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Le mondialisme expliqué par Aymeric Chauprade

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Message par MichelT Lun 28 Fév 2011 - 19:56

Dans cet exposé, en deux parties, Aymeric Chauprade ( voire un article ici : qui est Aymeric Chaprade ?) livre une synthèse très précise de l’idéologie mondialiste et des forces qui la promeuvent. Il délimite notamment le sens de termes souvent confondus : mondialisation, mondialisme, universalisme et rappelle les étapes décisives qui jalonnent l’histoire du mondialisme depuis le XVIIIe siècle.

Quelques précisions notionnelles données par Chauprade:

Le mondialisme : idéologie qui vise à établir un gouvernement mondial par le biais d’une oligarchie internationale qui établirait un règne temporel sur le monde entier. Par conséquent il s’attaque aux nations, à leur souveraineté, leurs spécificités, aux différentes identités.

Le mondialisme est très différent de l’universalisme. L’universalisme consiste à défendre qu’il y a une vérité universelle. Vouloir l’étendre, défendre qu’il y a une vérité, une vérité universelle, n’implique pas nécessairement que l’on soit mondialisme. Ce qui ne veut pas dire que le mondialisme n’a pas pénétré certaines religions, certains courants du christianisme, de l’islam ou d’autres religions et systèmes de pensées à vocation universelle. .

L’impérialisme : il peut être un outil du mondialisme, il vise à étendre l’empire d’une puissance sur le monde ou sur une grande partie du monde. Il peut se faire l’outil de l’idéologie mondialiste, mais c’est encore un concept différent.


La mondialisation : c’est un fait, une réalité, cyclique dans l’histoire. Il faut la différencier du mondialisme qui est une idéologie qui souhaite l’accélération de la mondialisation et la transformation des sociétés en vue d’établir un gouvernement mondial unique. La mondialisation c’est essentiellement le fait du progrès technique, c’est l’accroissement des flux économiques et l’augmentation de toutes les interdépendances entre les Etats entre les pouvoirs à la fois intra-étatiques, constitués dans les Etats, les Etats et les réseaux qui eux sont des pouvoirs trans-étatiques.

Différences entre la mondialisation actuelle et les précédentes

« Il faut distinguer trois types de pouvoirs : pouvoirs étatiques, les Etats, les pouvoirs intra-étatiques, les pouvoirs constitués à l’intérieur des Etats( par exemple un mouvement de rébellion ou une société très importante qui aurait des objectifs politiques à l’intérieur d’un Etat), les pouvoirs trans-étatiques, les réseaux. La mondialisation c’est le fait, la donnée objective de l’augmentation de l’interdépendance entre ces 3 types de pouvoirs. Le mondialisme veut lui accélérer la mondialisation et faire sauter l’échelle des pouvoirs étatiques, faire sauter les Etats pour établir ce gouvernement mondial.

La mondialisation que nous vivons a commencé sur les ruines de la seconde guerre mondiale en 45, avec l’établissement du système de Bretton woods : l’idée d’un fonds monétaire international, d’une banque mondiale, les accords du Gatt qui donneront l’OMC, tous les outils visant à décloisonner les sociétés nationales et leurs économies et à augmenter les interdépendances. Cette phase de mondialisation s’est faite sur l’établissement d’une prédominance américaine et c’est cette mondialisation que nous vivons depuis 1945. Mais la mondialisation n’est pas un phénomène nouveau. Il y a eu de façon récurrente dans l’histoire, depuis l’antiquité, à des échelles géographiques différentes, des phases d’accroissement des interdépendances, des phases durant lesquelles les sociétés s’ouvraient sous l’impulsion d’ailleurs d’un moteur de puissance. Ca pouvait être l’empire romain par exemple. Les phases de mondialisation se sont succédés : l’empire romain sur le système monde méditerranée, l’expansion de l’islam entre le VII et le XVIe et au XVIe c’est une nouvelle phase de mondialisation, cette fois-ci chrétienne, grâce au fait que les Européens contournent le monde islamique, par le cap de bonne espérance et les Européens vont chercher les épices directement aux Indes sans passer par le monde islamique.

Il y a donc une nouvelle mondialisation dont on parle à partir du XVIe siècle et cette mondialisation, à dominante européenne, va durer jusqu’aux terribles guerres du XXe siècle où l’Europe sort de l’histoire, au profit des USA et de l’Urss mais surtout des USA puisque lorsque l’Urss s’effondrera il y aura accélération du projet de mondialisation à dominante américaine.

Il y a eut donc des phases récurrentes d’accroissement des interdépendances. C’est quelque chose qu’il faut distinguer du mondialisme, de l’idéologie elle-même. Parce que ces phases de mondialisation , et notamment la phase de mondialisation au XVIe, XVIIe et XVIIIe, n’étaient pas une négation des nations. Les nations étaient des moteurs, respectées dans leurs différences intrinsèques, moteurs de l’expansion des projets divers et variés.

Aujourd’hui nous vivons une mondialisation à dominante américaine, accélérée depuis 1990.

Il y a des courants différents du mondialisme, des réseaux différents, mais tous visent à l’établissement du gouvernement mondial. De manière invisible ils agissent de concert pour abattre les nations et établir ce gouvernement mondial.

