Les avatars de l’islam dans la conscience européenne et chrétienne
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Les avatars de l’islam dans la conscience européenne et chrétienne
Polémia
Les avatars de l’islam dans la conscience européenne et
chrétienne.
Dans sa remarquable préface à la réédition du Camp des Saints,
l’écrivain Jean Raspail a défini l’idéologie contemporaine comme celle de
« Big Other » : tout ce qui vient de l’autre est grand, beau et exemplaire.
L’islam, comme culture et comme civilisation est le grand bénéficiaire de
ce dogme politiquement correct. C’est loin d’avoir toujours été le cas.
Professeur d’histoire, ce correspondant de Polémia dresse un panorama
historique de la vision de l’islam à travers la conscience européenne et
chrétienne. Une bien utile remise en perspective pour lutter contre la
désinformation historique.
Aujourd’hui le devoir de repentance pare les musulmans de l’auréole du martyre
en raison du proche passé colonial où les Européens auraient joué le rôle de
bourreaux. C’est oublier que dix siècles durant le djihad fit trembler notre
continent et qu’il enleva leurs terres aux chrétiens d’Orient. Aussi les aléas de
l’Histoire ont-ils modifié notre conception de l’islam: vigoureusement polémique
au Moyen Age, quand le monde chrétien, encadré par l’Eglise, ripostait par les
armes et la controverse théologique aux assauts des cavaliers d’Allah, elle
changea radicalement avec la révolution intellectuelle des Temps Modernes et
poursuit encore sa métamorphose de nos jours.
L’image de l’islam au Moyen Age.
Soumis aux agressions constantes du djihad, comment les chrétiens du Moyen
Age auraient-ils pu voir dans l’islam la religion de tolérance, d’amour et de paix
que nous présente la vulgate politiquement correcte? Les historiens antiracistes,
tels Norman Daniel ou même le marxiste Maxime Rodinson occultent les
violences sarrasines ou turques décrites par les chroniqueurs ou troubadours et
soupçonnent de diabolisation délirante leurs critiques des musulmans ou du
message coranique. Qui sait pourtant si ces textes ne nous révèlent pas le vrai
visage de l’islam en tant qu’entreprise de conquête du monde, image refoulée
aujourd’hui par notre inconscient collectif et bannie de nos mémoires?
Attaqué le premier par les troupes arabes, l’Empire Byzantin, qui perd la Syrie en
636, la Palestine et Jérusalem en 638, puis l’Egypte et enfin l’Afrique du Nord
dans la seconde moitié du VIIe siècle fournit les premiers arguments polémiques
destinés à galvaniser la résistance aux envahisseurs. Jean Damascène place
l’islam parmi les hérésies et dénonce ses contradictions logiques : la
prédestination islamique est incompatible avec le jugement dernier conduisant
les élus au paradis et les réprouvés à l’enfer en l’absence de responsabilité
humaine ; la toute puissance divine ne souffrant, dans la pensée musulmane,
aucune limitation, supprime la possibilité des lois naturelles, remplacées par les
habitudes d’Allah ; Sophronios, Maxime le confesseur, le pseudo-Méthode
interprètent la religion mahomètane comme l’oeuvre de l’Anti-Christ, comme un
châtiment divin infligé à la Chrétienté en punition de ses péchés. Au début du IXe
siècle, Théophane le confesseur avance une idée qui fera long feu, puisqu’on la
retrouve chez Gustave Le Bon à la fin du XIXe siècle : Mahomet aurait été atteint
de crises d’épilepsie. Pour Georges Le Moine et Jean Kameniatès le caractère
violent et destructeur de l’islam le prive de toute légitimité spirituelle. Cependant
le Patriarche de Constatinople désavoue le projet des Empereurs Nicephore
Phocas et Jean Tzimiscès de proclamer la guerre sainte contre les Infidèles :
l’Eglise d’Orient s’en tiendra, face au djihad, à la tradition d’un christianisme
conçu comme une religion de salut répugnant à la violence guerrière et
privilègiant la diplomatie.
L’occident, par contre, évolue diffèremment et finira par justifier la croisade,
même s’il employa également le moyen pacifique de la mission à partir de la
traduction du Coran réalisée en 1143, afin d’étayer le dialogue avec les
musulmans, solution qui eut les préfèrences d’Abélard dans une controverse avec
St Bernard, puis de St François d’Assise et de Raymond Lulle.
Les premières critiques occidentales de la religion mahomètane viennent de
chroniqueurs tels que Bède le vénérable ou Frédégaire qui décrivent les horribles
ravages perpétrés par les Sarrasins en Gaule. La « chronique prophètique » dite
d’Alphonse III au IXe siècle relate et dénonce l’invasion de l’Espagne, ce qui
justifie la Reconquista conçue comme guerre de libèration. Un pas de plus est
franchi après l’exécution des martyrs de Cordoue au milieu du IXe siècle. pour
avoir porté la contestation sur la légitimité de Mahomet en le qualifiant de faux
prophète hérésiarque et libidineux - en raison de sa pratique de la polygamie - :
la translation des reliques de trois de ces martyrs au monastère St-Germain de
Paris sur ordre de Charles le Chauve popularise leur cause, non seulement dans
le peuple chrétien, mais dans les écrits monastiques d’un Ratbert de Corbie, d’un
Landelfus Sagax, de Sigebert de Gembloux ou encore de la chanoinesse de
Gandersheim Roswitha qui développent le thème de la luxure d’un faux prophète
prétendant dominer le monde par la violence et prêchant un paradis bassement
matérialiste. On retrouve cette thèmatique dans la « Somme contre les gentils »
de St Thomas d’Aquin : » Il [Mahomet] a séduit le peuple en lui promettant de
ces plaisirs charnels à quoi nous soumet la concupiscence de la chair… En fait les
vérités qu’il professait étaient mêlées à de nombreuses fables et à des doctrines
relevant de la plus grande fausseté… Mahomet a dit qu’il était désigné par la
force des armes, à savoir des signes dont ne manquent ni les voleurs ni les
tyrans…Ceux qui crurent en lui étaient des hommes brutaux, des vagabonds du
désert, largement ignorants de tout enseignement divin, des gens grâce
auxquels il força d’autres hommes à devenir ses adeptes par la contrainte des
armes… Ce fut donc une décision maligne d’interdire à ses adeptes de lire
l’Ancien et le Nouveau Testament parce que ces livres auraient dénoncé ses
mensonges. » Au siècle suivant Dante Aligheri place Mahomet au huitième cercle
de l’enfer parmi les fauteurs de schisme dans « La Divine Comédie », scène que
le peintre Giovani da Modena peindra en 1415 sur une fresque de la cathédrale
San Petronio de Bologne.
Djihad, guerres saintes, croisades…
En France le souvenir de l’invasion du VIIIe siècle repoussée par Charles Martel
et la menace récurrente de razzias pesant sur les côtes provençales avaient
cristallisé les craintes de l’inconscient collectif « sur l’image d’un sarrasin
sauvage basané, qui pille et cause d’effroyables malheurs » comme le remarque
Philippe Senac (1) Cette image est présente dans les Chansons de Geste qui
ajoutent à ce sombre portrait fondé sur des faits historiques des considèrations
fantaisites sur la religion des envahisseurs supposés adorer Jupiter, Apollin ou
Tervagan en raison de leur adhésion à un paganisme dénoncé comme idolâtre.
Composées aux XIe et XIIe siècles, les Chansons de Geste devaient fournir aux
Croisés une part de leurs motivations idéologiques.
La guerre sainte et la croisade supposent, à la base, l’initiative du chef de la
Chrétienté qui l’investit de sa légitimité. Le Pape ne pouvant appeler à la guerre
sans raison valable, il fallait que l’ennemi désigné constituât un danger
redoutable pour le bien commun des fidèles et pour l’Eglise. Ces critères se
présentèrent en 846 avec le sac de Rome et les agressions répétées des
Sarrasins contre la Campanie qui suivirent : les Papes Léon IV, puis Jean VIII
appelèrent le roi Charles le Chauve à leur secours, dénonçant les fils d’Ismaël
hérétiques. A son tour au XIe siècle, Alexandre II encourage la Reconquista
espagnole ainsi que la reconquête de la Sicile, occuppée au cours des deux
siècles précèdents par les Agarèniens (autre nom des cavaliers d’Allah), puis de
la Corse et de l’Italie méridionale. Apprenant le désastre subi par le Basileus en
1071 à Mantzikert devant les Turcs Seldjoukides, convertis à l’islam deux siècles
auparavant, Grégoire VII envisage une expédition de secours en Anatolie ; puis
ceux-ci ayant pris Jérusalem, son successeur Urbain II décide une expédition qui,
à partir de Constantinople, délivrerait la ville sainte avec les provinces
byzantines. Dans son appel de Clermont, en 1095, le Pape évoque les Turcs
comme « une nation maudite et étrangère à Dieu » - le but final, la libèration de
Jérusalem, ajoute à cette guerre sainte la dimension d’un pèlerinage armé; la
promesse de rémission des péchés est donnée aux combattants motivés par des
raisons purement spirituelles. Aux historiens assimilant la croisade à un djihad,
Jean Flori (2) objecte que celui-ci est originel dans l’islam et qu’il a un caractère
offensif, alors que la croisade est une guerre défensive de reconquête, après des
siècles d’agression et d’occupation étrangère. Agissant en véritables sentinelles
de l’Europe, les Papes ne cesseront d’appeler à la croisade, particulièrement au
XVe siècle, contre les Turcs Ottomans qui, selon les termes de Pie II « jettent le
blasphème à la face de Dieu, détruisent nos églises, et ne veulent rien
qu’anéantir le nom de Chrétiens. » Mais les appels de NicolasV, de Callixte III,
de Pie II resteront vains : ils ne parviendront ni à empêcher la prise de
Constantinople par Mehmet II le 29 mai 1453, ni à reprendre plus tard la capitale
de l’Eglise d’Orient. Pie V sera plus heureux : il réussira à unir contre la flotte
turque les principales puissances maritimes d’Europe dans la « Sainte Ligue » qui
remportera en 1571 la grande victoire de Lepante. Notons que les Papes
agissaient en plein accord avec le peuple chrétien, qui craignait autant les Turcs
que la famine et la peste (3.) Après la conquête des Balkans en effet, ceux-ci
menaçaient l’Europe Centrale car leur victoire de Mohacs en 1526 leur avait livré
la Hongrie, d’où ils menaient des razzias en Autriche : Vienne fut assiègée en
1529 et 1683. Les Humanistes souhaitaient eux aussi la guerre pour la défense
de la civilisation chrétienne contre « l’inhumanitas » turque, de même que Luther
et Calvin, lesquels appelaient à prier et à lutter contre les Turcs ainsi que le
ministre élizabètain Robert Cecil.
