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Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte

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Message par Lumen Mer 31 Mai 2023 - 22:41

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte


Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte 133252877

Introduction

« Trahe ine : post te currimus in odorem unguentorum tuorum ». (Ct. 1, 3).


Quand le pèlerin fatigué aborde au rivage de la Terre Sainte, son premier cri, élan de son cœur, se résume en un mot : « Jésus-Christ ! » Ce mot est son égide, sa force et son aiguillon : c'est pour lui qu'il a traversé les mers, avide de contempler de ses yeux la patrie terrestre du Fils de Dieu.

Si l'étranger qui pénètre au sein d'un pays illustré par quelque mortel fameux, se sent ému soudain, à la pensée de cet être, aux souvenirs héroïques et glorieux d'un peuple, que dire de l'émotion du pèlerin qui pose le pied sur le sol sacré, qui contemple pour la première fois la terre des Patriarches et des Prophètes, la terre toute baignée du sang de Jésus-Christ !

La langue humaine ne sait exprimer ce bonheur intense et recueilli où l'âme, en pleine raison, semble perdre le sens tant elle est ravie, transportée ! Le ciel et la terre de la Palestine sont d'éloquents témoins du passage de l'Homme-Dieu : l'une a gardé l'empreinte de ses pas, l'autre a vu son amour rayonner comme un soleil. Ah ! c'est que là surtout, sur cette terre privilégiée, l'amour du Christ a resplendi, émané de son foyer vivant, qui est le Sacré Cœur de Jésus.

Il semble, en effet, partout, sur les sen tiers de la Palestine, comme sur le chemin de notre vie, que Jésus-Christ ait placé son Cœur à tous les passages difficiles pour nous dire : « O vos omnes qui transitis per viam, attendite et videte si est Amor sicut Amor meus ! » Il nous sollicite à nous approcher de ce Cœur, à méditer ses douleurs, à écouter recueillis les enseignements divins, à nous pénétrer de sa chaleur vivifiante, de son amour brûlant.

Oui, ce Cœur adorable peut être comparé au lumineux soleil qui distribue à flots la lumière et la vie ; sous les effluves des rayonnements solaires tout palpite et vit, toute créature croît et s'anime, et, ce qui est vrai pour le soleil matériel, l'est infiniment plus pour le soleil de nos âmes, le Cœur sacré de Jésus-Christ.

Et en ce mot de Cœur, pris dans son sens le plus général, j'entends à la fois l'amour créé et l'amour incréé qui sont en Jésus-Christ, j'entends tout mouvement affectif parti de ce Cœur pendant sa vie mortelle, et dont le rayonnement s'en perpétue à travers les âges.

Quand le Verbe incarné prit la forme de l'homme, son Cœur devint, à la fois, le noble organe de la vie de son corps et le sanctuaire de son amour. Cet amour se répandit comme un torrent de flammes le jour où Longin perça de sa lance le côté du Sauveur crucifié ; c'est ce jour-là que cette parole s'accomplit : « Je suis venu apporter le feu sur la terre, que désiré-je, sinon qu'il s'allume ! » Le saint vase qui le renfermait fut brisé, afin que les flots du pur amour s'échappassent avec l'eau sacrée qui arrosait la terre. À nous de recueillir cette rosée, à nous d'allumer ce feu.

Oh ! qu'il est doux, fort et puissant, le Cœur de Jésus-Christ ! Appuyons-nous sur cette poitrine sacrée, et écoutons les battements de ce Cœur qui n'a battu que pour nous pendant trente-trois ans ! À travers les âges, ses rayonnements nous éclairent encore, et le divin souvenir du Christ est toujours resté immortel et vivant. Dans tous les mystères de sa vie humaine, nous voyons se dégager une influence directe, un sens profond qui s'appliquent soit aux hommes de son temps, soit aux hommes à venir et à son Église future, parce que ses paroles, ses actes et son amour s'adaptent à tous les temps, à tous les actes, à toutes les âmes. C'est ce que nous appellerons l'action permanente du divin Cœur à travers le monde, que nous chercherons à suivre comme un filon précieux, comme une source féconde qui distribue par mille canaux l'abondance et la vie !

Ô vous, Pèlerin de désir, qui suivez courageusement les sentiers rudes de la vie, sans avoir pu répondre à ce mystérieux attrait qui vous appelle vers le Tombeau de Jésus-Christ, suivez-moi par la pensée en cette contrée bénie que l'on a si juste ment nommée « l'Évangile ouvert », et laissez-moi vous montrer les rayonnements d'amour que le divin Cœur lança sur le monde, pendant son court passage sur la terre. Nous considérerons ensemble ces diverses manifestations de son amour et nous les méditerons chaque jour de ce mois de Juin, que les âmes pieuses n'appellent plus désormais que le mois du Sacré Cœur.

Ô Jésus, grand Vainqueur et grand Vaincu de l'amour ! Vainqueur, parce que vous avez fait triompher l'amour sur la colère divine et sur la douleur ! Vaincu, parce que c'est l'amour qui vous a enchaîné et qui vous a fait mourir ! Ô Jésus, ayez pitié de nous que votre Cœur à tant aimés, aimés jusqu'à la folie de la Croix !




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Message par Lumen Jeu 1 Juin 2023 - 18:55

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte


Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte 133252881_o

Premier jour

Premier rayonnement (1)

L'Incarnation à Nazareth


« Et habitavit in nobis » (Jn., 1, 14)


Pèlerin de la vie, venez et suivez moi dans ce vrai et effectif pèlerinage que nous allons faire en Terre Sainte, à la suite du Divin Maître. Je vais vous conduire au lieu même où le premier rayon divin éclata, non pas dans une majesté éblouissante comme au Sinaï, mais voilé sous le mystère, caché sous l'enveloppe mortelle, semblable à une merveilleuse flèche d'amour tombée du Cœur de Dieu dans le sein d'une créature. Je veux parler de l'Incarnation et de Nazareth.

Nazareth, heureuse petite ville de Galilée, blanche et gracieuse, est échelonnée sur un coteau, au milieu d'un amphithéâtre de collines qui lui font une verdoyante ceinture. C'est ici le lieu choisi par Dieu pour accomplir le grand Mystère de l'Incarnation.

Si Nazareth ne fut point le berceau de la Vierge Marie (2), elle fut en tout cas l'abri de son enfance, car sainte Anne et saint Joachim y possédaient une maison, et souvent, disent les vieilles chroniques, Marie accompagnait sa vénérable Mère depuis Nazareth jusqu'aux pentes du Mont-Carmel, où sainte Anne avait des troupeaux et des champs. Mais Nazareth était appelée à des destinées encore plus hautes, c'était le point sacré du globe, selon la parole d'un grand poète, que Dieu avait choisi de toute éternité pour faire descendre sur la terre sa vérité, sa justice, son amour, incarnés dans un Enfant-Dieu !

La plénitude des temps était arrivée, l'heure divine allait sonner. Ici la scène s'entr'ouvre, un coin du voile est levé... Soyons attentifs, ô Pèlerin, concentrons notre religieuse attention sur ce lieu béni. Contemplons l’humble demeure de la Fille royale de Juda; c'est une simple chaumière, adossée à une grotte taillée dans le roc. Vous pouvez voir encore cette grotte conservée précieusement dans sa nudité primitive, enclavée sous le maître autel de l'église. Quant à la petite maison, vous savez que les anges la transportèrent à Lorette, en Italie.

Marie a atteint sa quatorzième année, elle est remplie de grâce et de beauté : « Vous êtes toute belle, ma bien-aimée, il n'y a aucune tache en vous ». À l'heure solennelle dont nous parlons, Marie est seule dans la demeure paternelle, elle est à genoux et prie de toute l'ardeur de son cœur pur et doux. Soudain, une lumière céleste envahit la grotte; l'Archange Gabriel, revêtu d'habits magnifiques, apparaît à ses yeux. Il se courbe et s'incline, le messager de Dieu, devant sa jeune souveraine et lui dit : « Je vous salue, Marie, pleine de grâces, le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre toutes les femmes ». À cette étrange salutation, Marie, troublée dans son humilité, ne répond rien ; mais Gabriel la rassure et lui révèle de la part de Dieu le mystère de l’Incarnation. Elle n'acquiesce point d'abord, la prudente Vierge ; jalouse du privilège de sa virginité, elle n'accepte point d'abord la redoutable mission. Mais, de nouveau, l'Ange écarte ses craintes : « Cela se fera, dit-il, par l'opération du Saint-Esprit ». À ces paroles, la Vierge s'incline : « Voici la servante du Seigneur, répond-elle, qu'il me soit fait selon votre parole ». Et aussitôt elle conçut. Le Fils de Dieu qui attendait cette parole de sa créature, entra dans le sein de la Vierge tout entier, bien qu'il restât aussi tout entier dans le sein du Père, dit saint Bonaventure.

C'est ainsi que la parole d'Isaïe fut accomplie : « Voilà que la Vierge concevra et mettra au monde un Fils qui sera appelé Emmanuel », c'est-à-dire : Dieu avec nous ». La bénédiction divine descend en ce jour sur la terre maudite; l'œuvre de Satan se défait, celle de Dieu se restaure et le monde nouveau se substitue à l'ancien. Le Cœur de Jésus, vivant avec nous sur la terre, commence à rayonner son amour. Ah ! il fallait que ce Cœur qui allait battre sur le cœur de Marie, nous aimât d'un amour incomparable pour accepter cet abaissement de tout son être, pour rester enfermé dans le sein d'une Vierge quand l'univers entier ne peut contenir sa gloire.

Mais entrons, ô Pèlerin, plus avant dans le mystère. Que faisait le Cœur de Jésus pendant cette réclusion de neuf mois ? Il formait le Cœur de sa Mère. Sa présence était pour elle une communion permanente, dans laquelle Jésus infusait au cœur tout céleste de Marie une grande abondance de grâces, des révélations intimes et saintes, un amour inexprimable, en sorte que ces deux cœurs les plus parfaits de la création, le Cœur divin et le Cœur immaculé, unis dans la plus étroite union, n'en formaient plus qu'un : telle on voit la brillante étoile du matin s'approcher du soleil, s'embraser de ses feux et se confondre avec lui.

N'est-ce pas, du reste, l'action toute semblable que Jésus fait en l'âme qui s'approche de lui et entre par la méditation dans les profondeurs de son Cœur ? Peu à peu le divin Maître la forme comme une cire malléable, lui fait sentir sa présence par ses dons et se donne tout à elle en ce commerce d'amour.

Ce jour de l'Incarnation est donc bien, en vérité, le jour de la fête nuptiale du Fils de Dieu qui célébrait ses noces avec l'humanité; la fête du divin Prisonnier de l'Eucharistie, captif aujourd'hui dans l'enclos du sein virginal, la fête de son amour, la fête de son Cœur !



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Invocation


Ô Seigneur, tandis que nos lèvres sont appuyées sur la place bénie qui vous vit descendre du Ciel, et que notre âme tressaille d'allégresse, apprenez-nous à méditer cet adorable mystère, à nous pénétrer de ce grand amour, présent déjà, mais encore caché à nos yeux. « Contentez nos désirs, montrez-vous à nous. Ô Seigneur, inclinez les cieux et descendez. Ô cieux, distillez votre rosée, et que la terre enfante son Sauveur... » Mais tout est silence dans la grotte sacrée, nos paroles s'éteignent dans des larmes de bonheur; seules les aspirations ardentes de nos cœurs vous parlent, ô Jésus Incarné !


(1) Par ce premier rayonnement, on entend l'éclatante manifestation de l'amour divin, plutôt qu'un rayonnement véritable du Sacré Cour de Jésus.

(2) Deux opinions sont en présence : l'une fixe le lieu de la naissance de la Sainte Vierge à Nazareth ; l'autre, l'opinion orientale et la plus accréditée, le fixe à Jérusalem, dans la maison de Joachim et d'Anne, près de la Piscine probatique.




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Message par Lumen Ven 2 Juin 2023 - 21:39

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte


Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte 133252999_o

Deuxième jour

Deuxième rayonnement

La Nativité à Bethléem


« Natus est vobis hodie Salvator… in civitate David » (Luc 2, 2)


« C'est vraiment ici la maison de Dieu et la porte du Ciel ». Transportons-nous par la pensée, ô Pèlerin, dans cette petite ville de Bethléem, chérie de Dieu, où David fut sacré et qui reçut d’Abraham son nom. Bethléem veut dire : Maison du pain. N'est-ce point ici, en effet, que le froment céleste jeté en terre germa, grandit, pour être un jour broyé sous la meule des douleurs et devenir le Pain immortel du Sacrement ?

Abraham, l'ancêtre du Christ, eut-il cette vision lointaine ? Il savait bien, l'illustre Patriarche, que les générations sorties de lui produiraient cette fleur de Jessé ; mais s'il eut la vision prophétique de la vie du Sauveur, il dut trembler en voyant les souffrances qui l'accableraient dès l'instant de sa naissance.

Bethléem est aujourd'hui une charmante petite ville qui apparaît blanche et dentelée sur la colline, comme si elle avait surgi du sol lui-même ; de tout près elle a une physionomie très animée et très riante ; ses habitants sont presque tous catholiques et, en général, très laborieux, ce qui est rare parmi les Arabes. Les femmes portent le costume antique des femmes juives au temps de Notre-Seigneur.

Combien le pèlerin est ému délicieusement, en pénétrant dans le lieu de la Nativité, qui est une grotte taillée dans le calcaire et enclavée aujourd’hui sous l'église grecque ; quel ineffable transport quand il voit briller à ses yeux l'étoile d'argent qui marque le lieu sacré, comme le proclame l'inscription : Hic de Virgine Maria Jesus Christus natus est ! C'est là, en effet, qu'apparut le rayonnement visible et vivant de la Divinité, l'an 4000 de la création. Approchons-nous donc, ô Pèlerin, de ce lieu béni ; baisons avec amour cette petite étoile. Jadis les Israélites étaient frappés de mort s'ils portaient la main sur l’Arche d’Alliance, s'ils levaient le voile qui cachait le Saint des Saints ; mais aujourd'hui, loin de nous cette terreur, nous sommes prosternés près de la Crèche, arche nouvelle de la nouvelle alliance, et l'amour seul fait battre nos cœurs. Silencieux et ravis, nous sentons une atmosphère de calme, de joie et de paix envahir nos âmes.

C'était l'heure de minuit. Le monde endormi reposait, et le silence régnait sur toute la nature. Seuls dans la campagne, des bergers veillaient sur leurs troupeaux. Dans la petite grotte, en haut de la colline, une Vierge veillait aussi ; la lumière vacillante qui éclairait le rocher semblait au loin une étoile tombée du ciel. Soudain, l'heure étant venue, Marie fut entourée d'une lumière éblouissante, et comme un arbre donne son fruit, une fleur, son parfum, elle mit au monde son Fils unique, qui naquit sur la paille. Ah ! le monde est encore endormi, mais le grand jour est levé, car pour la première fois le Cour de Jésus, qui est un soleil radieux, rayonnait divinement sur la terre. C'est Marie qui reçut ses premières ardeurs avec ses premiers sourires d'enfant ; elle garda toutes ces joies dans son cœur, la divine Mère, si heureuse de veiller sur Lui, de l'endormir doucement, puis d'épier son réveil en l’écoutant ravie, balbutier ses premiers mots ! « Hé ! vrai Jésus, s'écrie saint François de Sales, que cette nuit est douce. Les cieux distillent de toutes parts le miel, et moi je pense que ces divins Anges qui résonnent en l'air leur admirable cantique, viennent pour recueillir ce miel céleste sur les lys où il se trouve, c'est-à-dire sur la poitrine de la très douce Vierge et de saint Joseph ».

L'Enfant divin qui venait de naître, avait un Cœur tout parfait, puisqu'il était Dieu, et déjà il aimait tant les hommes ! Jésus Enfant, qui commence à rayonner sur le monde, est aussi le Jésus de l’Eucharistie, enfermé plus tard dans le Tabernacle. Ici, la grotte est le temple, et les bras de Marie sont l'ostensoir ! Marie et Joseph l’adorent avec ravissement ; ils sont en communion constante avec Lui, et le silence qui règne dans la petite grotte est un silence d'adoration, d'amour, de plénitude de joie.

C'est l'image de la communion spirituelle des âmes qui appellent Jésus par l'ardeur de leurs prières et de leurs désirs, et qui vivent de la présence divine en elles : elles imprègnent de cette présence leur esprit, leurs facultés, leur intelligence, en sorte que leurs paroles et leurs actes en sont tout embaumés.

Le divin Cœur, qui toujours a soif de se donner en partage à l'humanité, dès l'instant de sa naissance priait déjà pour les hommes ; la jeune et sainte Victime s'offrait en expiation, comme un agneau pacifique. Il savait bien pourtant, le petit Jésus, toutes les souffrances qui l'attendaient, et l'ingratitude et la cruauté des hommes ; mais il acceptait tout dans son doux Cœur d'enfant.



Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte 133253005_o

Invocation


Ô Enfant divin, laissez rayonner sur nous ce grand amour qui attire nos cœurs comme l'aimant attire le fer ; laissez-nous puiser à cette source bénie des provisions de force pour les heures arides et désolées de la vie. Donnez-nous un cœur d'enfant pour comprendre le vôtre, qui est tout fait de pureté et d'humilité. Que vos petits bras, pleins de miséricorde, ne nous repoussent pas, mais laissent s'approcher humblement de vous les âmes éprises de votre divin Cœur.



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Message par Lumen Sam 3 Juin 2023 - 13:45

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte


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Troisième jour

Troisième rayonnement

La vie cachée en Égypte et à Nazareth


« Erat subditus illis ». (Luc 2, 51)


Hérode ne laissa pas longtemps le Fils de Marie dans son humble demeure. Plein de rage, irrité et jaloux, il voua à la mort tous les petits enfants de Bethléem et des environs, âgés de deux ans et au-dessous, afin d'atteindre sûrement le rejeton royal de Juda. Le sang des petits Innocents arrosa la terre à flots, et l'on entendit les gémissements des mères inconsolables; mais Jésus n'était plus là. Joseph, averti par un ange, avait fui vers la terre d'Égypte avec la Mère et l'Enfant. Ainsi, Jésus commençait déjà à être chassé par les hommes, à demeurer sans toit et sans abri.

L'Égypte conserva pendant sept ans ce dépôt précieux; pendant sept ans, elle contempla cette divine beauté qui se développait; mais l'Égypte a gardé ses secrets et nous ne savons rien de cette première enfance, sinon qu'à l'imitation de Jésus fugitif et errant, la vie érémitique fleurit merveilleusement plus tard en cette contrée. Pourtant le silence a beau se faire, le secret transpire; nous devinons des trésors d'innocence et de bonté, des joies ineffables, une vie d'union entre Marie et Joseph, éclairée par les sourires de l'Enfant divin.

Un jour, ses parents ayant appris la mort d'Hérode, revinrent à petites journées de la terre d'Égypte en la Terre Promise, comme on voit au printemps les hirondelles revenir vers leur premier nid; cependant, au lieu de se diriger du côté de Bethléem, qui n'avait été qu'un gîte d'emprunt, ils allèrent à Nazareth, où Joseph avait une maison.

L'Enfant a grandi, les temps mauvais sont apaisés, la vie intime commence; c'est un rayonnement doux et continu, à la manière de cette douce chaleur qui pénètre sous les ombrages et fait seulement pressentir que le soleil est là.

Deux vertus rayonnent surtout du Cœur de Jésus dans la vie cachée : l'humilité et l'obéissance. L'humilité est si grande qu'elle semble même jeter un voile sur le merveilleux épanouissement de l'Enfant-Dieu. En effet, il reste inconnu à ses compatriotes de Nazareth ; il n'éblouit personne, il parle peu, il apprend simplement le métier de son père nourricier, et personne ne sait son origine divine. Fils de Dieu et Fils de David, il n'est aux yeux de tous que le fils du charpentier. Et pourtant cet Enfant possède et la science divine et le génie humain avec la toute puissance de Dieu. Il lui était facile de laisser éclater quelques unes de ces richesses; mais il n'en laissa rien paraître jusqu'à ce que l'heure fût venue.

Que de fruits hâtifs et trop précoces s'empressent de briller, d'étonner ! Puis vient le vent de l'orgueil qui flétrit et qui fané avant l'heure. Croyez-en le Seigneur-Jésus, cachez le don de Dieu jusqu'à l'instant de le montrer pour sa gloire.

L'obéissance était son autre vertu. Marie et Joseph en savouraient la douceur ; car c'était une obéissance aimante, empressée, joyeuse, qui lui faisait saisir la moindre occasion de les servir. Sans doute, il aidait sa Mère aux divers travaux du ménage, et plus d'une fois il alla puiser de l'eau à cette source bénie qu'on appelle encore aujourd'hui : la Fontaine de la Sainte Vierge, et la petite ville de Nazareth, qui sourit au pèlerin ému, garde silencieusement ces divins souvenirs.

Dans l'Incarnation, Jésus formait le Cœur de sa Mère; dans sa vie cachée, il nous apprend par son exemple à former le nôtre. En effet, quel exemple nous donne ce Cœur doux et humble, ô Pèlerin ! Il semble qu'il s'applique à acquérir les vertus dont il est la source, pour nous montrer qu'elles ne s'obtiennent que par l'effort, la grâce et la prière. « Il croissait, dit l'Évangile, en âge et en sagesse ». Tout est dans ce mot, car le Cœur de Jésus se révélait en ce silence de la vie cachée, comme il se révèle dans la Communion à l'âme qui lui parle seul à seul, dans le silence du cœur. Marie, qui recevait les grâces précieuses de cette présence adorée, ne dissipait pas au dehors ce bonheur intime, mais elle méditait toutes ces choses en son âme. Aussi toutes les grâces et toutes les joies de cette Enfance, nous les retrouvons dans le Cœur de Marie, miroir fidèle de celui de Jésus. « Mon Fils, dut-elle lui dire souvent, mon fils, qu'ai-je fait devant le Seigneur pour mériter le bonheur d'être votre Mère ? » Et Lui, s’approchant doucement d'elle et pliant le genou, devait lui répondre qu'Il l'avait choisie entre mille et qu'Il l'aimait avant même qu'elle fût née.

Ô mystère incomparable, doux colloques échangés entre la Mère et le Fils, laissez-nous deviner quelques-uns de vos accents, et nous pénétrer de vos suaves parfums !



Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte 133258987_o

Invocation


Ô Jésus ! vous qui déjà aimiez tant ce pauvre monde, ignorant encore qu'il lui était né un Sauveur, et qui vous prépariez dans l'ombre et le silence à votre glorieuse mission, apprenez-nous à aimer l'humilité et l'obéissance; à vivre ignoré, méconnu du monde, sans éclat, sans réputation, si tel est votre bon plaisir.

