L’Homosexualisme, nouvel avatar de la «libération sexuelle» et cheval de Troie du néolibéralisme
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L’Homosexualisme, nouvel avatar de la «libération sexuelle» et cheval de Troie du néolibéralisme
L’Homosexualisme, nouvel avatar de la «libération sexuelle» et cheval de Troie du néolibéralisme
Par Véronique Hervouët, essayiste et psychanalyste. Véronique Hervouët est membre des Forums du Champ Lacanien. Elle a notamment publié "L'enjeu symbolique - Islam, christianisme, modernité" (L'Harmattan, 2004).
L’homosexualité est un phénomène aussi vieux que l’humanité et les préjugés sur elle (qui relèvent de la même prérogative phallique qui fonde la misogynie) se sont dans une large mesure effacés dans la société occidentale (1). Aussi peut-on s’interroger sur l’activisme en présence qui consiste à présenter l’homosexualité sur un mode victimaire alors même qu'elle est publiquement présentée comme un nouveau modèle. Car ça n’est pas une vue de l’esprit : le marketing, la pub, la mode, les compagnies d’assurance, les fictions-télé (pour enfants comme pour adultes, et plus particulièrement pour les adolescents), les campagnes politiques s’appliquent à flatter l’homosexualité, à l’instrumentaliser comme un argument de séduction et de vente.
Cette promotion de l’homo n’est pas seulement le fait de la communauté homosexuelle, fut-elle sur-représentée parmi les instances médiatiques et culturelles et constituées en efficaces lobbies politiques. Elle est relayée par une large fraction de sympathisants et activistes hétérosexuels dont nombre de représentants politiques, journalistiques et culturels investis d’une foi militante, vecteurs d’un puissant prosélytisme.
Prédication et inquisition
Afin de mieux cerner le socius et qu’y pénètre plus profondément la promotion des nouveaux modèles, une stratégie coercitive et dialectique s’est constituée. Agissant sur un mode culpabilisateur qui se donne les gants vertueux des Droits de l’homme, elle consiste à exercer une pression idéologique ayant vocation à formater l’opinion publique et une menace sur la liberté de pensée qui tend à la paralyser et à la criminaliser. Cette stratégie s'inscrit dans la politique européenne dite de «défense des minorités » qui consiste à encourager les revendications identitaires (linguistiques, sexuelles, ethniques, religieuses, régionales, etc), à attiser leur dimension conflictuelle en accréditant leurs discours victimaires et en les mettant en concurrence au sein de dispositifs institutionnels (2) « anti-discriminatoires » spécifiquement conçus pour accueillir et gérer ces conflits. Méthode du pompier pyromane mise au service d’une stratégie impériale notoire (diviser pour régner), qui a pour fonction de dissoudre la citoyenneté, les solidarités politiques et sociales qui s’y attachent, en fragmentant le corps social en communautés consuméristes concurrentes.
Forts de ces puissants soutiens politiques et institutionnels, les lobbies homosexuels ne craignent pas d’exercer ouvertement leurs menaces sur la liberté de penser, parfois même sur le mode crapuleux. Par exemple par la voie du chantage à la dénonciation (banalisé sous le terme d’outing), celle de l’homosexualité de personnalités politiques afin qu’ils se déclarent publiquement tels et manifestent leur solidarité à la cause en imposant les amendements et dispositifs institutionnels adéquats pour que s’accélère la mutation de la culture et des moeurs. Voire même sur le mode de l'agression violente : manoeuvres d’intimidation sur des plateaux de télévision, pressions, violence verbale, agressions en commandos contre des auteurs critiques et leurs éditeurs (3).
La loi « anti homophobie », promulguée précipitamment à l’opportunité d’un fait divers -dont l’instruction s’est finalement soldée par un non lieu (4)-, est venue légitimer du sceau juridique ces pratiques d'intimidation, l’interdit de pensée et de débattre ainsi que le prosélytisme offensif qui caractérisent le mode opératoire homosexualiste.
Ces stratégies, qui associent l'activisme militant et les campagnes publicitaires, affichent une prédilection pour les milieux scolaires. La jeunesse adolescente et pré-adolescente, en plein éveil sexuel, présente en effet l'avantage d'un fort potentiel réceptif et constitue un vecteur de pérénité pour la cause homosexualiste.
A l’instar de représentants de commerce, des militants de la cause homosexuelle porteurs de «valises antihomophobie» (5) sont introduits officiellement dans les écoles, légitimés à empiéter sur le temps scolaire, à sensibiliser les jeunes à l’homosexualité et à la valoriser :
« Les élèves sont invités à prendre part à des débats et à des interventions sur l’identité gay, lesbienne, bi ou trans, sur la sexualité et ce qu’elle représente de plaisirs. (...) Les ressources offertes par le monde asssociatif ou les expériences d’autres pays offrent un large éventail d’exercices à faire en classe, d’interventions par de jeunes gays et lesbiennes exposant leur quotidien aux élèves et traitant de ce que représentent l’exclusion et l’injure homophobe » (6).
Des campagnes d’information d'envergure à l'attention des jeunes bénéficient du soutien et du financement publics. Notamment celles du CRIPS (7) qui, tirant opportunité des problématiques adolescentes contemporaines et du consensus politique qui entoure ses activités, outrepasse allègrement ses fonctions officielles de prévention du SIDA pour les instrumentaliser dans le sens du prosélytisme homosexuel. Nous pointerons notamment l'édition de brochures particulièrement crues, illustrées de dessins « sexuellement explicites », destinées au pré-adolescents (de 10/12 ans) qui se donnent pour mission de les mettre « sans fausse pudeur » au fait de la sexualité (masturbation, « première fois », pose du préservatif, etc) mais qui poussent aussi la sollicitude jusqu'à diriger celles et ceux qui s'interrogeraient sur leur « orientation sexuelle » vers une « Ligne Azur » (8), serveur téléphonique animé par un représentant notoire de la pornographie homosexuelle militante. Relève aussi de l'initiative et du financement publics la création d'accessoires et gadgets à but «éducatif» tel le «Manège enchanté» (dispositif «technique» consistant en une demi-douzaine de phallus multicolores dressés sur un socle de bois), qui postule à l’animation formatrice par exercices ou concours d’enfilage de préservatifs. Tandis qu'en parallèle des manoeuvres de lobbying s'emploient à réclamer une réforme des manuels scolaires permettant de légitimer par voie d'enseignement la nouvelle norme homosexualiste.
Autant de productions mentales et fantasmatiques de la sphère privée, introduites dans le champ public par voies médiatique et institutionnelle, qui ont pour vocation de générer et accélérer des mutations culturelles, civilisationnelles, en opérant au niveau de leurs structures les plus profondes, leurs fondements anthropologiques.
Ces visées s'expriment ouvertement au sein des stratégies politiques : la « gauche » s'est fait une spécialité idéologique et électorale de privilégier les revendications sociétales homosexualistes au point que leurs motions et programmes respectifs émanent des mêmes rédacteurs. Ainsi en est-il d'un groupe de travail du club de réflexion de Dominique Strauss-Kahn « A gauche en Europe » (dirigé par un adjoint de la Mairie de Paris, militant déclaré de la cause homosexuelle) qui relaie officiellement dans son programme l’intégralité des revendications militantes de l'interassociative LGTB (Lesbiennes-Gay-Transexuels-Bisexuels). Dans cette profession de foi s'exprime clairement la volonté de préparer « la reconstruction d'un projet politique adapté aux mutations de la modernité, d'une nouvelle identité face à la perte des repères collectifs anciens. (...) Il faut inventer un nouveau paradigme idéologique» (Christophe Girard, adjoint aux affaires culturelles à la Mairie de Paris, Libération 11/05/04).
