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La chute

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Message par MichelT Ven 3 Déc 2010 - 22:06

Les Evangiles sont toujours d'une simplicité et d'une clarté étonnantes. Les paraboles données par le Christ nous révèlent bien des mystères, même ceux "cachés depuis l'origine du monde" (Mathieu 13,35). Et parmi les questions que se pose l'être humain depuis la nuit des temps, il en est une qui concerne le pourquoi du bien et du mal ? Question essentielle s'il en est... Jésus y répond à travers une petite histoire pleine de sens et de signification.

"Le royaume des cieux est semblable à un homme qui a semé du bon grain dans son champ. Mais, pendant que les gens dormaient, son ennemi vint, sema de l'ivraie parmi le blé, et s'en alla. Lorsque le blé eut poussé et donné du fruit, l'ivraie parut aussi. Les serviteurs du maître de la maison vinrent lui dire: Seigneur, n'as-tu pas semé du bon grain dans ton champ ? D'où vient donc qu'il y a de l'ivraie ? Il leur répondit: c'est un ennemi qui a fait cela." (Mathieu 13,24-28)

Le Lien avec la Genèse

Comment ne pas relier cette parabole évangélique avec le récit biblique haut en couleur de la création du monde ? Six jours d'activité créatrice ponctués d'une phrase revenant en forme de leitmotiv : "Dieu vit que cela était bon". Puis un septième jour : du "repos de Dieu". Temps de "non intervention divine" s'il en est, où "l'ennemi" peut à sa guise semer l'ivraie dans le champ du Père céleste...

Le texte de la Genèse pose beaucoup de questions, mais les clefs qu'il donne sont à manipuler avec précaution. Quelles portes vont-elles ouvrir ? Qu'allons-nous découvrir ? Difficile de résister à la curiosité d'aller voir plus loin. Un brin de sagesse est nécessaire pour continuer notre voyage...

En premier remontons le fil du récit poétique et inspiré des deux premiers chapitres de la Genèse. Il est nécessaire de se replonger dans l'étude du texte original afin d'y voir plus clair.


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Chapitre I
Au commencement, Elohîm créa les cieux et la terre.
1 La terre était informe et vide : il y avait des ténèbres à la surface de l’abîme, et l’esprit d'Elohîm se mouvait au-dessus des eaux.
2 Elohîm dit : Que la lumière soit ! Et la lumière fut.
3 Elohîm vit que la lumière était bonne ; et Elohîm sépara la lumière d’avec les ténèbres.
4 Elohîm appela la lumière jour, et il appela les ténèbres nuit. Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin : ce fut le premier jour.
5 Elohîm dit : Qu’il y ait une étendue entre les eaux, et qu’elle sépare les eaux d’avec les eaux.
6 Et Elohîm fit l’étendue, et il sépara les eaux qui sont au-dessous de l’étendue d’avec les eaux qui sont au-dessus de l’étendue. Et cela fut ainsi.
7 Elohîm appela l’étendue ciel. Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin : ce fut le second jour.
8 Elohîm dit : Que les eaux qui sont au-dessous du ciel se rassemblent en un seul lieu, et que le sec paraisse. Et cela fut ainsi.
9 Elohîm appela le sec terre, et il appela l’amas des eaux mers. Elohîm vit que cela était bon.
10 Puis Elohîm dit : Que la terre produise de la verdure, de l’herbe portant de la semence, des arbres fruitiers donnant du fruit selon leur espèce et ayant en eux leur semence sur la terre. Et cela fut ainsi.
11 La terre produisit de la verdure, de l’herbe portant de la semence selon son espèce, et des arbres donnant du fruit et ayant en eux leur semence selon leur espèce. Elohîm vit que cela était bon.
12 Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin : ce fut le troisième jour.
13 Elohîm dit : Qu’il y ait des luminaires dans l’étendue du ciel, pour séparer le jour d’avec la nuit ; que ce soient des signes pour marquer les époques, les jours et les années ;
14 et qu’ils servent de luminaires dans l’étendue du ciel, pour éclairer la terre. Et cela fut ainsi.
15 Elohîm fit les deux grands luminaires, le plus grand luminaire pour présider au jour, et le plus petit luminaire pour présider à la nuit ; il fit aussi les étoiles.
16 Elohîm les plaça dans l’étendue du ciel, pour éclairer la terre,
17 pour présider au jour et à la nuit, et pour séparer la lumière d’avec les ténèbres. Elohîm vit que cela était bon.
18 Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin : ce fut le quatrième jour.
19 Elohîm dit : Que les eaux produisent en abondance des animaux vivants, et que des oiseaux volent sur la terre vers l’étendue du ciel.
20 Elohîm créa les grands poissons et tous les animaux vivants qui se meuvent, et que les eaux produisirent en abondance selon leur espèce ; il créa aussi tout oiseau ailé selon son espèce. Elohîm vit que cela était bon.
21 Elohîm les bénit, en disant : Soyez féconds, multipliez, et remplissez les eaux des mers ; et que les oiseaux multiplient sur la terre.
22 Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin : ce fut le cinquième jour.
23 Elohîm dit : Que la terre produise des animaux vivants selon leur espèce, du bétail, des reptiles et des animaux terrestres, selon leur espèce. Et cela fut ainsi.
24 Elohîm fit les animaux de la terre selon leur espèce, le bétail selon son espèce, et tous les reptiles de la terre selon leur espèce. Elohîm vit que cela était bon.
25 Puis Elohîm dit : Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu’il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre, et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre.
26 Elohîm créa l’homme à son image, il le créa à l’image d'Elohîm, homme et femme il les créa.
27 Elohîm les bénit, et Elohîm leur dit: Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre, et l’assujettissez ; et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, et sur tout animal qui se meut sur la terre.
28 Et Elohîm dit : Voici, je vous donne toute herbe portant de la semence et qui est à la surface de toute la terre, et tout arbre ayant en lui du fruit d’arbre et portant de la semence : ce sera votre nourriture.
29 Et à tout animal de la terre, à tout oiseau du ciel, et à tout ce qui se meut sur la terre, ayant en soi un souffle de vie, je donne toute herbe verte pour nourriture. Et cela fut ainsi.
30 Elohîm vit tout ce qu’il avait fait et voici, cela était très bon. Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin : ce fut le sixième jour.
Chapitre II
1 Ainsi furent achevés les cieux et la terre, et toute leur armée.
2 Elohîm acheva au septième jour son œuvre, qu’il avait faite : et il se reposa au septième jour de toute son œuvre, qu’il avait faite.
3 Elohîm bénit le septième jour, et il le sanctifia, parce qu’en ce jour il se reposa de toute son œuvre qu’il avait créée en la faisant.
4 Voici les origines des cieux et de la terre, quand ils furent créés.


