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Mois de MARIE avec Saint LOUIS-MARIE GRIGNION DE MONFORT

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Message par Lumen Mar 30 Avr 2024 - 18:48

Mois de Marie avec Saint Louis-Marie Grignion de Montfort


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Veille du premier jour

La grâce est nécessaire pour devenir saint :
le moyen de l'obtenir, c'est Marie


I. Âme, image vivante de Dieu et rachetée du sang précieux de Jésus-Christ, la volonté de Dieu sur vous est que vous deveniez sainte comme lui dans cette vie, et glorieuse comme lui dans l'autre. L'acquisition de la sainteté de Dieu est votre vocation assurée, et c'est là que toutes vos pensées, paroles et actions, toutes vos souffrances et tous les mouvements de votre cœur doivent tendre, ou bien vous résistez à Dieu, en ne faisant pas ce pour quoi il vous a créé et vous conserve maintenant. Oh ! quel ouvrage admirable ! la poussière changée en lumière, l'ordure en pureté, le péché en sainteté, la créature en son Créateur et l'homme en Dieu ! Ouvrage admirable, je le répète, mais ouvrage difficile en lui-même et impossible à la seule nature. Ô âme, comment feras-tu ? Quels moyens choisiras-tu pour monter où Dieu t'appelle ?

Les moyens de salut sont connus de tous : ils sont marqués dans l'Evangile, expliqués par les maîtres de la vie spirituelle, pratiqués par les saints, et nécessaires à tous ceux qui veulent se sauver et arriver à la perfection. Pour pratiquer tous ces moyens de salut et de sainteté, la grâce de Dieu est absolument nécessaire, et cette grâce est donnée à tous plus ou moins grande : car Dieu, quoique infiniment bon, ne donne pas la grâce également forte à tous, quoiqu'il la donne suffisante à chacun. L'âme fidèle, avec une grande grâce, fait une grande action, et avec une faible grâce fait une petite action : le prix et l'excellence de la grâce donnée par Dieu et suivie par l'âme font le prix et l'excellence de nos actions. Tout se réduit donc à trouver un moyen facile d'obtenir de Dieu la grâce nécessaire pour devenir saint, et c'est celui que je veux vous apprendre.


II. Je dis que, pour trouver cette grâce de Dieu, il faut trouver Marie, parce que :

C'est Marie seule qui a trouvé grâce devant Dieu, et pour soi et pour chaque homme en particulier. Les patriarches et les prophètes, tous les saints de l'ancienne loi n'ont pu trouver cette grâce.

C'est elle qui a donné l'être et la vie à l'Auteur de toute grâce, et, à cause de cela, elle est appelée la Mère de la grâce : Mater gratiæ.

Dieu le Père, de qui tout don parfait et toute grâce descend comme de sa source essentielle, en lui donnant son Fils, lui a donné toutes ses grâces, en sorte que, comme dit saint Bernard, la volonté de Dieu lui est donnée en Elle et avec Elle.

Dieu l'a choisie pour la trésorière, l'économe et la dispensatrice de toutes ses grâces, en sorte que toutes ses grâces et tous ses dons passent par ses mains ; et, selon le pouvoir qu'elle en a, suivant saint Bernardin, elle donne à qui elle veut, comme elle veut et autant qu'elle veut les grâces du Père éternel, les vertus de Jésus-Christ et les dons du Saint-Esprit.

Comme, dans l'ordre naturel, il faut qu'un enfant ait un père et une mère, de même, dans l'ordre de la grâce, il faut qu'un véritable enfant de l’Église ait Dieu pour père et Marie pour mère ; et s'il se glorifie d'avoir Dieu pour père n'ayant point la tendresse d'un véritable enfant pour Marie, c'est un trompeur qui n'a que le démon pour père.

Puisque Marie a formé le Chef des prédestinés qui est Jésus-Christ, c'est à elle aussi de former les membres de ce Chef, qui sont les vrais chrétiens. Quiconque veut donc être membre de Jésus-Christ plein de grâce et de vérité doit être formé en Marie par le moyen de la grâce de Jésus-Christ qui réside en elle en plénitude pour être communiquée en plénitude aux vrais membres de Jésus-Christ et à ses vrais enfants.

Marie a reçu de Dieu une domination particulière sur les âmes pour les nourrir et les faire croître en Dieu. Comme l'enfant tire toute sa nourriture de sa mère, qui la lui donne proportionnée à sa faiblesse, de même les prédestinés tirent toute leur nourriture spirituelle et toute leur force de Marie.

Marie est appelée par saint Augustin, et est, en effet, le moule vivant de Dieu, forma Dei, c'est-à-dire que c'est aussi en Elle seule qu'un Dieu Homme a été formé au naturel sans qu'il lui manque aucun trait de la divinité ; et c'est en Elle seule que l'homme peut être formé en Dieu au naturel autant que la nature humaine en est capable par la grâce de Dieu.

III. La difficulté est donc de savoir trouver véritablement la divine Marie pour trouver toute grâce abondante. Dieu étant maître absolu peut communiquer par lui-même ce qu'il ne communique ordinairement que par Marie. Cependant, selon l'ordre naturel que la divine Sagesse a établi, il ne se communique ordinairement aux hommes que par Marie. Dans l'ordre de la grâce, comme dit saint Thomas, il faut, pour monter et s'unir à lui, se servir du même moyen dont il s'est servi pour descendre à nous pour se faire homme et pour nous communiquer ses grâces. Le moyen donc pour trouver la grâce et une grâce abondante, c'est une vraie dévotion à Marie.



Histoires

Dès l'âge de cinq ans, le P. de Montfort goûtait les vérités chrétiennes assez vivement pour les répéter à sa mère. Mais il exerçait surtout son zèle envers une de ses jeunes sœurs nommée Louise, qu'il affectionnait plus que les autres. Quoique enfant, il mettait tout en œuvre pour lui faire quitter les amusements de l'enfance, et la séparait par adresse de ses compagnes pour la mener prier Dieu.

Témoignait-elle quelque répugnance ? il lui faisait de petits présents, et lui disait : « Ma petite sœur, vous serez toute belle, et tout le monde vous aimera si vous aimez Dieu ». Aussitôt elle le suivait et attirait ses compagnes pour réciter le chapelet à l'exemple de son frère. Pour les engager à le dire tous les jours, il leur donnait ce qu'il avait de plus beau. Le plus grand plaisir qu'elles pouvaient lui faire était de lui parler ou de lui faire parler de Dieu.

Cette intelligence si vive des choses de Dieu dans un âge si tendre, ce mépris des amusements qui font la vie de l'enfance, ce zèle pour la gloire de Dieu, cette tendresse filiale pour la Sainte Vierge nous montrent que, dès l'aurore de sa vie, le P. de Montfort eut des communications intimes avec Dieu, et que Marie, dont il devait être, après saint Bernard, un des plus dévots serviteurs et le panégyriste le plus profond, n'attendit pas que cette âme prédestinée vint la chercher. Pareille à cette sagesse dont il est parlé dans l'Ecriture, elle le prévint, allant à sa rencontre comme une mère pleine de tendresse (Vie du Vén. P. de Montfort, par Pauvert).



Dévotion d'O'Connell pour Marie


Les plus grands génies du catholicisme ont toujours montré une tendresse vraiment filiale envers la sainte Vierge.

« Qui plus que le grand O'Connell fut plus tendre pour la Reine du ciel et plus zélé pour son culte ? Il en parlait au peuple comme de la Mère du peuple. Il est devenu fameux, ce jour que, emporté par un sentiment extraordinaire de dévotion et de tendresse pour Marie, il en fit l'éloge en présence de plus de cent mille personnes, catholiques et protestants tous ensemble. Cette multitude, ravie et comme suspendue à ses lèvres, crut entendre un docteur, un Père de l’Église énumérer les gloires et chanter les louanges de la Mère de Dieu. Après sa célèbre harangue qui devait faire ouvrir aux catholiques les portes du Parlement anglais, pendant que les plus fameux orateurs s'animaient dans ce grand débat, O'Connell se tenait là, retiré dans un angle de la salle, récitant le Rosaire... » (P. Ventura).

Ce fut en répétant souvent la tendre prière de Saint Bernard Souvenez-vous, en renouvelant à chaque instant des actes de contrition, et en prononçant les noms de Jésus et de Marie, que s'éteignit cette grande voix qui avait ébranlé le monde et que s'envola cette grande âme qui avait éveillé l'admiration de la terre (Chrétiens et hommes célèbres au XIXe siècle, A. Baraud).



Pratique : Demandez à Dieu de vous communiquer quelque chose de l'esprit de sainteté qui était en Marie. Cet esprit de sainteté, c'est l'Esprit-Saint pénétrant l'âme de Jésus-Christ et celle de sa Mère dans un degré de perfection que nous ne comprendrons jamais. - Dieu veut nous communiquer par la Sainte Vierge ce même esprit, avec toutes ses inclinations, à une double condition : nous détacher de nous-même, nous unir à Dieu par la charité.


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Ô Jésus, venez et vivez en nous, par Marie, dans votre esprit de sainteté !

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Dernière édition par Lumen le Mer 1 Mai 2024 - 20:40, édité 1 fois
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Message par Lumen Mer 1 Mai 2024 - 12:02

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Premier jour

Gloire de Marie sur la terre


C'est par la très sainte Vierge Marie que Jésus-Christ est venu au monde : c'est par elle qu'il doit régner dans ce monde (Tel est l'abrégé de tout le Traité de la dévotion à Marie).


I. Marie, a été très cachée dans sa vie : c'est pourquoi elle est appelée par le Saint-Esprit et l’Église alma Mater, Mère cachée et secrète. Son humilité a été si profonde, qu'elle n'a point eu sur la terre d'attrait plus puissant et plus continuel que de se cacher à elle-même et à toute créature, pour n'être connue que de Dieu seul. Dieu, pour l'exaucer dans les demandes qu'elle lui fit de la cacher, de l'appauvrir et de l'humilier, a pris plaisir à la cacher dans sa conception, dans sa naissance, dans sa vie, dans ses mystères, dans sa résurrection et son assomption à l'égard de toutes les créatures humaines.

Dieu le Père a consenti qu'elle ne fît point de miracle pendant sa vie (du moins qui éclatât) quoiqu'il lui en eût donné la puissance ; Dieu le Fils a consenti qu'elle ne parlât presque point, quoiqu'il lui eût communiqué sa sagesse ; Dieu le Saint Esprit a consenti que les Apôtres et les Evangélistes n'en parlassent que très peu, et qu'autant qu'il était nécessaire pour faire connaître Jésus-Christ, quoiqu'elle fût son Epouse fidèle.