Une « mutation » que nous découvrons programmée et imposée depuis plusieurs années par voie institutionnelle et médiatique : « Entre 1967 et 2001, une douzaine de grandes lois on fait passer notre pays d’un ordre post-vichyste (révérant un modèle procréateur, adulte, hétérosexuel et parfois violent) à un ordre post-soixante-huitard. Ces lois ont été adoptées au terme de débats et de combats très vifs et la question se pose de savoir dans quelle mesure elles étaient à la remorque de la demande sociétale, et également si elles n’ont pas elles mêmes produit des effets libérateurs, et en quelque sorte, imposé de nouvelles normes à des individus ou des groupes qui ne leurs étaient pas favorables ». (Janine Mossuz-Lavau, politologue et directrice de recherche au CNRS).
Pour compléter cet état des lieux, nous ajouterons que les principales motions en concurrence pour le Congrès du PS au Mans, inspirées par l'association Homosexualités et Socialisme, reprennent à leur compte les revendications du mouvement « gay ». Il n'y a t-il donc pas lieu d'être surpris que toutes les tendances du parti socialiste se soient rassemblées dans un mouvement unanime autour de cette thématique communautariste, qui évince les plus graves difficultés sociales pour présenter le plus sérieusement du monde le mariage homosexuel et l'homoparentalité comme une urgence sociale et un impératif politique.
Ce détournement des revendications sociales dans le champ sociétal (très avantageux sur le plan économique) étant parfaitement ajusté aux visées néolibérales et le marché électoral libertaire étant supposé en expansion, la « droite » n'entend pas être en reste pour les prochaines élections. Ainsi la profession de foi du groupe de réflexion UMP « On est là ! », à vocation « attrape gays », censée "déringardiser" la droite en lui permettant d'affronter des questions de société taboues, renchérit-elle en proposant tout un panel d'extensions de jouissances tels la création de "salles de shoot" où serait délivrée de l'héroïne sous contrôle médical, le droit à l'adoption pour les couples homosexuels, un "cours des différences de genre et d'éducation sexuelle de la sixième à la troisième" ainsi que la légalisation de l'euthanasie.
Ce travail de forçage et de sape s’exerce d’autant mieux que s’avèrent efficaces les mesures de coercition et d’intimidation qui frappent les esprits critiques. Mesures qui sont, comme nous l'avons vu, soutenues et légitimées par voie juridique, à savoir la déclinaison pénale, très dissuasive, de la loi «anti homophobie». Ainsi ces «minorités», auxquelles se sont alliés les pouvoirs médiatiques et institutionnels, se sont-elles dotées des moyens d’imposer leurs diktats au plus grand nombre (9), de peser sur la liberté de pensée et d'évacuer tout débat en réduisant leurs contradicteurs au silence.
Des incidences de l’effacement de l’Interdit sur le désir
L’homosexualisme, nouvel avatar de la « libération sexuelle » est, comme elle, le fruit de la permissivité issue de l’effondrement des interdits. La sexualité ayant été libérée au delà de toute espérance mais sans avoir tenu ses promesses, la « libération sexuelle » a pris au fil des ans l'allure d'une immense défaite, aussi amère que silencieuse.
Nous reconnaîtrons dans cette issue paradoxale de la «libération sexuelle» le parcours du désir en tant qu’il est lié à l’Interdit (10). Si le rapport de cause à effet ne s’impose pas a priori comme une évidence, nous pouvons toutefois en vérifier la pertinence a posteriori. Ce qui se manifeste en effet avec éclat aujourd'hui, c’est que la permissivité la plus générale mène non pas à l’épanouissement des satisfactions mais au contraire à une baisse du désir. En témoigne la surenchère transgressive que le désir s’impose pour se maintenir (11). Contre cette évidence, cette baisse du désir n'est pas chose aisée à éprouver comme telle, ce qui explique que rien n’en soit explicitement articulé. Plutôt ce désir en souffrance s'exprime t-il sur le mode de la frustration et du ressentiment qui s'exposent effectivement sur le devant de la scène publique. En l’occurrence, ce que l'on peut remarquer de plus flagrant (bien qu'implicite au discours public et culturel), c'est le discrédit du couple hétérosexuel. L'échec de la « libération sexuelle » ayant projeté l'ombre calamiteuse du ratage et le discrédit sur les deux protagonistes du rapport hétérosexuel.
C'est de ces ravages inattendus sur le désir, directement liés à l’avènement de la société de consommation, au triomphe de l’Impératif de jouissance qu’elle a peu à peu substitué à l'Interdit judéo-chrétien, qu'est née la foi homosexualiste.
La prothèse pornographique
Le rattrapage a tout d’abord consisté à faire appel au dispositif fantasmatique qui fait usuellement office de soutien du désir défaillant. L'appareillage pornographique, qui se caractérise d'être adossé au fantasme, était voué à prospérer sur cette faillite du désir en lui permettant de se redéployer hors des sentiers battus et inopérants de l'amour. L'efficience de cette prothèse « techno-fantasmatique » qu'est la pornographie se vérifie par la dimension industrielle et proliférante, indicative de son succès, que nous lui connaissons aujourd'hui.
La fonctionnalité de la pornographie réside dans sa capacité à externaliser le fantasme singulier du sujet et à alléger ainsi celui-ci d'une partie de sa culpabilité. Mais elle ne l'épargne pas de son insatisfaction ni même de son angoisse car elle le laisse démuni face à l'énigme des conditions fantasmatiques de sa jouissance qui l'exténuent dans la répétition et l'aliènent, loin de tout idéal, en multiples contradictions.
Le traitement scientiste du désenchantement libertaire
C'est sur cette muette désillusion que prospère le fol espoir, relayé au porte-voix médiatique, qu'est l'effacement de la différence sexuelle. Cette fuite en avant se conforte de la croyance dans les sciences et techniques, dans leur capacité à transcender le réel biologique. Un combat qui trouve son terrain d’élection dans le champ de la procréation (médicalement assistée, les biotechnologies, appelées à se substituer à la relation sexuelle) où les espérances libertaires retrouvent un second souffle. Pointons au passage le caractère cocasse de ces revendications quand on se souvient que la profession de foi libertaire, qui plaide aujourd’hui en faveur des homosexuels pour le «droit au bonheur» par les voies du mariage et de la famille, s’était acharnée hier à provoquer leur perte.
L’homosexualisme est l’issue de secours dans laquelle se sont engouffrés tous les reliquats de cette défaite, mais aussi le solde des narcissismes en quête d’un nouvel espace d’épanouissement et de conquêtes. C’est ainsi que les espoirs déçus se redéployèrent dans un nouveau credo : une « libération homosexuelle », fondée sur l'amour du même. Amour-miroir, plus que jamais narcissique où est éludée la rencontre avec l’Autre, c’est-à-dire la problématique de la différence sexuelle qui lui est sous-jacente.