Raison d’Etat et foi chrétienne
Désireux d’équilibrer la puissance de Charles Quint qui l’avait chassé d’Italie,
François Ier conclut avec le Sultan un traité connu sous le nom de Capitulations
qui devait être renouvelé par ses successeurs jusqu’en 1740 ; aussi le Roi
décida-t-il de mobiliser les intellectuels français pour justifier l’extravagant
renversement d’alliance d’un « Roi très chrétien » descendant de saint Louis.
C’est ainsi que Guillaume Postel, titulaire d’une chaire d’arabe au Collège de
France nouvellement créé, rédigea en 1543 « La concordance du Coran et des
Evangiles » ouvrage précurseur de l’oecumènisme contemporain. Comme ses
compatriotes Paul Jove et Pierre Belon, il inaugurait une tradition de turcomanie
qui devait durablement influencer la littérature française : il admirait l’Empire
ottoman qui, à ses yeux, ressuscitait la grandeur de la Rome antique ;
cependant, autant il parait le Turc de vertus, autant il stigmatisait les vices du
Maure qui, dans les provinces occidentales du Sultan, razziait les chrétiens pour
les vendre sur les plaques tournantes de l’esclavage que furent, du XVIe au XIXe
siècle, Alger, Tunis et Tripoli. Une locution encore en usage dans la langue
italienne : « Mamma,gli Turchi! » utilisée pour annoncer une catastophe,
témoigne aujourd’hui encore de la terreur exercée jadis par les razzias
ottomanes sur les côtes de la péninsule. Envoyé en mission par le Roi Soleil en
Afrique du Nord, le chevalier d’Arvieux n’aura pas les scrupules de Postel :
contestant les bienfaits de l’oeuvre des Mercédaires et des Trinitaires, ordres
fondés au Moyen Age pour le rachat des captifs faits par les Maures, il minimise
la traite barbaresque en des termes que ne renierait pas un désinformateur
justifiant le goulag : « On s’imagine que les chrétiens qui ont le malheur d’être
esclaves en Barbarie, y sont traités de la manière la plus inhumaine et la plus
cruelle. Il y a des gens qui, pour exciter la charité des fidèles, débitent de pieux
mensonges. » (4). Louis XIV refusa de lancer la croisade comme le lui
conseillaient Bossuet et Saint Vincent de Paul - qui fut, avec Cervantès, la plus
célèbre victime des pirates esclavagistes de Barbarie. Le Roi-Soleil se contenta
de faire bombarder Alger par Duquesne en 1681,1682 et 1683 pour pacifier les
côtes africaines.
L’islamophilie des Lumières.
Le XVIIIe siècle achèvera l’entreprise des turcophiles du XVIème siècle français :
la crise de la conscience européenne entre 1680 et 1735, magistralement
analysée par Paul Hazard, installe au coeur des esprits un relativisme qui évolue
vers un anti-christianisme dont l’islamophilie apparaît comme le pôle positif.
Cette révolution copernicienne a des causes diverses :
-stratègiques d’abord, en raison du déclin progressif de l’Empire Ottoman après
sa défaite de Zenta en 1697, le Turc ne figure plus au nombre des peurs de
l’Occident ;
-des causes littéraires ensuite, car l’époque est marquée par la profusion de
réçits de voyage en terres lointaines, et le succès considèrable de la traduction
des « Mille et une nuits » par Gallant, valorisant les civilisations exotiques ;
-des causes idéologiques enfin, du fait de la diffusion des thèses profèrées par
des arabisants d’origines variées : français comme Barthélémy d’Herbelot, auteur
d’une Encyclopédie de l’Orient parue en 1697, hollandais comme Reland,
allemands comme Reiske, ou anglais comme G. Sale, Pockock et Ockley,
respectivement professeurs à Oxford et Cambridge. Ces auteurs contestent
les « fausses légendes » répandues selon eux par l’obscurantisme médiéval sur
l’islam. En 1708 Ockley exprime l’idée que l’Occident ne l’emporte en rien sur
l’Orient, mieux, que nous devons à ce dernier notre essor culturel : alors que
dans le Haut Moyen-Age les Barbares détruisaient les restes de la culture
antique, c’est aux seuls traducteurs arabes que l’Europe devrait la conservation
des textes scientifiques et littéraires grèco-romains d’où allait renaitre notre
civilisation et non aux moines mérovingiens, discrèdités aux yeux de ce librepenseur
qui abhorre, comme ses pareils, l’Eglise Catholique. Une thèse
aujourd’hui bien ancrée dans l’Unisersité française et sur laquelle de grands
historiens comme Jacques Heers et Sylvain Gougenheim ont du mal à porter la
moindre contestation. Influencé par ces théoriciens, le Comte de Boulainvilliers
écrit une « Histoire des Arabes » d’une flagrante partialité en faveur de ce peuple
formé par son prophète « pour prier, peupler, combattre » ,texte accompagné
d’une véritable apologie de Mahomet .
Voltaire et l’islam.
On retrouve la même approche dans le Voltaire de « l’Essai sur les moeurs », qui
témoigne d’une considèrable évolution par rapport à son oeuvre de
jeunesse, « Mahomet ou le fanatisme ». Il y clame son admiration pour le
Prophète : « qui fut certainement, quoiqu’il fut d’abord fanatique comme
Cromwell, un très grand homme et qui forma de grands hommes... conquèrants,
législateurs, monarques et pontifes…, il joua le plus grand rôle qu’on puisse jouer
sur la terre aux yeux du commun des mortels. » Quant à l’islam l’auteur de
Candide qualifie cette religion de « plus grand changement que l’opinion ait
produit sur notre globe », sans évoquer le moins du monde le djihad qui fut son
plus grand agent de propagation. La conception voltairienne de l’histoire donne
systèmatiquement tort aux chrétiens d’ « Europe, ce petit tas de boue » : tandis
que la croisade est présentée comme une succession d’abominables tueries dues
à la sauvagerie des chevaliers chrétiens ; la tragédie de la prise de
Constantinople par les Turcs est décrite comme un phénomène anodin au cours
duquel Mehmet II aurait prouvé sa magnanimité ; la conquête de l’Espagne par
les Arabo-Berbères de Tariq est vantée comme une bénédiction puisqu’ils étaient
supposés apporter la civilisation à l’Occident médiéval, plongé dans les ténèbres
de la Chrétienté: « Dès le second siècle de l’hégire, le Arabes devinrent les
précepteurs de l’Europe. » ; mêmes parti-pris en faveur de l’Empire ottoman
dont le gouvernement ne relèverait nullement de la notion de despotisme
oriental élaborée par son contemporain Montesquieu qui, lui, était renseigné par
des témoins de bonne foi, les ambassadeurs auprès la Sublime Porte ou des
voyageurs critiques comme Chardin et Tavernier. Ignorant la notion de
dhimmitude, Voltaire loue aussi la soi-disant tolèrance turque à l’égard des
communautés chrétiennes et juives présentes sur les terres du Sultan et va
même jusqu’à justifier le devshirmé, cette pratique scandaleuse du rapt des
jeunes enfants chrétiens des Balkans pour en faire des janissaires, élevés loin de
leur famille, dans le fanatisme musulman. On voit que le seigneur de Ferney était
passé maître en matière de haine de soi et de repentance : la vulgate
politiquement correcte d’aujourd’hui lui doit beaucoup.
De l’autre côté du Rhin, l’Aufklärung cèdait aux mêmes préjugés : que l’on songe
à Zaïde et à L’enlèvement au sérail de Mozart dont les personnages musulmans
brillent par leurs vertus tandis que les chrétiens ont des rôles ingrats ; Lessing,
franc-maçon lui aussi, fait de même dans Nathan le sage. D’une manière
générale, les Philosophes des Lumières, déistes et rationalistes, louaient l’islam
pour son absence de dogmes et de mystères, son absence de prêtres et
d’inquisiteurs, pour sa morale sexuelle niant la valeur de la vertu chrétienne de
chasteté qu’ils considèraient comme impraticable et contraire à leurs idées
populationnistes, mais surtout parce qu’elle accorde aux hommes une
permissivité allèchante (le sort des femmes, déclarées inférieures par le Coran,
soumises à l’autorité masculine, astreintes à la polygamie et à la répudiation par
le mari, ne les intéressait guère, à l’exception de Montesquieu qui jugeait la
conception musulmane de la famille incompatible avec l’éducation des enfants, et
lui reprochait de constituer la matrice du despotisme oriental) .L’islamophilie
était utilisée par les divers auteurs comme une arme polémique plus ou moins
explicite contre le christianisme, accusé unilatèralement d’intolèrance par des
écrivains obsèdés par le souvenir encore proche des guerres de religion entre
catholiques et protestants qui avaient ensanglanté l’Europe, et celui de
l’Inquisition espagnole. Mais les « Lumières » ignoraient tout de la dhimmitude à
laquelle étaient astreints les peuples vaincus par le djihad, totalitarisme que St
Thomas d’Aquin avait su déceler avec plus de lucidité, en un siècle où la
Reconquista mobilisait les esprits.
Romantisme, libèralisme, positivisme et islam.
En1806, l’auteur du Génie du christianisme, accomplissant un voyage en Terre
Sainte, allait, au moyen d’une magistrale leçon d’histoire, confondre les thèses
des écrivains du XVIIIe siècle et rejoindre les analyses du Docteur Angèlique.
Chateaubriand réfute leur condamnation des croisades, en rappelant qu’il
s’agissait de contre-offensives et non de guerres d’aggression : « Ni les Espagnes
soumises, ni la France envahie, ni la Grèce et les Deux-Sicile ravagées, ni
l’Afrique toute entière tombée dans les fers, ne purent déterminer, pendant près
de huit siècles, les Chrétiens à prendre les armes. Si enfin les cris de tant de
victimes égorgées en Orient, si les progrès des barbares déjà aux portes de
Constantinople, réveillèrent la Chrétienté, et la firent courir à sa propre défense,
qui oserait dire que la cause des guerres sacrées fut injuste ? Où en serions-nous
si nos pères n’eussent repoussé la force par la force ? Que l’on contemple la
Grèce et l’on apprendra ce que devient un peuple sous le joug des Musulmans. »
Et l’auteur de l’Itinéraire de Paris à Jérusalem montre l’enjeu fondamental de
cette confrontation : « Il s’agissait de savoir qui devait l’emporter sur la terre, ou
d’un culte ennemi de la civilisation, favorable par système à l’ignorance, au
despotisme, à l’esclavage, ou d’un culte qui a fait revivre chez les modernes le
génie de la docte antiquité, et aboli la servitude ?... L’esprit du Mahomètisme est
la persécution et la conquête ; l’Evangile au contraire ne prêche que la tolèrance
et la paix. » D’autres romantiques cherchaient à se dépayser dans le temps et
l’espace en cultivant l’orientalisme, ce qui devait nécessairement les amener à
prendre position sur l’islam, chacun à sa manière, selon ses options
philosophiques.
