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La Nuit de la Foi...

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La Nuit de la Foi... Empty La Nuit de la Foi...

Message par Francesco Mer 25 Aoû 2010 - 0:08



28/09/2007 19:00

La nuit de la foi, marcher sans appui

La publication de lettres de Mère Teresa de Calcutta, évoquant la nuit spirituelle qu’elle a traversée durant des dizaines d’années, remet en lumière une expérience mystique souvent décrite dans l’histoire de la spiritualité

C’est un bien étrange continent que nappe la nuit spirituelle. Une terre aride et désolée, loin de Dieu. Combien sont-ils de croyants à avancer ainsi vers lui, dans l’obscurité la plus complète, sans aucun appui ?

Nul ne le sait, car la nuit relève du secret, parfois partagé seulement avec un confesseur ou un intime. C’est donc de manière paradoxale que la nuit spirituelle a été portée en pleine lumière, il y a quelques semaines, lorsque le monde entier a découvert que Mère Teresa, la bienheureuse de Calcutta, avait passé la plus grande partie de sa vie dans l’obscurité de la foi.

Dans des lettres qui viennent d’être publiées en anglais (1), elle évoque « le tunnel », les « tortures de la solitude », « la terrible obscurité en moi, comme si tout était mort. » « Dites-moi, Père, pourquoi y a-t-il autant de peine et d’obscurité dans mon âme ? », écrit-elle à son confesseur en août 1959.

"La réalité de l’obscurité, de la froideur, du vide est si vaste"

Chaque nuit est toujours la première. Âpre, angoissante, elle se partage difficilement. Celui qui la traverse ne trouve ni secours, ni consolation dans les doctrines et les conseils des maîtres spirituels. « On me dit que Dieu m’aime, et pourtant la réalité de l’obscurité, et de la froideur, et du vide est si vaste, que rien ne touche mon âme », témoigne Mère Teresa, dans une lettre non datée.

La « nuit » est pourtant un phénomène connu de la vie spirituelle. Elle a été décrite par de grands mystiques : Jean de la Croix, surnommé « le docteur des nuits », Thérèse d’Avila, François de Sales ou encore Thérèse de Lisieux. Ceux qui ont mis des mots sur cette traversée – y compris de « simples » chrétiens inconnus – en parlent comme d’une expérience de grande peine et de tourments intérieurs violents, loin de Dieu.

La nuit est sécheresse, aridité, solitude, ténèbres. Les mots sont toujours inadéquats pour la décrire. Il faut donc inventer des expressions, la plus célèbre étant certainement celle de Jean de la Croix, parlant de « la nuit obscure ».

"Il a l'impression que Dieu se cache"

La nuit peut revêtir plusieurs formes, souvent entremêlées. La nuit des sens où le croyant est privé des perceptions sensibles de la présence de Dieu ; la nuit de l’intelligence, où il doit renoncer au discours, aux images, aux idées qu’il se faisait sur Dieu ; la nuit de la foi, où il est pris de vertige devant l’absence de Dieu.

Le passage par l’obscurité tranche alors avec une vie spirituelle auparavant heureuse. « Au début de la vie spirituelle, le croyant connaît des moments de petites exaltations. Il perçoit sensiblement la présence du Seigneur, explique Dom André Louf, cistercien, ancien abbé du Mont des Cats. Ce n’est pas à dédaigner, car c’est un don du Seigneur. Mais ce moment n’est souvent pas appelé à durer de cette façon. »

Quand la nuit survient, le croyant perd tout goût à la vie spirituelle. « Il a l’impression que Dieu se cache, qu’il est absent, qu’il ne s’occupe pas de lui, qu’il le laisse tomber, décrit Dom Louf. C’est une expérience douloureuse. » Cet assèchement de la vie spirituelle est ressenti d’autant plus violemment chez les mystiques dont la vie spirituelle avait auparavant été gratifiée de phénomènes particuliers : extases, visions, stigmates, lévitations…

"La nuit survient alors que le croyant progresse"

Dans ‘La montée au Carmel’ et ‘La Nuit obscure’, Jean de la Croix décrit les chemins de l’expérience nocturne. Il leur donne aussi un sens. La nuit, dit-il, survient alors que le croyant progresse dans le chemin vers Dieu. En s’approchant de celui qui est l’amour, l’âme devient de plus en plus consciente de son impureté et de son indignité : la nuit apparaît comme l’envers d’une lumière divine inatteignable.

