Des citoyens en croisade contre la prière, ça continue

(Saint-Paulin) Après Trois-Rivières, Saguenay et Laval, voilà que des citoyens de la petite localité de Saint-Paulin partent en croisade afin que cesse la récitation de la prière avant la tenue des séances publiques du conseil municipal.

Stéphane Fafard et Daniel Garceau, deux citoyens de l'endroit, ont en effet fait parvenir une lettre à la municipalité, dont Le Nouvelliste a obtenu copie, dans laquelle ils demandent aux membres du conseil municipal de cesser de réciter la prière et de retirer le crucifix qui se trouve présentement dans la salle du conseil.

«La municipalité de Saint-Paulin compte plus d'une religion, ou croyance, ou mode de vie. C'est pour cette raison que le conseil municipal devrait prendre en considération cette réalité citoyenne. Saint-Paulin doit respecter tous ses citoyens, ainsi que leur liberté de penser, et les croyances religieuses distinctes de ceux-ci», peut-on notamment lire dans la lettre signée par les deux citoyens.

Les deux hommes soutiennent que c'est l'adoption à l'unanimité par le conseil d'une résolution visant la protection des traditions, des moeurs et des usages après qu'il eut été question d'une lettre de soutien au maire de Saguenay, Jean Tremblay, qui les a motivés à envoyer leur lettre.

Selon eux, cette résolution constitue ni plus ni moins un appui au coloré maire Tremblay dans sa démarche pour maintenir la prière avant les séances publiques du conseil municipal de sa ville. Ces derniers croient de plus que le premier magistrat de Saguenay s'est lancé dans cette bataille seulement dans le but de se faire du capital politique.

«Jusqu'à date, nous sommes restés neutres dans l'histoire de la prière. Mais la résolution d'appui au maire Jean Tremblay, on n'est pas d'accord. Ils ne peuvent pas prendre une telle décision au nom de la population de Saint-Paulin alors qu'il y a plusieurs citoyens qui ne sont pas croyants ou pratiquants. Nous ne sommes pas d'accord qu'ils appuient pour nous cet individu», indique M. Garceau.

Les deux citoyens se disent prêts à aller plus loin dans leurs revendications si le conseil n'acquiesce pas à leur demande. Une copie de la lettre a notamment déjà été envoyée à la Commission des Droits de la Personne et une plainte formelle auprès de ce même organisme suivra si la pratique que les deux citoyens considèrent comme inadéquate dans une société comme le Québec se poursuit.

Ils prévoient également contacter les dirigeants du Mouvement laïque québécois afin de les informer de leur démarche et demander leur appui. Les deux hommes entendent de plus être présents lors de la séance spéciale prévue demain soir afin de connaître la réponse du conseil.

«La lettre a été envoyée par courrier recommandé mardi dernier mais nous n'avons pas encore eu de nouvelles», a pour sa part indiqué Stéphane Fafard.

Le conseil étudiera la demande

Interrogée à savoir si le conseil municipal donnera suite à la demande des deux citoyens, la mairesse de Saint-Paulin, Brigitte Gagnon, s'est contentée d'affirmer qu'elle avait bel et bien reçu la lettre et qu'il en sera question lors d'une prochaine réunion du conseil municipal.

Elle n'était cependant pas en mesure de dire si la question sera abordée lors de la séance spéciale prévue demain soir ou lors de la prochaine séance régulière, qui aura lieu au début du mois de juin.

«Il y a des conseils qui l'ont entre les mains et d'autres que non. Nous allons en discuter ensemble et nous allons voir ce qui en ressortira. Mais je ne peux pas présentement m'avancer sur ce qui va arriver», a-t-elle simplement indiqué.

La mairesse ne semble pas craindre que cette lettre soit le point départ d'un important débat comme ce fut le cas dans certaines villes du Québec, notamment à Trois-Rivières.

«Ça va être un dossier comme un autre. Nous avons beaucoup de dossiers qui sont importants et qui nous demandent beaucoup de travail», a mentionné la mairesse avant de préciser que la résolution adoptée par le conseil qui est à l'origine de la demande des citoyens concernait la protection des traditions, des moeurs et des usages.

Myriam Bacon
Le Nouvelliste

(Saint-Paulin) Les deux citoyens qui ont adressé une lettre au conseil municipal de Saint-Paulin concernant la récitation de la prière et la présence du crucifix n'étaient pas surpris de la sortie publique des Filles d'Isabelle dans les pages du Nouvelliste mercredi matin.

