L'Eglise de France veut-elle encore transmettre sa foi ?
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L'Eglise de France veut-elle encore transmettre sa foi ?
L'Eglise de France veut-elle encore transmettre sa foi ?
Par Jean-Marie Guénois le 1 septembre 2011 18h - Le Figaro
Je suis très perplexe après avoir assisté, hier matin, à un point presse à la Conférence des Évêques de France sur la réforme de la catéchèse préparée depuis cinq ans et mise en œuvre cette rentrée. Un article, publié vendredi matin dans le journal, en rend compte mais j'avoue, entre nous, ne pas comprendre plusieurs choses. Et je vous livre simplement quelques réflexions :
Le pédagogisme mais avec un train de retard
- Alors que dans le monde de l'enseignement beaucoup d'enseignants sont revenus depuis longtemps des dérives de ce qu'eux mêmes appellent, le "pédagogisme", c'est-à-dire le primat des méthodes de transmission sur l'acquisition des contenus, l'Église de France y entre à plein.
- Les outils pédagogiques - livrets, dvd - abondent. Ils sont fort bien "faits". Sous la forme de "modules", ils permettent de bâtir des menus à la carte pour chaque enfant. Mais, sans aucune vision de synthèse sur la foi chrétienne et surtout sur l'Église catholique ! Le mot n'a pas été prononcé ou à peine. On préfère parler de "communautés", de "foule immense", de "foule de chercheurs de Dieu".
- Ce qui est proposé est intéressant, vivant, chatoyant, mais il me semble - particulièrement après la crise de la pédophilie - qu'une des priorités serait justement pour les catholiques non pas la sensation mais l'intelligence - perdue - de ce qu'est l'Église catholique. Je ne vois pas qu'un enfant, à travers ce qui a été présenté, en puisse avoir la moindre idée car le noyau de base, synthétique, de cette foi chrétienne catholique, n'est pas exprimé.
Une différence étonnante de traitement entre les enfants et les adolescents
- A côté de cette indigence intellectuelle, un document publiée au printemps dernier, fait sensation sur un plan international. Il s'appelle "Youcat". Il s'adresse aux adolescents et aux jeunes adultes. Il a été traduit dans beaucoup de langues. Il a fait un tabac aux JMJ. Et, pour le coup, sous la forme d'un catéchisme moderne et synthétique, il cherche précisément à donner cette intelligence de la foi.
- D'où cette question : comment se fait-il que l'Eglise soit incapable d'exprimer l'essentiel ce qu'elle croit dans une langage simple, accessible, à des... enfants. Vingt pages suffiraient qu'elles soient écrites, en mots, en sons, en images ou interactives. Rodés à la vivacité, les enfant sont loin d'être des moutons ou des cerveaux inertes. Plus que les adultes, ils sont capables d'acquisitions fulgurantes.
L'Eglise veut-elle vraiment transmettre ?
- Mais l'Eglise veut-elle encore transmettre au sens intellectuel ? Pas certain... Puisque l'on expliquait, jeudi matin, que ce temps était passé. Et qu'il s'agissait maintenant d'expérimenter la foi en communauté. Et que le jeune, prenant ainsi le goût d'être chrétien, construirait lui même son parcours de formation, notamment par ses questions.
- Ce qui me paraît être en partie une illusion, à tout le moins un anachronisme au moment où les jeunes générations (les JMJ viennent encore de le démontrer avec éclat ; ou le succès, à Paris, de groupes de formation pour jeunes étudiants comme "Even") sont en attente de contenus, de formation solide. Et, dit modestement : d'intelligence.
- Je troue louable, la prise de conscience par l'Église, il y a plusieurs années, suite au fameux "rapport Dagens", de vouloir, pour faire court, "proposer la foi" et non plus dominer la société. Mais je trouve étrange que la traduction catéchétique de cette "politique" ait aujourd'hui l'apparence d'un déficit d'intelligence. Ma fonction me met en contact, avec des mondes très divers, ultra favorables ou ultra hostiles aux questions religieuses. Il m'apparait que la requête "extérieure" aujourd'hui ne porte pas tant sur le christianisme, en tant que tel, que sur l'Eglise catholique que l'on ne "comprend" plus au sens intellectuel. Comment ces jeunes catholiques, formés sur un mode aléatoire, pourront répondre à ce questions ?
- Enfin, je suis fasciné par le contraste qui existe actuellement entre les religions sur ce plan de la formation. Comment se fait-il que les juifs, en premier lieu, les musulmans ensuite, parviennent à transmettre leur croyance et que l'Église catholique soit en panne à ce sujet ? Cela serait passionnant à étudier de près.
