Quand la laicité devient un piege
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Quand la laicité devient un piege
Nos vœux pour 2011 : déjouer le piège de la laïcité
Un siècle après la séparation de l’Église et de l’État, la laïcité est à nouveau sur toutes les lèvres et, comme l’écrit Le Monde, « revient au centre du débat politique ». Les intellectuels et les hommes politiques, d’Olivier Besancenot à Marine Le Pen, redécouvrent un idéal qui paraissait exténué. Le chef de l’État la célèbre comme une valeur fondatrice de notre identité. Les évêques s’émerveillent de ce qu’elle soit désormais “apaisée”. Cent ans après avoir été instituée pour déposséder l’Église catholique de son influence sociale, elle est désormais présentée comme la martingale qui doit permettre de résoudre toutes les difficultés liées à la présence de nombreux musulmans sur notre territoire national.
Sommaire
La laïcité : trois réalités (...)
Islam et laïcité
La laïcité contre le christianisme
Notre espérance dans l’avenir
Le premier piège de la laïcité est que ce mot unique recouvre, en fait, trois réalités différentes.
Il y eut d’abord la laïcité de combat, le laïcisme, arme de guerre contre l’Église, dont la déclaration à la Chambre des députés de René Viviani, le 8 novembre 1906, manifeste bien l’état d’esprit : « Nous avons arraché les consciences à la croyance (…) Ensemble, d’un geste magnifique nous avons éteint dans le ciel des étoiles qu’on ne rallumera plus (…) La neutralité fut toujours un mensonge (…) Nous sommes en face de l’Église catholique, pour la combattre, pour lui livrer une guerre d’extermination ». Ce courant de pensée n’a pas disparu et nous vaut parfois les déclarations tonitruantes et les attitudes sectaires de quelques francs-maçons de caricature du genre de Michel Charasse refusant de rentrer dans l’église où se déroulaient les funérailles de François Mitterrand.
Aujourd’hui la mode est à la laïcité « ouverte, apaisée, positive » dont le chantre est, avec le soutien des évêques de France, l’actuel président de la République. Après avoir concédé que « le besoin spirituel, l’espérance, ne sont pas satisfaits par l’idéal républicain » (in La République, les religions, l’espérance), Nicolas Sarkozy met ses pas dans les traces de Jacques Chirac en déclarant : « La loi républicaine, élaborée et appliquée, dans le cadre de l’État de droit, est toujours supérieure à la loi de la religion même si elles ne sont pas de même nature, l’une garantissant l’ordre public, l’autre l’ordre moral ». L’existence des religions est ainsi considérée comme légitime, voire nécessaire, à condition que les convictions religieuses restent du domaine de la croyance privée sans aucune influence sur la vie sociale et politique, la sphère publique devant rester neutre. Les évêques de France se sont ralliés, comme l’a noté Jean Madiran, à cette conception de la laïcité le 23 novembre affirmant comme membres de la Conférence des responsables de culte en France qu’« ils adhéraient sans réserve au principe de laïcité qui est un des fondements de notre République ». Cet engagement ne fait pourtant pas l’unanimité parmi Nos Seigneurs puisque Mgr Lebrun, évêque de Saint-Étienne, déclarait peu après au quotidien Le Progrès, le 27 décembre 2010 : « La laïcité sert de prétexte pour empêcher les croyants d’exprimer leur foi ». Il se faisait ainsi l’écho de Benoît XVI, affirmant le 9 décembre 2006 : « L’État ne peut considérer la religion comme un simple sentiment individuel qui peut être confiné à la seule sphère privée (...) Une vision a-religieuse de la vie, de la pensée et de la morale a donné lieu à une conception erronée de la laïcité, un terme qui semble être devenu l’emblème essentiel (...) de la démocratie moderne (...) L’hostilité à toute forme de reconnaissance de l’importance politique et culturelle de la religion et à la présence en particulier de tous symboles religieux dans les institutions publiques (...) n’est pas un signe de saine laïcité, mais de sa dégénérescence en laïcisme ».
Enfin Pie XII, dès le 23 mars 1958, faisant référence à la Tradition de l’Église et à la parole du Christ, « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu », avait défini la « saine et légitime » laïcité comme la volonté de maintenir « distincts mais aussi toujours unis selon de justes principes les deux Pouvoirs (spirituels et temporels) ». Ce texte doit être compris à la lumière de la déclaration du même Pontife, le 7 décembre 1955, traitant de la nécessaire « unité d’action entre l’Église et l’État ». Il s’agit de distinguer et non de séparer le spirituel et le temporel, l’Église et l’État, chacun étant souverain dans son ordre.