Un avant-gardisme régressif
Si l’homosexualisme ambitionne de promouvoir l’émergence d’une post-humanité affanchie de la dépendance des sexes et, à ce titre, prend volontiers une posture avant-gardiste, ses manifestations concrètes s’illustrent plutôt par une régression vertigineuse : l’aggravation des conflits entre les sexes et la restauration de cette configuration archaïque qu’est la bipartition sexuelle, catactéristique des sociétés traditionnelles.
L’homosexualisme tend à soutenir ses revendications, notamment parentales, sur la base du discrédit suscité par le démantèlement de la famille hétérosexuelle traditionnelle. Certaines de ces revendications visent le statut, supposé privilégié, accordé aux femmes depuis une trentaine d’années par les dispositifs juridiques de la société occidentale contemporaine. C’est l’opportunité de faire le point sur le statut féminin, dont on perçoit qu’il est actuellement en pleine « évolution », encore faudrait-il préciser si c’est dans le sens d’une avancée ou d’une régression.
Les amendements de l'arsenal juridique qui ont conféré dans les années 70 une position centrale à la mère ont contribué à approfondir le travail de sape des interdits, de l'autorité paternelle et de ses métaphores institutionnelles. Contre ces apparences, nous n'assistons pas à une montée en puissance du pôle féminin, comme on l'affirme ici et là. Bien au contraire. Cette « promotion » de la «responsabilité maternelle » dans la société occidentale contemporaine signale plutôt une régression archaïque, puisqu'elle consiste dans les faits à laisser à la charge des femmes les obligations éducatives, comme c’est d'usage dans les sociétés traditionnelles.
Faut-il s'étonner de cette « évolution » de la famille dans le contexte de la société de consommation régi par l'impératif de jouissance quand cette charge éducative et financière des enfants est réputée susciter plus d’empêchements que d’exaltation de la jouissance ? Ce qui explique en partie que tant d'hommes s'en défaussent, parfois à peine sont-il dotés d'une progéniture.
Tandis que l'attachement charnel et l'aliénation archaïque tendancielle – aujourd'hui massivement récurrente – du désir féminin (toujours prompt à se reporter dans le champ maternel, en amour pour l’enfant, notamment quand le désir des hommes les abandonne), a pour conséquence de sauvegarder un cadre d'accueil minimal (dit « monoparental ») à l'enfant. Tirant parti de cette attitude différencée des sexes à l'égard de l'enfant, le dispositif juridique, de plus en plus inféodé à la logique utilitariste du marché, s'est contenté d'ajuster la loi en fonction de l'évolution des moeurs. Ainsi l'affectation de la responsabilité parentale à la mère ne relève t-elle pas d'une promotion ni d'un privilège féminins mais plutôt d'une décharge opportuniste des responsabilités masculines et publiques. Que 80% des nouveaux pauvres soient des femmes seules élevant des enfants suffit à conforter notre propos. Quant aux réussites triomphales de sujets féminins exhibées sur le devant de la scène politique, économique et culturelle, elles ne sauraient nous leurrer : elles interviennent dans cette conjoncture comme des alibis chargés d'occulter cette réalité qu'est le retour de la bipartition sexuelle, la dépréciation, la relégation et l'exploitation des femmes qui vont de pair.
De toutes parts s'affirme ce diagnostic. La pornographie, devenue vecteur d'éducation sexuelle (60% des garçons de 11 ans, 30% des filles, ont vu des films pornographiques), installe une grande confusion entre réalité et fantasme, formatant ainsi la relation des garçons aux filles dans le sens de la domination et de l’instrumentalisation. Ces films présentent en effet une sexualité où les hommes sont dominants et les femmes dominées, réduites à l'état d'objet ou de marchandise. Cette dégradation de l'image de la femme conjointe à celle des conduites masculines occasionnent des ravages sur les adolescentes qui éprouvent le plus grand mal à s'identifier en tant que femmes, faute de trouver une image recevable de leur sexe. D'autant que cette dégradation de leur image se confirme dans la réalité quotidienne par une régression vertigineuse du statut féminin : la recrudescence de l'agressivité masculine à l'égard des filles, l'expansion de la violence conjugale, à quoi s'ajoutent par milliers les mariages forcés, les mutilations sexuelles, les humiliations et les misères de la polygamie en provenance des sociétés traditionnelles.
De l’homosexualisme à la marchandisation de l’humain
Spéculant sur la précarisation la plus générale du couple engendrée par l’Impératif de jouissance consumériste, les divas et ténors de l’homosexualisme instrumentalisent électivement (12) les divisions du couple hétérosexuel dans le sens de leurs intérêts propres dans un discours hautement paradoxal.
Prenant, d’une part, appui sur le « non désir d’enfant » supposé aux hommes hétérosexuels, affectant de plaider en faveur de leur affranchissement du pouvoir des femmes (de les faire pères contre leur gré), la juriste et militante homosexualiste Marcella Iacub leur propose une « solution » aussi singulière que radicale : la stérilisation volontaire, après dépôt de sperme dans une banque (13) ! Proposition pernicieuse puisqu’elle consiste à substituer une dépendance à une autre : assigner les hommes à la dépendance d’un marché de la reproduction, pour lequel elle milite. Dans le même temps, prenant cette fois appui sur le « désir d’enfant » issu des frustrations homosexuelles (14), et spéculant sur le rejet de l’autre sexe par les homosexuels, elle leur propose la médiation de la procréation assistée (promue dépositaire des précieuses gamètes et des prestations de service d’insémination).
Tandis qu’elle voue les femmes à une singulière « libération », toujours plus conforme aux intérêts du marché : s’appliquant à désacraliser le corps humain pour en légitimer la marchandisation, elle présente celui des femmes comme un outil de travail et une machine de production, valorise la prostitution et invite les femmes à étendre le commerce de leur corps à leurs organes de reproduction (vente d’ovules, location d’utérus, etc.) :
"Je pense que la prostitution n'est pas en soi quelque chose de néfaste pour la personne qui l'exerce, homme ou femme. (...) On confond l'activité avec les conditions dans lesquelles elle s'exerce : ce sont les conditions qui sont déplorables. Moi, je ne vois pas pourquoi la prostitution ne pourrait pas être un métier comme les autres, voire un art ! La seule chose qui me semble sexiste est qu'il n'existe pas ou peu de clientes". (Marcela Iacub, Télérama n°2769, 5/02/2003)
Nous pointerons la surenchère des « gays », aux côtés de ce « féminisme » new-look, qu’ils instrumentalisent dans le sens de leurs intérêts. Notamment leur soutien aux revendication parentales des « couples lesbiens » (dont ils attendent la collaboration pour leur propres « projets parentaux », en attendant de pouvoir bénéficier du clonage « sans mélange des gamettes », revendiqué par les plus radicaux d’entre eux). Il en est de même quand ils condamnent la misogynie consubstantielle à la pornographie hétérosexuelle et qu’ils proposent de lui substituer... la pornographie « gay » ! éliminant ainsi totalement les femmes de l’imaginaire hétérosexuel (fut-il celui de la pornographie, mode opératoire toujours délétère, sacrificiel, quelle que soit son orientation).