Le rôle de la maçonnerie
C’est avec la pensée maçonnique au XVIIIe siècle, qui va imprégner fortement les aristocraties, que l’idéologie du mondialisme va se mettre en place, sur le plan des idées mais aussi sur le plan des réseaux. C’est à ce moment là, avec la création de la fédération américaine, le rôle de la maçonnerie dans la révolution française que cette idéologie mondialiste commence véritablement et va marquer des points, montrer qu’elle peut être capable d’être acteur de l’histoire, acteur révolutionnaire, à transformer les structures, à renverser les anciens régimes et à établir des gouvernements nouveaux fondés sur des utopies. Sur l’utopie notamment de l’unification du genre humain sous un gouvernement mondial. Donc sa source elle est essentiellement maçonnique, même si l’on pourrait creuser un peu plus sur le plan des sources, de ce qu’il y a en dessous de la maçonnerie, qui elle-même est diverse, mais elle est essentiellement maçonnique, car c’est à ce moment-là que de manière claire est formulé un projet à vocation mondialiste et que l’on cherche à réaliser.

C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles l’aristocratie est imprégnée, va être séduite par cette idéologie, car l’aristocratie est aussi européenne. Il y a des mariages européens dans l’aristocratie qu’il n’y a pas dans le peuple, elle est donc sensible à cette idée de dépassement des frontières, d’établissement d’une nouvelle oligarchie ou d’une nouvelle aristocratie dominante, éclairée qui serait là pour transformer le monde.

Et puis il y a d’autres formes qui vont se développer au XIXe siècle. On peut suivre ce mondialisme de l’Angleterre du XIXe siècle, dans l’extension du libéralisme et l’impérialisme anglais avec le projet de domination de l’Angleterre sur le monde. Avec la conviction que les Anglais sont élus pour dominer le monde et amener à sa transformation. Toute la logique anglaise qui donnera celle que l’on retrouve aux Usa. Et inversement, et c’est un autre visage du mondialisme, concurrent en quelque sorte, toute la logique révolutionnaire de Marx, Bakounine, ect, dans laquelle on va trouver aussi un projet d’établissement d’un gouvernement mondial, mais cette fois-ci fondé sur d’autres présupposés économiques et sociaux. Mais c’est un autre visage du mondialisme, les deux visages se nourrissent mutuellement, comme ils se nourrissent toujours mutuellement aujourd’hui, ils procèdent suivant la logique dialectique, par l’opposition des contraires, dont il sort toujours quelque chose qui fait avancer l’histoire en quelque sorte. Les sources sont donc très anciennes, mais c’est essentiellement à partir du XVIIIe qu’il faut s’arrêter et regarder ce qu’il se passe, voir aussi la constitution des réseaux qui se mettent en place et, c’est une chose très frappante, l’extraordinaire continuité de ces réseaux. Les noms ont changé mais il y a une filiation ancienne. Ce ne sont pas des réseaux récents. La quasi-totalité de ces réseaux descendent d’une société philanthropique anglaise née au début du XXe, la round table, et cette société avait cet idéal d’établissement d’un gouvernement mondial.


L’architecture visible et l’architecture discrète de la mondialisation


Aujourd’hui vous avez une architecture visible de la mondialisation, ce sont les outils de Bretton woods, le FMI, la Banque mondiale, les grandes organisations internationales qui visent à l’établissement d’un ordre mondial, et l’Onu qui est en partie imprégnée de cette philosophie. Ce qui ne veut pas dire que les gens qui servent l’ONU sont tous des mondialistes, mais dans ses fondations l’ONU, comme la SDN, est imprégnée de cette philosophie. Cela c’est l’architecture visible de la mondialisation, les opérateurs de la mondialisation, ceux qui visent à mettre en œuvre et ont pour but de mettre en œuvre et d’accélérer cette mondialisation. En dessous de cette architecture il y a une architecture, non pas invisible, car il suffit de vouloir voir pour le voir, mais une architecture discrète de cette mondialisation qui est celle des réseaux mondialistes, qui sont d’une part les grands réseaux transnationaux et transatlantiques : le CFR, le conseil pour les affaires étrangères américains, qui comptent 4000 décideurs dans le monde, essentiellement américains et anglais mais appartenant aussi aux pays de l’Otan ou au Japon( pays reconstruit par les américains). Le CFR qui a donné durant la guerre froide la trilatérale, le groupe Aspen, le groupe de Bilderberg etc et on s’aperçoit quand on étudie l’affiliation des membres qu’ils sont d’abord CFR et qu’ils créent d’autres réseaux à partir du grand réseau. Donc toute une toile de réseaux transatlantiques qui ne sont pas les maîtres du monde, car le monde est constitué de forces diverses et antagonistes et qu’il y a bien sûr des souverainetés fortes et des personnes qui défendent, y compris dans les gouvernements de pays européens un certains nombre d’intérêts nationaux, mais qui tout de même, grâce à des minorités bien organisées, décidées et qui savent où elles veulent aller, arrivent à orienter, influencer des majorités qui sont influençables dès lors qu’elles ne savent pas où elles vont, dès lors qu’elles ont perdu beaucoup de valeurs.


Rédigé par Julien Gunzinger le Lundi 28 Février 2011

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MichelT

Date d'inscription : 06/02/2010

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