d'assemblées qu'on leur avait enlevés . Plein de zèle pour la majesté du culte divin , il en releva l'éclat en faisant part de ses trésors aux églises , en les enrichissant de vases précieux , de magnifiques ornements. Il traita avec toutes sortes d'honneurs les ministres de la religion , et il leur accorda de grands privilèges. Les évêques de Rome , persécutés jusqu'alors d'une manière particulière , attirèrent la principale attention de ce prince . Il leur donna le palais de Latran , et d'un autre palais voisin il fit une basilique , qui fut nommée Constantinienne c`est   aujourd'hui l'église de Saint- Jean de Latran ; ce fut là le premier patrimoine des papes.


Dernière édition par MichelT le Dim 1 Sep 2024 - 12:31, édité 3 fois

MichelT

Date d'inscription : 06/02/2010

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SAINTE HÉLÈNE ET SON SIÈCLE : L`impératrice romaine qui retrouva la Sainte Croix à Jérusalem Empty Re: SAINTE HÉLÈNE ET SON SIÈCLE : L`impératrice romaine qui retrouva la Sainte Croix à Jérusalem

Message par MichelT Mer 14 Sep 2022 - 23:10

En retraçant ces divers actes de Constantin , nous disons l'histoire de sa mère ; car ou elle les inspira ou elle en fut la coopératrice. Ce fut un miracle tout nouveau de voir des princes chrétiens. Dans les siècles précédents on ne pouvait croire que les grands se soumissent à la sévérité de la discipline de l’Église . On ne se figurait pas comment l'humilité et la mortification pouvaient subsister avec un pouvoir absolu et des richesses immenses. Origène et Tertullien avaient dit que les césars se seraient déjà convertis, s'ils avaient pu être tout ensemble césars et chrétiens ? Ce fut donc un changement réellement miraculeux que celui qui s'opéra à cette époque; rien moins que la plus étonnante révolution qui se soit jamais opérée dans le monde. Les chrétiens se trouvèrent dans une situation bien différente de celle où ils avaient été pendant trois siècles . Ils considéraient avec étonnement et avec actions de grâces les merveilles de la puissance divine , la religion chrétienne sur le trône , le culte du vrai Dieu en honneur , les exilés rappelés , les églises rebâties et décorées avec magnificence . Un changement si peu attendu inspirait pour le présent la joie la plus pure , et pour l'avenir les espérances les plus douces.

La religion chrétienne paraissait vénérable aux païens mêmes , lorsqu'ils voyaient l'empereur en pratiquer publiquement tous les devoirs. Ce prince avait dans son palais un oratoire où il se rendait tous les jours pour lire l’Écriture sainte et pour faire des prières réglées à certaines heures. A l'armée il faisait porter une tente en forme d'église , pour y chanter les divins offices et administrer les sacrements aux fidèles. Des prêtres et des diacres suivaient , et même des évêques que l'empereur regardait comme les gardes de son âme. L'exemple de Constantin attirait au christianisme beaucoup d’idolâtres . La religion pénétra jusque dans le sénat romain , qui était le plus fort rempart du paganisme . Anicius , illustre sénateur , fut le premier qui l'embrassa , et bientôt on vit se convertir à l`Évangile ce qu'il y avait de plus distingué dans Rome. Constantin en ressentait la joie la plus vive , et il était plus content d'apprendre la conversion d'un seul homme que la conquête d'une province.

Son zèle s'étendit même au- delà des bornes de l'empire romain : il envoya des prédicateurs à des peuples barbares qui ne lui étaient pas soumis , pour les exhorter à adorer le vrai Dieu et Jésus - Christ son Fils . Digne mère d'un tel fils , Hélène se multipliait pour l'aider dans ses pieux desseins. Son penchant naturel à la bienfaisance , sanctifié par la religion , s'était transformé en charité chrétienne la plus pure et la plus inépuisable. Plus que jamais elle profitait de la latitude que son fils lui avait donnée de puiser dans tous ses trésors , soit pour soulager les misérables , soit pour donner plus d'éclat au culte  public. Et jamais il ne fut plus à propos de frapper les sens par une sainte magnificence. Il s'agissait de faire impression sur des hommes qui avaient toujours ignoré ce que c'était qu'honorer la Divinité d'un culte extérieur convenable .

Entre toutes ses bonnes œuvres , la sainte impératrice se distingua par son zèle pour la fondation et l'ornement des églises . Ce qu'on lui attribue en ce genre paraît presque incroyable . Il est vrai que les besoins étaient innombrables et que les moyens d'exécution lui étaient faciles. Elle eut surtout le grand mérite d'y avoir appliqué son esprit et son activité dans un âge où le repos paraît nécessaire ; mais Hélène voulait racheter le temps où elle avait été étrangère à la religion qui faisait son bonheur et qu'elle regrettait d'avoir connue si tard . On consacrait ces nouveaux temples avec de pompeuses solennités. Les prélats se réunissaient en grand nombre; c'étaient des jours de fête et de saintes réjouissances qui succédaient aux fêtes païennes qu'accompagnaient la licence et la dissolution . Le culte chrétien était devenu le plus éclatant et presque le seul public .  Tout retentissait du son des instruments et des chants célestes. On prononçait d'éloquents discours , qui exprimaient avec transport la louange , le triomphe , les actions de grâces , et qui servaient à entretenir la ferveur et l'allégresse dans ces divines assemblées.

Hélène y assistait assidûment et n'y brillait que par sa ferveur, se montrant toujours très -modestement vêtue , oubliant son élévation pour ne s'occuper que de faire éclater celle du Très-Haut . Constantin rendait les plus grands honneurs aux princes de l’Église , principalement à ceux qui avaient combattu pour la foi et qui conservaient les cicatrices de leurs glorieuses blessures. Il les faisait asseoir à sa table , et fermait les yeux sur leur extérieur négligé pour ne faire attention qu'à leur saint caractère et à leur dignité dans l'ordre de la foi. On cite en particulier saint Paphnuce , évêque de la haute Thébaïde , qui avait eu l’œil crevé pour la foi dans la dernière persécution , et que l'empereur ne quittait jamais sans baiser avec respect sa plaie sacrée .  

SAINTE HÉLÈNE ET SON SIÈCLE : L`impératrice romaine qui retrouva la Sainte Croix à Jérusalem FQtCqyrmrAN7ChZvA40TBYXRZZhx7orhNaA5xllbo00j3foN8IwmzQYAa2Gl0Z7I-6P-rdpGPoByZwukVKxPTvwku47KWEcA_gWJ5KOuH_tIc2t7Pw=s0-d
Saint Paphnuce, moine et évêque de la Haute-Thébaïde en Égypte et disciple de Saint-Antoine - Il est mort vers 360 - il était honoré par l`empereur Constantin et par Sainte-Hélène pour son courage car il n`avait pas renié sa foi même sous la torture par les païens dans les persécutions anti-chrétiennes des empereurs romains et il portait sur son visage la marque des tortures.

VII

Nous avons vu que Constantin réunissait sous sa vaste domination non-seulement les Gaules , la Grande - Bretagne et l'Espagne , mais encore l'Italie et l'Afrique , qu'il avait conquises sur Maxence . Licinius , son collègue , qui avait succédé à Galérius dans une autre partie de l'empire , vint le trouver à Milan , où , pour resserrer les liens de leur bonne intelligence , Constantin lui donna en mariage sa sœur Constancia , et obtint de lui qu'ils rendraient ensemble un édit favorable aux chrétiens . Ils engagèrent Maximin leur troisième collègue à en tenir compte dans les états qu'il gouvernait ; de sorte que ce prince fut obligé malgré lui de leur faire au moins quelques concessions, en ne faisant plus de violences ouvertes , ce qui adoucit toujours le sort des chrétiens qui se trouvaient sous sa domination . Il y avait alors dix ans que la persécution ordonnée par Dioclétien avait commencé , mais elle durait depuis plus longtemps , car Maximien -Hercule n'avait pas attendu jusque- là pour l'exercer avec fureur dans les Gaules. Tandis que Dieu récompensait par une élévation croissante la piété de Constantin et d'Hélène , il continuait d'appesantir son bras sur les persécuteurs de l’Église et sur leurs familles.

Dioclétien , qui avait quitté le trône de bonne grâce pour éviter les catastrophes dont sa résistance l'eût infailliblement rendu victime, était bien loin de trouver dans sa retraite tout le bonheur qu'il croyait au moins y goûter. Valéria , sa fille , veuve de Galérius, avait été par son mari mourant recommandée à Licinius qui n'avait éprouvé que les bienfaits de cet empereur . Cette attente fut trompée : Licinius avait mauvais cœur , et d'ailleurs il avait pu , à l'école de Galérius , apprendre l'ingratitude . Il eut de si mauvais procédés pour la veuve de son bienfaiteur , qu'elle crut trouver plus de sûreté en se réfugiant auprès de Maximin avec Candidien , son fils adoptif et fils de Galérius ; mais elle s'adressait tout aussi mal . Maximin , dont les passions ne connaissaient point de frein , et qui d'ailleurs se proposait peut être de faire valoir les droits que la fille de Dioclétien pouvait prétendre sur tout l'empire , ne la vit pas plus tôt arrivée à sa cour , qu'il voulut l'épouser , offrant à cet effet de répudier sa femme. Valéria , qui , de son ancien attachement au christianisme , avait du moins conservé la sévérité des moeurs , trouva la demande de Maximin très- inconvenante . Elle répondit avec fermeté qu'une proposition de mariage était bien inopportune dans le temps qu'elle portait encore le deuil de son époux , oncle et père adoptif de celui qui prétendait le remplacer ; que l'offre de répudier sa femme marquait dans Maximin une dureté de sentiments qui lui annonçait à elle- même une pareille disgrâce si elle se mettait  dans le cas de l'éprouver ; en un mot , qu'une princesse de son rang ne passait point à de secondes noces.