Votre exemple enseigne à l'âme intérieure qu'elle ne doit pas chercher à attirer l'attention sur elle. Si elle ne peut s'enfuir dans une solitude inaccessible, elle doit se cacher, comme le passereau solitaire, dans la fente de votre Cœur, et y vivre si cachée au monde, que le monde ne la connaisse plus et ne puisse la ramener dans le tourbillon de ses folies.




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Message par Lumen Dim 4 Juin 2023 - 15:05

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte


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Quatrième jour

Quatrième rayonnement

Le Temple


« Ibi me docebis » (Ct. 8, 2)


Jésus a douze ans. L'enfant est devenu adolescent, il a grandi en sagesse; tandis que son corps s'est développé, une énergie nouvelle s'accentue dans son caractère, une gravité précoce se dévoile et une secrète inclination pour la prière et l'oraison prolongée la nuit. Ce cœur plein d'amour qui devra se donner en entier doit aussi attendre que la frêle enveloppe de son corps se soit fortifiée, de peur qu'elle ne se brise au contact de la méchanceté des hommes.

La fête de Pâques qui approchait, attirait une grande affluence de peuples à Jérusalem. Marie et Joseph se disposèrent aussi à faire avec Jésus ce voyage religieux. Des groupes nombreux de Nazareth partaient ensemble, les uns à pied, les autres montés sur des ânes, selon la coutume du pays. Le pèlerin, qui aujourd'hui traverse la Samarie sur un cheval arabe, au milieu des cactus et des oliviers, parcourt les mêmes défilés sauvages et les mêmes sentiers suivis par la Sainte Famille. Il n'y eut jamais d'autres routes dans ces montagnes, seulement depuis Naplouse, des voies romaines traversaient la vallée, reliant les principales cités à la Ville Sainte. Cette marche à travers la Samarie, à l'époque dont nous parlons, ressemblait à une fête champêtre, car les groupes joyeux d'amis se joignaient, causaient et marchaient ensemble, et Jésus se mêlait à eux. On arriva ainsi à Jérusalem, Jérusalem ! la Ville Sainte et plus tard maudite, la ville aimée de Dieu et qu'un jour il devait haïr à cause de son crime ! À ce moment la Fille de Sion s'élevait belle et somptueuse sur les six collines, avec son Temple nouvellement restauré par Hérode, avec ses palais grandioses ses murailles de forteresse.

Le Temple magnifique s'élevait sur le mont Moriah; aujourd'hui il n'en reste plus pierre sur pierre; on ne voit sur l'immense esplanade que deux mosquées, l'une nommée El-Aksa, et l'autre la splendide mosquée d'Omar, la plus célèbre après la Mecque et Médine, et qui conserve l'antique roche Sakrah, sur laquelle le Saint des Saints était placé. L'esplanade renfermait jadis les différents parvis qui servaient de vestibules au Temple proprement dit.

Après ce coup d'œil jeté sur ce monument superbe, venez, ô Pèlerin, quittons le parvis sacré et redescendons avec Marie et Joseph les collines de Jérusalem, car la fête est finie et les foules commencent à se disperser. Ils se mêlent aux groupes des Nazaréens qui se reforment et s'en vont de nouveau par la route de Naplouse. Tout à-coup, à El-Bireh, Marie rencontre saint Joseph et ne voit point Jésus. « Où est Jésus ? » Tel est le premier cri de ces saints Parents, et ni l'un ni l'autre ne peut répondre. Les voilà tout angoissés, qui cherchent dans la foule et ne le retrouvent point. Personne ne peut les éclairer, personne ne la vu, et pourtant un fol espoir leur reste, il est peut-être encore à Jérusalem avec quelque groupe attardé. Ils retournent bien vite sur leurs pas, priant et pleurant, ils cherchent pendant trois jours de mortelles inquiétudes, et rien... Enfin, ils montent au Temple, les deux Époux affligés, étreints au cœur par cette cruelle douleur.

Il était là, le doux Enfant, debout au milieu des Docteurs de la Loi, qui les instruisait, leur révélait la vérité et les tenait, ces sages, sous le charme de sa sagesse d'Enfant-Dieu ! Il ne disputait point avec eux, mais les interrogeait et avec un tact infini semblait apprendre, tout en éclairant pour eux le sens des Écritures. Que la lumière soit ! pouvait dire à cette heure le monde étonné, car Jésus commençait, en effet, à le dégager des ténèbres, à lui révéler l'aurore de sa mission divine et l'aurore de la foi. Ah ! c'est que le Verbe est intelligence et lumière. « Il est cette vraie lumière, dit saint Jean, qui éclaire tout homme venant en ce monde ». La science qu'enseigne le divin Cœur ne s'apprend pas dans les livres : c'est la science d'aimer, qui vient de la grâce et de la méditation des choses d'En Haut. Le Cœur de Jésus se dévoile sur tout aux petits, aux humbles de cœur, et s'il s'ouvrit aux savants, c'est pour nous montrer qu'on va à Lui par toutes les voies, par la raison et la science, comme on y va par l'humilité et la simplicité. Toutes les routes qui conduisent à la vérité éternelle sont bonnes, car Jésus est lui-même la voie, la vérité, la vie ! Son intelligence possède une souveraineté qui dépasse toute limite, car elle procède de lui ; elle brille comme la lumière sortie de son foyer. « Je suis la lumière du monde ». Jésus ne discute pas, son Cœur est trop doux ; il ne pérore pas, son Cœur est trop humble ; mais il parle, et déjà il a vaincu !

Mais cette lumière qu'il apportait n'était pas comprise; ces savants qui en ce jour l'admiraient, plus tard le condamneront à mort. Ils diront plus tard avec étonnement : Comment peut il parler de cette sorte, lui qui n'a pas étudié ? Orgueil humain ! l'homme n’admire volontiers que ce qui ne lui porte pas ombrage; la sagesse d'un enfant étonne ces Docteurs, jusqu'au jour où ils révoqueront à leur propre tribunal la Sagesse même de Dieu.

En voyant Jésus, Marie s'écria : « Ô mon Fils, pourquoi avez-vous agi de la sorte, pourquoi avez-vous causé, à votre père et à moi, un si grand chagrin ? » Jésus répondit : « Pourquoi me cherchiez-vous, ne saviez vous pas que je dois m'occuper du service de mon père ? » Marie et Joseph, nous dit l’Évangile, ne comprirent pas le sens mystérieux de cette parole; c'était afin de nous montrer sans doute que la conduite de Dieu est souvent incompréhensible à notre foi. Mais Jésus ayant entrevu le désir de ses Parents quitta le Temple et revint avec eux. Il avait obéi au souffle de l’Esprit-Saint en enseignant les Docteurs; mais sa mission finie, il rentra dans l'abnégation et le silence de sa Vie cachée.



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Invocation


Ô Cœur de Jésus, apprenez-nous à suivre toujours l'inspiration de la grâce et non celle de nos désirs terrestres ; apprenez-nous à devenir humbles de cœur, car vous avez confondu l'orgueil humain en restant très humble. Ayez pitié de notre faiblesse, qui trébuche si vous ne la soutenez ; de la dureté de nos cœurs, si fermés au sens de vos paroles. Que la douce lumière qui s'échappe de votre Cœur nous éclaire par les chemins de la vie et nous conduise jusqu'à la vraie Patrie, où elle brille dans sa plénitude.



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Message par Lumen Lun 5 Juin 2023 - 20:43

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte


Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte 133270963_o

Cinquième jour

Cinquième rayonnement

Le Baptême au Jourdain


« Ecce Agnus Dei ». (Jn. 1, 29)


L'obscurité qui couvrait la vie de Jésus ne commence à se dissiper qu'au jour glorieux de son baptême.

Il avait trente ans. Le rayonnement qui s'échappe de son Cœur arrive à son apogée, et puisque nous avons comparé ce divin Cœur au soleil, nous pouvons dire que les trois dernières années qui commencent en ce jour, sont le plein midi de ce soleil. De la Vie cachée, Jésus-Christ passe soudain à la Vie publique, et c'est tout d'un coup que cet éclat jaillit.

Un jour, Jean qui baptisait depuis un an au bord du Jourdain, eut un pressentiment direct de son approche. À l'instant, son cœur s'enflamma et, d'une voix vibrante comme l'éclat d'une trompette, il s'écria : « Voici, voici l'Agneau de Dieu ». Les multitudes comprirent-elles ce cri ? En tous cas, les eaux du fleuve qui coulaient comme un torrent, durent bondir de joie en voyant l'Agneau qui venait s'y baigner.

C'était à la dixième heure après le lever du soleil, correspondant environ à quatre ou cinq heures du soir, l'heure où les prêtres du Temple immolaient un agneau en offrant le sacrifice du soir; c'est pourquoi le Précurseur disait : « Voici l'Agneau ». Véritable Agneau, en effet, par la pureté et la douceur.

L'Agneau, cette ravissante image de la douceur et de la sainteté du Cœur de Jésus, deviendra depuis l'appel de Jean, le nom de la Victime sainte : Agnus Dei. Le Cœur de Jésus est la douceur qui endure la souffrance sans plainte ni révolte, l'innocence qui se sacrifie, l'amour qui se donne, l'humilité qui s'abaisse.

Jésus s'avança vers Jean-Baptiste, mais celui-ci, confondu de tant d'humilité, lui dit ces paroles : « C'est moi qui devrais être baptisé par vous, et vous venez à moi ». Mais Jésus lui répondit : « Laisse faire maintenant, car c'est ainsi qu'il convient que nous accomplissions toute justice ». Alors Jean n'insista plus et Jésus descendit dans le Jourdain.

Ce beau fleuve qui roule ses eaux tumultueuses jusqu'à la mer Morte, et déjà célèbre par le passage des Israélites, allait devenir sacré par le contact divin. Formé des neiges immaculées du Liban, il se précipite en un cours impétueux au milieu d'une végétation luxuriante qui borde ses rives, dans cette plaine maintenant triste et désolée qu'il fécondait jadis comme le Nil féconde l’Egypte par ses inondations. C'est là un ravissant symbole du fleuve de grâce qui s'échappe du Cœur de Jésus-Christ pour arroser la terre aride et ingrate de nos âmes.

Après que Jésus fut baptisé, dit l’Evangile, tout-à-coup le ciel s'ouvrit, on vit l’Esprit de Dieu descendre sous la forme d'une colombe et une voix s'écria : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j'ai mis mes complaisances ». Ne fallait-il pas en effet, ô Pèlerin, que le rayonnement divin éclatât aux yeux de tous, et que Jésus apparût dès lors au monde comme Verbe de Dieu, dans la gloire de son Père, qui proclamait ainsi sa céleste origine : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé ». Mais au lieu de cette éclatante manifestation de la Trinité, du Père qui parlait dans la nue, du Fils descendu dans le Jourdain, de l'Esprit Saint qui se reposait sur Lui, le Christ gardait le silence. Par ce silence, il confondait l'orgueil humain qui s'élève arrogant, si fier de quelque titre glorieux et terrestre. Sa bouche se taisait, mais son cœur semblait dire : « Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur ». En effet, le degré suprême de l'humilité est de se soumettre à son inférieur; c'est ce degré qu'a occupé le Cœur de Jésus en s'abaissant devant saint Jean, qu'il exalte en s'humiliant lui-même. « Qui l'eût cru Fils de Dieu, s'écrie saint Bernard ; qui eût soupçonné en lui le Seigneur, et le Dieu de majesté ? Vous vous humiliez trop profondément, Seigneur, vous vous cachez avec trop de soin; mais vous ne pourrez rester inconnu à Jean ». Puisque Jésus se tait, Dieu parle et l'Esprit-Saint se repose sur le Cœur humble et doux.

Jésus, descendu au milieu du fleuve, purifie les eaux ; il leur donne la force de la régénération, le « droit de baptême », selon le mot de saint Bernard ; puis il nous ouvre, par son baptême, la porte du ciel et les flots de la grâce, jusqu'alors retenue par le péché. En ce jour, le divin Cœur se donne comme source de vie et quels torrents descendent de lui ! Il fera ruisseler la grâce et la vie dans les âmes !

C'est un avant-goût de cet autre baptême qui terminera sa vie mortelle et dont il disait : « J'ai désiré d'un grand désir ce baptême, et pourquoi faut-il que je me voie empêché quelque temps encore de le recevoir ? »

Jésus, en instituant le baptême, épouse l'humanité, qui sera désormais lavée de ses péchés. Aussi l’Église chante-t-elle « qu'en ce jour elle a été unie à son céleste Epoux, parce que Jésus a lavé dans le Jourdain tous les crimes qu'elle avait commis ». En ce jour solennel, l'Agneau a pris sur lui toutes les souillures de sa créature et la faute originelle d'Adam, et les a purifiées dans ce bain régénérateur, devenu par le Christ le premier Sacrement.



Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte 133270965_o

Invocation


Ô divin Maître, Agneau chargé de nos péchés, votre amour s'abaisse à suivre la prescription de la loi faite seulement pour les pécheurs, pour nous montrer qu'on ne va pas à Dieu sans l'obéissance. Vous accomplissez merveilleusement le symbole de ce beau fleuve qui porte avec lui la fertilité, parce que vous nous montrez le chemin d'un Sacrement nouveau qui arrosera nos âmes flétries par le péché originel ; vous nous ouvrez toutes grandes les écluses qui retenaient captives les eaux de la grâce et du salut. Ô Seigneur, lavez-nous, purifiez-nous. « Lavez-moi non seulement les pieds, dira saint Pierre plus tard, mais encore les mains et la tête » ; c'est-à dire nos pas, nos actions et toutes nos pensées.



Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte 133253010_o

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Message par Lumen Mar 6 Juin 2023 - 13:34

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte


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Sixième jour

Sixième rayonnement

La solitude au Mont de la Quarantaine


« Non in solo pane vivit homo, sed in omni Verbo Dei » (Luc 4, 4)


Après ce grand acte qui ouvrait sa vie apostolique, le Sauveur, prêt à se donner aux hommes, et au moment d'entrer dans la carrière, sentit le besoin impérieux d'invoquer son Père au début de ses travaux; de demeurer seul avec lui dans la solitude, pour bien nous apprendre que les grands actes de la vie doivent s'élaborer dans la prière, s'établir par le jeûne et la pénitence.

La retraite que choisit le Fils de Dieu, est une montagne presque inaccessible. Elle se dresse dans la plaine de Jéricho, avec ses arêtes aiguës et ses flancs escarpés, dernier rempart de la chaîne de Juda. Du côté oriental, elle est taillée à pic ; on n'aperçoit en y montant par l'étroit escalier coupé dans le roc, que des parois rocheuses, polies et droites au-dessus de l'abîme.

La grotte où Jésus jeûna, surplombe le précipice; quelques ouvertures naturelles lui donnent jour et laissent apercevoir la plaine immense jusqu'au pied de la chaîne d'Arabie, avec le sillon du Jourdain, semblable à une lame d'argent, miroitant au soleil.

Représentez-vous maintenant, ô Pèlerin, le Seigneur Jésus dans cette grotte solitaire, n'ayant pour plancher que la terre nue, pour toit que le rocher, pour lit qu'un bloc de pierre que l'on contemple encore avec une indicible émotion.

Regardez-le bien priant et jeûnant, voyez comme son divin Cœur a des rayonnements d'amour pour son Père et pour nous. Affaibli par le jeûne, appuyé contre le rocher nu, Notre Seigneur aime nos âmes et souffre par avance les plus cruelles douleurs; il voit se dérouler devant lui une longue série de travaux, de fatigues, un apostolat de dévouement couronné par une mort épouvantable. Mais son Cœur ne tremble pas; il veut, au contraire, accomplir sa mission; il ressent une joie austère, mais surabondante à la pensée de se donner tout entier, et de sauver tant d'âmes au prix de son sang. Qu'importent ses souffrances, s'il ramène les enfants à leur Père; qu'importe, s'il lui achète chèrement des adorateurs sur la terre, des triomphateurs au ciel ? « Adveniat regnum tuum ». C'est lui qui vient l'établir, ce règne, et il ne comptera ni ses peines, ni ses douleurs. Est-ce que le vrai guerrier tremble au moment de l'attaque ? La vue de l'ennemi rangé en bataille le fera-t-elle reculer ? Au contraire, sa vaillance redouble plus les obstacles s'accumulent, et jamais il n'achètera trop cher la gloire du triomphe !

Et sur la montagne, le Seigneur se fortifiait dans la lutte, aux prises avec la misère humaine, les faiblesses de la nature et les tentations du démon, et pendant quarante jours de combat, il resta constamment vainqueur du Prince des ténèbres.

Dès que l'aube blanchissait l'horizon, le regard du Sauveur se reposait sur la lumière naissante qui, peu peu, dorait les montagnes d'Arabie. C'était bien le symbole de la Rédemption qui approchait pour le monde. Cette lumière, humble et douce à son lever, allait bientôt envelopper la terre de ses rayons ! Et le Sauveur, embrassant le monde d'un regard d'amour, s'élevait de la nature à Dieu et laissait son cœur se fondre, dans l'adoration, la reconnaissance et la tendresse.

Ce grand Maître de la vie intérieure nous apprenait ainsi le secret de la mortification et de la victoire sur la tentation. En luttant lui-même contre tant de causes extérieures : la faim, la solitude, le dénuement, et contre les pièges du démon, le Cœur de Jésus nous a acquis pour chaque action de notre vie, pour chaque lutte de notre âme, une force et une grâce particulières. Ce secours céleste, il l'a transmis au Sacrement de l'autel, où nous pouvons le puiser encore; il y révèle les secrets de son Cœur à l'âme intérieure, il lui apprend la grande étude de l'oraison, la domination des sens, l’union avec Dieu, tandis que l'âme, comme le passereau solitaire, se cache dans la fente du rocher, à côté du divin Maître.

Que celui-là donc qui combat sur terre, qui supporte une épreuve, une tristesse, une tentation; que celui qui implore une grâce, aille droit au Cœur de Jésus solitaire, pénitent, et il en recevra une force, une consolation ou la victoire.



Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte 133271012

Invocation


Ô Jésus, à mesure que votre corps s'affaiblit par la rude pénitence, par le jeûne austère, votre amour augmente de force, votre Cœur s'enflamme d'une irrésistible ardeur, et vous aiguisez vos armes, ô très doux Vainqueur des âmes. Vous vous préparez à la grande lutte, comme l'athlète qui assouplit ses muscles et aguerrit son corps pour soutenir les rudes assauts de l'arène ; vous allez entrer en lutte ; mais vous vaincrez, et rien ne pourra résister à votre amour !



Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte 133253010_o

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Message par Lumen Mer 7 Juin 2023 - 19:36

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte


Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte 133272587_o

Septième jour

Septième rayonnement

Le miracle de Cana


« Quodcumque dixerit vobis facite » (Jn, 2, 5)


Jésus, sorti de sa retraite solitaire, commença sa Vie publique par un mi racle éclatant : le changement de l'eau en vin aux noces de Cana.

Cana, qui n'est plus aujourd'hui qu’une misérable bourgade, peuplée d'Arabes déguenillés, et située sur une colline non loin de Nazareth, était en ce temps-là une florissante cité.

Le lieu du miracle est occupé aujourd'hui par une petite église, qui appartient aux Pères Franciscains. On croit que la maison ou Jésus et sa sainte Mère furent invités, était celle de Simon le Cananéen qui devint un des apôtres du Sauveur ; c'est le sentiment de Nicéphore et de saint Jérôme.

Jésus était connu de lui ; du reste, le prodige de son baptême au Jourdain et le témoignage de Jean l'avaient signalé comme l’Elu de Dieu ; c'est donc à titre d'ami et de Prophète qu'il fut invité aux noces du jeune homme. Il était alors d'usage que les amis des Epoux offrissent les divers services du festin, et saint Bonaventure pense que le Sauveur s'était chargé de celui des vins, ce qui expliquerait parfaitement la scène du miracle.

Considérez donc toute cette scène, ô Pèlerin, car elle est remplie de précieux enseignements. Et d'abord, il est à supposer que la Sainte Vierge aidait humblement au service pendant le repas avec les autres femmes, et pourvoyait aux besoins des convives, puisqu'elle s'aperçut que le vin allait manquer ; et comment l'eût-elle remarqué si elle n'avait été invitée qu'à titre de convive ? Comment expliquer sa démarche près de son Fils, et comment se fût-elle approchée, remarque le même docteur, cette Mère pleine de modestie, près du Sauveur assis à la table des hommes ?

Tandis qu'elle servait les convives, elle s'avança doucement vers Jésus : « Mon Fils, lui dit-elle tout bas, ils n'ont plus de vin ». « Femme, répondit Jésus à haute voix, qu'y a-t-il de commun entre vous et moi ? »

Cette réponse paraît dure ; en la méditant, on ne la considère plus comme telle. La suite nous prouve, du reste, que le Seigneur ne l'adressait pas directement à sa Mère ; Marie n'en fut point blessée ; peut-être le regard qui accompagnait cette parole en avait-il adouci l'âpreté, car elle se tourna vers les serviteurs et leur dit : « Allez près de Lui, et faites tout ce qu'il vous dira », et le Seigneur, exauçant son désir au delà même de ce qu'elle espérait, dit aux serviteurs : « Remplissez d'eau toutes ces urnes ». Quand ils eurent obéi, Jésus dit : « Puisez maintenant et faites goûter au chef du festin ». Mais l'eau se trouva changée en vin, et quand ce lui-ci l'eut goûtée, ne sachant d'où venait ce vin, il appela l'époux et lui dit : « Pourquoi donc, contre la coutume, avez-vous réservé le bon vin en dernier ? » Tous étaient dans un grand étonnement.

Remarquez, ô Pèlerin, combien ce miracle est beau et puissant. Jésus ne touche ni même ne regarde l'eau, il commande simplement : « Allez puiser de l'eau », et sur la volonté du Maître, l'élément se transforme soudain en un vin délicieux. La divinité éclate ici : Jésus s'est laissé implorer en Dieu, et c'est en Dieu qu'il répond à la créature : « Qu'il a-t-il de commun entre vous et moi ». Mais la bonté et l'amour accompagnent ses paroles, et touché de la prière de sa Mère, il donne plus qu'elle n'avait demandé. Trois ans plus tard, ne donnera-t-il pas plus encore ? Sa propre chair changée en pain, son sang changé en vin. Ce miracle des Noces est le symbole admirable, le prélude de la transsubstantiation de l'Eucharistie. Aujourd'hui, son Cœur a soudain un rayonnement enflammé qui annonce déjà le feu incandescent de son amour dans le Sacrement. Il se dilate dans l'attente du miracle eucharistique, où il doit se donner lui-même à tous.

Dans cette effusion de son amour tout puissant, il rassasiait par avance les âmes altérées du bien, du beau et du vrai, les âmes qui ont soif et ne peuvent s'abreuver dans le désert de la vie. Ô vous tous qui soupirez après l'eau vive, venez vous désaltérer, venez à cette source de vie qui est le Cœur du divin Maître !