Outre-Rhin Herder reprend à son compte la thèse émise pour la première fois en
1708 par le professeur de Cambridge Ockley et popularisée par Voltaire : les
Arabes auraient joué le rôle historique de professeurs de l’Europe. Chez Goethe,
le relativisme résolument anti-chrétien des Philosophes se transforme en
syncrètisme ouvert à l’islam : après la Bible, le Coran est le texte religieux qui lui
est le plus familier ; il en parle en termes enthousiastes. L’auteur de Faust n’en
est pas moins un anti-clérical doublé d’un hérétique fortement influencé par la
weltanshaung musulmane. Ce qui l’attire dans la religion mahomètane est
l’unicité de Dieu, le refus des miracles, la conviction que la foi peut produire de
bonnes oeuvres, l’absence de péché originel et la valorisation du monde d’ici-bas
inclinant à une morale sexuelle moins rigoriste que celle du catéchisme, enfin
l’absence de clergé. La sympathie professée par l’auteur du Divan occidentaloriental
pour la civilisation islamique, son admiration pour le Coran et Mahomet
lui ont valu d’être déclaré musulman à titre posthume par une fatwa émise en
1995 à Weimar.(5)
Victor Hugo qui avait résolument, comme le poète anglais Byron, pris le parti des
Grecs en lutte pour leur indépendance contre l’Empire Ottoman dans son recueil
de jeunesse intitulé Les Orientales, reste l’ennemi des despotes islamiques dans
La légende des siècles,(cf la séquence intitulée les trônes d’Orient) mais
présente Mahomet sous l’aspect d’un sage et comme ses corréligionnaires en
progressisme, fustige au passage, en contrepoint, les guerres féodales et
l’inquisition. A la diffèrence de son prestigieux contemporain, Lamartine,
également affilié à la franc-maçonnerie, embrasse si fougueusement l’islam qu’il
se donne des ancêtres musulmans ayant émigré d’Al-Andalus après la
reconquista. Il revient de deux voyages en Orient éperdument épris des Turcs
dont il dit : « J’aime ce peuple, car c’est le peuple de la prière » et discrèdite
dans son réçit la guerre d’indépendance hellène. I’auteur de Jocelyn finit
pensionné par le Sultan pour prix de ses services. Il avait écrit une Histoire des
Turcs à la gloire de ceux-ci dont le premier tome consistait en une Vie de
Mahomet où le poète exprimait sa fascination pour le prophète assimilé à un
héros, attitude commune aux romantiques qui exaltaient les grands hommes ( à
ce titre certains d’entre eux comme Carlyle en vinrent à considèrer le fondateur
de l’islam comme tel) « Si la grandeur du dessein, la petitesse des moyens,
l’immensité du résultat sont les trois mesures du génie, qui osera comparer
humainement un grand homme de l’histoire moderne à Mahomet ? » Lamartine,
insensible aux massacres de Chio dénoncés à la même époque par Delacroix en
un tableau célèbre, présente l’islam comme un christianisme épuré dont il vante
« la tolèrance et l’humanité »(sic).
Le fondateur du positivisme voue également à Mahomet une véritable
vénèration: « C’est un chef éminent pour sa construction admirable…un chef
incomparable par le concours du coeur avec l’esprit… » Auguste Comte place de
grands espoirs dans « l’admirable monothéisme islamique qui peut seul préparer
l’avènement du positivisme en Orient » En effet, le libre-penseur range l’islam
au-dessus du catholicisme, car c’est une doctrine, à ses yeux, qui choque moins
la raison ».L’échec final des croisades lui parait en fournir la preuve.
Par contre, pour Ernest Renan, de la même école de pensée, il est impossible de
comparer le christianisme, source de lumière, et l’islamisme, fruit de
l’obscurantisme ; en outre l’esprit sémite des Arabes, facteur de rigidité
intolèrante, le voue à une régression définitive : « L’islam est la plus complète
négation de l’Europe ; l’islam est le fanatisme, comme l’Espagne du temps de
Philippe II et l’Italie de Pie V l’ont à peine connu ; l’islam est le dédain de la
science, la suppression de la société civile ; c’est l’épouvantable simplicité de
l’esprit sémitique rétrécissant le cerveau humain. »
Le créateur de la psycho-sociologie Gustave Le Bon, qui s’apparente au courant
de pensée positiviste lui aussi, revient quant à lui à la tradition des Lumières
vouant aux gémonies les âges sombres de la chrétienté médiévale à laquelle les
soldats d’Allah auraient rapporté la civilisation, après l’épisode destructeur des
invasions barbares. Il publie en 1884 un panorama élogieux de la civilisation des
Arabes, comportant une apologie de l’islam qu’on croirait tous deux tirés de
l’Essai sur les moeurs de Voltaire. « On constate que le Moyen Age ne connut
l’Antiquité classique que par les Arabes ; que pendant cinq cents ans les
universités de l’Occident vécurent exclusivement de leurs livres, et qu’au triple
point de vue matériel, intellectuel et moral, ce sont eux qui ont civilisé l’Europe.
Quand on étudie leurs travaux scientifiques et leurs découvertes, on voit
qu’aucun peuple n’en produisit d’aussi grands en un temps très court. »
A l’opposé, la décadence ottomane au XIXe siècle frappe des écrivains libèraux
comme l’américain John Quincy Adams, observateur de la guerre russo-turque et
du mouvement de libèration grecque, dans lesquels les armées musulmanes
s’illustrèrent par leurs cruautés, et Alexis de Tocqueville, observateur de la
colonisation de l’Algérie. Ce dernier écrit : « J’ai beaucoup étudié le Coran. De
cette étude j’ai tiré la conclusion qu’il y a peu de religions dans le monde aussi
mortifères pour les hommes que celle de Mahomet. Pour ce que je peux en voir,
c’est la cause principale de la décadence si évidente aujourd’hui du monde
musulman et, bien que moins absurdes que celles de l’ancien polythéisme, ses
tendances sociales et politiques doivent être, à mon sens, plus redoutées. Je
considère donc l’islam comme une forme de décadence plutôt qu’une forme de
progrès en relation avec le paganisme lui-même. »
Par ailleurs le XIXe siècle poursuit l’oeuvre d’analyse scientifique de la religion
musulmane entamée dans les siècles précèdents par l’Eglise, qui avait opèré la
première traduction du Coran, et par les Etats européens à partir du XVIe siècle
qui avaient créé des chaires d’arabe et des écoles d’interprètes sans que l’on
observe la moindre tentative semblable d’approche de la culture européenne et
chrétienne du côté islamique, toujours replié dans un orgueilleux mépris de
l’autre qu’il ne voue qu’à la conquête et à la domination. La France se
distingue dans cette entreprise : Silvestre de Sacy, directeur de l’Ecole des
Langues Orientales crée en 1795, s’impose comme le maître de l’orientalisme
européen. La première revue orientaliste spécialisée est fondée à Vienne en
1809. Le premier congrès orientaliste se tient à Paris en 1873. L’ethnographie
des peuples musulmans fait son apparition avec E.Doutté ou Westermack : les
historiens orientalistes comme Niebuhr, Ranke, Weil, Amori, Dozy font paraître
des publications spécialisées dont le nombre et la valeur scientifique ne feront
que s’amplifier au XXe siècle.
Renversement de situation au XXe siècle.
Les deux guerres mondiales font perdre leur hégémonie aux puissances
coloniales : c’est la fin de l’européo-centrisme. L’islam par contre-coup y gagne
en prestige et en puissance, d’autant plus que les réserves mondiales de pétrole
se trouvent en majeure partie localisées dans des Etats musulmans.
Outre la pérennité de l’exotisme romantique représenté par Th-Ed Lawrence et
Pierre Loti, on assiste d’abord à l’apparition d’un mouvement ésotèriste
cherchant dans l’Orient un modèle de sagesse : le représentant le plus célèbre en
est René Guénon qui finit par se convertir à l’islam, tandis qu’à l’inverse de
nombreux musulmans du premier XXe siècle, fascinés par l’Occident, se rallient à
ses idéologies : le nationalisme arabe et turc, influencé par le poète anglais Blunt
entre autres, puis le marxisme.
Le mouvement de décolonisation qui eut ses épisodes sanglants comme la guerre
d’Algérie, auquel on pourrait rattacher le génocide armènien de 1915 qui précèda
celle-ci d’une quarantaine d’années, procède d’influences complexes entremèlant
les influences occidentales et la tradition du djihad.
Les communistes des pays occidentaux, qui soutinrent la décolonisation, ne
pouvaient, quant à eux, approuver une tradition religieuse, pas plus l’islam qu’ils
accusaient de fanatisme rétrograde que le christianisme qu’ils jugent tout aussi
sévèrement.
L’autre idéologie mortifère du XXe siècle, le nazisme, considère l’islam avec
moins de sévérité : par opposition au christianisme qu’il accuse, à la suite de
Nietzsche, d’avoir dévirilisé l’homme, il apprécie le caractère combattif de la
religion du djihad. Hitler fit alliance au Grand Mufti de Jérusalem dans la logique
de son anti-sémitisme et utilisa les services de la Handzar Trennung, division
composée de 21.000 SS bosniaques. Une intellectuelle nazie, ancienne employée
des bureaux de la Philologie Allemande placée sous les ordres de Himmler, écrivit
en 1960 Le soleil d’Allah illumine l’Occident , un ouvrage éperdument
islamophile. Sigrid Hunke y développe l’idée de l’absolue supériorité de l’islam,
qui aurait eu le mérite de libèrer l’Europe de son judéo-christianisme malfaisant.