Outré du refus de Valéria , Maximin s'en vengea en tyran : il la dépouilla de ses biens , lui ôta ses serviteurs et fit périr , sous de faux prétextes , ceux qui lui étaient le plus attachés . Enfin il l'exila elle et sa mère , et ne laissa pas même ces princesses tranquilles dans leur exil dont il changeait continuellement le lieu . Du fond des déserts de la Syrie , Valéria instruisit son père de ce qu'elle souffrait. Dioclétien y fut très -sensible . Il demanda par lettres et par députés qu'on lui renvoyât sa fille , et il ne put rien obtenir. Au chagrin de ne pouvoir retirer de la misère et de la captivité ce qu'il avait de plus cher au monde , se joignaient pour lui les tourments de l'orgueil humilié. Sa tête affaiblie par l'âge et par la maladie ne put supporter cette double douleur . Il tomba dans une agitation horrible qui de l'esprit se communiquait au corps , et ne pouvant trouver de sommeil ni le jour ni la nuit , il se tordait dans son lit ou se roulait par terre . Suivant plusieurs auteurs, il termina par la faim ou par le poison cette vie intolérable . Hélas ! il avait infligé bien d'autres tourments aux fidèles serviteurs de Dieu !

Élève de Galérius , et comme lui haïssant les chrétiens, Maximin souffrait impatiemment que Constantin l'obligeât à abroger l'édit de persécution autrefois porté contre eux . Forcé par ses collègues de ne plus les torturer ouvertement , il employait son infernal génie à inventer toutes sortes de moyens de leur nuire. Après avoir essayé de le vaincre par plusieurs fléaux qui furent sans résultat sur ce coeur endurci , le Ciel se servit de Licinius pour le punir. Maximin fut le premier à l'attaquer , après avoir consulté ses prêtres et ses devins et avoir fait vœu à Jupiter d'exterminer le christianisme. Il prétendait après avoir vaincu Licinius venir aisément à bout de Constantin , à qui il en voulait surtout , et se rendre maître ainsi de tout l'empire . Mais Licinius était protégé du Ciel , c'est de quoi l'on ne peut douter , puisqu'il demeura victorieux. Lactance dit qu'un ange lui apparut en songe , et lui dicta une formule de prière qu'il retint et qu'il fit apprendre et réciter par tous les officiers et les soldats de son armée . Une grâce aussi éclatante peut étonner à l'égard d'un prince païen que nous verrons bientôt devenir à son tour un cruel persécuteur du christianisme ; mais il faut considérer qu'il le protégeait pour lors et que c'était une des causes de la querelle que Maximin lui avait intentée ; d'ailleurs il était dans cette occasion l'instrument de la Providence pour en châtier un plus méchant que lui .

Ce qui est certain , c'est que Licinius, malgré l'inégalité de ses forces , remporta une victoire complète . La plus grande partie de l'armée de Maximin périt , le reste l'abandonna. Ce combat avait eu lieu entre Andrinople (Turquie actuelle) et Héraclée. Réduit à se déguiser en esclave pour cacher sa fuite , l'empereur vaincu ne se crut en sûreté qu'après avoir mis la mer entre lui et son vainqueur. La paix de l’Église fut alors pleine et générale ; car Maximin , de son côté , reconnaissant que les prêtres de ses dieux l'avaient trompé , déchargea d'abord sur eux sa colère et massacra ceux qui étaient auprès de sa personne . Ensuite il justifia les Chrétiens de toutes les calomnies que lui-même avait suscitées contre eux , et publia un édit qui leur était tout à fait favorable . Mais cette pénitence tardive et forcée était aussi fausse que celle de Galérius. Aux approches de Licinius qui s'était mis en mouvement pour achever la ruine de son adversaire , Maximin se retira à Tarse en Cilicie , laissant ce qu'il avait de meilleures troupes à la garde des passages du mont Taurus . Il n'eut pas le courage de se mettre à la tête de ce corps , qui faisait sa dernière ressource , et ayant appris sa défaite , il se livra au désespoir et s'empoisonna à la suite d'un festin par lequel il voulait dire adieu aux plaisirs de la vie . Les viandes dont il avait chargé son estomac modifièrent la violence du poison , ce qui ne servit qu'à prolonger ses douleurs . Un feu dévorant rongeait ses entrailles , et le réduisit en peu de jours à une affreuse maigreur.

Celui qui avait fait crever les yeux à tant de saints confesseurs devint aveugle à son tour ; les lui sortaient de la tête avec d'intolérables douleurs , et dans cet état il croyait voir Jésus- Christ qui se préparait à le juger et auquel vainement il demandait grâce . Ce fut au milieu de ces horribles tourments du corps et de l'esprit qu'il mourut , l'an 313 , la même année que l'empereur Dioclétien , père commun de tous ces monstres .

Par la défaite de Maximin , il ne resta plus que deux princes dans l'empire , Constantin et Licinius ; la politique les avait unis , mais l'opposition des caractères et des intérêts devait bientôt les diviser . La première cause apparente de cette division fut la demande faite par Constantin de procéder à un nouveau partage des terres de l'empire . Cette demande, fondée sur les usages constitutifs de l’État , n'était que juste , puisque Constantin avait travaillé à maintenir les ennemis du dehors, tandis que Licinius triomphait de Maximin , dont la dépouille , ajoutée aux états de son gouvernement , lui faisait une part beaucoup plus forte que celle de son collègue . Enflé de ses succès et ne sympathisant pas au fond avec Constantin , Licinius se montra tout disposé à repousser sa prétention par les armes . Constantin , vainqueur, obtint enfin l'objet de ses réclamations, et sa puissance s'en trouva encore considérablement augmentée . La paix se rétablit entre les deux empereurs et dura huit ans. Ils se concertèrent pour élever leurs fils à la dignité de césars . Constantin en avait deux : Crispus , né de Minervine , sa première femme, et qui commençait alors à entrer dans l'âge de l'adolescence ; et Constantin , l’aîné des enfants qu'il eut de Fausta. Du mariage de Licinius avec Constancie était sorti un fils qui n'avait encore que vingt mois. Ces trois jeunes princes, dont les derniers n'étaient encore que des enfants au berceau , furent nommés césars et désignés consuls pour les trois années suivantes.

VIII

Ainsi que nous l'avons dit , il y avait trop peu de sympathie réelle entre les deux empereurs pour que l'union pût toujours se maintenir entre eux . Licinius était un prince adonné à toutes sortes de vices ; il avait été le digne ami de Galérius et consorts , et sans doute il souffrait impatiemment de n'être pas le seul maître , car il commença à chercher querelle à Constantin en changeant de con duite à l'égard des Chrétiens. N'osant d'abord violer la loi de tolérance qu'il avait lui-même signée , il chercha des prétextes de persécution en leur imposant des commandements inexécutables. Par exemple , il interdit aux évêques de se visiter les uns les autres , et surtout de tenir des assemblées et des conciles pour délibérer sur les affaires de l’Église , ce qui en rendait le gouvernement impossible. Il fit une autre loi pour défendre aux femmes l'entrée des églises , et voulait qu'au lieu de recevoir l'instruction des évêques et des prêtres elles fussent catéchisées par d'autres femmes. Enfin une troisième loi ordonnait que les assemblées ou cérémonies chrétiennes eussent lieu non dans les villes et les temples , mais à la campagne et en plein air .

Ces ordonnances , qui sapaient dans leurs fondements la discipline ecclésiastique et l'enseignement chrétien , ne pouvaient être exécutées par ceux qui étaient obligés de se conformer à des lois plus sacrées et dont les principes exigeaient qu'en cas d'opposition ils obéissent à Dieu plutôt qu'aux hommes. L'inobservation de ces différentes ordonnances fournit à Licinius le prétexte qu'il cherchait pour lever le masque et sévir avec plus de rigueur. On vit alors se renouveler toutes les horreurs exercées contre les chrétiens du temps de Maximien , de Dioclétien , de Galérius et de Maximin-Daza . C'est à cette époque qu'il faut rapporter l'histoire des quarante martyrs de Sébaste en Arménie . C'étaient quarante jeunes gens qui s'étaient déjà distingués dans le service militaire .

