Willi Münzenberg - le Prince des éternels idiots-utiles....
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Willi Münzenberg - le Prince des éternels idiots-utiles....
mercredi 20 avr 2011
La grande manip antifasciste de Münzenberg
Willi Münzenberg, né en 1889, milita dans sa jeunesse au sein du vieux parti social-démocrate. En contact avec Lénine et les bolcheviks à Zurich dès 1916, il se ralliera en 1918 au mouvement que l'on appelle alors spartakiste.
En 1920 il représente les jeunesses internationales au Deuxième Congrès de l'IC.
En 1921, alors âgé de 32 ans, il se rend à Moscou. (1)
Dès 1922, lors du Quatrième congrès de l'IC il est en mesure de quantifier à hauteur de 40 millions les "êtres humains exposés directement" et de 3 millions de morts les conséquences de la famine en URSS. Le nombre réel de décès semble plus proche de 5 millions. Mais son rôle de propagandiste habile et acharné consistera à s'impliquer dans une "commission internationale de secours aux affamés", dissimulant les responsabilités et entravant la mise en cause du système affameur.
À partir de 1924 et jusqu'en 1933, de retour en Allemagne, il siège au Reichstag élu sur les listes du KPD, parti communiste allemand.
Lorsque le brillant essayiste Philippe Muray le décrit comme un "compagnon de route du bolchevisme", et le plus talentueux de l'espèce, une telle litote introduit donc un grave contresens. Simple et naïf "compagnon de route" ? Non : agent du Komintern stalinien et du NKVD.
Plus réaliste, Stephen Koch souligne au contraire (2) que Münzenberg met tout simplement en œuvre les directives de Staline : "Son objectif était de susciter chez les Occidentaux non communistes et bien pensants le préjugé politique qui allait dominer toute l’époque : la conviction que toute opinion favorable à la politique étrangère de l’union soviétique était fondée sur les principes de l’honnêteté la plus élémentaire."
Créateur de multiples organisations, comme la "ligue contre l'Impérialisme" il apparaît dès 1926 comme l'inspirateur de la fameuse campagne en faveur de Sacco et Vanzetti. Mais divers témoignages permettent de le situer, comme apparatchik stalinien, au centre de la manipulation d'ensemble.
L'écrivain alors communiste Manès Sperber qui collabora avec lui de 1927 à 1937 décrit de la sorte son rôle : "Münzenberg poussait des écrivains, des philosophes, des artistes de tout genre à témoigner, par leur signature, qu'ils se plaçaient au premier rang de combattants radicaux […] constituant ainsi des caravanes d'intellectuels qui n'attendaient qu'un signe de lui pour se mettre en route; il choisissait aussi la direction." (3)
Comme on ne prête qu'aux riches on lui a aussi attribué l'inspiration de l'école de Francfort, le recrutement de Kim Philby, le traitement d'André Breton pape infaillible du surréalisme, etc.
Mais son indiscutable et majeure invention s'identifie à "l'antifascisme". Non qu'en Italie les militants communistes ne se soient trouvés en opposition au gouvernement de Mussolini et souvent en prison ou en exil. Mais d'une part les relations inter-étatiques entre Rome et Moscou ont parfaitement fonctionné jusqu'en 1941. D'autre part jamais jusqu'au milieu des années 1930 les communistes n'ont accepté d'opérer de différence entre leurs adversaires, leurs rivaux, et les "sociaux-traîtres". "Feu sur le Blum" écrit le poète Aragon. Et surtout la confusion entre les diverses formes de ce qu'on désigne du terme générique de "fascismes" n'a été mise en œuvre que très tardivement, et artificiellement, par la propagande soviétique. Que M. Poutine affuble, aujourd'hui encore l'Allemagne hitlérienne de cette épithète, (4) qui devient, dans le cas précis dérisoire, en dit long sur cette imprégnation.
L'idée géniale d'un front commun antifasciste va fonctionner à plein régime à l'occasion de la guerre d'Espagne, entre 1936 et 1938, lorsque les relations germano-soviétiques paraissent glaciales.
En réalité, le point essentiel découle de la ligne définie en 1920. Celle-ci dominera presque constamment la politique extérieure de Moscou. Elle inspire donc sans mystère la conduite du Komintern, en vertu de l'obligation statutaire de "solidarité internationale". Vis-à-vis de l'Allemagne, elle avait donné naissance au traité de Rapallo de 1922, par lequel la Reichswehr allait recevoir un soutien permanent de l'Urss, en matériel et en formation de ses cadres. Cet accord fut appliqué à la lettre. Il fut même renforcé, notamment par un traité d'amitié germano-soviétique, signé en 1926 par Stresemann et Krestinski. Or à partir de 1933 le gouvernement de Berlin prendra, seul, et de manière provisoire, l'initiative d'un relatif refroidissement de ces relations. Jamais le Kremlin, de son côté n'a varié dans sa remise en cause du traité de Versailles, ce que ses stratèges appellent "la paix des Alliés" et ce que les hitlériens et les nationalistes allemands dénoncent comme le "diktat".
En 1933 le procès de Leipzig consécutif à l'incendie du Reichstag avait donné à Münzenberg l'opportunité d'exprimer tout son talent. Il orchestre une campagne visant à décrédibiliser l'enquête menée de façon expéditive sous la houlette de Goering, ministre de l'Intérieur de Prusse. L'incendiaire Van der Lubbe, militant d'extrême gauche hollandais, est ainsi présenté tour à tour comme un "nazi puisqu'homosexuel" ou malheureux fantoche conduit sur les lieux de son forfait par des provocateurs policiers. Le procès tournera à la confusion de la dictature allemande, et permettra au dirigeant communiste bulgare Dimitrov, accusé de complicité, de quitter le pays. En fait, protégé par le Guépéou, il sait que sa propre libération a été négociée en coulisse avec la Gestapo, et il se montre étonnamment combattif lors des audiences. (5)
En 1935 à Paris, Münzenberg organise encore "en sous-main" (6) à la demande d'André Malraux le "Congrès des écrivains pour la défense de la culture". Il fait venir de Moscou, le temps d'une intervention, Isaac Babel. Celui-ci sera arrêté après son retour, et assassiné par la police en 1940.
Durant la guerre civile espagnole, à partir de 1936, certes l'Internationale communiste s'engage aux côtés des républicains. Mais en fait elle soutient les Rouges comme la corde soutient le pendu. Et la grande épuration des "antifascistes" commence dès cette époque. Elle se prolongera pendant 15 ans, selon les pays, à partir de la guerre, pendant les luttes secrètes au sein de la résistance ou après le partage de Yalta et Potsdam de 1945, qui transforment la libération en occupation soviétique de l'Europe centrale et orientale.
À partir de 1939 l'activité de propagande en direction des bonnes consciences ne sert donc plus à rien. Dès le mémorandum de Lord Halifax, lui-même consécutif à la délimitation de la frontière des Sudètes, en octobre 1938 la Grande-Bretagne se prépare au conflit. Au Kremlin, on souhaite que celui-ci abatte l'immense puissance maritime qui domine alors le quart des terres émergées. Certes les radicaux socialistes français, conduits par Daladier président du Conseil, imaginent encore de finasser. La diplomatie de la Wilhelmstraße et les discours du chancelier ménagent ces interlocuteurs, tels des petits cochons roses qui ne voient pas le danger du grand méchant loup.