Puis encore, par ce miracle, Jésus bénit le mariage chrétien : il nous apprend la force de cette union de deux êtres transformés en une seule chair, merveilleusement bénie. Il donne au mariage chrétien une prééminence manifeste sur le mariage antique, une vigueur nouvelle symbolisée par la supériorité du vin sur l'eau.



Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte 133272596

Invocation


Ô Sauveur, vous vous révélez aujourd'hui dans votre puissance de Dieu créateur de toutes choses, et de Père qui pourvoit toujours au bien de sa créature. Vous avez pris notre forme et notre nature, mais vous ne nous trompez point ; nous reconnaissons votre toute-puissance tempérée par l'amour, votre Cœur si plein de générosité et de tendresse, que jamais cœur semblable n'a battu dans une poitrine humaine. C'est bien vous, ô Seigneur, que nous retrouvons plus tard et toujours, jusqu'à la fin des siècles, dans le vin de l'autel, dans la manducation eucharistique, qui sont à la fois et votre corps mortel et votre Divinité tout entière.



Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte 133253010_o

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Message par Lumen Jeu 8 Juin 2023 - 21:10

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte


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Huitième jour

Huitième rayonnement

La vie apostolique à Capharnaüm et Tibériade


« Veni sequere me ». (Mc 2, 14)


Capharnaüm et Tibériade furent le théâtre principal où se déroula la vie apostolique du Sauveur, les lieux préférés ou éclatèrent les merveilles divines. Il semble que Jésus avait une prédilection spéciale pour ce lac admirable, appelé alors Mer de Galilée, car tout le long de ses rives il gravait son amour par des bienfaits.

Après le miracle des Noces, le Sauveur commença sa vie militante qui ne devait plus finir qu'au Calvaire. C'est à Tibériade surtout qu'il prêchera publiquement aux foules, à Capharnaüm qu'il guérira tant de malades, sur les bords du lac qu'il s'attirera, par le charme de sa parole et le charme de sa vue, ses premiers disciples.

Tibériade n'est plus aujourd'hui ce qu'elle était au temps de Jésus-Christ, une belle ville romaine, campée fièrement comme un rempart de marbre au bord de la Mer de Galilée. Au temps des Croisades, elle devint la capitale de la principauté de Tancrède, qui la fortifia comme les villes du moyen âge. Aujourd'hui, il ne reste plus de ces splendeurs que des ruines, des remparts à demi écroulés, et une misérable bourgade malpropre, peuplée de Juifs plus encore que d'Arabes.

Mais le lac a gardé une merveilleuse beauté, comme un miroir fidèle qui reflétait jadis l'image de Jésus. Le pèlerin qui le contemple un soir, à la fin d'une longue étape depuis Nazareth, est soudain plongé dans le ravissement. Le soleil envoie ses feux mourants qui tracent sur les eaux bleues un sillon de pourpre ; les montagnes qui bordent le lac baignent dans une atmosphère chaude et lumineuse, qui se colore comme un prisme, des reflets de l'astre éblouissant. La sérénité du soir s'unit aux émouvants souvenirs du passé… ; il semble toujours, sur la nappe limpide de la Mer de Galilée, voir osciller là-bas... la barque fragile qui portait le Maître du monde !

Que de fois, en effet, ô Pèlerin, Jésus, assis dans la barque des pêcheurs, conversait amicalement avec eux, les instruisait doucement, tirant des travaux de leur métier des comparaisons pleines de justesse. Et, peu à peu, il façonnait ces rudes travailleurs pour en faire ses Apôtres, et cette éducation demandait une inépuisable patience, une infinie tendresse. Ils ne pouvaient résister aux attraits du divin Cœur, ces pauvres et ces petits, parce que, sans qu'ils le comprissent, cette bonté doucement pénétrait au travers de leur rude écorce.

Que de fois aussi Jésus côtoyait ce lac à pied, prêchant et guérissant ; tout le peuple ému admirait le prestige de sa puissance. Mais hélas ! si les peuples sont facilement enthousiastes, on les voit rarement fidèles, et Jésus qui répandit tant de faveurs sur Capharnaüm eut à déplorer son ingratitude et son infidélité. Son Cœur saigna en pensant à cette ville qu'il avait comblée de bienfaits, comme on comble une enfant chérie, et qui devint infidèle comme le sont les enfants prodigues de tous les siècles ! Aussi laissa-t-il échapper de ses lèvres cette malédiction : « Et toi, Capharnaüm, est-ce que tu t'élèveras jusqu'au ciel ? Tu descendras jusqu'aux enfers, parce que si dans Sodome avaient été faits les miracles qui ont été faits au milieu de toi, elle subsisterait encore ». Les chardons et les ronces qui recouvrent aujourd'hui ses ruines, ont donné raison à la parole du Sauveur.

Mais Jésus ne se lassait pas, il laissait son Cœur rayonner sur ces ingrats, nous montrant par cet exemple qu'il ne faut pas travailler pour la reconnaissance humaine. Il allait toujours, malgré les contradictions, rempli de sa mission divine, semant ses paroles et ses prodiges avec un zèle dévorant qui lui amenait les âmes en foule ; puis il enseignait et formait ses apôtres et se faisait tout à tous.

Jésus était le grand Semeur ; il ne venait pas moissonner, il l'a dit lui-même, mais il venait préparer la récolte. Voyez-le, ô Pèlerin, dans le cours de cette vie apostolique ; il forme, choisit et élève les Apôtres qu'il chargera de moissonner plus tard. À côté de la vie extérieure de son apostolat, il y a la vie toute intime du Cœur, qui se fait dans le calme et l'intimité, au soir de ces journées laborieuses ; quand le Seigneur se retirait avec son troupeau choisi. Dans ces conversations familières et affectueuses, les Apôtres l'interrogeaient : « Maître, que signifie pour nous telle parabole ? » Et Jésus la leur expliquait avec clarté, écartant les nuages, car c'était la vérité pure et pleine qui coulait de sa source. « Ô Maître, s'écriaient-ils alors, nous voyons bien maintenant que vous êtes le Fils de Dieu ».

L'école intime du divin Maître est donc son Cœur sacré ; c'est dans cette mystérieuse retraite que sont conviées les âmes choisies qui cherchent à s'instruire des secrets divins, à recevoir l'éducation divine ; car, c'est là, dans l'intimité de son Cœur, que le Seigneur, taillant dans le vif de nos cœurs, en fait des chefs-d'œuvre qu'il forme à sa ressemblance, les modelant comme un grand Maître de l'art.



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Invocation


Ô Jésus, nous aussi, nous avons besoin de cette éducation spirituelle que vous donniez à vos apôtres. N'est-il pas nécessaire que vous pétrissiez à nouveau de vos mains divines nos âmes déformées par le péché. Ô Seigneur, ouvrez nos yeux, comme vous l'avez fait à tant d'aveugles, dé liez notre langue souvent muette sur vous louanges, mais trop déliée pour les discours mondains. Oh ! oui, éclairez-nous, déliez ce qui est trop attaché à la terre, liez ce qui est émancipé, mettez l'ordre dans le désordre, faites que notre cœur soit assez humble pour comprendre, assez pur pour vous voir un jour !


Jesu, mitis et humilis corde, fac cor nostrum secundum cor tuum.



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Message par Lumen Ven 9 Juin 2023 - 20:36

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte


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Neuvième jour

Neuvième rayonnement

Les Béatitudes


« Beati mundo corde » (Mt. 5, 8)


Un jour Jésus monta sur une haute montagne, qui s'élève à l'ouest de la Mer de Galilée, avec ses pics aigus et divisés en deux comme les deux pointes d'un croissant, appelés aujourd'hui « Cornes de Hattin ».

Une foule de peuple le suivit et se massa sur la pente orientale qui est douce tandis que l'autre est un précipice très abrupt entrecoupé de crevasses. Arrivé sur le sommet, Jésus s'assit au milieu de ses disciples et fit entendre au monde étonné les huit paroles sublimes qui allaient devenir le code de la Loi Nouvelle.

« Bienheureux, dit-il d'abord, bienheureux les pauvres d'esprit, parce que le royaume des cieux est à eux ». Il voulait parler de ceux qui ont l'esprit dépouillé d'artifice et qui marchent avec droiture, sans être embarrassés du fardeau des biens temporels ; car il y en a qui veulent bien être pauvres, à condition que rien ne leur manque. Le vrai pauvre, au contraire, se dépouille des désirs du monde ; le bagage de l'orgueil ne l'alourdit pas et ne l'empêchera pas de passer par la porte du ciel qui est étroite.

« Bienheureux les doux, parce qu'ils posséderont la terre ». Les doux ! Ceux qui se sont fait violence et règnent sur leurs passions soumises qui, sans rigueur ni malice, passent à travers les épreuves de la vie sans murmurer ; qui acceptent les peines ; adorent la volonté de Dieu et lui conquièrent des âmes par l'empire souverain de la douceur. Doux envers les hommes ! Doux envers la souffrance, l'adversité, doux envers la mort ! À ceux-là la possession de la terre, c'est-à-dire l'empire des cœurs.

« Bienheureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés ». C'est la sanctification des larmes et de la douleur. Le mot de douleur était âpre chez les anciens : La douleur n'est qu'un mot, disaient-ils avec orgueil. Le Cœur de Jésus lui donna une signification d'espérance ; il est permis désormais de pleurer en cette vallée de larmes ; mais il ne faut pas pleurer comme ceux qui n'ont plus d'espoir, car Dieu, un jour, séchera nos larmes et consolera nos douleurs.

« Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice, parce qu'ils seront rassasiés ». Les âmes qui cherchent la vérité avec une intention droite, celles qui s'indignent de l'injustice et qui appellent de leurs vœux le règne de Dieu, cherchant à l'établir en elles et autour d'elles ; en un mot les âmes éprises du beau et du bien, boiront un jour l'eau vive à sa source divine et se nourriront de la présence de Dieu dans l'éternelle Patrie.

« Bienheureux les miséricordieux, parce qu'ils seront traités avec miséricorde ». C'est le précepte de la charité établi en loi divine et humaine ; il sera rendu à chacun selon ce qu'il aura donné. La miséricorde même du pécheur sera récompensée et lui attirera peut-être la grâce du salut. Consolant espoir ! celui qui sera bon et miséricordieux envers son prochain, fût-il mauvais lui-même, sera traité avec bonté par la Justice infinie.

« Bienheureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu ». C'est pourquoi Jésus a tant aimé les enfants, parce que le cœur de l'enfant est un miroir limpide qui reflète l'image de Dieu ; le péché, cette buée grossière qui ternit le miroir, n'est pas venu troubler encore la divine image. Bienheureuse pureté du cœur, pureté native ou pureté reconquise, c'est elle qui reçoit la plus belle parole : elle verra Dieu !

« Bienheureux les pacifiques, parce qu'ils seront appelés enfants de Dieu ». Les pacifiques sont ces âmes équilibrées qui aiment l'ordre et la paix, qui fuient la querelle et la dispute, qui admirent dans la paisible sérénité de leur âme la bonté de Dieu. Enfants d'un même Père, frères d'une même famille, ils ne veulent point troubler l'harmonie qui doit régner. N'est-ce point à ces âmes que les anges s'adressaient en chantant au jour de Noël : « Paix aux hommes de bonne volonté ! »

« Bienheureux ceux qui souffrent persécution pour la justice, parce que le royaume des Cieux est à eux ». C'est la glorification éternelle des persécutés. Dans ce monde de bons et de mauvais où la part du pauvre et du déshérité est si inégale, il fallait une nouvelle espérance : un jour ces déshérités de la vie seront les vainqueurs. Ô martyrs, ô victimes saintes, ô pauvres volontaires et persécutés de tous les siècles, réjouissez-vous, vous serez couronnés de gloire un jour, et les méchants seront votre piédestal ! Voilà la grande vengeance du Seigneur Dieu au jour du jugement dernier.

Ces huit paroles sont le tableau exact et tracé de main de maître, des vertus du divin Cœur de Jésus ; c'est le « chef-d'œuvre de la spiritualité », comme dit saint Bonaventure, chef d'œuvre entièrement renfermé dans ce Cœur. En effet, humble, doux, pur, paisible au milieu des luttes, souffrant mille injures des hommes, éternellement persécuté mais éternellement vainqueur, il est lui-même notre Loi et la Source d'où jaillissent ces huit paroles de vie : les Béatitudes.



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Invocation


Ô Jésus, votre Cœur sacré, tout rayonnant et tout enflammé, jette du sommet de la montagne des rayons merveilleux sur le monde tout entier. Ces huit paroles sublimes, semblables, à huit dards, vaincront désormais l'antique serpent ; ces paroles pleines de lumière, dirigeront nos pas dans les ténèbres, pleines de force, nous soutiendront dans les passages difficiles de la vie. Oh ! qu'elle est belle et consolante cette loi que vous promulguez sur la montagne ? Ce n'est plus la loi de crainte, donnée à Moïse pour maintenir les hommes dans l'obéissance, c'est une loi de mansuétude, faite pour guérir les plaies de l'humanité et nous attirer à vous par l'amour.


Jesu, mitis et humilis corde, fac cor nostrum secundum cor tuum.



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Message par Lumen Sam 10 Juin 2023 - 12:59

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte


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Dixième jour

Dixième rayonnement

La multiplication des pains


« Ego sum panis vitæ » (Jn. 6, 35)


Deux fois, nous raconte l'Evangile, Jésus fit un éclatant miracle en faveur de la foule nombreuse qui le suivait. La première fois c'était sur la montagne. Au-dessus du lac de Tibériade, non loin du mont des Béatitudes, il y a un plateau découvert au milieu des champs, c'est là que cinq mille hommes suivirent le Sauveur et écoutèrent sa parole pendant tout le jour. Le soir venu, les Apôtres prévinrent le Maître que cette multitude n'avait rien à manger et qu'il fallait peut-être la renvoyer avant la nuit.

Jésus, ému de compassion, regarda la foule ; il y avait environ cinq mille hommes sans compter les femmes et les enfants. Il se tourna vers ses Disciples et leur dit d'apporter les cinq pains d'orge et les deux poissons que possédait un jeune garçon, et après avoir béni cette nourriture, il leur ordonna de la distribuer à la foule. À mesure que les disciples puisaient dans la corbeille, les pains et les poissons se multipliaient dans leurs mains, tellement qu'à la fin, ils ramassèrent de tous les restes, douze corbeilles pleines.

De même le Pain eucharistique rassasie les âmes sans s'épuiser jamais, et quand Jésus, plus tard, aura à répondre aux Pharisiens incrédules au sujet de ses miracles, il entrera dans les profondeurs du mystère, et le leur expliquera par ces paroles : « Je suis le Pain de vie, celui qui vient à moi n'aura pas faim, celui qui croit en moi n'aura jamais soif ». Puis il les avertira de travailler, non pour la nourriture qui périt, mais pour celle qui demeure éternellement, et que lui, le Fils de Dieu, leur donnera un jour.

Le second miracle de la multiplication des pains est peut-être plus touchant encore que le premier ; car ici, c'est Jésus-Christ lui même qui a pitié de la foule qui le suit.

C'était au bord du lac de Galilée, Jésus avait guéri les malades et enseigné toute la journée ; vers le soir, il se retira dans un désert au bord du lac et la foule l'y suivit. Il y avait là quatre mille hommes, sans compter les femmes et les enfants, venus de loin pour l'entendre. Aucun de ses Apôtres ne pensait que cette multitude souffrît de la faim, Jésus seul y pensa avec compassion. « J'ai pitié, dit-il à ses Disciples, j'ai pitié de ce peuple ; ils n'ont rien à manger, et si je les renvoie à jeun, les forces leur défailliront sur la route, car plusieurs sont venus de loin ». Il se fit apporter sept pains et quelques poissons, tout ce qu'on put recueillir dans cette foule, et après avoir rendu grâces, il les rompit et les fit distribuer par ses Apôtres. Tous mangèrent et furent rassasiés ; on ramassa sept corbeilles pleines et c'est alors qu'on pouvait répéter cette parole prophétique : « Il les a nourris du plus pur froment ». David avait chanté ce festin du Messie, et rien de plus symbolique ne pouvait mieux exprimer l'esprit de la Loi nouvelle, la grâce, l'amour et l'abondance du Christ, figurés par les pains et les quelques poissons. Admirez, ô Pèlerin, combien ces symboles sont touchants. « Le poisson passé par le feu, dit saint Augustin, c'est Jésus-Christ après sa Passion ». Et le froment, c'est lui-même qui se donnera en nourriture dans le Sacrement. Le premier miracle, disent les Pères, signifie l'ancienne Alliance, le caractère du sacerdoce juif, car les Apôtres proposent de renvoyer cette foule d'étrangers qui n'appartiennent pas à la Synagogue . Au second miracle, c'est Jésus-Christ lui-même qui se fait Médiateur et Sauveur venu pour le salut de tous, sans distinction de patrie.

Les cinq pains de la première multiplication représentent les cinq livres de Moïse, les sept pains du second miracle signifient la grâce septiforme du Saint-Esprit, les sept Sacrements institués par Jésus-Christ pour fortifier les chrétiens durant leur voyage vers l'éternité. (Bède le Vénérable).

Admirez donc, ô Pèlerin, le divin Maître en tout ce qu'il fait. Il ne crée point, afin de ne pas nous épouvanter et de rendre gloire à son Père, en se servant des choses créées qu'il sanctifie ; il se sert donc du pain et le multiplie pour nous montrer que c'est Lui qui se donne; en le faisant distribuer par ses Apôtres, il sanctionne le ministère de ses prêtres, chargés désormais de distribuer le pain de la doctrine et le pain du Sacrement.

Admirez aussi la bonté de son Cœur, qui pense à tous et s'émeut des besoins de sa créature ; doucement il prépare dans l'esprit des peuples les merveilles incomparables de l’Eucharistie, cette nourriture céleste qui devra plus tard rassasier le monde ! Il nous révèle donc en ces deux miracles, le grand amour qui déborde de son Cœur, en s'attendrissant sur cette foule, il s'attendrit sur nous, il s'émeut... et bientôt il se donnera lui-même dans le Pain mystique de l'autel…

« Et cela se passait le soir, à l'heure où le soleil décline, à l'heure de la Croix... » (Louis Veuillot).



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Invocation


Ainsi, ô divin Sauveur, vous vous donnez sans mesure à ceux qui ont faim, vous multipliez pour eux vos grâces et vos dons, et vous récompensez ainsi ceux qui quittent tout pour vous suivre, avides de vous écouter et de répondre à vos appels divins.

Vous vous multipliez vous-même par l'amour, ô Cœur adorable, en rayonnant vivant et entier dans le Tabernacle, jusqu'à la fin des siècles. Ceux qui ont faim peuvent se rassasier de votre substance, ceux qui pleurent et qui souffrent peuvent se consoler auprès de votre Cœur. Vous l'avez dit, ô Consolateur : « Je suis le Pain de vie, celui qui vient à moi n'aura pas faim, celui qui croit en moi n'aura pas soif ».




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Message par Lumen Dim 11 Juin 2023 - 19:52

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte


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Onzième jour

Onzième rayonnement

La guérison de l’hémorroïsse


« Tetigit me aliquis » (Luc 8, 46)


De tous les miracles opérés par le divin Maître, il en est un excessivement saisissant par sa forme et très instructif dans sa manifestation, c'est le miracle de l'hémorroïsse.

C'était à Capharnaüm, au bord de la Mer de Galilée, dont la splendeur est comparable aux plus belles plages de Naples et de Sorrente. La lumière orientale, plus chaude et plus colorée encore, se reflète dans l'eau avec les miroitements d'or et de pourpre. Capharnaüm, assise sur le rivage, était en ce temps-là une belle ville épanouie dans des bouquets de lauriers roses. Aujourd'hui les lauriers roses fleurissent encore, mais la ville n'est plus qu’un amas de décombres.

Jésus se trouvait un jour au milieu de la foule, pressé de toutes parts par ce peuple indiscret dans son enthousiasme, qui l'accablait de prières et lui présentait tous ses malades à guérir.

Dans la foule, il était une femme, affligée depuis douze ans d'une perte de sang dont rien n'avait pu la guérir ; l'évangéliste nous fait même remarquer que l'art des médecins n'avait abouti qu'à la faire beaucoup souffrir et à la ruiner, sans obtenir aucun soulagement. Cette femme suivait donc de loin Jésus sur les bords du lac de Tibériade ; quand tout à coup, remplie d'une lumière surnaturelle, elle se dit : « Si je puis seulement toucher la frange de son manteau, je serai guérie ». Poussée par cet élan de foi, elle traverse la foule, parvient à s'approcher du Sauveur par derrière et touche le bord de sa robe ; aussitôt elle se sent guérie.

Soudain, Jésus se retournant, demande qui vient de le toucher. Cette question paraît étrange à ses Apôtres, aussi Pierre lui répond-il : « Maître, la foule vous presse et vous accable, et vous demandez qui vous à touché ! » Mais Jésus, continuant à regarder la foule, reprit : « Quelqu'un m'a touché, car une vertu est sortie de moi ».

Il voulait dire : Qui donc m'a touché par la foi et par la prière, car cette foule qui me presse ne me touche pas ; elle vient à moi parce que je fais des miracles ; mais celle-ci est venue humblement par l'amour et a touché mon Cœur. Cependant, l'hémorroïsse, effrayée de son audace, craignant la réprimande de Jésus, et pourtant gardant le courage de sa foi, se prosterne contre terre toute tremblante et avoue ce qu'elle avait fait. Alors Jésus lui dit avec douceur : « Ma fille, prends confiance, ta foi t’a guérie, vas en paix ».

Belle et consolante parole, tombée des lèvres de Jésus sur cette pauvre femme pour la récompenser de sa foi, et qui a traversé tous les siècles pour devenir la force, la paix et le salut de tant d'âmes ! L'humble est relevé, mais relevé pour marcher dans la voie de la vertu ; ses soupirs sont entendus, ses larmes consolées, car la muette voix du cœur est toujours comprise du Cœur par excellence, le Sacré Cœur de Jésus !

Le Seigneur, en permettant que ce fait fût rapporté dans l'Evangile, a attiré notre attention sur ce point : que l'humilité et la loi sont toutes puissantes sur son Cœur. Le voyez-vous, ô Pèlerin, au milieu d'une mission toute de charité, occupé à guérir les malades, entouré par la foule, acclamé comme toujours, le voyez-vous attentif à l'action de cette pauvre femme, action qui ressemblait extérieurement à toutes les autres. « Qui est-ce qui m'a touché, s'écrie-t-il, car une vertu est sortie de moi ? » La foi convaincue de cette femme, son humilité profonde ont fait violence à son Cœur ; il l'avoue : une vertu est sortie de lui, comme forcée de répondre à l'élan de cette foi. - Puis, par cette parole : « Ta foi t’a guérie », il met cette foi en relief et proclame qu'il l'a guérie à cause d'elle.