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Les quarante martyrs de Sébaste dans l`ancienne Arménie ( Turquie actuelle) - tués sur les ordres de l`empereur romain païen Licinius

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Sébaste en Turquie actuelle - ancienne capitale politique et religieuse de la province d`Arménie de l`Empire Romain d`Orient

Parmi les victimes de Licinius on cite encore deux illustres évêques : saint Blaise , évêque de Sébaste , et saint Nicolas , évêque de Myre en Lycie. Ce dernier ne souffrit pas la mort; il fut seulement détenu en prison , dont devait le délivrer Constantin . Il fut une des principales illustrations du concile de Nicée . Après avoir plusieurs fois averti inutilement Licinius d'épargner les Chrétiens ses frères, Constantin se détermina enfin à prendre en main la défense des serviteurs de Dieu . Licinius lui opposa une armée formidable. Constantin mettait sa principale confiance dans le trophée de la croix . Non seulement il priait , mais il faisait prier pour le succès de ses armes , tandis que son rival faisait des sacrifices aux idoles romaines et haranguait ainsi ses troupes : « Voici , mes amis , les dieux nombreux et puissants que nous adorons notre ennemi les a tous abandonnés pour un Dieu méprisable , dont le signe patibulaire déshonore les armes romaines.

Adorateurs fidèles de ces anciennes divinités de Rome , combattons hardiment sous leurs auspices ; et après la victoire qui ne peut nous manquer , anéantissons jusqu'au nom des impies dénaturés qui abjurent les dieux de leur patrie ! » Encore cette fois , la cause de Constantin était celle de Dieu même; aussi l'orgueil de Licinius ne tarda pas à être humilié. Aussitôt que Constantin eut fait passer près d'Andrinople un détachement de cinq mille hommes au-delà d'une rivière qui séparait les deux armées , en un lieu où l'on ne l'attendait nullement , la surprise et l'effroi mirent le désordre dans tous les rangs infidèles. Il demeura environ trente-quatre mille d'entre eux sur le champ de bataille . Le camp de l'empereur idolâtre fut emporté , et lui-même obligé de fuir précipitamment. Il s'arrêta dans Byzance , où il prétendait tenir ferme . Mais la flotte de Constantin , commandée par Crispus , son fils , ayant remporté une victoire encore plus complète que la précédente , Licinius , avant d'être assiégé par terre et par se réfugia , avec tous ses trésors , au-delà du détroit , dans Chalcédoine (Turquie actuelle). Il y fut aussitôt poursuivi ; mais y trouvant encore son armée forte de cent trente mille hommes , il revint sans délai au devant de ses ennemis.

On livra une seconde bataille rangée , beaucoup plus meurtrière que celle d’Andrinople ; puisque d'une armée si nombreuse il se sauva à peine trois mille combattants. Aussitôt Byzance et Chalcédoine (Turquie actuelle) ouvrirent leurs portes à Constantin . Assiégé  Nicomédie , désespérant de se soutenir , Licinius n'eut alors plus d'autre ressource que d'employer le crédit et les sollicitations de Constancia sa femme pour implorer la clémence de son vainqueur. Il ne demandait que la vie sauve , et elle lui fut promise à condition qu'il renoncerait à toutes prétentions à l'empire et qu'il se remettrait au pouvoir de son beau - frère , devenu son seigneur. L'accord fut exécuté . Constantin s'étant approché de Nicomédie , Licinius vint au-devant de lui , sans aucune marque de la dignité impériale , l'appelant son seigneur et son maître et demandant grâce . Constantin lui réitéra la promesse qu'il lui avait faite , et l'envoya à Thessalonique (Grèce), où il devait vivre en simple particulier , mais avec une considération proportionnée à sa première grandeur.

Le jeune fils de Licinius , neveu de Constantin , fut également dépouillé du titre et des honneurs de césar . Il dut être bien doux pour toutes les provinces romaines de voir enfin les guerres civiles terminées, et tout l'empire réuni dans une heureuse paix sous un seul et grand prince . L’Église surtout eut à s'en applaudir , et c'est alors que parut de la manière la plus sensible le changement que nous avons voulu peindre. N'ayant plus de mesures à garder , Constantin put se livrer à tout l'essor de son génie , et sa digne mère , comme une autre Marie , tout en s'effaçant humblement, prenait part à ses travaux. Constantin fit partout restituer aux confesseurs les biens confisqués , et la succession des martyrs à leurs proches , se réservant d'indemniser les acquéreurs qui auraient obtenu du fisc quelqu'un de ces fonds à titre d'achat ou autrement . Les principaux officiers qu'il employait à la régie des provinces professaient le christianisme; et il exigeait de ceux qui tenaient encore à la vieille religion qu'ils s'abstinssent au moins de sacrifices idolâtriques.

Il alla jusqu'à défendre généralement de faire ces sacrifices , soit dans les villes , soit dans les campagnes , et d'exercer la divination ou toute autre superstition , du moins hors des temples. Il exhorta ses nouveaux sujets , dans toute l'étendue de l'Orient, moins en empereur qu'en apôtre , à passer des ténèbres de l'idolâtrie à la lumière de l’Évangile , déclarant toutefois qu'il ne voulait contraindre personne au service d'un Dieu uniquement jaloux de l'hommage des cœurs. Il recommandait même aux particuliers d'éviter avec soin de se faire peine les uns aux autres pour la diversité des cultes ; et il réprima le zèle précipité de ceux qui parlaient déjà d'abattre les temples des dieux. Mais il réédifia partout les églises avec une magnificence infiniment supérieure à leur premier état , et avec une grandeur qui présageait, ce qu'on avait encore peine à croire , que tout l'empire allait se faire chrétien .

Il mandait aux gouverneurs de ne rien épargner , autorisait les évêques et les prêtres à tirer sans crainte de ses trésors , et les y exhortait même avec tout l'empressement qu'avaient marqué ses plus avides persécuteurs à en amasser. Dirigées néanmoins par une sagesse égale à la munificence du prince , ces pieuses largesses ne semblaient qu'enrichir l’État . Le Ciel répandait les biens avec profusion sur un empire dont le vertueux modérateur n'avait rien plus à cœur que d'en faire hommage au premier Auteur de tout bienfait.

L'abondance et la prospérité étaient générales dans les provinces , les terres chargées des plus riches moissons , l'air même d'une salubrité extraordinaire et presque inconnue jusque-là , tous les peuples dans la joie et dans la paix , les villes que la guerre avait ruinées , rétablies dans un état plus heureux qu'auparavant ; en sorte que le monde présentait une face aussi nouvelle que l'innocence et la pureté de mœurs qui la lui procuraient. Depuis le rétablissement de la tranquillité et de l'harmonie entre les diverses parties de l'empire , il n'y avait plus rien à craindre , ni au dedans , ni au dehors . Les barbares étaient revenus à leur ancien respect pour le nom romain ; les armées observaient une exacte discipline ; l'empereur payant ponctuellement ses troupes et pourvoyant à tous leurs be soins avec une attention paternelle , il ne restait au soldat nul prétexte de piller ni de murmurer , et il ne pensait qu'à vivre en citoyen pacifique. On accordait des récompenses aux vétérans; mais elles consistaient en terres qu'ils s'occupaient à cultiver , et que respectaient généralement les gens de guerre , par l'espérance d'un pareil traitement. Enfin , l'ordre et l'équité régnaient dans tous les états : chacun jouissait en sûreté de ce qu'il possédait ; et l'on ne craignait plus , comme sous les derniers potentats plus tyrans qu'empereurs , ni le caprice du maître , ni la cupidité du ministre !

La prospérité avait ébloui le roi David et aveuglé le roi Salomon ; je ne sais si elle exerça aussi une influence fâcheuse sur Constantin , et si c'est à elle qu'il faut attribuer les fautes qu'il y a lieu de lui reprocher , ou s'il faut seulement y voir l'imperfection naturelle à l'homme ; car enfin , ce prince , l'éclatant restaurateur de la religion chrétienne et de la paix du monde , n'était pas un messie , ni même un saint, mais un homme vertueux , digne instrument de la grandeur et de la miséricorde divine , mais néanmoins sujet à quelques faiblesses. L'histoire lui reproche d'être violent et colèrique . Ce défaut a de graves conséquences chez un souverain , dont les moindres volontés et quelquefois les mouvements les plus irréfléchis sont interprétés comme des lois , et qui est souvent dans le cas d'être trompé par ceux qui l'entourent. Hélène chercha constamment à combattre ce défaut dominant chez son fils et l'empêcha par sa douce influence de commettre beaucoup de fautes . Si Constantin était colère , il était aussi généreux et magnanime. D'ailleurs il était chrétien : il y avait là de quoi atténuer ses défauts naturels , et nous en avons la preuve dans divers actes de clémence. Mais il exerça aussi plusieurs actes de sévérité auxquels les meilleurs princes sont parfois obligés .



IX - Le voyage de Sainte-Hélène en Terre Sainte

Ce fut vers 325 , c'est- à - dire la même année que le concile de Nicée , qu'Hélène entreprit son célèbre voyage dans la terre sainte . On peut dire qu'elle fraya la route aux nombreux pèlerins qui devaient venir après elle , car on n'y reconnaissait plus alors aucune trace des vestiges sacrés qu'elle y venait chercher. Les Juifs d'abord , et ensuite les païens , avaient pris à tâche de les détruire ; et l'empereur romain païen Hadrien , dans sa haine contre le christianisme , avait fait engloutir le saint sépulcre sous un monceau de débris sur lesquels un raffinement de dérisoire impiété avait fait construire un temple à Vénus , afin de détourner les fidèles adorateurs du Christ de rendre hommage à son tombeau . Après un voyage digne de sa charité et de la munificence impériale , durant lequel elle sema d'abondantes aumônes le long de sa route , Hélène arriva à Jérusalem . Le premier soin de la princesse fut de faire raser le temple profane élevé à la place du plus sacré de tous les monuments.

