Emeutes d'Angleterre : le coup de gueule d'une enseignante

Emeutes d'Angleterre : le coup de gueule d'une enseignante

Katharine Birbalsingh [photo de gauche] a enseigné pendant plus de 10 ans dans des écoles publiques anglaises de quartiers défavorisés. L'année dernière elle a exposé l'échec du système éducatif lors d'une conférence du Parti conservateur. Elle est l'auteur du livre To Miss with Love.

Dans cet article, elle se vide le coeur et met en garde contre le pouvoir destructeur de l'idéologie progressiste qui déresponsabilise les jeunes qui se conduisent mal et leurs parents en reportant le blâme sur la société.

La raison pour laquelle notre maison n’est pas régulièrement cambriolée n’est pas parce que nous mettons un verrou mais parce que la plupart des gens ne volent pas.

Fermer sa porte dissuade certes les marginaux d’entrer, mais la principale raison qui fait que vous n’êtes pas constamment agressés sur la voie publique, que les boutiques ne sont pas pillées et incendiées en permanence, que nous ne prenons pas ce qui ne nous appartient pas, c’est parce que, quelqu’un, quand nous étions enfants, nous a appris la différence entre le bien et le mal.

Les enseignants peuvent imposer la paix dans leur classe seulement quand ils ont établi leur autorité. Quand l’ordre règne dans la classe, les enfants se montrent respectueux car ils ont appris à respecter leurs maîtres et maîtresses. Un seul enseignant peut alors imposer le respect à des centaines d’enfants. Il en va de même avec la police et l’ordre public. Les policiers ne peuvent pas être plus nombreux que les émeutiers. Une société civilisée s’appuie sur le sens moral des gens pour maintenir l’ordre. Comment les Japonais ont-ils réussi à survivre lors des récentes catastrophes nucléaires ? Ils se sont mis en file indienne pour recevoir la nourriture et l’aide et ils ont patiemment attendu. Ils n’ont pas hurlé « moi, moi, moi ». Les jeunes portent-ils des capuches au Japon ? Les enfants japonais défient-ils l’autorité des maîtres ? Les adultes japonais encouragent-ils les comportements déviants et épouvantables de leur progéniture ? NON […]

Comme d’habitude, Ken Livingstone rejette la faute sur les autres, de Thatcher aux Conservateurs en passant par le manque de clubs pour les jeunes. Darcus Howe ose comparer les émeutes anglaises à la situation en Syrie ! Je regarde avec horreur nos reporters sur la BBC, et les passants interviewés, et la seule explication qu’ils trouvent c’est la ritournelle : à cause des coupes budgétaires, coupes budgétaires, coupes budgétaires. Un homme dont la boutique a été vandalisée a rencontré le vice-premier ministre Nick Clegg dans la rue, totalement désemparé, eh bien, au lieu de dénoncer les vandales, il l'a critiqué pour les coupes budgétaires ! Mais ils sont tous devenus fous ? Avons-nous subi un lavage de cerveau par des extraterrestres ou quoi ?

Mêmes des gens raisonnables (il en reste encore quelques-uns) ont refusé de condamner toutes les violences en bloc. Brixton, Croydon, Birmingham ce n’est pas bien, mais quant à Tottenham « faut les comprendre ». Répétez-moi ça ? Vous voulez dire que, parfois, certaines violences et certains saccages seraient acceptables ? Selon eux, les émeutes et les saccages seraient compréhensibles à Tottenham parce que la police a descendu Mark Duggan (« Un papa de quatre enfants » comme dit le Guardian). Pensons-nous vraiment que la police sort dans la rue et se met à tuer au hasard un passant innocent ? Ou bien, comme disent les habitants de Tottenham, ce type n’était-il pas un truand notoire membre influent de l’économie souterraine de Tottenham ? Certains affirment qu’il était un trafiquant de cocaïne. Sa fiancée révèle qu’il était déterminé à ne plus jamais retourner en prison (Tiens ! il avait séjourné en prison ?) et qu’il avait eu un enfant avec elle et un autre avec une autre femme. Elle-même a eu deux enfants avec un autre homme.

Et les parents de Mark Duggan qu’ont-ils à nous dire ? Qu’il était un bon père de famille respecté de toute sa communauté. Comment un homme avec une telle réputation peut-il être considéré comme membre honorable de sa communauté ? […]

Ces criminels sont responsables de leur comportement, mais leurs parents sont des complices, assis chez eux, sachant ce que font leurs enfants au dehors et attendant toutes les petites gâteries que les enfants vont ramener à la maison. Je suis si furieuse et si profondément consternée, j’ai tellement honte de voir tout cela. La vaste majorité de ces criminels sont des noirs. Personne ne veut le reconnaître. Je pourrais m’arracher les cheveux tellement j’éprouve de la honte en tant que personne de couleur et en tant qu’enseignante. Je croyais naïvement que si j’expliquais aux gens la réalité de ce qui se passe dans nos écoles les choses auraient pu changer. J’ai même publié un livre sur ce sujet, espérant endiguer la culture de l’excuse des progressistes. Or, ils ont simplement rétorqué que je me racontais des histoires. Notre belle capitale est en flammes, eh bien, même cela ne suffit pas à convaincre les gens que la culture de l’excuse doit cesser immédiatement et être abolie.

Et que nous dit le Parti Socialiste ? « Ces émeutes sont une réaction d’amertume contre le racisme de la police et contre un gouvernement conservateur qui détruit la vie des gens ». Cela dépasse l’entendement ! En vérité, nos réactions à ces émeutes sont le vrai problème. Ce qui nous vaincra n’est pas la violence des lascars débiles. Aussi effrayants soient-ils, ils ne sont qu’une poignée de vauriens. Ce qui va nous vaincre est la puissance de la banalité du mal. Parce que NOUS refusons de changer nos vues, le pire est encore à venir.

Source : No wonder these kids think stealing trainers is OK. Everyone makes excuses for them, par Katharine Birbalsingh, The Telegraph, 9 août 2011. Traduction par Capucine pour Poste de veille

Une femme qui voit clair dans ces évènements.