Les anti-colonialistes comptent aussi dans leurs rangs des admirateurs de la
religion musulmane, conçue comme une force de nature progressiste ; ces
idéologues considèrent les musulmans comme des martyrs de l’occident
capitaliste, observe Maxime.Rodinson (6). Un grand nombre d’entre eux se
rangent sous la bannière du catholicisme de gauche inspiré par Louis Massignon,
mort trois ans avant l’ouverture du concile Vatican II. Impressionné par la foi
musulmane comme le furent Psychari et le Père de Foucauld, Louis Massignon
refusait de condamner les musulmans comme hérétiques tout en restant
chrétien, car pour lui l’islam est une religion qui ne se trouve pas en dehors de la
vérité puisqu’elle s’appuie sur une authentique bénédiction divine, celle
d’Abraham, père des croyants. L’islamologue opère une traduction mystique de
son combat contre le colonialisme et pour l’émancipation du monde arabomusulman
: à ses yeux l’islam assume le rôle providentiel de rassembler tous les
exclus contre les religieusement nantis. Les rapports amicaux de Massignon avec
le futur Paul VI, inspirèrent le prélude à la Déclaration Nostra Aetate consacré à
l’islam, qui rompt avec le passé de polémique des deux religions. Certains
prêtres développèrent à partir de cette ouverture une hérésie islamisante,
refusant de convertir les musulmans et de donner le baptême à ceux qui le
sollicitent; ils font songer aux anticipations géniales de Chesterton sur
le « chrislam » décrites dans L’auberge volante. Alain Besançon dénonce cette
déviance dans son livre intitulé Trois tentations dans l’Eglise, comme d’autres
intellectuels peu suspects d’aveuglement sur la dure condition des chrétiens
d’Orient soumis à un régime de dhimmitude qui va parfois jusqu’au martyre :
Annie Laurent, Rémy Brague, Marie-Thérèse et Dominique Urvoy, Bernard
Antony.
En contrepoint de ces anlyses démystifiantes, il faut citer les recherches
exégétiques d’ecclésiastiques français comme les Pères Lammens, Gabriel Théry,
Antoine Moussali aboutissant à la magistrale synthèse réalisée par Edouard-Marie
Gallez, lui-même tributaire des travaux antèrieurs de la suèdoise Patricia Crone
et d’Alfred-Louis de Prémare, sur les origines du Coran et sur le personnage
historique de Mahomet, recherches exègétiques comparables à celles de Renan
et Strauss sur les Evangiles et Jésus au XIXe siècle.
En dépit des persécutions dont sont victimes tant de chrétiens en Asie et en
Afrique, l’Eglise s’obstine à poursuivre le dialogue islamo-chrétien entamé après
Vatican II, sans tenir compte de la foncière fermeture à l’autre caractèrisant
l’islam, comme l’observait si justement Lévi-Strauss dans Tristes tropiques :
grande religion qui se fonde moins sur l’évidence d’une révèlation que sur
l’impuissance à nouer des liens au dehors. En face de la bienveillance universelle
du bouddhisme, du désir chrétien de dialogue, l’intolèrance musulmane adopte
une forme inconsciente chez ceux qui s’en rendent coupables : car s’ils ne
cherchent pas, toujours, de façon brutale, à amener autrui à partager leur vérité,
ils sont pourtant (et c’est plus grave) incapables de supporter l’existence d’autrui
comme autrui. Le seul moyen pour eux de se mettre à l’abri du doute et de
l’humiliation consiste dans une néantisation d’autrui, considèré comme témoin
d’une autre foi et d’une autre conduite. »
Islam et Political Correctness.
Pourquoi de telles analyses démystificatrices auxquelles il faut ajouter celles de
brillants islamologues libre-penseurs contemporains : Anne-Marie Delcambre,
René Marchand et Laurent Lagartempe, ou encore dans le monde anglo-saxon
les historiens Bernard Lewis et Bat Yeor, pourquoi ces analyses restent-elles
confinées dans les bibliothèques, sans grand espoir d’influencer le grand public,
faute de publicité médiatique et universitaire ?
Joachim Veliochas (7) a décodé les raisons de cette désinformation, en utilisant
les recherches de Bat Yeor consignées dans son livre au titre signicatif
d’ Eurabia .
Depuis 1973, une révolution discrète, qui s’avance masquée sous les dehors
rassurants de la Démocratie et de la Modernité, subvertit nos sociétés ; il s’agit
pour l’hyperclasse mondiale de réaliser le projet mondialiste de destruction des
Nations européennes par l’immigration massive de populations étrangères à leur
culture chrétienne et humaniste. Ce projet prépare l’avènement d’un régime
totalitaire fondé sur l’idéologie anti-raciste, - désignée aussi au moyen de
l’expression « politiquement correct » -, avec l’appui, au niveau de l’Etat
français, d’associations comme la Licra, le Mrap ou SOS Racisme qui traquent les
médias patriotes devant des tribunaux officiels acquis d’avance à des jugements
partisans.
Ce plan connut un début de réalisation au début des années 70, à l’occasion de
la crise du pétrole provoquée par le quadruplement du prix de l’or noir
qu’imposèrent les chefs de l’OPEP aux pays développés : cette décision permit
aux maîtres des pays producteurs de pétrole, sous-développés pour la plupart,
de proposer un marché aux chefs d’Etas européens au cours de sommets réunis
soit dans les capitales de la Ligue Arabe - Le Caire, Abou Dhabi, soit dans les
capitales européennes, Bonn ou Paris : nous vous cèdons le pétrole contre le
droit d’exporter dans votre continent les populations de nos pays désireuses
d’émigrer, à charge pour vous de leur offrir non seulement le droit de s’istaller en
Europe avec des droits égaux à ceux des autochtones, mais aussi celui d’y
pratiquer leur religion, l’islam. Chantage bien accueilli par les classes dirigeantes
européennes, patrons de multinationales, leurs banquiers et bureaucrates de
l’UE, étroitement unis par le lobbying, et peu soucieux de sauvegarder leurs
identités nationales : les cadres des grandes sociètés internationales désiraient
embaucher une main d’oeuvre à bas salaires et docile en raison de son ignorance
des traditions syndicales. Mais un paradoxe, qui n’est qu’apparent si l’on songe à
la tradition d’internationalisme communiste, veut que l’extrême gauche n’ait pas
tardé à courtiser, elle aussi, les immigrés, considèrés comme un prolétariat de
substitution à l’heure où la classe ouvrière s’embourgeoisait (phénomène issu de
la prospèrité des trente glorieuses qui allait d’ailleurs bientôt s’estomper en
raison des délocalisations issues de la mondialisation, laquelle se poursuivit après
la crise du pétrole jusqu’à nos jours, encouragée par l’hyperclasse mondiale qui a
toujours autant intérèt à organiser le dumping social en Occident.)
Le Conseil de l’Europe, par sa Charte sociale européenne, la Cour de justice de
l’Union européenne avec la Déclaration des droits de l’homme agissent en
synergie avec l’Association Parlementaire pour la Coopèration Euro-Arabe créée
dès 1974 et regroupant 200 membres des Parlements européens. Ces
organisations favorisèrent, dès le début des années 70 , non seulement
l’immigration de travail, mais aussi la transformation de celle-ci en immigration
de peuplement.
La coopération culturelle n’allait pas tarder à suivre le mouvement : elle
commence en 1977 avec le premier séminaire universitaire réuni à Venise où
s’ébauche une soumission des intellectuels européens à l’islamiquement correct
qui ne fera que croitre dans les années suivantes. En 1983, le Symposium de
Hambourg demande une révision des livres scolaires en faveur de la civilisation
arabo-musulmane, victimisée au nom d’un ethno-masochisme condamnant la
Reconquista, les croisades, la traite atlantique et la colonisation européenne pour
justifier la colonisation à rebours de l’Europe par les immigrés. Ces directives,
renouvelées dans le Rapport du 8 /11 2002 de la Commission de la Culture, de la
science et de l’éducation émanant de l’APCEA ont porté leurs fruits : aujourd’hui
les manuels s’abstiennent de nommer ou d’évoquer le djihad et la dhimmitude,
l’énorme traite esclavagiste musulmane ou la condition infèrieure des
musulmanes ; Charles Martel et la bataille de Poitiers sont passés à la trappe ;
Al-Andalus et la Sicile sarrasine sont présentés comme des paradis de tolèrance
harmonieuse entre juifs, chrétiens et musulmans, offrant aux élèves de quoi
fantasmer l’avenir radieux d’une Europe islamisée par l’immigration-invasion.
En 1991 une assemblée de parlementaires européens et de délégués du Conseil
de l’Europe popularise l’idée de contribution décisive de la civilisation islamique à
la culture européenne, justifiant la contre-vérité historique célèbre qu’allait
profèrer Jacques Chirac : « Les racines de l’Europe sont autant musulmanes que
chrétiennes ».
En 2005 le Conseil de l’Europe interdit l’islamophobie par l’article 9 de la
Déclaration Finale du Sommet de Varsovie : on peut craindre que les procès
verbaux à venir, dressés en vertu de la loi française de 2010 interdisant la burqa
ne se heurtent à ce texte juridique en cas de jugement en appel auprès d’une
cour européenne de justice et ne soient déboutés.
Enfin, last but not the least, l’adoption du Code Sémantique de 2006 porte à son
comble l’asservissement des consciences européennes à l’islam : celui-ci ne doit
plus être associé qu’aux notions de justice, d’amour, de tolèrance et de paix, et
non plus à celle de violence ; le terme de djihad doit se borner à la signification,
apparue tardivement dans l’histoire, d’effort moral, et ne doit plus désigner la
guerre sainte pourtant pratiquée dans les premiers siècles de l’expansion
musulmane en tant que principal moyen de propagation.
Que conclure, sinon que l’ Union européenne bruxelloise, subjuguée par le retour
en force des idées des « Lumières » du XVIIIe siècle, dérive de plus en plus,
sous la pression d’un ministère orwellien de la Vérité, vers un régime de
République islamique ? Comme l’écrivait feu le Général Gallois « Le soleil d’Allah
aveugle l’Occident » ! L’hyperclasse mondiale, telle Faust le héros légendaire, est
décidée à vendre l’âme de l’Europe contre de l’or. Y parviendra-t-elle ? Rien n’est
moins sûr car « L’avenir n’est à personne, l’avenir est à Dieu ! »(Victor Hugo).Abbon.
12/05/2011
Notes bibliographiques :
1 Philippe Senac : Musulmans et Sarrasins au sud de la Gaule.
2 Jean Flori : La guerre sainte.
3 Jean Delumeau : La peur en Occident .
4 Jacques Heers Les Barbaresques.
5 Katharina Mommsen : Goethe und der islam.
6 Maxime Rodinson La fascination de l’islam.
7 Joachim Veliochas : L’islamisation de la France.
Source: Polémia
Les avatars de l’islam dans la conscience européenne et
chrétienne.