Les vieillards de Jérusalem et les traditions consultés assuraient qu'il devait se trouver sous les fondations de l'édifice impur qu'on avait osé lui substituer , et que si l'on pouvait découvrir ce sépulcre divin du Sauveur , on ne manquerait pas de trouver aussi les instruments de son supplice , parce que c'était la coutume , chez les Juifs , d'enterrer auprès du corps tout ce qui avait servi à l'exécution d'une personne condamnée à mort. Encouragée par ces renseignements , l'impératrice fit opérer des fouilles qui amenèrent enfin la découverte de la grotte du saint sépulcre et de la table de pierre sur laquelle avait été déposé le corps sacré. Près du tombeau étaient trois croix avec l'inscription qui avait été attachée à celle de Jésus-Christ , mais séparément des croix , et les clous qui avaient percé ses membres sacrés. Il ne s'agissait plus que de distinguer la croix du Sauveur des deux autres qui étaient probablement celles des deux larrons crucifiés avec lui . On n'y voyait aucune différence ; mais une foi vive vient à bout de tout . Sainte Hélène , par le conseil de saint Macaire , évêque de Jérusalem , fit porter les croix chez une femme atteinte depuis longtemps d'une maladie incurable ; on lui appliqua successivement chacune de ces trois croix , en priant Dieu de faire connaître celle qu'il avait arrosée de son précieux sang. L'impératrice était présente , et toute la ville dans l'attente de l'événement. Deux croix n'opérèrent rien ; mais dès qu'on eut approché la troisième , la malade se trouva parfaitement guérie , et se leva à l'instant pour rendre gloire à Dieu .

SAINTE HÉLÈNE ET SON SIÈCLE : L`impératrice romaine qui retrouva la Sainte Croix à Jérusalem R
L`impératrice romaine Sainte-Hélène a Jérusalem vers l`an 325 a la recherche de la Sainte-Croix -  les empereurs romains païens avaient fait construire un temple a leur dieux sur le mont Calvaire afin de faire disparaître toute trace de la foi chrétienne et de la Passion du Christ

Deux historiens assurent qu'on l'appliqua aussi au cadavre d'un homme mort et que cet homme ressuscita . «Hélène , remplie de joie d'avoir trouvé le trésor qu'elle estimait plus que toutes les richesses de la terre , adora dans ce bois sacré a non le bois même, dit saint Ambroise , ce qui eût été imiter l'erreur des païens , mais le Roi des cieux qui avait été attaché à ce bois , et qui de là avait crié à son père pour lui demander qu'il pardonnât les péchés de ceux qui l'y avaient attaché. »

Ces paroles de saint Ambroise nous apprennent en quoi consiste le culte que l’Église rend à la croix . Quoique l'on se serve du mot d'adoration en parlant de la croix , c'est Jésus crucifié que nous adorons ; et l’Église n'expose à nos sens les instruments de la passion qu'afin d'élever nos cœurs jusqu'à celui qui a souffert et qui est mort pour nos péchés. C'est dans ces sentiments qu’Hélène continua de remplir la mission unique dans le monde que son fils lui avait confiée et dont son zèle ardent s'était chargé. Elle envoya à Constantin une partie considérable de la divine croix , et mit le reste dans une châsse d'argent pour être déposé entre les mains de l'évêque de Jérusalem en attendant l'achèvement de l'église magnifique que l'empereur avait chargé sa mère de faire construire sur le saint sépulcre. Constantin reçut avec transport on gage si cher à sa piété , et voulut en faire la sauvegarde de sa ville impériale et de son palais ; et lorsque les édifices de Constantinople furent achevés (Istanboul en Turquie actuelle – autrefois Constantinople capitale de l`empire romain d`orient), le bois sacré ayant été scié par son ordre en deux portions , il déposa la plus considérable dans son trésor , où elle fut conservée religieusement par ses successeurs , et il enferma l'autre dans sa statue qui occupait le milieu de la grande place de la nouvelle ville .

Il fit un usage analogue des clous teints du sang adorable de Jésus- Christ qui avaient été trouvés avec la croix , et qu'Hélène lui avait transmis. Il les inséra partie dans son casque , partie dans la bride de son cheval de guerre , afin qu'ils lui servissent de défense et de protection dans les hasards des combats. La lettre que Constantin écrivit à l'évêque Macaire en cette occasion est bien digne de remarque. Cette lettre est remplie de l'esprit de religion et de foi . L'empereur y témoigne d'abord son admiration sur l'économie de la divine Providence qui avait tenu cachés et ensevelis sous terre , pendant près de deux siècles , les monuments sacrés des souffrances et de la résurrection du Sauveur, et qui les mettait en évidence et en gloire dans le temps que le règne du démon ( ange déchu) se détruisait . En effet, si ces reliques divines avaient été en vue et à portée de la main des hommes durant les persécutions violentes que l’Église a souffertes , il n'est pas douteux que la fureur des ennemis du christianisme les eût anéantis , comme elle s'efforça d'abolir les livres saints . Mais ils avaient été mis en sûreté précisément par les soins que l'impiété avait pris pour en effacer absolument le souvenir et la connaissance , et ils reparaissaient au moment où la dévotion des fidèles , appuyée de la puissance séculière , pouvait les vénérer avec une entière liberté . «Mon premier et mon unique voeu , ajoutait Constantin , a toujours été que , de même que la preuve de la vérité se manifeste de jour en jour par de nouvelles  merveilles , ainsi nos âmes s'embrasent toutes d'un nouveau zèle pour la loi divine , et qu'elles impriment de plus en plus en elles -mêmes la sainteté par une parfaite pureté de mœurs et par le concert d'une charité unanime. »

Il explique ensuite ses intentions sur le temple qu'il veut construire à Jérusalem , et dont il prétend que la magnificence doit surpasser tout ce qu'il y a de plus beau et de plus riche en quelque ville que ce puisse être , et il ordonne à Macaire de choisir lui-même tout ce qu'il connaîtra de plus éclatant et de plus parfait en matériaux , promettant de les lui fournir à sa volonté .

Voici la description que les anciens nous ont transmise de cette église , bâtie d'après les ordres de Constantin , sous le titre de la Résurrection , près du saint sépulcre , auquel fut habilement adapté tout le plan de l'édifice : « La grotte du sépulcre était revêtue en dehors de colonnes d'un travail exquis, et de toutes sortes d'ornements les plus précieux . De ce portique on entrait dans une vaste cour ou place, pavée de marbre , bordée de trois côtés d'une longue galerie , et terminée au levant par le temple , encore plus admirable , tant pour sa grandeur et la justesse de ses proportions que pour la richesse de ses décorations. On sentait, an premier aspect , que la puissance romaine ne s'était pas en vain proposé de construire le plus digne monument qu'on pût voir en ce genre. L'intérieur du temple était incrusté , dans son immense étendue , du marbre le plus rare et le plus varié ; le dehors bâti de pierres si polies et si bien jointes que la correction du travail causait encore plus : d'admiration que la recherche des matériaux ; la voûte était couverte d'un lambris en sculpture , tout doré , d'un éclat éblouissant . Les bas - côtés formaient deux galeries à double étage , dont les voûtes ou plafonds étaient également enrichis d'or. Trois portes d'une élévation majestueuse s'ouvraient sur la cour .»

En face , quand on entrait , ou au chef de tout l'édifice , on apercevait une colonnade en demi-cercle, comprenant douze colonnes dont chacune portait l'un des apôtres , et dont les chapitaux étaient ornés de grandes coupes d'argent . C'était là ce qui formait le sanctuaire au milieu duquel se trouvait l'autel . A l'autre extrémité de tous ces bâtiments, en deçà de la cour et des portiques , il y avait une avant - cour formée par deux galeries , une de chaque côté . On y entrait par une première porte , qui donnait sur la place publique . De là les regards se portant jusque dans la profondeur du lieu saint , personne ne passait sans éprouver un saisissement religieux qui tenait du ravissement. Cette description parait incomplète et insuffisante , et nous croyons la faire mieux comprendre en y ajoutant celle que nous a laissée un pèlerin français du septième siècle , l'évêque Arculfe , qui visita Jérusalem lorsque ce monument, altéré depuis , était encore dans toute son intégrité , et en traça lui -même les précieux dessins sur des tablettes de cire . « L'église du Saint-Sépulcre, dit-il , est de très -grande dimension , entièrement de pierre et parfaitement ronde en tout sens. Trois enceintes concentriques s'élèvent pour former son contour , laissant entre elles des galeries de circulation ; le mur du milieu est décoré de trois autels placés dans des nicbes dont l'ornementation a été établie avec beaucoup d'art ; l'un de ces autels se dirige vers le midi , un autre vers le nord , le troisième à l'occident. Douze colonnes de marbre , de dimensions remarquables , soutiennent l'église à l'intérieur ....»