Un dernier mot. Pour suivre ces questions depuis des dizaines d'années, je m'aperçois que la politique des "bon sentiments" dans le domaine de la catéchèse pour ne pas, disait-on, décourager les milliers de bénévoles qui donnent du temps pour faire le catéchisme, a conduit à l'épuisement du système.
Bons sentiments, en clair : ne jamais faire de bilan de résultats ou d'efficacité ; ne tester aucune connaissance (ce que l'on admet pourtant dans les études de théologie et dans les autres religions ) ; ne plus publier aucun chiffre national (en chute libre) sur la fréquentation du catéchisme depuis ... 1994 ; surtout ne rien dire quand cela ne marche pas.
Mais il y a, surtout, en arrière fond, une forte division des évêques, sur la notion même d'Eglise catholique et sur son identité. Ce différent théologique et idéologique explique largement la situation actuelle.
Mais, tout de même, comment cette Église catholique qui vit dans un des pays les plus rationnels du monde, la France, a pu laisser la question cruciale de la transmission, dans un tel état ? Les catholiques allemands, italiens, américains, auraient, de ce point de vue, beaucoup de leçons à donner.
commentaires
philippe 01 a dit :
Cher M. Guénois, nous avons lu avec intérêt vos observations sur la transmission de la foi. Nous avons ma femme et moi une assez longue expérience de la catéchèse des enfants et des catéchumènes pour vous faire part de nos propres réflexions:
Vous pouvez avoir le parcours de catéchèse le mieux pensé et le mieux élaboré, cela ne suffira pas pour transmettre la foi. Il y faut nécessairement ajouter une initiation à la prière et à l'intériorité et c'est ce qui fait le plus souvent défaut chez les catholiques, où trop rares sont les parents qui accompagnent et soutiennent le travail des catéchistes, soit parce qu'ils ne pratiquent plus, soit parce qu'ils n'ont pas ou ne prennent pas le temps de se ressourcer eux-mêmes. Et c'est là toute la différence avec les juifs et les musulmans, dont il ne faut pas s'étonner qu'ils transmettent mieux leur foi. Chez eux, l'enfant dès son plus jeune âge est habitué à voir les parents se recueillir, lire un texte sacré et prier à la maison. Force est de constater que dans les nouvelles communautés charismatiques on transmet mieux la foi aux enfants parce que la foi est vécue en famille à la maison. Et le meilleur catéchiste et le meilleur parcours ne remplaceront jamais le témoignage des parents. Toutefois le rituel de la prière et de la récitation par coeur des textes à la manière des juifs ou des musulmans n'est pas forcément le meilleur exemple à suivre. Restons donc confiants et résolument optimistes en dépit des apparences contraires. Aujourd'hui on voit de nombreux musulmans qui ont la chance de lire les évangiles être bouleversés par le message du Christ et adhérer à la foi chrétienne au risque de leur vie. Ce qui importe c'est que tous ceux qui se disent chrétiens retrouvent dans l'Evangile et partagent en commun plus que des valeurs mais une vraie relation avec le Christ Sauveur.
2 septembre 2011 15h54
Mata a dit :
Vous venez d'appuyer là où cela fait mal, autant les évêques des années 80-90 devront rendre devant Dieu de la catéchèse proposée aux jeunes générations françaises de Catholiques.
Juste pour dire que du Catéchisme, je n'en ai aucun souvenir si ce n'est de ma première communion que c'était le mardi avec certains amis de l'école primaire. Mieux j'ai une grande cousine qui quand nous parlons de la foi et se demande pourquoi l'Eglise ne communique pas ou contient des Chrétiens mous tièdes ou froids me raconte que son Catéchisme, le souvenir le plus vivace qu'elle en a c'est qu'elle allait goûter. Je n'ai d'ailleurs aucun souvenir d'ouverture d'une Bible, d'initiation à la prière à part le signe de croix et le notre père de fin (vous me direz c'est un début).Je souscris à ce que dit Philippe sur la valeur du témoignage mais surtout à ce que vous dites sur l'intelligence de la foi, mon frère il y a un a découvert le catéchisme pour les jeunes du primaire jusqu'au lycée de la Fraternité Saint Pierre. Je peux vous assurer que ce fût un choc terrible, je me suis senti floué arnaqué par nos pasteurs [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
En dernières années les jeunes font de l'apologétique un gros mot pour nos pères évêques de la période précitée et visiblement de l'actuelle mais qu'est-ce que l'apologétique si ce n'est de rendre compte de l'espérance qui est en soi ou encore la partie de la théologie qui a pour but de défendre la religion chrétienne contre les attaques.