«On dirait qu'ils font une guerre sainte. On se croirait revenu au temps des croisades», notait Daniel Garceau des Filles d'Isabelle et des partisans de la prière.

Quant à Stéphane Fafard, il a remis en question l'idée que le Québec est un tout monolithique en ce qui a trait à la religion comme le soutenait la régente des Filles d'Isabelle de la MRC de Maskinongé, Micheline Bergeron.

«Au Québec, ce n'est pas vrai que l'on est tous catholiques. Il y a plusieurs religions», a maintenu M. Fafard. M. Fafard qualifie par ailleurs les Filles d'Isabelle d'«extrémistes».

Daniel Garceau et Stéphane Fafard ont adressé une lettre au conseil municipal de Saint-Paulin dans laquelle ils demandent que la récitation de la prière cesse et que soit décroché le crucifix installé dans la salle du conseil. Les deux hommes, qui disent être prêts à aller jusqu'à porter plainte à la Commission des Droits de la Personne, comptent bientôt contacter le Mouvement laïque québécois.

Pas de suite en assemblée extraordinaire

Réuni en assemblée extraordinaire hier afin de discuter d'un règlement d'emprunt, le conseil municipal de Saint-Paulin n'a pas donné suite à la lettre que lui ont adressée MM. Fafard et Garceau au sujet de la récitation de la prière.

Des conseillers n'avaient hier pas pu prendre connaissance de la lettre envoyée par Stéphane Fafard et Daniel Garceau et le conseil s'est plutôt concentré sur l'ordre du jour.

La question doit être discutée lors de la prochaine réunion ordinaire du conseil municipal le 1er juin prochain.

La mairesse de Saint-Paulin avait déjà exprimé son intention de ne pas traiter le dossier différemment d'un autre cas présenté au conseil.

Quant à Stéphane Fafard et Daniel Garceau, ils étaient présents hier lors de l'assemblée extraordinaire du conseil de Saint-Paulin et comptent être à nouveau au rendez-vous lors de la prochaine séance ordinaire.

Martin Lafrenière
Le Nouvelliste

(Saint-Paulin) Fort de l'appui de quelques centaines de citoyens, le conseil de Saint-Paulin maintient le cap et conserve la prière avant les séances publiques.
Stéphane Fafard... (Photo: Sylvain Mayer) - image 1.0

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Stéphane Fafard

Photo: Sylvain Mayer

La volonté de deux citoyens d'éliminer la prière et le crucifix de la salle du conseil a créé un mouvement de masse à Saint-Paulin.

Des gens ont organisé deux pétitions distinctes en quelques jours et ont recueilli 200 signatures de personnes demandant au conseil de garder ces deux éléments. Et leurs voeux seront exaucés tant que les tribunaux le permettront.

«La grande majorité des citoyens nous demandent de maintenir nos coutumes, nos traditions et nos moeurs», explique la mairesse Brigitte Gagnon, en faisant référence au fait que le club de l'Âge d'or local appuie aussi la position du conseil de maintenir la tradition de la prière.

Les deux pétitions n'ont pas été présentées lors de la séance de mercredi. Elles ont plutôt été remises aux élus lundi dernier, alors que ceux-ci étaient réunis en rencontre de travail.

Toutefois, le conseil ne se lancera pas dans de grandes dépenses pour défendre sa position si jamais les tribunaux jugent que la prière n'a pas sa place dans une séance du conseil.

«Une fois que les tribunaux auront rendu leurs décisions finales, le conseil municipal se pliera à celles-ci», ajoute Mme Gagnon.

Rappelons que le maire de Saguenay, Jean Tremblay, porte en appel une décision du Tribunal des droits de la personne l'ordonnant de cesser de réciter la prière avant les séances du conseil.

Cette décision ne devrait pas empêcher Stéphane Fafard de déposer une plainte en bonne et due forme à la Commission des droits de la personne.

«Je ne m'attendais pas au dépôt de deux pétitions et ces gens-là ont le droit de s'exprimer. Moi, je veux juste que ce soit neutre. La prière n'a pas d'affaire ici et si je veux en entendre une, j'ai juste à aller à l'église. Il y a trois Municipalités qui ont été jugées coupables: Saguenay, Trois-Rivières et Laval. Pourquoi ce ne serait pas pareil à Saint-Paulin?», dit M. Fafard, qui doit décider aujourd'hui s'il dépose une plainte ou non.