II. Toute la terre est pleine de sa gloire, particulièrement chez les chrétiens, où elle est prise pour tutélaire et protectrice en plusieurs royaumes, provinces, diocèses et villes, où beaucoup de cathédrales sont consacrées à Dieu sous son nom. Il n'y a point d'église sans autel en son honneur ; point de contrée où il n'y ait quelqu'une de ses images miraculeuses, où toutes sortes de maux sont guéris et toutes sortes de biens obtenus ; tant de confréries et de congrégations sont fondées sous son nom, tant de confrères et de sœurs de toutes les confréries, et de religieux et de religieuses qui publient ses louanges et annoncent ses miséricordes !

Il n'y a pas un petit enfant, qui, en bégayant l'Ave Maria, ne la loue ; il n'y a guère de pécheur qui, dans son endurcissement même, n'ait en Elle quelque étincelle de confiance ; il n'y a pas même de démon dans les enfers qui, en la craignant, ne la respecte.

III. Enfin le pouvoir de la très sainte Vierge dans l’Église de la terre est aussi merveilleux. L'amour de Jésus-Christ pour Marie étant le vrai principe du pouvoir qu'Elle exerce, Jésus met tout son plaisir à lui procurer ici-bas du bien et de l'honneur, et à la voir jouir de tout ce qu'il peut lui communiquer.


Étant Seigneur du monde entier, il la met en possession pleine de tout ce qu'il a et de tout ce qu'il est, et en Elle, il possède toutes choses avec plus de plaisir que s'il ne les possédait qu'en soi-même personnellement. Aussi en lui la puissance de Marie s'étend sur toutes les créatures.

Pareillement, en qualité d'Epouse du Père éternel, Elle a également auprès de lui par ses prières tout pouvoir au ciel et sur la terre. Il veut ce qu'Elle veut ; il fait du bien à qui Elle désire qu'il en fasse ; Elle n'a qu'à vouloir, et toutes choses sont faites. C'est ce qui explique la puissance de Marie parmi les hommes dans les miracles et les merveilles de tout genre qu'Elle opère en leur faveur. Ce pouvoir de Marie comme Epouse de Dieu se mesure sur la toute-puissance divine dont l'usage lui est abandonné pour toutes sortes de biens.

Ainsi, Elle est toute-puissante pour tout accorder, et, de fait, Elle exerce son pouvoir à chaque instant dans l’Église de Dieu pour la conversion des pécheurs ou la sanctification des justes. Et, ce qui est le sujet de ma confiance, ce n'est pas seulement son grand pouvoir, mais encore sa bonté, sa douceur, sa piété qui ne savent rien refuser à personne.

La Sainte Vierge est parmi nous la dispensatrice universelle, des mains de laquelle toutes choses partent, et qui donne et distribue à chacun selon son besoin. Elle a les bras ouverts à tout le monde ; Elle est comme une reine régente sur le trône de Dieu, comme une nourrice pour les âmes rachetées du sang de Jésus, comme un océan fécond en libéralités. Elle est le paradis d'où sortent les quatre fleuves qui vont arroser toute la terre ; c'est, enfin, un trésor qui contient toutes les richesses de Jésus-Christ, c'est-à-dire tous les trésors de Dieu le Père. Approchons donc avec confiance de ce trône de grâce avec une foi parfaite aux bontés adorables et aux charités de Dieu pour la très sainte Vierge en faveur des pécheurs.



Histoires

Le Traité de la dévotion à la Sainte Vierge que nous voulons surtout faire connaître, a été enseveli et inconnu pendant cent vingt-six ans. Le Bienheureux l'avait prédit en ces termes : « Je prévois bien des bêtes frémissantes qui viennent en furie pour déchirer de leurs dents diaboliques ce petit écrit, et celui dont le Saint- Esprit s'est servi pour l'écrire, ou du moins pour l'ensevelir dans le silence d'un coffre afin qu'il ne paraisse point ».

Pendant la Révolution de 93, les deux Congrégations fondées par le Père de Montfort, prévoyant l'incendie qui dévorerait leur asile, cachèrent tous leurs papiers dans les fermes voisines. Ils y restèrent enfouis dans la poussière, et plusieurs devinrent indéchiffrables. Ceux qui se conservèrent furent mis, les uns à la bibliothèque de la Sagesse, les autres à celle du Saint-Esprit. Parmi ces derniers se trouvait le Traité de la vraie dévotion. Un missionnaire de la Compagnie de Marie, en 1842, ayant, comme par hasard, mis la main sur ce manuscrit, voulut le lire pour préparer, un sermon sur la Sainte Vierge… En comparant l'écriture avec d'autres manuscrits authentiques, tels que la Règle des Sœurs et celle des Missionnaires, les Pères de Saint Laurent et les experts reconnurent facilement l'écriture du fondateur. C'est d'ailleurs un travail facile : l'écriture du P. de Montfort est non-seulement tranchée, mais parfaitement identique à elle-même.

Dieu, pour notre époque, a permis cette précieuse découverte pour sa plus grande gloire et celle de Marie.



Le bouquet de Marie


Au mois de mai 1856, un petit vaisseau marchand mettait à la voile à Marseille en destination de la Chine et des mers du Japon. Jusqu'au dernier moment, une barque était restée près du navire ; elle portait un jeune aspirant, tout nouveau sur le rôle de l'équipage, et sa mère qui lui disait un long adieu. Quand le jeune homme fut monté sur le pont du vaisseau, il se pencha vers la barque et envoya un dernier baiser. Celle-ci alors, saisissant un bouquet que la veille ils avaient cueilli ensemble pour le placer sur l'autel de Marie, le lui jeta en disant au milieu de ses larmes : « Prends, cher enfant ; c'est l'adieu de la Sainte Vierge ; je suis allée ce matin le lui demander comme un gage que tu me reviendras. Conserve-le, elle ne t'abandonnera pas ».

Et la mer froide et houleuse séparant les deux barques, sépara les deux cœurs.

Des jours et des nuits, des calmes et des orages passèrent lentement sur la tête du jeune marin. Le bouquet, dont chaque feuille desséchée avait été pieusement recueillie, reposait dans une cassette entre le portrait de sa mère et un petit crucifix béni. Chaque soir, quand l'heure du repos était arrivée, une visite était faite au souvenir des deux mères. Une prière, une larme consolait le voyageur, et il s'endormait tranquille comme autrefois dans son berceau.

Le voyage fut long et rude ; l'enfant devint homme, le novice devint marin, l'aspirant devint lieutenant. Trois ans plus tard, encore au mois de mai, une bonne dame, agenouillée dans un coin à la chapelle de Notre Dame de la Garde, présentait en pleurant à la Sainte Vierge un petit rameau détaché d'une tige de rosier, tout desséché et noirci par le temps. Elle entendait une messe dite à son intention. Quand le sacrifice fut achevé, elle se leva en chancelant et s'approcha de l'autel pour y déposer son petit rameau flétri. Au même instant, une main brûlée par le soleil s'étendit à côté de la sienne, et plaça à côté du rameau un bouquet desséché aussi et fané, et une voix, bien vite reconnue, dit à son oreille : « Mère, voilà votre souvenir ! » Derrière son fils étaient douze matelots (son équipage) apportant, en ex-voto, un mignon petit navire avec ces mots inscrits sur la grande voile : « A Marie, étoile de la mer, l'équipage du Bouquet, sauvé d'un typhon dans l'archipel de la Sonde ». La Sainte Vierge n'avait pas laissé périr son bouquet. On ne périt jamais quand on est fidèle à son souvenir (J.-B. D'Auriac).



Pratique : Pendant les exercices de ce beau mois, chantez avec ferveur et joie les louanges de Marie. - À la fin de l'exercice, mettez-vous à genoux devant son image, en union avec l’Église, pour faire hommage à sa grandeur de tout ce que vous avez et de tout ce que vous êtes. Respectez et agréez la part que Dieu donne à sa Mère de sa royauté sur vous. Dites-lui qu'elle est votre véritable Reine et que vous voulez lui appartenir à jamais.


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Ô Marie, régnez sur nous !

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Message par Lumen Mer 1 Mai 2024 - 21:00

Mois de Marie avec Saint Louis-Marie Grignion de Montfort


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Deuxième jour

Gloire de Marie au Ciel


I. Il vaudrait mieux honorer, par notre silence, la gloire de Marie au ciel, que de vouloir l'exprimer par nos faibles discours. Quel est le fleuve qui puisse recevoir dans son sein l'étendue des mers ? Quel esprit assez vaste pour embrasser ce grand Océan, cette mer qui renferme la plénitude de la grâce et de la gloire, communiquée hors de Jésus-Christ ? Car son divin Fils a mis dans le cœur de la très sainte Vierge des grâces et des dons singuliers qu'elle seule possède, et qui ne seront jamais donnés à aucune autre créature.

Aussi tous les jours, d'un bout de la terre à l'autre, dans le plus haut des cieux dans le plus profond des abîmes, tout prêche, tout publie la divine Marie ; les neuf chœurs des Anges, les hommes de tous sexes, de tous les âges, de toutes conditions, bons et mauvais, jusqu'aux démons sont obligés de l'appeler Bienheureuse par la force de la vérité.

Tous les Anges dans les cieux lui crient incessamment, a dit saint Bonaventure : « Sancta, Sancta, Sancta Maria Dei Genitrix et Virgo : Sainte, sainte, sainte est Marie, Mère de Dieu et Vierge » ; et tous les jours, lui offrent, des millions de fois, la salutation de l'Ange : Ave Maria… ; en se prosternant devant elle, ils lui demandent pour grâce de les honorer de quelques-uns de ses commandements, jusqu'à saint Michel, dit saint Augustin, quoique le prince de la Cour céleste, est le plus zélé à lui rendre et à lui faire rendre toutes sortes d'honneur, toujours en attente pour avoir l'honneur d'aller, à sa parole, rendre service à quelqu'un de ses serviteurs.

Il me semble voir Jésus et Marie dans les cieux, tout couronnés en un et n'être qu'une chose. Je ne puis exprimer ce mélange des deux, ce mutuel amour qui les transmet et les transporte l'un en l'autre ; c'est un amour qui seul serait capable de faire un paradis. Elle est comme revêtue du soleil ; elle ne paraît plus elle-même, mais semble être le soleil de justice, transformée en lui dans le séjour de la gloire.

Ô admirable et incompréhensible communion de Jésus en Marie ! C'est bien d'Elle surtout qu'il faut dire : En ce jour-là, c'est-à-dire au jour de l'éternité, vous comprendrez que je suis en mon Père et que vous êtes en moi, et que je suis en vous (Jn. 14).