La liberté d’expression se trouve aujourd’hui gravement menacée par un double danger : d’une part une pornographie médiocre, hétérosexuelle et misogyne qui s’impose sur le marché, et d’autre part une rhétorique qui justifie une interdiction de principe contre toutes les images pornographiques (...) une pornographie gay et lesbienne, conçue et réalisée par les homosexuel(le)s eux-mêmes et diffusée dans les circuits généralistes permettrait de modifier l'image du désir et des fantasmes entre personnes du même sexe ». (Daniel Borillo, juriste et maître de conférence en droit privé à l’Université Paris X Nanterre, chercheur au CNRS, Libération, 10/2002)
Force est de constater que ce prosélytisme homosexualiste auquel nous avons affaire n’est pas une lutte pour « l’égalité », comme il le prétend (15), mais une lutte catégorielle élitaire médiatiquement assistée, ayant pour visée une révolution idéologique et une mutation anthropologique, qui entend pour ce faire renverser l’ordre actuel des pouvoirs et des normes pour y substituer les siennes, et imposer par voie juridique (16) sa vision fantasmatique à l’ensemble du corps social. Cette vision fantasmatique qui se donne des allures d’avant-garde s’avère promouvoir au contraire l’ordre social le plus inégalitaire et archaïque : la bipartition sexuelle. En effet, la dévaluation du sexe féminin, qui lui est traditionnellement associée et fonde la mysogynie, non seulement ne faiblit pas sous l’influence de l’homosexualisme mais au contraire s'accentue et se généralise. Car si la relation hétérosexuelle a toujours été problématique, il n’en reste pas moins qu’elle se distingue de faire bon gré ou mal gré mais toujours avec l’autre. Tandis que l’homosexualité, opte radicalement pour le choix de faire sans l’autre.
Aggravation des clivages sexués
Mais qu’on ne se leurre pas, ce choix du même n’ouvre pas à une bipartition sexuelle pacifiante, qui permettrait de dépasser la traditionnelle guerre des sexes. Celle-ci continue à diviser les milieux homosexuels en classes hostiles les unes aux autres. Ainsi en est-il du clivage du club « gay » où les « virils » méprisent, voire haïssent, les « efféminés ». Tandis que les lesbiennes se divisent en deux catégories, les masculines (désignées sous le nom de « butch » ou « camionneuses ») et les féminines (« fems »). Divisions qui reproduisent dans les deux champs les stéréotypes de la bipolarité homme-femmes, et la misogynie traditionnelle vecteurs des conflits entre les sexes.
Cette nouvelle bipartition, homosexuelle, est donc à considérer non pas comme un solutionnement de la problématique de la différence sexuelle mais comme son aggravation : une rupture radicale entre les sexes vectorisée par l’effondrement du désir intersexué. Rupture comme toujours préjudiable en premier lieu aux femmes, ce dont rend compte la marginalisation qui la frappe plus particulièrement aujourd’hui.
Les liaisons dangereuses : homosexualisme et biopolitique
On pourrait croire en effet que les institutions et les médias, toujours prompts à la proclamation vertueuse, à la geste humanitaire, à emboucher la dialectique victimaire, les mots d'ordres anti-discriminatoires, s'empresseraient de faire barrage à cette régression. Il n'en est rien. Rien ne semble en mesure de contrevenir à cet abandon, à ce naufrage du féminin. La tendance institutionnelle et politique, en phase avec les postulats du marché, allant inexorablement dans le sens de la domination des « gagnants » sur les « perdants ».
Le vote de la « loi anti homophobie », présenté comme une urgence (aussi rares soient les infractions commises à l’encontre des homosexuels) dans un contexte de recrudescence exponentielle des atteintes à la sécurité et à la dignité des femmes, est indicatif de l'indifférence des pouvoirs publics à l’égard de la déchéance du statut féminin.
La gestion de la santé publique confirme ce désintérêt des pouvoirs publics pour les difficultés des femmes, alors même qu'elles s'accroissent. Ainsi voyons-nous aujourd'hui la gynécologie (qui fut le paramètre médical idéologiquement marqué du sceau de la « libération sexuelle », et sans doute ceci n’est-il pas indifférent à la désaffection qui la frappe aujourd’hui) entachée de désuétude et son abandon programmé (17) alors même que cette discipline – par delà les fonctions gestionnaires du « planning familial » qui firent sa notoriété – s'est avérée et s'avère toujours des plus efficientes et irremplaçable en matière de santé publique, à savoir celle de la moitié féminine de la population (notamment pour la prévention des MST, les cancers du sein, de l'utérus, l'ostéoporose, etc.). Tandis que, de façon concommitante, nous voyons les pouvoirs publics reporter leur intérêt et leurs crédits en direction des biotechnologies et de la procréation assistée. Il n'est bien sûr pas dans notre propos de contrevenir à la recherche biologique et médicale. Simplement nous remarquerons que ces promotions médicales médiatiquement assistées semblent moins soucieuses de donner de nouveaux espoirs aux couples hétérosexuels stériles que de les instrumentaliser pour introduire et légitimer le nouveau paradigme idéologique du moment que sont les revendications parentales homosexuelles.
Il va sans dire que, si elles articulent le même désir et visent le même objet, les revendications « homoparentales » ne se fondent pas de causes identiques à celles des couples hétérosexuels stériles. Les couples hétérosexuels sont stériles en raison d'empêchements biologiques qu'ils subissent. Tandis que les homosexuels ne peuvent concevoir du fait d'un choix de jouissance qui exclut la procréation. Ce qui implique d’en assumer les conséquences. (18)
Notons que ce désintérêt latent des dispositifs de procréation assistée pour les couples hétérosexuels n'est pas sans relation avec les idéaux d'un « marché » devenu totalitaire. Nous pointerons en effet, dans ces options médicales homosexualistes, la prévalence de ce paradigme de la société de consommation qu'est le « choix », en tant qu'il est articulé à la jouissance d'objets monnayables, proposés par le « marché ». Et a contrario, la dépréciation de tout ce qui s'avère fonctionnellement « défaillant », qui relève d'une solidarité qui renvoie aux anciens paradigmes (chrétiens, collectifs), et d'une politique de service public républicaine redistributive qui lui était affiliée. Politique dont les dépositaires transitoires des institutions n'aspirent aujourd'hui qu'à se défaire.
Cette idéologie libérale-libertaire, fondée sur la légitimité de la jouissance et du profit, la prévalence de l'individualisme sur l'intérêt général, configurée dans un espace mondialisé où la scène des représentations et des identifications est confisquée par une minuscule élite médiatique (19), coïncide avec l'avènement d'une biopolitique de sinistre mémoire. Se réclamant comme toujours de disciplines scientifiques adossées à une logique utilitariste et gestionnaire, elle se spécifie aujourd'hui d'être dynamisée par l'impératif du profit édicté par le marché et ranime, à l'opportunité de l'anonymat de masses, des conceptions bouchères (20) de l'humanité qui consistent à envisager le corps humain comme une matière première (du marché du sexe, de la reproduction et des organes). Une biopolitique dont les tenants et aboutissants notoires sont l'eugénisme et l'euthanasie, actuellement en cours de réhabilitation. Pratiques banalisées par le marché (21) mais dont il convient de souligner la fonction sacrificielle, celle qui consiste à statuer sur la légitimité à vivre des plus faibles. Le nazisme racialiste a démontré l'horreur inhérente à ce principe. Mais on ne saurait se contenter des déclamations ostentatoires antiracistes et autres condamnations vertueuses du nazisme faites par les plus hautes instances politiques et économiques pour se croire affranchis de cette horreur sacrificielle.