Dès lors le grand manipulateur de l'antifascisme Mûnzenberg n'apparaît plus comme un rouage nécessaire. Il devient désormais encombrant. Et au lendemain du pacte du 23 août 1939, il se rebellera. Voici ce qu'il écrit le 6 octobre en direction des communistes français, qui eux-mêmes appliquent sans broncher les directives soviétiques et, au lendemain du partage de la Pologne du 28 septembre demandent dès le 1er octobre la "paix immédiate".
"Vous cherchez des arguments pour expliquer les changements à Moscou et leur donner une signification "socialiste" ? écrit-il. Il n'y en a pas (...) le grand fauteur de guerre se trouve aujourd'hui à Moscou et s'appelle Staline". (7)
En 1940 on retrouvera son cadavre dans la campagne française.
JG Malliarakis
Apostilles
1.Cf. Jean-Louis Panné "Boris Souvarine" Ed. Robert Laffont 1993 page 115
2.Cf. Il lui consacre un livre essentiel : "La fin de l'innocence" (The End of Innocence, The Free Press, New-York, 1994, La fin de l'innocence, les intellectuels d'Occident et la tentation stalinienne : 30 ans de guerre secrète, Grasset, Paris, 1995) Lire à ce sujet la notice que Denis Touret consacre à l'auteur.
3.Cf. Wikipedia
4.Cf. par exemple sa tribune libre au Figaro en mai 2005 pour le 60e anniversaire de la victoire alliée.
5.Cf. Panné page 213
6.Cf. Panné page 221
7.Cité par Alexandra Viatteau "Staline assassine la Pologne" (ed. Seuil 1999 coll. Archives du communisme) pp 308-309 et par le "Dossier Münzenberg" (Revue "Communisme" Nos 38-39 1994).
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La grande manip antifasciste de Münzenberg
Willi Münzenberg, né en 1889, milita dans sa jeunesse au sein du vieux parti social-démocrate. En contact avec Lénine et les bolcheviks à Zurich dès 1916, il se ralliera en 1918 au mouvement que l'on appelle alors spartakiste.
En 1920 il représente les jeunesses internationales au Deuxième Congrès de l'IC.
En 1921, alors âgé de 32 ans, il se rend à Moscou. (1)
Dès 1922, lors du Quatrième congrès de l'IC il est en mesure de quantifier à hauteur de 40 millions les "êtres humains exposés directement" et de 3 millions de morts les conséquences de la famine en URSS. Le nombre réel de décès semble plus proche de 5 millions. Mais son rôle de propagandiste habile et acharné consistera à s'impliquer dans une "commission internationale de secours aux affamés", dissimulant les responsabilités et entravant la mise en cause du système affameur.
À partir de 1924 et jusqu'en 1933, de retour en Allemagne, il siège au Reichstag élu sur les listes du KPD, parti communiste allemand.
Lorsque le brillant essayiste Philippe Muray le décrit comme un "compagnon de route du bolchevisme", et le plus talentueux de l'espèce, une telle litote introduit donc un grave contresens. Simple et naïf "compagnon de route" ? Non : agent du Komintern stalinien et du NKVD.
Plus réaliste, Stephen Koch souligne au contraire (2) que Münzenberg met tout simplement en œuvre les directives de Staline : "Son objectif était de susciter chez les Occidentaux non communistes et bien pensants le préjugé politique qui allait dominer toute l’époque : la conviction que toute opinion favorable à la politique étrangère de l’union soviétique était fondée sur les principes de l’honnêteté la plus élémentaire."
Créateur de multiples organisations, comme la "ligue contre l'Impérialisme" il apparaît dès 1926 comme l'inspirateur de la fameuse campagne en faveur de Sacco et Vanzetti. Mais divers témoignages permettent de le situer, comme apparatchik stalinien, au centre de la manipulation d'ensemble.
L'écrivain alors communiste Manès Sperber qui collabora avec lui de 1927 à 1937 décrit de la sorte son rôle : "Münzenberg poussait des écrivains, des philosophes, des artistes de tout genre à témoigner, par leur signature, qu'ils se plaçaient au premier rang de combattants radicaux […] constituant ainsi des caravanes d'intellectuels qui n'attendaient qu'un signe de lui pour se mettre en route; il choisissait aussi la direction." (3)
Comme on ne prête qu'aux riches on lui a aussi attribué l'inspiration de l'école de Francfort, le recrutement de Kim Philby, le traitement d'André Breton pape infaillible du surréalisme, etc.
Mais son indiscutable et majeure invention s'identifie à "l'antifascisme". Non qu'en Italie les militants communistes ne se soient trouvés en opposition au gouvernement de Mussolini et souvent en prison ou en exil. Mais d'une part les relations inter-étatiques entre Rome et Moscou ont parfaitement fonctionné jusqu'en 1941. D'autre part jamais jusqu'au milieu des années 1930 les communistes n'ont accepté d'opérer de différence entre leurs adversaires, leurs rivaux, et les "sociaux-traîtres". "Feu sur le Blum" écrit le poète Aragon. Et surtout la confusion entre les diverses formes de ce qu'on désigne du terme générique de "fascismes" n'a été mise en œuvre que très tardivement, et artificiellement, par la propagande soviétique. Que M. Poutine affuble, aujourd'hui encore l'Allemagne hitlérienne de cette épithète, (4) qui devient, dans le cas précis dérisoire, en dit long sur cette imprégnation.
L'idée géniale d'un front commun antifasciste va fonctionner à plein régime à l'occasion de la guerre d'Espagne, entre 1936 et 1938, lorsque les relations germano-soviétiques paraissent glaciales.
En réalité, le point essentiel découle de la ligne définie en 1920. Celle-ci dominera presque constamment la politique extérieure de Moscou. Elle inspire donc sans mystère la conduite du Komintern, en vertu de l'obligation statutaire de "solidarité internationale". Vis-à-vis de l'Allemagne, elle avait donné naissance au traité de Rapallo de 1922, par lequel la Reichswehr allait recevoir un soutien permanent de l'Urss, en matériel et en formation de ses cadres. Cet accord fut appliqué à la lettre. Il fut même renforcé, notamment par un traité d'amitié germano-soviétique, signé en 1926 par Stresemann et Krestinski. Or à partir de 1933 le gouvernement de Berlin prendra, seul, et de manière provisoire, l'initiative d'un relatif refroidissement de ces relations. Jamais le Kremlin, de son côté n'a varié dans sa remise en cause du traité de Versailles, ce que ses stratèges appellent "la paix des Alliés" et ce que les hitlériens et les nationalistes allemands dénoncent comme le "diktat".