Yvon St-Onge fait partie des signataires d'une des pétitions demandant le maintien de la prière d'ouverture aux séances du conseil. Ce citoyen qui a fait signer le document se demande bien en quoi la récitation d'une prière dérange tant certaines personnes.

«Ce qui est insultant, c'est que c'est une petite gang qui veut décider pour la majorité. À ce que je sache, à l'Assemblée nationale, ils n'ont pas enlevé le crucifix!»

Garceau laisse tomber

De son côté, Daniel Garceau préfère laisser tomber sa requête. Cet homme avance que le dossier a atteint un haut niveau d'émotivité au sein de la population. C'est ce qui l'incite à remettre aux oubliettes sa volonté de porter plainte à la Commission des droits de la personne.

«J'ai reçu des menaces d'une personne. J'ai décidé de ne pas porter plainte. La population est montée contre nous. Étant donné les circonstances, je ne déposerai pas de plainte à la commission. Au niveau où on est rendu, on est tombé dans l'absurde», a raconté M. Garceau lors d'un entretien qui a eu lieu mercredi après-midi.

Cette tension autour du sujet a incité M. Garceau à s'abstenir d'assister à la séance de mercredi soir.

Jack Layton appui ce genre de démarche

Publié le 14 juin 2011 à 07h11 | Mis à jour à 07h11

Prière à Saint-Paulin: la plainte est déposée

Martin Lafrenière
Le Nouvelliste

(Saint-Paulin) Stéphane Fafard et Daniel Garceau viennent de déposer une plainte à la Commission des droits de la personne concernant la récitation de la prière à l'occasion des séances du conseil municipal de Saint-Paulin.

Le document a été acheminé jeudi dernier. Selon M. Garceau, la récente décision des élus dans le dossier l'incite à déposer une plainte en bonne et due forme à la commission.

«On a demandé à la Municipalité d'enlever la prière et le crucifix de la salle du conseil. La Municipalité a décidé de continuer (la prière) jusqu'à la décision des tribunaux dans le dossier du maire (de Saguenay) Jean Tremblay. On se sent discriminé.»

M. Garceau affirme que la Municipalité fait preuve de discrimination en faisant une prière catholique avant ses séances. Il fait référence aux articles 3, 4, 9.1, 10, 11 et 15 de la Charte des droits et libertés pour demander l'abolition de la prière et le retrait du crucifix.

«Il y a des gens qui croient, d'autres qui ne croient pas et d'autres qui croient à autre chose. Et s'ils veulent faire une prière, qu'ils le fassent par un moment de silence. À ce moment, ça peut devenir une prière pour certains. Pour d'autres, ça peut être un moment de réflexion», raconte M. Garceau, qui voit l'adoption d'un moment de silence comme étant un moyen très simple de régler le dossier.

Ce citoyen de Saint-Paulin souligne que la plainte ne repose aucunement sur une lutte contre les religions. Mais selon lui, le religieux n'a tout simplement pas sa place dans la sphère publique.

«Faire une bataille pour la prière ne peut qu'attiser le feu entre les communautés culturelles, croit-il. On fait une bataille pour le respect des croyances et des non-croyances.»

Maintenant que le dossier est rendu à la commission, Daniel Garceau attend les conclusions de son travail. Si celles-ci révèlent que la Municipalité est en infraction, cette dernière devra s'ajuster. Dépendamment de la réaction de la Municipalité, M. Garceau n'écarte pas la possibilité d'avoir recours au Mouvement laïque québécois pour aller plus loin dans son action.

Pauvre Pécheur a écrit:J'admire le Québec pour ses crucifix et ses prières dans les salles muicipales. C'est une chose inimaginable en France. Je vous souhaite de pouvoir conserver vos traditions. Il y a plusieurs années, j'avais suivi un film relatant la vie d'une institutrice au Québec et j'avais trouvé admirable qu'elle puisse réaliser une crèche dans son école, plus grande que celle du curé. Tout cela est impossible en France avec la laïcité.

Pauvre Pécheur a écrit:Je me demande ce qu'il est possible de faire pour empêcher ce désastre au Québec. Vous rendez-vous compte que jusqu'à présent vous êtes un exemple pour la chrétienté? Débattre après avoir prier... Dommage que tous les chrétiens ne le sachent pas et ne le fassent pas.