BIENTÔT UN GOUVERNEMENT MONDAIL? UNE SUPER ET CONTRE-ÉGLISE.
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BIENTÔT UN GOUVERNEMENT MONDAIL? UNE SUPER ET CONTRE-ÉGLISE.
Tres intéressant mais a prendre avec un peu de recul.
BIENTÔT UN GOUVERNEMENT MONDAIL? UNE SUPER ET CONTRE-ÉGLISE.
PIERRE VIRION
Mille erreurs modernes ont été punies par leur propre échec; vous avez vu l'orgueil de certaines grandeurs sombrer dans le néant, l'opulence de certaines fortunes disparaître à l'improviste, la boue de la luxure souvent se mélanger au fleuve de larmes et de sang qui a traversé le monde ces temps passés.
D'autres erreurs, devront disparaître, d'autres sièges élevés devront tomber, d'autres ambitions effrénées s'écrouler, brisées.
Et la ruine sera d'autant plus vertigineuse qu'aura été plus grande l'audace de rivaliser avec Dieu. L'été viendra, chers fils, il viendra, riche en récoltes abondantes. La terre, baignée de larmes, sourira avec des perles d'amour, et, arrosée du sang des martyrs, elle fera germer les chrétiens.
(À la Jeunesse Italienne d'A. C., 19 mars 1958). PIE XII
PIERRE VIRION
BIENTÔT UN GOUVERNEMENT MONDIAL?
une super et contre-église
JEAN AMOS COMÉNIUS 1592-1670
Apôtre de la compréhension Mondiale (L'UNESCO)
INTRODUCTION
Le Gouvernement Mondial: Beaucoup en parlent sans savoir exactement de quoi il s'agit sauf les protagonistes occultes, évidemment, car sur ce point un secret à plusieurs étages, bien gardé d'un palier à l'autre, en cache la nature profonde, laissant aux profanes de discuter de sa réalisation selon la couleur du parti politique qu'ils ont adopté.
Nous examinerons plus loin cette nature profonde d'une domination universelle que la Haute Synarchie entend exercer au moyen d'un gouvernement réputé d'après les partisans du Mouvement Mondial ou de l'Association parlementaire pour le Gouvernement Mondial ou encore par une bourgeoisie nourrie de littératures économiques bien technicisées comme l'instance dernière du Progrès et de la Paix. Contentons-nous. pour l'instant, de poser sur son vrai terrain ce projet de monstrueuse machine qui n'a rien d'humaniste malgré les apparences.
L'idée d'un Gouvernement mondial n'est sans doute pas nouvelle. Depuis la fin de la Chrétienté médiévale qui n'en a jamais été un, elle a donné naissance à de multiples projets; elle procède d'une dégradation de l'idée chrétienne de l'unité du genre humain, hostile le plus souvent à la Papauté quand elle ne vise pas purement et simplement à une théocratie à l'envers ce qui est le cas des Hautes Sociétés Secrètes.
Pour ces dernières il ne s'agit pas du point de fuite théorique auquel s'appuyaient naguère doctrines et propagandes humanitaires dirigées contre l'Église romaine; pas davantage du slogan déjà vieux, lancé par les Frères de la basse maçonnerie. Rien de semblable à leur "République universelle", dans cette dictature actuellement en gestation dans le cercle hermétique des puissances économiques internationales, usant de politiciens "super-men" alliées aux plus Hautes Sociétés Secrètes. Tout ce monde espère faire bientôt, de ce Gouvernement, une réalité à la fois institutionnelle et ésotérique, c'est-à-dire en partie visible et en partie secrète.
Pour bien en juger il ne faut donc pas s'arrêter aux rêves divers de Sociétés des Nations formés par des théoriciens, depuis Pierre Dubois par exemple (XIVe siècle), en passant par Podiebrad, le roi hussite, jusqu'à Kant et aux idéalistes modernes. Ils ont donné lieu à toute une littérature bien connue et assez indigeste.
UNE VISION DE NOTRE MONDE CHEZ LES ROSE-CROIX DU XVIIe SIÈCLE
Tout autre est le mondialisme synarchique. Plus secret, il a des arcanes inconnus du public. C'est aux Rose-Croix ces précurseurs de la Maçonnerie moderne qui demeurent encore les maîtres à penser des plus hauts cercles d'initiés d'aujourd'hui qu'il faut en demander une première vision. Le dessein général, la structure essentielle, n'en ont pas varié depuis parce qu'ils reposent sur les principes de leur contre-théologie quasi-universellement répandue dans les sectes modernes. Un de leurs historiens, Sédir, de son vrai nom Yvon Leloup, nous les montre à la recherche d'un canon du savoir intégral et, sur le plan social, élaborant une Synarchie couronnée par une Monarchie universelle. Ce sont, en effet, les Rose-Croix du XVIIe siècle qui ont tracé les lignes de crête d'un gouvernement mondial composé de trois organismes: église universelle, conseil culturel international, tribunal de la paix. L'un deux, Amos Kominsky, plus connu sous le nom de Coménius, nous a laissé de cette synarchie un canevas si précis qu'il demeure aujourd'hui encore celui de leurs successeurs. Malgré les retouches de la fin du XIXe siècle et celles de la première moitié du XXe, on pourra, en confrontant ce canevas avec les documents plus récents que nous donnerons à leur date, se convaincre de la persistance d'un même plan et d'une continuité d'action qui couvriraient de confusion, s'ils avaient le courage et la curiosité d'en prendre connaissance, les plus passionnés rêveurs du vent de l'histoire et de l'évolution. Chez les Rose-Croix, la vision du monde futur et de son gouvernement s'accordait à leur philosophie secrète et à l'occultisme. Moins de trois siècles plus tard, un document d'inspiration martiniste: le Schéma de l'Archétype social, contemporain du fameux Pacte synarchique, nous montrera encore que le Synarchie rosicrucienne ne va pas sans un pouvoir caché mais très réel dominant des institutions internationales visibles et formant un ensemble avec elles. C'est donc Coménius, disions-nous, qui, dès le XVIIe siècle a fait de ce gouvernement que nous voyons se former peu à peu sous nos yeux une description si pleine d'actualité que M. Piaget, dans un opuscule édité en 1957 par l'UNESCO pour un tricentenaire, disait de lui:
L'UNESCO et le Bureau international d'éducation lui doivent le respect et la reconnaissance que mérite un grand ancêtre spirituel.
Qui était Coménius? Il était né en 1592 en Moravie de parents appartenant à la communauté des Frères Moraves qui avaient pris ce nom en 1575 lorsqu'on leur accorda le droit de réunion. C'étaient auparavant les Frères Bohèmes, successeurs directs des Hussites qui mirent l'Europe centrale à feu et à sang, après le supplice de l'hérésiarque Jean Huss à Constance en 1415. A nouveau, dès le premier quart du XVIe siècle, pillages, incendies, massacres s'abattirent sur les abbayes, les couvents, les villages. LE RÉGIME COMMUNISTE LE PLUS ABSOLU FUT MÊME INSTAURÉ À MUNSTER PAR LES ANABAPTISTES, SOUS LE NOM DE RÈGNE DE DIEU. Les princes répondirent chaque fois par des représailles non moins cruelles. Battus enfin en 1620, les Frères Moraves se dispersèrent et se dissimulèrent dans l'exil, sous la conduite de leur évêque Jean Amos Kominsky. Celui-ci accéda à l'état ecclésiastique à Zéranovice en Moravie et reçut sans doute comme d'autres membres du clergé de l'Union des Frères la consécration épiscopale d'un évêque vaudois se disant de tradition ecclésiastique. Réfugié à Lezno sur la frontière de Moravie il y dirigea le gymnase de la ville, poursuivit une œuvre pédagogique dont la somme parut dans la Grande Didactique. Puis il se rendit à Londres, s'imprégna des œuvres de François Bacon, de Robert Fludd, Rose-Croix: il alla en Suède chez son ami, protecteur et mécène, Louis de Geer, lui aussi de la secte rosicrucienne, puis à Amsterdam et en Pologne.
Notre but n'est pas d'entraîner le lecteur dans une étude de l'œuvre, d'ailleurs considérable, de Coménius. Mais nous allons montrer, par quelques textes, comment à travers lui les Frères de la Rose-Croix avaient déjà conçu, au moyen de trois corps internationaux, la planification jusqu'à l'échelle mondiale de la culture, des institutions politiques et de toutes les religions fondues dans une seule "Église rénovée" (sic).
Lorsque, dit-il, les conditions auront été améliorées, au point que tout nous sera vraiment commun: la philosophie, la religion et la politique, les lettrés auront l'occasion de rassembler et de classer les vérités et de les inculquer à l'esprit humain: les prêtres pourront entraîner les âmes vers Dieu; les hommes politiques pourront faire régner partout la paix et la tranquillité; ils déploieront, pour ainsi dire, une sainte ardeur dans leurs efforts pour contribuer, chacun à sa place, le mieux qu'il pourra, à l'avancement du bien-être du genre humain.
(La Panorthosie - 1644)
Mais pour que tout nous soit vraiment commun, il faudra, ajoute-t-il, qu'il y ait dans chaque école, dans chaque Église, dans chaque État, des gardiens des normes et lois de manière que pour le monde entier, tous soient maintenus dans les limites du salut, ce qui suppose que dans chacun des trois états: la culture, la religion et la politique, on instituera par conséquent un corps de dirigeants:
Ne faudrait-il donc pas instituer trois tribunaux arbitraux auxquels seraient soumis tous les différends qui pourraient surgir entre les lettrés, les prêtres et les princes? Leurs soins vigilants ne pourraient-ils, dans chacun des trois états, empêcher des discordes et des brouilles de naître? La paix et la tranquillité seraient maintenues.
(ibid).
Il n'est pas difficile d'apercevoir dans ces lignes l'annonce du régime synarchique et de sa technocratie totalitaire et si Coménius ajoute que le chef suprême de ces corps serait le Christ - dont il a une notion opposée à celle de l'Église romaine - nous voilà bien assurés que ce Christ, le faux Christ des Rose-Croix, que leurs successeurs appellent le Seigneur du Monde, assumerait la monarchie universelle sur tout le système. Mais poursuivons:
Il sera utile d'adopter des appellations différentes pour ces tribunaux: le tribunal des lettrés s'appellerait le Conseil de la Lumière, le tribunal ecclésiastique, le Consistoire et le tribunal politique, la Cour de Justice.
Le conseil de la Lumière veillera à ce qu'il ne soit nécessaire nulle part au monde, d'instruire quelqu'un et moins encore à ce qu'il se trouve quelqu'un qui ignore quelque chose d'indispensable, et à ce que tous les hommes soient instruits de Dieu. Ce qui veut dire que le Conseil, en créant des occasions favorables, permettra à tous les hommes du monde entier de tourner les yeux vers cette lumière, dans laquelle tous verront, par eux-mêmes, la vérité et à laquelle plus iamais aucune chimère ne pourra se mêler.
(ibid).
N'allongeons pas cette citation sur les attributions de ce Conseil de la Lumière dont le nom significatif annonce la philosophie des Lumières des écrivains du XVIIIe siècle et plus tard l'UNESCO et dont les membres, dit Coménius, devront être ILLUMINÉS COMME DE VÉRITABLES ÉTOILES et auront la charge de contrôler l'imprimerie et la librairie, l'enseignement, ses méthodes et ses programmes et tout ce qui concerne la culture. Passons aux deux autres institutions: la politique et la religieuse:
Ce Tribunal (le Tribunal de la Paix) aura pour mission de veiller à la sagesse humaine, qui consiste à se maîtriser soi-même à tous les degrés, dans tous les états et tous les cas, afin de maintenir sans altération à tous les points de vue la société humaine et son système de relations, autrement dit d'être à la tête de la diffusion de la justice et de la paix entre les peuples du monde entier. Ce corps pourrait s'appeler aussi le DIRECTOIRE DES PUISSANCES DU MONDE, LE SÉNAT DU MONDE OU L'ARÉOPAGE DU MONDE.
Voici maintenant en quoi consisterait l'universelle Église dont Saint-Yves d'Alveydre, à la fin du XIXe siècle, précisera la nature et que le Pacte synarchique au XXe siècle appellera l'Ordre culturel mondial.
Les membres du Consistoire (mondial) auront pour tâche de s'assurer que le contact des âmes avec Dieu se fait sans empêchement à quelque degré, dans quelque état et dans quelque cas que ce soit, - autrement dit de veiller au règne du Christ dans l'Église, à la continuation et à la perpétuation de la communion des Saints dans le monde entier, universellement, sans empêchement (en subordonnant tous les membres de l'Église à une seule tête: le Christ). Ce corps pourrait s'appeler aussi LE CONSEIL GÉNÉRAL, LE SYNEDRION DU MONDE, LES VIGILES DE SION, etc.
Telle sera l'Église Générale (c'est un autre nom que lui donne Coménius) à laquelle chacune des Confessions, quelle qu'elle soit, sera soumise par l'intermédiaire du "Consistoire national de son pays", c'est-à-dire d'une Église nationale. Les intégrant toutes, elle en proclamera l'égalité, n'admettant aucune opposition d'une église contre une autre église pour une différence d'opinion (s'il en reste encore).
Ce s'il en reste encore fait pressentir l'étrange tolérance dont se glorifieront les philosophes du XVIIIe siècle et, plus tard, les politiciens du radicalisme laïque à l'endroit de toutes les croyances sauf celle de l'ÉGLISE ROMAINE, incarnant, pour Coménius, la Superbe de l'Antéchrist. Il précise mieux encore le dessein de la contre-église d'imposer au monde le christianisme cosmique des Rose-Croix comme religion universelle!
Ces brèves citations donneront, du Gouvernement universel projeté par les Rose-Croix, une idée suffisante pour établir des points de comparaison avec les réalisations que nous avons déjà aujourd'hui sous les yeux. Nous aurions pu, dès ces premières pages, en ajouter d'autres peut-être plus suggestives, mais qui auraient eu besoin d'explications préalables à cause de leur signification volontairement équivoque, ou plutôt ésotérique. Nous y reviendrons en temps opportun. Mais afin que, d'ores et déjà, on ne puisse douter que l'échafaudage international de la Secte visait à DÉTRUIRE L'ÉGLISE CATHOLIQUE pour y substituer un Empire universel par le moyen de bouleversements politiques, ajoutons ces quelques lignes, extraites des conclusions d'un ouvrage de Coménius: Lux in Tenebris"(1657). Elles sont lourdes d'un avenir que nous avons déjà vécu.
Le Pape est le grand Antéchrist de la Babylone universelle.
La Bête à tout faire de la courtisane, c'est l 'Empire Romain (le Saint-Empire romain germanique) et spécialement, la Maison d'Autriche.
Dieu ne tolérera plus longtemps ces choses; bien mieux, il détruira enfin le monde des impies dans un déluge de sang.
À la fin de la guerre, la PAPAUTÉ ET LA MAISON D'AUTRICHE SERONT DÉTRUITES.
Cette destruction sera le fait des Nations fatiguées de leur despotisme, accourant des quatre coins du monde, en premier lieu les peuples du Nord et de l'Orient.
.......
Pour leur récompense, ils répandront la LUMIÈRE de l'Évangile.
L'Univers tout entier sera réformé à la fin des siècles. Les lois et la forme de cette réforme seront promulguées, à savoir; destruction de l'Idole et de l'Idolâtrie et partout rétablissement du culte le plus pur de la divinité (1).
Ce qui se traduit par: Destruction de la Papauté et du catholicisme romain, instauration de la nouvelle religion.
L'histoire de la Franc-maçonnerie spéculative, telle qu'elle apparut en 1717, n'entrant pas dans le cadre de cette étude, nous ne parlerons ni de l'influence rosi-crucienne sur sa formation ni des courants d'idées révolutionnaires et pas davantage de la Révolution. Mais celle-ci est en étroite dépendance de la pensée rosi-crucienne qui pénètre les Sociétés Secrètes de cette époque et qui n'en est pas un facteur moins déterminant que les manœuvres de la diplomatie anglaise, l'action des clubs, le colportage des libelles imprimés en Hollande. Un siècle avant l'événement, au temps de Coménius, les Rose-Croix eux-mêmes, prédisaient l'explosion à laquelle beaucoup d'entre eux pensaient pouvoir assister. Après la chute de la Monarchie, la destruction de l'alliance autrichienne et du pacte de famille entre les Bourbons, la haine de cette famille demeurera, à travers le XIXe siècle, un des engagements sacrés, si l'on peut dire, des membres influents des sectes. Le serment de Thiers sur un crucifix en est un exemple et n'a pas été démenti. On attachait la plus grande importance à la chute d'un édifice politique européen où la France tenait une grande place. A cette démolition contribuèrent les guerres de la Révolution et de l'Empire dont les suites' nous retiendront davantage au cours de cette introduction.
LE CONGRÈS DE VIENNE ET LA SAINTE ALLIANCE
Après Waterloo: le Congrès de Vienne et la Sainte Alliance. Une redistribution des territoires va modifier l'équilibre de l'Europe chrétienne, une curieuse charte mystico-politique va prétendre maintenir ce nouvel équilibre.
Sans doute le Congrès de Vienne entendait opposer une barrière à l'extension de l'idée révolutionnaire et préserver les trônes, hier ébranlés par Napoléon, demain peut-être abattus par les flots de l'insurrection. Cela répondait à un sentiment général qui n'était pas seulement celui des Souverains absolus. En Angleterre, Pitt et Burke voulaient museler le monstre que pourtant le Gouvernement britannique avait puissamment contribué à déchaîner. Alexandre de Russie voulait l'exorciser au nom du Christianisme transcendantal que lui inspirait la Baronne de Krudener. Le non moins mystique Frédéric-Guillaume de Prusse pensait l'étouffer sous le piétisme au sein duquel il se tenait lui-même comme en un abri, protecteur de sa légitimité. La Révolution française dont Napoléon représentait le paroxysme, heurtait le désir de sécurité et le sentiment national des peuples dont il avait un instant bouleversé les structures et menacé l'existence. Quoi d'étonnant dès lors qu'à côté de la Paix de Vienne, réglant les problèmes territoriaux, naquit cette Sainte Alliance offensive et défensive des monarques, chrétiens convaincus, sinon sincèrement, du moins par nécessité, de la fraternité des peuples et des rois et de la responsabilité de ceux-ci devant leurs sujets? Le Traité de la Sainte Alliance fut donc signé le 26 septembre 1815 entre le Czar de Russie, l'Empereur d'Autriche et le roi de Prusse. Très tôt, Louis XVIII y donna son adhésion.
Elle apparut alors comme la charte internationale du monde chrétien. Proclamant un droit collectif d'intervention sur les points de l'Europe où la révolution tenterait de renverser l'ordre établi, des congrès devaient se tenir et se tinrent, en effet, pour prendre, d'un commun accord, les mesures qu'imposait la répression des troubles. Il y eut, en 1819, les Congrès de Carlsbab et de Vienne réprimant les soulèvements universitaires d'Allemagne, en 1820 et 1821 ceux de Troppau et Laybach arrêtant les insurrections de Lombardie, de Naples et du Piémont, en 1822 le congrès de Vérone décidant d'une intervention française en Espagne à la demande de son Roi.
Y avait-il donc quelque chose de changé dans l'attitude de la Franc-Maçonnerie? En apparence, oui, et pour satisfaire un sentiment général qui repoussait la perspective de nouveaux bouleversements. Si la Sainte Alliance, cette curieuse machine qui dura effectivement jusqu'en 1830 et théoriquement jusqu'en 1848 porta pendant ce peu de temps quelques maigres fruits, ce fut grâce à l'homme qui, la prenant des mains de l'idéaliste et vaporeux Alexandre, tenta d'en faire l'instrument d'un retour, au moins partiel, à la Chrétienté. On a représenté Metternich comme un ennemi acharné de la France, un rétrograde d'ancien régime, un tenant du droit divin, voir comme un revanchard assoiffé du sang des peuples. Si l'on ne veut pas admettre devant l'évidence des foyers secrets de révolution et surtout celle des soulèvements simultanés de 1848 que tout fut l'œuvre d'une conjuration internationale, alors, bien sûr, le chancelier de la catholique Autriche est un attardé, un borné intelligent qui n'a rien compris à l'Évolution. En réalité, Metternich soutint l'Europe à bout de bras, à lui seul, jusqu'en 1848 et il fait figure, dans l'histoire, d'un très grand européen. Il considérait l'Autriche, sa patrie, comme le pivot du système continental. Eh! que pouvait-il faire d'autre en l'absence de la France vaincue en 1815 et après notre Révolution de 1830? Il ne s'est pas moins placé au-dessus de tous les nationalismes avec une véritable conception de l'universel que son christianisme profond lui montrait comme le salut.
C'est en cela qu'il corrigeait, dans la mesure de son pouvoir, cette malheureuse Sainte -Alliance où manquait le Pape et comme si l'on eût voulu décréter une nouvelle Chrétienté en vertu d'un pacte où se mêlaient des mystiques étranges, dénonciatrices de la présence des Sectes secrètes, introduites là pour paralyser toute action contraire à leur dessein. Joseph de Maistre qui avait appartenu à la maçonnerie templière avant la Révolution n'en ignorait rien et connaissait la Russie, il disait:
Cet esprit (de la Sainte Alliance) est celui des Illuminés de
l'école de Saint-Martin chef du christianisme transcendantal opposant la RELIGIOSITÉ à la RELIGION... Je suis parfaitement informé des machines que ces gens-là ont fait jouer pour s'approcher de l'Auguste auteur de la convention (Alexandre 1er) et pour s'emparer de son esprit. Les femmes y sont entrées comme elles entrent partout...
Si l'esprit qui a produit cette pièce (la convention de la Sainte-Alliance) avait parlé clair, nous lirions en tête "convention par laquelle tels et tels princes déclarent que tous les chrétiens ne sont qu'une famille professant la même religion et que les différentes dénominations qui les distinguent ne signifient rien.
Les femmes, en effet et surtout une, y étaient pour quelque chose. La baronne de Krudener après une vie très orageuse en étouffait les derniers grondements sous les élans d'un mysticisme que lui avait infusé la fréquentation des membres des sociétés martinistes et les adeptes de Swedenborg alors nombreux en Russie. Elle endoctrinait le Czar pendant l'occupation de Paris par les Alliés. Dans son hôtel sis aux Champs-Élysées elle avait avec lui des entretiens privés d'une piété suave où elle l'invitait à prier longtemps à genoux sur le marbre, lui répétant, à l'imitation de Jeanne d'Arc, les oracles d'une voix mais qu'elle laissait entendre être celle du Christ, en foi de quoi elle s'appliquait à le convaincre, ce qui n'était guère difficile, de sa prédestination à restaurer un christianisme nébuleux parmi les peuples. Si l'on en croit la comtesse de Boigne et le chancelier Pasquier, la voix pouvait bien être un écho de celle de Bergasse, ancien disciple de Cagliostro qui lui aurait soufflé les premiers articles de la Sainte-Alliance. Tout cela pouvait s'accorder et s'accordait de fait avec le mysticisme de Frédéric-Guillaume de Prusse, nourri de l'esprit des maçonneries prussiennes, dites chrétiennes, dont l'action se poursuivrait désormais jusqu'à nos jours. Celles-ci inspiraient un mouvement nationaliste et religieux, le Tugenbund, prêchant la morale du christianisme mais aussi le pur symbolisme de ses dogmes, alliant ainsi l'incrédulité et la foi sur quoi on espérait fonder une Église allemande de l'avenir. Pour le présent, Frédéric-Guillaume, qu'avait impressionné la chute des trônes, comptait bien assurer le sien sur le Tugenbund répandu dans toutes les Universités, enflammant la jeunesse pour la patrie allemande et provoquant l'admiration de toute la littérature romantique pour la "religieuse Allemagne" si chère à Madame de Staël.
Ainsi naquit la Sainte-Alliance.
À la vérité, on ne pouvait rien inventer de mieux pour empêcher le retour à l'ancien ordre chrétien tandis que, de son côté, le Congrès de Vienne, en remaniant les États, posait les jalons d'une avancée notable vers le renversement des lignes de forces européennes et vers le but encore lointain d'une unité internationale hors des pôles d'attraction du monde catholique. Depuis la Réforme, les états protestants pesaient déjà d'un poids très lourd sur les affaires de l'Europe mais en 1815 on avait fait pencher la balance en leur faveur. Non seulement des pays en majorité très catholiques: la Sarre, la Rhénanie, la Belgique passaient au pouvoir de monarchies protestantes mais, désormais, la Confédération germanique, amorçant l'unité allemande par la disparition d'un certain nombre de petits états, amenuisait considérablement l'influence de la catholique Autriche dans le centre nord de l'Europe, tandis que la Russie en venait à dominer la partie orientale. L'Angleterre s'assurait, avec l'empire des mers, les relais de sa future politique impériale dans la Méditerrané, au Moyen-Orient et en Extrême-Orient jusqu'au jour où, au commencement du XXe siècle, elle contrôlerait directement ou indirectement un quart de la population du globe.
Dans la réalité des choses, la Sainte-Alliance ne pouvait être et ne fût qu'inefficace malgré les désirs de justice, de concorde et de paix qui de la part de certains de ses promoteurs avaient présidé à sa fondation. Pour les maçonneries, elle n'était qu'un paravent derrière lequel les circonstances les obligeaient à se dissimuler. En Angleterre les sentiments pacifiques des basses loges en 1815 n'étaient que feu de paille bientôt suivi d'une recrudescence de leur activité concordant avec les desseins impérialistes du Cabinet britannique. En France leur nombre alla en croissant dès le début de la Restauration et, nonobstant leur loyalisme monarchique de façade, nous ne devons pas méconnaître que leur activité aboutit à la révolution de 1830. En Angleterre, en France, en Italie le même désir d'abattre les Bourbons, tous les Bourbons, le pouvoir temporel du Pape, et de faire triompher par toute l'Europe la démocratie universelle, demeurait le but prochain qui allait se manifester brusquement dans les révolutions de 1848.
LES RÉVOLUTIONS DE 1848
Par une prudence toute extérieure au moins jusque vers 1840, les maçonneries, en apparence respectueuses de l'ordre établi, se contentent de soutenir partout le libéralisme surtout dans les classes bourgeoises et aristocratiques qui leur fournissent une bonne partie de leur meilleure clientèle. Le Suprême Conseil de France (rite écossais ancien et accepté) inscrit à cette époque sur ses registres au grade de 33e des noms comme ceux-ci: le duc Decazes son Très Puissant Souverain Grand Commandeur, le comte de Ségur, le duc de Choiseul, La Fayette, Berryer, Crémieux, James de Rotschild, le prince Paul de Wurtemberg, le duc de Grammont, le baron Taylor. Le recrutement du Grand Orient est plus populaire. Mais, libéralisme religieux, libéralisme économique, libéralisme politique mènent à coup sûr et rapidement au scepticisme en religion, à l'éclosion de la question sociale par l'exploitation du travail qui devient scandaleuse à partir de 1840, et, secondé par les ambitions de la bourgeoisie, à l'éveil de la Démocratie.