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Partie intégrante des textes fondamentaux rangés au patrimoine spirituel de l'histoire de l'Humanité, le récit de la Genèse est très riche. Il délivre de nombreux messages. Certains le prennent au pied de la lettre, d'autres, dont nous faisons partie, y voient davantage une allégorie décrivant une intelligence créatrice et bienveillante à l'origine de tout ce qui existe. Pour aboutir au merveilleux équilibre de la Création, il faut une volonté organisatrice à l'oeuvre dans l'infiniment petit comme dans l'infiniment grand.

"Les Cieux chantent la gloire de Dieu" dit le Psaume 18... Il suffit de regarder la nature pour comprendre que tout ce qui existe, les arbres, les animaux, le soleil, la lune, les étoiles, etc, n'ont pu se faire tout seul. Contemplant la perfection et la complexité de la Nature plus compliquée que toutes les horloges et pourtant réglée pour des millénaires dans ses plus petits détails, le philosophe Voltaire écrivait : "Vraiment plus j'y pense et moins je puis songer que cette horloge marche et n'ait point d'horloger".

La Bible révèle que Dieu créa toutes choses en six jours, non des journées de vingt-quatre heures, mais des périodes de temps gigantesques, à l'échelle de l'univers, du cosmos. Six jours, six impulsions créatrices qui se répercutent à l'infini de l'espace et du temps, car l'univers est toujours en mouvement. En témoigne la naissance et la mort sans cesse renouvelées des étoiles et des galaxies, l'évolution des espèces. La vie est un champ en perpétuelle transformation !

A l'échelle du divin, dans l'essence, dans ce qui appartient à l'éternité et demeure pour toujours sont sept jours immuables... Ils sont l'expression de la "Conception Immaculée", "l'idée non salie de la Création".

Dans l'espace et dans le temps, dans l'existence, ces "jours des origines" se répercutent à l'infini de notre univers, à la manière d'un programme se déroulant selon les modalités voulues par son auteur.

Le problème du septième jour du "repos de Dieu", avec sa volonté de non intervention divine, c'est qu'il permet à l'ennemi de la parabole de semer l'ivraie dans le champ du Père céleste... Pourquoi ? Qui est-il ? Nous essayerons d'y répondre un peu plus loin.

Pour l'instant bornons-nous à constater, selon la description de la Genèse, que dans les six jours du projet initial : tout est bon !