Dans sa remarquable préface à la réédition du Camp des Saints,
l’écrivain Jean Raspail a défini l’idéologie contemporaine comme celle de
« Big Other » : tout ce qui vient de l’autre est grand, beau et exemplaire.
L’islam, comme culture et comme civilisation est le grand bénéficiaire de
ce dogme politiquement correct. C’est loin d’avoir toujours été le cas.
Professeur d’histoire, ce correspondant de Polémia dresse un panorama
historique de la vision de l’islam à travers la conscience européenne et
chrétienne. Une bien utile remise en perspective pour lutter contre la
désinformation historique.
Aujourd’hui le devoir de repentance pare les musulmans de l’auréole du martyre
en raison du proche passé colonial où les Européens auraient joué le rôle de
bourreaux. C’est oublier que dix siècles durant le djihad fit trembler notre
continent et qu’il enleva leurs terres aux chrétiens d’Orient. Aussi les aléas de
l’Histoire ont-ils modifié notre conception de l’islam: vigoureusement polémique
au Moyen Age, quand le monde chrétien, encadré par l’Eglise, ripostait par les
armes et la controverse théologique aux assauts des cavaliers d’Allah, elle
changea radicalement avec la révolution intellectuelle des Temps Modernes et
poursuit encore sa métamorphose de nos jours.
L’image de l’islam au Moyen Age.
Soumis aux agressions constantes du djihad, comment les chrétiens du Moyen
Age auraient-ils pu voir dans l’islam la religion de tolérance, d’amour et de paix
que nous présente la vulgate politiquement correcte? Les historiens antiracistes,
tels Norman Daniel ou même le marxiste Maxime Rodinson occultent les
violences sarrasines ou turques décrites par les chroniqueurs ou troubadours et
soupçonnent de diabolisation délirante leurs critiques des musulmans ou du
message coranique. Qui sait pourtant si ces textes ne nous révèlent pas le vrai
visage de l’islam en tant qu’entreprise de conquête du monde, image refoulée
aujourd’hui par notre inconscient collectif et bannie de nos mémoires?
Attaqué le premier par les troupes arabes, l’Empire Byzantin, qui perd la Syrie en
636, la Palestine et Jérusalem en 638, puis l’Egypte et enfin l’Afrique du Nord
dans la seconde moitié du VIIe siècle fournit les premiers arguments polémiques
destinés à galvaniser la résistance aux envahisseurs. Jean Damascène place
l’islam parmi les hérésies et dénonce ses contradictions logiques : la
prédestination islamique est incompatible avec le jugement dernier conduisant
les élus au paradis et les réprouvés à l’enfer en l’absence de responsabilité
humaine ; la toute puissance divine ne souffrant, dans la pensée musulmane,
aucune limitation, supprime la possibilité des lois naturelles, remplacées par les
habitudes d’Allah ; Sophronios, Maxime le confesseur, le pseudo-Méthode
interprètent la religion mahomètane comme l’oeuvre de l’Anti-Christ, comme un
châtiment divin infligé à la Chrétienté en punition de ses péchés. Au début du IXe
siècle, Théophane le confesseur avance une idée qui fera long feu, puisqu’on la
retrouve chez Gustave Le Bon à la fin du XIXe siècle : Mahomet aurait été atteint
de crises d’épilepsie. Pour Georges Le Moine et Jean Kameniatès le caractère
violent et destructeur de l’islam le prive de toute légitimité spirituelle. Cependant
le Patriarche de Constatinople désavoue le projet des Empereurs Nicephore
Phocas et Jean Tzimiscès de proclamer la guerre sainte contre les Infidèles :
l’Eglise d’Orient s’en tiendra, face au djihad, à la tradition d’un christianisme
conçu comme une religion de salut répugnant à la violence guerrière et
privilègiant la diplomatie.
L’occident, par contre, évolue diffèremment et finira par justifier la croisade,
même s’il employa également le moyen pacifique de la mission à partir de la
traduction du Coran réalisée en 1143, afin d’étayer le dialogue avec les
musulmans, solution qui eut les préfèrences d’Abélard dans une controverse avec
St Bernard, puis de St François d’Assise et de Raymond Lulle.
Les premières critiques occidentales de la religion mahomètane viennent de
chroniqueurs tels que Bède le vénérable ou Frédégaire qui décrivent les horribles
ravages perpétrés par les Sarrasins en Gaule. La « chronique prophètique » dite
d’Alphonse III au IXe siècle relate et dénonce l’invasion de l’Espagne, ce qui
justifie la Reconquista conçue comme guerre de libèration. Un pas de plus est
franchi après l’exécution des martyrs de Cordoue au milieu du IXe siècle. pour
avoir porté la contestation sur la légitimité de Mahomet en le qualifiant de faux
prophète hérésiarque et libidineux - en raison de sa pratique de la polygamie - :
la translation des reliques de trois de ces martyrs au monastère St-Germain de
Paris sur ordre de Charles le Chauve popularise leur cause, non seulement dans
le peuple chrétien, mais dans les écrits monastiques d’un Ratbert de Corbie, d’un
Landelfus Sagax, de Sigebert de Gembloux ou encore de la chanoinesse de
Gandersheim Roswitha qui développent le thème de la luxure d’un faux prophète
prétendant dominer le monde par la violence et prêchant un paradis bassement
matérialiste. On retrouve cette thèmatique dans la « Somme contre les gentils »
de St Thomas d’Aquin : » Il [Mahomet] a séduit le peuple en lui promettant de
ces plaisirs charnels à quoi nous soumet la concupiscence de la chair… En fait les
vérités qu’il professait étaient mêlées à de nombreuses fables et à des doctrines
relevant de la plus grande fausseté… Mahomet a dit qu’il était désigné par la
force des armes, à savoir des signes dont ne manquent ni les voleurs ni les
tyrans…Ceux qui crurent en lui étaient des hommes brutaux, des vagabonds du
désert, largement ignorants de tout enseignement divin, des gens grâce
auxquels il força d’autres hommes à devenir ses adeptes par la contrainte des
armes… Ce fut donc une décision maligne d’interdire à ses adeptes de lire
l’Ancien et le Nouveau Testament parce que ces livres auraient dénoncé ses
mensonges. » Au siècle suivant Dante Aligheri place Mahomet au huitième cercle
de l’enfer parmi les fauteurs de schisme dans « La Divine Comédie », scène que
le peintre Giovani da Modena peindra en 1415 sur une fresque de la cathédrale
San Petronio de Bologne.
Djihad, guerres saintes, croisades…
En France le souvenir de l’invasion du VIIIe siècle repoussée par Charles Martel
et la menace récurrente de razzias pesant sur les côtes provençales avaient
cristallisé les craintes de l’inconscient collectif « sur l’image d’un sarrasin
sauvage basané, qui pille et cause d’effroyables malheurs » comme le remarque
Philippe Senac (1) Cette image est présente dans les Chansons de Geste qui
ajoutent à ce sombre portrait fondé sur des faits historiques des considèrations
fantaisites sur la religion des envahisseurs supposés adorer Jupiter, Apollin ou
Tervagan en raison de leur adhésion à un paganisme dénoncé comme idolâtre.
Composées aux XIe et XIIe siècles, les Chansons de Geste devaient fournir aux
Croisés une part de leurs motivations idéologiques.
La guerre sainte et la croisade supposent, à la base, l’initiative du chef de la
Chrétienté qui l’investit de sa légitimité. Le Pape ne pouvant appeler à la guerre
sans raison valable, il fallait que l’ennemi désigné constituât un danger
redoutable pour le bien commun des fidèles et pour l’Eglise. Ces critères se
présentèrent en 846 avec le sac de Rome et les agressions répétées des
Sarrasins contre la Campanie qui suivirent : les Papes Léon IV, puis Jean VIII
appelèrent le roi Charles le Chauve à leur secours, dénonçant les fils d’Ismaël
hérétiques. A son tour au XIe siècle, Alexandre II encourage la Reconquista
espagnole ainsi que la reconquête de la Sicile, occuppée au cours des deux
siècles précèdents par les Agarèniens (autre nom des cavaliers d’Allah), puis de
la Corse et de l’Italie méridionale. Apprenant le désastre subi par le Basileus en
1071 à Mantzikert devant les Turcs Seldjoukides, convertis à l’islam deux siècles
auparavant, Grégoire VII envisage une expédition de secours en Anatolie ; puis
ceux-ci ayant pris Jérusalem, son successeur Urbain II décide une expédition qui,
à partir de Constantinople, délivrerait la ville sainte avec les provinces
byzantines. Dans son appel de Clermont, en 1095, le Pape évoque les Turcs
comme « une nation maudite et étrangère à Dieu » - le but final, la libèration de
Jérusalem, ajoute à cette guerre sainte la dimension d’un pèlerinage armé; la
promesse de rémission des péchés est donnée aux combattants motivés par des
raisons purement spirituelles. Aux historiens assimilant la croisade à un djihad,
Jean Flori (2) objecte que celui-ci est originel dans l’islam et qu’il a un caractère
offensif, alors que la croisade est une guerre défensive de reconquête, après des
siècles d’agression et d’occupation étrangère. Agissant en véritables sentinelles
de l’Europe, les Papes ne cesseront d’appeler à la croisade, particulièrement au
XVe siècle, contre les Turcs Ottomans qui, selon les termes de Pie II « jettent le
blasphème à la face de Dieu, détruisent nos églises, et ne veulent rien
qu’anéantir le nom de Chrétiens. » Mais les appels de NicolasV, de Callixte III,
de Pie II resteront vains : ils ne parviendront ni à empêcher la prise de
Constantinople par Mehmet II le 29 mai 1453, ni à reprendre plus tard la capitale
de l’Eglise d’Orient. Pie V sera plus heureux : il réussira à unir contre la flotte
turque les principales puissances maritimes d’Europe dans la « Sainte Ligue » qui
remportera en 1571 la grande victoire de Lepante. Notons que les Papes
agissaient en plein accord avec le peuple chrétien, qui craignait autant les Turcs
que la famine et la peste (3.) Après la conquête des Balkans en effet, ceux-ci
menaçaient l’Europe Centrale car leur victoire de Mohacs en 1526 leur avait livré
la Hongrie, d’où ils menaient des razzias en Autriche : Vienne fut assiègée en
1529 et 1683. Les Humanistes souhaitaient eux aussi la guerre pour la défense
de la civilisation chrétienne contre « l’inhumanitas » turque, de même que Luther
et Calvin, lesquels appelaient à prier et à lutter contre les Turcs ainsi que le
ministre élizabètain Robert Cecil.