En 1933 le procès de Leipzig consécutif à l'incendie du Reichstag avait donné à Münzenberg l'opportunité d'exprimer tout son talent. Il orchestre une campagne visant à décrédibiliser l'enquête menée de façon expéditive sous la houlette de Goering, ministre de l'Intérieur de Prusse. L'incendiaire Van der Lubbe, militant d'extrême gauche hollandais, est ainsi présenté tour à tour comme un "nazi puisqu'homosexuel" ou malheureux fantoche conduit sur les lieux de son forfait par des provocateurs policiers. Le procès tournera à la confusion de la dictature allemande, et permettra au dirigeant communiste bulgare Dimitrov, accusé de complicité, de quitter le pays. En fait, protégé par le Guépéou, il sait que sa propre libération a été négociée en coulisse avec la Gestapo, et il se montre étonnamment combattif lors des audiences. (5)
En 1935 à Paris, Münzenberg organise encore "en sous-main" (6) à la demande d'André Malraux le "Congrès des écrivains pour la défense de la culture". Il fait venir de Moscou, le temps d'une intervention, Isaac Babel. Celui-ci sera arrêté après son retour, et assassiné par la police en 1940.
Durant la guerre civile espagnole, à partir de 1936, certes l'Internationale communiste s'engage aux côtés des républicains. Mais en fait elle soutient les Rouges comme la corde soutient le pendu. Et la grande épuration des "antifascistes" commence dès cette époque. Elle se prolongera pendant 15 ans, selon les pays, à partir de la guerre, pendant les luttes secrètes au sein de la résistance ou après le partage de Yalta et Potsdam de 1945, qui transforment la libération en occupation soviétique de l'Europe centrale et orientale.
À partir de 1939 l'activité de propagande en direction des bonnes consciences ne sert donc plus à rien. Dès le mémorandum de Lord Halifax, lui-même consécutif à la délimitation de la frontière des Sudètes, en octobre 1938 la Grande-Bretagne se prépare au conflit. Au Kremlin, on souhaite que celui-ci abatte l'immense puissance maritime qui domine alors le quart des terres émergées. Certes les radicaux socialistes français, conduits par Daladier président du Conseil, imaginent encore de finasser. La diplomatie de la Wilhelmstraße et les discours du chancelier ménagent ces interlocuteurs, tels des petits cochons roses qui ne voient pas le danger du grand méchant loup.
Dès lors le grand manipulateur de l'antifascisme Mûnzenberg n'apparaît plus comme un rouage nécessaire. Il devient désormais encombrant. Et au lendemain du pacte du 23 août 1939, il se rebellera. Voici ce qu'il écrit le 6 octobre en direction des communistes français, qui eux-mêmes appliquent sans broncher les directives soviétiques et, au lendemain du partage de la Pologne du 28 septembre demandent dès le 1er octobre la "paix immédiate".
"Vous cherchez des arguments pour expliquer les changements à Moscou et leur donner une signification "socialiste" ? écrit-il. Il n'y en a pas (...) le grand fauteur de guerre se trouve aujourd'hui à Moscou et s'appelle Staline". (7)
En 1940 on retrouvera son cadavre dans la campagne française.
JG Malliarakis
Apostilles
1.Cf. Jean-Louis Panné "Boris Souvarine" Ed. Robert Laffont 1993 page 115
2.Cf. Il lui consacre un livre essentiel : "La fin de l'innocence" (The End of Innocence, The Free Press, New-York, 1994, La fin de l'innocence, les intellectuels d'Occident et la tentation stalinienne : 30 ans de guerre secrète, Grasset, Paris, 1995) Lire à ce sujet la notice que Denis Touret consacre à l'auteur.
3.Cf. Wikipedia
4.Cf. par exemple sa tribune libre au Figaro en mai 2005 pour le 60e anniversaire de la victoire alliée.
5.Cf. Panné page 213
6.Cf. Panné page 221
7.Cité par Alexandra Viatteau "Staline assassine la Pologne" (ed. Seuil 1999 coll. Archives du communisme) pp 308-309 et par le "Dossier Münzenberg" (Revue "Communisme" Nos 38-39 1994).
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MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
Re: Willi Münzenberg - le Prince des éternels idiots-utiles....
Stephen Koch
Enseigant américain. Université Columbia (New-York).
Auteur, notamment, de The End of Innocence, The Free Press, New-York, 1994, La fin de l'innocence, les intellectuels d'Occident et la tentation stalinienne : 30 ans de guerre secrète, Grasset, Paris, 1995.
1
Le véritable rôle joué dans le monde par Münzenberg, avant l'avènement de Hitler et même après, était un secret jalousement gardé mais, comme il convenait à son talent particulier, cette dissimulation avait quel que chose d'ostentatoire. Il avait du génie pour la propagande, mais d'un genre spécial.
Car Willi Münzenberg a été le précurseur de deux types tout à fait nouveaux d'activités secrètes, qui furent indispensables dans notre siècle et rendirent des services essentiels aux Soviétiques: en premier lieu, la création de certaines organisations de façade, dirigées - sous le nom de « fronts » - à des fins de propagande par des autorités occultes; en second lieu, la manipulation secrète de «compagnons de route ».
Son objectif était de susciter chez les Occidentaux non communistes et bien pensants le préjugé politique qui allait dominer toute l' époque: la conviction que toute opinion favorable à la politique étrangère de l'Union soviétique était fondée sur les principes de l'honnêteté la plus élémentaire.
Il voulait instiller chez tout un chacun, comme une vérité naturelle, le sentiment que toute critique ou contestation de la politique soviétique était infailliblement le fait d'une personne mauvaise, sectaire et probablement stupide, tandis que tout soutien apporté à cette politique était non moins infailliblement la marque d'un esprit progressiste, tourné vers tout ce qu'il y avait de meilleur pour l'humanité, et doté d'une sensibilité flatteuse autant que rafinée.
Pour mettre sur pied les réseaux de ses organisations de façade et de ses compagnons de route Münzenberg sut utiliser toutes les astuces de la propagande, qu'il s'agît d'exploiter certaines opinions formulées par divers intellectuels sur les problèmes culturels, ou de faire distribuer des chapeaux humoristiques et des ballons.
Il mobilisait tous les médias : la presse, le cinéma, la radio, les livres, les magazines, le théâtre. Tous les «maîtres de l'opinion» étaient visés: les écrivains, les artistes, les acteurs, les commentateurs, les prêtres, les ministres, les professeurs, les hommes d'affaires importants, les scientifiques, les psychologues, tous ceux dont l'opinion avait quelque chance d'être respectée par le public.
La fin de l'innocence, p. 26
2
L'instrument qui permit à Münzenberg de donner forme à ce pouvoir culturel était l'Internationale communiste, c'est-à-dire, comme on l'appelait presque toujours, le Komintern. Celui-ci était, à bien des égards, l'institution léniniste par excellence; elle avait été mise sur pied dès le début à partir des deux principales passions qui caractérisaient la personnalité politique de Lénine: son obsession du secret et sa hantise du pouvoir absolu.
Les buts du Komintern ne furent jamais démocratiques, même vaguement, et encore moins réformistes, de près ou de loin; l'Internationale n'a jamais été censée apporter la moindre aide réelle à une formation de gauche qui n'eût pas été entièrement subordonnée à l'autorité soviétique.