Si l'eugénisme et l'euthanasie font retour aujourd'hui, c'est frappés des paradigmes idéologiques actuels : l'économisme, la rentabilité, le profit, la légitimité de la jouissance. C'est en vertu de ces valeurs techniques et fonctionnelles, devenues offensives par leur radicalisation et leur expansion totalitaire – valeurs qui se sont substituées à l'intérêt pour l'humain, pour le langage et le lien social qui le déterminent comme tel – que sont sacrifiés aujourd'hui les conditions de notre survie biologique et jusqu'au concept même d'humanité.
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(1) Les résultats d’enquêtes d’opinion (sondages IPSOS/Têtu), la multiplication des programmes TV qui y font référence (près de 800 en 2003), démontrent une banalisation, une acceptation croissante de l’homosexualité dans la société française et contredisent les discours victimaires ainsi que les chiffrages fantaisistes des « études militantes » des associations homosexuelles.
(2) La Halde (Haute Autorité de Lutte contre les Discrimination et pour l’Egalité) nouvel organisme institutionnel chargé de la « lutte anti discrimination » et son équivalent européen Equal, par lequel l’Union européenne subventionne désormais massivement des organisations communautaires. Ainsi l’association de lobbying de cadres homosexuels L’Autre Cercle s'est vue attribuer 400.000 euros de subventions (Libération, 26/05/04).
(3) « Après avoir intimidé l’éditeur d’Alain Soral, Act Up récidive en allant saccager les locaux du magazine 20 ans, qui aurait eu le tort d'accorder une interview à cet auteur. Une interview dans laquelle celui-ci redoutait que la montée actuelle des communautarismes ne tourne à un retour du fascisme des milices. Le 11 avril 2003, les locaux des éditions Blanche ont été dévastés par les membres d'Act Up. Le personnel présent a été agressé physiquement et une des stagiaires envoyée à l'hôpital. » ([Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
(4) Il est important de rappeler que, faute d'éléments probants, la justice a prononcé un non-lieu dans l'enquête sur l'agression présumée de Sébastien Nouchet, qui avait accusé trois personnes de l'avoir brûlé vif dans son jardin. Ce fait divers avait amené Jacques Chirac à faire légiférer sans attendre, précipitant l’adoption d’un projet de loi relatif à la lutte contre les propos discriminatoires à caractère sexiste ou homophobe, en son temps qualifié de « Loi Nouchet ». Malgré l’avis défavorable de la Commission nationale consultative des droits de l'homme, qui s'était inquiétée des conséquences d'une loi « anti-homophobie » sur la liberté d'expression, ce projet a finalement été entériné par son intégration à la loi portant création de la Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l'Egalité (HALDE) du 30 décembre 2004.
(5) Les « valises anti homophobie » sont des malettes dites « pédagogiques » créées par le gouvernement Jospin sous l'égide de Ségolène Royal.
(6) Extraits de documents en ligne sur le site du Club de réflexion de Dominique Strauss-Kahn A gauche en Europe
(7) Le CRIPS (Centre Régional d'Information et de Prévention du Sida) d'Île de France est un établissement public financé par la région, la Ville de Paris, la préfecture, le ministère des Affaire étrangères et la Caisse régionale d'assurance-maladie.
(8) Une présentation critique de ces brochures et prestations de service du CRIPS est accessible sur le site du Perroquet libéré
(9) Il n’est pas inutile de préciser que la proportion des homosexuels dans la population est de moins de 5%.
(10) La permissivité et l'invitation à la jouissance promulguées par l'idéologie libérale-libertaire ouvrent à la rencontre avec l'impossible, plus douloureuse que celle de l'Interdit. En effet, si celui-ci suscitait la frustration, il stimulait le désir en ménageant le credo dans un Possible. Tandis que la découverte de l'insatisfaction récurrente ouvre sur l'abîme d'un incontournable désenchantement.
(11) Nous voyons ainsi le catalogue des fantasmes ordinaires céder progressivement le pas à un inventaire qui rejoint celui des pathologies criminelles : inceste, pédophilie, meurtre, dont les recueils conçus et marchandisés comme des stimulants sexuels sont aisément accessibles dans les réseaux spécialisés.
(12) Notons que, si la précarité du couple hétérosexuel est notoire, celle des couples homosexuels l’est plus encore, du fait de leur inclination pour une pratique exacerbée du multipartenariat. La réflexion suivante est particulièrement pertinente quand il s’agit du couple homosexuel : « l’aboutissement de cette précarité de la famille qui est de moins en moins un rouage social et relève d'un contrat qui peut être résilié du jour au lendemain, se trouve aujourd'hui dans le pacs et demain dans les filiations à la demande. L'adoption ne risquerait-elle pas, à l'instar du mariage ou du pacs de devenir révocable du jour au lendemain pour non satisfaction du client ? « Le contrat se substituera à la loi » annonce catégoriquement Ségolène Royal à la télévision. Chirac a fait le même discours au Conseil économique et social. Mme Parisot plaide encore plus fortement dans le même sens. Et M. Sarkozy aussi, dans les récents discours d'Agen et de Perigueux ». Le contrat doit-il se substituer à la loi ? (Gérard Filoche, site Démocratie et socialisme, 19/12/06)
(13) « Père par virement bancaire - Stériliser tous les hommes après avoir stocké leur sperme en banque : une méthode radicale de contraception », Marcella Iacub (Libération 31-07-04)
(14) Nous pointerons, dans ces revendications du mariage et de la parentalité par les homosexuels, le symptôme de l’insatisfaction et de l’affaiblissement du désir dans le cadre de la relation homosexuelle. « Dans une société de plus en plus conciliante (...), où l’homosexualité est somme toute assez bien intégrée, (...) quand la télé, les médias et une majorité de citoyens proclament leur sympathie pour les gays, (...) comment faire pour se battre encore ? Où sont les nouveaux buts ? » , dit en substance Benoît Duteurtre, journaliste et homosexuel déclaré (« Noces gay pour petits-bourgeois - Le mariage homo, non sens et ultime lubie d’une minorité en manque de cause », Libération du 2/06/04). Nous traduirons : comment faire pour désirer encore ? où sont les nouveaux interdits (que nous puissions encore désirer... les transgresser) ? En quoi nous constatons que l’inversion des paradigmes (la substitution de l’Impératif de jouissance consumériste à l’Interdit judéo-chrétien) frappe de la même impuissance à désirer les homosexuels autant que les hétérosexuels.
(15) « En confondant différence et discrimination, le dévoiement de l'éthique de l'égalité peut mener à une violence infiniment plus radicale que celle qu'il entend conjurer. En effet, il n'est pires antagonismes que ceux nés de l'érosion des différences. Pour permettre le fonctionnement social, il importe de désamorcer la spirale des rivalités en maintenant, dans le corps social, à la fois de la dissymétrie et de l'égalité. Il n'est pas de défi plus fondamental pour les démocraties. » (« Un beau miriage gay ? », Francis Martens, en ligne sur Squiggle.be).
(16) Notons que, parmi les militants les plus actifs de l’homosexualisme, nous trouvons un grand nombre de juristes parmi lesquels Marcela Iacub, juriste, chercheuse au CNRS ; Daniel Borillo, universitaire et juriste; l'écrivain Dustan, pseudonyme d'un juge français aujourd'hui décédé, qui mettent leur position au service de leur cause.
