Les Peres de l'église sur la conversion des juifs
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Les Peres de l'église sur la conversion des juifs
Témoignage des Pères de l'Eglise sur le retour d'Elie Imprimer
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1. Mais, objectera sans doute le chrétien, le retour d'Elie sur la terre est une croyance juive, et, à supposer même qu'il soit l'un des "deux témoins" de l'Apocalypse - ce qui n'est pas écrit explicitement -, en quoi cette pieuse croyance concerne-t-elle l'Eglise ? Et, d'ailleurs, la question est réglée par l'affirmation péremptoire de Jésus concernant Jean-Baptiste : Et lui, si vous voulez le comprendre, il est cet Élie qui doit venir (cf. Mt 11, 14) (1).
2. Pourtant, contrairement à une opinion - erronée mais largement répandue -, selon laquelle le retour d'Élie n'est pas une tradition chrétienne, de nombreux Pères de l'Eglise partageaient cette croyance. Mieux, Elie, le prophète eschatologique, dont Malachie avait annoncé le retour avant le Jour du Seigneur, grand et redoutable, se voit par eux assigner le rôle de futur convertisseur du peuple juif. (Cf. Ml 3, 23).
3. L'Apocalypse (non canonique) de Pierre parle du retour futur d'Israël dans un texte malheureusement lacunaire : «Et quand ils rejetteront [l'Antichrist], il tuera avec son épée, et il y aura de nombreux martyrs. Alors, les bourgeons du figuier, c'est-à-dire la maison d'Israël, sortiront : beaucoup recevront le martyre de sa main. Hénoch et Elie envoyés pour leur apprendre que c'est le Trompeur qui viendra dans le monde et qui fera des signes et des miracles pour tromper. Et alors, ils mourront de sa main et seront martyrisés et seront reconnus parmi les bons et vrais martyrs qui ont plu à Dieu pendant leur vie. » (New Testament Apocrypha, vol. 2, édit. W. Schneemelcher, Westminster Press, Philadelphia 1963, p. 669).
4. Hippolyte de Rome (170-236) prévoit la conversion du peuple juif, à la fin des temps. S'appuyant sur la prophétie des soixante-dix semaines de Daniel, il écrit : «[Daniel] a donc voulu prédire la dernière semaine d'années, à la fin du monde. Les deux prophètes, Hénoch et Élie, en occupent la moitié et incitent sans aucun doute à la pénitence le peuple juif) et toutes les nations.» (HIPPOLYTE DE ROME, De l'Antéchrist, 43, dans Patrologia Graeca X, col. 762; cf. Dn 9, 24-27).
5. Victorin de Poetovio (ou de Pettau, mort vers 304), lie, lui aussi, la conversion des Juifs au retour d'Élie et à la prophétie de Malachie : «[Saint Jean] nomme le prophète Élie, qui doit précéder le temps de l'Antichrist pour rétablir les églises et les stabiliser après une intolérable persécution. C'est dans la perspective de l'Ancien et du Nouveau Testament que nous lisons ces choses. Le Seigneur dit, en effet, par Malachie : Voici que je vous envoie Élie le Tishbite pour tourner le cœur de l'homme vers son prochain, c'est-à-dire vers le Christ, par la pénitence. Tourner les cœurs des pères vers leurs fils : c'est-à-dire, au temps de l'appel, rappeler les Juifs vers le peuple qui leur a succédé. Et c'est pourquoi il montre même le nombre de ceux des Juifs qui croiront, et la grande multitude venue des Gentils. » (VICTORIN DE POETOVIO, Commentaire de l'Apocalypse, VII, édit. Haussleiter, Vienne 1916. C.S.E.L. 49, pp. 54-55; cf. Ml 3, 23 ss.).
6. On trouve encore, chez le même Victorin de Poetovio, une interprétation surprenante de l'identité des cent quarante-quatre milliers qui suivent l'Agneau partout où il va : «Ce sont des Juifs qui, aux derniers temps, viendront à la foi par la prédication d'Élie, et pour lesquels l'Esprit se porte garant, non seulement à cause de la virginité de leur corps, mais à cause de leurs paroles.» (ID, Ibid., XX, 1, C.S.E.L., p. 140; cf. Ap. 14, 1.4).