On ne peut mieux ménager un terrain propice à la révolution mondiale que les plus excités voient toute proche et dont la préparation se poursuit parallèlement et en profondeur à l'aide de nombreuses sociétés secrètes faisant partie ou émanant de la Franc-maçonnerie. Il n'est pas de notre sujet d'entrer dans les détails des soulèvements qu'elles trament au cours des trente années qui séparent le Congrès de Vienne de la révolution de 1848. Les œuvres de ces sociétés sont connues. Qu'il nous suffise de rappeler ici la loge des Philalèthes, celles des Trinosophes et des Amis de la Vérité en France où se multiplient les clubs révolutionnaires comme la société Aide-toi, le ciel t'aidera, où l'on voit la campagne des banquets réformistes précédant l'explosion dirigée par cinq maîtres de loges.
Mais la plus importante, la plus étendue, la plus impénétrable de ces sociétés secrètes est, sans contredit, la Charbonnerie divisée en Ventes superposées les unes aux autres à la manière maçonnique et du sommet desquelles la "Haute Vente" internationale, très sélective, dirige tout le Carbonarisme. Elle est manifestement en rapport avec les Suprêmes Conseils du rite écossais dont fait partie le Frère-Maçon Mazzini et avec les Grands Orients. Mais son recrutement à la fois aristocratique, cosmopolite et populaire, ne tarde pas à provoquer dans son sein des tiraillements entre les tenants de la révolution invisible et corruptrice et ceux du parti d'action violente et immédiate à la tête desquels se trouve Mazzini. Derrière lui et le Frère-Maçon Kossuth, l'agitateur hongrois, manœuvre secrètement le haut Frère-Maçon Palmerston, ministre de Sa Majesté britannique.
Le parti de l'action déborde bientôt la Haute Vente. Outre sa mission la plus proche: la chute du pouvoir temporel du Pape et l'unité italienne, Mazzini en enflamme les éléments les plus jeunes pour la révolution totale. À Marseille il fonde la Jeune Italie un peu plus tard il lance la Jeune Allemagne puis la Jeune Europe. Partout le feu couve d'une révolution aux dimensions européennes qui se réclamera ici du nationalisme pour l'indépendance, comme en Hongrie avec Louis Kossuth, là de l'établissement d'une constitution libérale qui dans l'esprit des chefs, espérant le plein succès de l'entreprise, balayera les trônes et instaurera partout la République ou du moins le régime de la Démocratie universelle.
Telle est la raison pour laquelle se tient à Strasbourg en 1847, le fameux Convent international des maçonneries qui va donner le signal de l'opération. On connaît la suite. En 1848, les révolutions éclatent partout simultanément comme une traînée de poudre. Le 24 février celle de Paris fut un modèle et un coup de clairon, mais elle ne triompha finalement que grâce à la crapuleuse trahison du Frère-Maçon Odilon Barrot et, fait notable à retenir, amena immédiatement au Gouvernement provisoire de la République les Frères-Maçons Arago, du Suprême Conseil, Ledru-Rollin, complice de Palmerston, Cremieux, Marie, Garnier-Pagès, Marrast, Louis Blanc; Caussidière s'empara de la préfecture de Police. Tous franc-maçons! Le clergé bénissait les "arbres de la liberté" qu'on plantait sur les places publiques. Quinze jours plus tard, le 13 mars, la révolution éclata à Vienne, le 18 mars à Berlin et à Milan, le 22 mars à Venise, puis avant la fin du mois, attisés par Lord Minto, l'envoyé de Palmerston, ce sont des troubles à Naples, en Toscane et à Rome.
L'édifice de 1815, lézardé, tombe en ruine; la Démocratie universelle et le Socialisme sont lancés dans l'arène politique.
D'UN ARTICLE DU GLOBE AU CONGRÈS DE PARIS (1849-1856)
Les princes réagirent promptement. La démocratie ne triomphait pas encore. Mais l'Europe, une fois de plus, était ébranlée. Les révolutions de 1848 ont laissé partout des semences d'agitation et, cette fois, l'idée de la Sainte Alliance étant bien morte, chacun aura ses révolutions intérieures sur les bras, car le principe de non-intervention a prévalu. L'Europe est en quelque sorte un terrain vague où peut s'épanouir une nouvelle politique passée presque complètement aux mains d'une puissance ténébreuse dont les peuples ne soupçonneront pas l'omniprésence au sein des conseils de leurs gouvernements qui bien souvent se débattront eux-mêmes dans des réseaux tendus au fond des ministères, des chancelleries, dans les parlements, la presse. Les tentacules invisibles vont enserrer l'ancien monde, s'étendre de Londres à Constantinople sans abandonner le but principal: Rome, mais en jouant avec plus d'avantages encore de deux grands moyens, l'or et la guerre.
D'un côté les partis d'action débordant la Haute-Vente ont, par là, réduit peu à peu son rôle; son chef "Nubius" (2) qui en savait trop et n'en faisait pas assez, s'éteignit dans le gâtisme. Mais ils ont senti leur faiblesse et leur force et vont resserrer leurs liens. Déjà un Comité central révolutionnaire est constitué à Londres avec les Frères-Maçons Mazzini, Kossuth, Ledru-Rollin mais sous la surveillance protectrice du Frère-Maçon Palmerston qui les utilisera surtout pour la politique italienne. D'autre part, des guerres, limitées d'abord, vont par un savant clivage orienter insensiblement l'unification de l'Europe hors des sphères du catholicisme jusqu'au jour des grandes guerres mondiales. Par une subversion quasi-miraculeuse, le principe de solidarité internationale rêvé par les adhérents de la Sainte-Alliance pour la stabilité générale va jouer au profit des pontifes de la puissance occulte qui règle le sort des états.
En 1849 le moment est donc décisif pour cette puissance qui va savoir en profiter. Deux faits révèlent le cours qu'elle va donner aux événements. Le premier c'est la parution d'un article très important dans le "Globe", journal des suprêmes instances maçonniques; le second c'est, en 1856, le Congrès de Paris.
Le 12 mai 1849 paraissait donc dans le Globe, inspiré par Palmerston, un article qui n'était pas tant le ballon d'essai d'une nouvelle politique à l'adresse des chancelleries et des ministères que l'annonce d'un programme imposé aux Frères des diverses nations. Une lecture, attentive aux procédés des Hautes Maçonneries, décelait en effet sa vraie nature d'instructions portées à la connaissance des Loges en forme de mise au point d'un plan définitivement arrêté. En voici le texte:
Il est à craindre que les évènements de l'année précédente (1848) n'aient été que la première scène d'un drame fécond en RESULTATS PLUS LARGES ET PLUS PACIFIQUES. L'échafaudage dressé par le Congrès de Vienne était si arbitraire et si artificiel, que tous les hommes d'état à opinion libérale voyaient bien qu'il ne supporterait pas le premier choc de l'Europe.
Tout le système établi par le Congrès était en disso1ution et Lord Palmerston a agi sagement LORSQU'IL N'A PAS VOULU PRÊTER SON CONCOURS POUR OPPOSER UNE DIGUE AUX VAGUES ENVAHISSANTES.
Le plan qu'il a formé est celui D'UNE NOUVELLE CONFIGURATION DE L'EUROPE, l'érection d'un royaume allemand vigoureux qui puisse être un MUR DE SÉPARATION ENTRE LA FRANCE ET LA RUSSIE, la création d'un royaume polono-magyare destiné à compléter l'œuvre contre le géant du nord, ENFIN UN ROYAUME D'ITALIE supérieure dépendant de la maison de Savoie.
On a souvent reproché à Palmerston d'avoir nég1igé l'alliance de l'Autriche, mais ici les accusateurs devront encore lui rendre Justice. L'alliance de l'Angleterre et de l'Autriche N'A JAMAIS REPOSÉ SUR UNE COMMUNAUTÉ DE PRINCIPES: elle existait simplement parce que l'Autriche était la représentation principale et comme l'incarnation de la NATION ALLEMANDE.
Depuis la paix de Westphalie jusqu'à celle d'Aix-la-Chapelle (1648-1748) l'Autriche s'est trouvée être le centre de la nation allemande. Mais lorsque l'épée de Frédéric eut reculé les limites de son royaume qui était naguère l'électorat de Brandebourg, lorsque les vrais Allemands eurent reconnu dans ce guerrier le représentant réel de leur force et de leur nationalité, la Prusse devint sur ce continent l'alliée naturelle de l'Angleterre. L'amour propre seul et la timidité de Georges III firent obstacle à ce que l'alliance de la Prusse et de l'Angleterre fut notre bouclier dans la guerre américaine.
Ce que l'Autriche fut au commencement du siècle dernier, ce que la Prusse devint plus tara, l'ALLEMAGNE PEUT L'ÊTRE ÉGALEMENT, qu'elle ait sa capitale à Berlin ou à Francfort. Si Lord Palmerston réussit à consolider cette alliance naturelle et à LA RENFORCER PAR UNE NTENTE CORDIALE AVEC LA FRANCE, il aura prouvé jusqu'à quel point IL EST EN REALITE LE DIPLOMATE LE PLUS HABILE QU'AIT VU NAÎTRE CETTE ÉPOQUE.
C'était une véritable encyclique (ne combat-on pas l'Église romaine en la singeant?) rappelant à la discipline les Frères-Maçons trop fougueux entraînés dans les comités d'action mazziniens qu'on avait, bien sûr, encouragés afin de renverser l'ancien équilibre européen. Mais il fallait désormais, revenant à la sagesse de la Haute-Vente déclinante, suivre des directives soigneusement étudiées dont l'objet dépassait, pour le moment, les fantaisies des agitateurs professionnels. Le Frère-Maçon Mazzini, cette fois, dut observer une apparente soumission, sinon une plus patiente perspicacité qu'il saura d'ailleurs montrer plus tard. Pour bien faire connaître aux Frères-Maçons l'autorité à laquelle tous devaient en dernier ressort rapporter leurs jugements et leurs actes afin de rester dans l'orthodoxie, l'article ne tarissait pas d'éloges sur le Frère-Maçon Palmerston. IL S'AGISSAIT ESSENTIELLEMENT D'UN RENVERSEMENT COMPLET DU COMPLEXE EUROPÉEN. En premier lieu, on devait remplacer la Confédération germanique à prépondérance autrichienne, c'est-à-dire catholique, par un empire d'Allemagne sous l'hégémonie de la Prusse protestante qui venait, par une curieuse coïncidence, de dénoncer son adhésion à la Sainte-Alliance. On ne ménageait pour cela ni les explications historiques remontant jusqu'au traité de Westphalie (1648) (3) ni les ébauches de l'avenir. Mais en premier lieu il fallait procéder à l'unification de l'Italie, sous la Maison de Savoie, et abattre le pouvoir temporel du Pape. Quant à la France, autre grande puissance catholique, non encore déchristianisée, une entente cordiale avec l'Angleterre devait d'abord la neutraliser pour assurer, avec la complicité de Napoléon III, la défaite autrichienne et le succès de la question italienne, avant de la livrer isolée aux coups de la Prusse.
L'opération se fit en trois temps: 1856, 1866, 1870.
Le premier obstacle à surmonter c'était la Russie qui tenait en échec la démocratie révolutionnaire; elle avait aidé l'Autriche à réduire ses insurrections de 1848. Mais ses ambitions au Proche-Orient donnèrent prétexte à Palmerston et à Napoléon III de lui déclarer une guerre que les catholiques français, bien bernés, Louis Veuillot en tête et le clergé avec lui, prirent pour une guerre sainte. Avec des médailles de la Sainte Vierge et des cérémonies religieuses on embarqua l'opinion dans une aventure que le Cardinal Pie ne vit pas sans de sombres pressentiments. Il avait raison. En effet, aux derniers instants de la guerre de Crimée, en 1855, le Piémont de Victor-Emmanuel se joignit sans aucune apparence de raison valable aux alliés contre le "tyran du Nord" afin de pouvoir participer au Congrès de Paris qui allait terminer la guerre et de donner à son ministre, le Frère-Maçon Cavour, l'occasion de poser devant les délégués des nations - y compris le turc - et la question romaine et celle de l'unité italienne. Le fameux principe des nationalités, c'est-à-dire du nationalisme révolutionnaire et agressif allait, de ce jour, triompher et faire une fortune qui aujourd'hui encore n'est pas épuisée. Sur le dos de l'Autriche, Napoléon III allait faire la guerre d'Italie en 1859 et cette même Autriche allait succomber à Sadowa en 1866 sous l'attaque prussienne laissée sans riposte par l'empereur Carbonaro. Sa défaite entraînait celle de l'État pontifical.
Lave-toi les mains, ô Pilate!
s'écria Mgr Pie à Napoléon III. Mais en 1870 ce fut à la fois le tour de la France et la chute de la Rome pontificale.
La brèche de la Porta Pia par laquelle entrèrent les troupes piémontaises s'ouvrit au même moment que l'encerclement de Paris par les Allemands. C'était l'éventration de l'Occident chrétien.
Notes:
(2) Le Vatican n'a jamais dévoilé son véritable nom. Comme tous les grands chefs du Carbonarisme il se cachait sous un pseudonyme. Le Vatican n'a pas dévoilé non plus la voie par laquelle il a été mis en possession des papiers de la Haute-Vente qui ont fait l'objet de l'ouvrage de Crétineau-Joly.
(3) Souvenons-nous ici des menaces du rose-croix Coménius contre l'Autriche.
CHAPITRE PREMIER
ÉLABORATION DU SYSTÈME
1870!
Date importante parmi les plus importantes: 1517, 1789, 1815, 1917... et d'autres.
C'est une grande défaite de la France: la perte de l'Alsace-Lorraine, les cinq milliards de contribution de guerre, la Commune, oui, bien sûr. Mais la défaite de la Fille aînée de l'Église - et nous employons à dessein cette expression - est l'écho d'un effondrement plus général. La France, il y a onze siècles, a fondé l'État Pontifical qui, pendant ces onze siècles a contribué, par sa présence dans la communauté des nations, à l'essor de l'Europe, au développement de sa culture, animant les peuples de sa propre vie spirituelle. Puissance temporelle au service de sa mission catholique, l'Occident, sans l'État Pontifical, ne serait pas ce qu'il a été ni ce qu'il peut être encore.
La situation internationale est maintenant complètement inversée.
Le flan Palmerston, consigné dans l'article du Globe en 1849, s'est réalisé. La nouvelle configuration de l'Europe est un fait accompli et accompli selon le programme annoncé. Le Pape est prisonnier volontaire dans le Vatican, entouré d'un royaume d'Italie dont les maîtres de fait, francs-maçons, poursuivent avec un sectarisme de célèbre mémoire, une politique anticléricale dont le Frère-Maçon Crispi est un des meilleurs exemples. L'Empire d'Allemagne fondé à Versailles - quel symbole! - est bien, sous hégémonie prussienne, un mur entre la France et la Russie mais pas seulement cela. Le Hohenzollern, impressionné, dit-on, et par sa puissance et par la prophétie du Vaticinium Lehninense (1) pousse activement sa politique dominatrice de Mittel-Europa (Europe centrale) dont il ne se cache pas de dire le sens antiromain, satellisant l'Autriche, attirant vers lui l'Italie où le Grand-Maître de la maçonnerie, Adriano Lemmi, proclame à la fois sa haine de Rome et de la France. Celle-ci, séparée désormais de Vienne, s'engagera, après des brouilles sur la politique coloniale, dans l'entente cordiale France-Angleterre qui va l'entraîner dans une autre direction.
Ce qui frappe immédiatement l'observateur attentif, c'est le RENVERSEMENT DES PÔLES DE L'OCCIDENT. Le Catholicisme, définitivement évacué de la politique internationale absolument laïcisée, l'axe ne passe plus par les capitales des états catholiques. Paris et Vienne deviennent des points secondaires par rapport aux nations à prédominance protestante et cèdent la place à: Londres, Berlin, bientôt New-York.
La France aura beau se ressaisir en recherchant l'alliance du Czar et le Czar aura beau vouloir réparer son erreur en recherchant l'alliance de la France après l'avoir abandonnée en 1870. Cette alliance et l'Entente Cordiale vont sans doute jouer, en 1914, pour notre défense mais pas pour notre profit ni celui du Catholicisme. Les dés sont désormais jetés et, tandis que se poursuivront jusqu'à la première guerre mondiale les événements consécutifs à cet état de choses, un autre plan, substitué aussitôt à celui de Palmerston, va marquer, sur la route du Gouvernement mondial, une nouvelle étape à franchir, un but plus éloigné à atteindre. Il faut savoir, en effet, qu'un homme, fût-il ministre comme celui-ci de la Reine Victoria, fût-il, à un moment donné, le porte-parole autorisé et même mandaté des Hautes-Maçonneries, n'est jamais le maître des objectifs assignés par celles-ci et rarement l'exécuteur de leurs complets desseins. Palmerston mort en 1865 n'a pas vu 1870. Mais cette fois, l'ampleur du nouveau programme qui va commencer à se réaliser pleinement soixante ans plus tard exige, en premier lieu, un effort de centralisation des Maçonneries qui donne à la fois une signification à ces mots: Maçonnerie universelle, Démocratie universelle, et en second lieu, l'explicitation du système auquel on entend soumettre le monde.
LA DÉMOCRATIE UNIVERSELLE.
UN PROPHÈTE?
De la question sociale, qui devait sa naissance aux agitations révolutionnaires et au libéralisme, des réformateurs sociaux comme Le Play, la Tour du Pin et d'autres, confirmés par les Encycliques pontificales de Léon XIII et de Pie X, pouvaient bien donner la solution véritable d'après le droit naturel et chrétien en s'inspirant aussi de solides traditions.
Les hautes sociétés secrètes ne l'entendent pas ainsi; elles s'appliqueront, durant les années de la "belle époque", au succès croissant de la Démocratie, non pas de la démocratie organique que définira Pie XII, mais de la démocratie de masses, inorganique, socialiste et mondiale. La Démocratie universelle dissimulait en son sein de nouvelles révolutions en perspective et une planification de l'univers.
Or, dès 1872, Grant, réélu président des États-Unis, inaugurait son second mandat par une proclamation dont un passage important parut être, à coup sûr, un habituel morceau de grandiloquence à la multitude de ses auditeurs, incapables d'en saisir à la fois le sens caché, la raison profonde et la portée.
La déclaration présidentielle, sous l'étrangeté du langage maçonnique, annonçait la naissance et le développement d'une politique internationale inconcevable à l'époque, pour ceux qui n'étaient pas dans le secret des dieux. Mais il y avait des Initiés.
Le monde civilisé, disait Grant, tend vers le républicanisme, vers le gouvernement du peuple par ses représentants et notre grande République est destinée à servir de guide à toutes les autres... Notre Créateur prépare le monde à devenir en temps opportun une grande nation qui ne parlera qu'une langue et où les armées et les flottes ne seront plus nécessaires.
Ce n'était cependant pas une prophétie. En 1847, le Congrès des Loges, à Strasbourg, avait déjà parlé des Etats-Unis d'Europe formés des confédérations germanique, romane, slave (2); la Russie socialiste et révolutionnaire, entourée de ses satellites européens, n'était pas une idée nouvelle; la république universelle travaillait depuis longtemps, grâce aux sociétés secrètes de toute nature, les cervelles surchauffées de tous les conspirateurs du siècle.
Ce qu'il y avait de nouveau, c'était l'annonce d'une nation-guide: les États-Unis; c'était l'affirmation, par avance, du leadership américain dans la réalisation de ce programme, dont l'imprécision et le messianisme oratoire masquaient une dictature occulte. Celle-ci, malgré des difficultés, des traverses, des vicissitudes, allait s'imposer au peuple américain et aux autres nations.
BIENTÔT UN GOUVERNEMENT MONDAIL? UNE SUPER ET CONTRE-ÉGLISE.
PIERRE VIRION
Mille erreurs modernes ont été punies par leur propre échec; vous avez vu l'orgueil de certaines grandeurs sombrer dans le néant, l'opulence de certaines fortunes disparaître à l'improviste, la boue de la luxure souvent se mélanger au fleuve de larmes et de sang qui a traversé le monde ces temps passés.
D'autres erreurs, devront disparaître, d'autres sièges élevés devront tomber, d'autres ambitions effrénées s'écrouler, brisées.
Et la ruine sera d'autant plus vertigineuse qu'aura été plus grande l'audace de rivaliser avec Dieu. L'été viendra, chers fils, il viendra, riche en récoltes abondantes. La terre, baignée de larmes, sourira avec des perles d'amour, et, arrosée du sang des martyrs, elle fera germer les chrétiens.
(À la Jeunesse Italienne d'A. C., 19 mars 1958). PIE XII
PIERRE VIRION
BIENTÔT UN GOUVERNEMENT MONDIAL?
une super et contre-église
JEAN AMOS COMÉNIUS 1592-1670
Apôtre de la compréhension Mondiale (L'UNESCO)
INTRODUCTION
Le Gouvernement Mondial: Beaucoup en parlent sans savoir exactement de quoi il s'agit sauf les protagonistes occultes, évidemment, car sur ce point un secret à plusieurs étages, bien gardé d'un palier à l'autre, en cache la nature profonde, laissant aux profanes de discuter de sa réalisation selon la couleur du parti politique qu'ils ont adopté.
Nous examinerons plus loin cette nature profonde d'une domination universelle que la Haute Synarchie entend exercer au moyen d'un gouvernement réputé d'après les partisans du Mouvement Mondial ou de l'Association parlementaire pour le Gouvernement Mondial ou encore par une bourgeoisie nourrie de littératures économiques bien technicisées comme l'instance dernière du Progrès et de la Paix. Contentons-nous. pour l'instant, de poser sur son vrai terrain ce projet de monstrueuse machine qui n'a rien d'humaniste malgré les apparences.
L'idée d'un Gouvernement mondial n'est sans doute pas nouvelle. Depuis la fin de la Chrétienté médiévale qui n'en a jamais été un, elle a donné naissance à de multiples projets; elle procède d'une dégradation de l'idée chrétienne de l'unité du genre humain, hostile le plus souvent à la Papauté quand elle ne vise pas purement et simplement à une théocratie à l'envers ce qui est le cas des Hautes Sociétés Secrètes.
Pour ces dernières il ne s'agit pas du point de fuite théorique auquel s'appuyaient naguère doctrines et propagandes humanitaires dirigées contre l'Église romaine; pas davantage du slogan déjà vieux, lancé par les Frères de la basse maçonnerie. Rien de semblable à leur "République universelle", dans cette dictature actuellement en gestation dans le cercle hermétique des puissances économiques internationales, usant de politiciens "super-men" alliées aux plus Hautes Sociétés Secrètes. Tout ce monde espère faire bientôt, de ce Gouvernement, une réalité à la fois institutionnelle et ésotérique, c'est-à-dire en partie visible et en partie secrète.
Pour bien en juger il ne faut donc pas s'arrêter aux rêves divers de Sociétés des Nations formés par des théoriciens, depuis Pierre Dubois par exemple (XIVe siècle), en passant par Podiebrad, le roi hussite, jusqu'à Kant et aux idéalistes modernes. Ils ont donné lieu à toute une littérature bien connue et assez indigeste.
UNE VISION DE NOTRE MONDE CHEZ LES ROSE-CROIX DU XVIIe SIÈCLE
Tout autre est le mondialisme synarchique. Plus secret, il a des arcanes inconnus du public. C'est aux Rose-Croix ces précurseurs de la Maçonnerie moderne qui demeurent encore les maîtres à penser des plus hauts cercles d'initiés d'aujourd'hui qu'il faut en demander une première vision. Le dessein général, la structure essentielle, n'en ont pas varié depuis parce qu'ils reposent sur les principes de leur contre-théologie quasi-universellement répandue dans les sectes modernes. Un de leurs historiens, Sédir, de son vrai nom Yvon Leloup, nous les montre à la recherche d'un canon du savoir intégral et, sur le plan social, élaborant une Synarchie couronnée par une Monarchie universelle. Ce sont, en effet, les Rose-Croix du XVIIe siècle qui ont tracé les lignes de crête d'un gouvernement mondial composé de trois organismes: église universelle, conseil culturel international, tribunal de la paix. L'un deux, Amos Kominsky, plus connu sous le nom de Coménius, nous a laissé de cette synarchie un canevas si précis qu'il demeure aujourd'hui encore celui de leurs successeurs. Malgré les retouches de la fin du XIXe siècle et celles de la première moitié du XXe, on pourra, en confrontant ce canevas avec les documents plus récents que nous donnerons à leur date, se convaincre de la persistance d'un même plan et d'une continuité d'action qui couvriraient de confusion, s'ils avaient le courage et la curiosité d'en prendre connaissance, les plus passionnés rêveurs du vent de l'histoire et de l'évolution. Chez les Rose-Croix, la vision du monde futur et de son gouvernement s'accordait à leur philosophie secrète et à l'occultisme. Moins de trois siècles plus tard, un document d'inspiration martiniste: le Schéma de l'Archétype social, contemporain du fameux Pacte synarchique, nous montrera encore que le Synarchie rosicrucienne ne va pas sans un pouvoir caché mais très réel dominant des institutions internationales visibles et formant un ensemble avec elles. C'est donc Coménius, disions-nous, qui, dès le XVIIe siècle a fait de ce gouvernement que nous voyons se former peu à peu sous nos yeux une description si pleine d'actualité que M. Piaget, dans un opuscule édité en 1957 par l'UNESCO pour un tricentenaire, disait de lui:
L'UNESCO et le Bureau international d'éducation lui doivent le respect et la reconnaissance que mérite un grand ancêtre spirituel.
Qui était Coménius? Il était né en 1592 en Moravie de parents appartenant à la communauté des Frères Moraves qui avaient pris ce nom en 1575 lorsqu'on leur accorda le droit de réunion. C'étaient auparavant les Frères Bohèmes, successeurs directs des Hussites qui mirent l'Europe centrale à feu et à sang, après le supplice de l'hérésiarque Jean Huss à Constance en 1415. A nouveau, dès le premier quart du XVIe siècle, pillages, incendies, massacres s'abattirent sur les abbayes, les couvents, les villages. LE RÉGIME COMMUNISTE LE PLUS ABSOLU FUT MÊME INSTAURÉ À MUNSTER PAR LES ANABAPTISTES, SOUS LE NOM DE RÈGNE DE DIEU. Les princes répondirent chaque fois par des représailles non moins cruelles. Battus enfin en 1620, les Frères Moraves se dispersèrent et se dissimulèrent dans l'exil, sous la conduite de leur évêque Jean Amos Kominsky. Celui-ci accéda à l'état ecclésiastique à Zéranovice en Moravie et reçut sans doute comme d'autres membres du clergé de l'Union des Frères la consécration épiscopale d'un évêque vaudois se disant de tradition ecclésiastique. Réfugié à Lezno sur la frontière de Moravie il y dirigea le gymnase de la ville, poursuivit une œuvre pédagogique dont la somme parut dans la Grande Didactique. Puis il se rendit à Londres, s'imprégna des œuvres de François Bacon, de Robert Fludd, Rose-Croix: il alla en Suède chez son ami, protecteur et mécène, Louis de Geer, lui aussi de la secte rosicrucienne, puis à Amsterdam et en Pologne.
Notre but n'est pas d'entraîner le lecteur dans une étude de l'œuvre, d'ailleurs considérable, de Coménius. Mais nous allons montrer, par quelques textes, comment à travers lui les Frères de la Rose-Croix avaient déjà conçu, au moyen de trois corps internationaux, la planification jusqu'à l'échelle mondiale de la culture, des institutions politiques et de toutes les religions fondues dans une seule "Église rénovée" (sic).
