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Sur la Prophétie de Blois

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Message par Francesco Ven 1 Jan 2010 - 2:03

Au sujet de l’authenticité de la prophétie de Blois, le journal « Le Salut Public », journal de Lyon, citait les lettres suivantes :

1°) - Abbeville, couvent des Dominicains, 17 octobre 1870.

Monsieur le rédacteur,

La publicité donnée, dans ces derniers temps, à un document singulier dit : Prophétie de Blois ; l'intérêt assez naturel qu'il a excité en sens divers sur plusieurs points de la France ; le crédit, exagéré peut-être, que des esprits trop penchés sur l'avenir sont enclins à lui accorder ; l'origine honorable attribuée à cette pièce et qu'il ne paraissait pas sans utilité de vérifier ; — d'autre part, les doutes, que je n'étais pas seul à concevoir sur l'authenticité de certains détails, — les dates notamment, — si bien précisées par les journaux, m'avaient déterminé, ces jours passés, à aller droit à la source en écrivant directement à Mme la supérieure des Ursulines de Blois.
Aux renseignements que demandait ma lettre tant sur la prédiction elle-même que sur son auteur et la religieuse sa confidente, aux questions prescrites par la simple prudence et par les règles théologiques, ou suggérées par une lecture réfléchie, que je m'étais permis de poser, — pour m'éclairer sur le degré d'attention que la pièce commentée de tant de manières, peut mériter d'un esprit sérieux, — la digne supérieure (dont je n'ai point d'ailleurs l'honneur d'être connu), a bien voulu m'adresser aujourd'hui même une réponse détaillée que je m'empresse, Monsieur, de vous communiquer, dans la pensée qu'il pourrait vous être agréable de la voir et d'en donner connaissance à vos lecteurs.
Tout mon désir, — au cas où vous croiriez devoir publier cette lettre, — est que bon nombre d'esprits, mieux édifiés sur la valeur relative des prédictions qu'on leur a mises en main, — évitent plus sûrement deux extrêmes toujours illogiques et regrettables : le préjugé superficiel qui méprise tout sans examen, — et cette sorte de fatalisme providentiel, que l'histoire nous montre s'emparant, aux heures critiques, de la vie des peuples, des âmes en proie à une curiosité maladive, — et qui aurait tout au moins le fâcheux effet de paralyser l'énergie morale, dans ce moment si grave, qui est pour les uns celui de la lutte à outrance, et pour les autres celui de la prière et de l'immolation cachée, qui sont aussi des armes.

Agréez monsieur le rédacteur, la respectueuse expression de mes sentiments dévoués.

Fr. L. P. CH. D...,
des Frères Prêcheurs.»