Dans la nuit, écrit le réformateur du Carmel au XVIe siècle, « les spirituels souffrent à l’extrême de la crainte de s’être égarés, de la pensée que Dieu les a délaissés ». « L’âme se sent privée de Dieu, rejetée de Dieu », poursuit-il, n’hésitant pas à comparer cette expérience à l’enfer : « C’est véritablement aux douleurs de la mort, aux tortures de l’enfer que l’âme se voit en proie. »

Avec la modernité et l’extension sociale de l’incroyance, l’expérience d’une telle nuit va se vivre autrement et se dire avec d’autres mots. Disciple de saint Jean de la Croix, Thérèse de Lisieux parle de « nuit » pour traduire la détresse qui l’habite au cours des dix-huit mois qui précèdent sa mort. Le sens en est pourtant quelque peu modifié, car la « petite » Thérèse expérimente et traduit sa nuit dans le langage, la spiritualité et les questions de son temps.

Elle sait qu’elle « veut croire »

Chez elle, la nuit n’est plus – ou plus seulement – la privation des goûts spirituels et la crainte de l’enfer. Elle se caractérise par l’angoisse de l’absence de Dieu, que ni Jean de la Croix, ni François de Sales ne pouvaient culturellement envisager. Pour Thérèse de l’Enfant-Jésus, la nuit est « le vertige de la liberté de la foi, l’évidence que le doute est possible et, non seulement le doute, mais aussi la négation radicale dans le désespoir », écrit Michel Dupuy (2).

L’histoire de Thérèse – « qui ressemblait à un conte de fées », selon ses propres mots – entre dans la nuit avec la prise de conscience de l’incroyance. Elle en est bouleversée, prise d’angoisse à l’idée que sa foi puisse n’être qu’un rêve. Elle décrit ce trouble à sa prieure (3) : « Il me semble que les ténèbres empruntant la voix des pécheurs me disent en se moquant de moi : ‘Tu rêves la lumière, la patrie embaumée des plus suaves parfums, tu rêves la possession éternelle du Créateur de toutes ces merveilles, tu crois sortir un jour des brouillards qui t’environnent, avance, avance, réjouis-toi de la mort qui te donnera, non ce que tu espères, mais une nuit plus profonde encore, la nuit du néant’.»

Croire, ne pas croire. Dans la nuit, celui qui marche vers Dieu est renvoyé à sa liberté. Thérèse de Lisieux, elle, a fait son choix. Elle sait qu’elle « veut croire ». Elle va faire de cette nuit un désir de Dieu encore plus grand, tout en renonçant à lui donner une explication. En pleine nuit, elle écrit : « Lorsque je chante le bonheur du Ciel, l’éternelle possession de Dieu, je n’en ressens aucune joie, car je chante simplement ce que JE VEUX CROIRE. »

"Celui qui, de nuit, continue de marcher"...

Les lettres de Mère Teresa de Calcutta évoquent, elles aussi, le choix de croire. En 1961, elle écrit à son confesseur qu’elle décide « d’aimer l’obscurité », « parce que je crois maintenant qu’elle est une très, très petite part de l’obscurité et de la peine de Jésus sur terre. »

Dans la spiritualité chrétienne, traverser la nuit ne veut donc pas dire perdre la foi. Au bord de l’abîme peut demeurer, et parfois s’aviver, le désir de Dieu. Dans la nuit, « l’amour meut et guide seul cette âme. Il la fait voler vers Dieu par un chemin solitaire », écrit saint Jean de la Croix.

Au creux de la nuit, la foi trouve sa radicalité. Dépouillée, elle apparaît pour ce qu’elle est : confiance, désir, chemin vers Dieu sans garantie. Dans la spiritualité chrétienne, celui qui, de nuit, continue de marcher, approche sans le savoir de Dieu qui demeure toujours l’Inconnaissable. Déjà, au IVe siècle, un moine du désert écrivait : « Vraiment, abba Joseph a trouvé la voie, car il a dit : ‘ Je ne sais pas’.»

Elodie MAUROT


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