Cette église devait être ravagée trois cents ans plus tard par Cosroës roi de Perse . L'empereur Héraclius , vainqueur de ce prince, reconquit la vraie croix , et Modeste , évêque de Jérusalem , rétablit l'église du Saint-Sépulcre. Les Sarrasins lui firent subir plus d'une vicissitude , mais épargnèrent cependant l'intégrité du bâtiment. On connaît les nobles efforts des croisés pour reconquérir ce glorieux trophée , ainsi que leur peu de succès. Leur foi enfanta des ordres religieux et militaires qui veillèrent d'âge en âge à la conservation de ce monument sacré , et c'était encore la primitive église de Sainte- Hélène que M. de Chateaubriand a visitée en 1806 , et dont il nous a laissé une description .


L`empereur romain Constantin et Sainte-Hélène ont fait bâtir la basilique du Saint-Sépulcre de Jérusalem au 4 ême siècle


Enquête d'ailleurs - Jérusalem, les secrets du Saint-Sépulcre

X

Pour peu que l'on ait de foi, on comprendra sans peine la joie que devait éprouver Hélène de présider à la construction du plus vénérable et plus somptueux monument du culte chrétien . Cette joie la rajeunissait , et lui donnait dans une grande vieillesse les forces et l'activité d'une vie nouvelle . Elle ne se borna pas à cette fondation , et s'il faut en croire les traditions que l'on recueille en parcourant la Palestine romaine , il ne s'y trouverait pas un monument religieux qui ne lui soit attribué , ce qui parait difficile à concilier avec le peu de temps que son âge avancé lui permit de séjourner dans cette terre chérie . Il est cependant à croire que sa dévotion l'a portée à visiter en détail chacun des lieux consacrés par les grands mystères de la foi, et qu'elle n'y passa point sans y laisser des marques munificence telles qu'on peut à juste titre la regarder comme la fondatrice de cette multitude de temples et d'oratoires que réclamaient ces lieux où chaque pas rencontrait la trace d'un miracle. Avec quelle fervente piété elle parcourut tous ces lieux si chers à la foi !

C'est d'elle surtout qu'on peut dire ce que saint Jérôme écrivait de sainte Paule : « Elle se prosterna , dit-il , devant la Croix , au sommet du Calvaire ; elle embrassa au saint sépulcre la pierre que l'ange avait dérangée lors qu'il ouvrit le tombeau , et baisa surtout avec respect l'endroit touché par le corps de Jésus-Christ. Elle vit , sur la montagne de Sion , la colonne où le Sauveur avait été attaché et battu de fouets romains : cette colonne soutenait alors le portique d'une église . Elle se fit conduire au lieu où les disciples étaient rassemblés lorsque le Saint-Esprit descendit sur eux . Elle se rendit ensuite à Bethléem , et s'arrêta en passant au sépulcre de Rachel. Elle adora la crèche du Messie , et il lui semblait y voir encore les mages et les pasteurs. A Bethphagé, elle trouva le monument de Lazare et la maison de Marthe et de Marie . A Sichar, elle admira une église bâtie sur le puits de Jacob , où Jésus-Christ parla à la Samaritaine : enfin , elle trouva à Samarie le tombeau de saint Jean-Baptiste.  Combien d'autres lieux sacrés dont Hélène baisa la divine poussière nous pourrions ajouter à cette nomenclature ! Elle foula les rives du Jourdain dont les échos ont retenti de la voix de Jean et dont les eaux sanctifiées par le contact du Sauveur communiquèrent à tout leur élément une vertu régénératrice ; et ce désert où , modèle des pénitents , il pria , jeûna quarante jours et souffrit humblement d'être tenté ; et ce mont de Sion , forteresse de David , où se voit encore le tombeau de ce roi; et les bords de la piscine de Siloé , où Jésus-Christ rendit la vue à l'aveugle-né ; et la vallée de Josaphat , où doit être un jour jugé l'univers !

Ne parlerons-nous pas de la maison de Nazareth où s'accomplit celui de nos mystères qui renferme tous les autres ; de Cana où se fit le premier et aimable miracle qui témoigne du crédit de Marie et du soin que Dieu prend de nos satisfactions temporelles quand elles ne nuisent pas au salut; du lac de Génésareth (Mer de Galilée), où Pierre préludait à l'apostolat en exerçant la plus naïve de toutes les professions; du champ des épis où l'indulgent Sauveur a fait comprendre qu'il tenait compte des circonstances atténuantes qu'enfante la nécessité ; de la multiplication des pains qui doit nous donner tant de confiance en sa providence ; et de la montagne où il développa toute sa doctrine et nous enseigna la prière ?.. Faut-il que je parle encore des lépreux guéris , des morts ressuscités , de toutes vos merveilles , ô mon Dieu ! mais je n'y suffirais pas ; cette terre en a été sillonnée ; chaque herbe , chaque plante en parle ! c'est le cep de vigne, le figuier stérile , le sycomore de Zachée , le grain de sénevé devenu un grand arbre ! O Hélène , chacun de vos pas rencontrait un récent et adorable souvenir , et vous aviez une âme capable de l'apprécier , et un pouvoir tel qu'il n'a jamais été donné à nulle autre de l'éterniser en y posant un autel durable ! oh combien vous avez vécu durant ce peu d'années passées dans la patrie du Sauveur ! comme votre zèle y a multiplié le temps ! ne vous plaignez pas d'y être arrivée tard , vous avez bien racheté les années où la lumière vous était encore inconnue ! Hélène affectionnait surtout la voie douloureuse , cette route qui s'ouvre au jardin des Oliviers , là où commencèrent les plus sublimes douleurs et qui passe par les maisons d'Anne , de Caïphe , le palais d'Hérode et le prétoire de Pilate .

Là se voit encore aujourd'hui l'arcade au-dessus de laquelle Jésus fut montré dans le plus pitoyable aspect au peuple féroce qui demandait sa mort à grands cris . C'est de là qu'il partit portant le bois divin qui devait être l'instrument de notre rançon ; de là qu'il se traîna jusqu'au Golgotha, saluant au détour d'une rue sa mère désolée et oubliant lui- même ses douleurs pour gémir sur les filles de Jérusalem ! C'est ainsi que la pieuse impératrice revenait toujours au Golgotha , le but principal de son saint pèlerinage . Là elle poursuivait activement les travaux qu'elle avait entrepris ; mais cette œuvre qu'elle accélérait avec tant d'ardeur , elle n'en était que l'agent ; elle exécutait en cela les ordres de Constantin lui même. Ce n'était pas assez pour cette sainte impératrice ; indépendamment des nombreux témoignages de sa piété qui marquaient en quelque sorte chacun de ses pas , elle voulut honorer personnellement et d'une manière plus particulière deux endroits entre tant d'autres chers à son cœur , ceux où le divin Rédempteur a commencé et terminé sa mission sur la terre , c'est-à-dire Bethléem où il est né , et le mont de l'Ascension , d'où on l'a vu s'élancer vers le ciel . Dans ces deux ouvrages elle fut aidée des libéralités de son fils; mais ce fut elle qui eut la première part au dessein et à l'exécution .

Hélène commença par détruire à Bethléem le temple d'Adonis par lequel l`empereur romain païen Hadrien avait profané le lieu de la naissance de Jésus-Christ , et elle y éleva une église consacrée au Fils de Dieu incarné . Elle accomplit aussi le voeu du patriarche Jacob lors qu'il se réveilla d'un songe mystérieux en fuyant la colère de son frère ; la pierre sur laquelle le fugitif reposait sa tête était tout ce qui existait alors de la future Bethléem . Bethléem vit naître le roi David , Elimelech , Booz et Jessé . Mais la naissance de Jésus-Christ devait lui donner une célébrité bien plus vaste , une bien plus haute importance . « Et vous , Bethléem Ephrata , » dit le prophète Michée , vous ne serez pas la dernière entre les villes de Juda ; c'est de vous , dit le Seigneur, que sortira mon fils , pour être dominateur dans Israël , lui dont la génération est dès le commencement , dès l'éternité. » ( Michée 5,2 – Ancien Testament). L'église de Sainte-Hélène tient à un couvent fermé par de hautes murailles. On doit la considérer comme un des plus précieux monuments du christianisme et probablement le plus ancien qui ait été aussi intégralement conservé . Elle justifie complètement les éloges qu'en ont faits les pèlerins latins , notamment Bède , Arculfe , Guillaume de Baldensel , Adrichomius et Quaresmius.