II. Marie est l'excellent chef-d'œuvre du Très-Haut dont Dieu s'est réservé la connaissance et la possession. Marie est la Mère admirable du Fils, que Jésus-Christ a pris plaisir à humilier et à cacher pendant sa vie pour favoriser son humilité, la traitant du nom de femme : Mulier, comme une étrangère, quoique, dans son cœur, il l'estimât et l'aimât plus que tous les Anges et les hommes. Marie est la fontaine scellée et l'Epouse fidèle du Saint-Esprit, où lui seul doit entrer. Marie est le sanctuaire et le repos de la sainte Trinité, où Dieu est plus magnifiquement et divinement qu'en aucun lieu de l'univers, et il n'est permis à aucune créature, quelque pure qu'elle soit, d'y entrer sans un grand privilège.

Je dis avec les Saints : la divine Marie est la Reine des Anges. Ils ne sont, à son égard, que de simples serviteurs ; ils semblent être son manteau royal, n'étant que la dilatation de sa gloire. Les Saints Pères l'appellent le Cantique des chérubins, des séraphins, et la psalmodie des anges, qui se reconnaissant incapables d'honorer dignement Jésus-Christ, lui offrent cette divine Vierge comme le supplément de leur cantique et de leur reconnaissance (Mr Ollier, Vie intérieure de la Sainte Vierge, chap. 18).

Elle est appelée par les Pères la Couronne de tous les saints, parce qu'elle est non-seulement leur lumière et leur grâce, mais aussi leur gloire et leur béatitude. Je dis aussi : « On n'a point encore assez loué, exalté, honoré, aimé et servi Marie ». Elle a mérité encore plus de louanges, de respects, d'amour et de services.


III. Après cela, il faut dire avec le Saint-Esprit : « Omnis gloria ejus Filiæ Regis ab intus : toute la gloire de la Fille du Roi est au dedans ». Comme si toute la gloire extérieure que lui rendent à l'envi le ciel et la terre n'était rien en comparaison de celle qu'elle reçoit au dedans par le Créateur, et qui n'est point connue des petites créatures qui ne peuvent pénétrer le secret des secrets du Roi.

Après cela, il faut nous écrier avec l'Apôtre : « Nec oculus vidit, nec auris audivit, nec in cor hominis ascendit : Ni l'œil n'a vu, ni l'oreille n'a entendu, ni le cœur de l'homme n'a compris les beautés, les splendeurs et excellences de Marie », le miracle des miracles de la grâce, de la nature et de la gloire. Si vous voulez comprendre la Mère dit un Saint, comprenez le Fils, car c'est une digne Mère de Dieu : « Hic tacet omnis lingua : que toute langue demeure muette ici ! »

Mon cœur vient de dicter tout ce que je viens d'écrire avec une joie toute particulière, pour montrer que la divine Marie a été inconnue jusqu'ici et que c'est une des raisons pour lesquelles Jésus-Christ n'est point connu comme il doit l'être. Si donc, comme il est certain, le règne de Jésus-Christ arrive dans le monde, ce ne sera qu'une suite nécessaire de la connaissance et du règne de la très sainte Vierge Marie, qui l'a mis au monde la première fois et le fera éclater la seconde.



Histoires

Il est bon de connaître le jugement qu'ont porté sur les écrits et la doctrine du P. de Montfort les auteurs spirituels et les théologiens modernes. Le R. P. Faber, qui est regardé comme un des premiers écrivains ascétiques de notre époque, a traduit en français ce Traité de la vraie dévotion à là Sainte Vierge, et voici ce qu'il écrit :

« C'était en l'année 1846 ou 1847, à Saint-Wilfrid, que j'étudiai pour la première fois la vie et l'esprit du vénérable Grignon de Montfort. Aujourd'hui, après plus de 15 années, il m'est bien permis de dire que ceux qui le prennent pour leur maître trouveront difficilement un saint ou un écrivain ascétique qui captive plus que lui leur intelligence par sa grâce et son esprit. Nous ne pouvons encore l'appeler saint ; mais le procès de sa béatification est tellement et si heureusement avancé, que nous ne pouvons pas avoir longtemps à attendre, avant qu'il soit placé sur les autels.

Dans le XVIIe siècle, peu de personnages sont marqués par la Providence aussi visiblement que cet autre Elie, missionnaire du Saint-Esprit et de Marie. Sa vie entière fut une telle manifestation de la sainte folie de la croix, que ses biographes s'accordent à le classer avec saint Simon-Salus et saint Philippe de Néri. Depuis les épîtres des Apôtres, il serait difficile de trouver des paroles aussi brûlantes que les douze pages de sa prière pour les missionnaires de sa Compagnie. Il était à la fois persécuté et vénéré partout.

La somme de ses travaux est vraiment incroyable et inexplicable. Il a écrit quelques traités spirituels, qui ont eu déjà une influence remarquable sur l’Église, depuis le peu d'années qu'ils sont connus, et qui sont appelés à avoir une influence plus grande encore dans les années à venir. Ses prédications, ses écrits et sa conversation étaient tout imprégnés de prophéties et de vues anticipées sur les derniers âges de l’Église ».

Voici également le sentiment des théologiens de Rome, rédacteurs des Analecta juris pontificii : « L'impression que produisent les écrits du vénérable serviteur de Dieu n'est pas la même que celle des ouvrages ordinaires. On y sent une onction intérieure, une paix et une consolation qui se trouvent uniquement dans les écrits des âmes privilégiées que Dieu favorise de lumières particulières. La vie de Jésus-Christ dans les âmes régénérées par le baptême est le principe fondamental de sa doctrine : Christum habitare per fidem in cordibus vestris (Ep. 3, 2), et de l'épître aux Galates : Vivo, jam non ego, vivit vero in me Christus (Gal. 2, 20). C'est la vie du nouvel Adam dans les chrétiens dont parle saint Ignace d'Antioche, et qui portait le père d'Origène à baiser tendrement la poitrine de son fils, où il considérait un vrai temple de l'Esprit de Jésus Christ. Cette dévotion à Jésus-Christ vivant dans les âmes fut pratiquée et recommandée par le pieux fondateur de Saint-Sulpice à Paris (Mr. Ollier). Le Vénérable Grignon de Montfort, l'un des plus illustres élèves de ce séminaire, s'en montre pénétré profondément ».



Le rosier du Mois de Marie


« Papa, disait une charmante petite fille de six ans à un ancien militaire , qui occupait ses loisirs à cultiver ses jardins et ses champs, donnez-moi ces jolies roses qui sentent si bon et dont la blancheur égale celle des lys - Pour les effeuiller sans doute, répondit le père de l'enfant. - Non, non, répliqua celle-ci, elles sont trop belles pour cela. - Mais qu'en feras-tu ? - C'est mon secret. - Ton secret ? Le mot est risible... Et si je te donnais l'arbuste entier, me dévoilerais-tu cet important mystère ? - Cher papa, donnez-moi toujours, je vous dirai plus tard à qui je destine ces fleurs. - À la tombe de ta pauvre mère, sans doute ? - C'est bien pour ma mère... mais... pour ma Mère du ciel ».

En prononçant ces derniers mots, la voix de l'enfant avait un accent si pénétrant et si doux, que le père, sans en avoir compris le sens, en fut néanmoins profondément ému. Il s'avança donc vers le rosier, le détacha habilement de la terre, et le remit entre les mains de sa petite fille, qui s'éloigna aussitôt, emportant son cher trésor.

Quand la bonne petite rentra au logis, il était déjà tard. Son père l'embrassa plus tendrement encore que de coutume et se retira dans sa chambre pour prendre un repos bien nécessaire. Mais, hélas ! le sommeil ne vint point fermer ses paupières : une agitation fébrile s'était emparée de son esprit. Lui, le brave guerrier, le soldat intrépide que le bruit du canon et de la mitraille n'avait jamais fait pâlir, éprouvait un saisissement inexprimable. Pour calmer ces cruelles angoisses, vrai cauchemar de l'âme causé par le remords, il se mit à balbutier quelques unes de ces prières qu'aux jours de son enfance il avait bien des fois redites sur les genoux maternels ; et les mots bénis qui, depuis tant d'années peut-être, jamais n'avaient effleuré les lèvres du vieux soldat, vinrent s'y placer en ordre les uns après les autres, et former ce tout sublime connu sous le titre d'Oraison dominicale ou prière du Seigneur... La prière ! ce cri du cœur, cet élan de l'âme vers Celui qui l'a créé, qui l'aime, qui veut et qui peut seul lui donner le bonheur, est un de ces remèdes efficaces et doux, dont l'effet ne tarde pas à se faire sentir.

Notre homme en fit la consolante épreuve... Un rayon d'espérance vint tout à coup dissiper les ténèbres dont, un instant auparavant, son entendement était enveloppé. « Si je suis pécheur, se disait-il, si pendant de longues années j'ai vécu en païen, en ennemi de Dieu, tout n'est pas perdu pour moi. N'ai-je pas un petit ange placer entre Dieu et moi ? »

En pensant à son enfant, l'ancien soldat s'endormit, et un songe ravissant acheva de le calmer. Il se crut transporté dans un de ces temples majestueux élevés par le génie de la foi au Dieu trois fois saint. Au bas du chœur, à l'entrée de la nef principale, était un autel étincelant de mille feux, et surmonté d'une gracieuse statue de la Vierge Marie. Une foule de fidèles montaient et descendaient les marches de l'autel, déposant aux pieds de l'image vénérée des fleurs et des couronnes. Une délicieuse harmonie ajoutait aux charmes de cette pieuse vision. Mais bientôt la foule s'écoula, les chants cessèrent, les lumières s'éteignirent. La lampe du sanctuaire seule projetait ses vacillantes clartés sur le candide visage d'une petite fille qui s'avançait furtivement vers l'autel, et y déposait un rosier chargé de blanches fleurs.

Ici le vieillard s'éveilla : le secret de sa chère enfant venait de lui être révélé ; et quand, le matin, elle accourut joyeuse vers lui pour l'embrasser : « Moi aussi, lui dit-il, en la prenant sur ses genoux, j'ai un secret. L'enfant sourit. - Tu me le confieras, papa, dit-elle à son tour. - Non, ma petite, tu le verras ».

Le dernier jour du mois de mai, un militaire, ayant sur sa poitrine le signe des braves, s'approchait de la Table sainte. Une jeune enfant le suivait du regard et semblait envier son bonheur. Quelques instants après le prêtre, qui venait de célébrer les saints Mystères s'approcha de nouveau de l'autel, et détacha d'un rosier, placé aux pieds de la Sainte Vierge, une branche encore toute fleurie. Il la présenta au vieux militaire qui la baisa avec amour.