Oh ! combien nous avons lieu d'espérer, à notre tour, en la bonté de Dieu ! puisque cette femme qui n'avait point de protecteur, a su trouver seule le chemin du divin Cœur. Ah ! c'est que la foi n'est pas seulement dans l'intelligence ; elle est surtout dans le cœur !

Honneur donc aux audacieux qui, à l'exemple de l'hémorroïsse, franchissent les obstacles du monde et des affaires, pour s'approcher plus près du divin Maître, et lui dire tout bas : « Seigneur, vous qui connaissez toutes choses et qui avez tout pouvoir, vous pouvez me guérir ».

Honneur à ceux-là, qui font violence au Cœur de Jésus par leur foi capable de transporter les montagnes. Un jour ils entendront cette bienheureuse parole : « Ayez confiance, votre foi vous a sauvés ».



Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte 133289881_o

Invocation


Vous l'avez dit vous-même, ô Vérité éternelle, ce ne sont pas ceux qui crient : « Seigneur, Seigneur ! » qui seront sauvés, mais bien ceux dont la foi vive se prouve par les actes. Il faut aller véritablement vers vous, avoir le courage de s'isoler de la foule pour prier, en un mot, être du monde comme n'en étant pas, afin de s'approcher de vous et de vous toucher. Tout le monde ne vous touche pas, ô Jésus, et si la curiosité vous admire, les cœurs souvent ne vous offrent rien ; mais vous êtes toujours prêt à donner et jamais vous ne nous manquez quand nous avons besoin de vous parce que vous êtes tout amour, et que vous ne pouvez résister à l'amour.



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Message par Lumen Lun 12 Juin 2023 - 19:25

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte


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Douzième jour

Douzième rayonnement

La gloire du Tabor


« Preceptor, bonum est nos hic esse » (Luc 9, 33)


Un jour, le Seigneur prit avec lui trois Disciples : Pierre, Jacques et Jean, et les mena à l'écart sur une haute montagne, où il fut transfiguré en leur présence.

Cette haute montagne qui, du sein de la plaine d'Esdrelon, élève sa tête arrondie comme un globe, est le Tabor. Ses flancs dénudés et rocailleux sont couverts, çà et là, de maigres touffes de bruyère ; mais vers le sommet, la végétation s'accroît, les broussailles s'épaississent, c'est alors une vraie forêt de chênes verts et d'abgars.

Le pèlerin qui escalade aujourd'hui ce sommet par des sentiers pierreux d'une raideur inouïe, jouit à mesure qu'il s'élève, d'une vue incomparable et d'un horizon sans fin. Ce piédestal de la gloire du Christ semble avoir gardé un reflet de sa beauté souveraine, et de fait Tabor signifie « Lit de lumière ».

Le grand Hermon, couvert de neiges éternelles, s'élève dans l'azur limpide, rompant la ligne fuyante de l’Anti-Liban. Plus près, c'est le mont des Béatitudes qui dresse sa pointe déchirée au-dessus du lac de Tibériade. Vers l'Occident, le Carmel, comme une harpe céleste, s'allonge au bord de la Méditerranée. Si le pèlerin s'oriente vers Jérusalem, invisible encore, il voit onduler à ses pieds les collines de Samarie entre coupées de plaines fertiles, de même qu'on voit de magnifiques jardins s'étaler aux abords d'un palais. Puis, perdu dans le vague des lointains, l'œil distingue le sillon du Jourdain, courant tout le long des montagnes d'Arabie.

En peu de temps, le pèlerin arrive sur un petit plateau à ciel ouvert, devenu aujourd'hui un vrai champ de ruines ; ce sont les débris d'une ancienne église, bâtie en l'honneur de la Transfiguration de Notre Seigneur par les Croisés. Au milieu des débris amoncelés, s'élève une croix de pierre qui domine un autel rustique, sur lequel on célèbre le Saint Sacrifice de la Messe; c'est le lieu même, marqué par la tradition, où Jésus-Christ se transfigura.

Assistons, ô Pèlerin, par la pensée à cette scène auguste et glorieuse. À genoux auprès de cette croix de pierre, méditons l'Évangile de ce jour. Voici le Seigneur debout au milieu de ses trois Disciples ; soudain la gloire de Dieu l'environne : « Ses habits, dit saint Marc, paraissent tout brillants de lumière et blancs comme la neige, en sorte qu'il n'y a point de foulon sur terre qui puisse en faire d'aussi blancs. Au même instant ils voient paraître Moïse et Élie qui s'entretiennent avec Jésus. Alors Pierre dit à Jésus : « Mon Maître, nous sommes bien ici, dressons-y trois tentes, une pour vous, une pour Moïse et une pour Elie ». Car il ne savait pas bien ce qu'il disait, tant ils étaient effrayés. Aussitôt il parut une nuée lumineuse qui les enveloppa, et il sortit de la nuée une voix qui disait : C'est là mon Fils bien-aimé, écoutez-le ».

Adorez un instant, ô pèlerin, le Seigneur Jésus dans l'éclat réel de son humanité glorifiée, comme nous l'adorons dans l'Hostie sainte élevée dans l'ostensoir; mais ici, il paraît dans sa gloire dont le rayonnement est visible ; le Tabor est devenu un vrai Sinaï, et si la pompe en est moins terrible, elle est ici plus émouvante.

Tandis que Jésus s'entretient dans la clarté céleste avec Moïse et Elie, contemplez, ô pèlerin, la bonté du Maître qui se laisse interpeler par Pierre, et regardez la conduite des Apôtres ; ils sont effrayés, pourtant il faut penser que la joie qui les inonde est plus forte que la crainte, puis qu'elle délie la voix de saint Pierre qui s'écrie, au milieu de son éblouissement, avec une confiance ingénue : « Mon Maître, nous sommes bien ici, plantons-y trois tentes ».

Et l'Evangile, comme pour excuser cette hardiesse dans un tel moment, ajoute : « Car il ne savait ce qu'il disait, tant ils étaient effrayés ». En effet, tandis que Jésus conversait avec les saints personnages, leur parlait des souffrances de son immolation, Pierre demandait la joie avant la peine, la gloire avant l'opprobre, la victoire avant le combat. Le divin Cœur, au contraire, se manifestant dans la gloire céleste, Soleil véritable et divin, voulait encourager ses Apôtres dans la souffrance et la lutte, par l'espérance de la gloire future embraser leur cour, augmenter leur foi en sa divinité et se les attacher à tout jamais par un amour à toute épreuve. La gloire entrevue de leur Maître sera l'aiguillon qui en fera des saints et des héros, eux-mêmes en parleront plus tard comme le plus grand souvenir de leur vie ; mais la plénitude et la durée est réservée pour l'éternelle Patrie, à ceux qui auront souffert et qui auront aimé.



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Invocation


Seigneur, vous qui avez permis à vos plus fidèles de voir un rayon de votre gloire, afin de les fortifier dans l'amour, montrez aux âmes qui vous cherchent et vous aiment les rayonnements de votre Cœur, par l'effusion de vos grâces et la force de votre amour. Affermissez la foi qui doit croire sans voir, mettez en fuite les doutes qui rongent la croyance pure, comme ces plantes parasites attachées au tronc robuste des chênes et qui les corrompent jusqu'à la moelle ; ouvrez les yeux spirituels de nos âmes, en attendant la clarté pleine que vous goûtez au sein du Père et qui devra un jour, si nous sommes fidèles, nous transfigurer avec vous dans l'éternité.



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Message par Lumen Mar 13 Juin 2023 - 13:13

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte


Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte 133302525

Treizième jour

Treizième rayonnement

Le dialogue de la Samaritaine


« Si scires domum Dei ! » (Jn. 4, 10)


À une demi-lieue de Naplouse, dans les champs fertiles que Jacob donna en héritage à son fils Joseph, le pèlerin retrouve encore une excavation assez profonde dans laquelle on aperçoit l'orifice d'un puits. Ce puits est vide par suite des fissures produites à l'intérieur par les siècles, car il remonte à une très haute antiquité. Jacob le cimenta de ses mains l'an 1700 avant Jésus-Christ. Les Croisés ont bâti une église à cette place, il n'en reste plus aujourd'hui qu'une voûte à demi-écroulée qui recouvre encore ce puits dont la margelle a été transportée à Rome.

Naplouse, l'antique Sichem, s'étale entre les flancs rapprochés de l'Hébal et du Garizim, ces deux monts célèbres où le peuple d'Israël, divisé en deux camps par Josué, poussait d'imposantes clameurs quand les lévites, à haute voix, prononçaient les bénédictions et les malédictions divines. La vallée étroite où la ville de Jacob abritait son antique beauté, contourne un peu le Garizim et s'élargit tout à coup à partir du puits fameux.

À présent, ô pèlerin, suivez par la pensée le Seigneur Jésus, à travers les sentiers brûlants de cette plaine, lorsqu'il revient de la Galilée et de la Samarie, avec quelques-uns de ses disciples.

La chaleur du jour est grande ; la réverbération, intense en Orient, en double l'ardeur ; le ciel d'un bleu profond laisse échapper mille aiguilles de feu que lance l'astre du jour à son plein midi. Jésus envoie ses Disciples à la ville de Sichem pour y chercher quelques aliments, car la faim et la soif s'ajoutent aux fatigues des courses apostoliques. Pour lui, il s'éloigne seul et arrive jusqu'au bord du puits de Jacob, rempli d'eau à cette époque ; il s'assied sur la margelle sans puiser et semble attendre… Son Cœur altéré d'amour est occupé d'un autre breuvage...

Bientôt une femme s'approche, portant sur son épaule une urne à long col. Elle est Samaritaine, c'est-à-dire d'une race méprisée par les Juifs ; aussi, dès qu'elle aperçoit le Sauveur assis sur la margelle, veut-elle s'éloigner... Mais Jésus l'appelle , lui parle le premier, et ce dialogue est si beau qu'il nous faut, ô pèlerin, le méditer en entier.

« Donnez -moi à boire, lui dit Jésus ». Mais la femme, surprise d'entendre un Juif lui adresser la parole, lui répond, avec une pointe d'ironie : « Comment, vous qui êtes Juif, me demandez-vous à boire, à moi qui suis Samaritaine, car les Juifs n'ont point de commerce avec les Samaritains ? » Mais Jésus d'une voix pénétrante : « Ah ! si vous connaissiez le don de Dieu et Celui qui vous demande à boire, peut-être le lui auriez-vous demandé aussi, et il vous aurait donné de l'eau vive ». La femme, non convaincue, croit qu'il se rit d'elle, pauvre Samaritaine ! et sa réponse est encore ironique : « Seigneur, vous n'avez pas de quoi en puiser et le puits est profond, d'où pourriez-vous avoir cette eau ? Êtes vous plus grand que notre père Jacob qui nous a donné ce puits, dont il a bu lui-même aussi bien que ses enfants et ses troupeaux ? »

Mais Jésus qui attendait cette âme et qui voulait l'instruire et la sauver, répond avec douceur : « Quiconque boit de cette eau aura encore soif, mais celui qui boira de l'eau que je lui donnerai, n'aura jamais soif et cette eau deviendra en lui une source qui jaillira jusqu'à la vie éternelle ». Cette fois, ébranlée et touchée par la voix de Jésus, sentant bien qu'un être supérieur et bon lui parlait, mais trop charnelle encore pour comprendre le sens caché de ces paroles, la Samaritaine eut un élan de prière : « Seigneur, donnez-moi de cette eau, afin que je n'aie plus soif, et que je ne vienne plus ici pour en puiser ».

Alors Jésus voyant cette âme prête à recevoir la grâce, prit en profonde pitié sa misère, et comme l'aveu sincère appelle le pardon, il l'aida à faire cet aveu : « Allez, dit-il, appelez votre mari et revenez ici ». Devant la Vérité même, est-il possible de mentir ? « Je n'ai point de mari », s'écria-t-elle, avec franchise. « Vous avez raison, reprit le Seigneur, car vous avez eu cinq maris, et celui que vous avez maintenant n'est point votre mari, vous avez dit vrai ». « Ah ! Seigneur, s'écria la Samaritaine toute troublée, je vois bien que vous êtes un Prophète ».

Alors Jésus la confessa, l'enseigna avec une immense bonté, et la jugeant digne, par son repentir, de comprendre la vérité, il laissa tomber dans son cœur cette sublime parole : « Je suis le Messie, moi qui vous parle ». Cette parole fit d'elle un apôtre. L'arrivée des Disciples coupa court à cet entretien, et la femme, laissant là sa cruche, s'en alla proclamer par tout qu'elle avait vu le Messie. Mais Jésus ne voulut point manger des aliments qu'on lui apportait, tant son Cœur était rassasié d'une céleste nourriture !

Que de fois, ô pèlerin, le Cœur de Jésus attend les âmes avec une patience inépuisable, une exquise bonté. Quel prix infini il attache à une âme ! Une âme ! Le divin Maître ne trouve pas indigne de converser avec elle, de l'appeler à Lui, et bientôt il la presse de se donner jusqu'à ce que son amour la jette vaincue à ses pieds !

La conversion de Dina la Samaritaine est la figure symbolique de la conversion du monde. C'est l'âme entraînée au péché, mais dont les instincts sont bons, les aspirations élevées, et qui se débat sans secours dans la fange. Le Cœur de Jésus qui s'est complu à enseigner cette femme, voyait au delà la moisson spirituelle qui se préparait dans l'avenir. « Levez les yeux, dit-il à ses Apôtres, en leur montrant les champs, et voyez déjà comme la moisson blanchit dans la campagne… »

Pour Lui, il était le Semeur, mais plus tard, présent toujours dans l'Eucharistie, il verra la moisson des âmes !



Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte 133302528

Invocation


Ô Jésus, altéré de notre amour et de notre salut, Source infinie de grâces, donnez-nous à boire de cette eau vive, afin que nous ne mourions point, mais que nous vivions éternellement. Toujours, ô Cœur sacré présent avec nous par l'amour, nous irons chercher cette vie en vous, avec l'ardeur du saint Roi lorsqu'il s'écriait : « Comme le cerf altéré soupire après l'eau des fontaines, ainsi mon âme a soif du Dieu fort, du Dieu vivant ».



Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte 133253010_o

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Message par Lumen Mer 14 Juin 2023 - 14:47

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte


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Quatorzième jour

Quatorzième rayonnement

La tempête sur le lac


« Domine, salva nos, perimus ». (Mt. 8, 25)


Jésus quittait parfois ses disciples pour s'adonner à l'oraison, abandon momentané, toujours suivi d'une nouvelle preuve d'amour. Le soir de la Multiplication des pains, Jésus ayant prêché tout le jour devant une foule nombreuse aux environs de Tibériade, et guéri un grand nombre de malades, laissa vers la nuit ses Disciples s'embarquer sur le lac et se retira dans une solitude de la montagne pour y prier.

Pendant la nuit une tempête survint, un vent violent balayait les sables et soulevait en vagues énormes les eaux tourmentées. Les Disciples, affreusement balancés sur leur barque légère, n'avançaient qu'avec peine au milieu des ténèbres... et Jésus n'était pas avec eux ! Mais lui, le bon Pasteur, il avait quitté sa retraite et sa prière, à la quatrième veille de la nuit pour venir au secours de son troupeau en péril. Tout à coup, les Disciples aperçurent la forme de leur Maître qui marchait sur les eaux; croyant à l'apparition d'un fantôme, ils se rejetèrent effrayés dans la barque, mais Jésus leur parla doucement : « C'est moi, dit-il, ne craignez rien ». Aussitôt Pierre, ardent dans la foi, s'écria : Seigneur, si c'est vous, commandez que j'aille à vous sur les eaux ». Jésus dit ce seul mot : « Viens », et Pierre s'élança sur les eaux qui le portaient. Mais le vent était si fort que le courage de l'Apôtre se mit à chanceler en même temps que sa foi ... et Pierre enfonça : « Seigneur, cria-t-il, Seigneur, sauvez moi ». Cet appel désespéré reçut une réprimande. « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? »

En effet, avec le Seigneur Jésus pour pilote, est-il un danger à craindre, un péril dont il ne puisse secourir ? Mais en même temps, avec une bonté adorable, le Maître lui tendit la main, comme une mère qui voit son petit enfant trébucher et le soutient doucement dans ses premiers pas. C'étaient bien aussi les premiers pas de la foi, pas encore chancelants, mais qui devaient se raffermir un jour, afin que Pierre pût conduire sans dévier le troupeau entier de l’Église. Pierre apprit par son expérience et nous apprend à tous qu'il ne faut jamais douter du Seigneur ni désespérer. La Glose dit à cet endroit : « Jésus le fait marcher sur la mer pour montrer sa divine puissance, il le fait enfoncer pour qu'il ne se croie pas semblable à Dieu et qu'il ne s'enorgueillisse pas ».

Le Seigneur entra ensuite dans la barque et commanda aux vents et à la mer; aussitôt la tempête cessa. Les Apôtres émerveillés s'écrièrent : Vous êtes vraiment le Fils de Dieu !

Considérez, ô vous qui suivez pas à pas les traces du Seigneur pendant son passage mortel sur la terre, considérez, ô pèlerin, combien son Cœur se montre particulièrement doux et compatissant en cette circonstance. Au milieu même de son oraison, sa pensée constante est le sort de ses Apôtres, il connaît leurs alarmes, il a pitié de leur faiblesse; aussitôt il descend de la montagne, accourt vers eux et dompte les eaux qui soutiennent les pas de leur Créateur. Il rassure de loin ses Disciples effrayés, s'approche plus près, il vient protéger ce nid fragile qui renferme ses bien-aimés.

Cette petite barque est en effet l'espoir de l'Église naissante, et Jésus en est devenu le divin Pilote qui veille sur elle quand la tempête se déchaîne; son Cœur, désormais, est le phare lumineux qui éclaire les écueils de la mer.

Il prend pitié de Pierre qui tiendra un jour le gouvernail, et qui pour l'heure succombe comme un enfant craintif sous une peur instinctive; il apaise la mer comme cette fois déjà où ses Apôtres inquiets le réveillèrent pendant une tempête terrible, et nous apprend ainsi par mille exemples à ne jamais douter de Lui au jour de l'épreuve et de l'affliction.

Le divin Cœur, ô pèlerin, veille sans cesse sur nous, il nous protège de sa grâce et de son amour ; plus encore, il est véritablement avec nous par sa présence permanente et réelle dans le Sacrement ; c'est là que nous pouvons le voir et l'entendre, là que nous pouvons recourir à lui et lui crier dans l'angoisse : « Seigneur, sauvez-moi ! » Et toujours il entend le cri de notre cœur meurtri, il écoute le récit fatiguant de nos luttes et de nos défaillances, les soupirs mille fois répétés et souvent douloureux , les craintes et les espoirs du pauvre cœur humain, et il est là, tout prêt à nous répondre doucement : « C'est moi, ne craignez rien ». Dès lors notre petite barque ne sombrera jamais.



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Invocation


Oh ! Seigneur, apprenez-nous à ne point défaillir dans l'épreuve et la souffrance, mais à rester affermis. Que cette parole du Prophète soit aussi sur nos lèvres : « Je vois mon Seigneur toujours en ma présence, et il est à ma droite, afin que je ne sois jamais ébranlé ». Ne nous quittez donc pas, ô bon Maître, restez à nos côtés, car vous savez combien l'adversité nous fait peur. Si vous avez permis que vos disciples soient battus par la tempête, c'était pour les mieux sauver; si notre barque, à son tour, est ballottée par les vents contraires, que votre divin Cœur nous protège, qu'il soit notre pilote et notre soutien, et si notre foi chancelle, prenez notre main dans la vôtre et faites-nous aborder avec vous au port du salut.



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Message par Lumen Jeu 15 Juin 2023 - 14:00

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte


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Quinzième jour

Quinzième rayonnement

Le pardon de Marie-Madeleine


« Quis plus diligit, is cui plus donavit ». (Luc 7, 43)


Dans le cœur de l'homme, il y a place pour tous les généreux sentiments : l'amour filial, la tendresse paternelle, l'amitié, le patriotisme, la charité envers les malheureux ; mais il est un sentiment que le cœur de l'homme n'avait jamais ressenti, c'est l'immense pitié pour une âme coupable. Ah ! c'est que le cœur humain n'a pas la divine délicatesse qui devine et pardonne, c'est qu'il n'a pas non plus la toute-puissance qui rend la vie à qui l'a perdue. L'homme est toujours un coupable qui juge un autre coupable ; la compassion qu'il ressent pour lui est une compassion indirecte de sa propre misère. La sainteté de Dieu seul a cette puissance qui domine le mal et fait du pécheur repentant un être purifié.

C'est pour perpétuer cette bonté compatissante qui régénère le pécheur que Jésus-Christ a donné à ses prêtres le pouvoir divin de pardonner en son nom. Le Cœur de Jésus a transporté dans le cœur du prêtre quelque chose des mystères infinis d'amour et de pitié enfermés dans le sien.

Voici la scène vivante dans laquelle ce Cœur sacré nous dévoile ses trésors de tendresse. Soyons attentifs, ô pèlerin, aux moindres détails du touchant récit rapporté dans l'Evangile.

Un jour, Jésus est invité à la table d'un riche Pharisien, nommé Simon. Pendant le festin, une femme entre soudain dans la salle, portant un vase d'albâtre qui contient un parfum de grand prix. Elle s'avance dans l'assemblée, ne voyant, ne cherchant qu'un seul homme : Jésus ! Sans songer à l'opinion des convives, à l'audace de sa conduite, ne pensant qu'à ses péchés, à son repentir, à son amour, elle s'approche de Jésus, se prosterne à ses pieds, y verse ses parfums et ses larmes, y pose en pleurant ses lèvres souvent profanées, et essuie avec sa chevelure la trace de ses sanglots. C'était Marie-Madeleine.

Pas un mot n'est prononcé, elle ne lève point les yeux sur Jésus-Christ ; sa bassesse est son éloquence, son amour est sa seule prière. Elle reste toujours prosternée, trouvant sans doute une joie ineffable à baiser ces pieds sacrés ; elle se confie en Lui, le Maître bien-aimé, et cela lui suffit.

Le Pharisien s'étonne de cette action et ne peut comprendre que Jésus la souffre. « »Il ne sait donc pas, se disait-il en lui-même, que cette femme est une pécheresse connue ». Mais Lui, qui lit dans les cœurs, répond à son blâme secret par une parabole qui le confond.

Admirez ici, ô pèlerin, comme le Seigneur sait défendre ceux qu'il aime ; n'est-il pas préférable d'être accusé par les hommes et défendu par Dieu ?

Se tournant vers Marie-Madeleine, Jésus dit à Simon : « Tu vois cette femme ? Je suis entré dans ta maison et tu n'as point lavé mes pieds avec de l'eau ; mais elle, depuis qu'elle est entrée, a lavé mes pieds avec ses larmes et les a essuyés avec ses cheveux. Tu ne m'as point donné de baiser ; mais celle-ci n'a point cessé de baiser mes pieds. Tu n'as pas oint ma tête avec de l'huile ; mais celle-ci a oint mes pieds avec un parfum. C'est pourquoi je te dis : beaucoup de péchés lui sont remis, parce qu'elle a beaucoup aimé, et celui au quel il est moins pardonné, c'est qu'il aura moins aimé ».