SAINTE HÉLÈNE ET SON SIÈCLE : L`impératrice romaine qui retrouva la Sainte Croix à Jérusalem Eglise-nativite
Église de la Nativité de Bethléem - construite sous les ordres de l`empereur Constantin et de Sainte Hélène au 4 ème siècle

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Église de la Nativité de Bethléem construite au 4 ème siècle

« La basilique de Bethléem était précédée d'une cour carrée ou atrium , dont il ne reste plus que les murs à fleur de sol , et au centre de laquelle sont trois citernes qui servaient au baptême par immersion ; de là , on pénètre dans un vestibule très-simple où se trouve la seule porte qui donne entrée dans l'église. Cette porte de bois , tombant de vétusté , est du plus grand intérêt par son ancienneté et ses ornements qui représentent des croix entourées de  divers dessins . Quand on a franchi cette porte , le regard est frappé de la majesté intérieure de l'édifice. Quatre rangs de colonnes le divisent en cinq nefs; la nef centrale a vingt-huit pieds d'une colonne à l'autre , les nefs latérales sont larges de dix pieds. La largeur totale de la nef est de quatre vingts pieds , et la longueur de quatre- vingt-sept pieds. Le bras de la croix ou transept a cent onze pieds de longueur ; il se termine circulairement par deux absides de dimensions semblables à celles de l'abside principale ou chevet de l'église . Depuis la nef jusqu'à l'abside , il y a quatre-vingt-cing pieds , ce qui donne à l'édifice cent soixante-douze pieds de longueur totale .

Quatre piles d'une grande légèreté , ayant deux demi- colonnes engagées pour correspondre aux colonnes de la nef et des absides, forment le centre du transept; chaque abside est séparée de ces piles par deux colonnes . On trouve donc un total de quarante- six colonnes et quatre piliers avec demi-colonnes . Les colonnes , d'ordre corinthien , ont deux pieds six pouces de diamètre près de la base , et dix-huit pieds de hauteur , y compris la base et le chapiteau. Cette église , comme toutes les anciennes basiliques , n'ayant pas de voûte , les colonnes ne portent qu'une frise de bois qui remplace l'architrave , et , au lieu de dôme , figure une charpente en bois destinée à porter un toit dont les poutres ne sont pas couvertes par des lambris. Les murs , percés de fenêtres , étaient autrefois ornés de mosaïques , dont la conservation complète eût été essentielle pour l'histoire de l'art . Il subsiste heureusement des parties assez considérables de ces mosaïques ; le fragment le plus intéressant est dans la nef à droite en entrant.

Des dévastations ont altéré la régularité intérieure de cette belle église ; on y cherche en vain ce qui caractérise tous les temples chrétiens , l'autel et la chaire . Une muraille grossièrement faite la partage à la naissance de la croix . Cette muraille est la ligne de démarcation entre les divers cultes , qui tous se disputent la possession des moindres parties des lieux saints . Quand on a passé la muraille , on se trouve dans le sanctuaire ou le choeur, qui occupe le haut de la croix , et qui est élevé de trois degrés au-dessus de la nef. Les deux nefs latérales qui formaient la croix de l'ancienne église sont constituées en chapelles particulières , dont l'une appartient aux Arméniens, l'autre aux La tins . « Dans le sanctuaire est un maître-autel dédié aux Rois-Mages, et placé exactement au - dessus de la grotte de la Nativité . Au bas de cet autel , et sur le pavé , paraît une étoile de marbre , qui , d'après la tradition , correspond au point du ciel où s'arrêta l'étoile conductrice des rois.  C'est au-dessous de cette étoile qu'est placé le lieu où naquit le Sauveur, dans l'église de la Crèche. » Pour y arriver on a pratiqué deux escaliers tournants , de quinze degrés chacun . Cette grotte irrégulière occupe , dit -on , tout l'emplacement de l'étable et de la crèche. Taillée dans le roc , elle a sur son pavé et sur ses parois un revêtement de marbre. Aucun jour du dehors n'y parvient ; mais trente -deux lampes , envoyées chacune par un prince chrétien , y veillent sans cesse . Voilà de tous les monuments dus à la piété de sainte Hélène celui qui a subi le moins de modifications . On passe de là dans la chapelle souterraine où la tradition place le tombeau des Innocents. A un quart de lieue de Bethléem est le champ des bergers à qui leur vigilance valut d'apprendre les premiers la meilleure de toutes les nouvelles . Là encore on dit qu'Hélène fit élever une église dédiée à Notre-Dame des Anges.

XI

Au point culminant de la montagne des Oliviers , au -dessus du jardin où Judas trahit son maître par un baiser , et non loin du tombeau où la Reine des vierges ne laissa pour toute dépouille que son humble vêtement , on vit aussi s'élever par les soins de sainte Hélène un monument célèbre sur le lieu d'où , après sa résurrection , Notre-Seigneur est monté au ciel . C'est encore au pieux pèlerin Arculfe que nous empruntons la description de cette église vénérée , dont il ne subsiste plus aujourd'hui que les fondations et quelques fragments de marbres et de colonnes . « Il n'y a pas sur toute la montagne des Oliviers un point plus élevé que celui où la tradition place l'ascension de Notre -Seigneur dans les cieux . Là existe une grande église ronde , enveloppée dans son contour de trois portiques voûtés et couverts de toits ; l'intérieur de cette église ronde n'est surmonté d'aucune voûte ou autre couverture , et reste ouvert sous le ciel et à l'air nu . Dans la partie orientale s'élève un autel protégé par un petit toit qui lui est particulier. Cet intérieur a été disposé de la sorte , sans voûte , afin que , du lieu même où restèrent sur le sol les dernières traces des pas du Seigneur , lorsqu'il fut enlevé au ciel dans un nuage , les fidèles en prières pussent diriger leurs yeux vers la route qu'il suivit vers l'espace éthéré.»

Cette église et celle de Bethléem sont donc deux fondations bien authentiques de sainte Hélène . La tradition lui en attribue bien d'autres . On sait que sainte Hélène éleva aussi une église à Cana en Galilée . Elle n'existe plus ; mais dans l'édifice qui lui a succédé on montre encore aux voyageurs deux antiques hydries de pierre encastrées dans un banc de maçonnerie ; suivant la tradition , ces hydries seraient deux des six vases dans lesquels l'eau fut changée en vin par Jésus- Christ . Sur le sommet du mont Thabor , Hélène avait encore fait construire , en mémoire de la Transfiguration , une église que visita sainte Paule et un monastère appelé des trois Tabernacles. Elle remplit ainsi le voeu des apôtres qui demandaient à ériger trois tentes en cet endroit : une pour le Sauveur , une pour Moïse et une pour Élie. Enfin , n'oublions pas l'oratoire qu'elle éleva sur les bords du Jourdain , au lieu même où le Sauveur reçut le baptême de saint Jean , et où le Père céleste le déclara son fils et l'objet de ses complaisances .

Au reste , la Palestine n'est pas le seul endroit où sont attribuées des fondations de sainte Hélène . On en cite encore bien d'autres , notamment en Égypte dans un lieu sanctifié par la résidence de la sainte famille, en Chypre , et plus certainement encore à Helénopolis ou Drépane (Turquie actuelle) , où elle fonda une église en l'honneur de saint Lucien martyr, envers qui elle avait une particulière dévotion.

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Chapelle de l`Ascension du Mont des Oliviers a Jérusalem - construite sur les ordres de l`empereur romain Constantin et de Sainte-Hélène au 4 ème siècle

XII

Hélène , sachant que le second commandement qui ordonne d'aimer le prochain pour l'amour de Dieu est semblable au premier , qui ordonne l'amour de ce Dieu pour lui-même, ne se bornait pas à des institutions purement pieuses : elle s'attachait à former aussi des établissements charitables , et personne mieux qu'elle ne sut honorer Notre - Seigneur dans la personne des pauvres . Laissant de côté toute la magnificence de son rang , elle se plaisait à être vêtue simplement et à se trouver confondue avec la foule dans la maison de prière. C'était pour le pauvre aussi bien que pour le culte , qu'elle réservait ses dépenses. On voit encore à Jérusalem un hôpital jadis chrétien , où figure la chaudière avec laquelle elle nourrissait un grand nombre de nécessiteux . Les musulmans eux-mêmes y avaient conservé l'ancien usage de distribuer à chacun de leurs pauvres deux petits pains et des légumes cuits à l'huile . Il y avait à Jérusalem un grand nombre de vierges chrétiennes qui s'étaient vouées à la sainte pauvreté évangélique pour l'amour de Jésus-Christ. Hélène les affectionnait beaucoup , et pour le leur témoigner d'une manière plus particulière , elle voulut les réunir toutes un jour , les fit coucher sur des nattes préparées à cet effet, et les servit à table , tenant elle-même l'aiguière sur le bassin pour leur donner à laver , apportant les viandes qui devaient être servies devant elles , et leur présentant à boire . Un tel spectacle était d'autant plus touchant que l'humble impératrice qui s'imposait de telles fonctions était elle-même digne d'une profonde vénération tant par son âge que par son rang , car elle approchait de sa quatre- vingtième année . Les veuves et les orphelins ne lui parurent pas moins que les vierges du Seigneur dignes de sa sollicitude : elle adoucit leur sort par d'abondantes largesses et s'attacha à essuyer toutes les larmes de leurs yeux . Enfin il n'est point de bonne œuvre qui ait été étrangère à cette fervente dispensatrice des dons de son généreux fils. Hélène ne put voir achevés les monuments qu'elle avait entrepris , l'amour de Constantin la réclamait ; trop longtemps il se voyait privé de sa présence et de ses conseils ; c'était un besoin pour son coeur filial qui n'avait jamais pu se reposer que dans le coeur d'une mère .