Depuis cette époque, elle figure comme un trophée au-dessus des armes appendues aux murs de sa demeure, et chaque fois que les regards du vieillard se portent sur ce rameau desséché, il murmure une prière à Marie dont la gloire et la bonté rayonnent sur la terre pour le salut des pécheurs..



Pratique : Remerciez Dieu de la gloire dont il a honoré Marie au Ciel et sur la terre. Mettez-vous en esprit au pied de la Mère de Dieu, et après vous être unis aux Anges pour honorer et respecter leur bienheureuse Reine, prenez part à tous les sentiments de vénération et d'amour que lui offrent ces Esprits célestes, comme au chef-d'œuvre de l'amour et de la sagesse divine.


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Ô Marie, priez pour nous votre divin Fils.!

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Message par Lumen Sam 4 Mai 2024 - 19:00

Mois de Marie avec Saint Louis-Marie Grignion de Montfort


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Troisième jour

Les trois personnes divines ont eu besoin du ministère de Marie


I. J'avoue, avec toute l’Église, que Marie étant une pure créature sortie des mains du Très-Haut, comparée à sa Majesté infinie, est moindre qu'un atome, ou plutôt n'est rien du tout, puisqu'il est seul Celui qui est, et que par conséquent ce grand Seigneur, toujours indépendant et se suffisant à lui-même, n'a point eu, ni n'a point encore besoin de la sainte Vierge pour l'accomplissement de sa volonté et la manifestation de sa gloire : il n'a qu'à vouloir pour tout faire.

Je dis cependant que, les choses supposées comme elles sont, Dieu ayant voulu commencer et achever ses plus grands ouvrages par la très sainte Vierge depuis qu'il l'a formée, il est à croire qu'il ne changera point de conduite dans les siècles des siècles.

Dieu le Père n'a donné son Unique au monde que par Marie. Quelques soupirs qu'aient poussés les Patriarches, quelques demandes qu'aient faites les Prophètes et les Saints de l'ancienne loi pendant 4000 ans pour avoir ce trésor, il n'y a eu que Marie qui l'ait mérité, et trouvé grâce devant Dieu par la force de ses prières et la hauteur de ses vertus. Le monde était indigne, dit saint Augustin, de recevoir le Fils de Dieu immédiatement des mains du Père ; il l'a donné à Marie afin que le monde le reçût par elle. Le Fils de Dieu s'est fait homme pour notre salut, mais en Marie et par Marie, Dieu le Saint-Esprit a formé Jésus-Christ en Marie, mais après lui avoir demandé son consentement par un des premiers ministres de sa cour.


II. Dieu fait homme a trouvé sa liberté à se voir emprisonné dans le sein de Marie. Il a fait éclater sa force à se laisser porter par cette Vierge bénie ; il a trouvé sa gloire et celle de son Père à cacher ses splendeurs à toutes les créatures d'ici-bas pour ne les révéler qu'à Marie ; il a glorifié son indépendance et sa majesté à dépendre de cette aimable Vierge dans sa conception, sa naissance, sa présentation au temple, en sa vie cachée de trente ans, jusqu'à sa mort où elle devait assister, pour ne faire avec elle qu'un même sacrifice, et pour être immolé par son consentement au Père éternel, comme autrefois Isaac par le consentement d'Abraham à la volonté de Dieu ; c'est elle qui l'a allaité, nourri, entretenu, élevé et sacrifié pour nous.

Ô divine et incompréhensible dépendance d'un Dieu, que le Saint-Esprit n'a pu passer sous silence dans l'Evangile, quoiqu'il nous ait caché presque toutes les choses admirables que cette Sagesse incarnée a faites dans sa vie cachée, pour nous en montrer le prix ! Jésus-Christ a plus donné de gloire à Dieu son Père par la soumission qu'il a eue à sa Mère pendant trente années, qu'il ne lui en eût donné en convertissant toute la terre par l'opération des plus grandes merveilles. Oh ! qu'on glorifie hautement Dieu quand on se soumet pour lui plaire à Marie, à l'exemple de Jésus-Christ, notre unique modèle !

Si nous examinons de près le reste de la vie de Jésus-Christ, nous verrons qu'il a voulu commencer ses miracles par Marie ; il a sanctifié saint Jean dans le sein de sa mère par la parole de Marie. Aussitôt qu'elle eut parlé, Jean fut sanctifié, et c'est son premier et son plus grand miracle de grâce. Il changea aux noces de Cana l'eau en vin à son humble prière, et c'est son premier miracle de nature. Il a commencé et continué ses miracles par Marie, et il les continuera jusqu'à la fin des siècles par Marie.


III. Dieu le Saint-Esprit, étant stérile en Dieu, c'est-à-dire ne produisant pas d'autre personne divine, est devenu fécond par Marie qu'il a épousée. C'est avec Elle, en Elle et d'Elle qu'il a produit son chef-d'œuvre qui est un Dieu fait homme, et qu'il produit tous les jours jusqu'à la fin du monde les prédestinés. Ce sont les membres du corps de ce Chef adorable. C'est pourquoi plus il trouve Marie dans une âme, et plus il devient opérant et puissant pour produire Jésus-Christ en cette âme et cette âme en Jésus-Christ. Cet Esprit de Dieu la faisait vivre comme vivrait un saint du paradis venu sur la terre et attendant son retour vers le ciel.



Histoires

Ici en Angleterre, dit le Père Faber, Marie n'est pas moitié assez prêchée. La dévotion qu'on a pour Elle est faible, maigre et pauvre ; elle est jetée hors de sa voie par les ricanements de l'hérésie. Dominée par le respect humain et la prudence charnelle, elle voudrait faire de la vraie Marie une Marie si petite, que les protestants puissent se sentir à l'aise autour d'Elle. Et c'est pourquoi Jésus-Christ n'est pas aimé, les hérétiques ne sont pas convertis, l’Église n'est pas exaltée, les âmes qui pourraient être saintes dépérissent et dégénèrent, les sacrements ne sont pas fréquentés comme il faut. Jésus n'est pas connu parce que Marie est laissée en oubli ; des milliers d'âmes périssent parce que Marie est éloignée d'elles… Cependant si nous devons croire la révélation des Saints, Dieu veut expressément une dévotion plus grande, une plus large, une plus solide, une toute autre dévotion envers sa sainte Mère. Je ne crois pas qu'il y ait une œuvre plus excellente, plus puissante pour arriver à ce but que la simple propagation de cette dévotion particulière de Saint Louis-Marie Grignon de Montfort.

Que quelqu'un essaie seulement pour lui-même cette dévotion, et la surprise que lui feront les grâces qu'elle porte avec elle, et les transformations qu'elle produira dans son âme le convaincront bientôt de son efficacité, d'ailleurs presque incroyable, comme moyen pour obtenir le salut des âmes et la venue du royaume de Jésus-Christ.

Oh ! si Marie était seulement connue, il n'y aurait pas de froideur alors pour Jésus ! Oh ! si Marie était seulement connue, combien plus admirable serait notre foi, et combien différentes seraient nos communions ! Oh ! Si Marie était seulement connue, combien plus heureux, combien plus saints, combien moins mondains nous serions, et combien même nous deviendrions les images vivantes de Notre-Seigneur et Sauveur, son très cher et tout divin Fils !



Un Juif converti par Marie


La sainte Trinité, qui a voulu avoir besoin de la sainte Vierge Marie dans le grand ouvrage de l'Incarnation, veut encore se servir chaque jour de son ministère pour toucher les cœurs endurcis ; c'est par elle souvent qu'elle appelle les âmes à la conversion, tellement est profonde et vraie cette parole du P. de Montfort : Pour aller à Jésus, allons par Marie. Une preuve entre mille.

« Né de parents israélites, élevé dans les principes de la loi de Moïse, le jeune B. K. se trouva un jour entraîné par quelques camarades de son âge dans une église de Paris. En ce moment, on célébrait les touchantes cérémonies de la première communion. Que se passa-t-il dans le cœur du jeune israélite pendant cette heure solennelle ?... Ce que nous savons, c'est que jamais ce délicieux spectacle ne s'effaça de son cœur. Il alla même jusqu'à manifester le désir de partager, lui aussi, le bonheur des enfants privilégiés qu'il avait vus communiant pour la première fois. Mais son heure n'était pas encore venue sans doute, car sa mère, à peu de jours de là, l'engagea comme mousse à bord d'un navire. Cette brusque détermination allait donc anéantir les projets de l'enfant. Ainsi, du moins, le croyait cette mère, ignorant que l’Esprit de Dieu souffle où il veut ».

Le vaisseau qui porte le jeune B. K , assailli par une violente tempête, ne tarde pas à faire naufrage. Quelques matelots, ayant trouvé un refuge dans la chaloupe, recueillent le mousse, et tous ensemble s'enrôlent sur un bâtiment qu'ils ont le bonheur de rencontrer. Mais leur tranquillité, hélas ! ne fut pas de longue durée : une nouvelle tempête se déchaîna avec plus de fureur peut-être que la première fois, et le navire fut englouti. Pensant que c'en était fait de lui, le pauvre enfant ferma les yeux et perdit connaissance.

Sauvé de nouveau dans la chaloupe, il fut pris à bord d'un troisième navire. Ce dernier aussi était condamné à périr corps et biens. Mais, au plus fort de la bourrasque, les matelots invoquèrent Marie, la sublime Etoile de la mer. Cette prière à la sainte Vierge, au milieu d'une épouvantable tempête, fit une telle impression sur le pauvre petit, qu'il mêla sa voix profane à celle des serviteurs de Marie.

Et pendant qu'il priait ainsi, une lame l'enleva et le précipita dans les flots furieux de l'Océan. Que devinrent les autres matelots ? B. K. ne l'a pas su. Pour lui, étourdi par le choc, il reprit bientôt ses sens et nagea avec désespoir. Brisé de fatigue, anéanti par l'émotion, il se sentait perdu sans ressources, quand il aperçut à quelques brasses de lui, un tonneau chassé par les flots. Réunissant alors ce qui lui restait de forces, il l'atteignit et s'y cramponna avec une suprême énergie.

C'était sa planche de salut. Installé sur son tonneau, au milieu de l'Océan, notre mousse se prit à réfléchir. Il se rappela la scène de la tempête et la touchante prière des matelots à Marie. Cette prière, il la savait ; aussi monta-t-elle ardente de son cœur à ses lèvres. Le petit israélite disait à la Mère des chrétiens : « Marie, ô sainte Vierge, sauvez-moi, et bientôt, je vous le jure, je serai votre enfant ».