Islam et laïcité
Au-delà des approches conceptuelles, observons quelques faits :
•il n’existe pas, dans l’histoire de l’humanité, de sociétés musulmanes qui se soient ralliées à la laïcité, malgré de nombreuses tentatives. La Turquie khémaliste, l’Iran des Pahlavi, l’Égypte nassérienne, l’Irak baasiste… après une brève parenthèse laïque, se sont tournés, parfois violemment, vers un islam de plus en plus fondamentaliste. Pourquoi ce qui a échoué hier sur les rives du Tigre ou du Nil réussirait-il sur celles de la Seine ? La raison fondamentale de ces échecs est que l’islam, quelles que soient ses nuances géographiques, à part peut-être l’islam soufi, ignore la distinction entre le spirituel et le temporel et a fortiori n’en imagine pas la séparation. Prétendre laïciser l’islam est un vœu pieux, une illusion, qui ne repose sur aucun fait d’expérience pouvant en démontrer la possibilité. Il s’agit plutôt d’une fuite en avant provoquée par la crainte des conséquences sociales et politiques de cet état de fait, alors que la population française est composée de plus de 10 % de musulmans. C’est ainsi que Nicolas Sarkozy déclarait : « Quand Michèle Tribalat doute de la compatibilité de l’islam avec les valeurs de la République, elle part d’un point de vue qui ressemble à une forme de racisme, ni plus ni moins. Elle postule que, chez les musulmans, la foi et la pratique religieuse sont des actes dangereux pour la République ». Quelqu’un pourrait-il expliquer au président de la République, quand il aura fini la lecture de La Princesse de Clèves, la différence qui existe entre « postuler » et « observer », « partir d’un point de vue » et « constater » ?
•le seul pays chrétien durablement dirigé par des musulmans et qui s’en soit totalement libéré est l’Espagne, à l’issue d’une Reconquista qui a duré sept siècles. De même, les pays balkaniques et la Grèce ne se sont libérés de l’emprise turque qu’après bien des années de lutte. Les minorités musulmanes présentes dans des pays où domine une autre religion ont toujours fini par obtenir soit un statut de large autonomie soit l’indépendance, comme ce fut le cas au moment de la création du Pakistan, en 1947, sur des critères uniquement religieux.
•à ce jour, aucun mouvement massif de conversions de l’islam vers le christianisme n’a jamais été observé. Les conditions les plus favorables ont sans doute été réunies au moment de la conquête de l’Algérie par la France car au prestige de la puissance victorieuse pouvait s’associer la possibilité de faire renouer les populations berbères avec leurs racines… chrétiennes. C’est un fait, il n’y a pas eu de conversions massives même si un mouvement de conversion au protestantisme évangélique semble se dessiner en Kabylie, l’Église catholique se contentant, depuis longtemps, de témoigner et récusant tout prosélytisme.
Si des musulmans se convertissaient à la laïcité “positive” à quoi se convertiraient-ils en définitive ? À un hédonisme matérialiste sans principes et sans règles, hormis la sacro-sainte laïcité, ayant érigé le droit individuel à “jouir sans entraves” en règle de vie et présentant cette maxime comme l’horizon indépassable du bonheur humain. Nous n’avons, comme chrétiens, aucune part à prendre dans ce projet prométhéen, qui consiste à faire passer les musulmans d’une forme de barbarie à une autre.
Comme Français, nous en refusons pareillement la perspective. Il est frappant de constater que les tenants de la laïcité, même ouverte, sont souvent des sectateurs acharnés de toutes les licences morales, sexuelles… dont le symbole est la loi Veil dépénalisant l’avortement. Ainsi, lors des Assises contre l’islamisation de l’Europe, le samedi 18 décembre, une des conférencières a tenu à rappeler, sous les huées d’une partie de l’assistance, qu’elle avait été signataire du Manifeste des 343 salopes appelant à libéraliser l’avortement. Or, si la question de l’islam et donc celle du renouveau de la laïcité se pose en France, c’est parce qu’il a été créé un vide démographique dont les 200 000 avortements annuels sont largement responsables. Chacun sait que la nature a horreur du vide ! Pérenniser la loi Veil et ses avatars historiques et prétendre résister à l’islamisation de la France, c’est écoper son embarcation avec un dé à coudre alors que le navire fait eau de toutes parts.