Puis il dit à la femme : « Vos péchés vous sont remis, votre foi vous a sauvée, allez en paix ». Madeleine se retira en silence, qu'aurait-elle pu dire à Celui qui sait tout ? En effet, tout le mystère est dans son cœur, et son silence qui est un acte de foi et d'humilité, est aussi le dernier effort d’une âme qui surabonde et ne peut rien de plus » (Lacordaire, vie de Sainte Marie Madeleine). Elle vient de recevoir plus qu'elle n'osait espérer : le Cœur adorable du Maître, ému à cette action repentante et silencieuse, avait versé sur sa pauvre créature les trésors de son amour et de son pardon. Madeleine en silence aux pieds de Celui qu'elle aime, est l'image de l'âme qui vient de communier : elle s'abandonne entièrement à l'amour de son Sauveur et jouit doucement de sa présence. L'éloquence de la forme n'est nullement nécessaire dans la prière ; on entend mieux la parole divine, on reçoit mieux les enseignements précieux dans le silence recueilli du cœur.

Que ce spectacle est beau, ô pèlerin, que cet exemple est consolant, que ce commerce est ineffable entre le péché et la Souveraine Innocence, entre la mort et la Vie ! Ce spectacle s'est renouvelé et se renouvellera jusqu'à la fin du monde. N'est-il pas toujours prêt, le divin Cœur, à répondre à la supplication muette du repentir ; ne se laisse-t-il pas implorer, approcher dans l'union intime de l’Eucharistie, et résiste-t-il jamais à cette voix du cœur qui lui demande pardon le Sauveur venu surtout pour le salut des pécheurs ? Marie-Madeleine a commencé la chaîne des Maries pénitentes qui viendront pleurer sur les pieds de Jésus, et qui entendront un jour cette grande parole qui étonna le monde : Vos péchés vous sont remis, allez en paix.



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Invocation


Cœur de Jésus, ému de pitié et de tendresse, vous qui avez soudain attiré cette pécheresse à la plus haute sainteté, laissez tomber un regard sur nous, un mot, une parole qui nous guérira, car nous sommes tous coupables. La source du mal est en nous, et si elle n'a pas suivi son cours orageux, c'est que peut-être votre miséricorde a détourné l'occasion, par pitié pour notre faiblesse. Tous nous avons à pleurer sur vos pieds sacrés comme Marie-Madeleine, et à racheter les fautes de notre vie par notre amour en vers vous, ô divin Cœur, car il sera beaucoup pardonné à celui qui vous aura beaucoup aimé !



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Message par Lumen Ven 16 Juin 2023 - 16:24

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte


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Seizième jour

Seizième rayonnement

L'amitié de Béthanie


« Vos autem dixi amicos » (Jn. 15, 15)


« L'amitié, dit le P. Lacordaire, est le plus parfait des sentiments de l'homme, parce qu'il en est le plus libre, le plus pur et le plus profond ».

Le Cœur de Jésus, qui possède la perfection des sentiments de l'homme, devait ressentir celui-ci d'une manière plus exquise et plus généreuse. « Marthe, sa sœur Marie et Lazare étaient aimés de Jésus », dit l'Évangile, et cette parole nous laisse entrevoir les trésors de tendresse du Cœur divin, des mystères de paix et de bonheur, hélas, disparus de ce monde ! Qui savait mieux aimer que le Cœur de Jésus-Christ, qui est tout amour ? Qui savait mieux s'oublier pour les siens et prodiguer la consolation qui fortifie au jour de l'épreuve ? Qui, en un mot, savait mieux guérir les âmes, les attirer, les instruire, les aimer ?

Jean, qui était un privilégié de ce Cœur, en avait ressenti les attraits, et nul mieux que lui n'a su raconter l'admirable histoire de Béthanie. Béthanie ! ce nom plein de douceur est embaumé d'un parfum de tendresse divine qui s'exhale encore de ses vieux murs écroulés, comme l'arôme échappé d'une fleur flétrie nous rappelle parfois de délicieux souvenirs. Béthanie, cachée dans un repli du Mont des Oliviers, sur le versant oriental, n'est plus aujourd'hui qu'un petit village musulman qui surgit, avec sa pauvreté triste, au milieu des débris ; mais la vue admirable qui s'étend jusqu'à la Mer Morte, par dessus les montagnes roussies de Juda, est demeurée avec les célestes souvenirs !

Jésus avait fait choix de cet asile pour s'y retirer après les fatigues de son apostolat ; il trouvait près de ses amis fidèles un repos plein de sérénité. Ces trois noms bénis : Lazare, Marthe, Marie-Madeleine, étaient les trois privilégiés. Après les travaux de son ministère, à la fin d'une journée laborieuse de prédication, Jésus se retirait à Béthanie avec quelques Disciples et s'asseyait au banquet du soir dans l'intimité de ses amis. Nous pouvons facilement nous figurer la joie des hôtes à l'annonce de cette visite tant désirée ; ils accouraient au devant de Lui, l'accueillaient avec allégresse et savouraient avec une sainte familiarité le bonheur d'une présence si chère ! Le Seigneur trouvait près de ces cœurs dévoués le bien si rare d'une affection à toute épreuve, tandis que lui-même se donnait tout à eux. Toutefois nous est-il permis de sonder cette profondeur et de nous demander pour lequel Jésus avait une prédilection spéciale, « car dans la prédilection même, dit encore le P. Lacordaire, il est des prédilections, tant l'amour est une chose profonde et d'une hiérarchie sans fin ». Eh bien oui, nous le devinons, nous le pressentons, c'était pour cette bien heureuse femme qui se jeta un jour repentante aux pieds du Sauveur, qui dans l'ardeur de son amour ne trouvait point de parfum assez exquis pour le verser sur la tête du Maître, et qui pendant des heures entières écoutait ravie les paroles divines, c'est celle-là surtout que Jésus aimait ! Mais Marthe la fidèle, Lazare le généreux ami, avaient leur grande place dans le Cœur divin, qui rayonnait sur eux son amour.

L'amitié, comme tous les sentiments délicats du cœur humain, avait subi la perturbation générale causée par le péché, parce que dans le cœur de faibles créatures, l'amour ne va point où le conduit la raison, mais où l'entraîne son ardeur ; il fallait que Jésus vint restaurer toutes choses ; il fallait dégager l'amitié des sens, l'extraire, en un mot, de la passion humaine, comme le mineur sort le diamant des entrailles de la terre.

L'amour, sous toutes ses formes, est dans le Cœur du Christ, et au jour de sa création, l'homme avait reçu dans le sien quelques parcelles de cet amour. Mais le fond de la nature humaine est un immense égoïsme, et l'égoïsme étouffait cette divine semence ; il fallait que le Sauveur redressât cette plante délicate et la dégageât des passions ; et puisque le cœur de l'homme est porté à la lassitude et à l'inconstance, il lui fallait une force divine pour réagir contre sa propre faiblesse. Jésus-Christ n'a donc pas créé l'amitié, mais il nous l'a rendue telle qu'elle doit être : généreuse, fidèle, pure, ayant Dieu pour but et pour fin. En effet, l'affection naturelle, l'accord de l'intelligence et du cœur, la sympathie, la même floraison de pensées ne suffisent point, il faut surtout que Dieu soit le lien de nos âmes, le poids et la mesure de l'amitié pour en éviter l'exagération , car c'est en participant en quelque sorte à l'amour divin qu'elle y puise sa richesse et sa force.

Le Cœur de Jésus est l'école où nous apprenons toutes choses, et Béthanie, c'est l'éducation du cœur humain dans sa partie la plus sensible et la plus délicate. Heureux celui qui habite, comme les hôtes de Béthanie, dans la même demeure que le Seigneur Jésus ! Il apprendra de Lui à vivre et à aimer, car c'est en Lui que se trouve le sommet des affections divines et humaines.

Cette bienheureuse demeure est le Cœur de Jésus, nous pouvons nous y retirer dans la solitude et lui parler seul à seul. Il nous appelle du fond du tabernacle, courons à lui, et fixons près de lui notre demeure, ce sera le lieu de notre repos, et par dessus toutes choses, préférons l'amitié de Dieu. L'amitié de Dieu, qui nous donnera de bien comprendre ce mot ! Être l'ami de son Cœur, y reposer comme saint Jean au jour de la Cène, est-il bonheur plus grand ? et s'écrier comme l’Epouse des Cantiques : « Mon bien-aimé est à moi, et je suis à Lui... Mettez-moi comme un sceau sur votre Cœur parce que l'amour est fort comme la mort ; le zèle de l'amour est inflexible comme l'enfer, ses lampes sont des lampes de feu, sa flamme est divine ! » (Ct. 8,6).



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Invocation


Ô Jésus, il n'est point de cœur semblable au vôtre : ce Cœur s'est épris de la douce fleur d'amitié, fleur transplantée du ciel, si délicate et si rare, pour nous montrer comment il faut la cultiver et la redresser sur cette pauvre terre ; vous nous apprenez à aimer, ô vous qui avez tant aimé les hommes, faites donc que notre cœur s'ouvre à tous les généreux sentiments, car la conquête des âmes se fait par l'amour et le dévouement.



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Message par Lumen Sam 17 Juin 2023 - 15:10

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte


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Dix-septième jour

Dix-septième rayonnement

Le Bon Samaritain


« In charitate perpetua dilexi te » (Jr. 31, 3)


Le chemin qui conduit de Jérusalem à Jéricho traverse un véritable désert de montagnes arides, sans eau, sans verdure, ni rien qui rafraîchisse le regard; ce sont les monts de Juda, arrondis au sommet et qui ondulent jusqu'à la Mer Morte comme un troupeau de béliers : « Sicut agni ovium ».

À l'horizon se déploient les grandes chaînes de Moab et d'Ammon qui sont déjà les montagnes d'Arabie, au pied desquelles coule le Jourdain.

Ce sauvage désert, d'une désolation extrême, est entrecoupé de précipices dont le plus remarquable est l'Oued el-Kelt, sillonné par un torrent mugissant, le Nahr-el-Kelt, qui est l'ancien Carrith de la Bible, où le prophète Elie fut nourri par un corbeau. Les rochers, droits sur l'abîme, sont perforés de trous béants, qui servaient autrefois de cellules aux ermites qui peuplaient jadis ces solitudes.

À mi-chemin de cette route de Jéricho, un peu sur la hauteur, on rencontre les ruines d'une ancienne hôtellerie qui servait de lieu de refuge et de protection aux voyageurs attardés qui traversaient ce pays infesté de brigands. C'est ici qu'eut lieu l'épisode du Bon Samaritain, raconté par Jésus lui-même, sous forme de parabole.

Souvent le divin Maître adoptait ce genre d'enseignement si conforme à l'esprit oriental, et rendait ainsi intelligibles les plus hautes leçons de la vie spirituelle. Dans cette admirable parabole, adressée aux Pharisiens qui l'interrogeaient malignement, il va révéler au monde les sublimes maximes de la charité fraternelle.

« Un homme descendant de Jérusalem à Jéricho tombe entre les mains des voleurs, qui le dépouillèrent et, après l'avoir blessé, le laissèrent demi mort. Un prêtre descendit par le même chemin, vit cet homme et passa outre ; un lévite vint aussi, le regarda et passa de même. Mais un Samaritain qui était en voyage s'arrêta et fut touché de compassion. Il s'approcha du blessé, versa de l'huile et du vin sur ses plaies, les banda, le mit en suite sur son cheval, le mena dans une hôtellerie et prit soin de lui.

Le lendemain il tira de sa bourse deux deniers d'argent qu'il donna à l'hôte en lui disant : « Ayez soin de de cet homme et tout ce que vous aurez dépensé de plus, je l'acquitterai à mon retour ».

N'est-il pas, ô Pèlerin, une image plus fidèle de l'humanité et du divin Cœur que l'histoire de cet homme blessé et du bon Samaritain ? L'humanité souffrante, blessée à mort, dépouillée de ses droits par le péché ; Jésus, le Sauveur du monde, grand Médecin des âmes et des corps, venu pour guérir les plaies de l'humanité, y verser l'huile de sa pitié, le vin fort de son amour ! Oui, le bon Samaritain, c'est Lui, Lui, le divin Cœur, car Samaritain veut dire « gardien », et il est le vrai Gardien de nos âmes, le bon Pasteur qui garde ses brebis. Il est écrit : « Celui qui garde Israël ne sommeillera ni ne dormira point ».

« Or ce Samaritain était en voyage ». Jésus fut aussi un voyageur ; il descendit et passa sur la terre, car le but de son voyage était de sauver cette humanité blessée, demi-morte. Il se fit pour cela, non point pécheur, mais semblable à un pécheur : Samaritain, c'est-à-dire pauvre et humble, méprisé des orgueilleux Pharisiens.

« Il le mena dans une hôtellerie ». Venez, ô Pèlerin, et courons à cette vraie hôtellerie, de Dieu, qui est le Tabernacle et nous y trouverons le divin Cœur, guérisseur des âmes, car, remarquez ceci, ô Pèlerin, le Bon Samaritain ne quitte pas le blessé, il demeure et prend soin de lui; et le lendemain, quand il est obligé de partir, il ne s'en va point sans avoir payé sa rançon et recommandé à l'hôtelier de prendre soin du blessé.

Oui certes, Jésus a payé la rançon du monde; mais en quittant cette terre, il nous a légué sa divine charité et nous a promis de payer au delà sa dette du bienfait : « Ce que vous ferez au plus petit des miens, c'est à moi-même que vous l'aurez fait ».

Jésus ne nous a pas quittés puisqu'il nous laisse son amour. Que de fois il agit divinement avec nous, comme le Samaritain agit avec le blessé ! Il nourrit l'âme du pain et du vin eucharistique ; il guérit ses plaies avec le baume de sa grâce, la sauve enfin et la porte dans ses bras jusque dans la solitude de son divin Cœur, où s'achèvera sa guérison. Avec quelle sollicitude infinie il prend soin de nous, et avec quelle confiance et quelle foi nous pouvons nous appuyer sur ce Cœur fort comme le diamant, tendre comme une mère !



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Invocation


Ô bon Maître, non seulement vous nous apprenez l'amour de votre Cœur, mais vous nous donnez à suivre l'exemple de votre charité admirable. Vous nous montrez qu'elle est vide sans les actes, que les paroles ne servent de rien si les œuvres manquent. Le prêtre et le lévite qui vivaient sous la Loi, n'ont su faire ce qu'ordonnait la Loi, c'est une foi morte; mais vous, vous êtes la Loi nouvelle, Loi pleine de douceur qui nous apprend à aimer le prochain, à le servir et à prouver ainsi que notre charité est vivante et féconde : In amore Christi.



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Message par Lumen Sam 24 Juin 2023 - 17:51

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte


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Dix-huitième jour

Dix-huitième rayonnement

Le Notre Père


« Domine, doce nos orare » (Luc, 11, 1)


Le Notre Père, cette sublime oraison, est comme le résumé succinct des enseignements du Cœur de Jésus. Il a épanché en cette prière tous ses divins secrets, et son amour pour le Père, et le but de sa mission sur la terre, la foi qu'il nous demande et la charité qu'il nous apporte.

Sur le sommet du Mont des Oliviers s'élève un magnifique Carmel, à la place où Notre Seigneur composa le Pater ; en sorte que sans cesse la voix pure de la prière s'élève comme l'encens vers le ciel, au lieu même où la voix divine enseigna l'oraison.

« Un jour, dit saint Luc, qu'il était en prière en un certain lieu , quand eut achevé de prier, un de ses Disciples lui dit : « Seigneur, apprenez nous aussi à prier, comme Jean la appris à ses Disciples. Et il leur dit : Lorsque vous priez, dites : Père, que votre nom soit sanctifié, que votre règne arrive. Donnez nous aujourd'hui notre pain quotidien, et remettez-nous nos péchés, comme nous remettons nous-mêmes à tous ceux qui nous doivent, et ne nous abandonnez pas à la tentation ».

Il me semble, ô Pèlerin, que nous ne puissions mieux faire, nous qui cherchons avidement toutes les admirables manifestations du Cœur de Jésus, que d'étudier cette belle prière qui le révèle tout entier.

Et d'abord : mon Père. Ce nom d'une ineffable douceur dans la bouche du Christ doit être maintenant sur la nôtre, et voici que désormais Dieu sera attentif à la voix d'un homme agenouillé qui lui dira : mon Père. Le Père de famille est au ciel où il nous attend, nous les exilés. L'homme est un oiseau voyageur qui passe un instant au milieu des neiges et des frimas, puis s'envole vers l’Orient pour y jouir d'un printemps sans fin.

« Que votre nom soit sanctifié ». Jésus-Christ est venu sur la terre pour la sanctification des âmes, pour apporter à ce monde corrompu des germes de sainteté. Le Dieu saint est descendu dans une vierge pour sanctifier les hommes, car la sainteté est la croissance du bien surnaturel dans être; mais cette croissance était atrophiée par le mal, cette sève était tarie, et Jésus est venu la régénérer. « Soyez saints, nous dit le Sauveur, parce que votre Père céleste est saint », et dès lors, la grâce nous est versée pour nous conformer au précepte divin. Puis donc que notre Père est saint et que nous devons désirer sa son nom soit connu et répandu sur toute la terre.

« Que votre règne arrive ». Pourquoi le Seigneur veut-il que le troisième cri de nos cœurs soit celui-ci ? C'est que l'amour exprimé dans la première parole, l'adoration dans la seconde, doivent se témoigner par le zèle. Il ne suffit pas de rendre à Dieu un culte passif, et de l'adorer seulement en esprit, il faut lui sou mettre cet esprit, et l'adorer en vérité avec la volonté et le cœur. C'est ce règne sur les âmes que Jésus-Christ est venu apporter sur la terre, con quête pacifique de l'intelligence et du cœur. Adorer en vérité veut dire : incliner sa faible raison sous les commandements divins, et agir pour étendre le règne de Dieu autour de nous. C'est le zèle qui dévore les vrais serviteurs du Père de famille : « Zelus domús tuæ comedit me ».

« Donnez-nous notre pain quotidien ». C'est le cri de la créature à son Créateur. Le Créateur lui a tout donné, pour elle il a embelli la nature, fait croître les plantes, vivre les animaux; mais que la créature n'oublie pas sa dette de reconnaissance; que chaque jour, comme un mendiant à la table du riche, elle demande son pain. Dieu qui donne la pâture aux petits oiseaux, qui revêt le lys d'habits plus magnifiques que ceux de Salomon, prendra soin de son enfant qui, tous les jours, sollicite son pain. Le pain ! c'est la nourriture substantielle du corps, et le pain matériel est un symbole du Pain mystique du Sacrement où Dieu, qui pourvoit à sa créature, se donne lui- même en nourriture à l'âme affamée.

« Remettez-nous nos péchés ». Oui, nous sommes tous coupables envers Dieu, tous nous avons besoin de miséricorde et de pardon ; pardonnons d'abord à ceux qui nous ont offensés. Qui sommes-nous pour avoir le droit de nous dire offensés, quand Dieu lui-même pardonne à sa créature ? Jésus-Christ est venu nous apporter le pardon de son Père; mais ce pardon ne sera accordé qu'à l'âme miséricordieuse, celle dont la récompense sera d'entendre un jour la douce parole dite de Marie-Madeleine : Il lui sera beaucoup pardonné parce qu'elle a beaucoup aimé !

« Ne nous abandonnez pas à la tentation ». La tentation est l'épreuve inévitable du juste ; elle devient son trophée de gloire quand il l'a vaincue. Mais personne ne peut vaincre sans Dieu; il nous l'a appris en priant et jeûnant sur le Mont de la Sainte-Quarantaine; il a été tenté lui-même; mais il a prié et repoussé la tentation; l'humaine nature que portait Jésus-Christ n'a été triomphante qu'avec l'aide de Dieu. La tentation n'est pas le mal; mais jusqu'où ira la faiblesse ? Qui nous arrêtera sur la pente ? Qui empêchera la colombe de se salir dans la boue ? Le Cœur de Jésus seul qui recueillera la colombe menacée, la gardera à l’abri, en sorte que l'ennemi terrassé n'ira pas plus loin : Arrête, le Cœur de Jésus est là !



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Invocation


Ô Père, écoutez votre Fils, c'est lui qui nous a appris à prier, c'est son Cœur qui vous prie pour nous, car nous ne savons que balbutier cette admirable prière, nous la répétons comme des enfants sans comprendre toute sa beauté; mais du moins, nous avons la volonté d'accomplir tous les enseignements qu'elle contient. Exaucez-nous, car c'est votre Fils qui implore, et c'est unis à son oraison que nos lèvres suppliantes vous disent : Père !



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Message par Lumen Sam 24 Juin 2023 - 20:01

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Dix-neuvième jour

Dix-neuvième rayonnement

La résurrection de Lazare


« Ecce quomodo amabat cum » (Jn. 11, 36)


C'est dans la scène inimitable de la résurrection de Lazare, transmise par l'Evangile, que se révèle surtout la divine amitié de Jésus et le côté le plus touchant de son Cœur. Tout ce récit est d'une beauté sobre et vivante, d'une simplicité éloquente qui émeut, et dont nulle parole humaine n'approchera jamais.

Mais transportons-nous d'abord, ô pèlerin, au lieu même de cette scène. Nous sommes à Béthanie, voici le tombeau de Lazare ; il est creusé dans le rocher et enfoncé sous terre, on y descend par un obscur escalier de vingt-quatre marches. La grotte souterraine se compose de deux chambres; l'une est élevée de quelques degrés au dessus de la seconde, qui renfermait le corps de Lazare.

Tandis que le mort repose là de puis trois jours, suivons, ô pèlerin, le Seigneur Jésus qui revient d'une longue course apostolique. Il s'est assis avec ses Disciples sur la Pierre du Colloque, non loin de Béthanie. On voit encore cette pierre célèbre sur le plateau qui domine un paysage fantastique, les monts de Juda s'étagent monotones jusqu'à la plaine de Jéricho, comme les vagues énormes d'une mer pétrifiée.

C'est Marthe impétueuse et pressante qui accourt la première vers le Seigneur, en lui disant avec une plainte mêlée d'un peu de reproche : « Seigneur, si vous aviez été ici, mon frère ne serait pas mort ». Mais Jésus la rassure doucement, lui promet la résurrection de son frère. Marthe le comprend dans un autre sens. « Je sais, dit-elle, qu'il ressuscitera au dernier jour ». Mais le Seigneur éclaire cette foi qui raisonne, et Marthe, enfin convaincue, s'écrie avec un élan de foi vive : « Oui, Seigneur, je crois que vous êtes le Christ, Fils du Dieu vivant qui êtes venu en ce monde ». Sur ces paroles, elle s'en alla et appela Marie, qui était restée à la maison. « Le Maître est là, dit-elle, et il t'appelle ». Aussitôt Marie se leva et vint à Lui. Étant arrivée à l'endroit où était Jésus, elle tomba à ses pieds et dit en pleurant : « Seigneur, si vous aviez été ici, mon frère ne serait pas mort ».