Un navire qui revenait en France, aperçut cette bouée et délivra le mousse. On débarqua à Rouen. Le jeune B. K., qui avait passé par tant de périls, avait hâte de revoir sa famille. Il gagna Paris à pied, et vint tout joyeux frapper à la porte maternelle... Mais elle demeura close. Navré de douleur, mourant de faim, il fut trouvé, deux jours après, sur le banc d'un square par un enfant chrétien. Une charitable et pieuse famille le recueillit pendant une huitaine de jours, et nous l'amena ensuite. Le cher enfant voulait recevoir le saint baptême et faire sa première communion. « Oh ! vous verrez, Monsieur l'Abbé, comme je serai méconnaissable, nous disait-il, quand je serai chrétien ! » Aujourd'hui, en effet, ce cher protégé de Marie est un chrétien fervent. (L. Roussel).



Pratique : Prosternez-vous devant Marie et dites-lui : « O Mère incomparable, heureuse Vierge, vous recevez et vous donnez tout ce qu'il y a de plus grand au monde ! vous recevez en vous la plénitude de la divinité du Verbe, et vous rendez au Père, par le Fils, toutes les louanges et les gloires qui peuvent l'honorer. Adorable mystère ! que vous êtes inconnu ! Ô mon Dieu ! qui sera digne de pénétrer ce secret divin, d'être introduit dans ce sanctuaire inaccessible !


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Message par Lumen Dim 5 Mai 2024 - 16:30

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Quatrième jour

Marie, mère de Dieu


Effet admirable des merveilles de l'Incarnation ! La sainte humanité de Jésus n'ayant de personne que dans le Verbe, Marie est véritablement Mère de Dieu, à cause de l'unité de la personne. Le Fils de Marie est le Fils même du Père éternel, et Jésus-Christ n'est pas plus véritablement appelé Fils de Dieu que Fils de la Vierge Marie.

Que dire donc de la Maternité divine ?


I. On assure de saint Denis qu'il l'eût prise pour une divinité s'il n'eût eu la foi, et cela est très véritable à cause de l'union intime de Dieu habitant en Marie qui rayonnait en elle, en quelque sorte comme le soleil à travers le cristal, qu'il éclaire de mille feux.

L'Ecriture dit, des justes qui vivent encore sur la terre, qu'ils sont transformés de clartés en clartés, par l'Esprit du Seigneur, ce que les Pères grecs appellent déification, et qui d'après saint Jean et saint Paul doit être achevé dans les Bienheureux : En voyant Dieu tel qu'il est, nous serons semblables à lui. Il n'y a pas moyen d'expliquer ces choses. Disons seulement que Marie communique à Jésus-Christ sa vie, son sang, son être ; elle le fait participant de tout ce qu'elle a et de tout ce qu'elle est.

Mais Jésus-Christ n'en fait pas moins pour Elle. Il la communie à ses grâces, à sa vie divine, à ses trésors immenses ; en un mot, il se donne tout à sa Mère. Dès les premiers moments de l'Incarnation, le Verbe fait chair était alors tout embaumé de son Père, tout enivré des délices de Dieu, tout absorbé dans l'amour ; après avoir prié pour Marie, et s'être offert pour elle à Dieu, Jésus versa dans elle les prémices de son Esprit, de sa vie et les trésors immenses de sa charité.

Si, après être entré dans le sein de son Père par sa glorieuse Ascension, il répandit dans le cœur des Apôtres, pour prémices de son Esprit, les richesses les plus abondantes qu'il ait versées dans son Église, combien ces prémices de grâce, lorsqu'il descendit lui-même du sein du Père dans sa Mère, ont-elles été fécondes, abondantes, magnifiques !


II. Dans le sein de Marie comme dans le premier temple de la religion chrétienne, il rend à Dieu son Père les devoirs que son égalité divine et éternelle avec lui n'avait pas permis de lui rendre. C'est là que Dieu le Verbe, égal à son Père de toute éternité, qui n'avait pu s'abaisser au-dessous de soi-même, se trouve en notre chair par le moyen de Marie, admirant un Dieu, adorant un Dieu, et le magnifiant dans toute l'étendue de sa gloire ; c'est là enfin que le Fils devient, dans sa nature humaine, inférieur au Père, et que cependant le Père est adoré autant qu'il est adorable.

Dès le premier moment de son Incarnation, il offre à son Père toute sa vie et celle de tous ses membres ; il consacre l’Église pour être immolé avec lui en sacrifice d'expiation sur la croix, en attendant le sacrifice de l'éternité. Ainsi Marie est le temple vivant où Jésus-Christ offre, par avance, le sacrifice du temps et de l'éternité.

La demeure de Jésus en Marie est l'image du ciel et la figure du sein du Père, où Jésus-Christ offrira sur l'autel d'or, dont parle l'Ecriture, et qui est la personne même du Verbe, les louanges de son cœur et celles de tous les fidèles consommés en lui dans la gloire.


III. Bien plus, dès ce premier instant de sa conception, Jésus-Christ, se trouvant redevable à Marie de sa génération comme homme et du pouvoir de mériter, qui est son humanité sainte, qui lui donne le moyen de sanctifier ainsi le nom de Dieu et de lui offrir les premiers devoirs de religion, il rend sa Mère participante de ses adorations, de ses louanges, et la fait la seconde adoratrice parfaite, en esprit et en vérité, de la grandeur de Dieu.

Marie sent les dispositions intérieures de Jésus-Christ et les a connues avec lui. Si le Fils rend ses devoirs au Père par ses élévations en lui, la très sainte Vierge se trouve élevée vers Dieu, en l'unité du Saint-Esprit. Elle est une image accomplie des beautés de Jésus-Christ. Qui voit le Père voit le Fils, et qui voit le Fils voit le Père, ainsi peut-on dire jusqu'à un certain point : qui voit la Mère voit le Fils, et qui voit le Fils voit la Mère. Le Fils est la gloire du Père, et Marie est la gloire de Jésus-Christ.

Ô Mère incomparable ! heureuse Vierge, vous recevez et vous donnez tout ce qu'il y a de plus grand et de plus auguste au monde ! Vous recevez en vous la plénitude de la divinité du Verbe, et vous rendez au Père, par le Fils, toutes les louanges et toutes les gloires qui peuvent l'honorer.

Ô mon Dieu, qui sera digne de pénétrer ce secret divin, d'être introduit dans ce sanctuaire inaccessible ? Ange, dites à présent avec raison, en saluant Marie Ave gratia plena !

Si vous honoriez cette auguste princesse, lorsqu'Elle n'était encore que la servante du Seigneur ; si vous vénériez cette sainte âme, à cause de sa capacité pour recevoir en Elle les dons de Dieu, que sera-ce maintenant qu'Elle en est toute remplie, non pas comme le canal d'une fontaine par l'écoulement de sa source ; non pas comme une rivière remplie par l'épanchement de la mer, mais comme un abîme sans fond et sans limites, qui comprend l'océan même de la divinité. C'est une merveille inconcevable à tous les esprits célestes que cette immensité de grâces.

Ô grandeur inconcevable de Marie ! Ô sainteté ineffable ! tu me ravis, tu m'arraches les larmes des yeux, tu m'ôtes la parole du cœur, la pensée de l'esprit ; je te révère et ne peut faire davantage.



Histoires

Le passage des classes inférieures aux supérieures est souvent fatal aux jeunes gens, à cause de la liberté plus grande de travail et de fréquentations qui leur est accordée ; cette circonstance ne servit qu'à faire avancer le Père de Montfort dans la ferveur. Le Saint avait alors dix-huit ans. Ayant fait son cours de philosophie sous le R. P. Prévost, homme doué d'une ardente dévotion à la Sainte Vierge, Montfort semblerait l'avoir prise de lui s'il ne l'eût fait paraître dès le berceau.

Son amour pour la bonne Mère était comme né avec lui, et l'on peut dire que Marie l'avait choisi la première et avait gravé dans sa jeune âme cette tendresse si singulière qui l'a fait regarder comme un des plus grands dévots de la Mère de Dieu. Il allait à elle comme à sa propre mère, avec une simplicité enfantine, lui exposant tous ses besoins temporels et spirituels. Tout, à son avis, était fait quand il avait prié et demandé conseil à sa Mère du ciel. C'est à cette dévotion qu'il faut attribuer sa merveilleuse innocence.



La bienheureuse Marguerite


Une bienheureuse, de l'Ordre de Saint-Dominique, nommée Marguerite, fille d'un roi de Hongrie, proclamait à chaque instant la divine grandeur de la très sainte Mère de Dieu. Elle ne parlait de Marie qu'en l'appelant « l'Espérance du monde », ou bien « la Mère de Dieu ».

Vouée à la Sainte Vierge par son père et sa mère, la petite Marguerite commença d'aimer et servir la Mère de Dieu en même temps qu'elle commença à comprendre, à parler et à marcher. À l'âge de trois ans et demi, elle avait été confiée aux soins des bonnes sœurs Dominicaines, et six mois après, elle savait déjà par cœur l'Office de la Sainte Vierge, et se plaisait à le réciter au chœur avec les Religieuses. Elle tâchait d'entraîner ses petites compagnes à l'amour de la bonne Mère. « Venez, leur disait-elle, au milieu des récréations ; venez, entrons dans la chapelle, et saluons la bienheureuse Vierge ! »

Passait-elle devant une image de Marie, elle se mettait à genoux et récitait pieusement l'Ave Maria. Toutes les fêtes de la Sainte Vierge étaient pour elle des jours de bonheur et de ferveur ; elle avait coutume d'y offrir, à la Mère de Jésus, un gros bouquet de mille Ave Maria. On l'a vue même, quelquefois, faire en ces jours-là, autant de génuflexions qu'elle disait d'Ave Maria. Sa sainteté admirable lui vint tout entière de Jésus par Marie.



Pratique : Imitez ces beaux sentiments, et demandez à Jésus d'aimer, de vénérer, d'honorer sa Mère, comme les Saints l'ont honorée et aimée, par une confiance et un amour tout filial.


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Message par Lumen Lun 6 Mai 2024 - 15:07

Mois de Marie avec Saint Louis-Marie Grignion de Montfort


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Cinquième jour

Marie, mère des hommes


I. Dieu le Père veut toujours avoir des enfants par Marie jusqu'à la consommation du monde, et il lui dit ces paroles : « In Jacob inhabita, Demeurez en Jacob », c'est-à- dire faites votre demeure et résidence dans mes enfants et prédestinés, figurés par Jacob et non point dans les enfants du démon figurés par Esaü.

Comme dans l'ordre naturel il faut qu'un enfant ait un père et une mère, de même dans l'ordre de la grâce tous les vrais enfants de Dieu et prédestinés ont Dieu pour père et Marie pour mère ; et qui n'a pas Marie pour mère n'a pas Dieu pour père.