Raison d’Etat et foi chrétienne
Désireux d’équilibrer la puissance de Charles Quint qui l’avait chassé d’Italie,
François Ier conclut avec le Sultan un traité connu sous le nom de Capitulations
qui devait être renouvelé par ses successeurs jusqu’en 1740 ; aussi le Roi
décida-t-il de mobiliser les intellectuels français pour justifier l’extravagant
renversement d’alliance d’un « Roi très chrétien » descendant de saint Louis.
C’est ainsi que Guillaume Postel, titulaire d’une chaire d’arabe au Collège de
France nouvellement créé, rédigea en 1543 « La concordance du Coran et des
Evangiles » ouvrage précurseur de l’oecumènisme contemporain. Comme ses
compatriotes Paul Jove et Pierre Belon, il inaugurait une tradition de turcomanie
qui devait durablement influencer la littérature française : il admirait l’Empire
ottoman qui, à ses yeux, ressuscitait la grandeur de la Rome antique ;
cependant, autant il parait le Turc de vertus, autant il stigmatisait les vices du
Maure qui, dans les provinces occidentales du Sultan, razziait les chrétiens pour
les vendre sur les plaques tournantes de l’esclavage que furent, du XVIe au XIXe
siècle, Alger, Tunis et Tripoli. Une locution encore en usage dans la langue
italienne : « Mamma,gli Turchi! » utilisée pour annoncer une catastophe,
témoigne aujourd’hui encore de la terreur exercée jadis par les razzias
ottomanes sur les côtes de la péninsule. Envoyé en mission par le Roi Soleil en
Afrique du Nord, le chevalier d’Arvieux n’aura pas les scrupules de Postel :
contestant les bienfaits de l’oeuvre des Mercédaires et des Trinitaires, ordres
fondés au Moyen Age pour le rachat des captifs faits par les Maures, il minimise
la traite barbaresque en des termes que ne renierait pas un désinformateur
justifiant le goulag : « On s’imagine que les chrétiens qui ont le malheur d’être
esclaves en Barbarie, y sont traités de la manière la plus inhumaine et la plus
cruelle. Il y a des gens qui, pour exciter la charité des fidèles, débitent de pieux
mensonges. » (4). Louis XIV refusa de lancer la croisade comme le lui
conseillaient Bossuet et Saint Vincent de Paul - qui fut, avec Cervantès, la plus
célèbre victime des pirates esclavagistes de Barbarie. Le Roi-Soleil se contenta
de faire bombarder Alger par Duquesne en 1681,1682 et 1683 pour pacifier les
côtes africaines.
L’islamophilie des Lumières.
Le XVIIIe siècle achèvera l’entreprise des turcophiles du XVIème siècle français :
la crise de la conscience européenne entre 1680 et 1735, magistralement
analysée par Paul Hazard, installe au coeur des esprits un relativisme qui évolue
vers un anti-christianisme dont l’islamophilie apparaît comme le pôle positif.
Cette révolution copernicienne a des causes diverses :
-stratègiques d’abord, en raison du déclin progressif de l’Empire Ottoman après
sa défaite de Zenta en 1697, le Turc ne figure plus au nombre des peurs de
l’Occident ;
-des causes littéraires ensuite, car l’époque est marquée par la profusion de
réçits de voyage en terres lointaines, et le succès considèrable de la traduction
des « Mille et une nuits » par Gallant, valorisant les civilisations exotiques ;
-des causes idéologiques enfin, du fait de la diffusion des thèses profèrées par
des arabisants d’origines variées : français comme Barthélémy d’Herbelot, auteur
d’une Encyclopédie de l’Orient parue en 1697, hollandais comme Reland,
allemands comme Reiske, ou anglais comme G. Sale, Pockock et Ockley,
respectivement professeurs à Oxford et Cambridge. Ces auteurs contestent
les « fausses légendes » répandues selon eux par l’obscurantisme médiéval sur
l’islam. En 1708 Ockley exprime l’idée que l’Occident ne l’emporte en rien sur
l’Orient, mieux, que nous devons à ce dernier notre essor culturel : alors que
dans le Haut Moyen-Age les Barbares détruisaient les restes de la culture
antique, c’est aux seuls traducteurs arabes que l’Europe devrait la conservation
des textes scientifiques et littéraires grèco-romains d’où allait renaitre notre
civilisation et non aux moines mérovingiens, discrèdités aux yeux de ce librepenseur
qui abhorre, comme ses pareils, l’Eglise Catholique. Une thèse
aujourd’hui bien ancrée dans l’Unisersité française et sur laquelle de grands
historiens comme Jacques Heers et Sylvain Gougenheim ont du mal à porter la
moindre contestation. Influencé par ces théoriciens, le Comte de Boulainvilliers
écrit une « Histoire des Arabes » d’une flagrante partialité en faveur de ce peuple
formé par son prophète « pour prier, peupler, combattre » ,texte accompagné
d’une véritable apologie de Mahomet .
Voltaire et l’islam.
On retrouve la même approche dans le Voltaire de « l’Essai sur les moeurs », qui
témoigne d’une considèrable évolution par rapport à son oeuvre de
jeunesse, « Mahomet ou le fanatisme ». Il y clame son admiration pour le
Prophète : « qui fut certainement, quoiqu’il fut d’abord fanatique comme
Cromwell, un très grand homme et qui forma de grands hommes... conquèrants,
législateurs, monarques et pontifes…, il joua le plus grand rôle qu’on puisse jouer
sur la terre aux yeux du commun des mortels. » Quant à l’islam l’auteur de
Candide qualifie cette religion de « plus grand changement que l’opinion ait
produit sur notre globe », sans évoquer le moins du monde le djihad qui fut son
plus grand agent de propagation. La conception voltairienne de l’histoire donne
systèmatiquement tort aux chrétiens d’ « Europe, ce petit tas de boue » : tandis
que la croisade est présentée comme une succession d’abominables tueries dues
à la sauvagerie des chevaliers chrétiens ; la tragédie de la prise de
Constantinople par les Turcs est décrite comme un phénomène anodin au cours
duquel Mehmet II aurait prouvé sa magnanimité ; la conquête de l’Espagne par
les Arabo-Berbères de Tariq est vantée comme une bénédiction puisqu’ils étaient
supposés apporter la civilisation à l’Occident médiéval, plongé dans les ténèbres
de la Chrétienté: « Dès le second siècle de l’hégire, le Arabes devinrent les
précepteurs de l’Europe. » ; mêmes parti-pris en faveur de l’Empire ottoman
dont le gouvernement ne relèverait nullement de la notion de despotisme
oriental élaborée par son contemporain Montesquieu qui, lui, était renseigné par
des témoins de bonne foi, les ambassadeurs auprès la Sublime Porte ou des
voyageurs critiques comme Chardin et Tavernier. Ignorant la notion de
dhimmitude, Voltaire loue aussi la soi-disant tolèrance turque à l’égard des
communautés chrétiennes et juives présentes sur les terres du Sultan et va
même jusqu’à justifier le devshirmé, cette pratique scandaleuse du rapt des
jeunes enfants chrétiens des Balkans pour en faire des janissaires, élevés loin de
leur famille, dans le fanatisme musulman. On voit que le seigneur de Ferney était
passé maître en matière de haine de soi et de repentance : la vulgate
politiquement correcte d’aujourd’hui lui doit beaucoup.
De l’autre côté du Rhin, l’Aufklärung cèdait aux mêmes préjugés : que l’on songe
à Zaïde et à L’enlèvement au sérail de Mozart dont les personnages musulmans
brillent par leurs vertus tandis que les chrétiens ont des rôles ingrats ; Lessing,
franc-maçon lui aussi, fait de même dans Nathan le sage. D’une manière
générale, les Philosophes des Lumières, déistes et rationalistes, louaient l’islam
pour son absence de dogmes et de mystères, son absence de prêtres et
d’inquisiteurs, pour sa morale sexuelle niant la valeur de la vertu chrétienne de
chasteté qu’ils considèraient comme impraticable et contraire à leurs idées
populationnistes, mais surtout parce qu’elle accorde aux hommes une
permissivité allèchante (le sort des femmes, déclarées inférieures par le Coran,
soumises à l’autorité masculine, astreintes à la polygamie et à la répudiation par
le mari, ne les intéressait guère, à l’exception de Montesquieu qui jugeait la
conception musulmane de la famille incompatible avec l’éducation des enfants, et
lui reprochait de constituer la matrice du despotisme oriental) .L’islamophilie
était utilisée par les divers auteurs comme une arme polémique plus ou moins
explicite contre le christianisme, accusé unilatèralement d’intolèrance par des
écrivains obsèdés par le souvenir encore proche des guerres de religion entre
catholiques et protestants qui avaient ensanglanté l’Europe, et celui de
l’Inquisition espagnole. Mais les « Lumières » ignoraient tout de la dhimmitude à
laquelle étaient astreints les peuples vaincus par le djihad, totalitarisme que St
Thomas d’Aquin avait su déceler avec plus de lucidité, en un siècle où la
Reconquista mobilisait les esprits.
Romantisme, libèralisme, positivisme et islam.
En1806, l’auteur du Génie du christianisme, accomplissant un voyage en Terre
Sainte, allait, au moyen d’une magistrale leçon d’histoire, confondre les thèses
des écrivains du XVIIIe siècle et rejoindre les analyses du Docteur Angèlique.
Chateaubriand réfute leur condamnation des croisades, en rappelant qu’il
s’agissait de contre-offensives et non de guerres d’aggression : « Ni les Espagnes
soumises, ni la France envahie, ni la Grèce et les Deux-Sicile ravagées, ni
l’Afrique toute entière tombée dans les fers, ne purent déterminer, pendant près
de huit siècles, les Chrétiens à prendre les armes. Si enfin les cris de tant de
victimes égorgées en Orient, si les progrès des barbares déjà aux portes de
Constantinople, réveillèrent la Chrétienté, et la firent courir à sa propre défense,
qui oserait dire que la cause des guerres sacrées fut injuste ? Où en serions-nous
si nos pères n’eussent repoussé la force par la force ? Que l’on contemple la
Grèce et l’on apprendra ce que devient un peuple sous le joug des Musulmans. »
Et l’auteur de l’Itinéraire de Paris à Jérusalem montre l’enjeu fondamental de
cette confrontation : « Il s’agissait de savoir qui devait l’emporter sur la terre, ou
d’un culte ennemi de la civilisation, favorable par système à l’ignorance, au
despotisme, à l’esclavage, ou d’un culte qui a fait revivre chez les modernes le
génie de la docte antiquité, et aboli la servitude ?... L’esprit du Mahomètisme est
la persécution et la conquête ; l’Evangile au contraire ne prêche que la tolèrance
et la paix. » D’autres romantiques cherchaient à se dépayser dans le temps et
l’espace en cultivant l’orientalisme, ce qui devait nécessairement les amener à
prendre position sur l’islam, chacun à sa manière, selon ses options
philosophiques.