Quand vous téléchargez le premier chapitre on parle des Anges allez parlez des Anges à des gamins qui ont subit cette "arnaque catéchétique" que j'ai subi, ma cousine et beaucoup encore en France.
Vraiment un article qui parle du vrai, ça ravive des blessures mais pour mieux les guérir j'espère à l'avenir.
2 septembre 2011 18h33
amdg a dit :
Vous brisez un tabou cher M. Guesnois !
- j'ai suivi de près la réforme de la conférence des évêques de France à partir de 2002. Cherchez qui s'occupe de la formation... personne.
- j'ai aussi été lecteur d'une partie des "remontées" synodales de mon diocèse (de l'ouest un des plus catholiques de France), un désastre de constater le niveau de formation et d'intelligence des laïcs ayant rédigés ces textes. Les personnes impliquées dans la rédaction étant pourtant quasi exclusivement des "piliers" de paroisse... et de catéchèse
- quelle attention est prêtée aux universités catholiques par les évêques ?
- plus largement il s'agit bien du niveau intellectuel des évêques français et du secrétariat général de l'épiscopat. Combien de docteurs en théologie ? Combien écrivent ( à part peut-être Dagens et Minnerath) ?
- Bref, qui réfléchit dans l’Église de France ? (je mets à part quelques ordres religieux)
Après 40 ans de misérabilisme et d'anti-intellectualisme idéologique (notamment dans la liturgie, pas seulement la catéchèse) il est encore étonnant que l’Église de France ne soit pas complètement anéantie. Une preuve absolue de l'existence de l'Esprit Saint !
2 septembre 2011 18h42
Marie a dit :
Cher Monsieur,
Merci pour cet excellent article. Vous qui êtiez aux JMJ,vous sentez mieux que certains de nos évêques le décalage flagrant entre la pastorale catéchétique française et les lumineux enseignements du Pape .
Dani a dit :
En tant que Juif intéressé aux évolutions religieuses en Europe, je trouve votre post et les premières réactions passionnantes. Le fait que vous citiez les Juifs m'autorise à faire quelques remarques. La situation (générale... c'est vraiment loin de l'idéal) de la transmission dans la communauté juive est probablement assez différente pour beaucoup de raisons, mais au moins pour ces trois suivantes:
*nous sommes une infime minorité, à peine 1% de la population en France, nous avons conscience de l'être, et de le rester à tout jamais partout au monde sauf en Israël, et nous ne visons pas la conversion des autres: du coup, cette fragilité permanente, que nos enfants apprennent et ressentent dès leur plus jeune âge, donne une sorte d'urgence à la transmission, qu'elle se veuille orthodoxe, traditionaliste ou culturelle-laïque.
**l'idée de la foi au sens chrétien (confesser une foi, "croire") existe certes dans le judaïsme, mais elle est bien moins prégnante que celle de la "fidélité": à l'Alliance, à la Thora,à la mémoire, à l'identité collective etc.
***Même dans des familles au fond agnostiques, des éléments de cette fidélité se transmettent inévitablement parce que le rite (bénédictions, prière, lecture d'extraits de la Thora etc.) s'appuie toujours sur des objets concrets, sensuels et familiaux qui restent à jamais dans la mémoire: le schabbath est introduit par un bon repas familial et convivial, il se termine en humant des parfums, le récit de la sortie d'Egypte dure des heures et les enfants s'y endorment, mais au milieu des chants, des mets inhabituels, et des souvenirs d'enfance de la génération précédente etc...Il y a là pour beaucoup d'enfants juifs une invitation répétée à la question, et devenus adultes, un stock de souvenirs de plaisirs partagés qu'on voudra retrouver avec ses propres enfants, même quand on cherche à se différencier de ses propres parents.
Je suppose que le catholicisme familial traditionnel européen, s'il méconnaissait pour le moins qu'on puisse dire le judaïsme, en était paradoxalement un peu plus proche quant à ce dernier aspect.
Mais ne pensez-vous pas par ailleurs que la crise de la transmission, au-delà du catholicisme, est un processus qui englobe l'ensemble de la culture occidentale actuelle, et qui a à voir avec un déni des origines, de l'identité, et de la culpabilité? Exemple de ces derniers jours: la violence des cris d'orfraie qui accueillent la simple idée d'un enseignement de certains principes moraux à l'école....La morale, un mot interdit?... Transmettre une morale, une horreur?...