C'est pourquoi les réprouvés, comme les hérétiques, les schismatiques, etc, qui laissent ou regardent avec mépris la très sainte Vierge n'ont point Dieu pour père, quoiqu'ils s'en glorifient, parce qu'ils n'ont point Marie pour mère, car s'ils l'avaient pour mère, ils l'aimeraient et l'honoreraient comme un vrai et bon enfant aime naturellement et honore sa mère qui lui a donné la vie.

Le signe le plus infaillible et le plus indubitable pour distinguer un hérétique, un homme de mauvaise doctrine, un réprouvé d'avec un prédestiné, c'est que l'hérétique et le réprouvé n'ont que du mépris ou de l'indifférence pour la très sainte Vierge, tâchant par leurs paroles et leurs exemples d'en diminuer le culte et l'amour ouvertement ou en secret, quelquefois sous de beaux prétextes. Hélas ! Dieu n'a point dit à Marie de faire sa demeure en eux parce qu'ils sont des Esaü.


II. Dieu le Fils veut se former, et, pour ainsi dire, s'incarner tous les jours par sa chère Mère dans ses membres et il lui dit : « In Israel hæreditare, ayez Israël pour héritage » ; c'est comme s'il disait : Dieu, mon Père, m'a donné pour héritage toutes les nations de la terre, tous les hommes bons ou mauvais, prédestinés ou réprouvés ; je conduirai les uns par la verge d'or, et les autres par la verge de fer ; je serai le père et l'avocat des uns, le juste vengeur des autres et le juge de tous ; mais pour vous, ma chère Mère, vous n'aurez pour héritage et possession que les prédestinés figurés par Israël ; et comme leur bonne Mère, vous les enfanterez et les élèverez, et comme leur Souveraine vous les conduirez, les gouvernerez et les défendrez.

De plus, Jésus étant à présent autant que jamais le fruit de Marie, comme le ciel et la terre le lui répètent mille fois tous les jours : « Et Jésus le fruit de vos entrailles est béni », il est certain que Jésus-Christ est en particulier pour chaque homme qui le possède, aussi véritablement le fruit et l'œuvre de Marie que pour tout le monde en général, en sorte que si quelque fidèle a Jésus-Christ formé dans son cœur, il peut dire hardiment grand merci à Marie ; ce que je possède est son effet et son fruit, et sans elle je ne l'aurais pas. Et on peut lui appliquer plus véritablement que saint Paul ne se les applique, ces paroles : « quos iterum parturio donec formetur Christus in vobis : J'enfante tous les jours les enfants de Dieu jusqu'à ce que Jésus-Christ mon Fils soit formé en eux dans la plénitude de son âge ».

Saint Augustin, se surpassant lui-même en tout ce que je viens de dire, affirme que tous les prédestinés, pour être conformes à l'image du Fils de Dieu, sont en ce monde cachés dans le sein de la très sainte Vierge, où ils sont gardés, nourris, entretenus et agrandis par cette bonne Mère, jusqu'à ce qu'elle les enfante à la gloire, après la mort, qui est proprement le jour de la naissance, comme l’Église appelle la mort des justes. Ô mystère de grâce inconnu aux réprouvés et peu connu aux prédestinés !


III. Dieu le Saint-Esprit veut se former en Elle et par Elle des élus, et il lui dit : « In electis meis mitte radices : Jetez, ma bien-aimée, les racines de toutes vos vertus dans mes élus, afin qu'ils croissent de vertu en vertu, et de grâce en grâce. J'ai pris tant de complaisance en vous, lorsque vous viviez sur la terre, dans la pratique des plus sublimes vertus, que je désire encore vous trouver sur la terre, sans que vous cessiez d'être dans le ciel. Reproduisez-vous, pour cet effet, dans mes élus que je voie en eux avec complaisance les racines de votre foi invincible, de votre humilité profonde, de votre mortification universelle, de votre oraison sublime, de votre charité ardente, de votre espérance ferme et de toutes vos vertus. Vous êtes toujours mon épouse aussi fidèle, aussi pure et aussi féconde que jamais. Que votre foi me donne des fidèles ; que votre pureté me donne des vierges ; que votre fécondité me donne des élus et des temples ! »

Quand Marie a jeté ses racines dans une âme, elle y produit des merveilles de grâce qu'elle seule peut produire.



Histoires

C'est surtout au moment de choisir un état de vie qu'on a besoin des conseils et des inspirations de la Sainte Vierge. Aucune mère ne peut ici-bas donner des conseils aussi sages.

Le Père de Montfort, pendant son cours de philosophie, comprit combien il avait besoin d'elle, et sa décision fut bientôt prise. Avec son énergie de caractère, sa profonde piété et sa confiance sans bornes envers Marie, ses indécisions n'avaient pas duré longtemps. Que de fois, alors, il dut répéter ces paroles de notre liturgie : « Monstra te esse matrem, sumat per te preces qui pro nobis natus tulit esse tuus ! » Les conseils de sa bonne Mère du ciel ne lui manquèrent pas à ce moment critique. C'est du moins ce qu'affirme son condisciple et son ami, M. Blain.

« Il semble, dit-il, que la sainte Vierge le conduisait en toutes ses voies, comme l'Archange Gabriel le jeune Tobie. Il semble qu'il apprenait d'Elle tout ce qu'il avait à faire, même dans les choses les plus embarrassées, comme la vocation à un état de vie ».

Nous ne pouvons mieux faire, dans les mêmes circonstances, que d'imiter ce beau modèle.



Des Juifs sauvés par Marie


En 1881, le jour de l'Immaculée Conception, au moment de l'incendie du grand théâtre de Vienne, en Autriche, une femme juive, qui y avait envoyé ses trois enfants, apprenant qu'il brûlait, sortit de sa maison, tout éperdue de douleur, criant de toutes ses forces : « Maria hilf, Maria hilf ! » c'est-à-dire : « Marie, au secours, Marie au secours ! »

Cette malheureuse mère s'était souvenue que dans leurs détresses les chrétiens recouraient à leur Mère du ciel et surtout l'invoquaient sous le titre de Notre Dame du Secours ou Maria hilf, nom que porte une des églises de Vienne.

Et répétant sans interruption cette invocation si étonnante dans la bouche d'une juive, elle arrive au lieu du sinistre, au moment où l'on sortait ; une à une, de cette immense fournaise, les infortunées victimes toutes calcinées.

La juive, à cette vue, redouble son cri d'alarme : « Maria hilf !... » Bientôt elle se trouve entourée, comme miraculeusement, de ses trois enfants échappés aux flammes d'une manière si extraordinaire, quand plus de mille victimes furent brûlées vives dans cette fournaise, véritable et vivante image de l'enfer (1).

Ivre de joie et de reconnaissance, la pauvre mère les entraîne de ce pas dans l'église de Maria hilf pour louer et remercier la bonne Mère des chrétiens d'avoir sauvé des flammes ses chers enfants. Elle demande six messes d'actions de grâces pour remercier Marie de ce bienfait.

Une fois de plus, Marie s'était montrée la Mère de ceux qui l'aiment sans la connaître.

(1) On n'a pu savoir exactement le nombre des victimes. On avait délivré 854 billets d'entrée seulement dans les 3° et 4 étages.



Pratique : Considérez, avec reconnaissance et bonheur, que vous êtes l'enfant de Marie, non pas quant à votre corps, mais quant à la vie surnaturelle de votre âme, qui est la plus excellente portion de vous-même. Marie a fait, de ses mains, la tunique dont elle couvrit le corps de Jésus, de même, comme une bonne Mère, elle revêt votre âme des mérites de son Fils et des siens propres, se montrant ainsi la Mère des vivants.


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Reconnaissance et amour à Marie !

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Message par Lumen Mer 8 Mai 2024 - 20:43

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Sixième jour

Le pouvoir de Marie nécessaire à notre salut


On doit conclure de ce que j'ai dit :

I. Que Marie a reçu de Dieu une grand domination dans les âmes des élus, car elle ne peut pas faire en eux sa résidence , comme Dieu le Père lui a ordonné, les former en Jésus-Christ, et former Jésus-Christ en eux, jeter dans les cœurs les racines de ses vertus, et être la compagne indissoluble du Saint-Esprit pour tous ces ouvrages de grâce ; elle ne peut pas, dis-je, faire toutes ces choses, sans avoir droit et domination dans les âmes par une grâce singulière du Très-Haut, qui lui ayant donné puissance sur son Fils unique, la lui a donnée sur ses enfants adoptifs, non seulement quant au corps, ce qui serait peu de chose, mais aussi quant à l'âme.

Marie est la Reine du ciel et de la terre par grâce, comme Jésus en est le Roi par nature et par conquête ; or comme le royaume de Jésus-Christ consiste principalement dans le cœur ou l'intérieur de l'homme, selon cette parole : Le royaume de Dieu est au dedans de vous, de même le royaume de la très sainte Vierge est principalement dans l'intérieur de l'homme, c'est-à-dire dans son âme, et c'est principalement dans les âmes qu'elle est plus glorifiée avec son Fils que de toutes les créatures visibles, et nous pouvons l'appeler avec les Saints : la Reine des cœurs.


II. Il faut conclure que la très sainte Vierge étant nécessaire à Dieu, d'une nécessité qu'on appelle hypothétique, en conséquence de sa volonté, elle est bien plus nécessaire aux hommes pour arriver à leur dernière fin. Il ne faut donc pas mêler la dévotion à la sainte Vierge avec les dévotions aux autres Saints , comme si elle n'était pas plus nécessaire.

Le docte et pieux Suarez, de la Compagnie de Jésus, et plusieurs autres ont prouvé invinciblement, en conséquence des sentiments des Pères, entre autres de saint Augustin, de saint Ephrem, de saint Cyrille de Jérusalem, de saint Germain de Constantinople, de saint Jean de Damas, de saint Anselme, de saint Bernard, de saint Bernardin, saint Thomas et saint Bonaventure, que la dévotion à la très sainte Vierge est nécessaire au salut, et que c'est une marque infaillible de réprobation de n'avoir pas de l'estime et de l'amour pour la sainte Vierge, et qu'au contraire, c'est une marque infaillible de prédestination de lui être entièrement et véritablement dévoué ou dévot.


III. Les figures et les paroles de l'Ancien et du Nouveau Testament le prouvent, les sentiments et les exemples des Saints le confirment, la raison et l'expérience l'apprennent et le démontrent, le diable même et ses suppôts, poussés par la force de la vérité, ont été souvent obligés de l'avouer malgré eux.