Outre-Rhin Herder reprend à son compte la thèse émise pour la première fois en
1708 par le professeur de Cambridge Ockley et popularisée par Voltaire : les
Arabes auraient joué le rôle historique de professeurs de l’Europe. Chez Goethe,
le relativisme résolument anti-chrétien des Philosophes se transforme en
syncrètisme ouvert à l’islam : après la Bible, le Coran est le texte religieux qui lui
est le plus familier ; il en parle en termes enthousiastes. L’auteur de Faust n’en
est pas moins un anti-clérical doublé d’un hérétique fortement influencé par la
weltanshaung musulmane. Ce qui l’attire dans la religion mahomètane est
l’unicité de Dieu, le refus des miracles, la conviction que la foi peut produire de
bonnes oeuvres, l’absence de péché originel et la valorisation du monde d’ici-bas
inclinant à une morale sexuelle moins rigoriste que celle du catéchisme, enfin
l’absence de clergé. La sympathie professée par l’auteur du Divan occidentaloriental
pour la civilisation islamique, son admiration pour le Coran et Mahomet
lui ont valu d’être déclaré musulman à titre posthume par une fatwa émise en
1995 à Weimar.(5)
Victor Hugo qui avait résolument, comme le poète anglais Byron, pris le parti des
Grecs en lutte pour leur indépendance contre l’Empire Ottoman dans son recueil
de jeunesse intitulé Les Orientales, reste l’ennemi des despotes islamiques dans
La légende des siècles,(cf la séquence intitulée les trônes d’Orient) mais
présente Mahomet sous l’aspect d’un sage et comme ses corréligionnaires en
progressisme, fustige au passage, en contrepoint, les guerres féodales et
l’inquisition. A la diffèrence de son prestigieux contemporain, Lamartine,
également affilié à la franc-maçonnerie, embrasse si fougueusement l’islam qu’il
se donne des ancêtres musulmans ayant émigré d’Al-Andalus après la
reconquista. Il revient de deux voyages en Orient éperdument épris des Turcs
dont il dit : « J’aime ce peuple, car c’est le peuple de la prière » et discrèdite
dans son réçit la guerre d’indépendance hellène. I’auteur de Jocelyn finit
pensionné par le Sultan pour prix de ses services. Il avait écrit une Histoire des
Turcs à la gloire de ceux-ci dont le premier tome consistait en une Vie de
Mahomet où le poète exprimait sa fascination pour le prophète assimilé à un
héros, attitude commune aux romantiques qui exaltaient les grands hommes ( à
ce titre certains d’entre eux comme Carlyle en vinrent à considèrer le fondateur
de l’islam comme tel) « Si la grandeur du dessein, la petitesse des moyens,
l’immensité du résultat sont les trois mesures du génie, qui osera comparer
humainement un grand homme de l’histoire moderne à Mahomet ? » Lamartine,
insensible aux massacres de Chio dénoncés à la même époque par Delacroix en
un tableau célèbre, présente l’islam comme un christianisme épuré dont il vante
« la tolèrance et l’humanité »(sic).
Le fondateur du positivisme voue également à Mahomet une véritable
vénèration: « C’est un chef éminent pour sa construction admirable…un chef
incomparable par le concours du coeur avec l’esprit… » Auguste Comte place de
grands espoirs dans « l’admirable monothéisme islamique qui peut seul préparer
l’avènement du positivisme en Orient » En effet, le libre-penseur range l’islam
au-dessus du catholicisme, car c’est une doctrine, à ses yeux, qui choque moins
la raison ».L’échec final des croisades lui parait en fournir la preuve.
Par contre, pour Ernest Renan, de la même école de pensée, il est impossible de
comparer le christianisme, source de lumière, et l’islamisme, fruit de
l’obscurantisme ; en outre l’esprit sémite des Arabes, facteur de rigidité
intolèrante, le voue à une régression définitive : « L’islam est la plus complète
négation de l’Europe ; l’islam est le fanatisme, comme l’Espagne du temps de
Philippe II et l’Italie de Pie V l’ont à peine connu ; l’islam est le dédain de la
science, la suppression de la société civile ; c’est l’épouvantable simplicité de
l’esprit sémitique rétrécissant le cerveau humain. »
Le créateur de la psycho-sociologie Gustave Le Bon, qui s’apparente au courant
de pensée positiviste lui aussi, revient quant à lui à la tradition des Lumières
vouant aux gémonies les âges sombres de la chrétienté médiévale à laquelle les
soldats d’Allah auraient rapporté la civilisation, après l’épisode destructeur des
invasions barbares. Il publie en 1884 un panorama élogieux de la civilisation des
Arabes, comportant une apologie de l’islam qu’on croirait tous deux tirés de
l’Essai sur les moeurs de Voltaire. « On constate que le Moyen Age ne connut
l’Antiquité classique que par les Arabes ; que pendant cinq cents ans les
universités de l’Occident vécurent exclusivement de leurs livres, et qu’au triple
point de vue matériel, intellectuel et moral, ce sont eux qui ont civilisé l’Europe.
Quand on étudie leurs travaux scientifiques et leurs découvertes, on voit
qu’aucun peuple n’en produisit d’aussi grands en un temps très court. »
A l’opposé, la décadence ottomane au XIXe siècle frappe des écrivains libèraux
comme l’américain John Quincy Adams, observateur de la guerre russo-turque et
du mouvement de libèration grecque, dans lesquels les armées musulmanes
s’illustrèrent par leurs cruautés, et Alexis de Tocqueville, observateur de la
colonisation de l’Algérie. Ce dernier écrit : « J’ai beaucoup étudié le Coran. De
cette étude j’ai tiré la conclusion qu’il y a peu de religions dans le monde aussi
mortifères pour les hommes que celle de Mahomet. Pour ce que je peux en voir,
c’est la cause principale de la décadence si évidente aujourd’hui du monde
musulman et, bien que moins absurdes que celles de l’ancien polythéisme, ses
tendances sociales et politiques doivent être, à mon sens, plus redoutées. Je
considère donc l’islam comme une forme de décadence plutôt qu’une forme de
progrès en relation avec le paganisme lui-même. »
Par ailleurs le XIXe siècle poursuit l’oeuvre d’analyse scientifique de la religion
musulmane entamée dans les siècles précèdents par l’Eglise, qui avait opèré la
première traduction du Coran, et par les Etats européens à partir du XVIe siècle
qui avaient créé des chaires d’arabe et des écoles d’interprètes sans que l’on
observe la moindre tentative semblable d’approche de la culture européenne et
chrétienne du côté islamique, toujours replié dans un orgueilleux mépris de
l’autre qu’il ne voue qu’à la conquête et à la domination. La France se
distingue dans cette entreprise : Silvestre de Sacy, directeur de l’Ecole des
Langues Orientales crée en 1795, s’impose comme le maître de l’orientalisme
européen. La première revue orientaliste spécialisée est fondée à Vienne en
1809. Le premier congrès orientaliste se tient à Paris en 1873. L’ethnographie
des peuples musulmans fait son apparition avec E.Doutté ou Westermack : les
historiens orientalistes comme Niebuhr, Ranke, Weil, Amori, Dozy font paraître
des publications spécialisées dont le nombre et la valeur scientifique ne feront
que s’amplifier au XXe siècle.
Renversement de situation au XXe siècle.
Les deux guerres mondiales font perdre leur hégémonie aux puissances
coloniales : c’est la fin de l’européo-centrisme. L’islam par contre-coup y gagne
en prestige et en puissance, d’autant plus que les réserves mondiales de pétrole
se trouvent en majeure partie localisées dans des Etats musulmans.
Outre la pérennité de l’exotisme romantique représenté par Th-Ed Lawrence et
Pierre Loti, on assiste d’abord à l’apparition d’un mouvement ésotèriste
cherchant dans l’Orient un modèle de sagesse : le représentant le plus célèbre en
est René Guénon qui finit par se convertir à l’islam, tandis qu’à l’inverse de
nombreux musulmans du premier XXe siècle, fascinés par l’Occident, se rallient à
ses idéologies : le nationalisme arabe et turc, influencé par le poète anglais Blunt
entre autres, puis le marxisme.
Le mouvement de décolonisation qui eut ses épisodes sanglants comme la guerre
d’Algérie, auquel on pourrait rattacher le génocide armènien de 1915 qui précèda
celle-ci d’une quarantaine d’années, procède d’influences complexes entremèlant
les influences occidentales et la tradition du djihad.
Les communistes des pays occidentaux, qui soutinrent la décolonisation, ne
pouvaient, quant à eux, approuver une tradition religieuse, pas plus l’islam qu’ils
accusaient de fanatisme rétrograde que le christianisme qu’ils jugent tout aussi
sévèrement.
L’autre idéologie mortifère du XXe siècle, le nazisme, considère l’islam avec
moins de sévérité : par opposition au christianisme qu’il accuse, à la suite de
Nietzsche, d’avoir dévirilisé l’homme, il apprécie le caractère combattif de la
religion du djihad. Hitler fit alliance au Grand Mufti de Jérusalem dans la logique
de son anti-sémitisme et utilisa les services de la Handzar Trennung, division
composée de 21.000 SS bosniaques. Une intellectuelle nazie, ancienne employée
des bureaux de la Philologie Allemande placée sous les ordres de Himmler, écrivit
en 1960 Le soleil d’Allah illumine l’Occident , un ouvrage éperdument
islamophile. Sigrid Hunke y développe l’idée de l’absolue supériorité de l’islam,
qui aurait eu le mérite de libèrer l’Europe de son judéo-christianisme malfaisant.