7. Augustin (mort en 430) prévoit la conversion future d'Israël : «Que, par ce grand et admirable prophète Élie, la loi doive être exposée aux Juifs, aux derniers temps, avant le jugement, et que les Juifs doivent croire au vrai Christ, c'est-à-dire au nôtre, (cette idée) est très répandue dans les paroles et le cœur des fidèles.» (SAINT AUGUSTIN, La Cité de Dieu, XX, 29; cf. aussi XX, 30, 3).
8. Augustin encore : «En ces jours-là, les Juifs, ceux qui doivent voir l'Esprit de grâce et de miséricorde, se repentiront d'avoir insulté le Christ dans sa Passion, lorsqu'ils le verront venir dans sa majesté, et qu'ils le reconnaîtront, lui dont leurs parents ont d'abord raillé l'humilité ; mais leurs parents, les auteurs d'une telle impiété, en ressuscitant, le verront ils seront déjà punis, mais pas encore châtiés… Cependant, ceux qui doivent croire, en ce temps-là, par l'intermédiaire d'Élie, viennent de leur lignée […] C'est pourquoi nous apprenons que [les événements] suivants arriveront lors de ce jugement, ou tout proches de lui : [la venue d']Élie le Tishbite, la foi des Juifs, la persécution de l'Antéchrist, le jugement du Christ, la résurrection des morts, la résurrection des bons et des méchants, la conflagration du monde et sa rénovation.» (ID, Ibid., XX, 30, 3, 5; Cf. Za 12, 10).
9. Hilaire de Poitiers (315-367) rattache directement la conception du salut d'Israël à la fin du monde, à la venue d'Élie et à l'accomplissement de la prophétie de Malachie : «[Le Christ] leur répond qu'Élie reviendra pour restaurer toutes choses, c'est-à-dire pour appeler de nouveau à la connaissance de Dieu ce qu'il trouvera d'Israël. Ces paroles signifient que Jean est venu dans la puissance et l'esprit d'Élie… De même qu'une partie des Juifs a cru par les apôtres, de même une partie croira par Élie, et elle sera justifiée par la foi.» (HILAIRE DE POITIERS, Commentaire sur saint Matthieu, XVIII, 4, 5; cf. Mt 17, 11; Lc 1, 17).
10. D'après Diodore de Tarse (mort vers 380), seuls seront sauvés, en Israël, ceux qui répondront à l'appel d'Élie. Le 'tout Israël' de saint Paul ne désigne pas l'ensemble du peuple juif, mais «ceux [des Juifs] qui seront appelés par Élie, ou ceux qui, rassemblés par lui, alors qu'ils seront dispersés dans le monde, voudront venir à la foi.» (K. Staab, Pauluskommentare aus der griechischen Kirche, Münster 1933, p. 104; cf. Rm 11, 26).
11. Jérôme (342-420), pour sa part, rapporte - avec un scepticisme qui en dit long sur le peu de cas qu'il en fait - l'opinion suivante : «Les Juifs et les hérétiques judaïsants pensent qu'Élie doit venir avant leur Messie, et qu'il rétablira toutes choses.» (JERÔME, Commentaire sur Malachie, III, IV, 5-6).
12. Pour Cyrille d'Alexandrie (mort en 444), Israël se convertira à la fin des temps. Dans son commentaire sur la Genèse, après avoir cité la prophétie de Malachie, il commente : «Celui-ci (Élie), lorsqu'il viendra, ramènera l'intraitable Israël, ainsi qu'il convient, il le sortira de la longue colère [de Dieu], il le rendra ami du Christ, et en paix avec lui.» (CYRILLE D'ALEXANDRIE, Glaphyres sur la Genèse, V, 3).