Lorsque, dit-il, les conditions auront été améliorées, au point que tout nous sera vraiment commun: la philosophie, la religion et la politique, les lettrés auront l'occasion de rassembler et de classer les vérités et de les inculquer à l'esprit humain: les prêtres pourront entraîner les âmes vers Dieu; les hommes politiques pourront faire régner partout la paix et la tranquillité; ils déploieront, pour ainsi dire, une sainte ardeur dans leurs efforts pour contribuer, chacun à sa place, le mieux qu'il pourra, à l'avancement du bien-être du genre humain.
(La Panorthosie - 1644)
Mais pour que tout nous soit vraiment commun, il faudra, ajoute-t-il, qu'il y ait dans chaque école, dans chaque Église, dans chaque État, des gardiens des normes et lois de manière que pour le monde entier, tous soient maintenus dans les limites du salut, ce qui suppose que dans chacun des trois états: la culture, la religion et la politique, on instituera par conséquent un corps de dirigeants:
Ne faudrait-il donc pas instituer trois tribunaux arbitraux auxquels seraient soumis tous les différends qui pourraient surgir entre les lettrés, les prêtres et les princes? Leurs soins vigilants ne pourraient-ils, dans chacun des trois états, empêcher des discordes et des brouilles de naître? La paix et la tranquillité seraient maintenues.
(ibid).
Il n'est pas difficile d'apercevoir dans ces lignes l'annonce du régime synarchique et de sa technocratie totalitaire et si Coménius ajoute que le chef suprême de ces corps serait le Christ - dont il a une notion opposée à celle de l'Église romaine - nous voilà bien assurés que ce Christ, le faux Christ des Rose-Croix, que leurs successeurs appellent le Seigneur du Monde, assumerait la monarchie universelle sur tout le système. Mais poursuivons:
Il sera utile d'adopter des appellations différentes pour ces tribunaux: le tribunal des lettrés s'appellerait le Conseil de la Lumière, le tribunal ecclésiastique, le Consistoire et le tribunal politique, la Cour de Justice.
Le conseil de la Lumière veillera à ce qu'il ne soit nécessaire nulle part au monde, d'instruire quelqu'un et moins encore à ce qu'il se trouve quelqu'un qui ignore quelque chose d'indispensable, et à ce que tous les hommes soient instruits de Dieu. Ce qui veut dire que le Conseil, en créant des occasions favorables, permettra à tous les hommes du monde entier de tourner les yeux vers cette lumière, dans laquelle tous verront, par eux-mêmes, la vérité et à laquelle plus iamais aucune chimère ne pourra se mêler.
(ibid).
N'allongeons pas cette citation sur les attributions de ce Conseil de la Lumière dont le nom significatif annonce la philosophie des Lumières des écrivains du XVIIIe siècle et plus tard l'UNESCO et dont les membres, dit Coménius, devront être ILLUMINÉS COMME DE VÉRITABLES ÉTOILES et auront la charge de contrôler l'imprimerie et la librairie, l'enseignement, ses méthodes et ses programmes et tout ce qui concerne la culture. Passons aux deux autres institutions: la politique et la religieuse:
Ce Tribunal (le Tribunal de la Paix) aura pour mission de veiller à la sagesse humaine, qui consiste à se maîtriser soi-même à tous les degrés, dans tous les états et tous les cas, afin de maintenir sans altération à tous les points de vue la société humaine et son système de relations, autrement dit d'être à la tête de la diffusion de la justice et de la paix entre les peuples du monde entier. Ce corps pourrait s'appeler aussi le DIRECTOIRE DES PUISSANCES DU MONDE, LE SÉNAT DU MONDE OU L'ARÉOPAGE DU MONDE.
Voici maintenant en quoi consisterait l'universelle Église dont Saint-Yves d'Alveydre, à la fin du XIXe siècle, précisera la nature et que le Pacte synarchique au XXe siècle appellera l'Ordre culturel mondial.
Les membres du Consistoire (mondial) auront pour tâche de s'assurer que le contact des âmes avec Dieu se fait sans empêchement à quelque degré, dans quelque état et dans quelque cas que ce soit, - autrement dit de veiller au règne du Christ dans l'Église, à la continuation et à la perpétuation de la communion des Saints dans le monde entier, universellement, sans empêchement (en subordonnant tous les membres de l'Église à une seule tête: le Christ). Ce corps pourrait s'appeler aussi LE CONSEIL GÉNÉRAL, LE SYNEDRION DU MONDE, LES VIGILES DE SION, etc.
Telle sera l'Église Générale (c'est un autre nom que lui donne Coménius) à laquelle chacune des Confessions, quelle qu'elle soit, sera soumise par l'intermédiaire du "Consistoire national de son pays", c'est-à-dire d'une Église nationale. Les intégrant toutes, elle en proclamera l'égalité, n'admettant aucune opposition d'une église contre une autre église pour une différence d'opinion (s'il en reste encore).
Ce s'il en reste encore fait pressentir l'étrange tolérance dont se glorifieront les philosophes du XVIIIe siècle et, plus tard, les politiciens du radicalisme laïque à l'endroit de toutes les croyances sauf celle de l'ÉGLISE ROMAINE, incarnant, pour Coménius, la Superbe de l'Antéchrist. Il précise mieux encore le dessein de la contre-église d'imposer au monde le christianisme cosmique des Rose-Croix comme religion universelle!
Ces brèves citations donneront, du Gouvernement universel projeté par les Rose-Croix, une idée suffisante pour établir des points de comparaison avec les réalisations que nous avons déjà aujourd'hui sous les yeux. Nous aurions pu, dès ces premières pages, en ajouter d'autres peut-être plus suggestives, mais qui auraient eu besoin d'explications préalables à cause de leur signification volontairement équivoque, ou plutôt ésotérique. Nous y reviendrons en temps opportun. Mais afin que, d'ores et déjà, on ne puisse douter que l'échafaudage international de la Secte visait à DÉTRUIRE L'ÉGLISE CATHOLIQUE pour y substituer un Empire universel par le moyen de bouleversements politiques, ajoutons ces quelques lignes, extraites des conclusions d'un ouvrage de Coménius: Lux in Tenebris"(1657). Elles sont lourdes d'un avenir que nous avons déjà vécu.
Le Pape est le grand Antéchrist de la Babylone universelle.
La Bête à tout faire de la courtisane, c'est l 'Empire Romain (le Saint-Empire romain germanique) et spécialement, la Maison d'Autriche.
Dieu ne tolérera plus longtemps ces choses; bien mieux, il détruira enfin le monde des impies dans un déluge de sang.
À la fin de la guerre, la PAPAUTÉ ET LA MAISON D'AUTRICHE SERONT DÉTRUITES.
Cette destruction sera le fait des Nations fatiguées de leur despotisme, accourant des quatre coins du monde, en premier lieu les peuples du Nord et de l'Orient.
.......
Pour leur récompense, ils répandront la LUMIÈRE de l'Évangile.
L'Univers tout entier sera réformé à la fin des siècles. Les lois et la forme de cette réforme seront promulguées, à savoir; destruction de l'Idole et de l'Idolâtrie et partout rétablissement du culte le plus pur de la divinité (1).
Ce qui se traduit par: Destruction de la Papauté et du catholicisme romain, instauration de la nouvelle religion.
L'histoire de la Franc-maçonnerie spéculative, telle qu'elle apparut en 1717, n'entrant pas dans le cadre de cette étude, nous ne parlerons ni de l'influence rosi-crucienne sur sa formation ni des courants d'idées révolutionnaires et pas davantage de la Révolution. Mais celle-ci est en étroite dépendance de la pensée rosi-crucienne qui pénètre les Sociétés Secrètes de cette époque et qui n'en est pas un facteur moins déterminant que les manœuvres de la diplomatie anglaise, l'action des clubs, le colportage des libelles imprimés en Hollande. Un siècle avant l'événement, au temps de Coménius, les Rose-Croix eux-mêmes, prédisaient l'explosion à laquelle beaucoup d'entre eux pensaient pouvoir assister. Après la chute de la Monarchie, la destruction de l'alliance autrichienne et du pacte de famille entre les Bourbons, la haine de cette famille demeurera, à travers le XIXe siècle, un des engagements sacrés, si l'on peut dire, des membres influents des sectes. Le serment de Thiers sur un crucifix en est un exemple et n'a pas été démenti. On attachait la plus grande importance à la chute d'un édifice politique européen où la France tenait une grande place. A cette démolition contribuèrent les guerres de la Révolution et de l'Empire dont les suites' nous retiendront davantage au cours de cette introduction.
LE CONGRÈS DE VIENNE ET LA SAINTE ALLIANCE
Après Waterloo: le Congrès de Vienne et la Sainte Alliance. Une redistribution des territoires va modifier l'équilibre de l'Europe chrétienne, une curieuse charte mystico-politique va prétendre maintenir ce nouvel équilibre.
Sans doute le Congrès de Vienne entendait opposer une barrière à l'extension de l'idée révolutionnaire et préserver les trônes, hier ébranlés par Napoléon, demain peut-être abattus par les flots de l'insurrection. Cela répondait à un sentiment général qui n'était pas seulement celui des Souverains absolus. En Angleterre, Pitt et Burke voulaient museler le monstre que pourtant le Gouvernement britannique avait puissamment contribué à déchaîner. Alexandre de Russie voulait l'exorciser au nom du Christianisme transcendantal que lui inspirait la Baronne de Krudener. Le non moins mystique Frédéric-Guillaume de Prusse pensait l'étouffer sous le piétisme au sein duquel il se tenait lui-même comme en un abri, protecteur de sa légitimité. La Révolution française dont Napoléon représentait le paroxysme, heurtait le désir de sécurité et le sentiment national des peuples dont il avait un instant bouleversé les structures et menacé l'existence. Quoi d'étonnant dès lors qu'à côté de la Paix de Vienne, réglant les problèmes territoriaux, naquit cette Sainte Alliance offensive et défensive des monarques, chrétiens convaincus, sinon sincèrement, du moins par nécessité, de la fraternité des peuples et des rois et de la responsabilité de ceux-ci devant leurs sujets? Le Traité de la Sainte Alliance fut donc signé le 26 septembre 1815 entre le Czar de Russie, l'Empereur d'Autriche et le roi de Prusse. Très tôt, Louis XVIII y donna son adhésion.
Elle apparut alors comme la charte internationale du monde chrétien. Proclamant un droit collectif d'intervention sur les points de l'Europe où la révolution tenterait de renverser l'ordre établi, des congrès devaient se tenir et se tinrent, en effet, pour prendre, d'un commun accord, les mesures qu'imposait la répression des troubles. Il y eut, en 1819, les Congrès de Carlsbab et de Vienne réprimant les soulèvements universitaires d'Allemagne, en 1820 et 1821 ceux de Troppau et Laybach arrêtant les insurrections de Lombardie, de Naples et du Piémont, en 1822 le congrès de Vérone décidant d'une intervention française en Espagne à la demande de son Roi.
Y avait-il donc quelque chose de changé dans l'attitude de la Franc-Maçonnerie? En apparence, oui, et pour satisfaire un sentiment général qui repoussait la perspective de nouveaux bouleversements. Si la Sainte Alliance, cette curieuse machine qui dura effectivement jusqu'en 1830 et théoriquement jusqu'en 1848 porta pendant ce peu de temps quelques maigres fruits, ce fut grâce à l'homme qui, la prenant des mains de l'idéaliste et vaporeux Alexandre, tenta d'en faire l'instrument d'un retour, au moins partiel, à la Chrétienté. On a représenté Metternich comme un ennemi acharné de la France, un rétrograde d'ancien régime, un tenant du droit divin, voir comme un revanchard assoiffé du sang des peuples. Si l'on ne veut pas admettre devant l'évidence des foyers secrets de révolution et surtout celle des soulèvements simultanés de 1848 que tout fut l'œuvre d'une conjuration internationale, alors, bien sûr, le chancelier de la catholique Autriche est un attardé, un borné intelligent qui n'a rien compris à l'Évolution. En réalité, Metternich soutint l'Europe à bout de bras, à lui seul, jusqu'en 1848 et il fait figure, dans l'histoire, d'un très grand européen. Il considérait l'Autriche, sa patrie, comme le pivot du système continental. Eh! que pouvait-il faire d'autre en l'absence de la France vaincue en 1815 et après notre Révolution de 1830? Il ne s'est pas moins placé au-dessus de tous les nationalismes avec une véritable conception de l'universel que son christianisme profond lui montrait comme le salut.
C'est en cela qu'il corrigeait, dans la mesure de son pouvoir, cette malheureuse Sainte -Alliance où manquait le Pape et comme si l'on eût voulu décréter une nouvelle Chrétienté en vertu d'un pacte où se mêlaient des mystiques étranges, dénonciatrices de la présence des Sectes secrètes, introduites là pour paralyser toute action contraire à leur dessein. Joseph de Maistre qui avait appartenu à la maçonnerie templière avant la Révolution n'en ignorait rien et connaissait la Russie, il disait:
Cet esprit (de la Sainte Alliance) est celui des Illuminés de
l'école de Saint-Martin chef du christianisme transcendantal opposant la RELIGIOSITÉ à la RELIGION... Je suis parfaitement informé des machines que ces gens-là ont fait jouer pour s'approcher de l'Auguste auteur de la convention (Alexandre 1er) et pour s'emparer de son esprit. Les femmes y sont entrées comme elles entrent partout...
Si l'esprit qui a produit cette pièce (la convention de la Sainte-Alliance) avait parlé clair, nous lirions en tête "convention par laquelle tels et tels princes déclarent que tous les chrétiens ne sont qu'une famille professant la même religion et que les différentes dénominations qui les distinguent ne signifient rien.
Les femmes, en effet et surtout une, y étaient pour quelque chose. La baronne de Krudener après une vie très orageuse en étouffait les derniers grondements sous les élans d'un mysticisme que lui avait infusé la fréquentation des membres des sociétés martinistes et les adeptes de Swedenborg alors nombreux en Russie. Elle endoctrinait le Czar pendant l'occupation de Paris par les Alliés. Dans son hôtel sis aux Champs-Élysées elle avait avec lui des entretiens privés d'une piété suave où elle l'invitait à prier longtemps à genoux sur le marbre, lui répétant, à l'imitation de Jeanne d'Arc, les oracles d'une voix mais qu'elle laissait entendre être celle du Christ, en foi de quoi elle s'appliquait à le convaincre, ce qui n'était guère difficile, de sa prédestination à restaurer un christianisme nébuleux parmi les peuples. Si l'on en croit la comtesse de Boigne et le chancelier Pasquier, la voix pouvait bien être un écho de celle de Bergasse, ancien disciple de Cagliostro qui lui aurait soufflé les premiers articles de la Sainte-Alliance. Tout cela pouvait s'accorder et s'accordait de fait avec le mysticisme de Frédéric-Guillaume de Prusse, nourri de l'esprit des maçonneries prussiennes, dites chrétiennes, dont l'action se poursuivrait désormais jusqu'à nos jours. Celles-ci inspiraient un mouvement nationaliste et religieux, le Tugenbund, prêchant la morale du christianisme mais aussi le pur symbolisme de ses dogmes, alliant ainsi l'incrédulité et la foi sur quoi on espérait fonder une Église allemande de l'avenir. Pour le présent, Frédéric-Guillaume, qu'avait impressionné la chute des trônes, comptait bien assurer le sien sur le Tugenbund répandu dans toutes les Universités, enflammant la jeunesse pour la patrie allemande et provoquant l'admiration de toute la littérature romantique pour la "religieuse Allemagne" si chère à Madame de Staël.
Ainsi naquit la Sainte-Alliance.
À la vérité, on ne pouvait rien inventer de mieux pour empêcher le retour à l'ancien ordre chrétien tandis que, de son côté, le Congrès de Vienne, en remaniant les États, posait les jalons d'une avancée notable vers le renversement des lignes de forces européennes et vers le but encore lointain d'une unité internationale hors des pôles d'attraction du monde catholique. Depuis la Réforme, les états protestants pesaient déjà d'un poids très lourd sur les affaires de l'Europe mais en 1815 on avait fait pencher la balance en leur faveur. Non seulement des pays en majorité très catholiques: la Sarre, la Rhénanie, la Belgique passaient au pouvoir de monarchies protestantes mais, désormais, la Confédération germanique, amorçant l'unité allemande par la disparition d'un certain nombre de petits états, amenuisait considérablement l'influence de la catholique Autriche dans le centre nord de l'Europe, tandis que la Russie en venait à dominer la partie orientale. L'Angleterre s'assurait, avec l'empire des mers, les relais de sa future politique impériale dans la Méditerrané, au Moyen-Orient et en Extrême-Orient jusqu'au jour où, au commencement du XXe siècle, elle contrôlerait directement ou indirectement un quart de la population du globe.
Dans la réalité des choses, la Sainte-Alliance ne pouvait être et ne fût qu'inefficace malgré les désirs de justice, de concorde et de paix qui de la part de certains de ses promoteurs avaient présidé à sa fondation. Pour les maçonneries, elle n'était qu'un paravent derrière lequel les circonstances les obligeaient à se dissimuler. En Angleterre les sentiments pacifiques des basses loges en 1815 n'étaient que feu de paille bientôt suivi d'une recrudescence de leur activité concordant avec les desseins impérialistes du Cabinet britannique. En France leur nombre alla en croissant dès le début de la Restauration et, nonobstant leur loyalisme monarchique de façade, nous ne devons pas méconnaître que leur activité aboutit à la révolution de 1830. En Angleterre, en France, en Italie le même désir d'abattre les Bourbons, tous les Bourbons, le pouvoir temporel du Pape, et de faire triompher par toute l'Europe la démocratie universelle, demeurait le but prochain qui allait se manifester brusquement dans les révolutions de 1848.
LES RÉVOLUTIONS DE 1848
Par une prudence toute extérieure au moins jusque vers 1840, les maçonneries, en apparence respectueuses de l'ordre établi, se contentent de soutenir partout le libéralisme surtout dans les classes bourgeoises et aristocratiques qui leur fournissent une bonne partie de leur meilleure clientèle. Le Suprême Conseil de France (rite écossais ancien et accepté) inscrit à cette époque sur ses registres au grade de 33e des noms comme ceux-ci: le duc Decazes son Très Puissant Souverain Grand Commandeur, le comte de Ségur, le duc de Choiseul, La Fayette, Berryer, Crémieux, James de Rotschild, le prince Paul de Wurtemberg, le duc de Grammont, le baron Taylor. Le recrutement du Grand Orient est plus populaire. Mais, libéralisme religieux, libéralisme économique, libéralisme politique mènent à coup sûr et rapidement au scepticisme en religion, à l'éclosion de la question sociale par l'exploitation du travail qui devient scandaleuse à partir de 1840, et, secondé par les ambitions de la bourgeoisie, à l'éveil de la Démocratie.
On ne peut mieux ménager un terrain propice à la révolution mondiale que les plus excités voient toute proche et dont la préparation se poursuit parallèlement et en profondeur à l'aide de nombreuses sociétés secrètes faisant partie ou émanant de la Franc-maçonnerie. Il n'est pas de notre sujet d'entrer dans les détails des soulèvements qu'elles trament au cours des trente années qui séparent le Congrès de Vienne de la révolution de 1848. Les œuvres de ces sociétés sont connues. Qu'il nous suffise de rappeler ici la loge des Philalèthes, celles des Trinosophes et des Amis de la Vérité en France où se multiplient les clubs révolutionnaires comme la société Aide-toi, le ciel t'aidera, où l'on voit la campagne des banquets réformistes précédant l'explosion dirigée par cinq maîtres de loges.
Mais la plus importante, la plus étendue, la plus impénétrable de ces sociétés secrètes est, sans contredit, la Charbonnerie divisée en Ventes superposées les unes aux autres à la manière maçonnique et du sommet desquelles la "Haute Vente" internationale, très sélective, dirige tout le Carbonarisme. Elle est manifestement en rapport avec les Suprêmes Conseils du rite écossais dont fait partie le Frère-Maçon Mazzini et avec les Grands Orients. Mais son recrutement à la fois aristocratique, cosmopolite et populaire, ne tarde pas à provoquer dans son sein des tiraillements entre les tenants de la révolution invisible et corruptrice et ceux du parti d'action violente et immédiate à la tête desquels se trouve Mazzini. Derrière lui et le Frère-Maçon Kossuth, l'agitateur hongrois, manœuvre secrètement le haut Frère-Maçon Palmerston, ministre de Sa Majesté britannique.
Le parti de l'action déborde bientôt la Haute Vente. Outre sa mission la plus proche: la chute du pouvoir temporel du Pape et l'unité italienne, Mazzini en enflamme les éléments les plus jeunes pour la révolution totale. À Marseille il fonde la Jeune Italie un peu plus tard il lance la Jeune Allemagne puis la Jeune Europe. Partout le feu couve d'une révolution aux dimensions européennes qui se réclamera ici du nationalisme pour l'indépendance, comme en Hongrie avec Louis Kossuth, là de l'établissement d'une constitution libérale qui dans l'esprit des chefs, espérant le plein succès de l'entreprise, balayera les trônes et instaurera partout la République ou du moins le régime de la Démocratie universelle.
Telle est la raison pour laquelle se tient à Strasbourg en 1847, le fameux Convent international des maçonneries qui va donner le signal de l'opération. On connaît la suite. En 1848, les révolutions éclatent partout simultanément comme une traînée de poudre. Le 24 février celle de Paris fut un modèle et un coup de clairon, mais elle ne triompha finalement que grâce à la crapuleuse trahison du Frère-Maçon Odilon Barrot et, fait notable à retenir, amena immédiatement au Gouvernement provisoire de la République les Frères-Maçons Arago, du Suprême Conseil, Ledru-Rollin, complice de Palmerston, Cremieux, Marie, Garnier-Pagès, Marrast, Louis Blanc; Caussidière s'empara de la préfecture de Police. Tous franc-maçons! Le clergé bénissait les "arbres de la liberté" qu'on plantait sur les places publiques. Quinze jours plus tard, le 13 mars, la révolution éclata à Vienne, le 18 mars à Berlin et à Milan, le 22 mars à Venise, puis avant la fin du mois, attisés par Lord Minto, l'envoyé de Palmerston, ce sont des troubles à Naples, en Toscane et à Rome.
L'édifice de 1815, lézardé, tombe en ruine; la Démocratie universelle et le Socialisme sont lancés dans l'arène politique.
D'UN ARTICLE DU GLOBE AU CONGRÈS DE PARIS (1849-1856)
Les princes réagirent promptement. La démocratie ne triomphait pas encore. Mais l'Europe, une fois de plus, était ébranlée. Les révolutions de 1848 ont laissé partout des semences d'agitation et, cette fois, l'idée de la Sainte Alliance étant bien morte, chacun aura ses révolutions intérieures sur les bras, car le principe de non-intervention a prévalu. L'Europe est en quelque sorte un terrain vague où peut s'épanouir une nouvelle politique passée presque complètement aux mains d'une puissance ténébreuse dont les peuples ne soupçonneront pas l'omniprésence au sein des conseils de leurs gouvernements qui bien souvent se débattront eux-mêmes dans des réseaux tendus au fond des ministères, des chancelleries, dans les parlements, la presse. Les tentacules invisibles vont enserrer l'ancien monde, s'étendre de Londres à Constantinople sans abandonner le but principal: Rome, mais en jouant avec plus d'avantages encore de deux grands moyens, l'or et la guerre.
D'un côté les partis d'action débordant la Haute-Vente ont, par là, réduit peu à peu son rôle; son chef "Nubius" (2) qui en savait trop et n'en faisait pas assez, s'éteignit dans le gâtisme. Mais ils ont senti leur faiblesse et leur force et vont resserrer leurs liens. Déjà un Comité central révolutionnaire est constitué à Londres avec les Frères-Maçons Mazzini, Kossuth, Ledru-Rollin mais sous la surveillance protectrice du Frère-Maçon Palmerston qui les utilisera surtout pour la politique italienne. D'autre part, des guerres, limitées d'abord, vont par un savant clivage orienter insensiblement l'unification de l'Europe hors des sphères du catholicisme jusqu'au jour des grandes guerres mondiales. Par une subversion quasi-miraculeuse, le principe de solidarité internationale rêvé par les adhérents de la Sainte-Alliance pour la stabilité générale va jouer au profit des pontifes de la puissance occulte qui règle le sort des états.
En 1849 le moment est donc décisif pour cette puissance qui va savoir en profiter. Deux faits révèlent le cours qu'elle va donner aux événements. Le premier c'est la parution d'un article très important dans le "Globe", journal des suprêmes instances maçonniques; le second c'est, en 1856, le Congrès de Paris.
Le 12 mai 1849 paraissait donc dans le Globe, inspiré par Palmerston, un article qui n'était pas tant le ballon d'essai d'une nouvelle politique à l'adresse des chancelleries et des ministères que l'annonce d'un programme imposé aux Frères des diverses nations. Une lecture, attentive aux procédés des Hautes Maçonneries, décelait en effet sa vraie nature d'instructions portées à la connaissance des Loges en forme de mise au point d'un plan définitivement arrêté. En voici le texte:
Il est à craindre que les évènements de l'année précédente (1848) n'aient été que la première scène d'un drame fécond en RESULTATS PLUS LARGES ET PLUS PACIFIQUES. L'échafaudage dressé par le Congrès de Vienne était si arbitraire et si artificiel, que tous les hommes d'état à opinion libérale voyaient bien qu'il ne supporterait pas le premier choc de l'Europe.
Tout le système établi par le Congrès était en disso1ution et Lord Palmerston a agi sagement LORSQU'IL N'A PAS VOULU PRÊTER SON CONCOURS POUR OPPOSER UNE DIGUE AUX VAGUES ENVAHISSANTES.
Le plan qu'il a formé est celui D'UNE NOUVELLE CONFIGURATION DE L'EUROPE, l'érection d'un royaume allemand vigoureux qui puisse être un MUR DE SÉPARATION ENTRE LA FRANCE ET LA RUSSIE, la création d'un royaume polono-magyare destiné à compléter l'œuvre contre le géant du nord, ENFIN UN ROYAUME D'ITALIE supérieure dépendant de la maison de Savoie.
On a souvent reproché à Palmerston d'avoir nég1igé l'alliance de l'Autriche, mais ici les accusateurs devront encore lui rendre Justice. L'alliance de l'Angleterre et de l'Autriche N'A JAMAIS REPOSÉ SUR UNE COMMUNAUTÉ DE PRINCIPES: elle existait simplement parce que l'Autriche était la représentation principale et comme l'incarnation de la NATION ALLEMANDE.
Depuis la paix de Westphalie jusqu'à celle d'Aix-la-Chapelle (1648-1748) l'Autriche s'est trouvée être le centre de la nation allemande. Mais lorsque l'épée de Frédéric eut reculé les limites de son royaume qui était naguère l'électorat de Brandebourg, lorsque les vrais Allemands eurent reconnu dans ce guerrier le représentant réel de leur force et de leur nationalité, la Prusse devint sur ce continent l'alliée naturelle de l'Angleterre. L'amour propre seul et la timidité de Georges III firent obstacle à ce que l'alliance de la Prusse et de l'Angleterre fut notre bouclier dans la guerre américaine.
Ce que l'Autriche fut au commencement du siècle dernier, ce que la Prusse devint plus tara, l'ALLEMAGNE PEUT L'ÊTRE ÉGALEMENT, qu'elle ait sa capitale à Berlin ou à Francfort. Si Lord Palmerston réussit à consolider cette alliance naturelle et à LA RENFORCER PAR UNE NTENTE CORDIALE AVEC LA FRANCE, il aura prouvé jusqu'à quel point IL EST EN REALITE LE DIPLOMATE LE PLUS HABILE QU'AIT VU NAÎTRE CETTE ÉPOQUE.