Les tenants de la laïcité “positive”, qui voient en elle le dernier moyen de préserver notre identité nationale, seront en outre rapidement confrontés à des contradictions laïcistes difficiles voire impossibles à surmonter. Ainsi, le sieur Lies Hebbadj, mari de la conductrice verbalisée à Nantes pour le port du voile intégral, a eu beau jeu de rétorquer à ses détracteurs qui l’accusaient de polygamie que rien n’interdisait en France d’avoir des maîtresses. Que peut rétorquer à cela la morale laïque, subtil mélange d’hédonisme libertaire et de matérialisme consumériste ?
La laïcité contre le christianisme en France
Enfin comment ne pas craindre que la mise en œuvre d’une politique laïque de stricte observance ne se retourne contre ce qu’il reste de traces de Chrétienté en France. Interdire l’appel à la prière du muezzin au nom de la laïcité, n’est-ce pas aussi prohiber la sonnerie des cloches ? Ne pas autoriser les prières publiques du vendredi dans les rues, au nom de la laïcité, ne conduira-t-il pas, logiquement, à ne pas autoriser les processions de la Fête-Dieu ? Est-il d’ailleurs conforme à la laïcité que le jour férié soit le dimanche et non le vendredi, ce qui crée incontestablement une discrimination religieuse au détriment des populations non chrétiennes ? Sans oublier la question des jours fériés d’origine chrétienne : Ascension, lundi de Pentecôte… Inéluctablement les tenants de la laïcité en reviendront au décadi et à la célébration exclusive des fêtes laïques comme le 14 juillet ou le 8 mai au détriment de ce qu’il reste de traces de chrétienté dans nos institutions. Comment ne pas voir que l’une des manifestations les plus spectaculaires, avant la lettre, de la laïcité positive fut certainement le vote de la loi Debré mettant l’enseignement catholique sous contrat à la merci de l’État, de ses programmes et de ses organismes de formation et aboutissant 50 années plus tard à un enseignement qui souvent, selon Mgr Cattenoz, archevêque d’Avignon, n’a plus de catholique que le nom ? C’est au nom de la même laïcité que le quotidien 20 minutes vient de refuser d’annoncer les cérémonies en l’honneur de la fête de l’Immaculée Conception dans le diocèse de Lyon alors que quelques mois auparavant il n’avait pas rechigné à diffuser une publicité pour des produits « Fièrement halal ». C’est encore au nom de la laïcité que se multiplient les revendications pour exclure les crèches de l’espace public. Comme l’écrit le rédacteur en chef de La Vie, Jean-Pierre Denis : « Le christianisme n’est pas violemment éjecté de la sphère publique mais tranquillement banni de tous les espaces de la mémoire collective, de tout notre inconscient culturel. Nous vivons une entreprise de reniement paisible, insidieux, et politiquement correct en diable ». Le maître d’œuvre de ce bannissement est la laïcité qui exclut toute manifestation publique d’une croyance religieuse, au mépris de l’histoire de notre pays et de la liberté de conscience. En effet il n’y a pas de différence de nature mais uniquement de degré entre le laïcisme et la laïcité même positive. L’une et l’autre sont, dans la pratique, un athéisme social. Ce n’est pas un hasard, mais au contraire, la conséquence logique d’un siècle de laïcité si une étude de février 2009, faite par l’institut Gallup, observe que la France est parmi les dix pays les moins croyants du monde. La laïcité y a fait le lit de l’athéisme.
Promouvoir la laïcité en espérant que les masses musulmanes s’y convertiront et deviendront ainsi républicano-compatibles est ainsi à la fois une illusion (tant ce concept de laïcité, absolument impie aux yeux des musulmans, est étranger à l’islam) et une faute, tant elle est contraire aux conditions de la renaissance de notre nation.