13. L'évêque nestorien, Ishodad de Merv (IXe s.), rapporte le commentaire suivant de Théodore de Mopsueste (350-428) : «Rappelez-vous, dit [Malachie], et n'oubliez pas la Loi que je vous ai imposée par l'intermédiaire de Moïse, [et] dont le tout premier signe qu'elle est observée est que vous accueilliez le Christ qui y est attendu, quand il apparaîtra pour votre salut et [celui] de tous [les hommes]. Mais parce que, même au moment de son apparition, vous montrerez votre incrédulité, je vous enverrai, avant sa seconde venue du ciel, Élie le Tishbite, pour unir entre eux les divisés.» (Commentaire d'Iso‘dad de Merv sur l'Ancien Testament. VI. Psaumes, traduit par C. Van den Eynde, éd. Peeters, Louvain 1981, p. 179).
14. L'évêque Théodoret de Cyr (393-466) adopte, lui aussi, le schéma malachien du retour d'Élie. Mais, assez curieusement, c'est à propos du chapitre 11 de l'Épître aux Romains qu'il commente : «Et l'Apôtre affirme plus vigoureusement le salut futur des Juifs, grâce à Élie le Tishbite.» (THEODORET DE CYR, Commentaire sur Ézéchiel, XLVIII).
15. Le même Théodoret écrit encore, en se basant sur Malachie: «La cécité a frappé une partie d'Israël jusqu'à l'entrée de la totalité des païens, et ainsi tout Israël sera sauvé […] (Saint Paul) exhorte à ne pas désespérer du salut des autres [la partie qui n'est pas sauvée]. En effet, après que les Gentils auront reçu la prédication, ceux-là même [les Juifs] croiront, quand le grand Élie sera venu et leur aura apporté la doctrine de la foi… Le témoignage du prophète l'établit.» (ID., Commentaire sur l'épître aux Romains, XI, 25. Cf. Rm 11, 25).
16. Dans son commentaire sur le Livre de Daniel, l'évêque nestorien Ishodad de Merv (IXe s.) rapporte la tradition suivante : «Théodoret dit que ces trois ans et demi [de Daniel 12, 12] constituent le temps où régnera l'Antéchrist, à la fin, et les quarante-cinq jours [représentent le temps] à partir [du moment] où l'homme de perdition sera condamné et qu'Élie triomphera et détournera tout homme [de l'Antéchrist], admonestera les Juifs et prêchera Notre-Seigneur, jusqu'à ce que Notre-Seigneur apparaisse du ciel.» (Commentaire d'Iso‘dad de Merv sur l'Ancien Testament. V. Jérémie, Ézéchiel, Daniel, traduit par C. Van den Eynde, éd. Peeters, Louvain 1972, p. 153).
17. Commentant à nouveau Malachie, Théodoret écrit : «(Malachie) nous enseigne donc que, lors des entreprises de l'Antichrist, apparaîtra le grand Élie, qui proclamera aux Juifs l'avènement du Seigneur et en convertira beaucoup. C'est ce que signifie, en effet : Il ramènera le cœur du père vers le fils (cf. Ml 3, 23), c'est à dire [il ramènera] les Juifs à ceux qui étaient destinés à croire parmi les nations […] C'est en raison de leur incrédulité qu'ils se sont avérés les derniers. Mais quand ils croiront, par le grand Élie, [les Juifs] seront assimilés à ces nations qui se sont saisi du salut qui leur était envoyé, et ils seront consommés en une seule Église. » (THÉODORET DE CYR, Commentaire sur Daniel, Patrologia Graeca, vol. 81, col. 1533. Cf. Daniel 12, 1).
18. Dans son commentaire de l'Épître aux Romains, Ishodad de Merv, déjà cité, rapporte une autre tradition, anonyme cette fois, concernant Élie et le peuple juif : «Quel est donc le mystère? Cet endurcissement de cœur est survenu à Israël pour un temps. Il veut dire qu'ils [les Juifs] ne resteront pas indéfiniment étrangers à Dieu, mais un temps viendra où ils confesseront la vérité, quand tous les hommes auront reçu l'enseignement de la religion. En fait, il annonce le temps de l'avènement d'Élie. Et qu'en résultera-t-il? Alors tout Israël sera sauvé, c'est-à-dire tous les Juifs qui ont, par nature, affinité de race avec Israël. Alors, dit-il, en ce temps-là, [les Juifs] retourneront à Élie comme à leur prophète, et, par son entremise, ils s'approcheront de la foi au Christ.» (The Commentaries of Ishodad of Merv bishop of Haddata(, ed. M. D. Gibson, in (Horae Semiticae(, Vol. V, Part II, transl. p. 17; cf. Rm 11, 25-26).