Lénine avait créé le Komintern en 1919 dans le dessein de propager la révolution russe et de consolider la domination du marxisme-léninisme sur la gauche du monde entier. L'objectif du nouveau dictateur était de rassembler les révolutionnaires de toute la planète dans un seul grand réseau de partis communistes, placé sous l'autorité de la révolution, de sa révolution.
Dans son imagination, Lénine voyait le Komintern comme une sorte de longue mèche incendiaire dont une extrémité se trouverait en Russie et qui zigzaguerait à travers toute l'Europe pour aboutir surtout à une bombe gigantesque et majestueuse: l'Allemagne. Cette bombe qui n'avait pas encore explosé était, dans l'esprit de Lénine, la plus puissante de toutes, le baril de poudre de l'Europe selon un de ses clichés favoris.
Ibidem, p. 29-30
3
L'écrivain et historienne russe Nina Berberova a décrit par expérience en des termes sévères cette cohorte d'agents ou de quasi-agents, ces femmes qu'elle appelle les «Dames du Kremlin». Si celles-ci ont exercé une grande influence sur la vie intellectuelle européenne et américaine c'est en partie grâce à leurs propres talents, mais par-dessus tout à cause des hommes qu'elles avaient fait entrer dans leurs vies. Ceux-ci, le plus souvent, étaient des écrivains célèbres que l'on considérait comme les «porte-parole de l'Occident». Or, les compagnes en qui ils avaient la plus grande confiance se trouvaient sous la coupe des services secrets soviétiques.
En tête de cette liste venaient deux membres de la petite aristocratie russe: la baronne Moura Boudberg, qui fut la maîtresse de Maxime Gorki et de H.G. Wells, mais aussi la princesse Maria Pavlova Koudatchova. Si la nature des liens qui attachaient la baronne Boudberg aux Soviétiques reste encore assez mystérieuse, on ne peut néanmoins pas douter de leur importance. On sait davantage de choses sur la princesse Koudatchova, qui fut d'abord la secrétaire, puis la maîtresse, puis l'épouse et enfin la veuve d'un romancier pacifiste fort célèbre en son temps, Romain Rolland.
Ibidem, p. 36
4
Münzenberg avait pris son temps pour refaire surface en public à Paris, mais dès les premiers jours qui avaient suivi son arrivée, la vie culturelle de la capitale et, avec elle, la vie culturelle de tout l'Occident entrèrent dans une phase nouvelle.
Le 23 mars 1933, quelques jours après la fuite de Münzenberg en France, les nouvelles Tables de la Loi furent inaugurées par le tout-Paris au cours d'un prestigieux meeting de protestation contre l'incendie du Reichstag. André Gide, Elsa Triolet et Louis Aragon étaient là. André et Clara Malraux, brillants et superbes dans leur célébrité toute fraîche, avaient été soigneusement placés au tout premier rang. C'était sur ce genre de détail qu'allait être fondé le nouveau chic politico-culturel. Et les choses devaient rester ainsi jusqu'à la fin de la Guerre civile espagnole.
C'était la première fois que se tenait une réunion de ce genre et elle allait être suivie par des centaines, peut-être même des milliers d'autres, dans tous les pays occidentaux. On y défendait des causes, on y enrôlait des gens célèbres. En public et en privé, par des voies légales ou clandestines, tous les talents de Münzenberg semblaient s'orienter vers un objectif unique, contraignant et absolu: l'opposition. L'opposition et rien d'autre. A Paris, Münzenberg avait trouvé refuge sur la Rive gauche et, avec l'aide de l'appareil du Komintern, il ne tarda à installer ses bureaux dans une enfilade de pièces minables au fond d'un passage sombre et presque invisible qui donnait sur le boulevard Montparnasse.
En vue de mobiliser et d'exploiter la vague montante du sentiment antinazi dans le monde, Münzenberg créa toute une variété de« fronts» au goût du jour. Au bout de quelques semaines, le Komintern mettait à sa disposition une maison d'édition, qui se trouvait elle aussi au Quartier latin: les Editions du Carrefour, sur le boulevard Saint-Germain. C'était une maison qui, avant d'être rachetée par l'appareil, avait publié d'élégantes anthologies de poésie et de luxueuses monographies sur la peinture moderne.
Une des personnes qui jouèrent un très grand rôle dans le transfert des Editions du Carrefour aux mains du Komintern fut un jeune écrivain français, un peu dandy, dont les deux meilleurs amis étaient Raymond Aron et Jean-Paul Sartre. Il s'agissait de Paul Nizan, et les trois amis s'appelaient (naturellement) les trois mousquetaires.
Ibidem, p. 82-83
5
Dans le domaine de la grande politique, l'épreuve du feu que traversait le Front était la Guerre d'Espagne, où des hommes de Münzenberg parmi les plus importants, comme Katz et Julio Alvarez del Vayo ont joué un grand rôle. L'Espagne étant le théâtre d'une guerre menée par le Front populaire, ce pays devint aussi le principal avant-poste européen de la terreur.
Dans les relations franco-soviétiques, le voyage de propagande organisé en Russie pour André Gide marqua l'un des points culminants. Cette tournée coïncida exactement avec deux événements: l'entrée en fonctions du gouvernement Blum à Paris et la mort de Maxime Gorki (peut-être assassiné) suivie par ses funérailles nationales à Moscou, en juin 1936. Dans cette conjoncture, tout obstacle à la «guerre des idées» fut levé, tandis que le dictateur se préparait à mettre en scène les procès de Zinoviev, de Kamenev et des autres « conspirateurs » en août.
C'est alors que la terreur commença pour de bon. Les procès furent un grand succès: Zinoviev et Kamenev récitèrent leur texte parfaitement. Leurs « aveux », sans précédents dans la littérature de l'abjection, servirent à justifier de nouvelles purges, des emprisonnements et des exécutions. On leur avait promis à tous deux la vie sauve en échange de leur collaboration, mais bien entendu, dès que le rideau tomba sur la scène, les pelotons de la mort les emmenèrent au sous-sol. Quand les soldats pénétrèrent dans la cellule de Zinoviev, celui-ci comprit immédiatement la vérité. Il se jeta sur le sol, se lança dans une supplique désespérée avec sa voix de fausset et parut en proie à une crise d'hystérie.
Devant ce comportement l'un des jeunes membres du NKVD n'hésita pas à sortir son revolver, à pousser Zinoviev dans une cellule voisine et à lui tirer sans surseoir une balle dans la tête. Staline fut énormément impressionné par le récit qu'on lui fit de la scène. Il octroya une médaille à l'assassin de Zinoviev.
Au cours des beuveries nocturnes qui lui tenaient lieu de divertissement, à la fin de sa vie, Staline avait pris l'habitude de faire caricaturer par son valet, un homme du nom de Pauker, l'effroi du vieux révolutionnaire. Il se complaisait particulièrement à regarder Pauker ramper sur le sol et s'accrocher aux chaises en imitant l'accent juif chantonnant de Zinoviev, avant de terminer le spectacle par une parodie de la prière hébraïque, "Ecoute, Israël!", pour clore les ultimes supplications du condamné.