La mort, la souffrance, la maladie ne sont pas entrés pour contaminer tous les règnes de la vie. L'être humain est créé en grande gloire "à l'image de Dieu", homme et femme, reflétant la beauté, la lumière, l'amour et la vie divine (Genèse 1,26-27). Une harmonie parfaite doit régner : pas de férocité, pas de loi de la jungle, pas d'obligation pour le plus fort de manger le plus faible pour survivre : "A l'être humain, à toute bête sauvage, à tout oiseau du ciel et à tout ce qui rampe sur la terre et qui a une âme vivante, je donne toute herbe verte en nourriture" (Genèse 1, 29-30). L'herbe est un symbole choisi par l'écrivain sacré pour marquer que les êtres vivants auraient pu se nourrir sans détruire d'autres vies. Dans (Genèse 2,9) cette nourriture est symbolisée par le mystérieux "arbre de vie"...

Pourquoi ce projet initial ne correspond-il pas à la réalité de notre univers ? Pourquoi, encore une fois, ce mélange du bon grain et de l'ivraie?

Pour le comprendre, faisons de nouveau appel au récit inspiré de la Genèse. Si le premier chapitre - nous l'avons vu - aborde les "sept jours des origines", il existe un second chapitre avec un récit différent de la Création... Là il est question d'un homme seul, tiré de la poussière du sol, la femme apparaît plus tard. Il est question d'un jardin merveilleux, en Eden, à l'Orient; d'un arbre qui donne la vie en assurant l'immortalité, d'un "arbre de la connaissance du bien et du mal" dont les fruits sont interdits. Relisons le texte original pour nous en imprégner, car les symboles qu'il décrit sont des clefs de compréhension.


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Chapitre II
5 Lorsque Y.H.V.H-Elohîm fit une terre et des cieux, aucun arbuste des champs n'était encore sur la terre, et aucune herbe des champs ne germait encore : car Y.H.V.H-Elohîm n'avait pas fait pleuvoir sur la terre, et il n'y avait point d'homme pour cultiver le sol.
6 Mais une vapeur s'éleva de la terre, et arrosa toute la surface du sol.
7 Y.H.V.H-Elohîm forma l'homme de la poussière de la terre, il souffla dans ses narines un souffle de vie et l'homme devint un être vivant.
8 Puis Y.H.V.H-Elohîm planta un jardin en Éden, du côté de l'orient, et il y mit l'homme qu'il avait formé.
9 Y.H.V.H-Elohîm fit pousser du sol des arbres de toute espèce, agréables à voir et bons à manger, et l'arbre de la vie au milieu du jardin, et l'arbre de la connaissance du bien et du mal.
10 Un fleuve sortait d'Éden pour arroser le jardin, et de là il se divisait en quatre bras.
11Le nom du premier est Pischon ; c'est celui qui entoure tout le pays de Havila, où se trouve l'or.
12 L'or de ce pays est pur ; on y trouve aussi le bdellium et la pierre d'onyx.
13 Le nom du second fleuve est Guihon ; c'est celui qui entoure tout le pays de Cusch.
14 Le nom du troisième est Hiddékel ; c'est celui qui coule à l'orient de l'Assyrie. Le quatrième fleuve, c'est l'Euphrate.
15 Y.H.V.H-Elohîm prit l'homme, et le plaça dans le jardin d'Éden pour le cultiver et pour le garder.
16 Y.H.V.H-Elohîm donna cet ordre à l'homme : Tu pourras manger de tous les arbres du jardin ;
17 mais tu ne mangeras pas de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, car le jour où tu en mangeras, tu mourras.
18 Y.H.V.H-Elohîm dit : Il n'est pas bon que l'homme soit seul ; je lui ferai une aide semblable à lui.
19 Y.H.V.H-Elohîm forma de la terre tous les animaux des champs et tous les oiseaux du ciel, et il les fit venir vers l'homme, pour voir comment il les appellerait, et afin que tout être vivant portât le nom que lui donnerait l'homme.
20 Et l'homme donna des noms à tout le bétail, aux oiseaux du ciel et à tous les animaux des champs ; mais, pour l'homme, il ne trouva point d'aide semblable à lui.
21 Alors Y.H.V.H-Elohîm fit tomber un profond sommeil sur l'homme, qui s'endormit ; il prit une de ses côtes, et referma la chair à sa place.
22 Y.H.V.H-Elohîm forma une femme de la côte qu'il avait prise de l'homme, et il l'amena vers l'homme.
23 Et l'homme dit : Voici cette fois celle qui est os de mes os et chair de ma chair ! on l'appellera femme, parce qu'elle a été prise de l'homme.
24 C'est pourquoi l'homme quittera son père et sa mère, et s'attachera à sa femme, et ils deviendront une seule chair.
25 L'homme et sa femme étaient tous deux nus, et ils n'en avaient point honte.