Par Jean-Marie Guénois le 1 septembre 2011 18h - Le Figaro
Je suis très perplexe après avoir assisté, hier matin, à un point presse à la Conférence des Évêques de France sur la réforme de la catéchèse préparée depuis cinq ans et mise en œuvre cette rentrée. Un article, publié vendredi matin dans le journal, en rend compte mais j'avoue, entre nous, ne pas comprendre plusieurs choses. Et je vous livre simplement quelques réflexions :
Le pédagogisme mais avec un train de retard
- Alors que dans le monde de l'enseignement beaucoup d'enseignants sont revenus depuis longtemps des dérives de ce qu'eux mêmes appellent, le "pédagogisme", c'est-à-dire le primat des méthodes de transmission sur l'acquisition des contenus, l'Église de France y entre à plein.
- Les outils pédagogiques - livrets, dvd - abondent. Ils sont fort bien "faits". Sous la forme de "modules", ils permettent de bâtir des menus à la carte pour chaque enfant. Mais, sans aucune vision de synthèse sur la foi chrétienne et surtout sur l'Église catholique ! Le mot n'a pas été prononcé ou à peine. On préfère parler de "communautés", de "foule immense", de "foule de chercheurs de Dieu".
- Ce qui est proposé est intéressant, vivant, chatoyant, mais il me semble - particulièrement après la crise de la pédophilie - qu'une des priorités serait justement pour les catholiques non pas la sensation mais l'intelligence - perdue - de ce qu'est l'Église catholique. Je ne vois pas qu'un enfant, à travers ce qui a été présenté, en puisse avoir la moindre idée car le noyau de base, synthétique, de cette foi chrétienne catholique, n'est pas exprimé.
Une différence étonnante de traitement entre les enfants et les adolescents
- A côté de cette indigence intellectuelle, un document publiée au printemps dernier, fait sensation sur un plan international. Il s'appelle "Youcat". Il s'adresse aux adolescents et aux jeunes adultes. Il a été traduit dans beaucoup de langues. Il a fait un tabac aux JMJ. Et, pour le coup, sous la forme d'un catéchisme moderne et synthétique, il cherche précisément à donner cette intelligence de la foi.
- D'où cette question : comment se fait-il que l'Eglise soit incapable d'exprimer l'essentiel ce qu'elle croit dans une langage simple, accessible, à des... enfants. Vingt pages suffiraient qu'elles soient écrites, en mots, en sons, en images ou interactives. Rodés à la vivacité, les enfant sont loin d'être des moutons ou des cerveaux inertes. Plus que les adultes, ils sont capables d'acquisitions fulgurantes.
L'Eglise veut-elle vraiment transmettre ?
- Mais l'Eglise veut-elle encore transmettre au sens intellectuel ? Pas certain... Puisque l'on expliquait, jeudi matin, que ce temps était passé. Et qu'il s'agissait maintenant d'expérimenter la foi en communauté. Et que le jeune, prenant ainsi le goût d'être chrétien, construirait lui même son parcours de formation, notamment par ses questions.
- Ce qui me paraît être en partie une illusion, à tout le moins un anachronisme au moment où les jeunes générations (les JMJ viennent encore de le démontrer avec éclat ; ou le succès, à Paris, de groupes de formation pour jeunes étudiants comme "Even") sont en attente de contenus, de formation solide. Et, dit modestement : d'intelligence.
- Je troue louable, la prise de conscience par l'Église, il y a plusieurs années, suite au fameux "rapport Dagens", de vouloir, pour faire court, "proposer la foi" et non plus dominer la société. Mais je trouve étrange que la traduction catéchétique de cette "politique" ait aujourd'hui l'apparence d'un déficit d'intelligence. Ma fonction me met en contact, avec des mondes très divers, ultra favorables ou ultra hostiles aux questions religieuses. Il m'apparait que la requête "extérieure" aujourd'hui ne porte pas tant sur le christianisme, en tant que tel, que sur l'Eglise catholique que l'on ne "comprend" plus au sens intellectuel. Comment ces jeunes catholiques, formés sur un mode aléatoire, pourront répondre à ce questions ?
- Enfin, je suis fasciné par le contraste qui existe actuellement entre les religions sur ce plan de la formation. Comment se fait-il que les juifs, en premier lieu, les musulmans ensuite, parviennent à transmettre leur croyance et que l'Église catholique soit en panne à ce sujet ? Cela serait passionnant à étudier de près.
