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La justice divine - individuelle et collective

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Message par MichelT Ven 6 Mai 2011 - 13:38

Sur la mystérieuse question de la Justice divine

Exode 20,5

Car moi, l'Éternel, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux, qui punis l'iniquité des pères sur les enfants jusqu'à la troisième et la quatrième génération de ceux qui me haïssent, et qui fais miséricorde jusqu'en mille générations à ceux qui m'aiment et qui gardent mes commandements. Tu ne prendras point le nom de l'Éternel, ton Dieu, en vain; car l'Éternel ne laissera point impuni celui qui prendra son nom en vain.

2 Samuel 12.9

Pourquoi donc as-tu méprisé la parole de l'Éternel, en faisant ce qui est mal à ses yeux? Tu as frappé de l'épée Urie, le Héthien; tu as pris sa femme pour en faire ta femme, et lui, tu l'as tué par l'épée des fils d'Ammon.
Maintenant, l'épée ne s'éloignera jamais de ta maison, parce que tu m'as méprisé, et parce que tu as pris la femme d'Urie, le Héthien, pour en faire ta femme.
Ainsi parle l'Éternel: Voici, je vais faire sortir de ta maison le malheur contre toi, et je vais prendre sous tes yeux tes propres femmes pour les donner à un autre, qui couchera avec elles à la vue de ce soleil.
Car tu as agi en secret; et moi, je ferai cela en présence de tout Israël et à la face du soleil.
David dit à Nathan: J'ai péché contre l'Éternel! Et Nathan dit à David: L'Éternel pardonne ton péché, tu ne mourras point.
Mais, parce que tu as fait blasphémer les ennemis de l'Éternel, en commettant cette action, le fils qui t'est né mourra.

« Vous avez fait alliance avec le voleur et avec l'adultère; votre bouche regorgeait de malice. Vous avez parlé contre votre frère, contre le fils de votre mère, et vous avez cru ensuite criminellement que je vous ressemblais. » (Ps. XLIX, 18-22.)

Extrait d`une discussion intéressante a ce sujet: Les Soirées de St-Pétersbourg - Joseph de Maistre

LE COMTE.

Voici comment je fus conduit à parler de la prière. Tout mal étant un châtiment, il s'ensuit que nul mal ne peut être regardé comme nécessaire, puisqu'il pouvait être prévenu. L'ordre temporel est, sur ce point comme sur tant d'autres, l'image d'un ordre supérieur. Les supplices n'étant rendus nécessaires que par les crimes, et tout crime étant l'acte d'une volonté libre, il en résulte que tout supplice pouvait être prévenu, puisque le crime pouvait n'être pas commis. J'ajoute qu'après même qu'il est commis, le châtiment peut encore être prévenu de deux manières: car d'abord les mérites du coupable ou même ceux de ses ancêtres peuvent faire équilibre à sa faute; en second lieu, ses ferventes supplications ou celles de ses amis peuvent désarmer le souverain.

N'ayons, par exemple, aucune répugnance à croire et à dire qu'on prie Dieu, comme on prie un souverain, et que la prière a, dans l'ordre supérieur comme dans l'autre, le pouvoir d'obtenir des grâces et de prévenir des maux: ce qui peut encore resserrer l'empire du mal jusqu'à des bornes également inassignables.


Extrait

( Séisme de Lisbonne)

Direz-vous en voyant cet amas de victimes:
Dieu s'est vengé; leur mort est le prix de leurs crimes?
Quel crime, quelle faute ont commis ces enfants
Sur le sein maternel écrasés et sanglants?