De tous les passages des Saints Pères et des Docteurs dont j'ai fait un ample recueil pour prouver cette vérité, je n'en rapporte qu'un seul, afin de n'être pas trop long : Tibi devotum esse , est arma quædam salutis quæ Deus his dat quos vult salvos fieri : Vous être dévot, ô sainte Vierge, dit saint Jean Damascène, est une arme de salut, que Dieu donne à ceux qu'il veut sauver ». Et je pourrais rapporter ici plusieurs histoires qui prouvent la même chose, entre autres celle qui est rapportée dans les chroniques de saint Dominique, lorsque quinze mille démons possédant l'âme d'un malheureux hérétique, près de Carcassonne, où saint Dominique prêchait le Rosaire, furent obligés à leur confusion, par le commandement que leur en fit la sainte Vierge, d'avouer plusieurs grandes et consolantes vérités, touchant la dévotion à la sainte Vierge, avec tant de force et de clarté, qu'on ne peut lire cette histoire authentique et le panégyrique que le diable fit malgré lui de la dévotion à la sainte Vierge, sans verser des larmes de joie , pour peu qu'on soit dévot à la très sainte Vierge.



Histoires

Cette puissance de Marie pour la conversion des pécheurs s'est affirmée souvent dans la vie du Père de Montfort. Il l'a caractérisée en ces termes vulgaires mais énergiques, quand il était au séminaire de Saint- Sulpice : « Jamais aucun pécheur ne m'a résisté, quand j'ai pu lui mettre la main sur le collet avec mon Rosaire ».

Il était allé chez un certain M. Dorville, subdélégué de l'Intendant de Bretagne. La dame de la maison lui ayant fait servir à dîner, M. Dorville crut que la bienséance lui commandait de tenir compagnie au saint.

« Êtes-vous bien dévot à la sainte Vierge ? » telle fut la première question que le Saint adressa brusquement à cet homme du monde qu'il n'avait jamais vu. Et plaçant sur la table une petite statue de la sainte Vierge qu'il portait toujours sur lui, il remercia sa bonne Mère d'avoir donné à ces gens l'idée de lui offrir à dîner, et la pria de verser ses bénédictions sur cette maison hospitalière. M. Dorville ne savait que penser de cette manière de parler et d'agir du saint homme. Mais, après quelques instants d'entretien, Marie avait touché son cœur : la statue avait produit l'effet qu'en avait attendu le Bienheureux.

Les paroles enflammées du saint apôtre de Marie furent une lumière pour M. Dorville. Il se trouva changé en un autre homme. Il promit de réciter tous les jours son Rosaire, et pria le Père de Montfort de le guider dans la vie chrétienne.



Saint Vincent Ferrier


Saint Vincent Ferrier eut, dès sa jeunesse, une dévotion remarquable envers la sainte Vierge, et un prédicateur lui semblait toujours avoir bien prêché lorsqu'il avait parlé à la louange de cette Reine des Anges. Aussi lorsqu'il fut entré dans l'Ordre de Saint Dominique et qu'il fut voué par état à la conversion des pécheurs, il appela toujours Marie à son secours, surtout dans les cas désespérés.

Un jour, il était près du lit d'un mourant. Celui-ci répondit à toutes ses exhortations par ces paroles sataniques : « Je veux me damner, au déplaisir de Jésus-Christ ».

Vincent, plein de confiance en Marie, se tourne vers le moribond et lui dit : « Malgré toi je te sauverai ». Il invite les personnes présentes à invoquer avec ferveur la sainte Vierge, et l'on récite le Rosaire.

Dieu voulut montrer combien lui plaisait l'héroïque espérance de son serviteur. Avant la fin du Rosaire, la chambre se remplit de lumière, la Mère de Dieu apparaît portant dans ses bras le divin Enfant, mais tout couvert de blessures. Le pécheur, témoin de ce spectacle, se convertit subitement, et demande pardon à Dieu et aux hommes.



Pratique : Conjurez Marie d'enlever de votre cœur toutes les affections qui ne seraient pas pour Jésus. Prenez la résolution de réprimer les mouvements de votre impatience naturelle, de l'amour propre et de l'aversion pour vos ennemis, afin d'avoir la patience et l'humilité de Jésus, de vous revêtir de sa divine charité pour tous les hommes.


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Message par Lumen Mer 8 Mai 2024 - 21:57

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Septième jour

Le Pouvoir de Marie pour la perfection des Saints


I. Si la dévotion à la sainte Vierge est nécessaire à tous les hommes pour faire seulement leur salut, elle l'est encore beaucoup plus à ceux qui sont appelés à une perfection particulière, et je ne crois pas que personne puisse acquérir une union intime avec Notre-Seigneur et une parfaite fidélité au Saint Esprit, sans une très grande union avec la très sainte Vierge et une grande dépendance de son secours.

C'est Marie seule qui a trouvé grâce devant Dieu sans aide d'aucune autre créature : ce n'est que par Elle que tous ceux qui viendront après la trouveront.

Elle était pleine de grâces lorsqu'elle fut saluée par l'archange Gabriel, et elle fut surabondamment remplie de grâces par le Saint-Esprit lorsqu'il la couvrait de son ombre ineffable, et elle a tellement augmenté de jour en jour et de moment en moment cette plénitude double, qu'elle est arrivée à un degré de grâce immense et inconcevable, en sorte que le Très-Haut l'a faite la trésorière de ses trésors et l'unique dispensatrice de ses grâces, pour anoblir, élever et enrichir qui Elle veut dans la voie étroite du ciel ; pour faire passer, malgré tout, qui Elle veut par la porte étroite de la vie, et pour donner le trône, le sceptre et la couronne de roi à qui Elle veut. Jésus est partout et toujours le Fils de Marie, et Marie est toujours l'arbre véritable qui porte le fruit de la vie, et la vraie mère qui le produit.


II. C'est Marie seule à qui Dieu a donné les clefs des celliers du divin amour et le pouvoir d'entrer dans les voies les plus sublimes et les plus secrètes de la perfection et d'y faire entrer les autres. C'est Marie seule qui donne l'entrée dans le paradis terrestre aux misérables enfants d'Eve l'infidèle, pour s'y promener agréablement avec Dieu s'y cacher sûrement contre ses ennemis, et pour s'y nourrir délicieusement, et sans plus craindre la mort, du fruit des arbres de vie et de science du bien et du mal, et pour y boire à longs traits les eaux célestes de cette belle fontaine qui y rejaillit avec abondance ; ou plutôt Elle est elle-même ce paradis terrestre, cette terre vierge et bénie d'où Adam et Eve, les pécheurs, ont été chassés ; Elle ne donne entrée chez Elle qu'à ceux et celles qu'il lui plaît, pour les faire devenir des saints. Tous les riches du peuple, pour me servir de l'expression du Saint-Esprit, tous les riches du peuple supplieront votre visage de siècle en siècle , et particulièrement à la fin du monde, c'est-à-dire que les plus grands saints, les âmes les plus riches en grâces et en vertus seront les plus assidus à prier la très sainte Vierge et à l'avoir toujours présente, comme leur parfait modèle pour l'imiter, et leur aide puissante pour les secourir.

J'ai dit que cela arriverait particulièrement à la fin du monde, et bientôt, parce que le Très-Haut, avec sa sainte Mère, doivent se former de grands Saints, qui surpasseront autant en sainteté la plupart des autres Saints, que les cèdres du Liban surpassent les petits arbrisseaux, comme il a été révélé à une sainte âme, dont la vie a été écrite par un grand serviteur de Dieu.


III. (Ici le P. de Montfort s'élève jusqu'au ton prophétique pour annoncer la diffusion du règne de Marie, et l'extension de sa dévotion dans les derniers âges du monde) Ces grandes âmes, pleines de grâces et de zèle, seront choisies pour s'opposer aux ennemis de Dieu, qui frémiront de tous côtés, et elles seront singulièrement dévotes à la très sainte Vierge, éclairées par sa lumière, conduites par son esprit, soutenues par son bras et gardées sous sa protection, en sorte qu'elles combattront d'une main et édifieront de l'autre. D'une main, elles combattront, renverseront et écraseront les hérétiques avec leurs hérésies, les schismatiques avec leurs schismes, les idolâtres avec leurs idolâtries, et les pécheurs avec leurs impiétés ; et, de l'autre main, elles édifieront le temple du vrai Salomon et la mystique cité de Dieu, c'est-à-dire la très sainte Vierge, appelée par les Saints Pères le temple de Salomon et la cité de Dieu. Ils porteront tout le monde, par leurs paroles et leurs exemples, à sa véritable dévotion, ce qui leur attirera beaucoup d'ennemis, mais aussi beaucoup de victoires et de gloire par Dieu seul.

C'est ce que Dieu a révélé à saint Vincent Ferrier, grand apôtre de son siècle , comme il l'a suffisamment marqué dans un de ses ouvrages.

C'est ce que le Saint-Esprit semble avoir prédit dans le psaume 58, 14 et dont voici les paroles : Et scient quia Deus dominabitur Jacob et finium terræ. Et ils sauront que Dieu régnera sur Jacob et sur les extrémités de la terre.

Cette ville que les hommes trouveront à la fin du monde, pour se convertir et pour rassasier la faim qu'ils auront de la justice, est la très sainte Vierge, qui est appelée par le Saint-Esprit : ville et cité de Dieu.



Histoires

Avant de prêcher aux autres la nécessité d'une dévotion extraordinaire envers la sainte Vierge pour arriver à un degré élevé de perfection, le Père de Montfort en avait ressenti le besoin pour lui-même. Aussi, dès sa jeunesse, à peine eut-il entrevu les sommets de la perfection qu'il comprit ne pouvoir les atteindre que par son secours.

Le premier auteur de sa vie, qui fut en même temps son ami, remarque que dès le petit séminaire de Saint- Sulpice « les récréations loin de le dissiper, favorisaient son recueillement, car il ne pouvait parler ou entendre parler que de Jésus et de Marie. Il prenait en dégoût toute conversation qui ne rappelait pas le nom du Fils et de la Mère. Ses entretiens roulaient presque toujours sur la sainte Vierge, dont il ne se lassait pas de publier les vertus et les grandeurs... Il revenait toujours à parler de cette Mère céleste qui occupait sa pensée et son cœur... Cette dévotion le suivait partout. Trouvait-il de belles et pieuses images de la Sainte-Vierge, son cœur se satisfaisait à les voir et à les admirer, et il n'épargnait rien pour se les procurer.

Il en a acheté quelquefois bon nombre, qu'il distribuait dans le grand et dans le petit séminaire, et se faisait une loi d'en porter toujours une sur ses vêtements ».



Le petit Pâtre de Marie


Il y a un an, racontait en 1890 M. Fourcade, missionnaire à Pondichéry, une maladie épidémique sévissait parmi le bétail de Singapour. Un petit paria chrétien, âgé de huit ans, gardait les troupeaux d'un homme riche.