Un dernier mot. Pour suivre ces questions depuis des dizaines d'années, je m'aperçois que la politique des "bon sentiments" dans le domaine de la catéchèse pour ne pas, disait-on, décourager les milliers de bénévoles qui donnent du temps pour faire le catéchisme, a conduit à l'épuisement du système.
Bons sentiments, en clair : ne jamais faire de bilan de résultats ou d'efficacité ; ne tester aucune connaissance (ce que l'on admet pourtant dans les études de théologie et dans les autres religions ) ; ne plus publier aucun chiffre national (en chute libre) sur la fréquentation du catéchisme depuis ... 1994 ; surtout ne rien dire quand cela ne marche pas.
Mais il y a, surtout, en arrière fond, une forte division des évêques, sur la notion même d'Eglise catholique et sur son identité. Ce différent théologique et idéologique explique largement la situation actuelle.
Mais, tout de même, comment cette Église catholique qui vit dans un des pays les plus rationnels du monde, la France, a pu laisser la question cruciale de la transmission, dans un tel état ? Les catholiques allemands, italiens, américains, auraient, de ce point de vue, beaucoup de leçons à donner.
commentaires
philippe 01 a dit :
Cher M. Guénois, nous avons lu avec intérêt vos observations sur la transmission de la foi. Nous avons ma femme et moi une assez longue expérience de la catéchèse des enfants et des catéchumènes pour vous faire part de nos propres réflexions:
Vous pouvez avoir le parcours de catéchèse le mieux pensé et le mieux élaboré, cela ne suffira pas pour transmettre la foi. Il y faut nécessairement ajouter une initiation à la prière et à l'intériorité et c'est ce qui fait le plus souvent défaut chez les catholiques, où trop rares sont les parents qui accompagnent et soutiennent le travail des catéchistes, soit parce qu'ils ne pratiquent plus, soit parce qu'ils n'ont pas ou ne prennent pas le temps de se ressourcer eux-mêmes. Et c'est là toute la différence avec les juifs et les musulmans, dont il ne faut pas s'étonner qu'ils transmettent mieux leur foi. Chez eux, l'enfant dès son plus jeune âge est habitué à voir les parents se recueillir, lire un texte sacré et prier à la maison. Force est de constater que dans les nouvelles communautés charismatiques on transmet mieux la foi aux enfants parce que la foi est vécue en famille à la maison. Et le meilleur catéchiste et le meilleur parcours ne remplaceront jamais le témoignage des parents. Toutefois le rituel de la prière et de la récitation par coeur des textes à la manière des juifs ou des musulmans n'est pas forcément le meilleur exemple à suivre. Restons donc confiants et résolument optimistes en dépit des apparences contraires. Aujourd'hui on voit de nombreux musulmans qui ont la chance de lire les évangiles être bouleversés par le message du Christ et adhérer à la foi chrétienne au risque de leur vie. Ce qui importe c'est que tous ceux qui se disent chrétiens retrouvent dans l'Evangile et partagent en commun plus que des valeurs mais une vraie relation avec le Christ Sauveur.
2 septembre 2011 15h54
Mata a dit :
Vous venez d'appuyer là où cela fait mal, autant les évêques des années 80-90 devront rendre devant Dieu de la catéchèse proposée aux jeunes générations françaises de Catholiques.
Juste pour dire que du Catéchisme, je n'en ai aucun souvenir si ce n'est de ma première communion que c'était le mardi avec certains amis de l'école primaire. Mieux j'ai une grande cousine qui quand nous parlons de la foi et se demande pourquoi l'Eglise ne communique pas ou contient des Chrétiens mous tièdes ou froids me raconte que son Catéchisme, le souvenir le plus vivace qu'elle en a c'est qu'elle allait goûter. Je n'ai d'ailleurs aucun souvenir d'ouverture d'une Bible, d'initiation à la prière à part le signe de croix et le notre père de fin (vous me direz c'est un début).Je souscris à ce que dit Philippe sur la valeur du témoignage mais surtout à ce que vous dites sur l'intelligence de la foi, mon frère il y a un a découvert le catéchisme pour les jeunes du primaire jusqu'au lycée de la Fraternité Saint Pierre. Je peux vous assurer que ce fût un choc terrible, je me suis senti floué arnaqué par nos pasteurs [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
En dernières années les jeunes font de l'apologétique un gros mot pour nos pères évêques de la période précitée et visiblement de l'actuelle mais qu'est-ce que l'apologétique si ce n'est de rendre compte de l'espérance qui est en soi ou encore la partie de la théologie qui a pour but de défendre la religion chrétienne contre les attaques.