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Il y a beaucoup à dire sur ce texte vieux de 3000 ans, loin de notre époque... Il est probable qu'un sens symbolique a présidé à ce récit. D'autre part les traductions ne peuvent rendre que très mal le sens de ce texte en vieille écriture hébraïque ne contenant que des consonnes. Quelques remarques en guise de "clefs de compréhension" :

L'Etre Suprême est souvent désigné dans la Genèse par les quatre lettres Y.H.V.H. suivies du mot Elohîm (EL = Dieu - OHIM = plusieurs). Mais ce nom qui pourrait se traduire par Y.H.V.H-Plusieurs Dieux - est toujours suivi d'un verbe au singulier. Exemple : "Y.H.V.H- Eloïm planta un jardin" (Genèse 2,8). Déjà nous comprenons à travers la Genèse que l'Etre Suprême est à la fois plusieurs et un... En apparaissant sous la forme de trois hommes à Abraham (Genèse 18,2) Y.H.V.H-Elohîm complétera cette révélation en affirmant son aspect trinitaire. Des siècles plus tard, après la venue de Jésus, l'Eglise précisera : un seul Dieu formé de trois personnes; le Père, le Fils et le Saint-Esprit.

Dieu n'est pas seul et solitaire. De toute éternité il a quelqu'un a aimer...

Sur "l'homme créé à l 'image de Dieu" (Genèse 1,26) on peut encore ajouter l'analogie trinitaire Père, Fils, Esprit-Saint pour : corps, âme et esprit (1 Thessaloniciens 5,23)

Sur la femme "tirée de la côte de l'homme" (Genèse 2, 21-22), d'autres traductions préfèrent écrire : "il prit un de ses côtés" (ou une de ses limites). Ainsi l'Adam primitif (Genèse 1,26) serait une sorte d'androgyne... Tout homme porte en lui son Eve.

Sur le fleuve qui se divise en quatre bras au jardin d'Eden, il est possible d'y voir préfigurer prophétiquement la croix du Christ.

Sur l'homme qui domine (Genèse 1,27) et nomme (Genèse 2,19-20) tous les animaux de la terre, il est également possible de faire le lien avec la parabole évangélique de l'intendant infidèle et malhonnête (Luc 16,1-8). Il pourrait exister un aspect prophétique dans cette histoire... L'homme placé intendant de la terre s'en verrait retiré la gérance pour mauvaise gestion... Mais sa planche de salut reposerait sur la charité.

Sur l'homme et la femme nus sans honte (Genèse 2,25), le sentiment de mal comme celui de la culpabilité n'existent pas... L'innocence prédomine. A rapprocher de la parole du Christ : "si vous ne devenez comme les petits enfants, vous n'entrerez pas dans le royaume des cieux." (Matthieu 18,3-4)

La Chute

Le tableau idyllique du jardin d'Eden décrit un monde idéal plein d'innocence et d'harmonie. Un "arbre mystérieux", source de vie et d'immortalité produit des fruits auxquels l'être humain peut gouter. Un autre arbre tout aussi mystérieux, l'arbre de la "connaissance du bien et du mal" offre également des fruits. Mais ceux-ci sont interdits à la consommation... Y.H.V.H-Elohîm a placé un interdit assujetti d'une menace : "tu ne mangeras pas de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, car le jour où tu en mangeras, tu mourras." (Genèse 2,17)

C'est alors qu'intervient le serpent, créature étrange dotée de la parole "le plus rusé de tous les animaux des champs que Dieu avait fait" (Genèse 3,1). Habile et fin manipulateur, il va provoquer un drame sur lequel nous allons réfléchir.