Ibidem, p. 166-167
6
La mainmise de Staline sur le gouvernement espagnol se déroula en plusieurs phases. D'abord l'appareil infiltra chacun des éléments - militaires ou politiques - qui formaient la base du pouvoir de la République espagnole. Il fallait écarter Caballero et le remplacer par un être aussi docile et corrompu que Negrin. Simultanément, toute force capable de s'opposer à cette prise du pouvoir, tout adversaire éventuel fut éliminé de la vie publique espagnole ou réduit au silence par la violence.
Comme les communistes ne représentaient qu'une petite minorité de la gauche espagnole, cela exigea un assaut soudain, vaste et concerté, accompagné par une vague de terreur massive - non pas contre les fascistes mais surtout contre les principaux alliés de la République. Staline avait été averti du fait que, bien entendu, cela porterait un coup fatal à l'effort de guerre contre Franco. Il avait compris l'objection avec une clairvoyance parfaite. Mais la chose ne le troublait pas du tout. ...
Mais il ne suffisait pas de mesurer à l'Espagne une étroite liberté de manœuvre dans le domaine financier. Sachant qu'il tenait le gouvernement espagnol à sa merci, Staline prétendait désormais, tout bonnement, mettre la main sur son Trésor national. Ce n'était pas pour rien qu'il avait commencé sa carrière chez les bolcheviks en attaquant des banques. Pour mettre à exécution un acte de piraterie internationale aussi considérable, Staline put compter sur le concours d'un important collaborateur, celui de Negrin, le ministre des Finances de Caballero: en aidant l'apparat à piller le Trésor espagnol Negrin acheta en fait sa place au soleil et sa charge de Premier ministre.
Krivitsky était l'un des principaux artisans du pillage de l'or contenu dans les coffres de la République espagnole; il a décrit en détail comment cela se passa. L'opération consista à mettre la main sur les lingots d'or du Trésor national de l'Espagne, pour expédier le tout en Union soviétique; il était parfaitement entendu que rien n'en serait jamais rendu.
L 'histoire de cette entreprise est incroyable. Depuis le règne de Philippe Il, le patrimoine national espagnol était essentiellement constitué par l'une des plus importantes réserves d'or du monde entier. Grâce à Negrin et à l'apparat, les Soviétiques persuadèrent le gouvernement de Caballero de transférer d'énormes quantités de cet or à Moscou, en partie pour « le mettre à l'abri » en cas de victoire franquiste, et en partie pour « garantir» les emprunts souscrits à l'occasion des achats d'armement.
Bien entendu Staline n'avait nullement l'intention de restituer quoi que ce soit. La disparition de la République espagnole ne pouvait que contribuer à justifier ce refus. Au pillage du Trésor, s'ajoutèrent, sous prétexte d'une «aide à l'Espagne », bien d'autres détournements qui affectaient tous les aspects de l'effort républicain. Entre autres services qu'il rendit aux Soviétiques, Anthony Blunt, au cours de cette même période, prodigua ses conseils à l'appareil quant au recel de maintes œuvres d'art volées à l'Espagne précisément dans le même but frauduleux que l'usurpation des lingots dérobés°.
Ibidem, p. 322-323-324
7
C'est alors que l'apparat mit en scène le renversement de Largo Caballero. Le prétexte officiel invoqué au sujet de ce changement de gouvernement fut une demande faite à Largo par le parti communiste espagnol; une exigence qui, en fait, aurait signifié la liquidation ou l'interdiction de presque toute la gauche non stalinienne alliée au gouvernement. Largo refusa bien entendu, purement et simplement, de cautionner ce qui menait la République à une défaite certaine, de sorte qu'il fut renversé pour défaitisme et remplacé par Negrin, chef du parti de la « Victoire ».
Le nouveau langage communiste utilisé dans la presse en dit long sur cette histoire. Parce qu'il voulait la victoire, il avait fallu remplacer Largo pour défaitisme. Negrin, lui, parce qu'il était prêt à endosser la défaite, dirigeait le parti de la « Victoire ».
Et une nouvelle vague de terreur s'abattit aussitôt sur le pays. En juin les massacres prirent une ampleur criante à Barcelone. Des milliers d'anarchistes espagnols, réunis sous la bannière d'une organisation appelée le POUM, furent exécutés. Le chef du POUM, Andrés Nin, fut arrêté.
Comme il ne passait pas aux «aveux» sous la torture, Orlov, grand expert en la matière, l'assassina tout simplement de ses propres mains dans les jardins du Prado.
Ibidem, p. 329
8
Vers 1935, c'est-à-dire parallèlement à la création du Front populaire, l'appareil jeta son dévolu sur Emest Hemingway qui jouissait désormais d'une célébrité incontestée. Il représentait la personnalité idéale du Front populaire: à sa manière, Hemingway comptait autant en Amérique que Gide en France. Les instigateurs du Front populaire espéraient faire de lui le plus éminent de tous leurs compagnons de route dans le monde littéraire.
Ibidem, p. 331
9
En 1950, dix ans après la mort de Willi, l'Amérique entre dans la }uerre froide; Otto Katz, de retour en Tchécoslovaquie, est sorti de l'ombre pour devenir un homme puissant sous la lumière triste du nouveau totalitarisme. Pendant la guerre à proprement parler, Otto avait été soigneusement tenu à l'écart des affrontements directs. Les espions ont tendance à s'écarter du champ où les armées manœuvrent. Il avait établi son quartier général au Mexique, exilé mais non pas désœuvré, loin de là, toujours impliqué dans de nombreuses intrigues politiques.
Katz avait été en mesure de rendre quelques petits services pendant a guerre en propageant de fausses informations sur la mort de Willi Münzenberg. A cet effet, il s'était servi de son « porte-parole » au sein le la « France libre », Geneviève Tabouis, cette journaliste corrompue et cupide en qui les Anglais et les Américains voyaient, bien à tort, une sorte d'héroïque dénonciatrice de la vérité sur la débâcle française. Grâce au livre qu'elle avait publié, On m'appelait Cassandre, Katz avait pu imposer ce qui devint le mensonge officiel soviétique sur la fin de son mcien patron - à savoir, naturellement, que Willi était un collaborateur fasciste. En fait, on peut rendre Otto responsable de presque toutes les contrevérités répandues sur Willi après la mort de celui-ci. Au cours des toutes dernières heures qui précédèrent sa propre exécution, Otto déclara, pour prouver son loyalisme envers le parti, avoir été l'un de ceux qui avaient contribué à abattre son vieil ami. Ibidem, p. 367
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Enseigant américain. Université Columbia (New-York).
Auteur, notamment, de The End of Innocence, The Free Press, New-York, 1994, La fin de l'innocence, les intellectuels d'Occident et la tentation stalinienne : 30 ans de guerre secrète, Grasset, Paris, 1995.
1
Le véritable rôle joué dans le monde par Münzenberg, avant l'avènement de Hitler et même après, était un secret jalousement gardé mais, comme il convenait à son talent particulier, cette dissimulation avait quel que chose d'ostentatoire. Il avait du génie pour la propagande, mais d'un genre spécial.
