« Les stigmatisés souffrent comme Jésus lors de sa crucifixion » : un livre-enquête révèle les mystères des stigmates
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« Les stigmatisés souffrent comme Jésus lors de sa crucifixion » : un livre-enquête révèle les mystères des stigmates
« Les stigmatisés souffrent comme Jésus lors de sa crucifixion » :
un livre-enquête révèle les mystères des stigmates
Souffrances physiques, grande piété, position de l’Eglise… L’historien Joachim Bouflet a écrit Enquête sur les stigmatisés, un livre qui dévoile les vies de certains contemporains qui ont porté les plaies du Christ.
Padre Pio porta les stigmates dès 1918 et tenta de les cacher de longues années en portant des mitaines
un livre-enquête révèle les mystères des stigmates
Souffrances physiques, grande piété, position de l’Eglise… L’historien Joachim Bouflet a écrit Enquête sur les stigmatisés, un livre qui dévoile les vies de certains contemporains qui ont porté les plaies du Christ.
Padre Pio porta les stigmates dès 1918 et tenta de les cacher de longues années en portant des mitaines
Votre livre montre à quel point les stigmatisés ne sont pas si rares, dans l’Eglise. Pourquoi connaissons-nous si mal ce phénomène ?
En dehors de Padre Pio ou de Marthe Robin, les cultes attachés aux personnes portant les plaies du Christ restent très locaux. Anna Schäfer, par exemple, qui eut de fréquentes visions de la Vierge Marie au début du XXe siècle, n’est connue qu’en Bavière, pratiquement. Les stigmates sont relativement répandus, ils font partie d’une tradition de l’Eglise. Et l’Eglise ne cherche pas à les cacher quand ils sont de bon aloi.
Comment se manifeste ce phénomène, spirituellement ?
En général, il y a une forme de préparation plus ou moins explicite vécue par le stigmatisé : une vision, une maladie. Et nécessairement une disposition de la personne à souffrir en union de la passion du Christ, ce qui ne signifie pas qu’elle demande les stigmates. Le stigmatisé veut simplement s’associer aux souffrances du Christ, qui a souffert pour nous. A partir de là, il y a une extase, une forme de passage dans ce que je nomme « l’autre monde », une déconnexion de l’individu avec notre monde ici-bas, pour être en présence de la transcendance de Dieu. Les stigmates interviennent toujours au cours d’une extase.
Et physiquement ?
C’est très variable. Il n’y a pas un stigmatisé qui présente la même phénoménologie que l’autre. Certains ont de simples marques sur ou sous la peau, ou bien des sortes d’ampoules. Ces marques rouges font penser à des contusions. Ils peuvent aussi prendre l’apparence d’éraflures plus ou moins profondes, ou encore des trous qui traversent le membre de part en part. Mais les stigmates peuvent aussi être des effusions transcutanées du sang, c’est-à-dire sans plaie, sans marque. En revanche, un stigmate n’implique pas nécessairement d’effusion de sang. Il y a des stigmates qui s’ouvrent ou se ferment à des dates très précises. Par exemple le vendredi, en mémoire de la passion ou lors des fêtes de la croix, ou seulement pendant la semaine sainte… Ces différences sont inexplicables, elles font partie de la vocation de chaque stigmatisé.
Quelle est la réaction des stigmatisés lorsque les plaies apparaissent ?
La première chose qu’elles demandent au Seigneur c’est que les stigmates ne se voient pas, qu’il n’y ait pas de marques. Elles sont quelquefois exaucées, comme Anna Schäfer. Padre Pio fit la demande de les garder, mais cachées. Il portait pour cela des mitaines, aussi parce que ses plaies se mettaient parfois à saigner abondamment comme celles du Christ. Moins d’un an après sa stigmatisation complète, en août 1918, il était déjà appelé « le Saint de San Giovanni Rotondo ».
Les stigmatisés souffrent-ils physiquement ? Cherchent-ils à se soigner ?
On souffre en permanence. Il faut s’imaginer que certains souffrent comme Jésus lors de sa crucifixion. En général, les médecins essaient de guérir les stigmates. S’ils sont authentiques, cela ne fonctionnera pas. Cela ne sert généralement à rien de les soigner, d’autant plus que ces plaies évoluent très différemment d’une blessure ou d’un mal normal.
Pourquoi ces personnes font-elles le choix de souffrir ?
Ces personnes veulent le faire par amour pour le Christ. Il y a chez elles une volonté de s’identifier au Christ souffrant sur la croix. Quand on aime quelqu’un, on veut souvent partager une expérience commune. Les stigmatisés veulent être associés à ce que Padre Pio appelait « la grande œuvre du Salut des âmes », c’est-à-dire prendre sa part dans l’œuvre rédemptrice du Christ. Le Christ aurait demandé au saint homme d’être un intermédiaire du Salut qu’il apporte à tous les hommes.
Comment authentifier des stigmates ?
La première étape est d’ordre médicale. Un médecin va constater la plaie, la définir et déterminer s’il n’y a pas de fraude quelque part. La deuxième étape concerne l’intervention du théologien, qui va chercher à déterminer les circonstances dans lesquelles l’individu a reçu les stigmates et ce que cela forge dans sa vie intérieure.
Qui sont les stigmatisés ? Font-ils partie du tout-venant ?
Si nous avions assez de générosité pour aimer le Christ jusque-là, cela pourrait nous concerner aussi. Anna Schäfer, typiquement, qui décida de consacrer son cœur et son âme au Seigneur à sa première communion, était pieuse dès sa plus tendre enfance. Les porteurs de stigmates sont tous très fervents et ont une grande compassion pour les âmes du purgatoire. Ils sont également très attachés à l’eucharistie. Il y a systématiquement aussi cette demande de partager les souffrances physiques du Christ. Une stigmatisée disait toujours « si je ne prie pas, je meurs ». Adryenne Von Spyer était médecin et protestante. Elle a eu des apparitions de la Vierge, s’est convertie au catholicisme et a été passionnément éprise du Christ, notamment dans l’eucharistie, et les stigmates lui sont tombés dessus !
Les stigmates représentent les plaies visibles des souffrances du Christ. Qu’est-ce que cela dit de la personne qui les porte ?
Les stigmates font simplement partie de leur mission propre, celle d’être uni à la passion du Christ. Elles sont la marque d’une relation privilégiée au Christ souffrant. Pour les fidèles, cela n’exige pas de vénération particulière. Ces plaies visibles témoignent de l’extrême générosité de ces personnes et de leur total oubli d’eux-mêmes. La plupart des stigmatisés ne pensent qu’à la personne du Christ et au Salut de leurs frères.
Il existe de nombreux faux stigmatisés. Comment l’Eglise gère-t-elle ces situations ?
L’Eglise est très prudente avec ce sujet. On ne sait jamais de quoi cela procède. Les stigmates sont des signes, pas des preuves. Aussi n’a-t-elle reconnu officiellement et rapidement, dans les deux cas, que deux stigmatisés, Saint François d’Assise et Sainte Catherine de Sienne. A l’instar de Padre Pio, pourtant canonisé, l’Eglise ne s’est jamais prononcée sur de nombreuses personnes ayant porté les stigmates. Au fond, cela ne change pas grand-chose à leur sainteté. Padre Pio fut ainsi canonisé notamment pour son extraordinaire ministère de la confession.
Louis de La Houplière
Lumen- Date d'inscription : 09/11/2021
Localisation : France
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