C'était une véritable encyclique (ne combat-on pas l'Église romaine en la singeant?) rappelant à la discipline les Frères-Maçons trop fougueux entraînés dans les comités d'action mazziniens qu'on avait, bien sûr, encouragés afin de renverser l'ancien équilibre européen. Mais il fallait désormais, revenant à la sagesse de la Haute-Vente déclinante, suivre des directives soigneusement étudiées dont l'objet dépassait, pour le moment, les fantaisies des agitateurs professionnels. Le Frère-Maçon Mazzini, cette fois, dut observer une apparente soumission, sinon une plus patiente perspicacité qu'il saura d'ailleurs montrer plus tard. Pour bien faire connaître aux Frères-Maçons l'autorité à laquelle tous devaient en dernier ressort rapporter leurs jugements et leurs actes afin de rester dans l'orthodoxie, l'article ne tarissait pas d'éloges sur le Frère-Maçon Palmerston. IL S'AGISSAIT ESSENTIELLEMENT D'UN RENVERSEMENT COMPLET DU COMPLEXE EUROPÉEN. En premier lieu, on devait remplacer la Confédération germanique à prépondérance autrichienne, c'est-à-dire catholique, par un empire d'Allemagne sous l'hégémonie de la Prusse protestante qui venait, par une curieuse coïncidence, de dénoncer son adhésion à la Sainte-Alliance. On ne ménageait pour cela ni les explications historiques remontant jusqu'au traité de Westphalie (1648) (3) ni les ébauches de l'avenir. Mais en premier lieu il fallait procéder à l'unification de l'Italie, sous la Maison de Savoie, et abattre le pouvoir temporel du Pape. Quant à la France, autre grande puissance catholique, non encore déchristianisée, une entente cordiale avec l'Angleterre devait d'abord la neutraliser pour assurer, avec la complicité de Napoléon III, la défaite autrichienne et le succès de la question italienne, avant de la livrer isolée aux coups de la Prusse.
L'opération se fit en trois temps: 1856, 1866, 1870.
Le premier obstacle à surmonter c'était la Russie qui tenait en échec la démocratie révolutionnaire; elle avait aidé l'Autriche à réduire ses insurrections de 1848. Mais ses ambitions au Proche-Orient donnèrent prétexte à Palmerston et à Napoléon III de lui déclarer une guerre que les catholiques français, bien bernés, Louis Veuillot en tête et le clergé avec lui, prirent pour une guerre sainte. Avec des médailles de la Sainte Vierge et des cérémonies religieuses on embarqua l'opinion dans une aventure que le Cardinal Pie ne vit pas sans de sombres pressentiments. Il avait raison. En effet, aux derniers instants de la guerre de Crimée, en 1855, le Piémont de Victor-Emmanuel se joignit sans aucune apparence de raison valable aux alliés contre le "tyran du Nord" afin de pouvoir participer au Congrès de Paris qui allait terminer la guerre et de donner à son ministre, le Frère-Maçon Cavour, l'occasion de poser devant les délégués des nations - y compris le turc - et la question romaine et celle de l'unité italienne. Le fameux principe des nationalités, c'est-à-dire du nationalisme révolutionnaire et agressif allait, de ce jour, triompher et faire une fortune qui aujourd'hui encore n'est pas épuisée. Sur le dos de l'Autriche, Napoléon III allait faire la guerre d'Italie en 1859 et cette même Autriche allait succomber à Sadowa en 1866 sous l'attaque prussienne laissée sans riposte par l'empereur Carbonaro. Sa défaite entraînait celle de l'État pontifical.
Lave-toi les mains, ô Pilate!
s'écria Mgr Pie à Napoléon III. Mais en 1870 ce fut à la fois le tour de la France et la chute de la Rome pontificale.
La brèche de la Porta Pia par laquelle entrèrent les troupes piémontaises s'ouvrit au même moment que l'encerclement de Paris par les Allemands. C'était l'éventration de l'Occident chrétien.
Notes:
(2) Le Vatican n'a jamais dévoilé son véritable nom. Comme tous les grands chefs du Carbonarisme il se cachait sous un pseudonyme. Le Vatican n'a pas dévoilé non plus la voie par laquelle il a été mis en possession des papiers de la Haute-Vente qui ont fait l'objet de l'ouvrage de Crétineau-Joly.
(3) Souvenons-nous ici des menaces du rose-croix Coménius contre l'Autriche.
CHAPITRE PREMIER
ÉLABORATION DU SYSTÈME
1870!
Date importante parmi les plus importantes: 1517, 1789, 1815, 1917... et d'autres.
C'est une grande défaite de la France: la perte de l'Alsace-Lorraine, les cinq milliards de contribution de guerre, la Commune, oui, bien sûr. Mais la défaite de la Fille aînée de l'Église - et nous employons à dessein cette expression - est l'écho d'un effondrement plus général. La France, il y a onze siècles, a fondé l'État Pontifical qui, pendant ces onze siècles a contribué, par sa présence dans la communauté des nations, à l'essor de l'Europe, au développement de sa culture, animant les peuples de sa propre vie spirituelle. Puissance temporelle au service de sa mission catholique, l'Occident, sans l'État Pontifical, ne serait pas ce qu'il a été ni ce qu'il peut être encore.
La situation internationale est maintenant complètement inversée.
Le flan Palmerston, consigné dans l'article du Globe en 1849, s'est réalisé. La nouvelle configuration de l'Europe est un fait accompli et accompli selon le programme annoncé. Le Pape est prisonnier volontaire dans le Vatican, entouré d'un royaume d'Italie dont les maîtres de fait, francs-maçons, poursuivent avec un sectarisme de célèbre mémoire, une politique anticléricale dont le Frère-Maçon Crispi est un des meilleurs exemples. L'Empire d'Allemagne fondé à Versailles - quel symbole! - est bien, sous hégémonie prussienne, un mur entre la France et la Russie mais pas seulement cela. Le Hohenzollern, impressionné, dit-on, et par sa puissance et par la prophétie du Vaticinium Lehninense (1) pousse activement sa politique dominatrice de Mittel-Europa (Europe centrale) dont il ne se cache pas de dire le sens antiromain, satellisant l'Autriche, attirant vers lui l'Italie où le Grand-Maître de la maçonnerie, Adriano Lemmi, proclame à la fois sa haine de Rome et de la France. Celle-ci, séparée désormais de Vienne, s'engagera, après des brouilles sur la politique coloniale, dans l'entente cordiale France-Angleterre qui va l'entraîner dans une autre direction.
Ce qui frappe immédiatement l'observateur attentif, c'est le RENVERSEMENT DES PÔLES DE L'OCCIDENT. Le Catholicisme, définitivement évacué de la politique internationale absolument laïcisée, l'axe ne passe plus par les capitales des états catholiques. Paris et Vienne deviennent des points secondaires par rapport aux nations à prédominance protestante et cèdent la place à: Londres, Berlin, bientôt New-York.
La France aura beau se ressaisir en recherchant l'alliance du Czar et le Czar aura beau vouloir réparer son erreur en recherchant l'alliance de la France après l'avoir abandonnée en 1870. Cette alliance et l'Entente Cordiale vont sans doute jouer, en 1914, pour notre défense mais pas pour notre profit ni celui du Catholicisme. Les dés sont désormais jetés et, tandis que se poursuivront jusqu'à la première guerre mondiale les événements consécutifs à cet état de choses, un autre plan, substitué aussitôt à celui de Palmerston, va marquer, sur la route du Gouvernement mondial, une nouvelle étape à franchir, un but plus éloigné à atteindre. Il faut savoir, en effet, qu'un homme, fût-il ministre comme celui-ci de la Reine Victoria, fût-il, à un moment donné, le porte-parole autorisé et même mandaté des Hautes-Maçonneries, n'est jamais le maître des objectifs assignés par celles-ci et rarement l'exécuteur de leurs complets desseins. Palmerston mort en 1865 n'a pas vu 1870. Mais cette fois, l'ampleur du nouveau programme qui va commencer à se réaliser pleinement soixante ans plus tard exige, en premier lieu, un effort de centralisation des Maçonneries qui donne à la fois une signification à ces mots: Maçonnerie universelle, Démocratie universelle, et en second lieu, l'explicitation du système auquel on entend soumettre le monde.
LA DÉMOCRATIE UNIVERSELLE.
UN PROPHÈTE?
De la question sociale, qui devait sa naissance aux agitations révolutionnaires et au libéralisme, des réformateurs sociaux comme Le Play, la Tour du Pin et d'autres, confirmés par les Encycliques pontificales de Léon XIII et de Pie X, pouvaient bien donner la solution véritable d'après le droit naturel et chrétien en s'inspirant aussi de solides traditions.
Les hautes sociétés secrètes ne l'entendent pas ainsi; elles s'appliqueront, durant les années de la "belle époque", au succès croissant de la Démocratie, non pas de la démocratie organique que définira Pie XII, mais de la démocratie de masses, inorganique, socialiste et mondiale. La Démocratie universelle dissimulait en son sein de nouvelles révolutions en perspective et une planification de l'univers.
Or, dès 1872, Grant, réélu président des États-Unis, inaugurait son second mandat par une proclamation dont un passage important parut être, à coup sûr, un habituel morceau de grandiloquence à la multitude de ses auditeurs, incapables d'en saisir à la fois le sens caché, la raison profonde et la portée.
La déclaration présidentielle, sous l'étrangeté du langage maçonnique, annonçait la naissance et le développement d'une politique internationale inconcevable à l'époque, pour ceux qui n'étaient pas dans le secret des dieux. Mais il y avait des Initiés.
Le monde civilisé, disait Grant, tend vers le républicanisme, vers le gouvernement du peuple par ses représentants et notre grande République est destinée à servir de guide à toutes les autres... Notre Créateur prépare le monde à devenir en temps opportun une grande nation qui ne parlera qu'une langue et où les armées et les flottes ne seront plus nécessaires.
Ce n'était cependant pas une prophétie. En 1847, le Congrès des Loges, à Strasbourg, avait déjà parlé des Etats-Unis d'Europe formés des confédérations germanique, romane, slave (2); la Russie socialiste et révolutionnaire, entourée de ses satellites européens, n'était pas une idée nouvelle; la république universelle travaillait depuis longtemps, grâce aux sociétés secrètes de toute nature, les cervelles surchauffées de tous les conspirateurs du siècle.
Ce qu'il y avait de nouveau, c'était l'annonce d'une nation-guide: les États-Unis; c'était l'affirmation, par avance, du leadership américain dans la réalisation de ce programme, dont l'imprécision et le messianisme oratoire masquaient une dictature occulte. Celle-ci, malgré des difficultés, des traverses, des vicissitudes, allait s'imposer au peuple américain et aux autres nations.
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
Re: BIENTÔT UN GOUVERNEMENT MONDAIL? UNE SUPER ET CONTRE-ÉGLISE.
Partie 2
LA MAÇONNERIE UNIVERSELLE ET LE PALLADISME
Et d'où venait cette assurance? à cette époque?
Pas seulement du transfert à New-York, en cette même année 1872, du siège du Conseil Général de l'Internationale de Karl Marx qui allait prendre l'essor que nous savons;
•pas seulement de l'implantation aux États-Unis quelques années auparavant et de l'ascension vertigineuse du groupe bancaire Jacob Schiff, Kuhn et Loeb, qui financera la Révolution de 1917;
•ni même de l'installation à New-York, depuis 1867, de l'Alliance démocratique universelle de Mazzini, malgré l'importance de son rôle immédiat dans les mouvements révolutionnaires jusqu'en Pologne et en Russie, par l'intermédiaire des réseaux de Bakounine;
•pas seulement de la création à New-York en 1843 de ia fameuse société secrète, exclusivement juive, les B'nai Brith.
Cette assurance trouvait son fondement dans cette concentration, bien sûr, mais aussi dans l'évolution des sociétés secrètes et surtout sur l'appareil de Haute-Maçonnerie Universelle, dont la paternité revient à Albert Pike et à Mazzini: LE PALLADISME, fondé par eux, en ces mêmes États-Unis.
Mazzini, nous l'avons vu, âme des révolutions italiennes, chef de la Jeune Italie puis de la Jeune Allemagne et enfin de la Jeune Europe, lançant ses émeutiers - ou ses assassins - contre les rois et les princes de la péninsule et surtout à l'assaut DU POUVOIR TEMPOREL DU PAPE, avait fait partie, en raison de son grade éminent dans la Haute-Maçonnerie, du Comité Révolutionnaire International, siégeant alors à Londres. Ce Comité avait joui de la haute protection du Très Illustre Frère Palmerston, ministre de la Reine Victoria, lequel tenait en ses mains les fils de la diplomatie européenne. Palmerston était mort en 1865 après une carrière diplomatique que son autorité dans la Franc-Maçonnerie avait plus que secondée, surtout dans sa lutte sournoise contre la PAPAUTÉ et dans ses manœuvres contre l'Autriche et la France en faveur de la Prusse. Mais Mazzini avait le génie de la conspiration; son grand dessein était d'instaurer la République universelle à l'aide et sous le pouvoir invisible des Maçonneries mondiales, menées elles-mêmes par une puissance plus haute, cachée aux Loges inférieures. Ce rêve unificateur n'était pas nouveau; on avait songé à une fédération qui, devant la disparité des Maçonneries, le pullulement des sectes, était restée vaine. Son idée semblait meilleure et correspondait mieux à la secrète et autoritaire hiérarchisation maçonnique.
Il n'eût rien pu faire sans une autre intelligence plus machiavélique peut-être: Albert PIKE.
Mazzini trouva alors aux États-Unis des appuis qui l'amenèrent à entreprendre avec Pike la centralisation de l'action maçonnique internationale, au moyen d'une société secrète: le NOUVEAU PALLADISME. À sa mort en 1872, Albert Pike poursuivit l'entreprise. Né à Boston en 1809, mort à Washington en 1891, celui-ci était un théurgiste luciférien; il avait d'abord exercé son activité sur le rite écossais, dont il faisait partie comme Souverain Grand Commandeur du Suprême Conseil de Charlestown. Le Palladisme, supérieur aux Suprêmes Conseils, société très secrète, inconnue des Francs-Maçons, souvent même des plus élevés en grade, se composait d' "émérites" qui, selon le procédé classique, devaient exercer leur influence à l'intérieur des Loges et diffuser les consignes par noyautage. Pike fut membre d'honneur de la plupart des Suprêmes Conseils du monde. Il reçut cette dignité du Suprême Conseil de France en 1889.
Ainsi fut organisée la Haute-Maçonnerie universelle. À la mort de Pike, en 1891, le Suprême Directoire du Palladisme, siégeant à Charlestown, supervisait secrètement les maçonneries américaines, l'Écossisme mondial; il étendait ses ramifications invisibles au sein de la plupart des grandes obédiences. La chose est particulièrement sensible pour l'Écossisme. Dès 1875, un traité d' "Alliance et de Confédération" avait été signé par tout un ensemble de Suprêmes Conseils avec l'adhésion de celui de Charlestown. Et cette année là, celui de France pouvait dire en rendant compte du Congrès:
La maçonnerie écossaise, obéissant à une même loi, devient une force immense... Elle semble peut-être se trouver en mesure, par son organisation universelle, de lutter avantageusement contre l'esprit antilibéral qui menace les conquêtes légitimes de la société humaine.
(Résumé officiel des travaux du suprême Conseil de France - 1875)
Depuis ce moment, se tiennent périodiquement des Conférences internationales des Suprêmes Conseils où celui de Charlestown a les honneurs du premier rang.
Désormais, par une action plus synchronisée, les maçonneries tendront vers le but fondamental décidé une fois pour toutes: le Gouvernement mondial (Contre-Église), visible dans ses institutions publiques internationales, invisible , quant à sa haute hiérarchie.
LA SYNARCHIE EN EUROPE
Saint-Yves d'Alveydre
L'importance majeure du PALLADISME n'a pas empêché dans le même temps la naissance, en Europe, de très hautes sociétés secrètes. Leur existence et leur action, non seulement sur la politique générale et sur l'évolution du Modernisme en matière religieuse (3) mais aussi sur l'orientation de la Maçonnerie universelle, ne peuvent être passées sous silence sous peine de rendre inintelligible le mouvement mondialiste qui va se développer aussitôt mais surtout après la guerre de 1914.
Leur place est telle, dans l'histoire récente, qu'elle n'est pas étrangère à un conflit entre puissances maçonniques qui, dès 1893, a provoqué, concurremment avec les intérêts financiers internationaux, une opposition tenace entre les points de vue politiques des États-Unis et de l'Europe et que nous ne saurions mieux appeler qu'un Gaullisme avant la lettre.
ROSE-CROIX ET MARTINISTES
Et d'abord, quelles sont les principales de ces sociétés secrètes?
C'est, en 1865, l'année même de la mort de Palmerston, la fondation en Angleterre de la "societas Rosicruciana in Anglia" (Société rosicrucienne en Angleterre) dont Wegscott, maçon Kabbaliste est le Mage Suprême. La résurgence du Rosicrucisme, à cette époque, a un caractère déterminant, car cette tradition des anciens Rose-Croix du XVIIe siècle va jouer, en bien des cas, dans l'Europe maçonnique et sous diverses formes, un rôle concurrentiel avec le Palladisme. Le Rosicrucisme a cette particularité de donner accès à tous les ésotérismes qu'il assimile et dirige vers son but suprême: ABATTRE LA CROIX DE NOTRE-SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST. Dès l'origine, on trouve tout en lui, nous dira Sédir son historien: la Gnose, la Kabbale, le Manichéisme et cet appel constant aux théurgies orientales. C'est pourquoi cette date initiale de 1865 nous parait importante.
En France surtout, l'esprit rosicrucien continue à vivre sous une forme modernisée dans la tradition martiniste, tandis qu'en Allemagne, le souvenir des Illuminés de Weishaupt hante beaucoup de francs-maçons. C'est précisément dans les milieux martinistes que, dès 1885, on remarque particulièrement Saint-Yves d'Alveydre qui, deux ans plus tard, deviendra l'ami de Gérard Encausse, autrement dit du Mage Papus. Saint-Yves d'Alveydre passe alors pour un des interprétateurs les plus réputés de la Kabbale et son ouvrage "L'Archéomètre" est préfacé par Papus qui dit lui-même dans cette préface:
Comme sociologue, Saint-Yves d'Alveydre a consacré la plus grande partie de sa vie à la défense et à la diffusion d'une certaine forme d'organisation sociale: la SYNARCHIE.
Entre Papus et Stanislas de Guaïta, Saint-Yves d'Alveydre, né en 1849, mort à Pau en 1909, s'est adonné en effet à l'ésotérisme et à l'histoire, mais à l'histoire arrangée de la façon la plus extravagante pour élever la Synarchie à la hauteur d'un régime théocratique remontant aux plus anciennes traditions. Notons ses ouvrages: Mission des Souverains (1882), Missions des Ouvriers (1882), Missions des Juifs (1884), Mission des Français (1887), Mission de l'Inde (posthume).
En 1888, apparaissent deux autres Sociétés rosicruciennes, très virulentes, issues, par des voies différentes du premier tronc. En Angleterre, les Golden Dawn (l'Aube d'Or) qu'anime Grégor Mathews, à qui sa femme, sœur de Bergson, le philosophe des modernistes, sert de médium - entretiennent d'étroits rapports avec les Illuminés d'Allemagne, notamment, mais non pas exclusivement, par la "Stella Matutina ", société luciférienne des plus fermées.
En France donc Stanislas de Guaïta, l'auteur de l'Essai de sciences maudites, ami de Saint-Yves d'Alveydre, fonde l'Ordre Kabbalistique de la Rose-Croix en 1888. La première Chambre de Direction comprenait avec lui Joséphin Péladan qui fondera plus tard une société rose-croix chrétienne et même... catholique, Gérard Encausse (Papus), Maurice Barrès, Augustin Chaboseau, Paul Adam, Julien Lejay, Charles Barlet, le Dr. Lalande (Marc Haven), Yvon Leloup (Sédir), Georges Moutier, Lucien Chamuel, Maurice Barrès, ami de Guaïta, se retira aussitôt, en raison de ses convictions religieuses.
Trois ans plus tard, en 1891, Papus rénovait l' "Ordre Martiniste ". L'Ordre Kabbalistique de la Rose-Croix s'abritait dès lors, dans un secret plus impénétrable, derrière cette nouvelle création qui, en 1898, comptait 94 Loges en Europe dont 27 en France. Il y en avait 19 en Amérique du Nord et du Sud.
Pendant ce temps, en Allemagne, d'autres groupes s'unissent, par des liens divers, à tous ceux-ci. Le plus important, avec la Société Anthroposophique de Rudolf Steiner et ses Rose-Croix illuminés dont il se dit l' "Imperator ", sera une création de Théodore Reuss et d'Aleister Crowley: l' "Ordre du Temple d'Orient" (O.T.O. - Ordo Templi Orientis) 1895. Théc·dore Reuss y professe un nouveau christianisme adamiste, c'est-à-dire du plus répugnant naturalisme qu'aggraveront les excès d'Aleister Crowley sorti des Golden Dawn, sataniste, expulsé de partout à cause de la trop grande notoriété de ses scandales. Il y a du politicien dans le groupe de Rudolff Steiner et dans l'O.T.O., en plus des prétentions moralistes et éducatrices de l'anthroposophisme et du naturisme de l'O.T.O. Il y en a tout autant dans la fameuse Société Théosophique, créée par la Soeur-Maçonne Annie Besant pour vulgariser en Occident les mystérieuses pratiques de l'Hindouisme; elle travaillait avec Nehru, décédé récemment et Krishna Menon, deux vedettes de la politique asiatique.
Ne croyons pas que toutes ces sociétés, en apparence si différentes, souvent opposées, parfois s'anathématisant l'une l'autre, n'aient aucun point commun, aucun lieu de rencontre. Il en est deux, au contraire, qui remplissent particulièrement le rôle de liaison: l'une, d'origine américaine, rejoint l'appareil imaginé par Pike; elle a joué un rôle extrêmement important qui se prolonge actuellement dans les combinaisons politiques et les mouvements internationaux d'union mondiale pour le Fédéralisme de la planète: c'est l' "Hermetic Brotherhood of Light" (H. B. of L.). L'autre, peu nombreuse, travaillait à l'union doctrinale des différentes conceptions mystiques des sectes, à leur rencontre dans la "Philosophie de l'Unité", afin d'infuser celle-ci, dans les maçonneries, et par les maçonneries, dans la masse des profanes: c'est l'Ordre de Memphis.
Voilà donc, dès cette époque, comment s'accomplit la tâche primordiale, initiale, ultra secrète de la Synarchie. C'est par exemple, dans l'Ordre de Memphis qu'on retrouve alors Mme Blavatsky et Leadbeater (Théosophie), Spencer Lewis (Anthroposophie), Théodore Reuss (O.T.O.), des dignitaires de l'H. B. of L., des occultistes français, par ailleurs martinistes. Et c'est là que nous allons retrouver le fil de la Synarchie, mais c'est surtout par le Martinisme qu'elle va prendre, en Europe, la forme que nous lui connaissons.
SAINT- YVES D'ALVEYDRE
C'est par ses Loges que se propagea le complot synarchique.
Nous en connaissons la doctrine par les œuvres de Saint-Yves d'Alveydre. Mais c'est ici qu'il importe de rappeler les textes du Rose-Croix Coménius, textes que nous avons cités dans notre Introduction. Saint-Yves n'est ni un novateur, ni un inventeur du gouvernement synarchique. Dépositaire et vulgarisateur, il n'a fait que mettre en lumière à l'heure prévue le plan d'imperium universel imaginé, dès l'origine, par la Contre-Église et inexorablement poursuivi. Et cette heure enfin propice - ne l'oublions pas c'était après 1870, après la chute du POUVOIR TEMPOREL DU PAPE, dont les sectes se croyaient désormais sûres d'abattre le pouvoir spirituel. (4)
Avec ces sociétés secrètes, Saint-Yves, en réaction contre les prétentions absolutistes du Palladisme venu d'Amérique, n'écrit, pour l'Europe, qu'une sorte de contreproposition qui ne s'oppose pas au dessein général des sectes; mais le système qu'il préconise n'est pas moins universel; son schéma européen de Gouvernement s'applique tout aussi bien à tout mouvement mondialiste, mais avec une logique plus rigoureuse.
Voici, dit-il, en procédant hiérarchiquement, l'ordre et le nom de ces organes à constituer, pour fonder le gouvernement général de l'Europe:
1° - Le Conseil européen des Églises nationales;
2° - Le Conseil européen des États nationaux;
3° - Le Conseil européen des Communes nationales.
(Mission des Souverains - page 417)
Il poursuit en expliquant:
Le premier Conseil doit représenter la vie religieuse et intellectuelle, la Sagesse et la Science (5); le second Conseil doit représenter la vie politique et juridique, l'équité et la Justice; le troisième Conseil doit représenter la vie économique, la Civilisation et le Travail.
Remarquons une modification due à la modernisation du plan déjà vieux des Rose-Croix: là où Coménius parle et d'un Conseil Culturel et de l'universelle Église, Saint-Yves d'Alveydre ne voit qu'un Conseil à la fois religieux et culturel ; il complète alors le Gouvernement trinitaire par un Conseil économico-social, que requiert le développement de l'économie moderne. Ses successeurs technocrates maintiendront cette division. Mais - comme lui et comme l'ancêtre Coménius - s'ils estiment que "hiérarchiquement" leur Super-Église doit dominer l'ensemble, ils décideront cependant, à la suite de Saint-Yves d'Alveydre que, dans la pratique, on devra commencer par l'organisation économique. C'est exactement le processus que nous avons aujourd'hui sous les yeux, manifesté avec une telle clarté qu'on ne peut nier, comme on a tenté de le faire dans le but de cacher les origines occultes de la synarchie, la parenté des théories de nos synarques modernes avec l'œuvre de l'auteur des Missions.
Ce primat donné à l'économique a d'ailleurs un autre but caché, voulu. En donnant, dans l'ordre chronologique, à l'unité mondiale une base matérialiste, il coupe l'humanité de son recours normal au véritable fondement de son unité: LE CHRIST ET SON ÉGLISE, préparant ainsi l'humanité à accepter ensuite la suggestion d'un autre spiritualisme, puis la sujétion de l'universelle religion des sectes hiérarchisées secrètement jusqu'au Luciférianisme. (6)
La vulgarisation du système par Saint-Yves d'Alveydre ne fait que désocculter partiellement celui-ci, laissant deviner, à qui veut l'entendre, un ésotérisme plus profond. Il s'est expliqué, dans l'Introduction à la "Mission des Juifs ", et de cette vulgarisation et de cette partie secrète:
J'en témoigne déjà dans deux œuvres précédentes
et dans celle-ci. Le reste, en mains sûres dans plusieurs pays, est à l'abri des coups qui pourtant n'empêcheront rien de ce qui doit s'accomplir.
"Ce que je réserve comme ésotérisme, dans mes œuvres, ne sera livré qu'à la première chambre indiquée dans mes deux livres précédents.
Il le répète ailleurs:
Toute la partie ésotérique dont j'ai parlé dans la préface est réservée en lieux sûrs et sera donnée à la première Chambre de la Svnarchie européenne.