La laïcité n’est qu’un parasite de la chrétienté. Elle peut la détruire comme le gui tue inéluctablement le pommier sur lequel il se trouve : il ne survit cependant pas lui-même à sa disparition. Les « Hussards noirs de la République » ont ainsi disparu, emportés par les vents violents de Mai 68, mais aussi par la révolution conciliaire. L’Église qui, par sa puissance, justifiait, par antithèse, leur existence les a entraînés dans sa chute. Contrairement à ce que déclarait, dans un récent entretien à Présent, Marine Le Pen, le choix n’est pas entre la laïcité et la croisade, mais entre la restauration de la civilisation chrétienne et le retour à la barbarie. Comme l’écrivait Péguy : « Ces croisades, que nos pères allaient chercher jusque sur les terres des Infidèles, ce sont elles aujourd’hui qui nous ont rejoints et nous les avons à domicile. Toutes nos maisons sont des forteresses in periculo maris ». C’est au nom de la fidélité à notre histoire, à nos traditions, à notre vocation particulière, que pourra être mené le combat victorieux pour le maintien de l’identité de la France ! Or le christianisme tient une place essentielle dans la constitution de cette identité, ce qu’avait bien compris le Père de Foucauld écrivant le 29 juillet 1916 à René Bazin : « Le seul moyen qu’ils (les musulmans d’Algérie) deviennent français est qu’ils deviennent chrétiens ». Le propos n’a rien perdu de son actualité comme nous le rappelait Jean-François Chemain dans « Enseigner en banlieue in caritate et veritate » (publié dans notre revue Renaissance Catholique n° 114), le christianisme a marqué de son empreinte indélébile nos paysages ruraux et citadins, il imprègne encore notre vie quotidienne et nos institutions, il a inspiré tant de nos œuvres d’art en littérature, peinture, sculpture… que le réduire à la sphère privée serait dénaturer, au sens le plus étymologique du terme, l’identité même de la France.
Notre espérance dans l’avenir de la France
Affirmant cela, nous prenons acte de notre condition d’héritiers sans doute indignes, mais désireux d’être fidèle à un héritage qui certes nous dépasse, mais qui aussi donne un sens à nos vies.
En ce nouvel an de grâces 2011, calculé depuis la date du jour de la naissance de Notre Seigneur Jésus-Christ (nouvelle fâcheuse entorse à la laïcité), nous mettrons notre espérance dans l’avenir de la France non dans le piège fumeux de la laïcité mais dans la prière d’intercession des saints de France et dans la réappropriation par un peuple, devenu de plus en plus étranger à son destin, de sa véritable vocation de fils aîné de l’Église
Jean-Pierre Maugendre
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Un siècle après la séparation de l’Église et de l’État, la laïcité est à nouveau sur toutes les lèvres et, comme l’écrit Le Monde, « revient au centre du débat politique ». Les intellectuels et les hommes politiques, d’Olivier Besancenot à Marine Le Pen, redécouvrent un idéal qui paraissait exténué. Le chef de l’État la célèbre comme une valeur fondatrice de notre identité. Les évêques s’émerveillent de ce qu’elle soit désormais “apaisée”. Cent ans après avoir été instituée pour déposséder l’Église catholique de son influence sociale, elle est désormais présentée comme la martingale qui doit permettre de résoudre toutes les difficultés liées à la présence de nombreux musulmans sur notre territoire national.
Sommaire
La laïcité : trois réalités (...)
Islam et laïcité
La laïcité contre le christianisme
Notre espérance dans l’avenir
Le premier piège de la laïcité est que ce mot unique recouvre, en fait, trois réalités différentes.
Il y eut d’abord la laïcité de combat, le laïcisme, arme de guerre contre l’Église, dont la déclaration à la Chambre des députés de René Viviani, le 8 novembre 1906, manifeste bien l’état d’esprit : « Nous avons arraché les consciences à la croyance (…) Ensemble, d’un geste magnifique nous avons éteint dans le ciel des étoiles qu’on ne rallumera plus (…) La neutralité fut toujours un mensonge (…) Nous sommes en face de l’Église catholique, pour la combattre, pour lui livrer une guerre d’extermination ». Ce courant de pensée n’a pas disparu et nous vaut parfois les déclarations tonitruantes et les attitudes sectaires de quelques francs-maçons de caricature du genre de Michel Charasse refusant de rentrer dans l’église où se déroulaient les funérailles de François Mitterrand.