Car Willi Münzenberg a été le précurseur de deux types tout à fait nouveaux d'activités secrètes, qui furent indispensables dans notre siècle et rendirent des services essentiels aux Soviétiques: en premier lieu, la création de certaines organisations de façade, dirigées - sous le nom de « fronts » - à des fins de propagande par des autorités occultes; en second lieu, la manipulation secrète de «compagnons de route ».
Son objectif était de susciter chez les Occidentaux non communistes et bien pensants le préjugé politique qui allait dominer toute l' époque: la conviction que toute opinion favorable à la politique étrangère de l'Union soviétique était fondée sur les principes de l'honnêteté la plus élémentaire.
Il voulait instiller chez tout un chacun, comme une vérité naturelle, le sentiment que toute critique ou contestation de la politique soviétique était infailliblement le fait d'une personne mauvaise, sectaire et probablement stupide, tandis que tout soutien apporté à cette politique était non moins infailliblement la marque d'un esprit progressiste, tourné vers tout ce qu'il y avait de meilleur pour l'humanité, et doté d'une sensibilité flatteuse autant que rafinée.
Pour mettre sur pied les réseaux de ses organisations de façade et de ses compagnons de route Münzenberg sut utiliser toutes les astuces de la propagande, qu'il s'agît d'exploiter certaines opinions formulées par divers intellectuels sur les problèmes culturels, ou de faire distribuer des chapeaux humoristiques et des ballons.
Il mobilisait tous les médias : la presse, le cinéma, la radio, les livres, les magazines, le théâtre. Tous les «maîtres de l'opinion» étaient visés: les écrivains, les artistes, les acteurs, les commentateurs, les prêtres, les ministres, les professeurs, les hommes d'affaires importants, les scientifiques, les psychologues, tous ceux dont l'opinion avait quelque chance d'être respectée par le public.
La fin de l'innocence, p. 26
2
L'instrument qui permit à Münzenberg de donner forme à ce pouvoir culturel était l'Internationale communiste, c'est-à-dire, comme on l'appelait presque toujours, le Komintern. Celui-ci était, à bien des égards, l'institution léniniste par excellence; elle avait été mise sur pied dès le début à partir des deux principales passions qui caractérisaient la personnalité politique de Lénine: son obsession du secret et sa hantise du pouvoir absolu.
Les buts du Komintern ne furent jamais démocratiques, même vaguement, et encore moins réformistes, de près ou de loin; l'Internationale n'a jamais été censée apporter la moindre aide réelle à une formation de gauche qui n'eût pas été entièrement subordonnée à l'autorité soviétique.
Lénine avait créé le Komintern en 1919 dans le dessein de propager la révolution russe et de consolider la domination du marxisme-léninisme sur la gauche du monde entier. L'objectif du nouveau dictateur était de rassembler les révolutionnaires de toute la planète dans un seul grand réseau de partis communistes, placé sous l'autorité de la révolution, de sa révolution.
Dans son imagination, Lénine voyait le Komintern comme une sorte de longue mèche incendiaire dont une extrémité se trouverait en Russie et qui zigzaguerait à travers toute l'Europe pour aboutir surtout à une bombe gigantesque et majestueuse: l'Allemagne. Cette bombe qui n'avait pas encore explosé était, dans l'esprit de Lénine, la plus puissante de toutes, le baril de poudre de l'Europe selon un de ses clichés favoris.
Ibidem, p. 29-30
3
L'écrivain et historienne russe Nina Berberova a décrit par expérience en des termes sévères cette cohorte d'agents ou de quasi-agents, ces femmes qu'elle appelle les «Dames du Kremlin». Si celles-ci ont exercé une grande influence sur la vie intellectuelle européenne et américaine c'est en partie grâce à leurs propres talents, mais par-dessus tout à cause des hommes qu'elles avaient fait entrer dans leurs vies. Ceux-ci, le plus souvent, étaient des écrivains célèbres que l'on considérait comme les «porte-parole de l'Occident». Or, les compagnes en qui ils avaient la plus grande confiance se trouvaient sous la coupe des services secrets soviétiques.
En tête de cette liste venaient deux membres de la petite aristocratie russe: la baronne Moura Boudberg, qui fut la maîtresse de Maxime Gorki et de H.G. Wells, mais aussi la princesse Maria Pavlova Koudatchova. Si la nature des liens qui attachaient la baronne Boudberg aux Soviétiques reste encore assez mystérieuse, on ne peut néanmoins pas douter de leur importance. On sait davantage de choses sur la princesse Koudatchova, qui fut d'abord la secrétaire, puis la maîtresse, puis l'épouse et enfin la veuve d'un romancier pacifiste fort célèbre en son temps, Romain Rolland.
Ibidem, p. 36
4
Münzenberg avait pris son temps pour refaire surface en public à Paris, mais dès les premiers jours qui avaient suivi son arrivée, la vie culturelle de la capitale et, avec elle, la vie culturelle de tout l'Occident entrèrent dans une phase nouvelle.
Le 23 mars 1933, quelques jours après la fuite de Münzenberg en France, les nouvelles Tables de la Loi furent inaugurées par le tout-Paris au cours d'un prestigieux meeting de protestation contre l'incendie du Reichstag. André Gide, Elsa Triolet et Louis Aragon étaient là. André et Clara Malraux, brillants et superbes dans leur célébrité toute fraîche, avaient été soigneusement placés au tout premier rang. C'était sur ce genre de détail qu'allait être fondé le nouveau chic politico-culturel. Et les choses devaient rester ainsi jusqu'à la fin de la Guerre civile espagnole.
C'était la première fois que se tenait une réunion de ce genre et elle allait être suivie par des centaines, peut-être même des milliers d'autres, dans tous les pays occidentaux. On y défendait des causes, on y enrôlait des gens célèbres. En public et en privé, par des voies légales ou clandestines, tous les talents de Münzenberg semblaient s'orienter vers un objectif unique, contraignant et absolu: l'opposition. L'opposition et rien d'autre. A Paris, Münzenberg avait trouvé refuge sur la Rive gauche et, avec l'aide de l'appareil du Komintern, il ne tarda à installer ses bureaux dans une enfilade de pièces minables au fond d'un passage sombre et presque invisible qui donnait sur le boulevard Montparnasse.
En vue de mobiliser et d'exploiter la vague montante du sentiment antinazi dans le monde, Münzenberg créa toute une variété de« fronts» au goût du jour. Au bout de quelques semaines, le Komintern mettait à sa disposition une maison d'édition, qui se trouvait elle aussi au Quartier latin: les Editions du Carrefour, sur le boulevard Saint-Germain. C'était une maison qui, avant d'être rachetée par l'appareil, avait publié d'élégantes anthologies de poésie et de luxueuses monographies sur la peinture moderne.
Une des personnes qui jouèrent un très grand rôle dans le transfert des Editions du Carrefour aux mains du Komintern fut un jeune écrivain français, un peu dandy, dont les deux meilleurs amis étaient Raymond Aron et Jean-Paul Sartre. Il s'agissait de Paul Nizan, et les trois amis s'appelaient (naturellement) les trois mousquetaires.
