Rod Dreher : « Face au totalitarisme "woke", il faut se regrouper ! » + Vidéo - Rod Dreher
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Rod Dreher : « Face au totalitarisme "woke", il faut se regrouper ! » + Vidéo - Rod Dreher
Rod Dreher : « Face au totalitarisme "woke", il faut se regrouper ! »
Dans son dernier livre, Résister au mensonge (100 000 exemplaires aux Etats Unis), l’auteur américain du Pari bénédictin dénonce le « soft totalitarisme » de nos sociétés libérales. Et invite à se regrouper pour y résister. Entretien.
Michael Bunel - Hans Lucas pour FC
Dans son dernier livre, Résister au mensonge (100 000 exemplaires aux Etats Unis), l’auteur américain du Pari bénédictin dénonce le « soft totalitarisme » de nos sociétés libérales. Et invite à se regrouper pour y résister. Entretien.
Michael Bunel - Hans Lucas pour FC
Ce livre est-il un prolongement de votre livre précédent ?
Oui, dans les deux cas, cela parle de la fin d’un monde. Les deux livres décrivent la même réalité d’une civilisation qui s’effondre. Le pari bénédictin était plus spirituel, plus général, expliquant comment vivre en chrétien, spirituellement, pendant cet écroulement. Résister au mensonge répond à une nécessité plus urgente : ce que les chrétiens doivent faire pour se préparer à une résistance à long terme.
Libéralisme et communisme ont beaucoup en commun, dites-vous. Qu’est ce qui vous fait dire cela ?
Les deux sont universels, les deux sont une recherche de perfection - je parle de ce que le libéralisme est devenu, pas de ce qu’il était au départ. Il est devenu une puissante idéologie des droits de l’homme, individualiste et identitaire. Un credo progressiste, qui incite les gens à s’identifier à un groupe – ethnique, sexuel – et à envisager le bien et le mal comme une question de dynamique de pouvoir entre ces groupes. C’est un totalitarisme soft qui ne vient pas de l’Etat. Ce n’est pas l’Etat qui dit aux universités de diffuser ces idées, ni aux médias d’ignorer les idées conservatrices ; ils le font de leur propre chef. C’est ce qu on appelle aujourd’hui le « wokeness ». J’ai un bon ami, professeur dans une université jésuite américaine, qui ne peut pas dire ce qu’enseigne l’Eglise en matière de sexualité, de différences homme/femme. Voilà où nous en sommes : on ne peut pas enseigner la doctrine chrétienne dans une université jésuite sans risquer son job…
Est-ce vraiment du totalitarisme ? Vous êtes libre de parler, d’écrire…
C’est une grande question ! Ça a l’air ridicule, à première vue d’utiliser le mot, pour la raison que vous dites. Quand nous entendons totalitarisme, nous pensons à Staline, au Goulag, à la police secrète… En réalité, une société totalitaire est une société où une idéologie règne et où tout est politisé. Vous pouvez donc avoir du totalitarisme dans une démocratie libérale. C’est le cas aujourd’hui aux Etats-Unis, où les gens ont peur de dire ce qu’ils pensent devant des étrangers, peur que ceux-ci les dénoncent sur les réseaux sociaux, et d’être anéantis en une journée… Un ami hongrois, professeur, me disait qu’il disait ce qu’il voulait à ses étudiants. Vous ne pourriez jamais faire ça aux Etats Unis, lui ai-je répondu. Si vous le faisiez, vos étudiants vous dénonceraient, votre université ne vous défendrait pas, et vous seriez viré. Si la personne qui vous accuse est noire, homosexuelle, trans, vous êtes automatiquement coupable. Les gens sont terrifiés. Nous sommes dans ce que j’appelle un Etat policier rose : les gens sont prêts à sacrifier leur liberté d’expression, leurs droits importants, en échange d’une forme de plaisir, de confort, de sécurité…
Pourtant aux Etats-Unis la liberté d’expression est une notion fondamentale.
Nous ne sommes plus le même pays ! Cela a changé si vite, peut-être une vingtaine d’années. Le philosophe René Girard, à Stanford, disait que le souci chrétien de la victime était louable, mais que ce sentiment est allé tellement loin qu’il est devenu un système d’oppression totalitaire. Il avait prévu aussi que les chrétiens serviraient de boucs émissaires. Beaucoup de chrétiens américains ont été habitués à vivre confortablement ; j’ai peur que certains d’entre eux n’abandonnent la foi pour éviter de souffrir.
Vous dites qu’il est impossible d’argumenter face à un tel mouvement.
En théorie, bien sûr qu’il y a d’excellents arguments ! Mais dans les faits, c’est impossible. Si vous contredisez les étudiants, par exemple, ils refusent de vous écouter, de débattre, ils hurlent après vous. En débattant avec vous, ils auraient le sentiment de donner une place au mal.