Sans doute, la diffusion progressive de certains principes d'union européenne ou de transformations sociales planificatrices, sous le couvert de l'humanisme, ne faisait de soi aucun mystère. Ces principes firent école dès la mort de Saint-Yves avec les décades de Pontigny, créées en 1910. Ils se manifestèrent, plus nettement accusés quand, en 1922, le "mouvement synarchique européen" prit le départ sous l'impulsion de Condenhove-Kalergi. Mais l'Ordre Martiniste n'en continuait pas moins à détenir secrètement le véritable fond maçonnique et même initiatique de la Synarchie. Après la mort de Papus en 1916, l'Ordre se scinda en deux: l'Ordrê Traditionnel, si l'on peut dire, restant apparemment en dehors du Mouvement, tandis que l' "Ordre Martiniste et synarchique ", sous la Grande-Maîtrise de Victor Blanchard, compagnon de Papus, Grand-Maître de Memphis, haut fonctionnaire de la Chambre des Députés, travaillait à l'extérieur le monde "profane", tout en conservant le dépôt occulte, comme l'avait indiqué Saint-Yves d'Alveydre:
Si on livrait aux mains des maçons et des badauds le plan architectural et son exécution, jamais le monument ne
s'élèverait.
LE DIFFÉREND DE 1893-1894: LE GAULLISME AVANT LA LETTRE
Pendant le quart de siècle qui s'écoule après 1870, les Hautes Maçonneries, sous l'influence d'une force centralisatrice décuplant leur puissance, disciplinant leur action, ont donc mis sur pied le programme d'une nouvelle étape à atteindre vers l'accession à l'Imperium mundi. On peut la résumer ainsi:
•concentration de la Maçonnerie universelle,
•préparation du leadership américain qui se manifestera plus tard,
•élaboration plus précise du système synarchique, par les Sociétés secrètes européennes, en réaction contre la centralisation palladiste, n'excluant d'ailleurs, en aucune manière, le désir général de travailler en commun à la réalisation du Grand Œuvre.
Mais cette réaction aura plus tard, et sous nos yeux, de telles conséquences sur les rapports de l'Europe et des États-Unis, qu'il nous faut l'expliquer dès maintenant.
Nous sommes en 1893. Depuis quelques années, il semble que la mystérieuse mainmise du Directoire suprême (Palladiste) soupçonnée par certains maçons européens, ne les a pas laissés sans inquiétude, lorsqu'un événement auquel un document pontifical fait allusion survient. Après la mort de Pike (1891), le Directoire suprême de la Haute Maçonnerie est transféré de Charlestown à Rome, sous l'autorité du Frère-Maçon Adriano Lemmi (1894). Ce transfert et cette succession font des bavards en Europe et des mécontents un peu partout. Il y a des démissions, des révoltes, un schisme vite résorbé mais qui révèlent un climat d'opposition déjà manifesté ailleurs qu'en Amérique. De 1865 à 1890, la résurgence du Rosicrucisme a donné naissance aux puissantes sociétés secrètes que nous connaissons et qui semblent résolues à ne pas se laisser subjuguer, bien qu'entrant dans la ligne générale du "système": le Gouvernement mondial synarchique.
De là à discuter sur le terrain politique la prédominance internationale des États-Unis dans le mouvement, il n'y a qu'un pas. Si l'on ajoute à cette divergence la concurrence des grands groupes financiers de Londres et de New-York, groupes que l'on sait si intimement liés aux sociétés secrètes, on saisit tout à la fois la raison, l'origine, le développement des oppositions dont le Général de Gaulle s'est fait le champion.
Et ceci est très important pour tout ce qui va suivre. De quoi s'agit-il principalement?
Du sort de l'Europe future unifiée.
C'est bien de cette époque que date l'antagonisme entre les formules: États-Unis d'Europe et Fédéralisme européen, comme l'atteste un texte de Saint-Yves d'Alveydre: Les États-Unis d'Europe? Pour les Américains, oui; pour les Européens? non (1890). N'est-ce pas d'ailleurs en cette même année 1894 où s'envenima le conflit du Palladisme que fut décidée - à la suite d'instantes représentations de la basse Maçonnerie - l'autonomie relative de la Grande Loge de France à l'égard du Suprême Conseil de France (haute-maçonnerie) au sein de l'Écossisme français? La maçonnerie anglaise ne s'enferma-t-elle pas, elle aussi, à ce moment, dans une hautaine réserve, concrétisée en politique par le refus des prétentions américaines? Un curieux texte de 1893, d'Andrew Carnegie, dans la première édition de "Triumphant Democracy" et supprimé dans les éditions suivantes, mérite à ce sujet d'être reproduit ici:
Le temps peut dissiper d'agréables illusions et détruire maints nobles rêves, mais il n'ébranlera jamais ma conviction que la blessure causée par la séparation, tout-à-fait inattendue et indésirable, de la mère et de son enfant, saignera toujour. Que les hommes disent ce qu'ils veulent; pour moi, je dis qu'aussi sûrement le soleil a brillé autrefois dans les cieux sur l'Angleterre et l'Amérique unies, il viendra un matin où il se lèvera brillant pour réjouir l'union Anglo-Américaine.
(Cité par The secret government of U.S. by M.
Davidson-Ohama - Nebraska 1962, page 9)
La rupture dura longtemps et prit fin pendant la dernière guerre. Le rêve d'Andrew Carnegie s'est réalisé par l'Union Atlantique, brillamment décrite dans "Union Now" de Clarence Streit, membre du fameux CFR (voir le chapitre : The American establishment).
Il était nécessaire de faire ressortir ce point important en le remettant à sa date d'origine.
Ces divergences ont survécu, se manifestant aujourd'hui en des compétitions politiques et économiques qui dominent l'activité mondiale rendue plus intense par les progrès techniques et par l'apparition du soviétisme dont, précisément, les hautes sociétés secrètes peuvent revendiquer la paternité. En un mot, elles ont passé comme éléments de fait dans la vie internationale. Elles n'en demeurent pas moins encore entre les Hautes Maçonneries, à l'intérieur du Système, la cause d'une lutte acharnée principalement motivée par les prétentions d'outre-atlantique et dominant la remise en question actuelle du leadership américain. (7)
Mais n'anticipons pas. Toute cette préparation ne commencera à prendre son plein effet qu'après la guerre de 1914.
Avant l'objectif final, il en était d'autres à atteindre.
Notes:
(1) Vieille prophétie germanique sur l'avenir de l'Abbaye de Lehnin et la chute de la dynastie des Hohenzolern.
(2) Il est intéressant de noter que, vers 1935, le "Pacte synarchique" emploiera les mêmes expressions.
(3) L'action plus particulièrement religieuse des sectes, depuis cette époque jusqu'à nos jours, est exposée dans notre étude parallèle à celle-ci et qui la complète: MYSTÈRE D'INIQUITÉ, aux Editions Saint-Michel à Saint-Cénéré (Mayenne).
(4) -idem- voir Mystère d'Iniquité.
(5) Nous avertissons qu'ici Sagesse et Science ont le sens ésotérique que leur donnent les sectes.
(6) Voir Mystère d'Iniquité.
(7) Cette crise intérieure de 1893 a laissé filtrer au dehors de bien curieuses révélations sur les origines de la guerre de 1914. Certaines d'entre elles sont contestées. Sont-elles vraiment contestables, quand leur date précédant celle de la première guerre mondiale prouve leur antériorité à des résultats effectivement atteints et quand d'autres documents viennent les corroborer?
Des campagnes pacifistes ont précédé la guerre, bien longtemps avant le conflit. Le 6 mars 1888, Adriano Lemmi, Grand Maître du Directoire Politique du Palladisme, adressait, de Rome, une "voûte" (circulaire) aux chefs du Rite suprême, ordonnant de procéder à ces campagnes.
Le désarmement pour la Paix, disait-i1, la Paix pour la Justice maçonnique et la Justice pour le bonheur maçonnique de l'Humanité.
(Bulletin Officiel de Charlestown - Tome VIII, cité par la RISS).
Non seulement cette circulaire n'a pas été démentie (ce qui d'ailleurs ne prouve pas son existence) mais toute une littérature, émanant des basses maçonneries fait appel à ce pacifisme au nom de la Démocratie universelle que devait couronner la Société des Nations. Ces appels sont passés dans l'Histoire.
Voici mieux encore: la guerre qui devait anéantir l'Autriche, abattre la dynastie Hohenzollern, abaisser l'Allemagne dont les prétentions devenaient inquiétantes, Saint-Yves d'Alveydre y fait allusion dès 1890 et cette guerre qui devait généraliser les régimes démocratiques est annoncée en 1894, dans la protestation des Hauts-Maçons palladistes américains lorsque, précisément, Adriano Lemmi, après la mort d'A. Pike, veut faire transférer à Rome les archives du Directoire dogmatique.
Si le palladisme (dogmatique) est transporté à Rome (l'exécutif politique y est déjà) voilà les archives centrales et les plus saintes choses en péril d'un coup de main dans le cas d'une conflagration subite... Le transfert à Rome... ne pourrait être effectué sans danger que si, dans l'Europe entière, tous ses États étaient républicains, ...conformément au plan de 1860 qu'il s'agit de réaliser au moyen de la grande guerre du XXe siècle et sous l'hégémonie maçonnique: États-Unis, d'Europe.
Nous ne savons pas si les archives du Pontificat dogmatique (c'est ainsi qu'on l'appelait) ont été transférées mais voilà bien la thèse américaine des États-Unis d'Europe opposée à la thèse du Fédéralisme européen exposée par Saint-Yves d'Alveydre. Voilà aussi la soutenance très palladiste du leadership américain pour la démocratie universelle. Voilà surtout l'annonce de la grande guerre appelée à transformer de nouveau l'Europe. Cette protestation, disons-le tout de suite, est tirée d'un ouvrage du Frère-Maçon Margiotta, transfuge de la Haute-Maçonnerie et, à cause de cela, très contesté bien sûr par les hautes sectes. 11 n'y a qu'un malheur, c'est que la même année, Léon XIII dans une de ses lettres s'indignait de voir la Haute-Maçonnerie siéger à Rome même. Ce qui n'est pas niable, c'est l'annonce, dès 1912, par du Paty de Clam, des dangers que courait l'Archiduc d'Autriche Ferdinand assassiné à Sarajevo en 1914. Ce qui n'est pas moins troublant ce sont les allusions à cette fin tragique faites par le Colonel House des Masters of Wisdom quatre ans avant l'attentat dont on lira les détails dans le remarquable livre de M. de Poncins sur la Franc-Maçonnerie. Ce qui n'est pas moins troublant encore, c'est cette réunion exceptionnelle de Saint Simon's Island, en 1913, dont nous parlerons plus loin et qui constitue le premier essai des assises des futurs Bilderbergers.
Et c'est enfin la réunion des maçonneries alliées, à Paris, en 1917 pour exploiter les résultats de la guerre, après le refus des propositions de paix formulées par Benoit XV, puis par Charles IV d'Autriche, par l'intermédiaire des Princes Sixte et Xavier de Bourbon-Parme. Refus spécifiquement maçonnique, pour forcer les belligérants, fût-ce au prix de milliers et de milliers de morts supplémentaires, à accepter leur propre paix! le nouveau découpage de l'Europe, de nouvelles nationalités (Yougoslavie, Thécoslovaquie) de création maçonnique avec les Massarik ou les Frères-Maçons Bénès.
Sur toutes ces ruines accumulées, le Frère-Maçon Wilson osait dire:
Le Christianisme n'a pas réussi à unir les peuples. Nous réussirons, j'espère, par la Société des Nations.
Chapitre II
L'ÈRE SYNARCHIQUE COMMENCE
LE MOUVEMENT SYNARCHIQUE
En 1917, le Pape fait une proposition de paix. Son offre est repoussée. Une autre proposition est faite alors par Charles d'Autriche et l'Impératrice Zita, aidée de notre côté par deux princes français: Sixte et Xavier de Bourbon-Parme. Cette nouvelle offre, acceptée par Poincaré et Lloyd George échoue, mise en échec par le ministre italien et par Ribot, Président du Conseil français. Des centaines de milliers de morts payent ce double refus que motive l'absence de trois conditions majeures, comprises depuis longtemps dans les buts des Hautes Maçonneries: la destruction de l'Autriche, nation catholique (cette condition faisait déjà partie du programme des Rose-Croix au XVIIe siècle), un plan de Société des Nations, la création de nouvelles puissances, notamment de la Tchécoslovaquie.
Cette dernière condition n'était pas la moindre, comme on le verra à Yalta; c'est pourquoi, en cette même année 1917, les obédiences maçonniques alliées, c'est-à-dire la basse maçonnerie, se réunissent en congrès, à Paris, où l'on décide le sauvetage de l'Allemagne mais pas de sa dynastie, l'écrasement de l'Autriche, un nouveau découpage de l'Europe centrale et surtout la création de la Société des Nations, première ébauche - éphémère - d'un gouvernement mondial. C'est ensuite la Paix de Versailles, à laquelle participent le Fr`re-Maçon Lebey, Grand Maître du Grand-Orient de France, et le colonel House, conseiller de Wilson, membre de la société secrète des Masters of Wisdom, accompagné des premiers éléments du fameux Council of Foreign Relations qui exercera une influence décisive sur la politique mondialiste.
La Russie soviétique est un fait accompli, en exécution d'un plan déjà séculaire, qu'il nous faudra expliquer en un chapitre spécial, à cause de son importance.
Tel est le nouvel état de l'Europe. Comme après 1870, on allait préparer la prochaine étape, MAIS CETTE FOIS - ET CECI EST CAPITAL - il ne s'agissait plus d'agencer un nouveau programme, de mettre sur le métier un autre plan adapté à quelque objectif secondaire; il n'était plus question d'imaginer un dispositif visant à une redistribution territoriale provisoire. Non! Cette fois l'Europe - sinon les autres continents - pièce maitresse dans l'édification du système, était prête à recevoir purement et simplement l'impulsion décisive et à la transmettre.
L'heure était donc arrivée de lancer le MOUVEMENT SYNARCHIQUE dans le public, de travailler la pâte internationale pour y modeler directement le profil du Grand Œuvre sur le plan enfin désocculté, déjà vieux de trois siècles, exposé par le Rose-Croix Coménius, réexposé par Saint-Yves d'Alveydre et qui trouvera son expression modernisée dans le Pacte synarchique.
Dès ce moment, un phénomène curieux se produit. On a donné l'essor au bolchevisme dans un grand pays. À la suite du consortium judéo-germano-américain qui l'a financé, les diplomates alliés se sont prononcés pour l'abdication du Czar. On a donc installé - c'est chose faite - le communisme en Russie. Et voici maintenant qu'on le tient pour un danger! C'en est un, en effet, mais qu'il ne faut pas écarter, anéantir; il faut seulement l'endiguer, le limiter. Il suffirait de rien pour l'étouffer, ne fût-ce qu'en le laissant mourir de l'effondrement économique où il a mené la Russie. Bien au contraire, on le remonte. Son existence est nécessaire, non pas certes pour une immédiate révolution universelle car on élimine rapidement le trotzkysme au bénéfice de Lénine, on réprime impitoyablement le communisme en Hongrie, en Allemagne, en Italie. Mais on a besoin d'une formidable puissance communiste, capable d'accélérer par rayonnement la progression du socialisme en tous lieux (théorie léniniste) et pour fournir un argument à l'inévitable, l'impérieuse transformation synarchique des nations.
Son existence est encore nécessaire au jeu diplomatique qui coupera l'Europe en deux, conformément au plan du Rideau de fer. Son existence enfin constituera pour l'Intelligentsia new-yorkaise un formidable moyen de pression sur l'Occident et sur l'Asie, pour assurer le leadership américain, conformément au dessein initial du Palladisme. On le remonte donc et, tandis que se profile à l'horizon la Nouvelle économie politique (NEP) russe, évocatrice du nom d'Achberg, Président de la Banque Nya de Stockholm, qui en est l'inspirateur, naît un mouvement, organisateur d'une Europe nouvelle, d'apparence opposée au communisme soviétique, qui lui sert de repoussoir, et par conséquent, de point d'appui... Ce mouvement entend tenir compte de l'existence du communisme, diplomatiquement reconnu et qu'on regonfle à grand frais, comme d'une fatalité historique et d'une extrémité à éviter à tout prix. Pour sauver l'Europe, on offre donc à celle-ci la même révolution mais par la technique, un régime semblable mais sous la forme moins brutale de la Synarchie.
Nous sommes en 1922; c'est le Mouvement Pan-Européen, créé à Vienne, par le Comte de Coudenhove-Kalergi.
Celui-ci est de lointaine origine flamande. Sa grand-mère, Marie Kalergi, née en 1860, fut l'amie de Bismarck, de Henri Heine, de Wagner, c'est-à-dire qu'elle vécut dans un milieu passablement initié. Son petit-fils qui nous occupe, né en 1894, de mère japonaise, bénéficie par son ascendance de croisements internationaux variés; il habite Vienne, ce qui ne l'empêche pas, nous dit-il, d'être Français.
En 1923, il crée l'Union Pan-Européenne, édite en 1924 la Revue Pan-Europe. réunit en 1926 en un premier Congrès, présidé par le Frère-Maçon Bénès (Tchécoslovaquie), un Français: Caillaux, Loebe (Allemagne), le Frère-Maçon Nitti (Italie), et Mgr Seipel (Autriche). Il inspire en 1928 au Frère-Maçon Aristide Briand, Président du Conseil, le fameux mémorandum Pan-Européen, adressé à vingt-six gouvernements. En 1931, il édite son Staline et Co, en même temps que Révolution par la technique". Nous voilà donc tout à fait dans la tradition de Fabre d'Olivet et de Saint-Yves d'Alveydre.
Coudenhove-Kalergi a, de plus, ses petites entrées, tout à fait privilégiées, auprès des Chefs d'États, car il n'a pas seulement M. Spaak pour ami et disciple. Lors d'une conférence au sommet, réservée aux chefs de gouvernements des quatre Grands, Coudenhove-Kalergi est invité, lui tout seul, si nous en croyons la presse. Il est reçu à l'Elysée par le Général de Gaulle; il en fait état publiquement, dans une lettre ouverte reproduite par Le Figaro qui publie régulièrement ses petits articles, presque toujours en italique, aux allures de communiqués officiels, et que seuls peuvent parfaitement comprendre les Initiés.
M. de Coudenhove-Kalergi est le porte-parole de la Synarchie en Europe. Sa doctrine, comme celle de Saint-Yves d'Alveydre, est le Fédéralisme international.
En 1922 donc, année de la marche sur Rome, s'organise en France, dans le plus grand secret, le Mouvement synarchique d'Empire (M.S.E.) dont le Pacte sera la charte, tandis que vont graviter, autour de lui, au grand jour, sous l'impulsion de Jean Coutrot, une floraison de groupes européens, telle l'Union douanière (1927) sous la présidence de Briand, qui vient de signer le pacte de Locarno (1) en 1925, avant de lancer son mémorandum (1930) sur le fédéralisme européen. Ces groupes, ce seront encore: la Fédération européenne des Parlementaires (1930), l'Union Jeune Europe (1936) et bien d'autres. Nous n'en suivrons pas la succession.
LE PACTE SYNARCHIQUE
Nous voilà donc bien maintenant dans le mouvement.
Mais le problème ne consiste pas seulement à faire du bruit, un bruit qui n'aurait sans doute pas, dans le public, la résonance que l'on désire. Pour garder le ton juste, il faut un diapason; il faut aussi des chefs pour conduire les différents orchestres, bien formés, les uns Initiés, les autres qui s'ignorent. Le Pacte synarchique pour l'Empire Français, dont il faut placer l'apparition dans la clandestinité en 1935, est maintenant bien connu. Sa découverte, dans une loge martiniste de Lyon, remonte à 1941 (2) et depuis, il a fait l'objet de deux publications dont la plus récente dans l'ouvrage de M. Coston Les Technocrates de la Synarchie. Mais, à l'époque, il n'était destiné qu'aux adeptes signataires de l'engagement dans le Mouvement. Chef-d'œuvre, comme tous les documents de ce genre, d'occultisme déguisé, le langage du Pacte, quoique s'adressant à des profanes n'est vraiment compréhensible que pour les occultistes et ne s'éclaire que par un autre document contemporain, le Schéma de l'Archétype social, beaucoup moins connu et, lui aussi, d'origine martiniste.
Ne nous occupons présentement que du contenu du Pacte relatif à l'organisation du Gouvernement mondial. Il garde la tradition des trois conseils de base, envisagés par les anciens Rose-Croix avec la modification par Saint-Yves d'Alveydre: Conseil des Églises (culturel), Conseil des États (politique), Conseil des Communes (économique). À ce dernier, il attribue plus particulièrement la fonction emporocratique préconisée comme moyen et non comme fin de gouvernement par Fabre d'Olivet en 1824. Quoi que puissent dire des origines récentes de la Technocratie, les plumitifs attitrés des revues économiques, c'est bien là qu'il faut en chercher l'inspiration et les motifs profonds. Et Fabre d'Olivet, loin d'être économiste, cultivait les sciences occultes.
Nous sommes obligés de constater, malgré toutes les dénégations, que les fameux financiers qui mènent le monde ne font que mettre en œuvre, dans leur intérêt bien sûr, les théories des sociétés secrètes sises de part et d'autres de l'Océan et chez nous, plus particulièrement, celles qui ont été mises en forme par le grand scoliaste de la Synarchie ésotérique Saint-Yves d'Alveydre. Il faudrait être aveugle pour ne pas voir les ressemblances entre ces théories plus que séculaires et les réalisations: l'O.N.U., l'U.N.E.S.C.O., le primat de l'économie, ce dernier consacré d'ailleurs par les réunions secrètes que décrira un prochain chapitre. Comme un miroir fidèle, les textes du Pacte synarchique reflètent la complicité de l'humanisme initiatique avec l'impérialisme financier, israélite en majeure partie. L'imperium mundi (la domination universelle) ne peut d'ailleurs se concevoir dans ses principes, ses moyens et sa durée, sans un dogme, non pas seulement philosophique mais quasi-religieux, qu'implicitement invoquent les vedettes de la politique et de l'économie. Ce furent, en effet, Albert Pike et Adriano Lemmi qui, en 1888, lancèrent dans les loges maçonniques européennes la campagne du pacifisme universel qui devait aboutir à la Société des Nations. Jacob Schiff, Kuhn, Loeb et Warbourg ont financé la révolution de 1917, mais ce sont bien des groupes maçonniques qui ont fait en Russie les travaux de sape et creusé les puits de mine. Si, à présent, les maîtres de l'or brassent le monde, désarticulent l'Europe, c'est encore parce que l'idée synarchique fit son chemin dans tous les cercles hermétiques avant d'apparaître en public en 1922. Nous pouvons affirmer, en toute certitude, qu'un Jean Coutrot, par exemple, dont certains partenaires sont aujourd'hui sur le théâtre politique, n'avait pas seulement dans l'esprit une technocratie neutraliste du Gouvernement mondial mais bien une église universelle syncrétiste. Ne faut-il pas qu'il en soit ainsi pour en arriver à une formule de ce Gouvernement mondial comprenant:
Un ordre social économique de tous les peuples
Un ordre culturel de toutes les nations
Un ordre fédéral de tous les empires
Au sein d'une réelle Société des Nations dont la loi soit basée justement sur les profondes réalités de la vie culturelles du monde.
(Pacte Synarchique n° 591)
Le Pacte, on le voit, de même que les précédents documents depuis le XVIIe siècle, insiste donc, lui aussi, sur l'importance, dans l'ordre hiérarchique, de la Primauté du Spirituel, expression qu'on lit en toutes lettres dans son texte, tout en donnant la priorité, dans l'ordre chronologique, à l'organisation économique. À ce dernier point de vue, on y trouve d'amples développements sur les Technocraties nationale et internationale et, à cette nouveauté, s'ajoute la part faite au fascisme, au national-socialisme, à la décolonisation (qui s'opérera plus tard) et enfin à la division géopolitique du monde en cinq grandes sociétés mineures pourvues de leur gouvernement placé, bien entendu, sous l'autorité du Gouvernement mondial. Ces cinq divisions les voici: la Pan-Eurafrique (Europe et Afrique), l'U.R.S.S. et ses possessions européennes (à l'intérieur du Rideau de fer non encore réalisé), les Nations Pan-Asiatiques, l'Angleterre et son Commonwealth, la Pan-Amérique. Ici, une remarque essentielle s'impose: nous sommes en 1935, le leadership américain n'y est ni reconnu ni mentionné. La doctrine des Hautes Maçonneries européennes - le Martinisme en particulier - se règle donc exactement sur le désaccord de 1893 que nous avons signalé à propos des prétentions du Palladisme.
Cette période d'après guerre, entre 1918 et 1940, est une période relativement favorable à la politique anglaise.
La part réservée dans le Pacte à l'Angleterre - qui n'est pas encore à la remorque des États-Unis comme elle le sera en 1944, ainsi que l'annonçait Andrew Carnegie, dans la page que nous avons citée - cette part, disons-nous, est très belle: on ne touche pas à ses Dominions. Ainsi, ce que nous avons appelé le Gaullisme avant la lettre, cette réaction anti-américaine de très hautes instances initiatiques européennes, subsiste toujours à l'état d'opposition. Elle ne se manifestera que plus tard par la politique que nous connaissons.
Mais d'ores et déjà, une autre opposition s'élève contre la domination en perspective des Hautes Maçonneries anglo-saxonnes; c'est celle des Maçonneries prussiennes et de l'Hitlérisme grandissant.
La guerre est inévitable.
L'ÉTENDARD NOIR, BLANC, ROUGE.
LA GUERRE DE 1940.
En 1922 apparaissait donc le Mouvement synarchique européen.
Cette même année précisément et non pas par l'effet du hasard se produisit un événement ignoré du public. Trois Hautes Loges-mères d'obédience prussienne se retiraient de l'Union des Grandes Loges allemandes. Que signifiait donc ce retrait?
À cette époque, il y avait deux groupes de loges en Allemagne: les loges Vieux prussiennes, nationalistes, aristocratiques, voire militaires et anti-juives, se référant au johannisme maçonnique, aux traditions templières de l'époque de Frédéric II le Grand et les loges humanitaires se rattachant aux constitutions d'Anderson (maçonnerie universelle).
Le premier groupe s'opposait au second dans cette Allemagne révolutionnaire de 1918 comme il s'opposera à un troisième groupe international qui vit le jour en 1930. Il s'y opposait, non pas en considération du Grand Œuvre, BUT FINAL, ESSENTIELLEMENT ANTICATHOLIQUE DE LA MAÇONNERIE, mais en raison du traité de Versailles qui favorisait la domination judéo-anglo-saxonne dans les mouvements européens et mondialistes.
Dès 1922, les "Alt-Prussische" avaient replacé sur leurs murs l'étendard noir, blanc, rouge.
L'Hitlérisme allait faire son entrée. Et il allait faire sa fortune pour quatre motifs qui n'excluent pas d'autres facteurs, bien entendu, mais qui, dans l'ordre international, ont une grande importance.