Pour bien le comprendre, relisons le récit du troisième chapitre de la Genèse


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Chapitre III
1 Le serpent était le plus rusé de tous les animaux des champs, que Y.H.V.H-Elohîm avait faits. Il dit à la femme : Dieu a-t-il réellement dit : Vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin ?
2 La femme répondit au serpent : Nous mangeons du fruit des arbres du jardin.
3 Mais quant au fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : Vous n’en mangerez point et vous n’y toucherez point, de peur que vous ne mouriez.
4 Alors le serpent dit à la femme : Vous ne mourrez point ;
5 mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront, et que vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal.
6 La femme vit que l’arbre était bon à manger et agréable à la vue, et qu’il était précieux pour ouvrir l’intelligence ; elle prit de son fruit, et en mangea ; elle en donna aussi à son mari, qui était auprès d’elle, et il en mangea.
7 Les yeux de l’un et de l’autre s’ouvrirent, ils connurent qu’ils étaient nus, et ayant cousu des feuilles de figuier, ils s’en firent des ceintures.
8 Alors ils entendirent la voix de Y.H.V.H-Elohîm, qui parcourait le jardin vers le soir, et l’homme et sa femme se cachèrent loin de la face de Y.H.V.H-Elohîm, au milieu des arbres du jardin.
9 Mais Y.H.V.H-Elohîm appela l’homme, et lui dit: Où es-tu?
10 Il répondit: J’ai entendu ta voix dans le jardin, et j’ai eu peur, parce que je suis nu, et je me suis caché.
11 Et Y.H.V.H-Elohîm dit: Qui t’a appris que tu es nu? Est-ce que tu as mangé de l’arbre dont je t’avais défendu de manger?
12 L’homme répondit: La femme que tu as mise auprès de moi m’a donné de l’arbre, et j’en ai mangé.
13 Et Y.H.V.H-Elohîm dit à la femme: Pourquoi as-tu fait cela? La femme répondit: Le serpent m’a séduite, et j’en ai mangé.
14 Y.H.V.H-Elohîm dit au serpent: Puisque tu as fait cela, tu seras maudit entre tout le bétail et entre tous les animaux des champs. Tu marcheras sur ton ventre, et tu mangeras de la poussière tous les jours de ta vie.
15 Je mettrai inimitié entre toi et la femme, entre ta postérité et sa postérité: celle-ci t’écrasera la tête, et tu lui blesseras le talon.
16 Il dit à la femme: J’augmenterai la souffrance de tes grossesses, tu enfanteras avec douleur, et tes désirs se porteront vers ton mari, mais il dominera sur toi.
17 Il dit à l’homme: Puisque tu as écouté la voix de ta femme, et que tu as mangé de l’arbre au sujet duquel je t’avais donné cet ordre: Tu n’en mangeras point ! Le sol sera maudit à cause de toi. C’est à force de peine que tu en tireras ta nourriture tous les jours de ta vie.
18 Il te produira des épines et des ronces, et tu mangeras de l’herbe des champs.
19 C’est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain, jusqu’à ce que tu retournes dans la terre, d’où tu as été pris; car tu es poussière, et tu retourneras dans la poussière.
20 Adam donna à sa femme le nom d’Eve: car elle a été la mère de tous les vivants.
21 Y.H.V.H-Elohîm fit à Adam et à sa femme des habits de peau, et il les en revêtit.
22 Y.H.V.H-Elohîm dit: Voici, l’homme est devenu comme l’un de nous, pour la connaissance du bien et du mal. Empêchons-le maintenant d’avancer sa main, de prendre de l’arbre de vie, d’en manger, et de vivre éternellement.
23 Et Y.H.V.H-Elohîm le chassa du jardin d’Eden, pour qu’il cultivât la terre, d’où il avait été pris.
24 C’est ainsi qu’il chassa Adam; et il mit à l’orient du jardin d’Eden les chérubins qui agitent une épée flamboyante, pour garder le chemin de l’arbre de vie.


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Le drame de la chute commence par un dialogue entre le serpent et l'homme. D'où vient-il ce serpent ? Comment peut-il se promener librement dans ce jardin magnifique ? Pourquoi Dieu n'intervient-il pas ? Remarquons qu'aujourd'hui encore, partout où notre regard se pose, il n'est pas de paradis qui n'abrite un serpent...

Le pourquoi de la non intervention divine au jardin d'Eden ou à l'aube du septième jour de la Création pose la question du libre arbitre...

Si l'ennemi de la parabole peut semer l'ivraie dans le champ du Père céleste, c'est qu'il jouit d'un espace de liberté pour cela...

Cet ennemi, cet adversaire, la Genèse le nomme serpent, Jésus le désigne comme "père du mensonge" et "prince de ce monde". Le livre de l'Apocalypse en fait un dragon, chassé du ciel par l'archange Michel et précipité sur la terre avec ses partisans (Apocalypse 12,7-9). Il est l'ange déchu dans diverses traditions religieuses, une créature de lumière ayant fait le choix des ténèbres.

Avec un Dieu bon et bienveillant comment expliquer la présence du mal ?