Mauvais raisonnement! Défaut d'attention et d'analyse. Sans doute qu'il y avait des enfants à Lisbonne comme il y en avait à Herculanum, l'an soixante et dix-neuf de notre ère; comme il y en avait à Lyon quelque temps auparavant (1), ou comme il y en avait, si vous le voulez, au temps du déluge. Lorsque Dieu punit une société quelconque pour les crimes qu'elle a commis, il fait justice comme nous la faisons nous-mêmes dans ces sortes de cas, sans que personne s'avise de s'en plaindre. Une ville se révolte: elle massacre les représentants du souverain; elle lui ferme les portes; elle se défend contre lui; elle est prise. Le prince la fait démanteler et la dépouille de tous ses privilèges; personne ne blâmera ce jugement sous prétexte des innocents renfermés dans la ville. Ne traitons jamais deux questions à la fois. La ville a été punie à cause de son crime, et sans ce crime elle n'aurait pas souffert. Voilà une proposition vraie et indépendante de toute autre. Me demanderez-vous ensuite pourquoi les innocents ont été enveloppés dans la même peine? C'est une autre question à laquelle je ne suis nullement obligé de répondre. Je pourrais avouer que je n'y comprends rien, sans altérer l'évidence de la première proposition. je puis aussi répondre que le souverain est dans l'impossibilité de se conduire autrement, et je ne manquerais pas de bonnes raisons pour l'établir.
--
LE CHEVALIER.

Permettez-moi de vous le demander: qui empêcherait ce bon roi de prendre sous sa protection les habitants de cette ville demeurés fidèles, de les transporter dans quelque province plus heureuse, pour les y faire jouir, je ne dis pas des mêmes privilèges, mais de privilèges encore plus grands et plus dignes de leur fidélité?


LE COMTE.

C'est précisément ce que fait Dieu, lorsque des innocents périssent dans une catastrophe générale: mais revenons. Je me flatte que Voltaire n'avait pas plus sincèrement pitié que moi de ces malheureux enfants sur le sein maternel écrasés et sanglants; mais c'est un délire de les citer pour contredire le prédicateur qui s'écrie: Dieu s'est vengé; ces maux sont le prix de nos crimes; car rien n'est plus vrai en général. Il s'agit seulement d'expliquer pourquoi l'innocent est enveloppé dans la peine portée contre les coupables: mais comme je vous le disais tout à l'heure, ce n'est qu'une objection; et si nous faisions plier les vérités devant les difficultés, il n'y a plus de philosophie. Je doute d'ailleurs que Voltaire, qui écrivait si vite, ait fait attention qu'au lieu de traiter une question particulière, relative à l'événement dont il s'occupait dans cette occasion, il en traitait une générale; et qu'il demandait, sans s'en apercevoir, pourquoi les enfants qui n'ont pu encore ni mériter ni démériter, sont sujets dans tout l'univers aux mêmes maux qui peuvent affliger les hommes faits? Car s'il est décidé qu'un certain nombre d'enfants doivent périr, je ne vois pas comment il leur importe de mourir d'une manière plutôt que d'une autre. Qu'un poignard traverse le coeur d'un homme, ou qu'un peu de sang s'accumule dans son cerveau, il tombe mort également; mais dans le premier cas on dit qu'il a fini ses jours par une mort violente. Pour Dieu, cependant, il n'y a point de mort violente. Une lame d'acier placée dans le coeur est une maladie, comme un simple durillon que nous appellerions polype.

Il faudrait donc s'élever encore plus haut, et demander en vertu de quelle cause il est devenu nécessaire qu'une foule d'enfants meurent avant de naître; que la moitié franche de ceux qui naissent, meurent avant l'âge de deux ans; et que d'autres encore en très grand nombre, meurent avant l'âge de raison. Toutes ces questions faites dans un esprit d'orgueil et de contention sont tout à fait dignes de Matthieu Garo; mais si on les propose avec une respectueuse curiosité, elles peuvent exercer notre esprit sans danger.