Les anti-colonialistes comptent aussi dans leurs rangs des admirateurs de la
religion musulmane, conçue comme une force de nature progressiste ; ces
idéologues considèrent les musulmans comme des martyrs de l’occident
capitaliste, observe Maxime.Rodinson (6). Un grand nombre d’entre eux se
rangent sous la bannière du catholicisme de gauche inspiré par Louis Massignon,
mort trois ans avant l’ouverture du concile Vatican II. Impressionné par la foi
musulmane comme le furent Psychari et le Père de Foucauld, Louis Massignon
refusait de condamner les musulmans comme hérétiques tout en restant
chrétien, car pour lui l’islam est une religion qui ne se trouve pas en dehors de la
vérité puisqu’elle s’appuie sur une authentique bénédiction divine, celle
d’Abraham, père des croyants. L’islamologue opère une traduction mystique de
son combat contre le colonialisme et pour l’émancipation du monde arabomusulman
: à ses yeux l’islam assume le rôle providentiel de rassembler tous les
exclus contre les religieusement nantis. Les rapports amicaux de Massignon avec
le futur Paul VI, inspirèrent le prélude à la Déclaration Nostra Aetate consacré à
l’islam, qui rompt avec le passé de polémique des deux religions. Certains
prêtres développèrent à partir de cette ouverture une hérésie islamisante,
refusant de convertir les musulmans et de donner le baptême à ceux qui le
sollicitent; ils font songer aux anticipations géniales de Chesterton sur
le « chrislam » décrites dans L’auberge volante. Alain Besançon dénonce cette
déviance dans son livre intitulé Trois tentations dans l’Eglise, comme d’autres
intellectuels peu suspects d’aveuglement sur la dure condition des chrétiens
d’Orient soumis à un régime de dhimmitude qui va parfois jusqu’au martyre :
Annie Laurent, Rémy Brague, Marie-Thérèse et Dominique Urvoy, Bernard
Antony.
En contrepoint de ces anlyses démystifiantes, il faut citer les recherches
exégétiques d’ecclésiastiques français comme les Pères Lammens, Gabriel Théry,
Antoine Moussali aboutissant à la magistrale synthèse réalisée par Edouard-Marie
Gallez, lui-même tributaire des travaux antèrieurs de la suèdoise Patricia Crone
et d’Alfred-Louis de Prémare, sur les origines du Coran et sur le personnage
historique de Mahomet, recherches exègétiques comparables à celles de Renan
et Strauss sur les Evangiles et Jésus au XIXe siècle.
En dépit des persécutions dont sont victimes tant de chrétiens en Asie et en
Afrique, l’Eglise s’obstine à poursuivre le dialogue islamo-chrétien entamé après
Vatican II, sans tenir compte de la foncière fermeture à l’autre caractèrisant
l’islam, comme l’observait si justement Lévi-Strauss dans Tristes tropiques :
grande religion qui se fonde moins sur l’évidence d’une révèlation que sur
l’impuissance à nouer des liens au dehors. En face de la bienveillance universelle
du bouddhisme, du désir chrétien de dialogue, l’intolèrance musulmane adopte
une forme inconsciente chez ceux qui s’en rendent coupables : car s’ils ne
cherchent pas, toujours, de façon brutale, à amener autrui à partager leur vérité,
ils sont pourtant (et c’est plus grave) incapables de supporter l’existence d’autrui
comme autrui. Le seul moyen pour eux de se mettre à l’abri du doute et de
l’humiliation consiste dans une néantisation d’autrui, considèré comme témoin
d’une autre foi et d’une autre conduite. »
Islam et Political Correctness.
Pourquoi de telles analyses démystificatrices auxquelles il faut ajouter celles de
brillants islamologues libre-penseurs contemporains : Anne-Marie Delcambre,
René Marchand et Laurent Lagartempe, ou encore dans le monde anglo-saxon
les historiens Bernard Lewis et Bat Yeor, pourquoi ces analyses restent-elles
confinées dans les bibliothèques, sans grand espoir d’influencer le grand public,
faute de publicité médiatique et universitaire ?
Joachim Veliochas (7) a décodé les raisons de cette désinformation, en utilisant
les recherches de Bat Yeor consignées dans son livre au titre signicatif
d’ Eurabia .
Depuis 1973, une révolution discrète, qui s’avance masquée sous les dehors
rassurants de la Démocratie et de la Modernité, subvertit nos sociétés ; il s’agit
pour l’hyperclasse mondiale de réaliser le projet mondialiste de destruction des
Nations européennes par l’immigration massive de populations étrangères à leur
culture chrétienne et humaniste. Ce projet prépare l’avènement d’un régime
totalitaire fondé sur l’idéologie anti-raciste, - désignée aussi au moyen de
l’expression « politiquement correct » -, avec l’appui, au niveau de l’Etat
français, d’associations comme la Licra, le Mrap ou SOS Racisme qui traquent les
médias patriotes devant des tribunaux officiels acquis d’avance à des jugements
partisans.
Ce plan connut un début de réalisation au début des années 70, à l’occasion de
la crise du pétrole provoquée par le quadruplement du prix de l’or noir
qu’imposèrent les chefs de l’OPEP aux pays développés : cette décision permit
aux maîtres des pays producteurs de pétrole, sous-développés pour la plupart,
de proposer un marché aux chefs d’Etas européens au cours de sommets réunis
soit dans les capitales de la Ligue Arabe - Le Caire, Abou Dhabi, soit dans les
capitales européennes, Bonn ou Paris : nous vous cèdons le pétrole contre le
droit d’exporter dans votre continent les populations de nos pays désireuses
d’émigrer, à charge pour vous de leur offrir non seulement le droit de s’istaller en
Europe avec des droits égaux à ceux des autochtones, mais aussi celui d’y
pratiquer leur religion, l’islam. Chantage bien accueilli par les classes dirigeantes
européennes, patrons de multinationales, leurs banquiers et bureaucrates de
l’UE, étroitement unis par le lobbying, et peu soucieux de sauvegarder leurs
identités nationales : les cadres des grandes sociètés internationales désiraient
embaucher une main d’oeuvre à bas salaires et docile en raison de son ignorance
des traditions syndicales. Mais un paradoxe, qui n’est qu’apparent si l’on songe à
la tradition d’internationalisme communiste, veut que l’extrême gauche n’ait pas
tardé à courtiser, elle aussi, les immigrés, considèrés comme un prolétariat de
substitution à l’heure où la classe ouvrière s’embourgeoisait (phénomène issu de
la prospèrité des trente glorieuses qui allait d’ailleurs bientôt s’estomper en
raison des délocalisations issues de la mondialisation, laquelle se poursuivit après
la crise du pétrole jusqu’à nos jours, encouragée par l’hyperclasse mondiale qui a
toujours autant intérèt à organiser le dumping social en Occident.)
Le Conseil de l’Europe, par sa Charte sociale européenne, la Cour de justice de
l’Union européenne avec la Déclaration des droits de l’homme agissent en
synergie avec l’Association Parlementaire pour la Coopèration Euro-Arabe créée
dès 1974 et regroupant 200 membres des Parlements européens. Ces
organisations favorisèrent, dès le début des années 70 , non seulement
l’immigration de travail, mais aussi la transformation de celle-ci en immigration
de peuplement.
La coopération culturelle n’allait pas tarder à suivre le mouvement : elle
commence en 1977 avec le premier séminaire universitaire réuni à Venise où
s’ébauche une soumission des intellectuels européens à l’islamiquement correct
qui ne fera que croitre dans les années suivantes. En 1983, le Symposium de
Hambourg demande une révision des livres scolaires en faveur de la civilisation
arabo-musulmane, victimisée au nom d’un ethno-masochisme condamnant la
Reconquista, les croisades, la traite atlantique et la colonisation européenne pour
justifier la colonisation à rebours de l’Europe par les immigrés. Ces directives,
renouvelées dans le Rapport du 8 /11 2002 de la Commission de la Culture, de la
science et de l’éducation émanant de l’APCEA ont porté leurs fruits : aujourd’hui
les manuels s’abstiennent de nommer ou d’évoquer le djihad et la dhimmitude,
l’énorme traite esclavagiste musulmane ou la condition infèrieure des
musulmanes ; Charles Martel et la bataille de Poitiers sont passés à la trappe ;
Al-Andalus et la Sicile sarrasine sont présentés comme des paradis de tolèrance
harmonieuse entre juifs, chrétiens et musulmans, offrant aux élèves de quoi
fantasmer l’avenir radieux d’une Europe islamisée par l’immigration-invasion.
En 1991 une assemblée de parlementaires européens et de délégués du Conseil
de l’Europe popularise l’idée de contribution décisive de la civilisation islamique à
la culture européenne, justifiant la contre-vérité historique célèbre qu’allait
profèrer Jacques Chirac : « Les racines de l’Europe sont autant musulmanes que
chrétiennes ».
En 2005 le Conseil de l’Europe interdit l’islamophobie par l’article 9 de la
Déclaration Finale du Sommet de Varsovie : on peut craindre que les procès
verbaux à venir, dressés en vertu de la loi française de 2010 interdisant la burqa
ne se heurtent à ce texte juridique en cas de jugement en appel auprès d’une
cour européenne de justice et ne soient déboutés.
Enfin, last but not the least, l’adoption du Code Sémantique de 2006 porte à son
comble l’asservissement des consciences européennes à l’islam : celui-ci ne doit
plus être associé qu’aux notions de justice, d’amour, de tolèrance et de paix, et
non plus à celle de violence ; le terme de djihad doit se borner à la signification,
apparue tardivement dans l’histoire, d’effort moral, et ne doit plus désigner la
guerre sainte pourtant pratiquée dans les premiers siècles de l’expansion
musulmane en tant que principal moyen de propagation.
Que conclure, sinon que l’ Union européenne bruxelloise, subjuguée par le retour
en force des idées des « Lumières » du XVIIIe siècle, dérive de plus en plus,
sous la pression d’un ministère orwellien de la Vérité, vers un régime de
République islamique ? Comme l’écrivait feu le Général Gallois « Le soleil d’Allah
aveugle l’Occident » ! L’hyperclasse mondiale, telle Faust le héros légendaire, est
décidée à vendre l’âme de l’Europe contre de l’or. Y parviendra-t-elle ? Rien n’est
moins sûr car « L’avenir n’est à personne, l’avenir est à Dieu ! »(Victor Hugo).Abbon.
12/05/2011
Notes bibliographiques :
1 Philippe Senac : Musulmans et Sarrasins au sud de la Gaule.
2 Jean Flori : La guerre sainte.
3 Jean Delumeau : La peur en Occident .
4 Jacques Heers Les Barbaresques.
5 Katharina Mommsen : Goethe und der islam.
6 Maxime Rodinson La fascination de l’islam.
7 Joachim Veliochas : L’islamisation de la France.
Source: Polémia
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
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