Mon très-révérend Père,

Je ne sais par quel concours de circonstances nos Soeurs de... ont acquis la conviction de posséder la copie authentique d'une prophétie qui n'a jamais été écrite... Les récits donnés par les journaux, tout en reproduisant les traits principaux (et cela sans notre participation), ajoutent ou dénaturent bon nombre de détails.
Ce qui est parfaitement exact, c'est qu'en 1801, une bonne tourière nommée Marianne, qui avait vécu jusque-là dans l'obscurité et la simplicité d'une vie d'abnégation et de dévouement à notre maison, alors aux prises avec la plus extrême indigence, étant visitée sur son lit de mort par une jeune postulante, aujourd'hui mère Providence, sembla comme ravie aux réalités de ce qui l'entourait ; l'avenir parut se dérouler devant ses yeux dans des tableaux animés qu'elle faisait connaître par des exclamations… La plupart des évènements qu'elle faisait ainsi connaître se rapportaient à la maison ; ils ont reçu leur accomplissement d'une manière vraiment frappante. Les autres annonçant des bouleversements politiques, se sont vérifiés en 1848. Un certain nombre enfin semblent devoir se réaliser actuellement, mais aucune date n'avait été précisée... les journaux ont pris soin de les assigner après coup.
La bonne mère Providence, en entendant toutes ces prédictions, objecta à la mourante qu'elle ferait bien mieux de confier, des révélations aussi graves à une religieuse professe plutôt qu'à une postulante sur le point de quitter le noviciat, en raison de là violente opposition de sa famille. La bonne Soeur lui répondit : « Quand vous serez en âge de prononcer vos voeux, madame votre mère ne pourra plus s'y opposer... et c'est à vous seule que je veux confier ces choses, parce que seule vous en verrez l'accomplissement... » Effectivement, six mois après la mort de la bonne tourière la mère Providence perdait sa mère et devenait parfaitement libre de se donner à Dieu, et seule, elle a survécu à toutes ses contemporaines, comme pour être près de nous le garant des promesses du divin Maître, et hâter par ses prières ferventes et continuelles l'heure de la miséricorde et du pardon.
Cette vénérable mère jouit, malgré ses quatre-vingt douze ans, d'une santé et d'une gaîté vraiment exceptionnelles ; elle attend, son rosaire en main, cette ère de prospérité qui doit suivre tant de malheurs et dont elle verra le commencement. Bien que soeur Marianne ne lui ait pas précisé d'époque, elle n'a jamais confondu les événements de 1848 avec ceux qui regardent l'époque actuelle... et ces dernières années, alors que l'horizon politique commençait à s'obscurcir, elle répondait à nos interrogations : « Non, ce n'est pas encore le moment des grands événements. » Aujourd'hui elle croit que l'époque est arrivée.
Il est en effet fort difficile de distinguer si la bonne soeur Marianne a voulu parler d'une guerre civile ou d'une guerre contre l'étranger ; cependant plusieurs détails que ne reproduisent pas les journaux ne nous laissent aucun doute ; l'invasion et ses conséquences y sont très clairement annoncées ; seulement, la fin, ce que la bonne Providence appelle le grand coup, fait songer à un bouleversement intérieur.
Il nous est impossible, mon très révérend Père, de vous envoyer ce qui précède le vers et septième, pour la raison toute péremptoire que jamais les prédictions n'ont été écrites ni divisées en versets. Soeur Marianne avait défendu de rien écrire et la mère Providence s'est docilement conformée à cet ordre. Mais elle a redit ce qui lui avait été appris, en bravant tout d'abord le sourire d'incrédulité des autres religieuses, qui ne voulurent accorder quelque croyance qu'après l'accomplissement de plusieurs des faits annoncés.
C'est donc par voie de tradition orale que ces prédictions sont arrivées jusqu'à nous. Soeur Marianne étant allée recevoir la récompense de son obscur et tout cordial dévouement peu de temps après son entretien avec la mère Providence, n'a pu être soumise aux épreuves qui font l'objet de votre quatrième question.
Sans attacher trop d'importance à ces prédictions, nous ne pouvons fermer les yeux à l'évidence, et nous aimons à croire que l'adorable bonté du Maître nous a préparé ainsi des consolations et des espérances pour l'heure douloureuse que nous traversons. Ne semble-t-il pas nous répéter par l'organe de cette pauvre tourière : « Ceux qui mettent en moi leur confiance demeureront inébranlables comme la montagne de Sion. » Mais la prière nous a été instamment recommandée, si nous voulons voir l'accomplissement des promesses. Nous espérons, mon très révérend Père, que vous voudrez bien vous unir à nous et parler quelquefois au divin Maître et à Notre Dame du Saint Rosaire de cette communauté des Ursulines, si heureuse de pouvoir vous faire partager ses consolations et ses espérances.

Croyez, mon très révérend Père, à tous les sentiments de respect avec lesquels j'ai l'honneur d'être.

Soeur Sainte Claire
Supérieure.
Sainte-Ursule de Blois, 15 octobre 1870.»



Dieu seul suffit,l'aimer,le suivre et faire sa volonté.
Francesco
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Masculin Date d'inscription : 11/01/2008

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