Au reste, la pitié est sans doute un des plus nobles sentiments qui honorent l'homme, et il faut bien se garder de l'éteindre, de l'affaiblir même dans les coeurs; cependant lorsqu'on traite des sujets philosophiques, on doit éviter soigneusement toute espèce de poésie, et ne voir dans les choses que les choses mêmes. Voltaire, par exemple, dans le poème que je vous cite, nous montre cent mille infortunés que la terre dévore: mais d'abord, pourquoi cent mille? il a d'autant plus tort qu'il pouvait dire la vérité sans briser la mesure, puisqu'il ne périt en effet dans cette horrible catastrophe qu'environ vingt mille hommes; beaucoup moins, par conséquent, que dans un assez grand nombre de batailles que je pourrais vous nommer. Ensuite il faut considérer que, dans ces grands malheurs, une foule de circonstances ne sont que pour les yeux. Qu'un malheureux enfant, par exemple, soit écrasé sous la pierre, c'est un spectacle épouvantable pour nous: mais pour lui, il est beaucoup plus heureux que s'il était mort d'une variole confluente ou d'une dentition pénible. Que trois ou quatre mille hommes périssent disséminés sur un grand espace, ou tout à la fois et d'un seul coup, par un tremblement de terre ou une inondation, c'est la même chose sans doute pour la raison; mais pour l'imagination la différence est énorme: de manière qu'il peut très bien se faire qu'un de ces événements terribles que nous mettons au rang des plus grands fléaux de l'univers, ne soit rien dans le fait, je ne dis pas pour l'humanité en général, mais pour une seule contrée. Vous pouvez voir ici un nouvel exemple de ces lois à la fois souples et invariables qui régissent l'univers: regardons, si vous voulez, comme un point déterminé que, dans un temps donné, il doive mourir tant d'hommes dans un tel pays: voilà qui est invariable; mais la distribution de la vie parmi les individus, de même que le lieu et le temps des morts, forment ce que j'ai nommé la partie flexible de la loi; de sorte qu'une ville entière peut être abîmée sans que la mortalité en ait augmenté. Le fléau peut même se trouver doublement juste, à raison des coupables qui ont été punis, et des innocents qui ont acquis par compensation une vie plus longue et plus heureuse. La toute-puissante sagesse qui règle tout, a des moyens si nombreux, si diversifiés, si admirables, que la partie accessible à nos regards devrait bien nous apprendre à révérer l'autre. J'ai eu connaissance, il y a bien des années, de certaines tables mortuaires faites dans une très petite province avec toute l'attention et tous les moyens possibles d'exactitude. Je ne fus pas médiocrement surpris d'apprendre, par le résultat de ces tables, que deux épidémies furieuses de petite vérole n'avaient point augmenté la mortalité des années où cette maladie avait sévi. Tant il est vrai que cette force cachée que nous appelons nature, a des moyens de compensation dont on ne se doute guère.

LE SÉNATEUR.

Un adage sacré dit que l'orgueil est le commencement de tous nos crimes (1); je pense qu'on pourrait fort bien ajouter: Et de toutes nos erreurs. C'est lui qui nous égare en nous inspirant un malheureux esprit de contention qui nous fait chercher des difficultés pour avoir le plaisir de contester, au lieu de les soumettre au principe prouvé; mais je suis fort trompé si les disputeurs eux-mêmes ne sentent pas intérieurement qu'elle est tout à fait vaine. Combien de disputes finiraient si tout homme était forcé de dire ce qu'il pense!
--
(1) Initium omnis peccati superbia. (Eccli, X, 15.)


LE COMTE.
Je le crois tout comme vous; mais avant d'aller plus loin, permettez-moi de vous faire observer un caractère particulier du Christianisme, qui se présente à moi, à propos de ces calamités dont nous parlons. Si le Christianisme était humain, son enseignement varierait avec les opinions humaines; mais comme il part de l'être immuable, il est immuable comme lui. Certainement cette Religion, qui est la mère de toute la bonne et véritable science qui existe dans le monde, et dont le plus grand intérêt est l'avancement de cette même science, se garde bien de nous l'interdire ou d'en gêner la marche. Elle approuve beaucoup, par exemple, que nous recherchions la nature de tous les agents physiques qui jouent un rôle dans les grandes convulsions de la nature. Quant à elle, qui se trouve en relation directe avec le souverain, elle ne s'occupe guère des ministres qui exécutent ses ordres. Elle sait qu'elle est faite pour prier et non pour disserter, puisqu'elle sait certainement tout ce qu'elle doit savoir. Qu'on l'approuve donc ou qu'on la blâme, qu'on l'admire ou qu'on la tourne en ridicule, elle demeure impassible; et sur les ruines d'une ville renversée par un tremblement de terre, elle s'écrie au dix-huitième siècle, comme elle l'aurait fait au douzième:

Nous vous en supplions, Seigneur, daignez nous protéger; raffermissez par votre grâce suprême cette terre ébranlée par nos iniquités, afin que les coeurs de tous les hommes connaissent que c'est votre courroux qui nous envoie ces châtiments, comme c'est votre miséricorde qui nous en délivre (X).

Il n'y a pas là de lois immuables, comme vous voyez; maintenant c'est au législateur à savoir, en écartant même toute discussion sur la vérité des croyances, si une nation en corps gagne plus à se pénétrer de ces sentiments qu'à se livrer exclusivement à la recherche des causes physiques, à laquelle néanmoins je suis fort éloigné de refuser un très grand mérite du second ordre.

Quelle nation antique ou moderne, civilisée ou barbare, et dans tous les systèmes possibles de religion, n'a pas regardé ces calamités comme l'ouvrage d'une puissance supérieure qu'il était possible d'apaiser? Je loue cependant beaucoup M. le chevalier, s'il ne s'est jamais moqué de son curé, lorsqu'il l'entendait recommander le paiement de la dîme, sous peine de la grêle ou de la foudre: car personne n'a droit d'assurer qu'un tel malheur est la suite d'une telle faute (légère surtout); mais l'on peut et l'on doit assurer, en général, que tout mal physique est un châtiment; et qu'ainsi ceux que nous appelons les fléaux du ciel, sont nécessairement la suite d'un grand crime national, ou de l'accumulation des crimes individuels; de manière que chacun de ces fléaux pouvait être prévenu, d'abord par une vie meilleure, et ensuite par la prière. Ainsi nous laisserons dire les sophistes avec leurs lois éternelles et immuables, qui n'existent que dans leur imagination, et qui ne tendent à rien moins qu'à l'extinction de toute moralité, et à l'abrutissement absolu de l'espèce humaine.

Il faut que la terre recèle dans son sein diverses substances qui, dans certaines circonstances données, peuvent s'enflammer ou se vaporiser, et produire un tremblement de terre: fort bien; ajouterons-nous: Donc il était nécessaire que, le Ier novembre 1755, Lisbonne entier pérît par une de ces catastrophes. L'explosion n'aurait pu se faire ailleurs, dans un désert, par exemple, ou sous le bassin de la mer, ou à cent pas de la ville. Les habitants ne pouvaient être avertis, par de légères secousses préliminaires, de se mettre à l'abri par la fuite? Toute raison humaine non sophistiquée se révoltera contre de pareilles conséquences.
--
(1) Non seulement les soins et le travaux, mais encore les prières sont utiles, Dieu ayant eu ces prières en vue avant qu'il eût réglé les choses; et non seulement ceux qui prétendent, sous le vain prétexte de la nécessité des événements, qu'on peut négliger les soins que les affaires demandent, mais encore ceux qui raisonnent contre les prières, tombent dans ce que les anciens appelaient déjà le sophisme paresseux.

LE COMTE.
Sans doute, et je crois que le bon sens universel a incontestablement raison lorsqu'il s'en tient à l'étymologie dont lui-même est l'auteur. Les fléaux sont destinés à nous battre; et nous sommes battus parce que nous le méritons. Nous pouvions sans doute ne pas le mériter, et même après l'avoir mérité, nous pouvons obtenir grâce.

MichelT

Date d'inscription : 06/02/2010

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