Quand vous téléchargez le premier chapitre on parle des Anges allez parlez des Anges à des gamins qui ont subit cette "arnaque catéchétique" que j'ai subi, ma cousine et beaucoup encore en France.
Vraiment un article qui parle du vrai, ça ravive des blessures mais pour mieux les guérir j'espère à l'avenir.
2 septembre 2011 18h33
amdg a dit :
Vous brisez un tabou cher M. Guesnois !
- j'ai suivi de près la réforme de la conférence des évêques de France à partir de 2002. Cherchez qui s'occupe de la formation... personne.
- j'ai aussi été lecteur d'une partie des "remontées" synodales de mon diocèse (de l'ouest un des plus catholiques de France), un désastre de constater le niveau de formation et d'intelligence des laïcs ayant rédigés ces textes. Les personnes impliquées dans la rédaction étant pourtant quasi exclusivement des "piliers" de paroisse... et de catéchèse
- quelle attention est prêtée aux universités catholiques par les évêques ?
- plus largement il s'agit bien du niveau intellectuel des évêques français et du secrétariat général de l'épiscopat. Combien de docteurs en théologie ? Combien écrivent ( à part peut-être Dagens et Minnerath) ?
- Bref, qui réfléchit dans l’Église de France ? (je mets à part quelques ordres religieux)
Après 40 ans de misérabilisme et d'anti-intellectualisme idéologique (notamment dans la liturgie, pas seulement la catéchèse) il est encore étonnant que l’Église de France ne soit pas complètement anéantie. Une preuve absolue de l'existence de l'Esprit Saint !
2 septembre 2011 18h42
Marie a dit :
Cher Monsieur,
Merci pour cet excellent article. Vous qui êtiez aux JMJ,vous sentez mieux que certains de nos évêques le décalage flagrant entre la pastorale catéchétique française et les lumineux enseignements du Pape .
Dani a dit :
En tant que Juif intéressé aux évolutions religieuses en Europe, je trouve votre post et les premières réactions passionnantes. Le fait que vous citiez les Juifs m'autorise à faire quelques remarques. La situation (générale... c'est vraiment loin de l'idéal) de la transmission dans la communauté juive est probablement assez différente pour beaucoup de raisons, mais au moins pour ces trois suivantes:
*nous sommes une infime minorité, à peine 1% de la population en France, nous avons conscience de l'être, et de le rester à tout jamais partout au monde sauf en Israël, et nous ne visons pas la conversion des autres: du coup, cette fragilité permanente, que nos enfants apprennent et ressentent dès leur plus jeune âge, donne une sorte d'urgence à la transmission, qu'elle se veuille orthodoxe, traditionaliste ou culturelle-laïque.
**l'idée de la foi au sens chrétien (confesser une foi, "croire") existe certes dans le judaïsme, mais elle est bien moins prégnante que celle de la "fidélité": à l'Alliance, à la Thora,à la mémoire, à l'identité collective etc.
***Même dans des familles au fond agnostiques, des éléments de cette fidélité se transmettent inévitablement parce que le rite (bénédictions, prière, lecture d'extraits de la Thora etc.) s'appuie toujours sur des objets concrets, sensuels et familiaux qui restent à jamais dans la mémoire: le schabbath est introduit par un bon repas familial et convivial, il se termine en humant des parfums, le récit de la sortie d'Egypte dure des heures et les enfants s'y endorment, mais au milieu des chants, des mets inhabituels, et des souvenirs d'enfance de la génération précédente etc...Il y a là pour beaucoup d'enfants juifs une invitation répétée à la question, et devenus adultes, un stock de souvenirs de plaisirs partagés qu'on voudra retrouver avec ses propres enfants, même quand on cherche à se différencier de ses propres parents.
Je suppose que le catholicisme familial traditionnel européen, s'il méconnaissait pour le moins qu'on puisse dire le judaïsme, en était paradoxalement un peu plus proche quant à ce dernier aspect.
Mais ne pensez-vous pas par ailleurs que la crise de la transmission, au-delà du catholicisme, est un processus qui englobe l'ensemble de la culture occidentale actuelle, et qui a à voir avec un déni des origines, de l'identité, et de la culpabilité? Exemple de ces derniers jours: la violence des cris d'orfraie qui accueillent la simple idée d'un enseignement de certains principes moraux à l'école....La morale, un mot interdit?... Transmettre une morale, une horreur?...