Aujourd’hui la mode est à la laïcité « ouverte, apaisée, positive » dont le chantre est, avec le soutien des évêques de France, l’actuel président de la République. Après avoir concédé que « le besoin spirituel, l’espérance, ne sont pas satisfaits par l’idéal républicain » (in La République, les religions, l’espérance), Nicolas Sarkozy met ses pas dans les traces de Jacques Chirac en déclarant : « La loi républicaine, élaborée et appliquée, dans le cadre de l’État de droit, est toujours supérieure à la loi de la religion même si elles ne sont pas de même nature, l’une garantissant l’ordre public, l’autre l’ordre moral ». L’existence des religions est ainsi considérée comme légitime, voire nécessaire, à condition que les convictions religieuses restent du domaine de la croyance privée sans aucune influence sur la vie sociale et politique, la sphère publique devant rester neutre. Les évêques de France se sont ralliés, comme l’a noté Jean Madiran, à cette conception de la laïcité le 23 novembre affirmant comme membres de la Conférence des responsables de culte en France qu’« ils adhéraient sans réserve au principe de laïcité qui est un des fondements de notre République ». Cet engagement ne fait pourtant pas l’unanimité parmi Nos Seigneurs puisque Mgr Lebrun, évêque de Saint-Étienne, déclarait peu après au quotidien Le Progrès, le 27 décembre 2010 : « La laïcité sert de prétexte pour empêcher les croyants d’exprimer leur foi ». Il se faisait ainsi l’écho de Benoît XVI, affirmant le 9 décembre 2006 : « L’État ne peut considérer la religion comme un simple sentiment individuel qui peut être confiné à la seule sphère privée (...) Une vision a-religieuse de la vie, de la pensée et de la morale a donné lieu à une conception erronée de la laïcité, un terme qui semble être devenu l’emblème essentiel (...) de la démocratie moderne (...) L’hostilité à toute forme de reconnaissance de l’importance politique et culturelle de la religion et à la présence en particulier de tous symboles religieux dans les institutions publiques (...) n’est pas un signe de saine laïcité, mais de sa dégénérescence en laïcisme ».
Enfin Pie XII, dès le 23 mars 1958, faisant référence à la Tradition de l’Église et à la parole du Christ, « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu », avait défini la « saine et légitime » laïcité comme la volonté de maintenir « distincts mais aussi toujours unis selon de justes principes les deux Pouvoirs (spirituels et temporels) ». Ce texte doit être compris à la lumière de la déclaration du même Pontife, le 7 décembre 1955, traitant de la nécessaire « unité d’action entre l’Église et l’État ». Il s’agit de distinguer et non de séparer le spirituel et le temporel, l’Église et l’État, chacun étant souverain dans son ordre.
Islam et laïcité
Au-delà des approches conceptuelles, observons quelques faits :
•il n’existe pas, dans l’histoire de l’humanité, de sociétés musulmanes qui se soient ralliées à la laïcité, malgré de nombreuses tentatives. La Turquie khémaliste, l’Iran des Pahlavi, l’Égypte nassérienne, l’Irak baasiste… après une brève parenthèse laïque, se sont tournés, parfois violemment, vers un islam de plus en plus fondamentaliste. Pourquoi ce qui a échoué hier sur les rives du Tigre ou du Nil réussirait-il sur celles de la Seine ? La raison fondamentale de ces échecs est que l’islam, quelles que soient ses nuances géographiques, à part peut-être l’islam soufi, ignore la distinction entre le spirituel et le temporel et a fortiori n’en imagine pas la séparation. Prétendre laïciser l’islam est un vœu pieux, une illusion, qui ne repose sur aucun fait d’expérience pouvant en démontrer la possibilité. Il s’agit plutôt d’une fuite en avant provoquée par la crainte des conséquences sociales et politiques de cet état de fait, alors que la population française est composée de plus de 10 % de musulmans. C’est ainsi que Nicolas Sarkozy déclarait : « Quand Michèle Tribalat doute de la compatibilité de l’islam avec les valeurs de la République, elle part d’un point de vue qui ressemble à une forme de racisme, ni plus ni moins. Elle postule que, chez les musulmans, la foi et la pratique religieuse sont des actes dangereux pour la République ». Quelqu’un pourrait-il expliquer au président de la République, quand il aura fini la lecture de La Princesse de Clèves, la différence qui existe entre « postuler » et « observer », « partir d’un point de vue » et « constater » ?
•le seul pays chrétien durablement dirigé par des musulmans et qui s’en soit totalement libéré est l’Espagne, à l’issue d’une Reconquista qui a duré sept siècles. De même, les pays balkaniques et la Grèce ne se sont libérés de l’emprise turque qu’après bien des années de lutte. Les minorités musulmanes présentes dans des pays où domine une autre religion ont toujours fini par obtenir soit un statut de large autonomie soit l’indépendance, comme ce fut le cas au moment de la création du Pakistan, en 1947, sur des critères uniquement religieux.