Hélène conservait jusque dans cet age avancé une santé et une remarquable vigueur d'esprit . Nous avons vu avec quel noble zèle elle mit à profit ces dons précieux, joints à toutes les autres prospérités temporelles dont la Providence l'avait comblée. Cette femme forte avait bien compris sa mission , et elle la remplit jusqu'au bout avec persévérance . Qui pourrait dire l'ardeur de sa reconnaissance pour toutes les faveurs dont elle était comblée , et avec quelle fidélité elle faisait remonter tous ces dons vers leur source ? Cette princesse fut aussi remarquable par sa prudence et par l'habileté de sa conduite que par les rares qualités de son coeur. « C'est ce qui paraît , dit un historien, par l'autorité qu'elle conserva toujours sur son fils, et l'attention qu'elle eut à tenir dans la soumission les frères de Constantin en est encore une preuve. Ils étaient trois , Jules-Constance , Dalmace et Annibalien , et ils avaient sur leur frère aîné l'avantage de la noblesse du côté de leur mère, qui était belle - fille de Maximien -Hercule.

D'ailleurs il était sans exemple que des fils d'empereurs fussent restés dans la condition privée . Ils n'avaient pourtant pas un droit acquis à l'empire , puisqu'il était électif , et le bas-âge où leur père les laissa en mourant , l'inconvénient de partager le domaine de Constance- Chlore qui ne faisait déjà que la quatrième partie de l'empire romain , c'étaient là des raisons légitimes pour réunir toute la succession paternelle sur la tête du seul Constantin , qui se trouvait en état de la défendre contre l'avidité et l'injustice de Galérius. Il ne paraît point qu'Hélène ait pu avoir aucune part à ce premier arrangement , puisqu'elle ne devait point être à la cour de Constance -Chlore , qui l'avait répudiée . Mais elle sut , le maintenir par des précautions de prudence. Craignant que les jeunes princes , ou par eux-mêmes , ou par de mauvais conseils , ne se portassent à des intrigues contraires à leur devoir et à la tranquillité de l'État , elle les tint toujours éloignés de la cour et des emplois , tantôt à Toulouse , tantôt en quelque autre ville , et enfin à Corinthe , où elle fixa leur séjour. Julien l'Apostat, fils de Jules Constance , taxe cette conduite de ruse artificieuse d'une belle-mère . M. de Tillemont n'y voit qu'une sage politique , en supposant , comme il est vrai , que le droit d'hérédité dans les fils d'empereurs n'avait de force qu'autant qu'il était reconnu et appuyé du suffrage du sénat et des armées.

Après la mort d'Hélène , Constantin éleva ses frères et leurs enfants en dignité . Il en décora deux du consulat . Il renouvela pour Dalmace le titre de censeur , qui n'avait point été en usage depuis Valérien , et dont il n'est plus fait aucune mention après Dalmace . Il créa pour Jules-Constance la dignité de patrice , qui était un simple titre d'honneur , mais qui donnait rang au -dessus des préfets du prétoire et immédiatement après les consuls . Il établit en faveur du même Jules-Constance et d’Annibalien le titre de nobilissime, qui emportait le droit d'user de la robe de pourpre brodée d'or. Enfin , Dalmace son frère étant mort avant lui , et ayant laissé deux fils , Dalmace et Annibalien , Constantin donna à ses neveux une part dans sa succession . Il fit l'aîné césar , en lui assignant pour département la Thrace, la Macédoine et la Grèce , que l'on appelait alors Achaïe ; et il nomma l'autre roi de Pont , de Cappadoce et de la petite Arménie .

Sentant ses forces s'affaiblir, elle rejoignit son fils à Nicomédie ( Constantinople n'étant pas encore achevée ) , et elle lui donna ses dernières et excellentes instructions pour l'animer à se conduire d'une manière digne d'un empereur chrétien . Constantin reçut en fondant en larmes ces précieux conseils d'une mère tant aimée . Elle fit aussi ses adieux à ses petits -fils, et rendit entre leurs bras sa belle âme au Dieu qui lui destinait une couronne impérissable en échange de ces grandeurs terrestres dont elle avait fait un si noble usage .  Ce fut le 18 août 328 qu'eut lieu cette mort précieuse. L'histoire ne marque point le lieu de son dernier soupir , mais seulement celui de sa sépulture . Constantin la fit inhumer à Rome dans le tombeau des empereurs , et fit célébrer avec une grande pompe les funérailles de sa sainte mère. Ces fêtes funèbres durèrent trois mois. On fit faire , pour renfermer son corps , un mausolée d'une richesse extraordinaire, avec une urne de porphyre que l'on voit encore aujourd'hui et qui est la plus grande et  la plus précieuse que l'on connaisse dans le monde . Constantin érigea au milieu de la grande place de Constantinople une croix avec deux statues , dont l'une le représentait lui - même , et l'autre sa bien heureuse mère . De son vivant il avait fait frapper en son honneur des médailles où elle est appelée Flavia Julia Helena , à l'occasion du titre d'auguste dont il l'avait décorée . Indépendamment de Drépane dont nous avons déjà parlé, Constantin donna encore le nom d'Hélénopolis à une ville de la Palestine , et celui d'Hélénopont à une partie de la province de Pont. La ville d'Elne en France, située dans les Pyrénées orientales , doit aussi son nom , Helena, à la mère de Constantin qui la rebâtit. Jadis importante et centre d'un ancien évêché , transféré depuis à Perpignan , cette ville a été ruinée par les sièges qu'elle a subis . L’Église a accordé à cette pieuse princesse des honneurs plus précieux et plus durables, par le culte qu'elle lui rend dans son office public .


Dernière édition par MichelT le Dim 1 Sep 2024 - 12:40, édité 3 fois

MichelT

Date d'inscription : 06/02/2010

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Message par MichelT Mer 14 Sep 2022 - 23:12

XIII

Hélène manqua trop tôt pour les catholiques. Constantin , d'un caractère liant et communicatif , qui ne pouvait se passer d'une personne de confiance , donna dans son cœur la place de sa mère à sa sœur Constancia , veuve de Licinius . Cette princesse paraissait fort pieuse : mais on avait malheureusement abusé de sa religion pour l'engager dans les nouveautés de l'arianisme (une hérésie chrétienne) , et l'ascendant qu'elle acquit sur l'esprit de l'empereur , son frère , nuisit infiniment à l'antique simplicité de la foi. Constantin , lui - même trompé , fut dupe pendant un temps de la mauvaise foi de cette secte hypocrite ; mais ses intentions étaient si droites que son erreur ne fut pas longue ; il s'attacha à réparer le mal qu'il avait laissé faire , et mourut dans les sentiments les plus chrétiens. La mémoire de cet empereur, quoique ternie à divers égards , est justement en bénédiction dans l’Église , pour la droiture de ses intentions et pour mille biens solides dont il l'a comblée.

Il faut aussi avoir égard au temps très durs où il vivait , à son éducation au milieu des païens , aux séductions du pouvoir , aux entraînements politiques. Enfin la somme des vertus de Constantin nous paraît tellement excéder ses défauts, que le sentiment de l'admiration est celui qui nous domine à son égard . Sa piété filiale le rend particulièrement digne d'éloge , et le respect de Constantin pour sa digne mère est , dit un historien , une des plus belles pages de la vie de ce prince. Nous avons en passant signalé quelques- unes des sages lois de Constantin ; en repassant sa vie nous en trouvons encore quelques -unes dignes de remarque. Telles sont celles que son amour de la pureté lui fit porter contre toutes sortes de libertinage . Il abolit aussi celles qui existaient contre le célibat . Cet empereur avait une grande vénération pour les vierges consacrées à Dieu ; il leur rendait comme une sorte de culte , persuadé que l’Époux qu'elles avaient choisi résidait dans leurs âmes saintes ? . Constantin fit encore une autre loi bien digne de sa charité pour empêcher les malheurs que peut causer la pauvreté des parents trop chargés de famille . Il ordonna que dès qu'un père apporterait aux officiers des finances un enfant qu'il serait hors d'état de nourrir , ils prissent indifféremment, ou sur le trésor public , ou sur le domaine du prince , ce qui serait nécessaire pour nourrir et habiller l'enfant , « Et cela , ajoute-t - il , sans aucun délai , pour que la faiblesse d'un enfant n'en souffre pas . » Il voulut que cette loi fût publiée et gravée sur le cuivre , afin de lui donner une durée éternelle . Considérant que tous les hommes sont frères , il fit aussi une loi pour favoriser l'affranchissement des esclaves . Enfin , ses loi contre l'usure et pour exempter des tortures et de la prison les débiteurs du fisc , honorent l'humanité et la générosité de ce prince. Constantin ne fut point de ceux qui rougissent de Jésus- Christ et de sa croix . Au contraire il en faisait toute sa gloire , et il professait hautement la foi qu'il avait dans le cœur.