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
Re: L'Eglise de France veut-elle encore transmettre sa foi ?
Les dernières lignes du dernier commentaire me semblent intéressantes: effectivement, l'Eglise s'est trop ouverte à la mentalité du monde. De même que l'enseignement produit volontairement des idiots, le catéchisme produit des apostats.
La coïncidence des dates de sortie du Youcat et du nouveau catéchisme est assez éloquente. Le Pape s'occupe de la catéchèse des Jeunes, et c'est une réussite. Pour l'amoindrir, le catéchisme des enfants les éloigne encore plus de l'Eglise. C'est le Monde qui prend sa revanche.
La coïncidence des dates de sortie du Youcat et du nouveau catéchisme est assez éloquente. Le Pape s'occupe de la catéchèse des Jeunes, et c'est une réussite. Pour l'amoindrir, le catéchisme des enfants les éloigne encore plus de l'Eglise. C'est le Monde qui prend sa revanche.
Annie- Date d'inscription : 01/03/2011
Re: L'Eglise de France veut-elle encore transmettre sa foi ?
La qeustion est aussi:Est ce que les membres de l'église(nous inclue) prient assez.....Jésus disait:sans moi,vous ne pouvez rien.....
Personnellement,ca me frappe tjs de constater a quel point plusieurs croyants n'apprécient pas l'oraison et l'adoration......Ce qu'ils aiment c'est un chapelet baclé et la sainte messe.....
Mais est ce qu'ils intériorisent leur foi....Je pose la question????
Personnellement,ca me frappe tjs de constater a quel point plusieurs croyants n'apprécient pas l'oraison et l'adoration......Ce qu'ils aiment c'est un chapelet baclé et la sainte messe.....
Mais est ce qu'ils intériorisent leur foi....Je pose la question????
Dieu seul suffit,l'aimer,le suivre et faire sa volonté.
Re: L'Eglise de France veut-elle encore transmettre sa foi ?
Francesco, je crois que vous touchez du doigt le fond du problème, la majorité des gens ne méditent pas et refusent de se remettre en question. Si nous désirons vraiment que Dieu nous renouvelle, fasse de nous de nouvelles créatures, il est impératif de passer par une profonde purification du coeur, ce qui demande beaucoup d'efforts, de prières et d'humilité. La purification du coeur exige que nous abandonnions tous nos repères, nos références et nos justifications propres. Dieu nous amène "au-delà" de toutes nos misères en nous les faisant les contempler, ce qui nous amène à crier à Lui, à Le supplier de nous délivrer "de ce corps de mort". C'est une période de souffrances, qui revient régulièrement et "ô miracle"! Sans même que l'on comprenne comment, ce qui était souffrance devient guérison. Dieu brise le lien avec le péché, nous guéris et nous relève... Personnellement, je crois que Dieu change petit à petit, uniquement lorsque nous voulons bien être l'argile dans les mains du potier. Mais pour cela, il faut se donner la peine de connaître Jésus! Connaître une personne exige que l'on passe du temps avec elle, que l'on accepte d'ouvrir notre coeur et notre esprit à une manière de penser, une manière de vivre différente et le plus souvent à contre courant de la pensée mondaine!!! Alors entre le travail et la maison, entre la course folle d'aujourd'hui pour récupérer un peu de temps pour soi et consacrer une partie de ce temps à Dieu....
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
Age : 67
Localisation : Montréal, Québec Canada
Re: L'Eglise de France veut-elle encore transmettre sa foi ?
La prière est de plus en plus nécessaire en notre temps car nous n'avons presque plus de directeurs spirituel et de prêtres pour nous guider et il est très ardu de pouvoir recevoir la confession d'un prêtre vu qu'un bon nombre ne trouve pas cela d'une très grande importance car ils n'en font pas la promotion, alors nous devons prier intensément, sacrifier nos loisirs et oeuvrer à la gloire de Dieu sur terre et pour ramener les prêtres qui se sont égarés dans le modernisme et les attraits mondains, c'est ce que Dieu nous demande à nous les fidèles de son Église, c'est en grande partie de notre responsabilité par notre manque de prière que l'Église d'aujourd'hui est si malmené et en proie à tant de désobéissance de la part d'un bon nombre de membre de son clergé et de ses fidèles. Priez, Priez, Priez, la sainte Vierge Marie nous l'a demandé si souvent dans ces apparitions reconnues. Le Seigneur ne veux pas établir son Règne sans notre participation active alors à vos rosaire, priez, méditez et faites sa Volonté dans l'Amour, c'est votre âme qui vous en remerciera à la fin de vos jours sur terre.