Comme ils étaient, un jour, tous deux aux champs, l'enfant dit à son maître encore païen : « Maître, la maladie devient de plus en plus forte. Si vous voulez suivre mon conseil, je vous assure que pas un de vos bœufs ne périra. - Dis toujours, répond le maître. - À votre pagode, on fait tous les jours des sacrifices à vos dieux, et cependant la maladie devient plus forte ; vos dieux ne paraissent pas avoir une grande puissance. Moi, je vais faire la promesse d'offrir deux bougies à la Sainte Vierge, notre mère du ciel. Y consentez-vous ? Si aucun de vos bœufs ne périt, donnerez-vous les douze sous pour acheter les deux bougies ? - J'y consens », dit le maître.

À cette condition il ne risquait rien. Alors l'enfant tombe à genoux au milieu du champ, et dans sa foi naïve et admirable, joignant ses petites mains et levant les yeux au ciel avec une confiance angélique : « Bonne Mère, s'écria-t-il, si aucun des bœufs de mon maître ne périt, je vous offrirai deux bougies dans votre chapelle ».

Cependant la maladie sévissait plus que jamais dans le pays, au point de faire périr plus de cinq cents têtes de bétail, mais elle respecta religieusement les bœufs de notre petit pâtre. Jugez s'il en était fier et s'il se gênait pour exalter la puissance de Marie. Le maître fut fidèle à sa promesse et finit par se convertir. Ce fait fit beaucoup d'impression sur l'esprit des païens et contribua à attirer aux exercices de piété envers la Sainte Vierge plusieurs d'entre eux frappés de la puissance de la Mère de Dieu.



Pratique : Approchez-vous de Marie avec une confiance sans bornes. Unissez-vous avec simplicité à cette source de vie la plus pure et la plus sainte que Jésus nous ait ouverte, espérant puiser avec abondance, en notre divine Mère, l'éminence des vertus et la sainteté de vie requises dans l'état où Dieu vous a appelés.


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Message par Lumen Ven 10 Mai 2024 - 20:52

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Huitième jour

Marie, ennemie irréconciliable du démon


I. Jamais Dieu n'a fait et formé qu'une inimitié, mais irréconciliable, qui durera et augmentera même jusqu'à la fin : c'est entre Marie sa digne Mère et le diable ; entre les enfants et serviteurs de la sainte Vierge et les enfants et suppôts de Lucifer, en sorte que la plus terrible des ennemies que Dieu ait faites contre le démon est Marie, sa sainte Mère.

Il lui a même donné, dès le paradis terrestre, tant de haine contre ce maudit ennemi de Dieu, tant d'industrie pour découvrir la malice de cet antique serpent, tant de force pour vaincre, terrasser, écraser cet orgueilleux impie, que celui-ci l'appréhende plus, non seulement que tous les Anges et les hommes, mais, en un sens, que Dieu même : ce n'est pas que la colère, la haine et la puissance de Dieu ne soient infiniment plus grandes que celles de la sainte Vierge, puisque les perfections de Marie sont limitées, mais c'est : 1º parce que Satan, étant orgueilleux, souffre infiniment plus d'être vaincu par une petite et humble servante de Dieu, et son humilité l'humilie plus que le pouvoir divin ; 2º parce que Dieu a donné à Marie un si grand pouvoir contre les diables, qu'ils craignent plus, comme ils ont été souvent obligés de l'avouer malgré eux, par la bouche des possédés, un seul de ses soupirs pour quelque âme, que les prières de tous les saints, et une seule de ses menaces plus que tous leurs autres tourments.


II. Ce que Lucifer a perdu par l'orgueil, Marie l'a gagné par l'humilité ; ce qu'Eve a damné et perdu par désobéissance, Marie l'a sauvé par obéissance. Eve, en obéissant au serpent, a perdu tous ses enfants avec elle et les lui a livrés ; Marie, s'étant rendue parfaitement fidèle à Dieu, a sauvé tous ses enfants et serviteurs avec Elle, et les a consacrés à sa Majesté !

Non-seulement Dieu a mis une inimitié, mais des inimitiés, non-seulement entre Marie et le démon, mais entre la race de la sainte Vierge et la race du démon, c'est- à-dire que Dieu a mis des inimitiés, des antipathies et des haines secrètes entre les vrais enfants et serviteurs de Marie et les enfants et esclaves du diable. Ils ne s'aimaient point mutuellement, ils n'ont point de correspondance intérieure, les uns avec les autres. Les enfants de Bélial, les esclaves de Satan, les amis du monde (car c'est la même chose) ont toujours persécuté jusqu'ici et persécuteront plus que jamais ceux et celles qui appartiennent à la très sainte Vierge, comme autrefois Caïn persécuta son frère Abel, et Esaü son frère Jacob, qui sont les figures des réprouvés et des prédestinés.

L'humble Marie aura toujours la victoire sur cet orgueilleux, et si grande, qu'elle ira jusqu'à lui écraser la tête où réside son orgueil ; elle découvrira toujours la malice du serpent, elle éventera ses mines infernales, elle dissipera ses conseils diaboliques, et garantira jusqu'à la fin des temps ses fidèles serviteurs de sa patte cruelle ; mais le pouvoir de Marie sur tous les diables éclatera particulièrement dans les derniers temps, où Satan mettra des embûches à son talon, c'est-à-dire à ses humbles esclaves et ses pauvres enfants, qu'elle suscitera pour lui faire la guerre.

Ils seront petits et pauvres selon le monde, et abaissés devant tous, foulés et persécutés, comme le talon l'est à l'égard des autres membres du corps ; mais en échange, ils seront riches en grâces de Dieu, que Marie leur distribuera abondamment ; grands et relevés en sainteté devant Dieu, supérieurs à toute créature par leur zèle animé, et si fortement appuyés du secours divin, qu'avec l'humilité de leur talon, en union de Marie, ils écraseront la tête du diable et feront triompher Jésus-Christ.



Histoires

M. des Bastières, compagnon d'apostolat du bienheureux Montfort, raconte que ce convertisseur des âmes exposa plusieurs fois sa vie pour arracher au démon, avec le secours de Marie, d'infortunées pécheresses, livrées à tous les crimes.

« Il m'a souvent conduit, écrit-il , dans des maisons mal famées sans m'avertir, craignant avec raison que je ne le refuse. Quand nous entrions dans ces lieux maudits, il se mettait d'abord à genoux dans la chambre, ayant un petit crucifix à la main . Je m'y mettais à son exemple, et nous disions un Ave Maria, et, après avoir baisé la terre, nous nous relevions . Il les prêchait ensuite avec tant de force et d'onction que ces pécheresses et leurs complices ne savaient que dire, tant ils étaient consternés . La plupart des hommes sortaient en silence, laissant ces samaritaines ; les unes pleuraient amèrement , les autres étaient comme des statues immobiles. M. de Montfort les faisait mettre à genoux, et s'y mettait lui- même. Après les avoir bien prêchées, il leur faisait promettre de quitter pour toujours leur vie criminelle et de faire une confession générale »



La mère d'un franc-maçon et la sainte Vierge


La sainte Vierge prouve souvent à quel point elle est l'ennemie de Satan et se plaît à lui arracher ses victimes. En voici une preuve dans le récit d'une mère.

« J'avais un fils unique, je l'aimais ! il m'aimait bien aussi, lui. Il était intelligent, je le tins à l'école longtemps, trop longtemps peut-être. Il remportait tous les prix. J'en étais fière, j'avais sans doute tort.

À seize ans, il concourut pour un emploi : il fut classé en première ligne. On me prédisait pour lui un bel avenir. Je consentis à le laisser partir : on me disait que c'était pour son bien. Au moment de la séparation, je lui dis en l'embrassant : « Tu aimes la sainte Vierge, mon enfant ; n'oublie pas qu'elle n'a jamais abandonné qui a recours à elle. Tu me le promets, mon Charles ? - Oui, mère », me dit il, en me serrant dans ses bras.

Il alla à Marseille. Il m'écrivit souvent au début. Ses lettres étaient affectueuses et pleines d'abandon. Elles devinrent rares par la suite, puis... je pleurai, je priai, j'attendis rien ne venait.

Un jour, oh ! bien, bien longtemps après, je reçus un télégramme. Il disait : « Venez vite, votre fils vous réclame ». Je partis en grande hâte. Vingt-quatre heures après, j'étais à Marseille. Je cours à la maison de Charles ; le concierge veut m'empêcher de monter. « Je suis sa mère », lui dis-je, et je gravis l'escalier comme une folle. J'entrai chez mon fils malgré deux Messieurs qui voulaient m'en empêcher.

Pauvre Charles, cher enfant, il était bien mal ! Il me serrait dans ses bras et me disait : « Je l'ai implorée, mère, et c'est Elle qui t'envoie. Un prêtre un prêtre ! »

Je le calmai. Il me raconta ce qui lui était arrivé. Il avait fréquenté de mauvaises compagnies, des hommes sans foi ni loi ; il était devenu franc-maçon et avait juré de vivre et de mourir sans Dieu, le pauvre cœur ! La maladie était venue ; et, se voyant aller à grands pas vers la mort, il s'était souvenu qu'il était chrétien. Il avait demandé un prêtre, et on le lui avait refusé ! Deux prétendus amis (!) s'étaient constitués les sentinelles du démon pour empêcher le prêtre d'arriver à lui ; sa garde-malade même se refusa d'aller le chercher. Une femme ! Et mon Charles se mourait ! Alors, il se rappela ma recommandation dernière, et le Souvenez-vous monta à ses lèvres ; il le répéta sans cesse et tout haut. Une jeune demoiselle, un ange plutôt, en passant, l'entendit. Elle entra pendant l'absence de la garde ; touchée de pitié, elle m'envoya la dépêche qui me fit venir arracher mon enfant au démon. « Figure-toi, mère, me disait-il, qu'ils voulaient mon corps pour l'enterrer à leur guise. Ils me pressaient de signer un écrit qui le leur eût livré. Oh ! pour cela, mère, non jamais ! tu en serais morte ».

Un prêtre que j'avais prié de me suivre arriva bientôt. Il reçut la confession de mon fils et lui donna de la force et du courage. Je restai encore deux jours à ses côtés. À la fin du deuxième, il m'attira à lui et soupira à mon oreille : « Mère, c'est Elle qui t'a envoyée ! » Un moment après, mon fils était mort ».




Pratique : Ouvrez votre cœur à Marie et priez-la de le remplir des saintes dispositions d'humilité, de contrition et d'abandon de tout vous-même à la justice divine. Entrez dans ces sentiments toutes les fois que vous réciterez : Je confesse à Dieu, et surtout lorsque vous approchez du saint Tribunal, car si Jésus-Christ est la source de la vraie pénitence, Marie est le canal qui en amène les eaux jusqu'à nous.


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