Il l'annonçait par ses discours , par ses actions et par des monuments publics et multipliés. Il s'était fait représenter , à l'entrée de son palais, ayant la croix au - dessus de la tête , et à ses pieds le dragon infernal (l`ange déchu) percé de coups et précipité dans les abîmes. En général , de quelque manière que l'on exprimât sa ressemblance , soit en statue ou sur la toile , il voulut qu'on lui donnât l'attitude d'un homme qui prie , les yeux élevés au ciel et les mains étendues. Il nous reste encore des médailles de Constantin qui autorisent sur ce point le témoignage de l'histoire. Le respect de ce prince pour la croix du Sauveur le porta à abolir ce genre de supplice , qui de tout temps était usité chez les Romains et chez les Grecs , particulièrement contre les esclaves. Nous avons aussi parlé du zèle de Constantin non seulement pour la conversion de ses sujets idolâtres, mais encore des nations étrangères : citons maintenant quelques-unes de ces missions importantes , auxquelles, inspiré de l'esprit de sa mère et de son propre génie chrétien , il eut une grande part .

Les Ibériens habitaient, entre le Pont-Euxin et la mer Caspienne , une grande contrée que nous appelons aujourd'hui le Gurgistan. Il se trouva parmi leurs prisonniers de guerre une jeune fille chrétienne , d'une rare beauté , mais d'une vertu plus remarquable encore , et dont le nom ne sera connu que dans le ciel . Cette humble fille observait, autant qu'il dépendait d'elle , la plus sévère retraite ; elle passait en prières tout le temps qui restait à sa disposition , et ne parlait jamais à personne à moins qu'on ne l'interrogeât. Quelquefois on lui demandait quel était son espoir et ce qu'elle attendait d'une telle manière de vivre . Alors elle répondait : « Je sers le Christ mon Dieu , bien assurée de sa magnificence à récompenser ses adorateurs. » Rien au monde ne pouvait l'ébranler , ni presque la distraire de cette pensée unique .

Parmi ces barbares fort ignorants et destitués de médecins, c'était la coutume quand il y avait quelque enfant malade de le porter de maison en maison pour trouver quelque personne expérimentée qui pût le guérir. La conduite et la religion de la jeune étrangère , devenue célèbre dans le pays sous le nom de la belle captive , inspirèrent confiance en elle , et une mère lui apporta son enfant dangereusement malade afin qu'elle indiquât un remède salutaire . « Je ne connais , répondit-elle , aucun remède humain qui puisse opérer ce que vous me demandez; mais le Dieu que j'adore rend , quand il veut , la santé aux infirmes les plus désespérés. » Ayant donc posé l'enfant sur sa couche , après y avoir étendu son cilice , au bout de quelques moments elle le rendit à sa mère parfaitement guéri .

Ce prodige fit grand bruit et parvint jusqu'aux oreilles de la reine qui était tourmentée par une  maladie très - douloureuse . Elle voulut faire venir la captive , dont l'humilité se refusait à cette présentation . Alors la reine se fit porter elle-même près de la jeune fille , qui l'étendit , comme l'enfant, sur son cilice , et qui , par l'invocation du nom de Jésus Christ, lui rendit une santé parfaite. En même temps, elle lui fit connaître le suprême Médecin à qui elle devait sa guérison, et ne manqua point d'exalter le bonheur ineffable que l'on goûte à son service . Le roi , enchanté de la guérison de sa femme, voulait témoigner sa reconnaissance à la captive par de magnifiques présents . « Non , seigneur , lui dit la reine , déjà initiée aux sublimes principes de l’Évangile , ce n'est ni or ni argent qu'il faut à ma bienfaitrice . Elle méprise tout ce qui est terrestre ; les louanges et les distinctions l'attristent ; la volupté est pour elle un objet d'horreur ; le jeûne fait ses délices . L'unique plaisir que nous lui puissions faire, c'est d'adorer le Dieu tout-puissant qu'elle a invoqué pour me guérir. »

Le roi donna des espérances, négligea de les remplir ; et sembla même perdre la mémoire du bienfait, quoique la piété reconnaissante de la reine le lui rappelât souvent avec ses promesses. Quelque temps après cependant , ce prince se trouvant à la chasse , dans un grand péril , fit voeu que si le Dieu de la captive le tirait de ce danger , il quitterait tous les autres dieux pour n'adorer plus que lui . Il fut délivré et tint parole . Ayant aussitôt fait venir la chrétienne , il lui demanda la manière de servir Jésus-Christ , qu'elle lui apprit , autant qu'elle en était capable. Dès lors le roi et la reine devinrent les apôtres de leur nation . On bâtit une église , d'après la forme que décrivit la captive ; et , sur son conseil , on envoya une ambassade à Constantin , pour en obtenir des prédicateurs évangéliques . La conquête d'un nouvel empire eût fait moins de plaisir au pieux empereur. Il fit aussitôt partir un évêque et des prêtres pour affermir cette chrétienté naissante , ouvrage presque incroyable d'une pauvre captive , mais garanti par les témoignages les plus respectables. Rufin , l'un des historiens qui le rapportent , dit le tenir du roi Bacurius, qui , après avoir régné sur cette nation , était devenu comte des domestiques , chez les Romains , c'est- à dire grand -maître de la maison de l'empereur , et duc des limites de la Palestine.

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La foi chrétienne en Éthiopie

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La foi chrétienne en Éthiopie

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Le même auteur nous a transmis la manière non moins admirable dont saint Frumence , apôtre des Abyssins, établit la foi parmi eux . Un philosophe de Tyr , appelé Mérope , ayant pénétré par curiosité jusqu'au fond de l’Éthiopie , y fut massacré par les peuples dont il voulait étudier les moeurs. Ce philosophe menait avec lui ses deux neveux Edèse et Frumence , dont il faisait l'éducation . Les meurtriers de Mérope trouvèrent ces deux enfants assis sous un arbre , étudiant leurs leçons avec la candeur et la sécurité de leur âge. Désarmés par ce touchant spectacle , ils conduisirent ces enfants à leur roi qui les accueillit favorablement. Il fit d'Edèse son échanson , et de Frumence , qui annonçait plus d'esprit , son secrétaire . Après sa mort , la reine , qui gouvernait le royaume pendant la minorité de son fils , prit la même confiance en ces étrangers. Parvenus à l'âge d'homme, ils demandèrent à retourner dans leur patrie ; mais elle les pressa de partager avec elle les soins du gouvernement jusqu'à ce que son fils fût en état de régner.

Frumence se consola de ce retard en protégeant les chrétiens qui abordaient en ce royaume, et en leur bâtissant des églises . Enfin le jeune roi étant devenu majeur , Frumence , après lui avoir rendu compte de son administration , sollicita et obtint avec son frère la permission de s'en retourner. Edèse passa a Tyr , lieu de sa naissance , et Frumence s'en alla à Alexandrie . Dès qu'il y fut arrivé , il alla voir saint Athanase, qui venait d'en être fait évêque ; et en lui rendant compte il lui fit connaître combien il serait facile de gagner toute l’Éthiopie à Jésus Christ si l'on y envoyait des ministres prudents et éclairés . Il suffit de savoir avec quel zèle ce fervent apôtre de la foi de Nicée a défendu la divinité de Jésus- Christ , pour comprendre sa joie de trouver cette nouvelle occasion de la glorifier. Ayant donc assemblé son clergé , il fit le récit des communications de Frumence , et , s'adressant à Frumence lui même , qui était présent, il dit comme Pharaon à Joseph : « Quel autre pourrions-nous trouver qui ait l'esprit de Dieu comme vous , et qui puisse exécuter de si grandes choses ! » Puis il employa toute l'onction de sa divine éloquence à inspirer un zèle nouveau à un homme qui revoyait à peine sa patrie , désirée depuis si longtemps.

Frumence obéit à la voix de Dieu qui lui parlait par le saint patriarche qui l'ordonna évêque , et le renvoya tout plein de la grâce qu'il venait de lui conférer par l'imposition des mains . Il lui associa plusieurs ecclésiastiques également zélés , et leur fournit tous les moyens qu'il jugea devoir avancer l’œuvre du Seigneur. Frumence s'en retourna dans cette partie de l’Éthiopie qu'on nomme l'Abyssinie et fixa son siège à Auxence. Les Abyssins le reçurent avec joie . Jamais peuples n'embrassèrent le christianisme avec plus d'ardeur , ni ne le défendirent avec plus de courage. Ils sont restés chrétiens et ont jusqu'aujourd'hui conservé l'intégrité de leur foi.

Constantin prenait la plus grande part à tous ces établissements. Il s'informait et se faisait une affaire capitale et personnelle de ce qui pouvait avancer la foi chez toutes les nations. Déjà le royaume de Perse avait des églises nombreuses, et l'empereur ne négligeait rien pour établir la religion de Jésus-Christ chez ce peuple . Le roi Sapor lui ayant proposé un traité d'alliance , il s'empressa de le conclure , et lui envoya avec des présents magnifiques une lettre éloquente , où il exalta les avantages de la religion chrétienne, et les revers effroyables que s'étaient attirés ses persécuteurs , spécialement l'empereur Valérien , plus connu des Perses , par la main desquels Dieu l'avait puni . Enfin , depuis la conversion du grand Constantin , la foi et la vertu furent tellement le principe de la plupart de ses actions , que l'histoire de l’Église , durant tout ce beau règne , ne paraît que le panégyrique du fils et élève de la sainte impératrice Hélène.  

Fin

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Sainte-Hélène et son fils l`empereur romain chrétien Constantin

MichelT

Date d'inscription : 06/02/2010

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