Re: L'Eglise de France veut-elle encore transmettre sa foi ?
Entierement d'accord avec vous Jaimedieu.Francesco, je crois que vous touchez du doigt le fond du problème, la majorité des gens ne méditent pas et refusent de se remettre en question. Si nous désirons vraiment que Dieu nous renouvelle, fasse de nous de nouvelles créatures, il est impératif de passer par une profonde purification du coeur, ce qui demande beaucoup d'efforts, de prières et d'humilité. La purification du coeur exige que nous abandonnions tous nos repères, nos références et nos justifications propres. Dieu nous amène "au-delà" de toutes nos misères en nous les faisant les contempler, ce qui nous amène à crier à Lui, à Le supplier de nous délivrer "de ce corps de mort". C'est une période de souffrances, qui revient régulièrement et "ô miracle"! Sans même que l'on comprenne comment, ce qui était souffrance devient guérison. Dieu brise le lien avec le péché, nous guéris et nous relève... Personnellement, je crois que Dieu change petit à petit, uniquement lorsque nous voulons bien être l'argile dans les mains du potier. Mais pour cela, il faut se donner la peine de connaître Jésus! Connaître une personne exige que l'on passe du temps avec elle, que l'on accepte d'ouvrir notre coeur et notre esprit à une manière de penser, une manière de vivre différente et le plus souvent à contre courant de la pensée mondaine!!! Alors entre le travail et la maison, entre la course folle d'aujourd'hui pour récupérer un peu de temps pour soi et consacrer une partie de ce temps à Dieu....
Dieu seul suffit,l'aimer,le suivre et faire sa volonté.
Re: L'Eglise de France veut-elle encore transmettre sa foi ?
Nous devrions tous vouloir etre des saints(es)...Rémi a écrit:La prière est de plus en plus nécessaire en notre temps car nous n'avons presque plus de directeurs spirituel et de prêtres pour nous guider et il est très ardu de pouvoir recevoir la confession d'un prêtre vu qu'un bon nombre ne trouve pas cela d'une très grande importance car ils n'en font pas la promotion, alors nous devons prier intensément, sacrifier nos loisirs et oeuvrer à la gloire de Dieu sur terre et pour ramener les prêtres qui se sont égarés dans le modernisme et les attraits mondains, c'est ce que Dieu nous demande à nous les fidèles de son Église, c'est en grande partie de notre responsabilité par notre manque de prière que l'Église d'aujourd'hui est si malmené et en proie à tant de désobéissance de la part d'un bon nombre de membre de son clergé et de ses fidèles. Priez, Priez, Priez, la sainte Vierge Marie nous l'a demandé si souvent dans ces apparitions reconnues. Le Seigneur ne veux pas établir son Règne sans notre participation active alors à vos rosaire, priez, méditez et faites sa Volonté dans l'Amour, c'est votre âme qui vous en remerciera à la fin de vos jours sur terre.
Dieu seul suffit,l'aimer,le suivre et faire sa volonté.
Re: L'Eglise de France veut-elle encore transmettre sa foi ?
L'Église ne transmet pas la foi par elle-même, mais plutôt par ses disciples. En résumé, je crois que la tâche nous reviens, à chacun de nous. C'est à nous de tenir ferme, de ne pas avoir honte de notre foi. Nous sommes l'Église et je crois que si chacun d'entre nous cessions de prendre cela à la légère, l'Église ne s'en porterait que mieux! Il nous appartient donc de transmettre notre foi, comme ceux et celles qui ont vécu avant nous l'ont fait!
jaimedieu- Date d'inscription : 02/03/2011
Age : 67
Localisation : Montréal, Québec Canada
Re: L'Eglise de France veut-elle encore transmettre sa foi ?
Francesco a écrit:Nous devrions tous vouloir etre des saints(es)...
Ce n'est que pour cela que nous sommes sur la terre, le reste n'est que vanité.
Re: L'Eglise de France veut-elle encore transmettre sa foi ?
Bravo...Nous sommes l'Église et je crois que si chacun d'entre nous cessions de prendre cela à la légère, l'Église ne s'en porterait que mieux! Il nous appartient donc de transmettre notre foi, comme ceux et celles qui ont vécu avant nous l'ont fait!
Ah si les gens savait comme c'est la Vérité avec un Grand V...Ce n'est que pour cela que nous sommes sur la terre, le reste n'est que vanité.
Dieu seul suffit,l'aimer,le suivre et faire sa volonté.
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