Ibidem, p. 82-83
5
Dans le domaine de la grande politique, l'épreuve du feu que traversait le Front était la Guerre d'Espagne, où des hommes de Münzenberg parmi les plus importants, comme Katz et Julio Alvarez del Vayo ont joué un grand rôle. L'Espagne étant le théâtre d'une guerre menée par le Front populaire, ce pays devint aussi le principal avant-poste européen de la terreur.
Dans les relations franco-soviétiques, le voyage de propagande organisé en Russie pour André Gide marqua l'un des points culminants. Cette tournée coïncida exactement avec deux événements: l'entrée en fonctions du gouvernement Blum à Paris et la mort de Maxime Gorki (peut-être assassiné) suivie par ses funérailles nationales à Moscou, en juin 1936. Dans cette conjoncture, tout obstacle à la «guerre des idées» fut levé, tandis que le dictateur se préparait à mettre en scène les procès de Zinoviev, de Kamenev et des autres « conspirateurs » en août.
C'est alors que la terreur commença pour de bon. Les procès furent un grand succès: Zinoviev et Kamenev récitèrent leur texte parfaitement. Leurs « aveux », sans précédents dans la littérature de l'abjection, servirent à justifier de nouvelles purges, des emprisonnements et des exécutions. On leur avait promis à tous deux la vie sauve en échange de leur collaboration, mais bien entendu, dès que le rideau tomba sur la scène, les pelotons de la mort les emmenèrent au sous-sol. Quand les soldats pénétrèrent dans la cellule de Zinoviev, celui-ci comprit immédiatement la vérité. Il se jeta sur le sol, se lança dans une supplique désespérée avec sa voix de fausset et parut en proie à une crise d'hystérie.
Devant ce comportement l'un des jeunes membres du NKVD n'hésita pas à sortir son revolver, à pousser Zinoviev dans une cellule voisine et à lui tirer sans surseoir une balle dans la tête. Staline fut énormément impressionné par le récit qu'on lui fit de la scène. Il octroya une médaille à l'assassin de Zinoviev.
Au cours des beuveries nocturnes qui lui tenaient lieu de divertissement, à la fin de sa vie, Staline avait pris l'habitude de faire caricaturer par son valet, un homme du nom de Pauker, l'effroi du vieux révolutionnaire. Il se complaisait particulièrement à regarder Pauker ramper sur le sol et s'accrocher aux chaises en imitant l'accent juif chantonnant de Zinoviev, avant de terminer le spectacle par une parodie de la prière hébraïque, "Ecoute, Israël!", pour clore les ultimes supplications du condamné.
Ibidem, p. 166-167
6
La mainmise de Staline sur le gouvernement espagnol se déroula en plusieurs phases. D'abord l'appareil infiltra chacun des éléments - militaires ou politiques - qui formaient la base du pouvoir de la République espagnole. Il fallait écarter Caballero et le remplacer par un être aussi docile et corrompu que Negrin. Simultanément, toute force capable de s'opposer à cette prise du pouvoir, tout adversaire éventuel fut éliminé de la vie publique espagnole ou réduit au silence par la violence.
Comme les communistes ne représentaient qu'une petite minorité de la gauche espagnole, cela exigea un assaut soudain, vaste et concerté, accompagné par une vague de terreur massive - non pas contre les fascistes mais surtout contre les principaux alliés de la République. Staline avait été averti du fait que, bien entendu, cela porterait un coup fatal à l'effort de guerre contre Franco. Il avait compris l'objection avec une clairvoyance parfaite. Mais la chose ne le troublait pas du tout. ...
Mais il ne suffisait pas de mesurer à l'Espagne une étroite liberté de manœuvre dans le domaine financier. Sachant qu'il tenait le gouvernement espagnol à sa merci, Staline prétendait désormais, tout bonnement, mettre la main sur son Trésor national. Ce n'était pas pour rien qu'il avait commencé sa carrière chez les bolcheviks en attaquant des banques. Pour mettre à exécution un acte de piraterie internationale aussi considérable, Staline put compter sur le concours d'un important collaborateur, celui de Negrin, le ministre des Finances de Caballero: en aidant l'apparat à piller le Trésor espagnol Negrin acheta en fait sa place au soleil et sa charge de Premier ministre.
Krivitsky était l'un des principaux artisans du pillage de l'or contenu dans les coffres de la République espagnole; il a décrit en détail comment cela se passa. L'opération consista à mettre la main sur les lingots d'or du Trésor national de l'Espagne, pour expédier le tout en Union soviétique; il était parfaitement entendu que rien n'en serait jamais rendu.
L 'histoire de cette entreprise est incroyable. Depuis le règne de Philippe Il, le patrimoine national espagnol était essentiellement constitué par l'une des plus importantes réserves d'or du monde entier. Grâce à Negrin et à l'apparat, les Soviétiques persuadèrent le gouvernement de Caballero de transférer d'énormes quantités de cet or à Moscou, en partie pour « le mettre à l'abri » en cas de victoire franquiste, et en partie pour « garantir» les emprunts souscrits à l'occasion des achats d'armement.
Bien entendu Staline n'avait nullement l'intention de restituer quoi que ce soit. La disparition de la République espagnole ne pouvait que contribuer à justifier ce refus. Au pillage du Trésor, s'ajoutèrent, sous prétexte d'une «aide à l'Espagne », bien d'autres détournements qui affectaient tous les aspects de l'effort républicain. Entre autres services qu'il rendit aux Soviétiques, Anthony Blunt, au cours de cette même période, prodigua ses conseils à l'appareil quant au recel de maintes œuvres d'art volées à l'Espagne précisément dans le même but frauduleux que l'usurpation des lingots dérobés°.
Ibidem, p. 322-323-324
7
C'est alors que l'apparat mit en scène le renversement de Largo Caballero. Le prétexte officiel invoqué au sujet de ce changement de gouvernement fut une demande faite à Largo par le parti communiste espagnol; une exigence qui, en fait, aurait signifié la liquidation ou l'interdiction de presque toute la gauche non stalinienne alliée au gouvernement. Largo refusa bien entendu, purement et simplement, de cautionner ce qui menait la République à une défaite certaine, de sorte qu'il fut renversé pour défaitisme et remplacé par Negrin, chef du parti de la « Victoire ».
Le nouveau langage communiste utilisé dans la presse en dit long sur cette histoire. Parce qu'il voulait la victoire, il avait fallu remplacer Largo pour défaitisme. Negrin, lui, parce qu'il était prêt à endosser la défaite, dirigeait le parti de la « Victoire ».
Et une nouvelle vague de terreur s'abattit aussitôt sur le pays. En juin les massacres prirent une ampleur criante à Barcelone. Des milliers d'anarchistes espagnols, réunis sous la bannière d'une organisation appelée le POUM, furent exécutés. Le chef du POUM, Andrés Nin, fut arrêté.