Ce sont les mêmes paroles, la plainte des deux sœurs est toute semblable, mais l'accent en est différent, et Jésus est plus touché de celle-ci que de l'autre. C'est que la plainte de Madeleine a une signification profonde et l'ardeur de son amour est plus grande. Marthe semble faire un reproche : Seigneur, pourquoi êtes vous parti ? Madeleine pleure seulement et veut dire : Seigneur, quand vous êtes présent, aucun malheur ne peut nous atteindre ; mais, hélas ! vous étiez loin de nous !

« Et Jésus, dit l'Évangile, voyant donc qu'elle pleurait et voyant aussi pleurer les Juifs qui étaient venus avec elle, frémit en son esprit et se troubla en lui-même. Et il dit : Où l'avez-vous placé ? Ils lui dirent : Seigneur, venez et voyez. Et Jésus pleura... Les Juifs se dirent entre eux : « Voilà comme il l'aimait »… « Or Jésus, frémissant une seconde fois en lui-même, vint au tombeau qui était une caverne, et il y avait une pierre qui le fermait. Jésus dit : « Ôtez la pierre ». Marthe, la sœur de celui qui était mort, lui dit : « Seigneur, il y a déjà de l'odeur, car voilà quatre jours qu'il est mort ». Jésus lui dit : « Ne vous ai-je pas dit que si vous croyiez, vous verriez la gloire de Dieu ».

On ôta donc la pierre, et Jésus, les yeux levés au ciel, dit : « Mon Père, je vous rends grâces de ce que vous m’avez écouté. Je sais, il est vrai que vous m'écouterez toujours; mais je le dis pour ce peuple qui m'entoure, afin qu'il croie que vous m'avez envoyé ». Et ayant dit cela, il cria à haute voix : « Lazare, sortez ». Et aussitôt on vit paraître celui qui était mort, les pieds et les mains liés de bandelettes et et la figure couverte d'un suaire. Jésus leur dit : « Déliez-le et laissez-le aller ».

Est-il rien de comparable à cette scène, ô pèlerin ? La tendresse du Cœur de Jésus déborde et nous confond, et il y a là un acte de toute puissance qui nous rappelle bien vite que ce grand Cœur qui aimait était celui d'un Dieu. Et Jésus pleura. Voilà l'homme. Lazare, sortez ! Voilà le Dieu ! Et l'on ne sait qu'admirer le plus, ou de cette faiblesse divine qui le fait pleurer sur la mort d'un ami, ou de cet acte créateur qui lui rend la vie. Ce Cœur qui unit si harmonieusement l'humain et le divin, et qui opère ce prodige à la prière des deux sœurs, révèle la puissance de cette ravissante tendresse plus forte que la mort.

Il est la Résurrection et la Vie ! Celui qui va à ce Cœur ne marche pas dans les ténèbres ; il est son phare lumineux qui le conduira par delà les ombres de la mort. Ne doutons jamais d'une miséricorde inépuisable, courons à Lui au Sacrement de vie, et notre âme ravie, enivrée, sortira des ténèbres du péché, comme cette fois où la mort lâcha sa proie, et où la voix divine rappela l'âme de Lazare des confins de l'éternité.



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Invocation


Ah ! doux Seigneur, vous êtes venu sur la terre pour les âmes égarées et perdues ; votre force toute puissante les rappellera à la vie si elles se confient en votre miséricorde ; un seul mot suffit, ô Créateur : Lazare foras ! Appelez les âmes, sauvez-les, forcez les de venir à vous, et puisque vous avez pleuré avec ceux qui pleurent, c'est que votre Cœur est accessible à la compassion ! Laissez-vous attendrir, écoutez nos prières et sauvez les âmes, les pauvres âmes perdues, que votre parole créatrice seule peut rappeler à la vie.

« Ô Seigneur, créez en nous un esprit nouveau, et nous vivrons et nous ressusciterons au dernier jour ! »




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Message par Lumen Sam 24 Juin 2023 - 21:19

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Vingtième jour

Vingtième rayonnement

Jésus pleure sur Jérusalem


« Videns civitatem flevit ». (Luc 19, 41)


Sur la pente du Mont des Oliviers, non loin du Jardin de Gethsémani qui forme un grand carré de verdure avec ses oliviers vénérables, il est un petit rocher qui s'avance comme une plateforme en saillie. De là on découvre la ville de Jérusalem étendue toute blanche telle qu'une toison d'agneau sur les six collines. La Vallée de Josaphat l'enserre comme une ceinture de deuil avec ses sombres cavernes qui trouent la rocaille comme les alvéoles d'un essaim desséché.

Sur ce rocher dont nous parlons, une église fut élevée par les Croisés; les ruines qui en restent amoncelées ont gardé son vocable : Dominus flevit. Le Seigneur pleura...

Il avait pleuré déjà, le Seigneur, devant la douleur de Marie-Madeleine à la mort de Lazare, il avait pleuré aussi tout petit enfant, livré à l'humaine misère, car l’Église chante au jour de Noël : « L'enfant vagit, enfermé dans l'étroite crèche ». Et voici la troisième fois que l'Evangile nous rapporte l'histoire de ces larmes divines.

Ce jour-là donc Jésus descendait de Bethphagé, village situé sur le Mont des Oliviers, du côté de la pente qui le sépare du Mont du Scandale. Il avait envoyé ses Disciples lui chercher une ânesse à Bethphagé, et chevauchait humblement monté sur l'ânesse suivie de son ânon, se dirigeant vers Jérusalem où la multitude allait l'acclamer. Déjà le peuple arrivait au loin avec des palmes et des rameaux d'oliviers chantant : « Hosanna au Fils de David ! Hosanna au plus haut des cieux ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! »

C'était ce jour-là qu'on introduisait dans le Temple les agneaux ornés de fleurs et de rubans qui allaient être immolés pour la Pâque. Touchant symbole de l’Agneau divin qui allait être aussi livré et immolé. Sa venue était annoncée depuis cinq siècles par ces paroles qu'il inondait de clarté : « Réjouis-toi, Fille de Sion, voici ton Roi, le Juste et le Sauveur qui vient à toi. Il est pauvre et il est monté sur une ânesse et sur le poulain de l'ânesse ». Mais Jésus qui connaissait l'inconstance des foules et l'ingratitude de son peuple, s'arrêta sur le rocher qui domine la Ville Sainte, et jetant un douloureux regard sur elle, il pleura, disant : « Ah ! si du moins, en ce jour qui t'est donné, tu connaissais ce qui peut te procurer la paix ! mais maintenant tout cela est caché à tes yeux. Car il viendra un temps où tes ennemis t'environneront de tranchées, ils t'enfermeront et te serreront de toutes parts. Ils te détruiront entièrement toi et tes enfants qui sont dans ton enceinte, et ils ne laisseront pas pierre sur pierre, parce que tu n'as pas connu le temps où tu as été visitée ».

Contemplez Jésus pleurant sur Jérusalem et sur nous, ô pèlerin, voyez ce Cœur divin se fondre en plaintes douloureuses sur ce peuple ingrat, sur cette cité brillante qui va accomplir le plus épouvantable des crimes... et pleurez avec lui. Ce crime se renouvellera tant de fois dans l'humanité coupable ! Lui, l'Agneau sans tache, il pleure sur les hommes cruels qui le condamneront bientôt ; sur les faibles de tous les siècles que l'erreur en traîne ; sur les lâches qui l'acclament un jour, le crucifient le lendemain; sur la longue suite des hommes qui tourneront le dos à sa Croix ou méconnaîtront son Cœur... et il pleure ! Larmes divines, larmes précieuses vous suffiriez grandement au rachat du monde, mais vous ne voulez pas, Seigneur, vous en contenter. Il faudra des larmes de sang pour peser dans la balance de la Justice éternelle, afin que ces gouttes empourprées témoignent des souffrances indicibles de la Passion d'un Dieu !

Aujourd'hui, le Cœur du Seigneur saigne en pensant à ces profondeurs d'ingratitude, à ce crime qui va rouler dans la cendre cette fille de Sion si belle, mais si ingrate, et l'amour de sa triste patrie lui arrache ce cri de douleur : Ah ! si du moins, en ce jour qui t'est donné, tu savais ce qui peut t'assurer la paix !...

Mais déjà la foule criait : « Hosanna !... Longue vie au Fils de David !... » et voulait le faire roi. Quelques jours après, elle hurlera : « Crucifiez-le, crucifiez-le ! » N'est-ce pas là, l'histoire de toutes les foules, l'histoire des peuples chrétiens qui répudient leur Dieu ? N'est-ce pas là l'histoire des âmes ! Au moment d'entrer dans sa ville infidèle, Jésus veut lui apporter la vie, il lui offre son amour et sa paix... et il sera refusé. Que de fois Jésus, se tient à la porte d'une âme, prêt à entrer; et que de fois aussi son Cœur saigne, repoussé par sa créature libre, mais ingrate. Le Seigneur ne vient pas en Maître, il vient en ami... Ouvrez-moi, ma sœur, mon amie, ouvrez-moi la porte de votre cœur (Ct 5, 3). Doucement, humblement il attend; il a des signes qui avertissent de sa présence : un mot entendu par hasard, une parole sainte lue quel que jour, une joie intime et soudaine, quelquefois une épreuve aussi, lui ouvre la porte de ce cœur... Mais que souvent Jésus se retire et pleure sur cette âme qui n'ouvre pas, sur cette cité libre qui ne veut point se donner !...

Et Jésus descendit tristement et pour la dernière fois les pentes du Mont des Oliviers, entouré de son petit troupeau fidèle, dont il sera si tôt séparé.



Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte 133340752_o

Invocation


Ô Seigneur Jésus, votre grand Cœur ne défaille point à la pensée de tant d'ingratitude; mais vous courez vous livrer à cette meute pour sauver par votre sang précieux le petit troupeau de vos élus. Vous ne pleurez pas sur vous, ô Seigneur, mais sur ces misérables aveugles, et sur nous aussi qui avons tant de peine à croire, tant de faiblesse, si peu d'amour ! Que vos larmes arrosent cette terre aride de nos cœurs et y fassent croître en abondance les fleurs de votre amour, en sorte que notre âme devienne un Jardin fermé dans lequel vous ferez vos délices, et vous direz comme l'Epoux des Cantiques : Retirez-vous, aquilon; venez, ô vent du midi, soufflez de toutes parts dans mon Jardin, et que les parfums en découlent (Ct 4, 16).



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Message par Lumen Dim 25 Juin 2023 - 2:17

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte


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Vingt-et-unième jour

Vingt-et-unième rayonnement

L'Eucharistie


« Manete in dilectione mea » (Jn., 15, 9)


L'amour qui est fertile en inventions, a trouvé le moyen merveilleux de rester captif au milieu de nous, jusqu'à la fin des siècles, enchaîné dans le Sacrement par la parole du prêtre. Il devient l'apanage de tous les enfants des hommes; désormais chacun puisera dans ce trésor, le divin Prisonnier de l’Eucharistie ne peut pas nous fuir. L'amour est captif ! l'amour est vaincu, il nous appartient ! Deliciæ meæ esse cum filiis hominum !

Quand donc le foyer vivant de l'amour, le Cœur de Jésus-Christ a-t-il trouvé ce miracle nouveau ?

C'était la veille de sa mort. Hors des murs d'enceinte de la ville de Jérusalem, il est, sur la montagne de Sion, une construction un peu isolée qu'on appelle aujourd'hui la mosquée Nabi-Daoud (du prophète David). Cette mosquée recouvre le lieu le plus saint de la terre après le Saint Sépulcre : le Cénacle.

Aujourd'hui, le Pèlerin ému de voir ce lieu auguste aux mains des Musulmans, pénètre dans une grande salle, soutenue par des colonnes et éclairée par trois grillages qui laissent glisser à l'intérieur un jour mystérieux et triste ; prosterné sur les dalles, le Pèlerin revit en son âme les poignants souvenirs du passé.

La veille de sa mort, Jésus avait rassemblé les siens ; il voulait leur laisser son dernier héritage, le gage immortel de son amour. Il avait envoyé quelques Disciples préparer cette salle, afin d'y manger la Pâque avec eux. Tout étant disposé et le soir venu, à l'heure où s'allument les étoiles, Jésus y entra avec les Apôtres et mangea avec eux l'agneau et quelques herbes, repas légal prescrit par la loi juive et qu'on prenait debout, comme des voyageurs pressés.

Après ce repas, le Sauveur quitta la table et descendit, accompagné des Douze, à l'étage inférieur du Cénacle; il se ceignit les reins et, prenant un bassin plein d'eau, il se mit à leur laver les pieds avec une humilité touchante qui les confondit d'étonnement.

Cette cérémonie était le prélude du grand mystère qui allait s'accomplir; c'était la purification symbolique de la créature, avant le prodige d'abaissement du Dieu qui allait se donner. Le Seigneur reprit ses vêtements et monta avec ses Apôtres pour le second festin qui suivait toujours le premier.

Alors, renouvelant le miracle des noces, mais d'une manière autrement sublime, Jésus prit du pain, le rompit et levant les yeux vers son Père, il accomplit l’auguste mystère. Donnant le pain à ses Apôtres il dit : Ceci est mon corps qui sera livré pour vous. Puis il prit le calice, l'éleva dans ses mains adorables, et leur dit de même : Buvez-en tous, car ceci est mon sang qui sera répandu pour vous. Et les Apôtres firent leur première Communion !

Admirez, ô Pèlerin, comme le doux Seigneur rayonne sur eux en cet instant, c'est un soleil resplendissant qui les enveloppe de son grand amour… Il les communie de ses mains, les bénit et les aime. Il leur donne ce don de Dieu qui est le don de lui même, et son Cœur se fond dans un embrasement qui s'étend non seulement à ses Apôtres, mais à toutes les âmes qui communieront à leur tour. C'était pour le monde l'heure de l'amour !

Par une telle invention de puissance et de tendresse, le divin Cœur allait prendre, en effet, possession des âmes comme le souverain incontesté d'un empire, car il allait non seulement vivre avec nous; mais vivre en nous. Il nous donnait donc en ce jour une participation à la vie même de Dieu, vie de l'intelligence en nous révélant de si hautes vérités, vie du cœur en offrant à notre amour l'objet réel et idéal à la foi dont toute âme a soit; vie de la volonté en fortifiant la foi, le courage et l'espérance; en un mot Il nous donnait en l’Eucharistie, comme Il l'a dit lui-même, l'exubérance de la vie !

Mais le Cœur de Jésus, se donnant ainsi dans sa plénitude, nous communique déjà une sorte de résurrection. « Celui mange ma chair et qui boit mon sang a la vie éternelle et je le ressusciterai au dernier jour ». C'est l'amour poussé aux limites extrêmes qui s'engage solennellement envers nous, par delà les siècles ; car, selon l'admirable parole de saint Jean, l’Eucharistie c'est l'infini dans l'amour : In finem dilexit. Saint Jean surtout avait reçu la révélation de cette tendresse du Cœur de Jésus, lorsque appuyé sur la poitrine sacrée de son Maître il sentait les battements de ce Cœur, sa force et sa chaleur vivifiante ! Quel moment doux et suave pour le Disciple privilégié, quel ineffable souvenir pour toute sa vie !

Jésus ne nous laissait pas seulement son précieux héritage, sa chair sacrée, mais il instituait aussi le sacerdoce. En faisant passer la coupe aux mains des Douze : Faites ceci en mémoire de moi, il leur donnait le pouvoir divin de reproduire cet acte auguste; de faire descendre tous les jours sur l'autel son humanité sainte, par les paroles de la Consécration. Oh ! que le bonheur des Apôtres était grand ! Leur Seigneur n'était plus seulement devant eux avec son visage adorable et si doux; il était en eux ! Aucune union de la terre n'est comparable à celle-ci; nul esprit n'en conçoit la profondeur. Émerveillés, ils restaient dans l'adoration et le silence; alors le Cœur de Jésus sembla se fondre en paroles d'amour et d'adieu :

« Mes petits enfants, je suis encore avec vous, mais pour bien peu de temps. Bientôt vous me chercherez, mais là où je vais, vous ne pouvez venir… Je ne vous laisserai pas orphelins; mais je viendrai à vous. Que votre cœur ne se trouble point ; vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi... »

Oh ! que ce discours après la communion est beau et touchant ! Admirez, ô pèlerin, combien le Seigneur parle familièrement aux siens ; que cette action de grâces est d'un enseignement précieux ! Jésus veut aussi nous parler cœur à cœur, avec confiance, avec tendresse. Oh ! approchons-nous de ce Cœur sacré, il nous appelle. Courons au banquet eucharistique, il nous y convie. Et si la crainte nous retient, rappelons-nous les paroles de Notre-Seigneur à sainte Catherine de Sienne : « Si tu n'es pas digne que je vienne en toi, moi je suis digne que tu entres en moi ».



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Invocation


Ô divin Maître, que l’Eucharistie est bien l'invention merveilleuse de votre Cœur ! Il ne sait comment étancher la soif qui le brûle, l'ardeur qui le dévore, sinon par ce prodige nouveau qui est de se donner toujours et toujours, dans un accès continuel de dévouement infini ! Oui, Seigneur, nous contenterons vos désirs, nous irons à vous avec amour, car vous l'avez dit : vous êtes le Pain de nos âmes, vous êtes la Résurrection et la Vie !…



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Message par Lumen Dim 25 Juin 2023 - 2:35

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Vingt-deuxième jour

Vingt-deuxième rayonnement

L’Agonie à la Grotte des Oliviers


« Pater, non mea voluntas, sed tua fiat » (Luc 22, 42)


Une fois encore, avant de quitter la terre, le Seigneur Jésus devait revoir la montagne des Oliviers. La haine des Pharisiens était arrivée à son comble, l'odieux marché avec Judas était conclu, on avait tramé la mort du Juste dans une assemblée démoniaque que Caïphe présidait.

Jésus ayant accompli l'ineffable mystère de la Cène, sortit du Cénacle avec les Douze. Arrivé au dernier soir de sa vie, il fut pris soudain d'une tristesse mortelle. Après s'être donné tout, avec un amour inexprimable, à l'heure d’accomplir le sacrifice entier, il se sentit oppressé d'un poids douloureux et comme envahi par l'agonie.

Au pied de la montagne des Oliviers, à l'entrée de la lugubre vallée de Josaphat, non loin du Cédron qui se creuse un lit désordonné dans la rocaille, est une sorte de caverne profonde qui s'enfonce sous terre. D'un côté se dressent les hauteurs qui portent la Ville sainte, de l'autre, cette montagne des Oliviers, de laquelle Jésus s'élèvera un jour au ciel; sur la pente tout en bas, le pèlerin contemple encore le jardin de Gethsémani où tant de fois Jésus venait prier et cette grotte où il allait tant souffrir.

Suivons-le, ô pèlerin, dans cette veillée dernière et douloureuse ; il n'a gardé avec lui que trois de ses plus fidèles, les témoins de sa gloire au Tabor : Pierre, Jacques et Jean. Il les quitte au seuil du Jardin, et seul, à cent pas de là, il entre dans la grotte souterraine où la douleur l'attend.

Cette grotte que le pèlerin vénère à deux genoux, cette terre nue, imprégnée du sang divin, a conservé sa simplicité primitive. Elle est très sombre, éclairée seulement par une ouverture pratiquée dans la voûte et par des lampes qui projettent une clarté douce. Une émotion infinie saisit le cœur lorsqu'on entre sous ce roc qui vit les larmes et les défaillances de l'Homme-Dieu. Là, contre ce même rocher, Jésus s'appuyait chancelant, couvert du poids de nos fautes, écrasé sous une douleur acceptée; là, son adorable Cœur, broyé de douleur, fut foulé comme le raisin sous le pressoir, et il en jaillit une sueur de sang qui inonda la terre... Et factus est sudor ejus sicut guttu sanguinis decurrentis in terram.

Oh ! venez et voyez, ô pèlerin, le doux Jésus en cet état, et si vous n'avez pas un cœur de bronze, vous serez ému jusqu'à pleurer; car c'est aujourd'hui la vraie Passion de son Cœur ! Être flagellé, couronné d'épines, traîné devant les juges, souffleté par un soldat, chargé de la lourde croix qui meurtrissait ses épaules, enfin être crucifié dans d'horribles tortures… c'est un supplice effrayant; mais c'est le supplice du corps. Le supplice du Cœur est autrement raffiné et douloureux ; il ressent à l'avance toutes les souffrances, toutes les ingratitudes, toutes les humiliations... Souffrir la trahison d'un apôtre, l'abandon des autres, la lâcheté et la haine des foules; plonger son regard de Dieu dans tous les âges et voir les péchés s’amonceler, les crimes s'accroître, la rage des hommes augmenter, avec l'ingratitude noire, l'indifférence molle, le scepticisme cruel ; penser à l'inutilité de ses souffrances pour tous ceux-là... et pleurer... pleurer du sang ! Cela, c'est la Passion du Cœur !

Oui, les grandes eaux de la tribulation ont inondé son âme et la douleur entre en lui comme un glaive à deux tranchants. - Il demande grâce : « Mon âme est triste jusqu'à la mort, s'écrie-t-il dans l'excès de son affliction, mon Père, éloignez de moi ce calice... »

Mais sur les hauteurs du Calvaire, il voit dans une vision effrayante la Croix qui se dresse et lui ouvre les bras... elle a un charme tout puissant qui l'attire, et il lui tend les siens... il l'accepte : Pater, fiat voluntas tua !... C'est l'immolation voulue, héroïque, car elle est inspirée non par la gloire, mais par l'amour !

Le Cœur de Jésus souffrait en cette heure tout ce qu'il souffrira plus tard, caché dans le Sacrement, présent à tant d'odieuses ingratitudes, et il semblait être privé soudain de vie et de lumière. Courbé sur terre, le Seigneur luttait, car « il était homme véritable, a dit Isaïe, et il a été jeté dans une grande angoisse ». Il s'écriait : « Mon Père, délivrez-moi de cette heure... Mais c'est pour cette heure que je suis venu » (Jn 12, 27). Mais bientôt, l'amour de son Cœur sacré triompha, plus fort encore que l'agonie; après avoir imploré la compassion de son Père pour lui-même, il pria pour les siens, et une admirable oraison jaillit de son Cœur, dit saint Bonaventure : « Père saint, regardez-moi et écoutez moi, parce que je suis contristé dans ma vie, que mon esprit est inquiet et que mon cœur est troublé. Père, si vous l'avez décrété, il faut que je subisse entièrement le supplice de la Croix, que votre volonté soit faite ! Mais je vous recommande tous les miens, tous ceux que vous m'avez donné à garder; je les ai gardés jusqu'ici, ô Père, gardez-les moi maintenant ».

