Histoires sur le Scapulaire de Notre-Dame du Mont-Carmel

        Un homme qui avait failli à l’honneur et qui redoutait les poursuites de la justice, voulait absolument, pour se soustraire à ses terreurs, en finir avec la vie, quoi que pût faire et dire le Père Millériot, de la Compagnie de Jésus.

        « Au moins, lui dit le zélé missionnaire, au moins, mon ami, accordez-moi une grâce : je vais vous donner le Scapulaire ; promettez-moi de ne le quitter jamais.

        - Mon Père, je vous le promets... Vous avez été si bon pour moi ! »

        Et il s’en va... Le Père se disait tout bas dans ce langage aussi apostolique qu’original qui lui était familier : « Mon ami, je te tiens... Tu peux te tuer si tu veux... tu n’en mourras pas. » Le même jour, le malheureux que poursuivait la tentation du désespoir, pour accomplir sa funeste résolution, se jette dans la Seine ; mais il ne put jamais se noyer, quoiqu’il s’y reprit à deux fois et ne sachant pas nager. Il avait garder son Scapulaire. Il fut très malade et se convertit.

        En pareille occasion, le Père Millériot aimait à rappeler la promesse solennelle de la Très Sainte Vierge : In quo quis moriens aeternum non patietur incendium : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

        Ce fait s’est passé il n’y a pas dix ans encore.

        « Marie s’engage par la promesse : Quiconque mourra revêtu du Scapulaire... ( [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] ) envers ses enfants du Carmel, à leur obtenir la persévérance dans la justice, ou une sincère conversion. » (R. P. Victor Dumax, sous-directeur de l’Archiconfrérie de Notre-Dame des Victoires)

        « Mais quoi ! me dira-t-on peut-être, la Sainte Vierge me viendra-t-elle retirer de l’enfer après que mes désordres m’y auront entraîné ? Ou bien m’obtiendra-t-elle le privilège de revenir sur la terre, pour m’y purifier par la pénitence ?

        « À ces objections frivoles, continue le Vénérable P. de la Colombière [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] (sermon du 16 juillet 1675 à Lyon), je pourrais opposer des exemples très authentiques, où vous verriez qu’en faveur du Scapulaire Marie a quelquefois arrêté des âmes impénitentes dans des corps épuisés de sang et percés de coups, pour leur ménager le temps de se réconcilier avec Dieu.

        « Mais, chrétiens, vous savez combien ce serait téméraire que de s’attendre à de pareils miracles. La Mère de Dieu a entre ses mains toutes les grâces et toutes les miséricordes du Seigneur... Si cependant, malgré toutes ces grâces, vous vous obstinez à ne point changer de vie : si vous fermez les yeux à tant de lumières : si, de votre propre mouvement, vous vous livrez à votre ennemi, en un mot, si vous voulez mourir dans votre péché, vous y mourrez, chrétiens ; Dieu même ne peut forcer une volonté déterminée à se perdre. Oui, vous mourrez dans l’impénitence, vous mourrez dans votre péché ; mais alors vous ne mourrez point sous le Scapulaire. »

         « Si Marie ne peut pas vous retirer de vos désordres, elle trouvera le moyen de vous arracher sa livrée. Vous mêmes, oui, vous mêmes, plutôt que de mourir en réprouvés sous ce saint habit, vous vous en dépouillerez, semblables à ce malheureux qui, ayant tenté plusieurs fois, mais inutilement de se noyer, et ne sachant à quoi attribuer un événement si prodigieux, s’aperçut qu’il portait un Scapulaire, et demeura si persuadé que c’était l’obstacle qui s’opposait à son funeste dessein, qu’il se l’arracha ; et se replongeant ensuite pour la quatrième ou cinquième fois, les mêmes flots qui l’avaient épargné jusqu’alors l’étouffèrent dans un moment. Il mourut dans son péché, il mourut même en péchant et en commettant le plus grand de tous les crimes ; mais il ne put mourir qu’après s’être dépouillé de cet habit de salut, [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], in quo quis moriens aeternum non patietur incendium...

         « Vous voyez, chrétiens, de quelle manière la Sainte Vierge s’est engagée à procurer votre salut ; elle s’y est engagée, et par des paroles très expresses, et par des effets encore plus admirables que ses paroles. » (Vie du [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien])

 
          Une jeune personne, ayant eu le malheur d’oublier les bons principes, en lisant de mauvais livres et en fréquentant des compagnies dangereuses, se laissa aller à commettre une faute qui compromit son honneur.

         Dévorée par le remords, au lieu de se jeter aux pieds de Jésus et de Marie pour implorer pardon et miséricorde, elle se laissa aller au désespoir, le seul crime impardonnable parce qu’il est sans remède.

        Agitée par les plus sombres pensées, elle se précipite dans la rivière ; mais quel n’est pas son étonnement, en voyant que, quoiqu’elle ne sache pas nager, elle ne peut néanmoins parvenir à se noyer, et, malgré ses efforts, reste sur l’eau !

        Cependant un pêcheur qui l’avait aperçue lorsqu’elle accomplissait son crime, court à son secours ; mais voici qu’au moment où il allait l’atteindre, le démon, sans doute, dit à cette infortunée que ce qui l’empêchait de se noyer, c’était le Scapulaire qu’elle portait au cou.

        Aussitôt elle l’arrache et le rejette loin d’elle, et en même temps elle s’enfonce, non pas seulement dans les flots, mais dans les abîmes sans fond et sans rivages de l’éternité. ("La Dévotion à Marie en exemples" du Père Huguet, Tome II, trait n°218 tiré du Bx Claude de la Colombière : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] )

        On lit dans les Annales du Carmel :
 
                « En 1875, un jeune homme auquel je donnais le Scapulaire me raconta le fait suivant qui venait de se passer dans sa paroisse, et il en connaissait parfaitement le triste héros. Un homme, livré à la boisson et à tous les désordres, donnait de grands scandales dans le pays. Il n’entrait jamais à l’église et ne passait jamais devant un prêtre sans blasphémer. Il ne cessait pourtant pas de porter le Scapulaire qu’il avait reçu à sa première communion. La maladie, fruit de ses désordres, vint le surprendre et le réduisit promptement à l’extrémité. L’approche de la mort ne changea rien à ses malheureuses dispositions, il refusa obstinément le prêtre ; et enfin il tomba dans une léthargie profonde, signe prochain de la mort. On s’attendait à chaque instant à le voir expirer ; mais tout à coup il ouvre les yeux, s’agite, se débat avec une extrême violence. On s’empresse autour de lui, on lui demande ce qu’il éprouve : J’étouffe, crie le moribond avec une sorte de frénésie, j’étouffe ; en disant ces paroles il écarte des deux mains avec une fiévreuse impatience les vêtements qui couvraient sa poitrine. Ayant enfin rencontré son Scapulaire : « Voilà, dit-il, ce qui me fait tant souffrir », et l’arrachant, il le jette loin de lui et expire avec tous les signes affreux de la réprobation. »

                Tous les faits que nous avons cités, prouvent suffisamment que Marie n’a point autorisé par les promesses faites au Scapulaire ( [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] ), une vaine présomption ; mais qu’elle ferait plutôt un miracle que de délaisser ceux qui se confient en elle ! et comme le proclame l’Église par la voix de saint Bernard : « Le serviteur de Marie ne périra jamais ! » (Numquam peribit.)