Premier motif: c'est le traité de Versailles dirigé contre les Hohenzollern, n'entendant pas démolir l'Allemagne, comme il avait fait de l'empire austro-hongrois. Cependant, il l'avait laissée en proie à la révolution et le bolchevisme s'empara de l'Allemagne en 1918. Or, l'extension militaire et politique du régime soviétique dans toute l'Europe centrale n'était pas alors désirable. Trop d'intérêts s'y opposaient, surtout anglais, même américains et, d'autre part, la rapide expansion d'un communisme panslave - qu'on aurait pu étouffer dans l'œuf - ne correspondait pas au rôle qu'on attendait de lui. Il fallait le contenir. Lady Queensborough, dans son intéressant ouvrage Occult Theocracy, a noté le fait:
Après la guerre européenne de 1914, certaines banques, conscientes de la menace du satanisme, rebaptisèrent le bolchevisme de crainte que le monstre ne leur échappât des mains. Elles choisirent certains hommes dont l'intégrité, le patriotisme et le courage leur donnaient confiance et, leur payant un salaire, les tinrent prêts, comme un noyau, pour se rallier à un chef au signal donné.
(Tome l, page 619)
De fait, si l'on s'en réfère à ce que le Charivari nous dit d'un livre: Sources financières du National-Socialisme, paru à Amsterdam en 1933 dont tous les exemplaires disparurent et auquel il n'a pas été donné de démenti, dès 1929 la Guarantee Trust cherchait un homme pour faire une contre-révolution nationale. Elle trouva Hitler. Son premier versement aurait eu lieu chez les banquiers allemands Mendelshon. Il y aurait eu des rencontres. La grosse affaire aurait été financée ensuite par la Guarantee Trust, Deterding, Président de la Royal Deutsh (Shell, B.P., etc.) toujours par l'intermédiaire de Mendelsohn puis de la Rotterdamshe Bank et du Banco Commerciale Italiano.
Ce livre, qui avait pour titre hollandais Dree Gespreeken met Hitler, avait pour auteur Sidney Warbourg, l'homme dont la banque avait financé, avec d'autres, la Révolution russe de 1917!
Deuxième motif: Hitler au pouvoir et les dirigeants du Reich n'ignoraient pas, loin de là, le vaste plan de la Synarchie mondiale, le leardership américain, l'avenir promis à la Russie soviétique ni même la future intervention de la Chine. Saint-Yves d'Alveydre, qui détenait de redoutables secrets des Sectes et dont le système, on l'a vu, se présente comme le prototype de l'opposition au leadership américain, écrivait déjà en 1890:
Une coalition pour écraser non seulement les Hohenzollern mais l'Allemagne? Mais les Indes seraient déjà perdues pour les Anglais! Le tout au profit de qui en somme? De personne en Europe mais de l'empire chinois à l'Est, de l'Amérique à l'Ouest, de l'Islam au Sud.
Hitler, qui savait tout cela, n'avait donc aucun mérite à écrire, en 1928, que le: rassemblement de tous les peuples européens n'évitera pas pour autant l'hégémonie américaine et que le premier rival pour cette union américaine serait d'abord la Russie d'aujourd'hui et plus encore la Chine avec plus de quatre cents millions d'hommes. (3)
Troisième motif: fort de précédents historiques célèbres, Hitler ne croyait pas à une union européenne unifiant les peuples sur la base et par les moyens de la Synarchie. Pour lui, il y fallait un fédérateur, c'est-à-dire un conquérant.
Tenter de réaliser l'Union pan-Européenne par l'union purement formulée des peuples européens sans qu'elle ait été imposée par une puissance prédominante en Europe... cela conduirait à une entité dont toute la force et l'énergie seraient absorbées par des rivalités et des querelles intérieures comme le fut jadis la force allemande dans la fédération allemande.
Derrière Hitler il y avait, alors, pour aiguiser le désir de voir l'Allemagne imposer cette union (exclusive du condominium anglo-saxon) Lanz, théoricien du National-Socialisme et du racisme aryen, la fameuse société secrète le Groupe Thulé, puis les maçonneries nationalistes et anti-juives, soi-disant dissoutes, mais regroupées dans l' Ordre National Chrétien de Frédéric le Grand. Le nationalisme pangermaniste se réveillait, animé par tout l'appareil secret du nouveau Reich, en opposition rituelle, raciale, avec la Maçonnerie internationale et en état de défense agressive. Et cela d'autant plus que:
Quatrième motif: les dirigeants de ce Reich ne pouvaient pas ignorer le futur démembrement de l'Allemagne (Rideau de fer) au profit de l'Union des Républiques socialistes Soviétiques tel qu'il avait été décidé depuis le milieu du XIXe siècle. De ce point de vue, la seule politique extérieure du régime ne pouvait être que la reprise de la politique de Mitel Europa, sous une autre forme: l'affirmation contraire au panslavisme, l'irrédentisme allemand prévenant les réalisations en cours, depuis 1918. Hitler prit cette avance; il obtint l'évacuation de la Rhénanie, fit une pression électorale énorme pour récupérer la Sarre; reprit Dantzig et annexa l'Autriche, les Sudètes et la Bohême.
En 1938, le Reich hitlérien, comme le Reich impérial de 1913, dépassait à son profit les objectifs au-delà desquels le Grand Œuvre de la Maçonnerie Universelle eût été compromis à commencer par la mise en échec du plan de Confédération soviétique de l'Est européen (voir le chapitre: Rideau de Fer) et surtout la domination mondiale de la Maçonnerie universelle (4).
Alors, la Jacob Schiff, Kuhn et Loeb se mit en mouvement au service de l'Intelligentsia entourant le Frère-Maçon Roosevelt. La Pologne dont Hitler voulait s'assurer fut le piège et l'homme de la situation fut William Bullit, diplomate, ancien agent de la Schiff, Kuhn et Loeb; il pérégrina à travers l'Europe pour pousser à la déclaration de guerre que le Frère-Maçon Groussier, alors Grand Maître du Grand Orient de France, disait avoir été exigée par New-York (5).
Et ce fut la guerre.
Le Reich hitlérien, avec ses Hautes Maçonneries rosicruciennes, prétendait, lui aussi, à un imperium européen férocement anticatholique. Mais la nouvelle défaite allemande amenait les accords de Yalta et, finalement, la maîtrise définitive du leadership américain, voulue par la Maçonnerie Universelle et dont le peuple des États-Unis n'était évidemment que peu informé. Et la prédominance américaine a toujours favorisé la Russie soviétique.
Notes:
(1) LOCARNO, où fut négocié le pacte précédant le mémorandum synarchique de Briand, est un haut lieu des Hautes Sociétés secrètes el cela de tradition. En octobre 1872 - encore cette année-là - y fut tenue une réunion secrète des principaux de la Maçonnerie italienne, avec Félix Pyat el Kossuth, autant dire l'équipe de Mazzini et, par conséquent, d'Adriano Lemmi, flanquée du général prussien Etzel. Il y fut question de la destruction de l'AUTRICHE-HONGRIE et du renversement ultérieur de la dynastie des Hohenzollern.
En août 1917, à Ascona, sur l'autre bord de la Magia, à quelques coups de rames de Locarno, sur le Monte Verita, se tint encore une réunion secrète de l'Ordre du Temple d'Orient (O.T.O.) de l'Hermetic Brotherhood of Light (H.B.L.) et de la Grande Loge anationale et du Temple mystique, où l'on s'entretint de l'instauration d'un Ordre nouveau du monde. Comme par hasard, la formule est semblable à celle du Mage, ami de Roosevelt, qui figure sur le monument américain de Saint-Laurent-sur-Mer: Novus ordo saeculorum.
Nous ne parierions pas qu'une autre réunion ne se soit tenue au même endroit, il y a quelques années.
(2) L'Ordre martiniste et synarchique ayant actuellement ses principales assises en Grande-Bretagne et dans le Commonwealth, au dire de Philippe Encausse, fils de Papus (La Tour Saint Jacques - Trimestres 2-3-4 1960) semble s'être expatrié en Angleterre, au moment de l'occupation, car il était bien vivant en France en 1940.
À cette époque, la presse a fait état de divers événements qu'il convient de rappeler.
Le 25 septembre 1941, le Pacte synarchique fut découvert à Lyon, dans une Loge de l'Ordre Martiniste (la première branche du Martinisme, se disant régulière et traditionnelle) sous la Grande Maîtrise de Chevillon.
Mais auparavant, deux morts successives et mystérieuses avaient été remarquées. Le 23 avril 1941, le secrétaire de Jean Coutrot, chef visible de tant d'organismes pré-synarchiques, mourait subitement en Bretagne et ses papiers personnels disparaissaient peu après, au cours d'un déménagement de sa mère (d'après les «Technocrates et la Synarchie» par J. Coston).
Le 19 mai 1941, c'était le tour de Jean Coutrot. On ne sait pas s'il fut trouvé mort dans son lit ou s'il fut relevé agonisant sur le trottoir devant son domicile, s'il s'agit d'un suicide ou d'un meurtre (id).
Enfin le 24 mars 1944, Constant Chevillon, mystérieusement enlevé de son domicile, fut retrouvé quelques jours après tué d'une balle dans la nuque (id).
Mais l'entreprise dépassait de beaucoup ces hommes et un pays.
(3) Voir plus loin le chapitre sur la Chine.
(4) Telle est bien l'une des causes principales - sinon la principale - de la guerre. Nous en trouvons la preuve dans un article de Walter Lippmann, confirmant les affirmations de la lettre de 1943 du Frère-Maçon Roosevelt qu'on lira au chapitre suivant, Walter Lippmann, toujours très qualifié en ces matières, écrit:
LE PROBLÈME EUROPÉEN, EN 1939, RÉSIDAIT DANS LE FAIT QUE LES NAZIS VOULAIENT S'EMPARER DES VIEILLES NATIONS DU CONTINENT EUROPÉEN.
(Washington Post et le Figaro 22 juillet 1966).
(5) Le Grand-Orient avait adressé à Roosevelt une lettre lui demandant de s'interposer pour éviter la guerre. Cette obédience qui n'est pas agréée par la Grande Loge d'Angleterre est en désaccord, sur bien des points, avec les Maçonneries anglo-saxonnes et l'Écossisme. Ainsi s'explique sa démarche et la déclaration du Frère-Maçon Groussier. D'autre part, un certain nombre de ses membres sont favorables, au communisme.
LA MAÇONNERIE UNIVERSELLE ET LE PALLADISME
Et d'où venait cette assurance? à cette époque?
Pas seulement du transfert à New-York, en cette même année 1872, du siège du Conseil Général de l'Internationale de Karl Marx qui allait prendre l'essor que nous savons;
•pas seulement de l'implantation aux États-Unis quelques années auparavant et de l'ascension vertigineuse du groupe bancaire Jacob Schiff, Kuhn et Loeb, qui financera la Révolution de 1917;
•ni même de l'installation à New-York, depuis 1867, de l'Alliance démocratique universelle de Mazzini, malgré l'importance de son rôle immédiat dans les mouvements révolutionnaires jusqu'en Pologne et en Russie, par l'intermédiaire des réseaux de Bakounine;
•pas seulement de la création à New-York en 1843 de ia fameuse société secrète, exclusivement juive, les B'nai Brith.
Cette assurance trouvait son fondement dans cette concentration, bien sûr, mais aussi dans l'évolution des sociétés secrètes et surtout sur l'appareil de Haute-Maçonnerie Universelle, dont la paternité revient à Albert Pike et à Mazzini: LE PALLADISME, fondé par eux, en ces mêmes États-Unis.
Mazzini, nous l'avons vu, âme des révolutions italiennes, chef de la Jeune Italie puis de la Jeune Allemagne et enfin de la Jeune Europe, lançant ses émeutiers - ou ses assassins - contre les rois et les princes de la péninsule et surtout à l'assaut DU POUVOIR TEMPOREL DU PAPE, avait fait partie, en raison de son grade éminent dans la Haute-Maçonnerie, du Comité Révolutionnaire International, siégeant alors à Londres. Ce Comité avait joui de la haute protection du Très Illustre Frère Palmerston, ministre de la Reine Victoria, lequel tenait en ses mains les fils de la diplomatie européenne. Palmerston était mort en 1865 après une carrière diplomatique que son autorité dans la Franc-Maçonnerie avait plus que secondée, surtout dans sa lutte sournoise contre la PAPAUTÉ et dans ses manœuvres contre l'Autriche et la France en faveur de la Prusse. Mais Mazzini avait le génie de la conspiration; son grand dessein était d'instaurer la République universelle à l'aide et sous le pouvoir invisible des Maçonneries mondiales, menées elles-mêmes par une puissance plus haute, cachée aux Loges inférieures. Ce rêve unificateur n'était pas nouveau; on avait songé à une fédération qui, devant la disparité des Maçonneries, le pullulement des sectes, était restée vaine. Son idée semblait meilleure et correspondait mieux à la secrète et autoritaire hiérarchisation maçonnique.
Il n'eût rien pu faire sans une autre intelligence plus machiavélique peut-être: Albert PIKE.
Mazzini trouva alors aux États-Unis des appuis qui l'amenèrent à entreprendre avec Pike la centralisation de l'action maçonnique internationale, au moyen d'une société secrète: le NOUVEAU PALLADISME. À sa mort en 1872, Albert Pike poursuivit l'entreprise. Né à Boston en 1809, mort à Washington en 1891, celui-ci était un théurgiste luciférien; il avait d'abord exercé son activité sur le rite écossais, dont il faisait partie comme Souverain Grand Commandeur du Suprême Conseil de Charlestown. Le Palladisme, supérieur aux Suprêmes Conseils, société très secrète, inconnue des Francs-Maçons, souvent même des plus élevés en grade, se composait d' "émérites" qui, selon le procédé classique, devaient exercer leur influence à l'intérieur des Loges et diffuser les consignes par noyautage. Pike fut membre d'honneur de la plupart des Suprêmes Conseils du monde. Il reçut cette dignité du Suprême Conseil de France en 1889.
Ainsi fut organisée la Haute-Maçonnerie universelle. À la mort de Pike, en 1891, le Suprême Directoire du Palladisme, siégeant à Charlestown, supervisait secrètement les maçonneries américaines, l'Écossisme mondial; il étendait ses ramifications invisibles au sein de la plupart des grandes obédiences. La chose est particulièrement sensible pour l'Écossisme. Dès 1875, un traité d' "Alliance et de Confédération" avait été signé par tout un ensemble de Suprêmes Conseils avec l'adhésion de celui de Charlestown. Et cette année là, celui de France pouvait dire en rendant compte du Congrès:
La maçonnerie écossaise, obéissant à une même loi, devient une force immense... Elle semble peut-être se trouver en mesure, par son organisation universelle, de lutter avantageusement contre l'esprit antilibéral qui menace les conquêtes légitimes de la société humaine.
(Résumé officiel des travaux du suprême Conseil de France - 1875)
Depuis ce moment, se tiennent périodiquement des Conférences internationales des Suprêmes Conseils où celui de Charlestown a les honneurs du premier rang.
Désormais, par une action plus synchronisée, les maçonneries tendront vers le but fondamental décidé une fois pour toutes: le Gouvernement mondial (Contre-Église), visible dans ses institutions publiques internationales, invisible , quant à sa haute hiérarchie.
LA SYNARCHIE EN EUROPE
Saint-Yves d'Alveydre
L'importance majeure du PALLADISME n'a pas empêché dans le même temps la naissance, en Europe, de très hautes sociétés secrètes. Leur existence et leur action, non seulement sur la politique générale et sur l'évolution du Modernisme en matière religieuse (3) mais aussi sur l'orientation de la Maçonnerie universelle, ne peuvent être passées sous silence sous peine de rendre inintelligible le mouvement mondialiste qui va se développer aussitôt mais surtout après la guerre de 1914.
Leur place est telle, dans l'histoire récente, qu'elle n'est pas étrangère à un conflit entre puissances maçonniques qui, dès 1893, a provoqué, concurremment avec les intérêts financiers internationaux, une opposition tenace entre les points de vue politiques des États-Unis et de l'Europe et que nous ne saurions mieux appeler qu'un Gaullisme avant la lettre.
ROSE-CROIX ET MARTINISTES
Et d'abord, quelles sont les principales de ces sociétés secrètes?
C'est, en 1865, l'année même de la mort de Palmerston, la fondation en Angleterre de la "societas Rosicruciana in Anglia" (Société rosicrucienne en Angleterre) dont Wegscott, maçon Kabbaliste est le Mage Suprême. La résurgence du Rosicrucisme, à cette époque, a un caractère déterminant, car cette tradition des anciens Rose-Croix du XVIIe siècle va jouer, en bien des cas, dans l'Europe maçonnique et sous diverses formes, un rôle concurrentiel avec le Palladisme. Le Rosicrucisme a cette particularité de donner accès à tous les ésotérismes qu'il assimile et dirige vers son but suprême: ABATTRE LA CROIX DE NOTRE-SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST. Dès l'origine, on trouve tout en lui, nous dira Sédir son historien: la Gnose, la Kabbale, le Manichéisme et cet appel constant aux théurgies orientales. C'est pourquoi cette date initiale de 1865 nous parait importante.
En France surtout, l'esprit rosicrucien continue à vivre sous une forme modernisée dans la tradition martiniste, tandis qu'en Allemagne, le souvenir des Illuminés de Weishaupt hante beaucoup de francs-maçons. C'est précisément dans les milieux martinistes que, dès 1885, on remarque particulièrement Saint-Yves d'Alveydre qui, deux ans plus tard, deviendra l'ami de Gérard Encausse, autrement dit du Mage Papus. Saint-Yves d'Alveydre passe alors pour un des interprétateurs les plus réputés de la Kabbale et son ouvrage "L'Archéomètre" est préfacé par Papus qui dit lui-même dans cette préface:
Comme sociologue, Saint-Yves d'Alveydre a consacré la plus grande partie de sa vie à la défense et à la diffusion d'une certaine forme d'organisation sociale: la SYNARCHIE.
Entre Papus et Stanislas de Guaïta, Saint-Yves d'Alveydre, né en 1849, mort à Pau en 1909, s'est adonné en effet à l'ésotérisme et à l'histoire, mais à l'histoire arrangée de la façon la plus extravagante pour élever la Synarchie à la hauteur d'un régime théocratique remontant aux plus anciennes traditions. Notons ses ouvrages: Mission des Souverains (1882), Missions des Ouvriers (1882), Missions des Juifs (1884), Mission des Français (1887), Mission de l'Inde (posthume).
En 1888, apparaissent deux autres Sociétés rosicruciennes, très virulentes, issues, par des voies différentes du premier tronc. En Angleterre, les Golden Dawn (l'Aube d'Or) qu'anime Grégor Mathews, à qui sa femme, sœur de Bergson, le philosophe des modernistes, sert de médium - entretiennent d'étroits rapports avec les Illuminés d'Allemagne, notamment, mais non pas exclusivement, par la "Stella Matutina ", société luciférienne des plus fermées.
En France donc Stanislas de Guaïta, l'auteur de l'Essai de sciences maudites, ami de Saint-Yves d'Alveydre, fonde l'Ordre Kabbalistique de la Rose-Croix en 1888. La première Chambre de Direction comprenait avec lui Joséphin Péladan qui fondera plus tard une société rose-croix chrétienne et même... catholique, Gérard Encausse (Papus), Maurice Barrès, Augustin Chaboseau, Paul Adam, Julien Lejay, Charles Barlet, le Dr. Lalande (Marc Haven), Yvon Leloup (Sédir), Georges Moutier, Lucien Chamuel, Maurice Barrès, ami de Guaïta, se retira aussitôt, en raison de ses convictions religieuses.
Trois ans plus tard, en 1891, Papus rénovait l' "Ordre Martiniste ". L'Ordre Kabbalistique de la Rose-Croix s'abritait dès lors, dans un secret plus impénétrable, derrière cette nouvelle création qui, en 1898, comptait 94 Loges en Europe dont 27 en France. Il y en avait 19 en Amérique du Nord et du Sud.
Pendant ce temps, en Allemagne, d'autres groupes s'unissent, par des liens divers, à tous ceux-ci. Le plus important, avec la Société Anthroposophique de Rudolf Steiner et ses Rose-Croix illuminés dont il se dit l' "Imperator ", sera une création de Théodore Reuss et d'Aleister Crowley: l' "Ordre du Temple d'Orient" (O.T.O. - Ordo Templi Orientis) 1895. Théc·dore Reuss y professe un nouveau christianisme adamiste, c'est-à-dire du plus répugnant naturalisme qu'aggraveront les excès d'Aleister Crowley sorti des Golden Dawn, sataniste, expulsé de partout à cause de la trop grande notoriété de ses scandales. Il y a du politicien dans le groupe de Rudolff Steiner et dans l'O.T.O., en plus des prétentions moralistes et éducatrices de l'anthroposophisme et du naturisme de l'O.T.O. Il y en a tout autant dans la fameuse Société Théosophique, créée par la Soeur-Maçonne Annie Besant pour vulgariser en Occident les mystérieuses pratiques de l'Hindouisme; elle travaillait avec Nehru, décédé récemment et Krishna Menon, deux vedettes de la politique asiatique.
Ne croyons pas que toutes ces sociétés, en apparence si différentes, souvent opposées, parfois s'anathématisant l'une l'autre, n'aient aucun point commun, aucun lieu de rencontre. Il en est deux, au contraire, qui remplissent particulièrement le rôle de liaison: l'une, d'origine américaine, rejoint l'appareil imaginé par Pike; elle a joué un rôle extrêmement important qui se prolonge actuellement dans les combinaisons politiques et les mouvements internationaux d'union mondiale pour le Fédéralisme de la planète: c'est l' "Hermetic Brotherhood of Light" (H. B. of L.). L'autre, peu nombreuse, travaillait à l'union doctrinale des différentes conceptions mystiques des sectes, à leur rencontre dans la "Philosophie de l'Unité", afin d'infuser celle-ci, dans les maçonneries, et par les maçonneries, dans la masse des profanes: c'est l'Ordre de Memphis.
Voilà donc, dès cette époque, comment s'accomplit la tâche primordiale, initiale, ultra secrète de la Synarchie. C'est par exemple, dans l'Ordre de Memphis qu'on retrouve alors Mme Blavatsky et Leadbeater (Théosophie), Spencer Lewis (Anthroposophie), Théodore Reuss (O.T.O.), des dignitaires de l'H. B. of L., des occultistes français, par ailleurs martinistes. Et c'est là que nous allons retrouver le fil de la Synarchie, mais c'est surtout par le Martinisme qu'elle va prendre, en Europe, la forme que nous lui connaissons.
SAINT- YVES D'ALVEYDRE
C'est par ses Loges que se propagea le complot synarchique.
Nous en connaissons la doctrine par les œuvres de Saint-Yves d'Alveydre. Mais c'est ici qu'il importe de rappeler les textes du Rose-Croix Coménius, textes que nous avons cités dans notre Introduction. Saint-Yves n'est ni un novateur, ni un inventeur du gouvernement synarchique. Dépositaire et vulgarisateur, il n'a fait que mettre en lumière à l'heure prévue le plan d'imperium universel imaginé, dès l'origine, par la Contre-Église et inexorablement poursuivi. Et cette heure enfin propice - ne l'oublions pas c'était après 1870, après la chute du POUVOIR TEMPOREL DU PAPE, dont les sectes se croyaient désormais sûres d'abattre le pouvoir spirituel. (4)
Avec ces sociétés secrètes, Saint-Yves, en réaction contre les prétentions absolutistes du Palladisme venu d'Amérique, n'écrit, pour l'Europe, qu'une sorte de contreproposition qui ne s'oppose pas au dessein général des sectes; mais le système qu'il préconise n'est pas moins universel; son schéma européen de Gouvernement s'applique tout aussi bien à tout mouvement mondialiste, mais avec une logique plus rigoureuse.
Voici, dit-il, en procédant hiérarchiquement, l'ordre et le nom de ces organes à constituer, pour fonder le gouvernement général de l'Europe:
1° - Le Conseil européen des Églises nationales;
2° - Le Conseil européen des États nationaux;
3° - Le Conseil européen des Communes nationales.
(Mission des Souverains - page 417)
Il poursuit en expliquant:
Le premier Conseil doit représenter la vie religieuse et intellectuelle, la Sagesse et la Science (5); le second Conseil doit représenter la vie politique et juridique, l'équité et la Justice; le troisième Conseil doit représenter la vie économique, la Civilisation et le Travail.
Remarquons une modification due à la modernisation du plan déjà vieux des Rose-Croix: là où Coménius parle et d'un Conseil Culturel et de l'universelle Église, Saint-Yves d'Alveydre ne voit qu'un Conseil à la fois religieux et culturel ; il complète alors le Gouvernement trinitaire par un Conseil économico-social, que requiert le développement de l'économie moderne. Ses successeurs technocrates maintiendront cette division. Mais - comme lui et comme l'ancêtre Coménius - s'ils estiment que "hiérarchiquement" leur Super-Église doit dominer l'ensemble, ils décideront cependant, à la suite de Saint-Yves d'Alveydre que, dans la pratique, on devra commencer par l'organisation économique. C'est exactement le processus que nous avons aujourd'hui sous les yeux, manifesté avec une telle clarté qu'on ne peut nier, comme on a tenté de le faire dans le but de cacher les origines occultes de la synarchie, la parenté des théories de nos synarques modernes avec l'œuvre de l'auteur des Missions.
Ce primat donné à l'économique a d'ailleurs un autre but caché, voulu. En donnant, dans l'ordre chronologique, à l'unité mondiale une base matérialiste, il coupe l'humanité de son recours normal au véritable fondement de son unité: LE CHRIST ET SON ÉGLISE, préparant ainsi l'humanité à accepter ensuite la suggestion d'un autre spiritualisme, puis la sujétion de l'universelle religion des sectes hiérarchisées secrètement jusqu'au Luciférianisme. (6)
La vulgarisation du système par Saint-Yves d'Alveydre ne fait que désocculter partiellement celui-ci, laissant deviner, à qui veut l'entendre, un ésotérisme plus profond. Il s'est expliqué, dans l'Introduction à la "Mission des Juifs ", et de cette vulgarisation et de cette partie secrète:
J'en témoigne déjà dans deux œuvres précédentes
et dans celle-ci. Le reste, en mains sûres dans plusieurs pays, est à l'abri des coups qui pourtant n'empêcheront rien de ce qui doit s'accomplir.
"Ce que je réserve comme ésotérisme, dans mes œuvres, ne sera livré qu'à la première chambre indiquée dans mes deux livres précédents.
Il le répète ailleurs:
Toute la partie ésotérique dont j'ai parlé dans la préface est réservée en lieux sûrs et sera donnée à la première Chambre de la Svnarchie européenne.
Sans doute, la diffusion progressive de certains principes d'union européenne ou de transformations sociales planificatrices, sous le couvert de l'humanisme, ne faisait de soi aucun mystère. Ces principes firent école dès la mort de Saint-Yves avec les décades de Pontigny, créées en 1910. Ils se manifestèrent, plus nettement accusés quand, en 1922, le "mouvement synarchique européen" prit le départ sous l'impulsion de Condenhove-Kalergi. Mais l'Ordre Martiniste n'en continuait pas moins à détenir secrètement le véritable fond maçonnique et même initiatique de la Synarchie. Après la mort de Papus en 1916, l'Ordre se scinda en deux: l'Ordrê Traditionnel, si l'on peut dire, restant apparemment en dehors du Mouvement, tandis que l' "Ordre Martiniste et synarchique ", sous la Grande-Maîtrise de Victor Blanchard, compagnon de Papus, Grand-Maître de Memphis, haut fonctionnaire de la Chambre des Députés, travaillait à l'extérieur le monde "profane", tout en conservant le dépôt occulte, comme l'avait indiqué Saint-Yves d'Alveydre:
Si on livrait aux mains des maçons et des badauds le plan architectural et son exécution, jamais le monument ne
s'élèverait.