Et c'est ainsi que le Cœur de Jésus, luttant contre l'agonie, triomphait par son amour indomptable.



Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte 133346366_o

Invocation


Ô Cœur affligé, doux Maître abandonné, vous souffrez seul sans consolation ! Laissez du moins les âmes qui vous aiment consoler votre Cœur. À genoux près de vous, dans cette grotte bénie, laissez-nous venir, par notre repentir et notre amour, prendre un peu de ce fardeau qui vous accable et qui est notre juste partage. Veillons et prions avec vous, ô Jésus, car c'est l'heure des ténèbres, l'heure où les embûches se multiplient et font tomber ceux qui dorment, car l'esprit est prompt et la chair est faible. Apprenez-nous à prier avec votre soumission, Cœur sacré, lorsque votre prière se résumait pour vous dans un héroïque : Fiat.



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Message par Lumen Dim 25 Juin 2023 - 3:21

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Vingt-troisième jour

Vingt-troisième rayonnement

La Croix


« Fortis est ut mors dilectio » (Ct. 8, 6)


Le Sauveur, après son agonie terrible à la Grotte, resta la proie de la douleur jusqu'à l'heure du Crucifiement. Mais avant que l'Homme de douleur fût suspendu à la Croix, pour être donné en spectacle au monde, il faudra que ce corps d'une divine beauté soit défiguré et méconnaissable ; il passera entre les mains brutales des soldats ivres, il sera promené au milieu d'une populace en délire sous les fouets des bourreaux, les lambeaux de sa chair voleront en éclats et les risées accompagneront ses gémissements douloureux.

Puis la montée du Calvaire commence, procession sinistre de tous les instruments de supplice, brandis comme des trophées de victoire par ces esclaves de Satan. Voici le Seigneur Jésus lui-même la tête courbée sous l'aiguillon des épines, chargé de la pesante croix, entre deux haies de soldats qui le poussent de leurs lances. Il traverse ainsi sa chère ville de Jérusalem qu'il a tant aimée, le cortège défile lentement et se dirige vers la montagne de Gareb au pied de laquelle, sur une éminence peu élevée et appelée Calvaire (lieu du Crâne), on avait préparé la place du Crucifiement.

Le Calvaire est aujourd'hui enfermé dans la basilique du Saint-Sépulcre, on y monte par un escalier de dix huit marches. Le rocher teint du sang sacré est lui-même recouvert de marbres ; sous l'autel grec, étincelant de dorures, orné dans le goût byzantin, le pèlerin peut baiser le Trou de la Croix ; à côté, à quelques pas de là, il peut mettre sa main dans la fente merveilleuse du rocher, ouverte par le tremble ment de terre qui suivit la mort du Sauveur, et soudain la scène incomparable et poignante qui se dé roula ici même, envahit vivement son cœur.

Transportons-nous en ce lieu auguste du Calvaire, ô pèlerin, suivons nous-mêmes le Seigneur Jésus qui s'avance péniblement au lieu de son supplice. Que de fois en ce trajet douloureux, que de fois son Cœur a souffert ! Que cette cohorte de haine lui a prodigué d'injures et d'outrages. Il n'entrevoit sa Mère désolée qu'au travers des rangs ennemis, Véronique s'élance avec le suaire qui essuie cette Face divine, mais elle est aussi vite repoussée ; et que de coups, de chutes, de blasphèmes renouvelés pendant cette montée du Calvaire ! Il serait tombé cent fois pour ne plus se relever, le Sauveur, si la force d'en haut ne l'avait soutenu, si la hâte d'arriver n'avait été si ardente : la hâte d'accomplir la Rédemption du genre humain !

Pendant des minutes qui paraissent un siècle, on entend des coups de marteaux, les sanglots des saintes Femmes, les plaintes célestes de Jésus. À cette heure, le ciel attentif pleure, la terre tressaille d'allégresse, c'est la Rédemption !

Le voyez-vous à présent, ô pèlerin, le doux Seigneur cloué à la Croix, élevé dans les airs ; voyez ce saint corps allongé et distendu, épuisé, méconnaissable, semblable à un lys qu'on aurait foulé aux pieds.

Voici les grandes heures d’agonie qui commencent ; cette fois c'est l'agonie du Cœur et l'agonie de la nature tout ensemble. C'est lui, votre Seigneur, reconnaissez-le bien, Celui que vous suiviez sur les chemins de la Palestine ; hier encore, il vous donnait sa chair sacrée en nourriture, aujourd'hui le voici lui-même comme une grappe écrasée sous le pressoir, sans force, presque sans vie ; mais dans ces heures suprêmes d'abandon et d’agonie, il vous aime plus encore, le divin Cœur !

Toute la vie, en effet, s'est réfugiée dans ce Cœur et il domine le monde comme d'un trône, élevé dans les airs sur le bois de la Croix ! Jésus semble là-haut, dire en regardant le monde de ses yeux mourants : « Vous m'avez chassé, Ô enfants des hommes, vous m'avez défiguré et meurtri et pourtant je vous ai tant aimés. Ô mon peuple que t'ai-je fait ? À présent je vous quitte, ô hommes, mais quand vous me chercherez tristes et désolés, vous trouverez ma Croix et mon Cœur sur le chemin de votre vie ; je resterai votre consolateur unique quand tous vous auront abandonnés, car il n'est point sur terre d'amour comparable à mon amour ».

Et à cette heure, Jésus mourant, voyait d'un regard qui embrassait les siècles, les âmes aimantes qui viendront entourer sa Croix pour le consoler. Pour lui , il nous laissera son Cœur, c'est-à-dire son amour, incarné de nouveau dans le Sacrement. Mon Dieu, s'écriait Job, qu'est-ce donc que l'homme pour que votre cœur se repose ainsi sur lui ? » La réponse divine à l'homme est solennelle : « Je t'ai aimé, dit Dieu , d'un amour éternel » (Jr 21, 3).

Il nous laissera aussi sa Croix, parce que c'est par elle qu'on arrive à son Cœur ; si nous voulons avoir part à l'amour, il faut avoir part au sacrifice. « Je ne veux savoir qu'une chose, disait le grand Apôtre, c'est Jésus, et Jésus crucifié ». Et pourquoi ?... Parce que la Croix est la vraie science durable et profonde, parce que la Croix est la clef du mystère de la vie : la douleur. Tout homme est né dans la douleur et vit dans la douleur ; ce mot serait d'une désespérance absolue si Jésus n'était venu l'élever à la hauteur du ciel, en prenant sur lui le fardeau de toutes les douleurs pour nous en alléger le poids ; et à cette heure suprême du Crucifiement, il donnait une consécration divine à la douleur sanctifiée par l'amour.

Apprenons, ô pèlerin, la science de souffrir et d'aimer les lèvres sur le Crucifix : là en est le secret. Toute âme souffre sur terre, mais combien il y en a peu qui savent aimer ! Ah ! nous pouvons nous écrier comme le sublime désespéré de l’Alverne : « Non, l'amour n'est point aimé ! Amor non amatur ! »

Tandis que l'ombre de la Croix se projette sur le monde, le Calvaire est trop souvent désert, on fuit la Croix, on court à la consolation humaine, on détourne la tête... et bien peu veillent et prient dans le chemin royal du divin Maître, comme le groupe fidèle qui entourait le pied de la Croix. Et pourtant la Croix c'est une arme, un bouclier, une espérance : O Crux ave, spes unica ! à la suite du Seigneur, c'est la gloire !



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Invocation


Ô Cœur affligé, doux Maître abandonné, vous souffrez seul sans consolation ! Laissez du moins les âmes qui vous aiment consoler votre Cœur. À genoux près de vous, dans cette grotte bénie, laissez-nous venir, par notre repentir et notre amour, prendre un peu de ce fardeau qui vous accable et qui est notre juste partage. Veillons et prions avec vous, ô Jésus, car c'est l'heure des ténèbres, l'heure où les embûches se multiplient et font tomber ceux qui dorment, car l'esprit est prompt et la chair est faible. Apprenez-nous à prier avec votre soumission, Cœur sacré, lorsque votre prière se résumait pour vous dans un héroïque : Fiat.



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Message par Lumen Dim 25 Juin 2023 - 4:41

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte


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Vingt-quatrième jour

Vingt-quatrième rayonnement

Ecce Mater tua


Ego Mater pulchræ dilectionis. (Ecl. 24, 24)


Jésus va mourir. Il entend, au milieu de ses souffrances aiguës les dernières rumeurs de la foule qui s'éloigne, semblable à une tourmente qui s'apaise, et peu à peu le vide se fait autour de la Croix.

Aux pieds de Jésus-Christ, Jérusalem, sa ville aimée et maintenant déicide, s'étale blanche et somptueuse sur les collines ; mais la tache indélébile du sang divin est à son front, ce sang hélas ! qui retombera sur elle et sur ses enfants ! Autour de la Croix, les amis fidèles se rapprochent : la douloureuse Mère, presque agonisante se traîne vers son Fils, et mêle ses larmes aux gouttes de sang qui tombent sur les pieds adorés : Stabat Mater dolorosa, juxta crucem lacrymosa, dum pendebat filius.

Madeleine est là aussi, égarée par la douleur ; elle repose sa tête sur les pieds de Jésus, comme jadis, et reçoit la rosée rafraîchissante du sang divin. Bain salutaire, baptême nouveau qui efface toute souillure et ravive en cette divine amie le repentir et l'amour.

Jean aussi est là, le fidèle, le bien-aimé, le Disciple vierge. Il représente au pied de la Croix la longue procession des âmes privilégiées qui suivront l'Agneau partout où il va. À cette heure suprême, Jean représente aussi l'humanité qui attend le salut et cherche la consolation et la force près du divin Crucifié.

Mais à cette heure douloureuse, Jean pleurait et rien ne pouvait le consoler. Son Maître, qui l'avait pressé sur son Cœur au banquet eucharistique, regardait de ses yeux mourants sa sainte Mère, debout au pied de la Croix; puis voyant Jean à côté d'elle, une émotion poignante étreignit le cœur du Sauveur : l'heure de l'adieu allait donc sonner... bientôt il abandonnerait les siens. Réunissant sur la tête de ces bien-aimés son legs suprême, il dit à Marie : « Femme, voilà votre Fils », et à Jean : « Voilà votre Mère. Ecce Mater tua ! » C'est donc l'union complète, l'achèvement des noces du Fils de Dieu avec l'humanité, puisqu'il s'identifie à elle dans la personne de Jean. « Votre fils, ô Mère, semble-t-il lui dire, ce n'est plus moi qui pars; votre nouveau fils vous reste dans mon disciple Jean et dans tous les enfants des hommes que je vous laisse en héritage. Ce sont ceux-là, ma Mère, ceux-là pour qui j'ai donné ma vie, qui seront vos fils ! » Et Marie, abîmée dans la douleur, nous accepte au pied de la Croix pour les héritiers de son fils. Ah ! que la Rédemption est dure pour cette douloureuse Mère, dont le cœur est transpercé de mille glaives, et combien cette touchante parole d'adieu, aiguise encore sa douleur. Cependant, docile à la voix de son fils, pardonnant à son tour aux meurtriers, qui peut douter qu'à cette heure, au pied de la Croix, sanglante, elle nous ait tous adoptés pour ses enfants ?

Et lui le divin Cœur, comme un soleil à demi-voilé, rayonnait encore tant d'amour, qu'à cette heure suprême il ne pensait qu'à nous. Abandonné des hommes, délaissé sur la Croix, il nous donnait tout ce qui lui restait, sa Mère ! C'était la consommation de ses bienfaits.

« En effet, que peut-il donc donner, s'écrie Bossuet, nu, dépouillé comme il l'est, pauvre esclave qui n'a plus rien en son pouvoir dont il puisse disposer par testament ? De quelque côté qu'il tourne les yeux, Jésus ne voit plus rien qui lui appartienne, Je me trompe, il voit Marie et saint Jean qui sont là pour lui dire : « Nous sommes à vous ! »

C'est donc le seul bien qui lui reste, ô pèlerin, ce qu'il a de plus précieux Bon et de plus cher : il donne Marie à Jean et l'humanité à Marie ! Ecce Mater tua ! Tout son amour doit donc revivre en sa Mère, il transporte en ce cœur tout ce que le sien renferme de dévouement, de pardon, de généreuse tendresse. Ah ! que l'Église a bien comparé Marie à la lune brillante, la lune qui reçoit les rayons du soleil et nous les envoie, la lune qui prolonge pour nous le jour de sa sereine beauté !

Le Cœur de Jésus nous avait donc tout donné, il pouvait dire en toute vérité : « Je vous ai aimés jusqu'à la fin », car l'angoisse approchait... c'était l'heure d'abandon de toute créature et de son Père céleste, qu'il voulait endurer pour nous aider à souffrir toutes les douleurs, les ayant épuisées Je toutes. La soif de la fièvre s'ajoutait à cette soif d'amour dont son âme était altérée ! « J'ai soif », s'écria-t-il. C'est le cri de la Rédemption : Sitio ! Cœur brûlant, altéré d'amour, rien ne peut vous soulager que le salut des âmes. Sitio ! Cri éternel qu'il fera entendre à travers les siècles à toutes les âmes éprises de son amour, car il a soif, Celui qui nous apportait l'eau vive : Sitio !

Enfin, l'heure sainte étant arrivée, le Sauveur releva un peu la tête : « Tout est consommé », s'écria-t-il, puis, poussant un grand cri entremêlé de larmes : « Père, dit-il, je remets mon âme entre vos mains », et il rendit l'esprit…



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Invocation


J'admire, ô mon Sauveur, la tendresse si délicate et si généreuse de votre Cœur adorable, qui pense jusqu'à la dernière heure à l'affliction de vos enfants. Mais j'admire plus encore l'admirable pardon que vous accordez si divinement à vos bourreaux et à l'humanité tout entière, en lui donnant pour Mère votre propre Mère. Comment douter à présent de votre miséricorde, comment douter de votre pardon, puisque l'entrée de votre Cœur sacré nous sera toujours ouverte par ce nom mille fois béni : Votre Mère !



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Message par Lumen Dim 25 Juin 2023 - 19:56

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte


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Vingt-cinquième jour

Vingt-cinquième rayonnement

Le Cœur ouvert par la lance


« Fluminis impetus lætificat civitatem Dei » (Ps. 45, 5)


Les amis du Sauveur veillaient au tour de sa dépouille mortelle, priant et sanglotant. Le corps sacré, tout blanc comme une neige très pure, s'élevait devant ces pauvres désolés avec une majesté tranquille. Il avait fini de souffrir, le Fils de l'Homme, mais la trace de ses blessures horribles formait sur cette blancheur, des sillons empourprés du sang divin, maintenant glacés par la mort.

Soudain, cette mère qui veillait tout en pleurs et les quelques fidèles éplorés virent s'approcher des soldats qui venaient achever l’agonie des crucifiés, en leur brisant les jambes avant de les ensevelir.

Ils tressaillirent d'une douleur nouvelle en pensant à ce dernier outrage qu'allait subir le Sauveur, ils se mirent à supplier les soldats de l'épargner, leur montrant le saint corps dont la livide blancheur attestait la mort. « Alors, dit saint Jean dans son évangile, un soldat vint, qui de sa lance, ouvrit le côté de Jésus, et aussitôt il en sortit du sang avec de l'eau.

En effet, poussé par une force irrésistible, accomplissant sans le savoir une prophétie, Longin brandit sa lance et, s'avançant à cheval à quelques pas de la Croix, il perça le côté droit du Sauveur avec une telle violence que la pointe ressortit après avoir traversé le cour de part en part.

Des cris d'angoisse avaient répondu à cet acte brutal; mais Longin, converti jusqu'au fond de l'âme, descendit de cheval et à genoux sur le sol, il reçut le fleuve sacré d'eau mêlée d'un peu de sang qui jaillissait du côté entr'ouvert. Une lumière, la lumière surnaturelle qui sort du divin Cœur, toujours rayonnant malgré la mort, avait éclairé le cœur de Longin.

L'amour du Cœur de Jésus, comme une semence fertile qui s'échappe d'une corolle entr'ouverte et flétrie, tombe de la Croix sur le monde pour le féconder. Mystère nouveau ! la mort fait jaillir la vie ! Jésus-Christ avait donné tout son sang, mais pour qu'on sût bien qu'il nous donnait tout son amour, il voulut que son Cour fût perforé et ouvert aux yeux de tous. C'était le don dernier, le suprême rayonnement de ce divin Soleil, caché sous les voiles de la mort. Ce coup de lance est la blessure de l'amour, afin que par cette plaie visible, dit saint Bernard, nous connussions la plaie invisible que l'amour y a faite.

« Admirable parole de l'Évangile ! observe saint Augustin. Il n'est pas dit que le soldat perça le Cœur de Jésus, ni qu'il le blessa, il ne se sert d'aucune expression semblable ; mais il dit qu'il l'ouvrit, comme pour nous montrer dans ce Cœur la porte de la vie d'où sont sortis avec l'eau et le sang les Sacrements de l'Église, sans lesquels on ne peut atteindre à la vie véritable ». C'est pourquoi les Pères disent que l'Église, dont les principaux Sacrements sont ici représentés par l'eau du Baptême et le sang de l’Eucharistie, est sortie du côté de Jésus-Christ mort, comme Eve était sortie du côté d'Adam endormi.

Admirez donc, ô pèlerin, comme Jésus nous ouvre la source intarissable de la grâce, cette source d'eau vive qui jaillit jusqu'à la vie éternelle. Unissons nous à ceux qui étaient là, les quelques amis fidèles, le soldat vaincu, tous émus de douleur et de compassion. Pour la divine Mère, présente à ce suprême outrage, la parole de Siméon était accomplie : Un glaive percera votre âme de part en part. « Ah ! oui, s'écrie saint Bonaventure, le fer de la lance a traversé du même coup le Cœur du Fils et l'âme de la Mère ! »

Pour nous, la lance de Longin ouvrait les écluses de la grâce. Approchons-nous de ce Cœur, ô pèlerin, désormais il nous est ouvert ; portons lui nos fardeaux, nos douleurs, nos misères, il est assez grand pour les recevoir, assez généreux pour les soulager. Faisons en lui notre demeure; n'est-ce pas là, dans cette fente mystérieuse, que nous irons vivre et nous reposer, comme le passereau solitaire, comme l'hirondelle qui se fait un nid ? Passer invenit sibi domum, et turtur nidum sibi ponat pullis suos.

La tradition rapporte que Longin avait les yeux fatigués et presque aveugles, et qu'il recouvra subitement la vue : la vue extérieure et la vue intérieure. C'est bien là l'image de l'obscurité plus ou moins épaisse qui recouvre les yeux de notre âme. Nous aussi, nous serons illuminés par la contemplation du Sacré Cœur qui nous verse à flots la lumière, la grâce, l'amour. Mais il nous faudra aussi, ô pèlerin, réparer cette blessure outrageante causée par les offenses des hommes; il nous faudra ranimer notre zèle, prier, aimer dans la mesure que recommande saint Bernard : La mesure d'aimer Dieu est de l'aimer sans mesure, et sa raison, de l'aimer sans raison.

Un jour ne serons-nous pas mille fois heureux d'entendre le Sauveur lui- même nous adresser cette parole du Prophète : « Vos consolations ont rempli de joie mon âme, à proportion du grand nombre de douleurs qui ont pénétré mon Cœur ! »



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Invocation


Ô Cœur admirable que l'amour a blessé, laissez-nous adorer cette blessure grande ouverte qui resplendit divinement dans la mort. Le vase sacré est brisé ; mais l'amour qu'il contenait est immortel. C'est à cette source d'amour que viendront puiser les fidèles de tous les siècles, qui sont accablés et malheureux, c'est là que les faibles trouveront la force, et les forts l'humilité. Tous se réfugieront désormais dans la plaie de votre côté, ô Jésus, comme dans un bienheureux asile, comme dans une forteresse imprenable !



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Message par Lumen Lun 26 Juin 2023 - 20:45

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte


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Vingt-sixième jour

Vingt-sixième rayonnement

La Résurrection


« Ego sum lux mundi » (Jn., 7, 12)


Il y avait trois jours que le divin Crucifié était dans le tombeau. Ce tombeau, on le voit encore sous le roc taillé qui jadis faisait partie du Jardin de Joseph d’Arimathie, et qui est, aujourd'hui, enclavé dans l'église du Saint Sépulcre. Ce saint édicule, placé sous la grande coupole et qui n'est autre que le rocher lui-même, est divisé en deux chambres; la première est appelée Chapelle de l'Ange, la seconde renferme le tombeau creusé en forme d'auge dans le roc vif. Le monument tout entier est recouvert de marbres et d'ornements; mille lampes de couleurs, suspendues tout autour, le font resplendir comme un joyau sous la coupole sombre de la grande basilique.

Quelle indicible émotion saisit le pèlerin lorsqu'il pénètre sous le rocher sacré, lorsqu'à genoux sur les dalles, il baise en pleurant la place où reposait le divin Enseveli ! Un frisson parcourt l'âme entière, frisson de bonheur, de désir, d'amour ! C'est un instant de joie comme il n'en est point sur terre, un instant court comme la minute qui s'envole, rempli comme un siècle. À travers le revêtement de marbre, il semble au pèlerin qu'il voit encore la divine forme du Christ qui repose sur la pierre ! Il lui semble en baisant ce marbre froid comme le froid de la mort, sentir sous les lèvres le saint Corps rigide du Fils de Dieu ! À ce contact sacré, la vie s'accroît et se précipite comme s'il buvait à une source. Ah ! c'est que cette mort a fait jaillir la vie, c'est que cette force toute puissante a ressuscité le corps du Christ et nous ressuscitera un jour avec lui ! Ego sum ressurectio et vita.

Mais revenez, ô pèlerin, à l'immortelle scène qui se passa ici, il y a dix vingt siècles. Les amis de Jésus en pleurs, l'ayant embaumé avec les mille soins de l'amour le plus tendre, se séparèrent enfin de la dépouille sacrée, la transportèrent dans leurs bras jusqu'au sépulcre neuf de Joseph d’Arimathie à cinquante mètres du Calvaire ; et la déposèrent dans une sorte d'auge taillée dans le rocher.

Représentez-vous ce douloureux cortège, le déchirant adieu que ces amis fidèles disent à leur Seigneur et les sanglots qui l'accompagnent. Marie baise en pleurant la tête de son fils, Madeleine appuie ses lèvres sur les pieds sacrés et ne peut plus les en détacher... Pourtant il faut fermer le Tombeau et le laisser, hélas ! sous la garde des soldats Romains.