•à ce jour, aucun mouvement massif de conversions de l’islam vers le christianisme n’a jamais été observé. Les conditions les plus favorables ont sans doute été réunies au moment de la conquête de l’Algérie par la France car au prestige de la puissance victorieuse pouvait s’associer la possibilité de faire renouer les populations berbères avec leurs racines… chrétiennes. C’est un fait, il n’y a pas eu de conversions massives même si un mouvement de conversion au protestantisme évangélique semble se dessiner en Kabylie, l’Église catholique se contentant, depuis longtemps, de témoigner et récusant tout prosélytisme.
Si des musulmans se convertissaient à la laïcité “positive” à quoi se convertiraient-ils en définitive ? À un hédonisme matérialiste sans principes et sans règles, hormis la sacro-sainte laïcité, ayant érigé le droit individuel à “jouir sans entraves” en règle de vie et présentant cette maxime comme l’horizon indépassable du bonheur humain. Nous n’avons, comme chrétiens, aucune part à prendre dans ce projet prométhéen, qui consiste à faire passer les musulmans d’une forme de barbarie à une autre.
Comme Français, nous en refusons pareillement la perspective. Il est frappant de constater que les tenants de la laïcité, même ouverte, sont souvent des sectateurs acharnés de toutes les licences morales, sexuelles… dont le symbole est la loi Veil dépénalisant l’avortement. Ainsi, lors des Assises contre l’islamisation de l’Europe, le samedi 18 décembre, une des conférencières a tenu à rappeler, sous les huées d’une partie de l’assistance, qu’elle avait été signataire du Manifeste des 343 salopes appelant à libéraliser l’avortement. Or, si la question de l’islam et donc celle du renouveau de la laïcité se pose en France, c’est parce qu’il a été créé un vide démographique dont les 200 000 avortements annuels sont largement responsables. Chacun sait que la nature a horreur du vide ! Pérenniser la loi Veil et ses avatars historiques et prétendre résister à l’islamisation de la France, c’est écoper son embarcation avec un dé à coudre alors que le navire fait eau de toutes parts.
Les tenants de la laïcité “positive”, qui voient en elle le dernier moyen de préserver notre identité nationale, seront en outre rapidement confrontés à des contradictions laïcistes difficiles voire impossibles à surmonter. Ainsi, le sieur Lies Hebbadj, mari de la conductrice verbalisée à Nantes pour le port du voile intégral, a eu beau jeu de rétorquer à ses détracteurs qui l’accusaient de polygamie que rien n’interdisait en France d’avoir des maîtresses. Que peut rétorquer à cela la morale laïque, subtil mélange d’hédonisme libertaire et de matérialisme consumériste ?
La laïcité contre le christianisme en France
Enfin comment ne pas craindre que la mise en œuvre d’une politique laïque de stricte observance ne se retourne contre ce qu’il reste de traces de Chrétienté en France. Interdire l’appel à la prière du muezzin au nom de la laïcité, n’est-ce pas aussi prohiber la sonnerie des cloches ? Ne pas autoriser les prières publiques du vendredi dans les rues, au nom de la laïcité, ne conduira-t-il pas, logiquement, à ne pas autoriser les processions de la Fête-Dieu ? Est-il d’ailleurs conforme à la laïcité que le jour férié soit le dimanche et non le vendredi, ce qui crée incontestablement une discrimination religieuse au détriment des populations non chrétiennes ? Sans oublier la question des jours fériés d’origine chrétienne : Ascension, lundi de Pentecôte… Inéluctablement les tenants de la laïcité en reviendront au décadi et à la célébration exclusive des fêtes laïques comme le 14 juillet ou le 8 mai au détriment de ce qu’il reste de traces de chrétienté dans nos institutions. Comment ne pas voir que l’une des manifestations les plus spectaculaires, avant la lettre, de la laïcité positive fut certainement le vote de la loi Debré mettant l’enseignement catholique sous contrat à la merci de l’État, de ses programmes et de ses organismes de formation et aboutissant 50 années plus tard à un enseignement qui souvent, selon Mgr Cattenoz, archevêque d’Avignon, n’a plus de catholique que le nom ? C’est au nom de la même laïcité que le quotidien 20 minutes vient de refuser d’annoncer les cérémonies en l’honneur de la fête de l’Immaculée Conception dans le diocèse de Lyon alors que