LE DIFFÉREND DE 1893-1894: LE GAULLISME AVANT LA LETTRE
Pendant le quart de siècle qui s'écoule après 1870, les Hautes Maçonneries, sous l'influence d'une force centralisatrice décuplant leur puissance, disciplinant leur action, ont donc mis sur pied le programme d'une nouvelle étape à atteindre vers l'accession à l'Imperium mundi. On peut la résumer ainsi:
•concentration de la Maçonnerie universelle,
•préparation du leadership américain qui se manifestera plus tard,
•élaboration plus précise du système synarchique, par les Sociétés secrètes européennes, en réaction contre la centralisation palladiste, n'excluant d'ailleurs, en aucune manière, le désir général de travailler en commun à la réalisation du Grand Œuvre.
Mais cette réaction aura plus tard, et sous nos yeux, de telles conséquences sur les rapports de l'Europe et des États-Unis, qu'il nous faut l'expliquer dès maintenant.
Nous sommes en 1893. Depuis quelques années, il semble que la mystérieuse mainmise du Directoire suprême (Palladiste) soupçonnée par certains maçons européens, ne les a pas laissés sans inquiétude, lorsqu'un événement auquel un document pontifical fait allusion survient. Après la mort de Pike (1891), le Directoire suprême de la Haute Maçonnerie est transféré de Charlestown à Rome, sous l'autorité du Frère-Maçon Adriano Lemmi (1894). Ce transfert et cette succession font des bavards en Europe et des mécontents un peu partout. Il y a des démissions, des révoltes, un schisme vite résorbé mais qui révèlent un climat d'opposition déjà manifesté ailleurs qu'en Amérique. De 1865 à 1890, la résurgence du Rosicrucisme a donné naissance aux puissantes sociétés secrètes que nous connaissons et qui semblent résolues à ne pas se laisser subjuguer, bien qu'entrant dans la ligne générale du "système": le Gouvernement mondial synarchique.
De là à discuter sur le terrain politique la prédominance internationale des États-Unis dans le mouvement, il n'y a qu'un pas. Si l'on ajoute à cette divergence la concurrence des grands groupes financiers de Londres et de New-York, groupes que l'on sait si intimement liés aux sociétés secrètes, on saisit tout à la fois la raison, l'origine, le développement des oppositions dont le Général de Gaulle s'est fait le champion.
Et ceci est très important pour tout ce qui va suivre. De quoi s'agit-il principalement?
Du sort de l'Europe future unifiée.
C'est bien de cette époque que date l'antagonisme entre les formules: États-Unis d'Europe et Fédéralisme européen, comme l'atteste un texte de Saint-Yves d'Alveydre: Les États-Unis d'Europe? Pour les Américains, oui; pour les Européens? non (1890). N'est-ce pas d'ailleurs en cette même année 1894 où s'envenima le conflit du Palladisme que fut décidée - à la suite d'instantes représentations de la basse Maçonnerie - l'autonomie relative de la Grande Loge de France à l'égard du Suprême Conseil de France (haute-maçonnerie) au sein de l'Écossisme français? La maçonnerie anglaise ne s'enferma-t-elle pas, elle aussi, à ce moment, dans une hautaine réserve, concrétisée en politique par le refus des prétentions américaines? Un curieux texte de 1893, d'Andrew Carnegie, dans la première édition de "Triumphant Democracy" et supprimé dans les éditions suivantes, mérite à ce sujet d'être reproduit ici:
Le temps peut dissiper d'agréables illusions et détruire maints nobles rêves, mais il n'ébranlera jamais ma conviction que la blessure causée par la séparation, tout-à-fait inattendue et indésirable, de la mère et de son enfant, saignera toujour. Que les hommes disent ce qu'ils veulent; pour moi, je dis qu'aussi sûrement le soleil a brillé autrefois dans les cieux sur l'Angleterre et l'Amérique unies, il viendra un matin où il se lèvera brillant pour réjouir l'union Anglo-Américaine.
(Cité par The secret government of U.S. by M.
Davidson-Ohama - Nebraska 1962, page 9)
La rupture dura longtemps et prit fin pendant la dernière guerre. Le rêve d'Andrew Carnegie s'est réalisé par l'Union Atlantique, brillamment décrite dans "Union Now" de Clarence Streit, membre du fameux CFR (voir le chapitre : The American establishment).
Il était nécessaire de faire ressortir ce point important en le remettant à sa date d'origine.
Ces divergences ont survécu, se manifestant aujourd'hui en des compétitions politiques et économiques qui dominent l'activité mondiale rendue plus intense par les progrès techniques et par l'apparition du soviétisme dont, précisément, les hautes sociétés secrètes peuvent revendiquer la paternité. En un mot, elles ont passé comme éléments de fait dans la vie internationale. Elles n'en demeurent pas moins encore entre les Hautes Maçonneries, à l'intérieur du Système, la cause d'une lutte acharnée principalement motivée par les prétentions d'outre-atlantique et dominant la remise en question actuelle du leadership américain. (7)
Mais n'anticipons pas. Toute cette préparation ne commencera à prendre son plein effet qu'après la guerre de 1914.
Avant l'objectif final, il en était d'autres à atteindre.
Notes:
(1) Vieille prophétie germanique sur l'avenir de l'Abbaye de Lehnin et la chute de la dynastie des Hohenzolern.
(2) Il est intéressant de noter que, vers 1935, le "Pacte synarchique" emploiera les mêmes expressions.
(3) L'action plus particulièrement religieuse des sectes, depuis cette époque jusqu'à nos jours, est exposée dans notre étude parallèle à celle-ci et qui la complète: MYSTÈRE D'INIQUITÉ, aux Editions Saint-Michel à Saint-Cénéré (Mayenne).
(4) -idem- voir Mystère d'Iniquité.
(5) Nous avertissons qu'ici Sagesse et Science ont le sens ésotérique que leur donnent les sectes.
(6) Voir Mystère d'Iniquité.
(7) Cette crise intérieure de 1893 a laissé filtrer au dehors de bien curieuses révélations sur les origines de la guerre de 1914. Certaines d'entre elles sont contestées. Sont-elles vraiment contestables, quand leur date précédant celle de la première guerre mondiale prouve leur antériorité à des résultats effectivement atteints et quand d'autres documents viennent les corroborer?
Des campagnes pacifistes ont précédé la guerre, bien longtemps avant le conflit. Le 6 mars 1888, Adriano Lemmi, Grand Maître du Directoire Politique du Palladisme, adressait, de Rome, une "voûte" (circulaire) aux chefs du Rite suprême, ordonnant de procéder à ces campagnes.
Le désarmement pour la Paix, disait-i1, la Paix pour la Justice maçonnique et la Justice pour le bonheur maçonnique de l'Humanité.
(Bulletin Officiel de Charlestown - Tome VIII, cité par la RISS).
Non seulement cette circulaire n'a pas été démentie (ce qui d'ailleurs ne prouve pas son existence) mais toute une littérature, émanant des basses maçonneries fait appel à ce pacifisme au nom de la Démocratie universelle que devait couronner la Société des Nations. Ces appels sont passés dans l'Histoire.
Voici mieux encore: la guerre qui devait anéantir l'Autriche, abattre la dynastie Hohenzollern, abaisser l'Allemagne dont les prétentions devenaient inquiétantes, Saint-Yves d'Alveydre y fait allusion dès 1890 et cette guerre qui devait généraliser les régimes démocratiques est annoncée en 1894, dans la protestation des Hauts-Maçons palladistes américains lorsque, précisément, Adriano Lemmi, après la mort d'A. Pike, veut faire transférer à Rome les archives du Directoire dogmatique.
Si le palladisme (dogmatique) est transporté à Rome (l'exécutif politique y est déjà) voilà les archives centrales et les plus saintes choses en péril d'un coup de main dans le cas d'une conflagration subite... Le transfert à Rome... ne pourrait être effectué sans danger que si, dans l'Europe entière, tous ses États étaient républicains, ...conformément au plan de 1860 qu'il s'agit de réaliser au moyen de la grande guerre du XXe siècle et sous l'hégémonie maçonnique: États-Unis, d'Europe.
Nous ne savons pas si les archives du Pontificat dogmatique (c'est ainsi qu'on l'appelait) ont été transférées mais voilà bien la thèse américaine des États-Unis d'Europe opposée à la thèse du Fédéralisme européen exposée par Saint-Yves d'Alveydre. Voilà aussi la soutenance très palladiste du leadership américain pour la démocratie universelle. Voilà surtout l'annonce de la grande guerre appelée à transformer de nouveau l'Europe. Cette protestation, disons-le tout de suite, est tirée d'un ouvrage du Frère-Maçon Margiotta, transfuge de la Haute-Maçonnerie et, à cause de cela, très contesté bien sûr par les hautes sectes. 11 n'y a qu'un malheur, c'est que la même année, Léon XIII dans une de ses lettres s'indignait de voir la Haute-Maçonnerie siéger à Rome même. Ce qui n'est pas niable, c'est l'annonce, dès 1912, par du Paty de Clam, des dangers que courait l'Archiduc d'Autriche Ferdinand assassiné à Sarajevo en 1914. Ce qui n'est pas moins troublant ce sont les allusions à cette fin tragique faites par le Colonel House des Masters of Wisdom quatre ans avant l'attentat dont on lira les détails dans le remarquable livre de M. de Poncins sur la Franc-Maçonnerie. Ce qui n'est pas moins troublant encore, c'est cette réunion exceptionnelle de Saint Simon's Island, en 1913, dont nous parlerons plus loin et qui constitue le premier essai des assises des futurs Bilderbergers.
Et c'est enfin la réunion des maçonneries alliées, à Paris, en 1917 pour exploiter les résultats de la guerre, après le refus des propositions de paix formulées par Benoit XV, puis par Charles IV d'Autriche, par l'intermédiaire des Princes Sixte et Xavier de Bourbon-Parme. Refus spécifiquement maçonnique, pour forcer les belligérants, fût-ce au prix de milliers et de milliers de morts supplémentaires, à accepter leur propre paix! le nouveau découpage de l'Europe, de nouvelles nationalités (Yougoslavie, Thécoslovaquie) de création maçonnique avec les Massarik ou les Frères-Maçons Bénès.
Sur toutes ces ruines accumulées, le Frère-Maçon Wilson osait dire:
Le Christianisme n'a pas réussi à unir les peuples. Nous réussirons, j'espère, par la Société des Nations.
Chapitre II
L'ÈRE SYNARCHIQUE COMMENCE
LE MOUVEMENT SYNARCHIQUE
En 1917, le Pape fait une proposition de paix. Son offre est repoussée. Une autre proposition est faite alors par Charles d'Autriche et l'Impératrice Zita, aidée de notre côté par deux princes français: Sixte et Xavier de Bourbon-Parme. Cette nouvelle offre, acceptée par Poincaré et Lloyd George échoue, mise en échec par le ministre italien et par Ribot, Président du Conseil français. Des centaines de milliers de morts payent ce double refus que motive l'absence de trois conditions majeures, comprises depuis longtemps dans les buts des Hautes Maçonneries: la destruction de l'Autriche, nation catholique (cette condition faisait déjà partie du programme des Rose-Croix au XVIIe siècle), un plan de Société des Nations, la création de nouvelles puissances, notamment de la Tchécoslovaquie.
Cette dernière condition n'était pas la moindre, comme on le verra à Yalta; c'est pourquoi, en cette même année 1917, les obédiences maçonniques alliées, c'est-à-dire la basse maçonnerie, se réunissent en congrès, à Paris, où l'on décide le sauvetage de l'Allemagne mais pas de sa dynastie, l'écrasement de l'Autriche, un nouveau découpage de l'Europe centrale et surtout la création de la Société des Nations, première ébauche - éphémère - d'un gouvernement mondial. C'est ensuite la Paix de Versailles, à laquelle participent le Fr`re-Maçon Lebey, Grand Maître du Grand-Orient de France, et le colonel House, conseiller de Wilson, membre de la société secrète des Masters of Wisdom, accompagné des premiers éléments du fameux Council of Foreign Relations qui exercera une influence décisive sur la politique mondialiste.
La Russie soviétique est un fait accompli, en exécution d'un plan déjà séculaire, qu'il nous faudra expliquer en un chapitre spécial, à cause de son importance.
Tel est le nouvel état de l'Europe. Comme après 1870, on allait préparer la prochaine étape, MAIS CETTE FOIS - ET CECI EST CAPITAL - il ne s'agissait plus d'agencer un nouveau programme, de mettre sur le métier un autre plan adapté à quelque objectif secondaire; il n'était plus question d'imaginer un dispositif visant à une redistribution territoriale provisoire. Non! Cette fois l'Europe - sinon les autres continents - pièce maitresse dans l'édification du système, était prête à recevoir purement et simplement l'impulsion décisive et à la transmettre.
L'heure était donc arrivée de lancer le MOUVEMENT SYNARCHIQUE dans le public, de travailler la pâte internationale pour y modeler directement le profil du Grand Œuvre sur le plan enfin désocculté, déjà vieux de trois siècles, exposé par le Rose-Croix Coménius, réexposé par Saint-Yves d'Alveydre et qui trouvera son expression modernisée dans le Pacte synarchique.
Dès ce moment, un phénomène curieux se produit. On a donné l'essor au bolchevisme dans un grand pays. À la suite du consortium judéo-germano-américain qui l'a financé, les diplomates alliés se sont prononcés pour l'abdication du Czar. On a donc installé - c'est chose faite - le communisme en Russie. Et voici maintenant qu'on le tient pour un danger! C'en est un, en effet, mais qu'il ne faut pas écarter, anéantir; il faut seulement l'endiguer, le limiter. Il suffirait de rien pour l'étouffer, ne fût-ce qu'en le laissant mourir de l'effondrement économique où il a mené la Russie. Bien au contraire, on le remonte. Son existence est nécessaire, non pas certes pour une immédiate révolution universelle car on élimine rapidement le trotzkysme au bénéfice de Lénine, on réprime impitoyablement le communisme en Hongrie, en Allemagne, en Italie. Mais on a besoin d'une formidable puissance communiste, capable d'accélérer par rayonnement la progression du socialisme en tous lieux (théorie léniniste) et pour fournir un argument à l'inévitable, l'impérieuse transformation synarchique des nations.
Son existence est encore nécessaire au jeu diplomatique qui coupera l'Europe en deux, conformément au plan du Rideau de fer. Son existence enfin constituera pour l'Intelligentsia new-yorkaise un formidable moyen de pression sur l'Occident et sur l'Asie, pour assurer le leadership américain, conformément au dessein initial du Palladisme. On le remonte donc et, tandis que se profile à l'horizon la Nouvelle économie politique (NEP) russe, évocatrice du nom d'Achberg, Président de la Banque Nya de Stockholm, qui en est l'inspirateur, naît un mouvement, organisateur d'une Europe nouvelle, d'apparence opposée au communisme soviétique, qui lui sert de repoussoir, et par conséquent, de point d'appui... Ce mouvement entend tenir compte de l'existence du communisme, diplomatiquement reconnu et qu'on regonfle à grand frais, comme d'une fatalité historique et d'une extrémité à éviter à tout prix. Pour sauver l'Europe, on offre donc à celle-ci la même révolution mais par la technique, un régime semblable mais sous la forme moins brutale de la Synarchie.
Nous sommes en 1922; c'est le Mouvement Pan-Européen, créé à Vienne, par le Comte de Coudenhove-Kalergi.
Celui-ci est de lointaine origine flamande. Sa grand-mère, Marie Kalergi, née en 1860, fut l'amie de Bismarck, de Henri Heine, de Wagner, c'est-à-dire qu'elle vécut dans un milieu passablement initié. Son petit-fils qui nous occupe, né en 1894, de mère japonaise, bénéficie par son ascendance de croisements internationaux variés; il habite Vienne, ce qui ne l'empêche pas, nous dit-il, d'être Français.
En 1923, il crée l'Union Pan-Européenne, édite en 1924 la Revue Pan-Europe. réunit en 1926 en un premier Congrès, présidé par le Frère-Maçon Bénès (Tchécoslovaquie), un Français: Caillaux, Loebe (Allemagne), le Frère-Maçon Nitti (Italie), et Mgr Seipel (Autriche). Il inspire en 1928 au Frère-Maçon Aristide Briand, Président du Conseil, le fameux mémorandum Pan-Européen, adressé à vingt-six gouvernements. En 1931, il édite son Staline et Co, en même temps que Révolution par la technique". Nous voilà donc tout à fait dans la tradition de Fabre d'Olivet et de Saint-Yves d'Alveydre.
Coudenhove-Kalergi a, de plus, ses petites entrées, tout à fait privilégiées, auprès des Chefs d'États, car il n'a pas seulement M. Spaak pour ami et disciple. Lors d'une conférence au sommet, réservée aux chefs de gouvernements des quatre Grands, Coudenhove-Kalergi est invité, lui tout seul, si nous en croyons la presse. Il est reçu à l'Elysée par le Général de Gaulle; il en fait état publiquement, dans une lettre ouverte reproduite par Le Figaro qui publie régulièrement ses petits articles, presque toujours en italique, aux allures de communiqués officiels, et que seuls peuvent parfaitement comprendre les Initiés.
M. de Coudenhove-Kalergi est le porte-parole de la Synarchie en Europe. Sa doctrine, comme celle de Saint-Yves d'Alveydre, est le Fédéralisme international.
En 1922 donc, année de la marche sur Rome, s'organise en France, dans le plus grand secret, le Mouvement synarchique d'Empire (M.S.E.) dont le Pacte sera la charte, tandis que vont graviter, autour de lui, au grand jour, sous l'impulsion de Jean Coutrot, une floraison de groupes européens, telle l'Union douanière (1927) sous la présidence de Briand, qui vient de signer le pacte de Locarno (1) en 1925, avant de lancer son mémorandum (1930) sur le fédéralisme européen. Ces groupes, ce seront encore: la Fédération européenne des Parlementaires (1930), l'Union Jeune Europe (1936) et bien d'autres. Nous n'en suivrons pas la succession.
LE PACTE SYNARCHIQUE
Nous voilà donc bien maintenant dans le mouvement.
Mais le problème ne consiste pas seulement à faire du bruit, un bruit qui n'aurait sans doute pas, dans le public, la résonance que l'on désire. Pour garder le ton juste, il faut un diapason; il faut aussi des chefs pour conduire les différents orchestres, bien formés, les uns Initiés, les autres qui s'ignorent. Le Pacte synarchique pour l'Empire Français, dont il faut placer l'apparition dans la clandestinité en 1935, est maintenant bien connu. Sa découverte, dans une loge martiniste de Lyon, remonte à 1941 (2) et depuis, il a fait l'objet de deux publications dont la plus récente dans l'ouvrage de M. Coston Les Technocrates de la Synarchie. Mais, à l'époque, il n'était destiné qu'aux adeptes signataires de l'engagement dans le Mouvement. Chef-d'œuvre, comme tous les documents de ce genre, d'occultisme déguisé, le langage du Pacte, quoique s'adressant à des profanes n'est vraiment compréhensible que pour les occultistes et ne s'éclaire que par un autre document contemporain, le Schéma de l'Archétype social, beaucoup moins connu et, lui aussi, d'origine martiniste.
Ne nous occupons présentement que du contenu du Pacte relatif à l'organisation du Gouvernement mondial. Il garde la tradition des trois conseils de base, envisagés par les anciens Rose-Croix avec la modification par Saint-Yves d'Alveydre: Conseil des Églises (culturel), Conseil des États (politique), Conseil des Communes (économique). À ce dernier, il attribue plus particulièrement la fonction emporocratique préconisée comme moyen et non comme fin de gouvernement par Fabre d'Olivet en 1824. Quoi que puissent dire des origines récentes de la Technocratie, les plumitifs attitrés des revues économiques, c'est bien là qu'il faut en chercher l'inspiration et les motifs profonds. Et Fabre d'Olivet, loin d'être économiste, cultivait les sciences occultes.
Nous sommes obligés de constater, malgré toutes les dénégations, que les fameux financiers qui mènent le monde ne font que mettre en œuvre, dans leur intérêt bien sûr, les théories des sociétés secrètes sises de part et d'autres de l'Océan et chez nous, plus particulièrement, celles qui ont été mises en forme par le grand scoliaste de la Synarchie ésotérique Saint-Yves d'Alveydre. Il faudrait être aveugle pour ne pas voir les ressemblances entre ces théories plus que séculaires et les réalisations: l'O.N.U., l'U.N.E.S.C.O., le primat de l'économie, ce dernier consacré d'ailleurs par les réunions secrètes que décrira un prochain chapitre. Comme un miroir fidèle, les textes du Pacte synarchique reflètent la complicité de l'humanisme initiatique avec l'impérialisme financier, israélite en majeure partie. L'imperium mundi (la domination universelle) ne peut d'ailleurs se concevoir dans ses principes, ses moyens et sa durée, sans un dogme, non pas seulement philosophique mais quasi-religieux, qu'implicitement invoquent les vedettes de la politique et de l'économie. Ce furent, en effet, Albert Pike et Adriano Lemmi qui, en 1888, lancèrent dans les loges maçonniques européennes la campagne du pacifisme universel qui devait aboutir à la Société des Nations. Jacob Schiff, Kuhn, Loeb et Warbourg ont financé la révolution de 1917, mais ce sont bien des groupes maçonniques qui ont fait en Russie les travaux de sape et creusé les puits de mine. Si, à présent, les maîtres de l'or brassent le monde, désarticulent l'Europe, c'est encore parce que l'idée synarchique fit son chemin dans tous les cercles hermétiques avant d'apparaître en public en 1922. Nous pouvons affirmer, en toute certitude, qu'un Jean Coutrot, par exemple, dont certains partenaires sont aujourd'hui sur le théâtre politique, n'avait pas seulement dans l'esprit une technocratie neutraliste du Gouvernement mondial mais bien une église universelle syncrétiste. Ne faut-il pas qu'il en soit ainsi pour en arriver à une formule de ce Gouvernement mondial comprenant:
Un ordre social économique de tous les peuples
Un ordre culturel de toutes les nations
Un ordre fédéral de tous les empires
Au sein d'une réelle Société des Nations dont la loi soit basée justement sur les profondes réalités de la vie culturelles du monde.
(Pacte Synarchique n° 591)
Le Pacte, on le voit, de même que les précédents documents depuis le XVIIe siècle, insiste donc, lui aussi, sur l'importance, dans l'ordre hiérarchique, de la Primauté du Spirituel, expression qu'on lit en toutes lettres dans son texte, tout en donnant la priorité, dans l'ordre chronologique, à l'organisation économique. À ce dernier point de vue, on y trouve d'amples développements sur les Technocraties nationale et internationale et, à cette nouveauté, s'ajoute la part faite au fascisme, au national-socialisme, à la décolonisation (qui s'opérera plus tard) et enfin à la division géopolitique du monde en cinq grandes sociétés mineures pourvues de leur gouvernement placé, bien entendu, sous l'autorité du Gouvernement mondial. Ces cinq divisions les voici: la Pan-Eurafrique (Europe et Afrique), l'U.R.S.S. et ses possessions européennes (à l'intérieur du Rideau de fer non encore réalisé), les Nations Pan-Asiatiques, l'Angleterre et son Commonwealth, la Pan-Amérique. Ici, une remarque essentielle s'impose: nous sommes en 1935, le leadership américain n'y est ni reconnu ni mentionné. La doctrine des Hautes Maçonneries européennes - le Martinisme en particulier - se règle donc exactement sur le désaccord de 1893 que nous avons signalé à propos des prétentions du Palladisme.
Cette période d'après guerre, entre 1918 et 1940, est une période relativement favorable à la politique anglaise.
La part réservée dans le Pacte à l'Angleterre - qui n'est pas encore à la remorque des États-Unis comme elle le sera en 1944, ainsi que l'annonçait Andrew Carnegie, dans la page que nous avons citée - cette part, disons-nous, est très belle: on ne touche pas à ses Dominions. Ainsi, ce que nous avons appelé le Gaullisme avant la lettre, cette réaction anti-américaine de très hautes instances initiatiques européennes, subsiste toujours à l'état d'opposition. Elle ne se manifestera que plus tard par la politique que nous connaissons.
Mais d'ores et déjà, une autre opposition s'élève contre la domination en perspective des Hautes Maçonneries anglo-saxonnes; c'est celle des Maçonneries prussiennes et de l'Hitlérisme grandissant.
La guerre est inévitable.
L'ÉTENDARD NOIR, BLANC, ROUGE.
LA GUERRE DE 1940.
En 1922 apparaissait donc le Mouvement synarchique européen.
Cette même année précisément et non pas par l'effet du hasard se produisit un événement ignoré du public. Trois Hautes Loges-mères d'obédience prussienne se retiraient de l'Union des Grandes Loges allemandes. Que signifiait donc ce retrait?
À cette époque, il y avait deux groupes de loges en Allemagne: les loges Vieux prussiennes, nationalistes, aristocratiques, voire militaires et anti-juives, se référant au johannisme maçonnique, aux traditions templières de l'époque de Frédéric II le Grand et les loges humanitaires se rattachant aux constitutions d'Anderson (maçonnerie universelle).
Le premier groupe s'opposait au second dans cette Allemagne révolutionnaire de 1918 comme il s'opposera à un troisième groupe international qui vit le jour en 1930. Il s'y opposait, non pas en considération du Grand Œuvre, BUT FINAL, ESSENTIELLEMENT ANTICATHOLIQUE DE LA MAÇONNERIE, mais en raison du traité de Versailles qui favorisait la domination judéo-anglo-saxonne dans les mouvements européens et mondialistes.
Dès 1922, les "Alt-Prussische" avaient replacé sur leurs murs l'étendard noir, blanc, rouge.
L'Hitlérisme allait faire son entrée. Et il allait faire sa fortune pour quatre motifs qui n'excluent pas d'autres facteurs, bien entendu, mais qui, dans l'ordre international, ont une grande importance.
Premier motif: c'est le traité de Versailles dirigé contre les Hohenzollern, n'entendant pas démolir l'Allemagne, comme il avait fait de l'empire austro-hongrois. Cependant, il l'avait laissée en proie à la révolution et le bolchevisme s'empara de l'Allemagne en 1918. Or, l'extension militaire et politique du régime soviétique dans toute l'Europe centrale n'était pas alors désirable. Trop d'intérêts s'y opposaient, surtout anglais, même américains et, d'autre part, la rapide expansion d'un communisme panslave - qu'on aurait pu étouffer dans l'œuf - ne correspondait pas au rôle qu'on attendait de lui. Il fallait le contenir. Lady Queensborough, dans son intéressant ouvrage Occult Theocracy, a noté le fait:
Après la guerre européenne de 1914, certaines banques, conscientes de la menace du satanisme, rebaptisèrent le bolchevisme de crainte que le monstre ne leur échappât des mains. Elles choisirent certains hommes dont l'intégrité, le patriotisme et le courage leur donnaient confiance et, leur payant un salaire, les tinrent prêts, comme un noyau, pour se rallier à un chef au signal donné.