Voyez-vous à présent, ô pèlerin, le Sauveur enseveli, immobile, glacé; il veut prendre sur lui l'humiliation du linceul et du tombeau; mais en y passant lui-même il nous en ôtera l'horreur. N'est-ce point par amour qu'il reste ainsi enchaîné par la mort, et qu'il laisse son saint Corps reposer à l'ombre du tombeau ? Cette mort est une véritable victoire, la victoire de l'amour qui survit à la défaite du corps ! et plus tard ne demeurera-t-il pas ainsi toujours avec nous, dans l'anéantissement eucharistique, seul, obscur et vraiment enseveli dans le Tabernacle ? Du fond de son Tombeau glorieux, Jésus semble nous dire : Je dors, mais mon Cœur veille ! Dormio, sed Cor meum vigilat ! Et l'amour veille, l'amour qui illumine, qui réchauffe, qui console ! L'amour va con soler les saintes âmes des justes retenues dans les Limbes et leur donner l'espérance de leur prochaine entrée dans le ciel; puis il va aussi consoler sa mère, suivant une touchante tradition, et son âme lui apparaît plusieurs fois. L'amour de Jésus est infatigable, il ne peut se reposer un seul instant, c'est un feu qui se communique et veut être allumé dans tous les cœurs !

Il y avait trois jours que le saint Corps reposait; les gardes veillaient autour, de peur que les Disciples ne vinssent l'enlever. Pauvres insensés ! Celui qui marche sur les eaux et commande à la tempête saura bien briser les entraves du tombeau !

L'aube éclairait à peine l’horizon, au matin du Dimanche. Soudain, la terre tremble, le roc ébranlé s'entr'ouvre avec un bruit de tonnerre, c'est Jésus-Christ triomphant qui s'élance hors du sépulcre. Les gardes roulent par terre, aveuglés par la lumière éclatante; aussitôt l’Ange du Seigneur descend comme un éclair et s'assied sur l'énorme pierre renversée.

Contemplez, ô pèlerin, le Soleil éblouissant qui se lève sur le monde ; admirez le nouvel éclat du Cœur transpercé. Et comme ce Corps abîmé par la souffrance resplendit ! Les Anges ont recueilli précieusement les parcelles de sa chair sacrée, tombées sur la terre sous les coups de la flagellation ; ils ont recueilli les gouttes de sang divin qui arrosait le Calvaire tout autour de la Croix, et voilà que la divinité qui toujours réside en ce Corps a mystérieusement réuni ces parcelles; l'âme du Sauveur revient, et ce Corps soudain reconstitué sort du tombeau par sa toute puissance, semblable au soleil qui s'élève à l'horizon et monte inondant tout de sa clarté. Ses blessures lancent des feux, celle de son Cœur surtout est enflammée. Une beauté divine éclate en son humanité sainte, la beauté sereine du vainqueur.

Vainqueur de la mort et de la souffrance, vrai Vainqueur de l'amour ! Ego sum resurrectio et vita.

Le Cœur de Jésus est pour nous le gage de la résurrection, car il de meure avec nous par l'amour, pour nous ressusciter au dernier jour : « Celui qui croit en moi, je le ressusciterai ». Il est présent sur l'autel dans le Sacrement, afin que nous trouvions, que nous aimions ce Cœur, qui est là pour nous guérir, nous relever, nous purifier, nous ressusciter à la grâce.

La vie ! Ceux que la lumière de la Résurrection n'éclaire pas, les insensés qui détournent la tête pour ne pas être aveuglés de la vérité, ceux-là n'ont point part à la vie. La vie est à ceux qui croient, elle est aux âmes sincères où vibrent ces deux cordes divines ! la foi et l'amour ! Or, le Cœur de Jésus est le foyer de la vie ; allons donc puiser à cette source permanente et intarissable; nous savons désormais où trouver la régénération et la vie véritable. Ego sum resurrectio et vita !



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Invocation


Seigneur, votre beauté est ancienne mais toujours nouvelle, car ce Corps meurtri refleurit d'une jeunesse nouvelle, les blessures de votre Passion sont transfigurées en rayons de gloire. Votre Cœur divin surtout resplendit, donnez- nous de le voir un jour, ce Cœur adorable qui projette sur le monde son éternel amour ; donnez nous de le connaître et de l'aimer sur cette terre d'exil, en attendant la joie de le contempler dans la céleste Patrie !



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Message par Lumen Mar 27 Juin 2023 - 13:18

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte


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Vingt-septième jour

Vingt-septième rayonnement

L'apparition à Marie-Madeleine


« Anima mea liquefacta est, ut locutus est » (Ct. 5, 6)


Depuis la mort du Sauveur, Marie Madeleine ne pouvait s'éloigner du Tombeau où reposait son unique amour. Dès que le jour, à peine levé, lui permettait de sortir, elle courait seule ou accompagnée d'autres saintes Femmes, vers le Saint Sépulcre.

Le Dimanche, à l'aurore, elle devança ses compagnes et, les mains chargées de parfums nouveaux qu'elle voulait verser sur son Maître adoré, elle se dirigea vers le Tombeau. Elle s'approcha très près, car les gardes n'étaient plus là. Tout en pleurant, elle se baissa pour regarder dans le Sépulcre dont la porte est très basse ; elle vit la pierre écartée et le Tombeau vide. À cette vue, Madeleine alarmée court en toute hâte à la maison où étaient Pierre et Jean et s'écrie : « Ils ont enlevé le Maître et je ne sais où ils l'ont mis ».

« Pierre et Jean sortirent de la maison et vinrent au Tombeau. Ils couraient tous deux ; mais le disciple que Jésus aimait courut plus vite que Pierre et l'ayant devancé, il arriva le premier au sépulcre. Là s'étant incliné, il vit les bandelettes détachées du corps et posées à terre. Le suaire, dont on avait recouvert la tête de Jésus , était placé à part, roulé séparément ». Jean vit ces signes certains de la Résurrection et crut aussitôt, alors il s'en retourna avec Pierre.

Madeleine, elle, ne pouvait quitter un lieu si cher. Elle était toute noyée dans ses larmes, toute languissante d'amour : Christi amore languida ; elle chercha de nouveau à regarder dans le Sépulcre et se baissant :

« Elle vit deux Anges vêtus de blanc, assis l'un à la tête, l'autre au pied, là où avait été placé le corps. Lesquels lui dirent : « Femme, pourquoi pleurez-vous ? » Elle leur répondit : « Parce qu'ils ont enlevé mon Seigneur et je ne sais pas où ils l'ont mis ».

Ayant dit ces mots et absorbée dans l'unique pensée qui l'occupait, elle se retourna et fit quelques pas en avant comme égarée par la douleur : ses longs cheveux tombaient en désordre autour d'elle, et elle ne savait où elle allait. Soudain, elle vit devant elle un homme qu'elle prit pour un jardinier du jardin de Joseph d'Arimathie ; aussitôt elle s'écria avec impétuosité : « Seigneur, si c'est vous qui l'avez enlevé, dites-moi où vous l'avez mis et je l'emporterai ».

Quelle vaillance dans cette femme ! il n'y a point de borne à son amour : seule contre tous, elle disputera son Seigneur, elle l'enlèvera s'il le faut, et, faible femme, elle l'emportera dans ses bras !

Mais Jésus, car c'était lui sous les habits d'un jardinier, lui dit ce seul mot : « Marie ! » Aussitôt elle se retourne à la voix du Maître, et s'élance à ses pieds : « Rabbouni ! » s'écrie-t-elle. Oh ! quel accent dans ces deux mots ! Quel doux appel dans ce nom de « Marie ! » Quelle harmonie céleste dans la voix du Sauveur, que de tendresse et de révélation dans ce seul mot : « Marie ! » Qui ne voudrait entendre son nom prononcé par un telle bouche ; qui ne voudrait le voir inscrit au fond du Cœur de Jésus-Christ !

Le mot de : « Maître ! Rabbouni ! », résume tout chez Madeleine, la joie intense du revoir, la possession enfin retrouvée, l'adoration, l'amour ! Rabbouni !

Est-il, en effet, une révélation plus touchante, plus directe de l'amour du Cœur sacré, que cette consolante apparition ? Ce n'est point le salut du monde qui excite aujourd'hui ses ardeurs, ni la pensée des pauvres pécheurs qui l'enivre de dévouement comme au jour de la Passion ; c'est une âme, une seule âme qui l'occupe et l'attire, et qui, à cette heure, l'adore dans l'extase du bonheur. Tout disparaît, le Cœur de Jésus rayonne sur cette âme, il se donne à elle avec une infinie tendresse.

Le divin Maître ne peut résister à l'appel d'une âme, il est tout prêt, maintenant comme alors, à répondre au cri désolé d'un cœur qui le cherche avidement, à répandre sur lui les trésors de son Cœur divin ; caché sous les voiles eucharistiques, il est toujours là, présent avec nous depuis la merveilleuse invention de son amour !

Il se manifeste par la grâce, la paix, la consolation, à l'âme fidèle qui le cherche et qui le trouve au fond de douleurs. Si dans l'affliction elle l'invoque : tout bas, dans le silence du cœur, l'âme entend la voix divine qui l'appelle par son nom et c'est fini ! l'angoisse disparaît, le courage revient plus fort, la résignation plus grande, et la coupe de douleur semble épuisée, parce que l'Ami souverain a paru.

Mais en cette vallée de larmes, la joie est toujours de courte durée, Jésus le rappelle à Madeleine et par elle nous donne à tous une grande leçon ; il ne veut point qu'elle baise ses pieds sacrés comme autrefois : « Ne me touche point, dit-il, en arrêtant son élan, car je ne suis pas encore remonté vers mon Père ». Il lui rappelle, en ce moi, le grand mystère accompli, la résurrection de son corps qui doit habiter le ciel désormais ; mais s'il veut rester encore avec nous, ce sera invisiblement par l'amour de son Cœur, et par le Sacrement.

La possession visible et sans fin, ô pèlerin, est donc réservée pour le ciel. La possession eucharistique contente, il est vrai, notre âme, mais non point nos sens. La plénitude de la joie n'est pas faite pour la terre. Il faut tendre plus haut, il faut que la foi, cette flamme céleste, s'alimente surnaturellement, et que notre amour plus austère s'éprouve loin de la présence du divin Maître… Madeleine le comprit ; consolée et ravie, elle quitta le Seigneur et chercha par une prodigieuse austérité à mériter de le revoir face à face, sans jamais craindre de le perdre. « Il faut mourir avec Jésus, dit le P. Lacordaire, pour toucher de nouveau Jésus »



Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte 133361504_o

Invocation


Ô bon Maître ! Rabbouni ! Nous vous retrouvons enfin après l'absence du tombeau ; le rayonnement de votre Cœur resplendit à nouveau et la mort est vaincue par votre triomphant amour. Il vit et vivra toujours avec nous, ce Cœur sacré qui se dévoile à ses plus chers amis, pressé de consoler leur angoisse mortelle. Apprenez-nous donc à vous chercher : comme Madeleine éplorée, car l'amour appelle l'amour, et vous viendrez à nous, ô divin Cœur, vous vous montrerez par les signes de votre grâce jusqu'au jour de la possession éternelle.



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Message par Lumen Mer 28 Juin 2023 - 20:12

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte


Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte 133361509_o

Vingt-huitième jour

Vingt-huitième rayonnement

Emmaüs


« Nonne cor nostrum ardens erat in nobis ? » (Lc. 24, 32)


Le jour de la Résurrection, vers le soir, deux Disciples s'en allaient de Jérusalem au bourg d'Emmaüs, situé environ à soixante stades (trois lieues) de la Ville sainte. Emmaüs est beaucoup moins élevé que Jérusalem ; mais pour y arriver il faut gravir un pays montagneux et rocailleux, traversé par la profonde vallée du Térébinthe, que sillonne le torrent tant célèbre où David ramassa la pierre qui devait tuer Goliath.

Les deux Disciples s'entretenaient des grands évènements arrivés à Jérusalem et dont tous les esprits étaient agités ; mais ils étaient profondément affligés de n'avoir point vu le Seigneur qu'on disait ressuscité. Tout en conversant avec tristesse et gravité et comme ils passaient dans la vallée de Térébinthe, un homme se joignit à eux et leur demanda doucement de quoi ils parlaient et d'où venait leur tristesse.

L'un des Disciples lui répondit : « Êtes-vous donc tellement étranger à Jérusalem, que vous ne sachiez rien des choses qui sont arrivées ces jours ci ? » « Quelles choses ? » dit le voyageur. Ils reprirent : « Au sujet de Jésus de Nazareth qui était un Prophète puissant en œuvres et en paroles devant Dieu et devant les hommes. « Ignorez-vous comment les Princes des Prêtres et les Anciens de notre nation l'ont livré et l'ont crucifié ? Nous espérions qu'il était Celui qui doit délivrer Israël ; mais voici maintenant trois jours que ces choses ont eu lieu ».

Alors les Disciples racontèrent avec l'accent du découragement que le Sépulcre était vide et que les saintes Femmes disaient avoir vu le Seigneur vivant et ressuscité ; mais ils appelaient cela délire de femme : deliramenta.

Alors le voyageur inconnu leur dit : « Ô insensés ! Cœurs lents à croire les Prophètes, ne fallait-il pas que le Christ endurât ces souffrances et qu’ainsi il entrât dans sa gloire ? » Ensuite il leur commenta les prophéties et leur expliqua ce qui était dit du Christ dans les Saintes Ecritures.

Cheminant ainsi tous trois, ils arrivèrent au seuil de la maison de Cléophas, l'un des deux Disciples, et le voyageur parut vouloir les quitter ; mais ils insistèrent pour qu'il restât, disant : « Il se fait tard, le jour est déjà sur son déclin ». L'inconnu entra et se mit à table avec eux, tout-à coup il prit du pain, le bénit, le rompit et le leur présenta comme au jour de la Cène. À cet instant, leurs yeux s'ouvrirent, ils reconnurent leur divin Maître ; mais aussitôt il disparut. Les Disciples, remués jusqu'au fond de l'âme, se dirent l'un à l'autre : « Notre cœur n'était-il pas tout brûlant au dedans de nous lorsqu'il nous parlait dans le chemin et qu'il nous expliquait les Ecritures ? »

Ainsi, ô pèlerin, le divin Cœur de Jésus se trouve partout sur le chemin de notre vie, à tous les passages difficiles, prêt à nous aider et à nous éclairer. Quand une âme livrée à quelque perplexité ou quelque sécheresse doute, s'attriste, désespère, il vient par sa grâce, fortifie et illumine cette âme.

Il est bon de s'entretenir des choses de Dieu ; mais si notre esprit limité se perd, si notre foi s'égare, le divin Voyageur viendra nous remettre dans le droit chemin. Son amour ne peut supporter de voir les siens errants, affligés ; c'est en ami qu'il vient à eux et leur demande doucement de lui ouvrir la porte de leur cœur.

Quand l'âme, médite et prie, le divin Cœur l'écoute et la suit, puis il fait semblant de partir, afin d'être retenu, d’être supplié. Alors il se révèle. Non seulement il attend les âmes, mais souvent il a pitié de la faiblesse de notre foi, il les poursuit de ses sollicitations, leur donne de précieuses leçons jusqu'à l'heure où l'âme éblouie s'écrie : C'était le Seigneur ?

Mais le passage du Seigneur est de courte durée, comme tout bonheur sur terre ; il faut saisir cet instant rapide, car l'on peut manquer la venue divine et repousser la grâce. Il faut pour écouter sa parole, un cœur docile et plein de bonne volonté.

Admirez encore, ô pèlerin, l'humilité très grande du divin Cœur qui se plaît à dévoiler ses plus hauts secrets à ces deux simples disciples. Les orgueilleux ne trouvent jamais assez d'auditeurs pour écouter leurs discours et croient s'abaisser en parlant à des hommes de condition inférieure ; mais le Seigneur converse familièrement avec ses deux pauvres compagnons de route et marche avec eux. Admirez aussi, combien cette manière de se faire reconnaître est touchante : l'Eucharistie : C'est là le grand moyen de Dieu pour s'attirer les âmes, pour fortifier les faibles, pour confirmer les forts ; c'est le signal divin !

Souvent l'âme aveugle reçoit l’hôte céleste d'un cœur indifférent ; mais un acte de bonté suprême, la touche puissante de la grâce, le lui fait reconnaître : le cœur s'échauffe à ce contact sacré, et adore ce Cœur dont les rayons d'amour l'illuminent.



Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte 133361511_o

Invocation


Ô Cœur sacré, protégez-nous en ce passage de la terre et ne nous quittez pas ; ouvrez nos yeux, éclairez nos pas, dissipez nos doutes. Si mon cœur est uni au Vôtre, qui craindrai-je ? Vous l'avez dit, ô divin Maître : « Que votre cœur ne se trouble point et ne craigne point. Comme mon Père m'a aimé, c'est de ce même amour que je vous aime. Demeurez dans mon amour ». Et nous vous le demandons, comme les deux Disciples d'Emmaüs, ô Seigneur, demeurez avec nous, nous voulons habiter avec vous. Hic habitabo, quoniam elegi eam (Ps. 131, 15).



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Message par Lumen Jeu 29 Juin 2023 - 21:19

Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte


Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte Jan_van_Orley_-_Miraculous_Catch_of_Fish-e1589459286238

Vingt-neuvième jour

Vingt-neuvième rayonnement

La pêche miraculeuse


« Dominus est ! » (Jn. 21, 7)


Jésus ressuscité ne pouvait se résoudre à quitter les siens, il vivait encore avec eux, leur apparaissait sans cesse, leur montrait ses pieds et ses mains percés, et rompait avec eux le pain comme il le fit avec les Disciples d'Emmaüs.

Vraiment ses délices sont d'être avec les enfants des hommes ! Quelle tendresse infinie dans ses rapports avec ses Apôtres, quelles douces paroles il leur distribue dans ces apparitions ineffables; il ne peut les quitter, il les rejoint partout. « Pourquoi êtes-vous tristes ? », demande-t-il aux uns. « Ne vous troublez pas, ne craignez rien », dit-il à ceux-là. « Paix à vous, paix à vous », répète-t-il à tous. Comme le Cœur de Jésus palpite dans ces récits admirables du saint Évangile ! Son amour est transparent, translucide au travers des mots et des actes.

Un jour Pierre, qui était revenu en Galilée après la Résurrection avec quelques Apôtres et Disciples, sentit sa première vocation se réveiller en lui à la vue du beau lac de Tibériade et dit à ses compagnons : « Je vais pêcher ». Thomas, les fils de Zébédée et quelques autres lui répondirent : « Nous allons pêcher avec vous ». Et ils tendirent leurs filets dans la mer; mais la pêche fut infructueuse, de toute la nuit ils ne prirent pas un seul poisson.

Au matin, Jésus parut sur le rivage et leur dit : « Enfants, avez-vous fait une bonne pêche? » « Non », répondirent-ils sans le reconnaître. Jésus reprit : « Jetez les filets à droite et vous trouverez ». Ils obéirent, mais ne pouvaient plus retirer les filets, tant ils étaient chargés de poissons. Aussitôt Jean dit à Pierre : « C'est le Seigneur ! » Admirable intuition de l'amour ! Jean le reconnaît moins à sa forme visible qu'à son adorable bonté !

Et voyez vous-même, ô pèlerin, combien Jésus est rempli d'une tendre sollicitude pour eux ! Tandis que la barque chargée approchait lentement du rivage, il avait préparé du feu sur le sable pour y faire cuire quelques poissons, et quand ses Disciples furent près de lui, il les servit lui-même de ses mains glorieuses. Le prodige les avait tous confondus, ils reconnaissaient à présent leur Seigneur; mais n'osaient le questionner, tant ils étaient saisis d'admiration et de respect.

Mais le Maître reprenait avec eux la douce familiarité d'autrefois, son Cœur divin se laissait aller à des épanchements intimes et tendres, excitant en eux leur foi et leur amour. Oh ! l'admirable festin ! Les Disciples contemplent le visage adoré du Maître, et ne peuvent se rassasier de cette vue, ils se nourrissent spirituellement et corporellement avec le Seigneur. Heureuse l'âme qui s'entretient avec Jésus-Christ et qui reçoit les rayonnements de ce Cœur qui apporte le feu sur la terre et cherche à l'allumer dans toutes les âmes !

Ce miracle est d'une grande leçon, ô pèlerin. L'œuvre de l'homme est stérile en soi si Dieu ne la féconde; mais il faut que l'homme apprenne son impuissance afin de recourir à Dieu en toute entreprise. Ces simples pêcheurs que Jésus-Christ allait élever au sacerdoce en les faisant pêcheurs d'hommes, apprenaient par ce symbole miraculeux que la grâce opérerait des prodiges par leur ministère, que Dieu donnerait une merveilleuse fécondité à leur apostolat. Ils allaient dès lors, à la parole du Maître, jeter les divins filets sur les multitudes et faire des captures d'âmes. Il était donc nécessaire d'exciter leurs sentiments de foi et d'amour au moment où Jésus allait confirmer leur vocation et élever Pierre à la dignité souveraine.

« Après qu'ils eurent mangé, dit saint Jean, le Seigneur dit à Pierre : « Simon, fils de Jean, m'aimes-tu plus que ne m’aiment ceux-ci ? » « Oui, Seigneur, répondit-il, vous savez que je vous aime ». Et trois fois Jésus renouvela cette demande et trois fois Pierre, avec un élan plus ardent, lui répondit : « Oh ! oui, Seigneur, je vous aime ». Et Jésus lui dit : « Pais mes brebis... »

Celui qui devait être le plus élevé en dignité, devait être aussi plus éprouvé en amour, plus fortifié en la foi. Déjà l'amour avait sa récompense, « car c'est l'office de l'amour, dit saint Augustin, de paître le troupeau du Seigneur ». Et par cette consécration de Pierre, le Cœur de Jésus transportait en son Apôtre et par lui en tous ses prêtres une partie de son grand amour pour les hommes.

Le Seigneur s'entretint encore quelques instants avec ses Disciples, puis il disparut. Ses visites n'étaient qu'une vision fugitive, mais infiniment consolante et douce. C'était pour eux un peu comme la visite eucharistique l'est pour les âmes. Elle est courte, l'âme ressent le bonheur de la présence réelle, sans pourtant savourer la douceur de ne plus la perdre.

Sur cette terre d'ombres, il en sera ainsi jusqu'à la fin; la jouissance pleine est réservée pour l'éternité, et nous ne goûtons ici bas qu'en de furtifs instants combien le Seigneur est doux !



Le Mois du Sacré Cœur de Terre Sainte 133361519_o

Invocation


Seigneur, ne nous abandonnez pas dans notre exil, car nous vous aimons, oh ! oui, Maître, vous le savez; mais si notre foi est chancelante, notre amour peu ardent, ayez pitié de notre faiblesse et fortifiez-nous, afin que nous aussi nous devenions des apôtres, apôtres par l'exemple et par la prière. Si vous nous apparaissiez tout-à-coup dans la splendeur de votre humanité sainte, nul ne pourrait résister à vos attraits; mais nous ne vous voyons pas, vous ne nous consolez pas toujours, et pourtant toujours dans le silence de l'oraison, votre divin Cœur attentif rayonne avec amour sur l'âme qui prie.



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