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Marc Ouellet, le cardinal qui dessine l’épiscopat mondial

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Marc Ouellet, le cardinal qui dessine l’épiscopat mondial Empty Marc Ouellet, le cardinal qui dessine l’épiscopat mondial

Message par Rémi Mar 13 Déc 2011 - 15:29


Le cardinal québécois Marc Ouellet est l’un des hommes forts de la Curie romaine. Nommé par Benoît XVI, le 30 juin 2010, préfet de la Congrégation pour les évêques, il est en mesure, au fil des nominations épiscopales qu’il ajuste lors de ses rencontres hebdomadaires avec le pape, de dessiner le visage futur de l’épiscopat mondial. À 67 ans, ce sulpicien polyglotte a vécu et enseigné plusieurs années en Colombie, ce qui lui vaut, aujourd’hui, de présider également la Commission pontificale pour l’Amérique latine.

Nommé le 15 novembre 2002 archevêque de Québec (il a quitté le diocèse le 30 juin 2010), il a été créé cardinal le 21 octobre 2003. Au Québec, ses prises de position sur les questions éthiques lui ont valu de sérieuses inimitiés médiatiques.

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L’ancien archevêque de Québec (il a quitté le diocèse le 30 juin 2010), à la tête de la Congrégation pour les évêques, précise dans un entretien à La Croix le profil d’hommes qu’il recherche pour faire vivre la foi dans un monde qui change.
Le cardinal Ouellet : « Nous respectons les autres réalités religieuses...

La Croix : Dans le cadre de la priorité donnée par le pape à la nouvelle évangélisation, quels types de candidats à l’épiscopat cherchez-vous ?

Le pape nomme les évêques sur présentation de la Congrégation des évêques ou de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples. Il nous faut rechercher des candidats adaptés à la situation d’aujourd’hui : des hommes de foi profonde, capables d’en exposer les raisons, d’un dialogue avec la culture, et aussi d’une certaine apologétique. Comme le dit Benoît XVI, nous devons mieux expliquer la rationalité de la foi.

Les évêques sont naturellement amenés à prendre part au débat public, notamment face aux législations en débat, aux discussions mettant en cause la valeur de la personne humaine : ils doivent faire preuve d’un discours articulé. Mais aussi, à la suite de Vatican II, ils doivent être des hommes de communion. Car l’évêque, dans son diocèse, est le signe visible de l’unité. Il doit donc travailler avec ses prêtres, ses diacres, les réseaux de vie consacrée et de vie paroissiale, et témoigner d’une spiritualité de communion, où chacun est valorisé, écouté, confirmé dans ses charismes. Il doit être aussi un homme de discernement : il est important de discerner les charismes, qui peuvent parfois susciter des conflits.

Dans l’Église, les choses neuves, parfois, s’entrechoquent : un charisme peut déranger par sa nouveauté, et puis, à l’expérience, on peut prendre conscience de la richesse qu’il apporte à l’Église. De tels hommes ne sont pas toujours faciles à trouver !

Les évêques du monde entier viennent régulièrement à Rome, en visites « ad limina ». Que vous disent-ils ?

La nouvelle évangélisation est souvent au cœur de leurs préoccupations. De même, les restructurations de paroisses, de séminaires, voire de diocèses, donnent lieu à des opérations parfois délicates. Nous essayons de les conseiller, de les accompagner… Il faut signaler la réflexion en cours sur les évêques émérites, qui sont aujourd’hui près de 1 500. C’est un phénomène relativement nouveau : à 75 ans, certains sont encore en forme ! Ils peuvent encore servir dans des tâches particulières adaptées à leur situation.

La question des vocations est évidemment une préoccupation cruciale. Parfois, on n’investit pas suffisamment dans la promotion vocationnelle. Il faut appeler. C’est un gros défi aujourd’hui. Pour un jeune, s’engager dans une vocation ne va pas de soi, il nous revient de le proposer. Si la Parole de Dieu est donnée avec force et conviction, elle fait jaillir une foi profonde. Là où la foi répond à la Parole, on voit surgir des vocations. La nouvelle évangélisation doit ainsi s’accomplir à travers une annonce de la Parole plus vivante, plus incisive, qui puisse faire naître une réponse. Beaucoup de vocations sont nées de l’expérience des Journées mondiales de la jeunesse, ou des rencontres mondiales des familles.

Dans les pays occidentaux, plusieurs mouvements contestent aujourd’hui l’autorité épiscopale. Comment réagissez-vous ?

C’est évidemment pour nous un sujet d’inquiétude mais ces mouvements sont parfois moins importants qu’on ne le dit. En Autriche, par exemple, la réalité est sans doute de proportion plus modeste que ce qui en est donné à voir.

Il nous faut conserver un dialogue avec ces groupes qui réclament notamment une autonomie plus grande, mais sans céder à leur revendication d’indépendance de Rome. Car si on affaiblit la communion avec l’Église universelle, on affaiblit aussi la communion de l’Église locale. La force de l’Église, c’est sa communion, c’est elle qui porte témoignage, qui soutient la prédication. L’histoire nous montre que le lien avec Rome, avec le pape, est une garantie de liberté pour les Églises particulières. Sans lien fort avec l’Église universelle, on peut être trop soumis à la culture locale.

Vous avez vécu longtemps en Amérique latine. Comment appréciez-vous aujourd’hui le basculement démographique de l’Église vers le Sud ?

Lorsque la Commission pontificale pour l’Amérique latine a été fondée, en 1958, son objectif était de fournir des missionnaires européens à l’Amérique latine. Aujourd’hui, c’est l’inverse qui se produit. Nous constatons un véritable dynamisme vocationnel de l’Amérique latine.

Presque la moitié des catholiques du monde sont d’origine hispanique. Sur ce continent, je remarque une vitalité assez extraordinaire. La structure continentale du Conseil épiscopal latino-américain a contribué à créer cette conscience ecclésiale, avec une véritable unité culturelle. Surtout à partir de la rencontre d’Aparecida au Brésil, en 2007, on constate un nouvel élan vers l’évangélisation, développant une véritable « mission continentale ». Cela me semble un véritable exemple pour le reste de l’Église.

Les groupes d’origine pentecôtistes, très nombreux dans les pays du Sud, sont-ils pour vous un défi ?

Oui, certainement. Ils utilisent notamment des moyens de communication de façon massive. C’est pourquoi au Brésil, par exemple, l’Église catholique a développé une présence très forte dans les moyens de communication, supérieure à ce qui se fait en Europe. Cette présence dans la société contrebalance notablement l’influence pentecôtiste.

Il n’est pas facile d’engager un dialogue œcuménique avec ces groupes. L’Église catholique s’efforce de le faire en les respectant, et n’utilise pas à la légère, à leur égard, le concept de « sectes ». Nous respectons les autres réalités religieuses et, dans le dialogue, nous insistons sur ce qui nous unit et nous fait vivre, c’est-à-dire Notre Seigneur Jésus-Christ, qui est aussi la raison d’être de ces communautés. Mais ce dialogue est difficile.

Recueilli par Frédéric MOUNIER

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