(17) Sous prétexte d'harmonisation des formations en Europe, une loi de 1986 a abrogé, dans la discrétion la plus totale, la spécialité de gynécologue médical, typiquement française, née en 1965. Quelques chiffres : 1999 = 1920 gynécos ; 2015 = ils ne seront plus que 1000 ; 2020 = il n'en restera que 500. Après leur départ à la retraite, ne resteront plus que des gynécologues obstétriciens, ces chirurgiens spécialistes des grossesses et des opérations gynécologiques qui exercent à l'hôpital. Parallèlement, les médecins généralistes recevront une formation supplémentaire à la gynécologie de... 3 mois. (cliquer ici)
(18) Pour une approche pertinente de cette question de « l’homoparentalité », cliquer ici
(19) J’ai présenté une analyse de cet enchaînement logique, historique et symbolique, dans " L’Enjeu Symbolique - Islam, christianisme, modernité" ( interprétation psychanalytique des fondements religieux, idéologiques et de leurs conflits), éd. de L’Harmattan, collection « Psychanalyse et civilisations », nov. 2004.
(20) "Le marché de l'humain en pièces détachées"
(21) Le courrier international a consacré à ce marché en plein développement un dossier intéressant : « Il est né le divin enfant : l’essor du bébé-business »
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Par Véronique Hervouët, essayiste et psychanalyste. Véronique Hervouët est membre des Forums du Champ Lacanien. Elle a notamment publié "L'enjeu symbolique - Islam, christianisme, modernité" (L'Harmattan, 2004).
L’homosexualité est un phénomène aussi vieux que l’humanité et les préjugés sur elle (qui relèvent de la même prérogative phallique qui fonde la misogynie) se sont dans une large mesure effacés dans la société occidentale (1). Aussi peut-on s’interroger sur l’activisme en présence qui consiste à présenter l’homosexualité sur un mode victimaire alors même qu'elle est publiquement présentée comme un nouveau modèle. Car ça n’est pas une vue de l’esprit : le marketing, la pub, la mode, les compagnies d’assurance, les fictions-télé (pour enfants comme pour adultes, et plus particulièrement pour les adolescents), les campagnes politiques s’appliquent à flatter l’homosexualité, à l’instrumentaliser comme un argument de séduction et de vente.
Cette promotion de l’homo n’est pas seulement le fait de la communauté homosexuelle, fut-elle sur-représentée parmi les instances médiatiques et culturelles et constituées en efficaces lobbies politiques. Elle est relayée par une large fraction de sympathisants et activistes hétérosexuels dont nombre de représentants politiques, journalistiques et culturels investis d’une foi militante, vecteurs d’un puissant prosélytisme.
Prédication et inquisition
Afin de mieux cerner le socius et qu’y pénètre plus profondément la promotion des nouveaux modèles, une stratégie coercitive et dialectique s’est constituée. Agissant sur un mode culpabilisateur qui se donne les gants vertueux des Droits de l’homme, elle consiste à exercer une pression idéologique ayant vocation à formater l’opinion publique et une menace sur la liberté de pensée qui tend à la paralyser et à la criminaliser. Cette stratégie s'inscrit dans la politique européenne dite de «défense des minorités » qui consiste à encourager les revendications identitaires (linguistiques, sexuelles, ethniques, religieuses, régionales, etc), à attiser leur dimension conflictuelle en accréditant leurs discours victimaires et en les mettant en concurrence au sein de dispositifs institutionnels (2) « anti-discriminatoires » spécifiquement conçus pour accueillir et gérer ces conflits. Méthode du pompier pyromane mise au service d’une stratégie impériale notoire (diviser pour régner), qui a pour fonction de dissoudre la citoyenneté, les solidarités politiques et sociales qui s’y attachent, en fragmentant le corps social en communautés consuméristes concurrentes.
Forts de ces puissants soutiens politiques et institutionnels, les lobbies homosexuels ne craignent pas d’exercer ouvertement leurs menaces sur la liberté de penser, parfois même sur le mode crapuleux. Par exemple par la voie du chantage à la dénonciation (banalisé sous le terme d’outing), celle de l’homosexualité de personnalités politiques afin qu’ils se déclarent publiquement tels et manifestent leur solidarité à la cause en imposant les amendements et dispositifs institutionnels adéquats pour que s’accélère la mutation de la culture et des moeurs. Voire même sur le mode de l'agression violente : manoeuvres d’intimidation sur des plateaux de télévision, pressions, violence verbale, agressions en commandos contre des auteurs critiques et leurs éditeurs (3).
La loi « anti homophobie », promulguée précipitamment à l’opportunité d’un fait divers -dont l’instruction s’est finalement soldée par un non lieu (4)-, est venue légitimer du sceau juridique ces pratiques d'intimidation, l’interdit de pensée et de débattre ainsi que le prosélytisme offensif qui caractérisent le mode opératoire homosexualiste.
Ces stratégies, qui associent l'activisme militant et les campagnes publicitaires, affichent une prédilection pour les milieux scolaires. La jeunesse adolescente et pré-adolescente, en plein éveil sexuel, présente en effet l'avantage d'un fort potentiel réceptif et constitue un vecteur de pérénité pour la cause homosexualiste.
A l’instar de représentants de commerce, des militants de la cause homosexuelle porteurs de «valises antihomophobie» (5) sont introduits officiellement dans les écoles, légitimés à empiéter sur le temps scolaire, à sensibiliser les jeunes à l’homosexualité et à la valoriser :
« Les élèves sont invités à prendre part à des débats et à des interventions sur l’identité gay, lesbienne, bi ou trans, sur la sexualité et ce qu’elle représente de plaisirs. (...) Les ressources offertes par le monde asssociatif ou les expériences d’autres pays offrent un large éventail d’exercices à faire en classe, d’interventions par de jeunes gays et lesbiennes exposant leur quotidien aux élèves et traitant de ce que représentent l’exclusion et l’injure homophobe » (6).
Des campagnes d’information d'envergure à l'attention des jeunes bénéficient du soutien et du financement publics. Notamment celles du CRIPS (7) qui, tirant opportunité des problématiques adolescentes contemporaines et du consensus politique qui entoure ses activités, outrepasse allègrement ses fonctions officielles de prévention du SIDA pour les instrumentaliser dans le sens du prosélytisme homosexuel. Nous pointerons notamment l'édition de brochures particulièrement crues, illustrées de dessins « sexuellement explicites », destinées au pré-adolescents (de 10/12 ans) qui se donnent pour mission de les mettre « sans fausse pudeur » au fait de la sexualité (masturbation, « première fois », pose du préservatif, etc) mais qui poussent aussi la sollicitude jusqu'à diriger celles et ceux qui s'interrogeraient sur leur « orientation sexuelle » vers une « Ligne Azur » (8), serveur téléphonique animé par un représentant notoire de la pornographie homosexuelle militante. Relève aussi de l'initiative et du financement publics la création d'accessoires et gadgets à but «éducatif» tel le «Manège enchanté» (dispositif «technique» consistant en une demi-douzaine de phallus multicolores dressés sur un socle de bois), qui postule à l’animation formatrice par exercices ou concours d’enfilage de préservatifs. Tandis qu'en parallèle des manoeuvres de lobbying s'emploient à réclamer une réforme des manuels scolaires permettant de légitimer par voie d'enseignement la nouvelle norme homosexualiste.