Selon une opinion partagée par beaucoup dans la tradition chrétienne, avant le commencement du monde, ou plutôt avant la naissance de notre univers visible - car selon Saint Irénée de Lyon "le monde se compose de sept cieux" (Démonstration Apostolique 12,761), sept continuum spatio-temporels différents pourrait-on dire aujourd'hui - Dieu crée de purs esprits ayant comme nous une intelligence et une volonté, dotés de la liberté, mais non unis à des corps. On leur a donné le nom d'anges. Certains de ces anges, nous l'avons vu, se révoltèrent contre Dieu. Cette révolte n'aboutit pas et ce fut un échec pour eux (Apocalypse 12,7-9 et 2 Pierre 2,4).

Dieu aurait pu les détruire, mais par amour pour ses créatures et par respect pour la liberté qu'il leur avait donné il ne le fit point, car : "Dieu est Amour" (1 Jean 4,8).

Comme à travers le récit de la chute, la question du libre arbitre est à nouveau posée...

En opposition au divin, l'ange déchu et ses partisans s'efforcent perpétuellement de porter atteinte à l'équilibre de la Création en y semant l'ivraie. Ils bénéficient d'un espace de liberté pour cela. Dans la Bible, le livre de Job va encore plus loin en présentant celui qu'il nomme "le Satan", comme participant au conseil divin... Parmi les anges qui siègent au conseil de Y.H.V.H-Elohîm, "le Satan" apparaît pour accuser et s'opposer, de façon hostile, avec une ironie froide, cynique et malveillante.

Mais le récit de la chute montre également que la responsabilité de l'être humain est engagée dans ce processus. Pour que le serpent puisse semer l'ivraie dans le jardin d'Eden (appelé aussi paradis ou troisième ciel par l'Apôtre Paul dans 2 Corinthiens 12,2-4), il lui faut convaincre Eve de violer le seul interdit posé par Y.H.V.H-Elohîm : ne pas manger le fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal. Eve cède au serpent et à sa tentation; elle entraîne Adam à sa suite. On appelle cet épisode : le péché originel.

Les conséquences de cet acte seront dramatiques pour l'être humain et pour la création de notre univers tout entier. En s'opposant à la volonté divine et en suivant le serpent qualifié plus tard de "prince de ce monde" par Jésus, l'humanité naissante se développera désormais dans un présent où bien et mal seront mélangés.

Désormais :

Bonheur et malheur - santé et maladie - rires et pleurs - vie et mort - accompagneront l'être humain et tout ce qui vit (faune et flore) durant l'existence terrestre... le bon grain et l'ivraie...

De Nombreuses Questions
L'écho universel du récit de la chute ou péché originel vient de sa permanente actualité. Le bon grain et l'ivraie, la tentation, le bien et le mal, sont des réalités que nous côtoyons chaque jour. Elles s'inscrivent au plus profond de notre âme et même de notre chair : souffrance morale ou physique.

Une des meilleures définitions des conséquences du péché originel et du mélange du bon grain et de l'ivraie dans le coeur de l'homme est donnée par l'Apôtre Paul dans son épître aux Romains :

"Je ne fais pas le bien que je voudrais faire, et je fais le mal que je ne voudrais pas faire." (Romains 7,19)

"Par le péché la mort est entrée dans le monde" (Romains 5,12).

Les clefs de compréhension données par le récit de la chute sont multiples et ne se réduisent pas à une seule interprétation...

Remarquons par exemple que l'arbre de la connaissance du bien et du mal "est précieux pour ouvrir l'intelligence" (Genèse 3,6).

Ne pas y goûter pour le genre humain l'aurait donc empêché de grandir, enfermé dans une perpétuelle innocence... Mais le prix à payer pour la connaissance du bien et du mal est terrible... A la fin du récit le couple originel est chassé de l'Eden, obligé de connaître la souffrance et la mort.

Habile et rusé, le serpent sait flatter et utiliser l'orgueil pour arriver à ses fins : " Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront, et que vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal. " (Genèse 3,4)

Ce n'est pas un mensonge, à la fin du récit Y.H.V.H-Elohîm déclare : "Voici, l’homme est devenu comme l’un de nous, pour la connaissance du bien et du mal." (Genèse 3,22)

Vu sous cet angle le texte pourrait permettre de penser que le serpent vient en initiateur pour affranchir le couple originel d'un interdit l'empêchant de grandir. Il y a une part de vrai dans cette interprétation, mais n'oublions pas le prix à payer pour la connaissance du bien et du mal : souffrance et mort...