19. Ce florilège - non exhaustif - témoigne d'un large consensus des Pères à propos du rôle eschatologique d'Élie en général, et en ce qui concerne les Juifs, en particulier. Toute réflexion sur l'eschatologie, et spécialement celle qui prétend sonder la nature et les modalités de l'avènement du Royaume de Dieu, doit prendre en compte ces textes incontournables. Par ailleurs, de telles doctrines constituent un réconfort spirituel considérable pour les fidèles que préoccupe le sens plénier des passages néotestamentaires qui parlent de la Parousie du Christ, de la fin des temps, des douleurs de l'enfantement des temps messianiques, et de la venue en gloire du Royaume de Dieu.
20. Pourtant, malgré leur grande valeur, ces textes ne font jamais l'objet des commentaires des théologiens ni des homélies des clercs. Seuls quelques spécialistes - patrologues et orientalistes surtout - y font allusion parfois, mais le plus souvent pour révoquer en doute leur pertinence, voire pour les déclarer légendaires ou fantaisistes, et, en tout état de cause, sans valeur pour la réflexion chrétienne.
21. Mais, dira-t-on peut-être, le chrétien a-t-il besoin de ces perspectives eschatologiques pour vivre pleinement sa foi et être agréable à Dieu, et les textes conciliaires qui exposent la doctrine catholique la venue du Royaume ne sont-ils pas suffisants pour se préparer à ces événements? Formulée en ces termes, l'objection vaut d'être considérée. Certes, la doctrine exposée par les Pères du Concile Vatican II - spécialement dans la Constitution sur l'Église - est, en soi, suffisante pour la foi et la pratique chrétiennes. Mais, à côté de ces déclarations de principe, il y a place pour une relecture attentive des passages bibliques et patristiques à consonance eschatologique, surtout lorsque leur contenu n'a pas suffisamment été pris en compte par la réflexion chrétienne. (Cf. Lumen Gentium, ch. 7, 48-50).
22. Et d'ailleurs, à quel titre ferait-on grief à des fidèles de lire autrement que la majorité de leurs coreligionnaires les événements contemporains et surtout ceux de la Shoah et de la création de l'Etat d'Israël, et d'y voir des signes des temps, si ce n'est l'accomplissement plénier de certaines prophéties? C'est pourquoi, à la suite des Pères cités dans cet écrit, celles et ceux qui savent que Dieu est fidèle et ne permettra pas que nous soyons tentés au-delà de nos forces (cf. 1 Co 10, 13), ne doivent pas craindre d'accorder créance à l'eschatologie de l'Apocalypse, dont ce livre lui-même nous garantit l'orthodoxie en ces termes (Ap 22, 6-7.16.18-20) : Ces paroles sont certaines et vraies : le Seigneur Dieu, qui inspire les prophètes, a envoyé son Ange pour montrer à ses serviteurs ce qui doit arriver bientôt. Voici que mon retour est proche! Heureux celui qui garde les paroles prophétiques de ce livre!… Moi, Jésus, j'ai envoyé mon Ange publier chez vous ces révélations concernant les Eglises. Je déclare, moi, à quiconque écoute les paroles prophétiques de ce livre : Qui oserait y faire des surcharges, Dieu le chargera de tous les fléaux décrits dans ce livre! Et qui oserait retrancher aux paroles de ce livre prophétique, Dieu retranchera son lot de l'arbre de Vie et de la Cité sainte, décrits dans ce livre!
Voici que mon retour est proche!
Heureux celui qui garde les paroles prophétiques de ce livre.
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(1) On reviendra, plus loin, sur cette difficulté.
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