Autant de productions mentales et fantasmatiques de la sphère privée, introduites dans le champ public par voies médiatique et institutionnelle, qui ont pour vocation de générer et accélérer des mutations culturelles, civilisationnelles, en opérant au niveau de leurs structures les plus profondes, leurs fondements anthropologiques.
Ces visées s'expriment ouvertement au sein des stratégies politiques : la « gauche » s'est fait une spécialité idéologique et électorale de privilégier les revendications sociétales homosexualistes au point que leurs motions et programmes respectifs émanent des mêmes rédacteurs. Ainsi en est-il d'un groupe de travail du club de réflexion de Dominique Strauss-Kahn « A gauche en Europe » (dirigé par un adjoint de la Mairie de Paris, militant déclaré de la cause homosexuelle) qui relaie officiellement dans son programme l’intégralité des revendications militantes de l'interassociative LGTB (Lesbiennes-Gay-Transexuels-Bisexuels). Dans cette profession de foi s'exprime clairement la volonté de préparer « la reconstruction d'un projet politique adapté aux mutations de la modernité, d'une nouvelle identité face à la perte des repères collectifs anciens. (...) Il faut inventer un nouveau paradigme idéologique» (Christophe Girard, adjoint aux affaires culturelles à la Mairie de Paris, Libération 11/05/04).
Une « mutation » que nous découvrons programmée et imposée depuis plusieurs années par voie institutionnelle et médiatique : « Entre 1967 et 2001, une douzaine de grandes lois on fait passer notre pays d’un ordre post-vichyste (révérant un modèle procréateur, adulte, hétérosexuel et parfois violent) à un ordre post-soixante-huitard. Ces lois ont été adoptées au terme de débats et de combats très vifs et la question se pose de savoir dans quelle mesure elles étaient à la remorque de la demande sociétale, et également si elles n’ont pas elles mêmes produit des effets libérateurs, et en quelque sorte, imposé de nouvelles normes à des individus ou des groupes qui ne leurs étaient pas favorables ». (Janine Mossuz-Lavau, politologue et directrice de recherche au CNRS).
Pour compléter cet état des lieux, nous ajouterons que les principales motions en concurrence pour le Congrès du PS au Mans, inspirées par l'association Homosexualités et Socialisme, reprennent à leur compte les revendications du mouvement « gay ». Il n'y a t-il donc pas lieu d'être surpris que toutes les tendances du parti socialiste se soient rassemblées dans un mouvement unanime autour de cette thématique communautariste, qui évince les plus graves difficultés sociales pour présenter le plus sérieusement du monde le mariage homosexuel et l'homoparentalité comme une urgence sociale et un impératif politique.
Ce détournement des revendications sociales dans le champ sociétal (très avantageux sur le plan économique) étant parfaitement ajusté aux visées néolibérales et le marché électoral libertaire étant supposé en expansion, la « droite » n'entend pas être en reste pour les prochaines élections. Ainsi la profession de foi du groupe de réflexion UMP « On est là ! », à vocation « attrape gays », censée "déringardiser" la droite en lui permettant d'affronter des questions de société taboues, renchérit-elle en proposant tout un panel d'extensions de jouissances tels la création de "salles de shoot" où serait délivrée de l'héroïne sous contrôle médical, le droit à l'adoption pour les couples homosexuels, un "cours des différences de genre et d'éducation sexuelle de la sixième à la troisième" ainsi que la légalisation de l'euthanasie.
Ce travail de forçage et de sape s’exerce d’autant mieux que s’avèrent efficaces les mesures de coercition et d’intimidation qui frappent les esprits critiques. Mesures qui sont, comme nous l'avons vu, soutenues et légitimées par voie juridique, à savoir la déclinaison pénale, très dissuasive, de la loi «anti homophobie». Ainsi ces «minorités», auxquelles se sont alliés les pouvoirs médiatiques et institutionnels, se sont-elles dotées des moyens d’imposer leurs diktats au plus grand nombre (9), de peser sur la liberté de pensée et d'évacuer tout débat en réduisant leurs contradicteurs au silence.
Des incidences de l’effacement de l’Interdit sur le désir
L’homosexualisme, nouvel avatar de la « libération sexuelle » est, comme elle, le fruit de la permissivité issue de l’effondrement des interdits. La sexualité ayant été libérée au delà de toute espérance mais sans avoir tenu ses promesses, la « libération sexuelle » a pris au fil des ans l'allure d'une immense défaite, aussi amère que silencieuse.
Nous reconnaîtrons dans cette issue paradoxale de la «libération sexuelle» le parcours du désir en tant qu’il est lié à l’Interdit (10). Si le rapport de cause à effet ne s’impose pas a priori comme une évidence, nous pouvons toutefois en vérifier la pertinence a posteriori. Ce qui se manifeste en effet avec éclat aujourd'hui, c’est que la permissivité la plus générale mène non pas à l’épanouissement des satisfactions mais au contraire à une baisse du désir. En témoigne la surenchère transgressive que le désir s’impose pour se maintenir (11). Contre cette évidence, cette baisse du désir n'est pas chose aisée à éprouver comme telle, ce qui explique que rien n’en soit explicitement articulé. Plutôt ce désir en souffrance s'exprime t-il sur le mode de la frustration et du ressentiment qui s'exposent effectivement sur le devant de la scène publique. En l’occurrence, ce que l'on peut remarquer de plus flagrant (bien qu'implicite au discours public et culturel), c'est le discrédit du couple hétérosexuel. L'échec de la « libération sexuelle » ayant projeté l'ombre calamiteuse du ratage et le discrédit sur les deux protagonistes du rapport hétérosexuel.
C'est de ces ravages inattendus sur le désir, directement liés à l’avènement de la société de consommation, au triomphe de l’Impératif de jouissance qu’elle a peu à peu substitué à l'Interdit judéo-chrétien, qu'est née la foi homosexualiste.
La prothèse pornographique
Le rattrapage a tout d’abord consisté à faire appel au dispositif fantasmatique qui fait usuellement office de soutien du désir défaillant. L'appareillage pornographique, qui se caractérise d'être adossé au fantasme, était voué à prospérer sur cette faillite du désir en lui permettant de se redéployer hors des sentiers battus et inopérants de l'amour. L'efficience de cette prothèse « techno-fantasmatique » qu'est la pornographie se vérifie par la dimension industrielle et proliférante, indicative de son succès, que nous lui connaissons aujourd'hui.
La fonctionnalité de la pornographie réside dans sa capacité à externaliser le fantasme singulier du sujet et à alléger ainsi celui-ci d'une partie de sa culpabilité. Mais elle ne l'épargne pas de son insatisfaction ni même de son angoisse car elle le laisse démuni face à l'énigme des conditions fantasmatiques de sa jouissance qui l'exténuent dans la répétition et l'aliènent, loin de tout idéal, en multiples contradictions.
Le traitement scientiste du désenchantement libertaire
C'est sur cette muette désillusion que prospère le fol espoir, relayé au porte-voix médiatique, qu'est l'effacement de la différence sexuelle. Cette fuite en avant se conforte de la croyance dans les sciences et techniques, dans leur capacité à transcender le réel biologique. Un combat qui trouve son terrain d’élection dans le champ de la procréation (médicalement assistée, les biotechnologies, appelées à se substituer à la relation sexuelle) où les espérances libertaires retrouvent un second souffle. Pointons au passage le caractère cocasse de ces revendications quand on se souvient que la profession de foi libertaire, qui plaide aujourd’hui en faveur des homosexuels pour le «droit au bonheur» par les voies du mariage et de la famille, s’était acharnée hier à provoquer leur perte.