quelques mois auparavant il n’avait pas rechigné à diffuser une publicité pour des produits « Fièrement halal ». C’est encore au nom de la laïcité que se multiplient les revendications pour exclure les crèches de l’espace public. Comme l’écrit le rédacteur en chef de La Vie, Jean-Pierre Denis : « Le christianisme n’est pas violemment éjecté de la sphère publique mais tranquillement banni de tous les espaces de la mémoire collective, de tout notre inconscient culturel. Nous vivons une entreprise de reniement paisible, insidieux, et politiquement correct en diable ». Le maître d’œuvre de ce bannissement est la laïcité qui exclut toute manifestation publique d’une croyance religieuse, au mépris de l’histoire de notre pays et de la liberté de conscience. En effet il n’y a pas de différence de nature mais uniquement de degré entre le laïcisme et la laïcité même positive. L’une et l’autre sont, dans la pratique, un athéisme social. Ce n’est pas un hasard, mais au contraire, la conséquence logique d’un siècle de laïcité si une étude de février 2009, faite par l’institut Gallup, observe que la France est parmi les dix pays les moins croyants du monde. La laïcité y a fait le lit de l’athéisme.
Promouvoir la laïcité en espérant que les masses musulmanes s’y convertiront et deviendront ainsi républicano-compatibles est ainsi à la fois une illusion (tant ce concept de laïcité, absolument impie aux yeux des musulmans, est étranger à l’islam) et une faute, tant elle est contraire aux conditions de la renaissance de notre nation.
La laïcité n’est qu’un parasite de la chrétienté. Elle peut la détruire comme le gui tue inéluctablement le pommier sur lequel il se trouve : il ne survit cependant pas lui-même à sa disparition. Les « Hussards noirs de la République » ont ainsi disparu, emportés par les vents violents de Mai 68, mais aussi par la révolution conciliaire. L’Église qui, par sa puissance, justifiait, par antithèse, leur existence les a entraînés dans sa chute. Contrairement à ce que déclarait, dans un récent entretien à Présent, Marine Le Pen, le choix n’est pas entre la laïcité et la croisade, mais entre la restauration de la civilisation chrétienne et le retour à la barbarie. Comme l’écrivait Péguy : « Ces croisades, que nos pères allaient chercher jusque sur les terres des Infidèles, ce sont elles aujourd’hui qui nous ont rejoints et nous les avons à domicile. Toutes nos maisons sont des forteresses in periculo maris ». C’est au nom de la fidélité à notre histoire, à nos traditions, à notre vocation particulière, que pourra être mené le combat victorieux pour le maintien de l’identité de la France ! Or le christianisme tient une place essentielle dans la constitution de cette identité, ce qu’avait bien compris le Père de Foucauld écrivant le 29 juillet 1916 à René Bazin : « Le seul moyen qu’ils (les musulmans d’Algérie) deviennent français est qu’ils deviennent chrétiens ». Le propos n’a rien perdu de son actualité comme nous le rappelait Jean-François Chemain dans « Enseigner en banlieue in caritate et veritate » (publié dans notre revue Renaissance Catholique n° 114), le christianisme a marqué de son empreinte indélébile nos paysages ruraux et citadins, il imprègne encore notre vie quotidienne et nos institutions, il a inspiré tant de nos œuvres d’art en littérature, peinture, sculpture… que le réduire à la sphère privée serait dénaturer, au sens le plus étymologique du terme, l’identité même de la France.
Notre espérance dans l’avenir de la France
Affirmant cela, nous prenons acte de notre condition d’héritiers sans doute indignes, mais désireux d’être fidèle à un héritage qui certes nous dépasse, mais qui aussi donne un sens à nos vies.
En ce nouvel an de grâces 2011, calculé depuis la date du jour de la naissance de Notre Seigneur Jésus-Christ (nouvelle fâcheuse entorse à la laïcité), nous mettrons notre espérance dans l’avenir de la France non dans le piège fumeux de la laïcité mais dans la prière d’intercession des saints de France et dans la réappropriation par un peuple, devenu de plus en plus étranger à son destin, de sa véritable vocation de fils aîné de l’Église
Jean-Pierre Maugendre
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MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
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