N’est-ce pas une question de niveau intellectuel ? Sont-ils capables de débattre ?
Ils ont été élevés dans l’idée que le sentiment est la meilleure voie vers la vérité. Comme le souligne le philosophe Alasdair MacIntyre dans Après la vertu (PUF), nous avons perdu la raison et nous ne pouvons parler qu’en termes d’émotion. C’est pour cela que la discussion rationnelle est impossible. Et puis ils savent qu’en hurlant, ils gagneront. Les adultes se rendent, ils sont complices. Ça marche !
La solution, d’après vous, serait de créer des communautés.
Oui, créer des petits groupes de gens dédiés, de nature à nous donner de la force. C’est ce qu’ont fait les chrétiens des pays de l’est dans les années 80. Ils avaient peur ; ces communautés ont permis de la surmonter, de réagir en distribuant des samidzats interdits par le communisme. Ces moments d’union leur ont permis d’affermir leur foi et d’apprendre la vertu de solidarité. Quand vous faites face au totalitarisme, il est très important de savoir que vous n’êtes pas fou, et que vous n’êtes pas seul. Tout le monde peut se mettre debout, faire face, et dire : ceci est un mensonge ! Prenez l’exemple de Bari Weiss, qui s’occupait des tribunes d’opinion au New York Times, temple du politiquement correct américain : elle a fini par partir, car la newsroom du journal était totalitaire.
De qui seraient composées ces communautés ?
Au début, il faut que ce soit des gens qui pensent de la même façon. Mais peu à peu, il faut des groupes variés, avec des gens différents. Face au totalitarisme, il est si rare d’avoir le courage de se mettre debout.
Quels seraient les points communs, les critères pour en faire partie ?
Ça nous ramène à votre première question : est-ce un prolongement du pari bénédictin ? Résister au mensonge est davantage une stratégie de résistance. Et dans ce cas je n’ai pas à être d’accord avec les opinions de mon voisin, d’un point de vue religieux ou politique ; nous défendons seulement leur droit à parler, à dire la vérité. Ce à quoi il faut faire attention est la confiance ; il faut se regrouper entre gens de confiance. Je dis cela parce que je crains que des gens abandonnent leurs amis, les dénoncent, pour grimper socialement dans ce nouveau régime, par pure ambition. Nous avons été si habitués au confort... C’est bien ce que montre Le meilleur des mondes de Huxley, qui est à mon avis un meilleur apologue de notre monde que le 1984 d’Orwell.
Je pense que le chapitre principal de mon livre est celui sur la souffrance. Les chrétiens qui ne sont pas préparés à souffrir n’arriveront pas à résister aux persécutions. Nous savons, par l’histoire, que notre Eglise est une église de martyrs. En France sous la révolution par exemple. Aux Etats-Unis, beaucoup pensent que le christianisme est juste un bon moyen de vivre une vie heureuse.
Vous parlez de résistance. Faut-il résister ou rayonner ?
Ça devrait être la même chose ! J’ai rencontré dans les pays de l’est des dissidents marqués par les sévices subis en prison ; ils rayonnent de paix. Quand vous rencontrez quelqu’un qui est prêt à souffrir pour sa foi, c’est une lumière dans l’obscurité. Sous le communisme, l’évangile montre une claire lumière dans le noir. Aujourd’hui, il éclaire dans du brouillard. Le mal se présente sous les traits de la compassion… « Bien sûr nous croyons à la Bible, mais nous devons être compassionnels », a déclaré un chrétien dans une université catholique...
N’y a-t-il pas un risque de se replier sur soi-même ?
Il y a toujours ce risque, il nous faut y être attentif. Être ouvert au monde. L’opposition en face de nous est si importante, que si nous ne formons pas des communautés fortes, nous n’en sortirons pas. Le plus grand risque c’est de couper les liens entre nous.
Ne pensez-vous pas que cette idéologie est si folle, si hors de la réalité, qu’elle finira par s’effondrer d’elle-même ?
Peut-être. Le communisme en effet, s’est effondré, mais ça a pris 70 ans. Regardez tous les ravages qu’il a provoqué ! Pour l’idéologie woke, cela risque de prendre beaucoup de temps avant qu’elle ne s’effondre. En attendant, des personnes faibles, notamment des enfants, y sont exposés.
Charles-Henri d'Andigné
Vidéo - Rod Dreher : « Face au déclin du christianisme, nous, laïcs, devons agir »
Rencontre avec Rod Dreher, écrivain américain orthodoxe, auteur du Pari bénédictin - Comment être chrétien dans un monde qui ne l'est plus (Artège). Il invite l’Occident à une conversion radicale, en s’inspirant de l’action de saint Benoît.
Marie de Varax
Lumen- Date d'inscription : 09/11/2021
Localisation : France
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