La Midrash hébraïque enseigne qu'Adam et Eve avaient avant la Faute des tuniques de lumière, après ce furent des tuniques de peau : "Y.H.V.H-Elohîm fit à Adam et à sa femme des habits de peau, et il les en revêtit" (Genèse 3, 21). Dans la Torah de Rabbi Meïr il était écrit des vêtements de lumière - Midrash Rabbah

Ainsi l'on peut admettre que le corps adamique était d'abord lumineux et transparent, ce qu'un Père de l'Eglise Origène appelait un "corps astral" à cause de la ressemblance avec la lumière des astres. Nous aurions eu une image de ce corps lumineux à la transfiguration de Jésus-Christ (Mathieu 17,2). Par le péché ce corps de lumière serait devenu un corps de chair opaque et sans clarté.

Sur la localisation du paradis ou jardin d'Eden rappelons les clefs données par l'Apôtre Paul dans sa deuxième épître aux Corinthiens : "Faut-il faire le fier ? Cela n'est sans doute pas convenable. J'en viendrai néanmoins aux visions et aux révélations du Seigneur. Je connais un homme dans le Christ, qui, voici quatorze ans - était-ce en son corps ? Je ne sais ; était-ce hors de son corps ? Je ne sais ; Dieu le sait - cet homme là fut ravi jusqu'au troisième ciel. Et cet homme là - était-ce dans son corps ? Etait-ce sans son corps ? Je ne sais, Dieu le sait - fut enlevé dans le paradis, et qu'il entendit des paroles ineffables qu'il n'est pas permis à un homme d'exprimer." (2 Corinthiens 12,1-4)

Dans la pensée de Saint Paul, le paradis se situe dans une autre réalité, un espace-temps différent du nôtre dirions-nous aujourd'hui. Le verset 8 du deuxième chapitre de la Genèse le situe à l'orient, c'est à dire symboliquement là où le soleil se lève, là où la lumière paraît, vers Y.H.V.H-Elohîm.

Dans l'espace-temps du péché, c'est à dire dans l'univers dans lequel nous existons le bien et le mal sont intrinsèquement liés. Il est difficile d'arracher l'un sans déraciner l'autre. Lutter contre un mal peut en amener un autre. Il faut de la sagesse et du discernement pour intervenir, sous peine de porter atteinte à un équilibre fragile.

La fin de la parabole du bon grain et de l'ivraie nous éclaire à ce sujet. Soyons attentifs à ce qu'enseigne Jésus : "Les serviteurs lui disent : veux-tu donc que nous allions la ramasser ? Non, dit-il, vous risqueriez, en ramassant l'ivraie, d'arracher en même temps le blé. Laissez l'un et l'autre croître ensemble jusqu'à la moisson; et au moment de la moisson je dirai aux moissonneurs : ramassez d'abord l'ivraie et liez-la en bottes que l'on fera brûler; quant au blé, recueillez-le dans mon grenier." (Mathieu 13,28-30)

Pas facile d'intervenir pour déraciner le mal, c'est l'histoire de l'Humanité. Ne dit-on pas que l'enfer est pavé de bonnes intentions ? Une révolution chasse un tyran, réflexe salutaire et de légitime défense, le nouveau pouvoir sera-t-il forcément meilleur ? Les exemples historiques sont là pour nous montrer que rien n'est simple ici bas. D'un mal peut surgir un bien et inversement... Rien n'est jamais écrit d'avance !

L'Evangile nous invite à ne pas juger, à ne pas condamner, à pardonner. Parce qu'il faut croire et espérer, vaincre le mal par le bien, parce que la vie réclame de nous patience et tolérance, parce que juger et condamner trop hâtivement c'est souvent se tromper. Combien d'innocents exécutés par une justice expéditive qui ne fait pas de détail ?

Faire confiance, donner du temps au temps c'est souvent accorder une nouvelle chance à celui ou celle qui en avait besoin, car l'être humain peut parfois changer et se transformer, en mieux... L'Apôtre Paul est une des colonnes de l'Eglise. Bien ! Mais souvenons-nous qu'avant sa conversion il fut un persécuteur acharné et zélé de la première communauté chrétienne. Il a approuvé le meurtre gratuit et féroce du diacre Etienne, premier martyr de l'histoire de la chrétienté. Puis il y eut le chemin de Damas, la conversion mystique. Il y avait du bon en lui, le Christ a su le voir en lui donnant sa chance. Il ne s'est pas trompé... Le bon grain et l'ivraie.

Aux balances du ciel, lorsqu'il nous sera demandé de rendre des comptes sur ce que nous aurons fait, ou pas, durant notre vie, la justice divine séparera notre part d'ombre de celle de lumière. En supporterons-nous la vision ?

Un Rayon d'Espérance

Dans tous les récits, le lecteur attend et espère une fin heureuse. On va au cinéma pour apprécier un beau spectacle et une belle histoire, surtout si elle se termine bien ! On est ému, on rit, on pleure, on s'identifie aux personnages, à plus forte raison quand le héros ou l'héroïne sont sympathiques et attachants.