(Tome l, page 619)
De fait, si l'on s'en réfère à ce que le Charivari nous dit d'un livre: Sources financières du National-Socialisme, paru à Amsterdam en 1933 dont tous les exemplaires disparurent et auquel il n'a pas été donné de démenti, dès 1929 la Guarantee Trust cherchait un homme pour faire une contre-révolution nationale. Elle trouva Hitler. Son premier versement aurait eu lieu chez les banquiers allemands Mendelshon. Il y aurait eu des rencontres. La grosse affaire aurait été financée ensuite par la Guarantee Trust, Deterding, Président de la Royal Deutsh (Shell, B.P., etc.) toujours par l'intermédiaire de Mendelsohn puis de la Rotterdamshe Bank et du Banco Commerciale Italiano.
Ce livre, qui avait pour titre hollandais Dree Gespreeken met Hitler, avait pour auteur Sidney Warbourg, l'homme dont la banque avait financé, avec d'autres, la Révolution russe de 1917!
Deuxième motif: Hitler au pouvoir et les dirigeants du Reich n'ignoraient pas, loin de là, le vaste plan de la Synarchie mondiale, le leardership américain, l'avenir promis à la Russie soviétique ni même la future intervention de la Chine. Saint-Yves d'Alveydre, qui détenait de redoutables secrets des Sectes et dont le système, on l'a vu, se présente comme le prototype de l'opposition au leadership américain, écrivait déjà en 1890:
Une coalition pour écraser non seulement les Hohenzollern mais l'Allemagne? Mais les Indes seraient déjà perdues pour les Anglais! Le tout au profit de qui en somme? De personne en Europe mais de l'empire chinois à l'Est, de l'Amérique à l'Ouest, de l'Islam au Sud.
Hitler, qui savait tout cela, n'avait donc aucun mérite à écrire, en 1928, que le: rassemblement de tous les peuples européens n'évitera pas pour autant l'hégémonie américaine et que le premier rival pour cette union américaine serait d'abord la Russie d'aujourd'hui et plus encore la Chine avec plus de quatre cents millions d'hommes. (3)
Troisième motif: fort de précédents historiques célèbres, Hitler ne croyait pas à une union européenne unifiant les peuples sur la base et par les moyens de la Synarchie. Pour lui, il y fallait un fédérateur, c'est-à-dire un conquérant.
Tenter de réaliser l'Union pan-Européenne par l'union purement formulée des peuples européens sans qu'elle ait été imposée par une puissance prédominante en Europe... cela conduirait à une entité dont toute la force et l'énergie seraient absorbées par des rivalités et des querelles intérieures comme le fut jadis la force allemande dans la fédération allemande.
Derrière Hitler il y avait, alors, pour aiguiser le désir de voir l'Allemagne imposer cette union (exclusive du condominium anglo-saxon) Lanz, théoricien du National-Socialisme et du racisme aryen, la fameuse société secrète le Groupe Thulé, puis les maçonneries nationalistes et anti-juives, soi-disant dissoutes, mais regroupées dans l' Ordre National Chrétien de Frédéric le Grand. Le nationalisme pangermaniste se réveillait, animé par tout l'appareil secret du nouveau Reich, en opposition rituelle, raciale, avec la Maçonnerie internationale et en état de défense agressive. Et cela d'autant plus que:
Quatrième motif: les dirigeants de ce Reich ne pouvaient pas ignorer le futur démembrement de l'Allemagne (Rideau de fer) au profit de l'Union des Républiques socialistes Soviétiques tel qu'il avait été décidé depuis le milieu du XIXe siècle. De ce point de vue, la seule politique extérieure du régime ne pouvait être que la reprise de la politique de Mitel Europa, sous une autre forme: l'affirmation contraire au panslavisme, l'irrédentisme allemand prévenant les réalisations en cours, depuis 1918. Hitler prit cette avance; il obtint l'évacuation de la Rhénanie, fit une pression électorale énorme pour récupérer la Sarre; reprit Dantzig et annexa l'Autriche, les Sudètes et la Bohême.
En 1938, le Reich hitlérien, comme le Reich impérial de 1913, dépassait à son profit les objectifs au-delà desquels le Grand Œuvre de la Maçonnerie Universelle eût été compromis à commencer par la mise en échec du plan de Confédération soviétique de l'Est européen (voir le chapitre: Rideau de Fer) et surtout la domination mondiale de la Maçonnerie universelle (4).
Alors, la Jacob Schiff, Kuhn et Loeb se mit en mouvement au service de l'Intelligentsia entourant le Frère-Maçon Roosevelt. La Pologne dont Hitler voulait s'assurer fut le piège et l'homme de la situation fut William Bullit, diplomate, ancien agent de la Schiff, Kuhn et Loeb; il pérégrina à travers l'Europe pour pousser à la déclaration de guerre que le Frère-Maçon Groussier, alors Grand Maître du Grand Orient de France, disait avoir été exigée par New-York (5).
Et ce fut la guerre.
Le Reich hitlérien, avec ses Hautes Maçonneries rosicruciennes, prétendait, lui aussi, à un imperium européen férocement anticatholique. Mais la nouvelle défaite allemande amenait les accords de Yalta et, finalement, la maîtrise définitive du leadership américain, voulue par la Maçonnerie Universelle et dont le peuple des États-Unis n'était évidemment que peu informé. Et la prédominance américaine a toujours favorisé la Russie soviétique.
Notes:
(1) LOCARNO, où fut négocié le pacte précédant le mémorandum synarchique de Briand, est un haut lieu des Hautes Sociétés secrètes el cela de tradition. En octobre 1872 - encore cette année-là - y fut tenue une réunion secrète des principaux de la Maçonnerie italienne, avec Félix Pyat el Kossuth, autant dire l'équipe de Mazzini et, par conséquent, d'Adriano Lemmi, flanquée du général prussien Etzel. Il y fut question de la destruction de l'AUTRICHE-HONGRIE et du renversement ultérieur de la dynastie des Hohenzollern.
En août 1917, à Ascona, sur l'autre bord de la Magia, à quelques coups de rames de Locarno, sur le Monte Verita, se tint encore une réunion secrète de l'Ordre du Temple d'Orient (O.T.O.) de l'Hermetic Brotherhood of Light (H.B.L.) et de la Grande Loge anationale et du Temple mystique, où l'on s'entretint de l'instauration d'un Ordre nouveau du monde. Comme par hasard, la formule est semblable à celle du Mage, ami de Roosevelt, qui figure sur le monument américain de Saint-Laurent-sur-Mer: Novus ordo saeculorum.
Nous ne parierions pas qu'une autre réunion ne se soit tenue au même endroit, il y a quelques années.
(2) L'Ordre martiniste et synarchique ayant actuellement ses principales assises en Grande-Bretagne et dans le Commonwealth, au dire de Philippe Encausse, fils de Papus (La Tour Saint Jacques - Trimestres 2-3-4 1960) semble s'être expatrié en Angleterre, au moment de l'occupation, car il était bien vivant en France en 1940.
À cette époque, la presse a fait état de divers événements qu'il convient de rappeler.
Le 25 septembre 1941, le Pacte synarchique fut découvert à Lyon, dans une Loge de l'Ordre Martiniste (la première branche du Martinisme, se disant régulière et traditionnelle) sous la Grande Maîtrise de Chevillon.
Mais auparavant, deux morts successives et mystérieuses avaient été remarquées. Le 23 avril 1941, le secrétaire de Jean Coutrot, chef visible de tant d'organismes pré-synarchiques, mourait subitement en Bretagne et ses papiers personnels disparaissaient peu après, au cours d'un déménagement de sa mère (d'après les «Technocrates et la Synarchie» par J. Coston).
Le 19 mai 1941, c'était le tour de Jean Coutrot. On ne sait pas s'il fut trouvé mort dans son lit ou s'il fut relevé agonisant sur le trottoir devant son domicile, s'il s'agit d'un suicide ou d'un meurtre (id).
Enfin le 24 mars 1944, Constant Chevillon, mystérieusement enlevé de son domicile, fut retrouvé quelques jours après tué d'une balle dans la nuque (id).
Mais l'entreprise dépassait de beaucoup ces hommes et un pays.
(3) Voir plus loin le chapitre sur la Chine.
(4) Telle est bien l'une des causes principales - sinon la principale - de la guerre. Nous en trouvons la preuve dans un article de Walter Lippmann, confirmant les affirmations de la lettre de 1943 du Frère-Maçon Roosevelt qu'on lira au chapitre suivant, Walter Lippmann, toujours très qualifié en ces matières, écrit:
LE PROBLÈME EUROPÉEN, EN 1939, RÉSIDAIT DANS LE FAIT QUE LES NAZIS VOULAIENT S'EMPARER DES VIEILLES NATIONS DU CONTINENT EUROPÉEN.
(Washington Post et le Figaro 22 juillet 1966).
(5) Le Grand-Orient avait adressé à Roosevelt une lettre lui demandant de s'interposer pour éviter la guerre. Cette obédience qui n'est pas agréée par la Grande Loge d'Angleterre est en désaccord, sur bien des points, avec les Maçonneries anglo-saxonnes et l'Écossisme. Ainsi s'explique sa démarche et la déclaration du Frère-Maçon Groussier. D'autre part, un certain nombre de ses membres sont favorables, au communisme.
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
Re: BIENTÔT UN GOUVERNEMENT MONDAIL? UNE SUPER ET CONTRE-ÉGLISE.
J'ai le livre a la maison.Est ce quelqu'un connait la réputation de l'auteur PIERRE VIRION ?
Dieu seul suffit,l'aimer,le suivre et faire sa volonté.
Re: BIENTÔT UN GOUVERNEMENT MONDAIL? UNE SUPER ET CONTRE-ÉGLISE.
Sans croire que tout est controlé par les sociétés secretes ce qui serait faux il y a quand meme un plan d`ensemble et une hostilité concrete et éternelle envers l`église catholique.
Voici un petit texte intéressant des Rose-Croix actuels - l`emphase est sur le mots sans cesse répété par les médias et les gouvernements - la tolérance envers toutes les religions.....
Appel à la tolérancePar Serge Toussaint le mercredi 2 février 2011, 09:45 - Documents - Lien permanent
À tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté Comme chacun peut le constater, l’humanité va mal et se déchire dans des divisions de tous ordres. Outre la crise financière, économique et sociale à laquelle elle est confrontée depuis plusieurs années, elle est en proie à nombre de tensions, de conflits et de guerres dont la plupart ont leur origine dans une faiblesse majeure de la nature humaine : l’intolérance. Cela laisse supposer que si la majorité des êtres humains faisaient preuve de tolérance dans leurs jugements et dans leur comportement, le monde irait beaucoup mieux et s’en trouverait considérablement apaisé, ce que chacun devrait souhaiter.
Mais qu'est-ce que la tolérance ? D'une manière générale, c'est l'aptitude à respecter les idées qui sont différentes des nôtres et même qui s'y opposent, et ce, dans tous les domaines : religieux, politique, culturel, artistique, etc. Je pense que le meilleur moyen de nous montrer tolérants dans la vie courante est de reconnaître que nous sommes imparfaits, que nous ne savons pas tout, et que nous sommes sujets à l'erreur. Cela n'est pas facile, car nous avons tous un ego, et celui-ci, en raison même de sa nature, nous incite généralement à croire que nous sommes, sinon parfaits, du moins bien meilleurs que nous ne le sommes. C'est également sous son influence que nous avons tendance à considérer que nous avons raison de penser, de dire et de faire ce que nous pensons, disons et faisons en telle ou telle circonstance.
L'un des domaines où l'intolérance crée le plus de dommages est la religion. Combien de crimes et de guerres a-t-elle générés au cours de l'Histoire ? Combien de divisions, de disputes et de fâcheries a-t-elle causées dans les familles ou entre amis ? Et malheureusement, il en est toujours ainsi. Pourtant, aucune religion n'a le monopole de la Foi, et aucune ne connaît la Vérité. Si Moïse, Bouddha, Jésus, Mahomet et autres messies ou prophètes du passé revenaient sur Terre, il ne fait aucun doute qu'ils condamneraient toutes les formes d'intégrisme et de fanatisme auxquels les religions, qui sont respectables en elles-mêmes, ont donné naissance au cours des âges. Et si Dieu existe, au sens qu'elles Lui donnent à travers leur credo respectif, Il est le même pour tous. Dès lors, comment penser qu'Il puisse soutenir ou cautionner la malveillance, la rancœur et la haine ?
S'il est essentiel que les dirigeants et les fidèles de toutes les religions se montrent tolérants les uns envers les autres et se considèrent mutuellement comme des croyants plutôt que comme des fidèles de tel ou tel culte, il faut également qu'ils respectent tous ceux qui ne croient pas en Dieu et ne mènent aucune quête religieuse ou spirituelle. Inversement, ces derniers doivent comprendre et admettre que l'on puisse être croyant et puiser dans la Foi, sinon une raison de vivre, du moins un idéal de vie. Malheureusement, comme c'est le cas de la religiosité, l'athéisme génère parfois des comportements intégristes, notamment lorsqu'il est militant et qu'il dévoie la laïcité à des fins laïcistes.
La politique est également un domaine où règne l'intolérance, avec tout ce qui en résulte en termes de tensions, de divisions, d'oppositions, de rivalités, etc, non seulement entre les citoyens d'un même pays, mais également entre les nations. Si tel est le cas, c'est parce que chacun projette en elle son vécu, ses pulsions, ses frustrations, ses convictions, ses aspirations, ses angoisses, etc. Mais là encore, aucun parti ni aucun système, aussi démocratique soit-il, ne détient la Vérité à l'exclusion des autres, d'où la nécessité de dialoguer, d'échanger et de puiser dans des points de vue différents une opportunité de remettre les nôtres en cause. En cela, le sectarisme politique est tout aussi destructeur que le sectarisme religieux, notamment lorsqu'il se confond avec le pouvoir.
Dans tous les pays, la plupart des gens aspirent à la paix, car ils savent, au plus profond d'eux-mêmes, qu'elle est indissociable du bien-être et du bonheur qu'ils recherchent. Mais celle-ci correspond à un état idéal qui ne peut être atteint que si chacun exprime le meilleur de lui-même, c'est-à-dire manifeste autant que possible les qualités les plus positives dont l'être humain est capable. La tolérance est l'une des plus importantes, ce qui fit dire à Nicolas Roerich (1874-1947), peintre et écrivain rosicrucien de renommée internationale, promoteur d'une «culture de la paix»:«Nous pouvons être de véritables coopérateurs de l'Évolution. En cela, la connaissance véritable est basée sur la tolérance réelle ; de la tolérance réelle vient la compréhension absolue ; de la compréhension absolue naît l'enthousiasme pour la paix, qui éclaire et purifie».
Naturellement, il n'y a pas que dans les domaines de la religion et de la politique qu'il faut s'employer à être tolérant. Chaque jour, nous sommes amenés à discuter avec d'autres personnes sur des sujets divers, que ce soit dans le cadre de notre vie familiale, de notre activité professionnelle, de nos relations sociales et amicales, etc. Au cours de ces discussions, des idées, des opinions et des avis différents et même opposés sont nécessairement émis. C'est précisément en de telles circonstances que nous devons savoir faire preuve d'ouverture d'esprit et de tolérance. Cela implique d'échanger avec nos interlocuteurs, sans vouloir absolument les convaincre que nous avons raison ou, ce qui revient au même, qu'ils ont tort. Et si nous sommes en désaccord avec eux, sachons leur expliquer pourquoi, calmement et sans agressivité.
Une remarque s'impose néanmoins : la tolérance ne consiste pas à tout tolérer. En effet, il y a des situations, des attitudes, des comportements, des propos, etc., qui sont intolérables. D'une manière générale, il en est ainsi de tout ce qui porte atteinte à la personne humaine et à la nature. L'accepter ou s'y résoudre ne relève pas de la sagesse, mais de la faiblesse, voire de la lâcheté. À titre d'exemples, le racisme comme la xénophobie ne doivent pas être tolérés, pas plus que l'esclavage et la tyrannie. Il en est de même des mauvais traitements infligés aux animaux et des ravages causés à l'environnement. Être tolérant, ce n'est donc pas être laxiste, permissif ou libertaire. Ceci doit vous sembler évident ; il est donc inutile d'insister davantage sur ce point.
L'Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix, connu pour sa contribution à la culture et à la paix entre les peuples, a toujours eu pour devise : «La plus large tolérance dans la plus stricte indépendance». En application de cette devise, il compte parmi ses membres des Chrétiens, des Juifs, des Musulmans, des Bouddhistes, des Hindouistes, etc., mais aussi des personnes qui ne suivent aucune religion particulière. De même, les Rosicruciens diffèrent par leurs opinions politiques, qui sont parfois opposées, sans que cela ne pose problème entre eux. S'il en est ainsi, c'est précisément parce qu'ils respectent le droit à la différence et s'évertuent à être tolérants les uns envers les autres. Ce qui est possible au sein d'une fraternité comme l'A.M.O.R.C. doit l'être également au niveau de l'humanité. Il s'agit essentiellement d'une question de volonté individuelle et collective.
Nous savons tous que notre planète est devenue un seul pays, et il paraît évident que les êtres humains sont appelés de plus en plus à se mêler, pour ne pas dire à se mélanger. Il s'agit d'un processus naturel qui s'inscrit dans l'évolution de l'humanité. Sous l'effet de ce processus, qui s'est accentué au cours des dernières décennies et qui ira en s'intensifiant, les races, les nationalités, les cultures, les religions, les partis politiques, etc., vont devoir coexister et même coopérer dans l'intérêt de tous et de chacun. Si nous voulons que cette coopération se fasse harmonieusement et paisiblement, nous devons la placer sous les auspices de la tolérance et cultiver en nous le désir de nous comporter véritablement comme des citoyens du monde.
Certes, ces quelques réflexions n'ont rien d'original en elles-mêmes, mais si vous les partagez et si vous souhaitez les soutenir, je vous invite à souscrire à cet «Appel à la Tolérance» en vous engageant personnellement, vis-à-vis de vous-même, à faire tout votre possible pour vous montrer tolérant(e) dans vos relations avec autrui. Dans ce cas, inscrivez vos nom et prénom sur ce blog, dans la rubrique concernée, ainsi que la ville et le pays où vous résidez si vous n'y voyez pas d'inconvénients. Le nécessaire sera fait pour que vous figuriez sur la liste des signataires. Naturellement, vous pouvez proposer à des personnes de votre connaissance de le faire également. Ensemble, nous manifesterons ainsi notre volonté d'œuvrer à l'avènement d'un monde où la tolérance n'aura d'égal que le désir d'instaurer l'unité dans la diversité, prélude à l'émergence d'une nouvelle humanité.
Dans les liens qui nous unissent au-delà de nos différences, recevez mes meilleures pensées.
Fraternellement.
Serge TOUSSAINT Grand Maître
Voici un petit texte intéressant des Rose-Croix actuels - l`emphase est sur le mots sans cesse répété par les médias et les gouvernements - la tolérance envers toutes les religions.....
Appel à la tolérancePar Serge Toussaint le mercredi 2 février 2011, 09:45 - Documents - Lien permanent
À tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté Comme chacun peut le constater, l’humanité va mal et se déchire dans des divisions de tous ordres. Outre la crise financière, économique et sociale à laquelle elle est confrontée depuis plusieurs années, elle est en proie à nombre de tensions, de conflits et de guerres dont la plupart ont leur origine dans une faiblesse majeure de la nature humaine : l’intolérance. Cela laisse supposer que si la majorité des êtres humains faisaient preuve de tolérance dans leurs jugements et dans leur comportement, le monde irait beaucoup mieux et s’en trouverait considérablement apaisé, ce que chacun devrait souhaiter.
Mais qu'est-ce que la tolérance ? D'une manière générale, c'est l'aptitude à respecter les idées qui sont différentes des nôtres et même qui s'y opposent, et ce, dans tous les domaines : religieux, politique, culturel, artistique, etc. Je pense que le meilleur moyen de nous montrer tolérants dans la vie courante est de reconnaître que nous sommes imparfaits, que nous ne savons pas tout, et que nous sommes sujets à l'erreur. Cela n'est pas facile, car nous avons tous un ego, et celui-ci, en raison même de sa nature, nous incite généralement à croire que nous sommes, sinon parfaits, du moins bien meilleurs que nous ne le sommes. C'est également sous son influence que nous avons tendance à considérer que nous avons raison de penser, de dire et de faire ce que nous pensons, disons et faisons en telle ou telle circonstance.
L'un des domaines où l'intolérance crée le plus de dommages est la religion. Combien de crimes et de guerres a-t-elle générés au cours de l'Histoire ? Combien de divisions, de disputes et de fâcheries a-t-elle causées dans les familles ou entre amis ? Et malheureusement, il en est toujours ainsi. Pourtant, aucune religion n'a le monopole de la Foi, et aucune ne connaît la Vérité. Si Moïse, Bouddha, Jésus, Mahomet et autres messies ou prophètes du passé revenaient sur Terre, il ne fait aucun doute qu'ils condamneraient toutes les formes d'intégrisme et de fanatisme auxquels les religions, qui sont respectables en elles-mêmes, ont donné naissance au cours des âges. Et si Dieu existe, au sens qu'elles Lui donnent à travers leur credo respectif, Il est le même pour tous. Dès lors, comment penser qu'Il puisse soutenir ou cautionner la malveillance, la rancœur et la haine ?
S'il est essentiel que les dirigeants et les fidèles de toutes les religions se montrent tolérants les uns envers les autres et se considèrent mutuellement comme des croyants plutôt que comme des fidèles de tel ou tel culte, il faut également qu'ils respectent tous ceux qui ne croient pas en Dieu et ne mènent aucune quête religieuse ou spirituelle. Inversement, ces derniers doivent comprendre et admettre que l'on puisse être croyant et puiser dans la Foi, sinon une raison de vivre, du moins un idéal de vie. Malheureusement, comme c'est le cas de la religiosité, l'athéisme génère parfois des comportements intégristes, notamment lorsqu'il est militant et qu'il dévoie la laïcité à des fins laïcistes.
La politique est également un domaine où règne l'intolérance, avec tout ce qui en résulte en termes de tensions, de divisions, d'oppositions, de rivalités, etc, non seulement entre les citoyens d'un même pays, mais également entre les nations. Si tel est le cas, c'est parce que chacun projette en elle son vécu, ses pulsions, ses frustrations, ses convictions, ses aspirations, ses angoisses, etc. Mais là encore, aucun parti ni aucun système, aussi démocratique soit-il, ne détient la Vérité à l'exclusion des autres, d'où la nécessité de dialoguer, d'échanger et de puiser dans des points de vue différents une opportunité de remettre les nôtres en cause. En cela, le sectarisme politique est tout aussi destructeur que le sectarisme religieux, notamment lorsqu'il se confond avec le pouvoir.
Dans tous les pays, la plupart des gens aspirent à la paix, car ils savent, au plus profond d'eux-mêmes, qu'elle est indissociable du bien-être et du bonheur qu'ils recherchent. Mais celle-ci correspond à un état idéal qui ne peut être atteint que si chacun exprime le meilleur de lui-même, c'est-à-dire manifeste autant que possible les qualités les plus positives dont l'être humain est capable. La tolérance est l'une des plus importantes, ce qui fit dire à Nicolas Roerich (1874-1947), peintre et écrivain rosicrucien de renommée internationale, promoteur d'une «culture de la paix»:«Nous pouvons être de véritables coopérateurs de l'Évolution. En cela, la connaissance véritable est basée sur la tolérance réelle ; de la tolérance réelle vient la compréhension absolue ; de la compréhension absolue naît l'enthousiasme pour la paix, qui éclaire et purifie».
Naturellement, il n'y a pas que dans les domaines de la religion et de la politique qu'il faut s'employer à être tolérant. Chaque jour, nous sommes amenés à discuter avec d'autres personnes sur des sujets divers, que ce soit dans le cadre de notre vie familiale, de notre activité professionnelle, de nos relations sociales et amicales, etc. Au cours de ces discussions, des idées, des opinions et des avis différents et même opposés sont nécessairement émis. C'est précisément en de telles circonstances que nous devons savoir faire preuve d'ouverture d'esprit et de tolérance. Cela implique d'échanger avec nos interlocuteurs, sans vouloir absolument les convaincre que nous avons raison ou, ce qui revient au même, qu'ils ont tort. Et si nous sommes en désaccord avec eux, sachons leur expliquer pourquoi, calmement et sans agressivité.
Une remarque s'impose néanmoins : la tolérance ne consiste pas à tout tolérer. En effet, il y a des situations, des attitudes, des comportements, des propos, etc., qui sont intolérables. D'une manière générale, il en est ainsi de tout ce qui porte atteinte à la personne humaine et à la nature. L'accepter ou s'y résoudre ne relève pas de la sagesse, mais de la faiblesse, voire de la lâcheté. À titre d'exemples, le racisme comme la xénophobie ne doivent pas être tolérés, pas plus que l'esclavage et la tyrannie. Il en est de même des mauvais traitements infligés aux animaux et des ravages causés à l'environnement. Être tolérant, ce n'est donc pas être laxiste, permissif ou libertaire. Ceci doit vous sembler évident ; il est donc inutile d'insister davantage sur ce point.
L'Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix, connu pour sa contribution à la culture et à la paix entre les peuples, a toujours eu pour devise : «La plus large tolérance dans la plus stricte indépendance». En application de cette devise, il compte parmi ses membres des Chrétiens, des Juifs, des Musulmans, des Bouddhistes, des Hindouistes, etc., mais aussi des personnes qui ne suivent aucune religion particulière. De même, les Rosicruciens diffèrent par leurs opinions politiques, qui sont parfois opposées, sans que cela ne pose problème entre eux. S'il en est ainsi, c'est précisément parce qu'ils respectent le droit à la différence et s'évertuent à être tolérants les uns envers les autres. Ce qui est possible au sein d'une fraternité comme l'A.M.O.R.C. doit l'être également au niveau de l'humanité. Il s'agit essentiellement d'une question de volonté individuelle et collective.
Nous savons tous que notre planète est devenue un seul pays, et il paraît évident que les êtres humains sont appelés de plus en plus à se mêler, pour ne pas dire à se mélanger. Il s'agit d'un processus naturel qui s'inscrit dans l'évolution de l'humanité. Sous l'effet de ce processus, qui s'est accentué au cours des dernières décennies et qui ira en s'intensifiant, les races, les nationalités, les cultures, les religions, les partis politiques, etc., vont devoir coexister et même coopérer dans l'intérêt de tous et de chacun. Si nous voulons que cette coopération se fasse harmonieusement et paisiblement, nous devons la placer sous les auspices de la tolérance et cultiver en nous le désir de nous comporter véritablement comme des citoyens du monde.
Certes, ces quelques réflexions n'ont rien d'original en elles-mêmes, mais si vous les partagez et si vous souhaitez les soutenir, je vous invite à souscrire à cet «Appel à la Tolérance» en vous engageant personnellement, vis-à-vis de vous-même, à faire tout votre possible pour vous montrer tolérant(e) dans vos relations avec autrui. Dans ce cas, inscrivez vos nom et prénom sur ce blog, dans la rubrique concernée, ainsi que la ville et le pays où vous résidez si vous n'y voyez pas d'inconvénients. Le nécessaire sera fait pour que vous figuriez sur la liste des signataires. Naturellement, vous pouvez proposer à des personnes de votre connaissance de le faire également. Ensemble, nous manifesterons ainsi notre volonté d'œuvrer à l'avènement d'un monde où la tolérance n'aura d'égal que le désir d'instaurer l'unité dans la diversité, prélude à l'émergence d'une nouvelle humanité.
Dans les liens qui nous unissent au-delà de nos différences, recevez mes meilleures pensées.
Fraternellement.
Serge TOUSSAINT Grand Maître
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
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