Comme il ne passait pas aux «aveux» sous la torture, Orlov, grand expert en la matière, l'assassina tout simplement de ses propres mains dans les jardins du Prado.
Ibidem, p. 329
8
Vers 1935, c'est-à-dire parallèlement à la création du Front populaire, l'appareil jeta son dévolu sur Emest Hemingway qui jouissait désormais d'une célébrité incontestée. Il représentait la personnalité idéale du Front populaire: à sa manière, Hemingway comptait autant en Amérique que Gide en France. Les instigateurs du Front populaire espéraient faire de lui le plus éminent de tous leurs compagnons de route dans le monde littéraire.
Ibidem, p. 331
9
En 1950, dix ans après la mort de Willi, l'Amérique entre dans la }uerre froide; Otto Katz, de retour en Tchécoslovaquie, est sorti de l'ombre pour devenir un homme puissant sous la lumière triste du nouveau totalitarisme. Pendant la guerre à proprement parler, Otto avait été soigneusement tenu à l'écart des affrontements directs. Les espions ont tendance à s'écarter du champ où les armées manœuvrent. Il avait établi son quartier général au Mexique, exilé mais non pas désœuvré, loin de là, toujours impliqué dans de nombreuses intrigues politiques.
Katz avait été en mesure de rendre quelques petits services pendant a guerre en propageant de fausses informations sur la mort de Willi Münzenberg. A cet effet, il s'était servi de son « porte-parole » au sein le la « France libre », Geneviève Tabouis, cette journaliste corrompue et cupide en qui les Anglais et les Américains voyaient, bien à tort, une sorte d'héroïque dénonciatrice de la vérité sur la débâcle française. Grâce au livre qu'elle avait publié, On m'appelait Cassandre, Katz avait pu imposer ce qui devint le mensonge officiel soviétique sur la fin de son mcien patron - à savoir, naturellement, que Willi était un collaborateur fasciste. En fait, on peut rendre Otto responsable de presque toutes les contrevérités répandues sur Willi après la mort de celui-ci. Au cours des toutes dernières heures qui précédèrent sa propre exécution, Otto déclara, pour prouver son loyalisme envers le parti, avoir été l'un de ceux qui avaient contribué à abattre son vieil ami. Ibidem, p. 367
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MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
Re: Willi Münzenberg - le Prince des éternels idiots-utiles....
Pour former de futurs idiots-utiles suivez cette méthode...
Des étudiants en journalisme dans une mosquée du 9-3
Il est souvent reproché aux médias leur manque de connaissance sur des sujets d’actualité concernant l’Islam et les musulmans de France. Les journalistes n’ont pas toujours le recul et la formation nécessaire pour traiter pleinement ces sujets. Fort de ce constat, l’Union des associations musulmanes de Seine-Saint-Denis (UAM93) et l’Ecole Supérieure de Journalisme (ESJ) de Paris s’associent pour proposer aux étudiants, futurs journalistes, de partager le quotidien de musulmans du 93.
Les élèves se rendront à la mosquée d’Aubervilliers mercredi 11 et jeudi 12 mai pour assister à la prière et rencontrer l’imam. Le but est de leur permettre de poser toutes leurs questions. Les étudiants pourront aborder ainsi les sujets sensibles sur lesquels ils seront amenés à travailler (voile, halal, mosquées…). Ces deux jours de découvertes s’achèveront par un débat avec un élu politique du département.
Fin de l`article.
Posez toutes les questions - je vous donnerez de toutes les fausses réponses ( takkya oblige) ensuite faites un beau reportage d`idiots-utiles et le tour est joué ce sera dans les journaux pour faire croire aux gogos...
Vous ne comprenez pas que l`islam sera votre futur de toute facon..votre pensée mécréante ne peut saisir les beautés de l`islam. En attendant vos futures conversions vous servez notre voie sans meme vous en rendre compte.
Deux options:
Vous etes contre et vous etes islamophobes.
Vous etes pour et vous avancez nos objectifs
Face je gagne et pile tu perd!
Remplacons les mots de l`article du Prince des idiots-utiles sur les objectifs de l`Internationale communiste par ceux le l`Oumma internationale islamique.
Il voulait instiller chez tout un chacun, comme une vérité naturelle, le sentiment que toute critique ou contestation de la politique soviétique (de la religion islamique de l`Oumma) était infailliblement le fait d'une personne mauvaise, sectaire et probablement stupide,(un islamophobe) tandis que tout soutien apporté à cette politique (l`islamisation) était non moins infailliblement la marque d'un esprit progressiste, tourné vers tout ce qu'il y avait de meilleur pour l'humanité, et doté d'une sensibilité flatteuse autant que rafinée ( un homme ouvert, une société ouverte, un homme du monde, cosmopolite, un homme a la spiritualité ouverte)
Des étudiants en journalisme dans une mosquée du 9-3
Il est souvent reproché aux médias leur manque de connaissance sur des sujets d’actualité concernant l’Islam et les musulmans de France. Les journalistes n’ont pas toujours le recul et la formation nécessaire pour traiter pleinement ces sujets. Fort de ce constat, l’Union des associations musulmanes de Seine-Saint-Denis (UAM93) et l’Ecole Supérieure de Journalisme (ESJ) de Paris s’associent pour proposer aux étudiants, futurs journalistes, de partager le quotidien de musulmans du 93.
Les élèves se rendront à la mosquée d’Aubervilliers mercredi 11 et jeudi 12 mai pour assister à la prière et rencontrer l’imam. Le but est de leur permettre de poser toutes leurs questions. Les étudiants pourront aborder ainsi les sujets sensibles sur lesquels ils seront amenés à travailler (voile, halal, mosquées…). Ces deux jours de découvertes s’achèveront par un débat avec un élu politique du département.
Fin de l`article.
Posez toutes les questions - je vous donnerez de toutes les fausses réponses ( takkya oblige) ensuite faites un beau reportage d`idiots-utiles et le tour est joué ce sera dans les journaux pour faire croire aux gogos...
Vous ne comprenez pas que l`islam sera votre futur de toute facon..votre pensée mécréante ne peut saisir les beautés de l`islam. En attendant vos futures conversions vous servez notre voie sans meme vous en rendre compte.
Deux options:
Vous etes contre et vous etes islamophobes.
Vous etes pour et vous avancez nos objectifs
Face je gagne et pile tu perd!
Remplacons les mots de l`article du Prince des idiots-utiles sur les objectifs de l`Internationale communiste par ceux le l`Oumma internationale islamique.
Il voulait instiller chez tout un chacun, comme une vérité naturelle, le sentiment que toute critique ou contestation de la politique soviétique (de la religion islamique de l`Oumma) était infailliblement le fait d'une personne mauvaise, sectaire et probablement stupide,(un islamophobe) tandis que tout soutien apporté à cette politique (l`islamisation) était non moins infailliblement la marque d'un esprit progressiste, tourné vers tout ce qu'il y avait de meilleur pour l'humanité, et doté d'une sensibilité flatteuse autant que rafinée ( un homme ouvert, une société ouverte, un homme du monde, cosmopolite, un homme a la spiritualité ouverte)
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
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