Chassée de l'Eden, l'Humanité fait chaque jour l'expérience de la connaissance du bien et du mal, soit ! Peut-elle revenir dans le jardin des origines ?

La venue du Christ est portée par cette promesse... C'est l'espérance de la vie éternelle dans la lumière du mystère de Pâques !

Pour l'évoquer, laissons-nous guider par cet extrait de la séquence pascale de la messe de la Résurrection. Ce trésor liturgique composé au XIème siècle dit l'essentiel :

"La mort et la vie ont engagé un stupéfiant combat; l'Auteur de la vie était mort : voici qu'il règne et vit. Dis-nous Marie, qu'as-tu vu en chemin ? J'ai vu le tombeau du Christ vivant, et sa gloire de ressuscité : j'ai vu les anges témoins, le suaire et les linceuls."

Le chant liturgique de l'Exultet, prononcé lors de la veillée pascale, ne dit pas autre chose, et avec une immense poésie !

"Ô péché d'Adam, vraiment nécessaire, que la mort du Christ a effacé ! Ô heureuse faute, qui nous a valu un tel et si grand Rédempteur ! Ô nuit vraiment bienheureuse, qui seule a connu le temps et l'heure où le Christ est ressuscité du séjour des morts ! C'est de cette nuit qu'il est écrit : et la lumière brillera comme le jour, elle s'illuminera pour éclairer mes joies. C'est donc ici la nuit dont la sainteté bannit les crimes, lave les fautes, rend l'innocence aux coupables et aux affligés la joie; elle dissipe les haines, ramène la concorde et soumet à Dieu les empires."

Tout est dit dans ces quelques phrases et avec un souffle grandiose, mais qui peut parfois surprendre... Notamment ce passage : "Ô péché d'Adam, vraiment nécessaire, que la mort du Christ a effacé ! Ô heureuse faute, qui nous a valu un tel et si grand Rédempteur !"

Les expressions "vraiment nécessaire" ou "heureuse faute" utilisées par l'Eglise sont des formulations qui ont de quoi faire sursauter ! Elles sont à mettre en parallèle avec ce passage troublant de la Genèse : "La femme vit que l’arbre était bon à manger et agréable à la vue, et qu’il était précieux pour ouvrir l’intelligence..." (Genèse 3,6)

Laissons nos lecteurs méditer sur ces clefs un peu fées données par les Saintes Ecritures et l'Esprit-Saint... Il guide et conduit l'Eglise depuis près de 2000 ans. Il a certainement son mot à dire dans l'écriture du divin scénario...

Bornons-nous à constater que le livre de l'Apocalypse décrit au final "un ciel nouveau et une terre nouvelle, car le premier ciel et la première terre ont disparu" (Apocalypse 21,1). La deuxième épître de Pierre ne dit pas autre chose : "Ce sont des cieux nouveaux et une terre nouvelle que nous attendons selon sa promesse, où la justice habitera." (2 Pierre 3,13) Les amis des animaux aimeront découvrir ce passage : "Le loup et l'agneau paîtront ensemble, le lion comme le boeuf mangera des herbages" (Isaie 65,25)

Pour sourire, il est évidemment difficile d'imaginer un lion végétarien... Ce qui est important, ce sont ces promesses renfermées dans les textes bibliques. Elles sont porteuses d'espérance... Comment, par quel procédé, par quelle mutation ? Cela nous dépasse. Un nouvel univers avec des lois différentes ? Un espace-temps différent du nôtre ? Le Christ ressuscité a changé par rapport à ce qu'il était auparavant... avant le drame épouvantable du Golgotha ! Il apparaît et disparaît comme un esprit, peut changer d'apparence. On peut néanmoins le toucher comme Thomas, et il mange avec ses apôtres. C'est un être de chair et de sang qui a acquis la capacité à se mouvoir comme un esprit. Il est difficile d'imaginer un futur qui n'existe pas encore... On ne peut que rêver, imaginer.

Mais nous avons notre mot à dire dans cette histoire, notre partition à jouer dans le grand orchestre de la vie. Nous devons nous y appliquer du mieux possible pour passer l'épreuve de la "pesée divine", aux "balances du ciel". Y faire ou ne pas faire le poids ? Part d'ombre d'un côté, part de lumière de l'autre... Dans notre libre arbitre, c'est déjà à nous de décider, ici et maintenant...

Monseigneur Thierry Teyssot


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MichelT

Date d'inscription : 06/02/2010

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