L’homosexualisme est l’issue de secours dans laquelle se sont engouffrés tous les reliquats de cette défaite, mais aussi le solde des narcissismes en quête d’un nouvel espace d’épanouissement et de conquêtes. C’est ainsi que les espoirs déçus se redéployèrent dans un nouveau credo : une « libération homosexuelle », fondée sur l'amour du même. Amour-miroir, plus que jamais narcissique où est éludée la rencontre avec l’Autre, c’est-à-dire la problématique de la différence sexuelle qui lui est sous-jacente.
Un avant-gardisme régressif
Si l’homosexualisme ambitionne de promouvoir l’émergence d’une post-humanité affanchie de la dépendance des sexes et, à ce titre, prend volontiers une posture avant-gardiste, ses manifestations concrètes s’illustrent plutôt par une régression vertigineuse : l’aggravation des conflits entre les sexes et la restauration de cette configuration archaïque qu’est la bipartition sexuelle, catactéristique des sociétés traditionnelles.
L’homosexualisme tend à soutenir ses revendications, notamment parentales, sur la base du discrédit suscité par le démantèlement de la famille hétérosexuelle traditionnelle. Certaines de ces revendications visent le statut, supposé privilégié, accordé aux femmes depuis une trentaine d’années par les dispositifs juridiques de la société occidentale contemporaine. C’est l’opportunité de faire le point sur le statut féminin, dont on perçoit qu’il est actuellement en pleine « évolution », encore faudrait-il préciser si c’est dans le sens d’une avancée ou d’une régression.
Les amendements de l'arsenal juridique qui ont conféré dans les années 70 une position centrale à la mère ont contribué à approfondir le travail de sape des interdits, de l'autorité paternelle et de ses métaphores institutionnelles. Contre ces apparences, nous n'assistons pas à une montée en puissance du pôle féminin, comme on l'affirme ici et là. Bien au contraire. Cette « promotion » de la «responsabilité maternelle » dans la société occidentale contemporaine signale plutôt une régression archaïque, puisqu'elle consiste dans les faits à laisser à la charge des femmes les obligations éducatives, comme c’est d'usage dans les sociétés traditionnelles.
Faut-il s'étonner de cette « évolution » de la famille dans le contexte de la société de consommation régi par l'impératif de jouissance quand cette charge éducative et financière des enfants est réputée susciter plus d’empêchements que d’exaltation de la jouissance ? Ce qui explique en partie que tant d'hommes s'en défaussent, parfois à peine sont-il dotés d'une progéniture.
Tandis que l'attachement charnel et l'aliénation archaïque tendancielle – aujourd'hui massivement récurrente – du désir féminin (toujours prompt à se reporter dans le champ maternel, en amour pour l’enfant, notamment quand le désir des hommes les abandonne), a pour conséquence de sauvegarder un cadre d'accueil minimal (dit « monoparental ») à l'enfant. Tirant parti de cette attitude différencée des sexes à l'égard de l'enfant, le dispositif juridique, de plus en plus inféodé à la logique utilitariste du marché, s'est contenté d'ajuster la loi en fonction de l'évolution des moeurs. Ainsi l'affectation de la responsabilité parentale à la mère ne relève t-elle pas d'une promotion ni d'un privilège féminins mais plutôt d'une décharge opportuniste des responsabilités masculines et publiques. Que 80% des nouveaux pauvres soient des femmes seules élevant des enfants suffit à conforter notre propos. Quant aux réussites triomphales de sujets féminins exhibées sur le devant de la scène politique, économique et culturelle, elles ne sauraient nous leurrer : elles interviennent dans cette conjoncture comme des alibis chargés d'occulter cette réalité qu'est le retour de la bipartition sexuelle, la dépréciation, la relégation et l'exploitation des femmes qui vont de pair.
De toutes parts s'affirme ce diagnostic. La pornographie, devenue vecteur d'éducation sexuelle (60% des garçons de 11 ans, 30% des filles, ont vu des films pornographiques), installe une grande confusion entre réalité et fantasme, formatant ainsi la relation des garçons aux filles dans le sens de la domination et de l’instrumentalisation. Ces films présentent en effet une sexualité où les hommes sont dominants et les femmes dominées, réduites à l'état d'objet ou de marchandise. Cette dégradation de l'image de la femme conjointe à celle des conduites masculines occasionnent des ravages sur les adolescentes qui éprouvent le plus grand mal à s'identifier en tant que femmes, faute de trouver une image recevable de leur sexe. D'autant que cette dégradation de leur image se confirme dans la réalité quotidienne par une régression vertigineuse du statut féminin : la recrudescence de l'agressivité masculine à l'égard des filles, l'expansion de la violence conjugale, à quoi s'ajoutent par milliers les mariages forcés, les mutilations sexuelles, les humiliations et les misères de la polygamie en provenance des sociétés traditionnelles.
De l’homosexualisme à la marchandisation de l’humain
Spéculant sur la précarisation la plus générale du couple engendrée par l’Impératif de jouissance consumériste, les divas et ténors de l’homosexualisme instrumentalisent électivement (12) les divisions du couple hétérosexuel dans le sens de leurs intérêts propres dans un discours hautement paradoxal.
Prenant, d’une part, appui sur le « non désir d’enfant » supposé aux hommes hétérosexuels, affectant de plaider en faveur de leur affranchissement du pouvoir des femmes (de les faire pères contre leur gré), la juriste et militante homosexualiste Marcella Iacub leur propose une « solution » aussi singulière que radicale : la stérilisation volontaire, après dépôt de sperme dans une banque (13) ! Proposition pernicieuse puisqu’elle consiste à substituer une dépendance à une autre : assigner les hommes à la dépendance d’un marché de la reproduction, pour lequel elle milite. Dans le même temps, prenant cette fois appui sur le « désir d’enfant » issu des frustrations homosexuelles (14), et spéculant sur le rejet de l’autre sexe par les homosexuels, elle leur propose la médiation de la procréation assistée (promue dépositaire des précieuses gamètes et des prestations de service d’insémination).
Tandis qu’elle voue les femmes à une singulière « libération », toujours plus conforme aux intérêts du marché : s’appliquant à désacraliser le corps humain pour en légitimer la marchandisation, elle présente celui des femmes comme un outil de travail et une machine de production, valorise la prostitution et invite les femmes à étendre le commerce de leur corps à leurs organes de reproduction (vente d’ovules, location d’utérus, etc.) :
"Je pense que la prostitution n'est pas en soi quelque chose de néfaste pour la personne qui l'exerce, homme ou femme. (...) On confond l'activité avec les conditions dans lesquelles elle s'exerce : ce sont les conditions qui sont déplorables. Moi, je ne vois pas pourquoi la prostitution ne pourrait pas être un métier comme les autres, voire un art ! La seule chose qui me semble sexiste est qu'il n'existe pas ou peu de clientes". (Marcela Iacub, Télérama n°2769, 5/02/2003)
Nous pointerons la surenchère des « gays », aux côtés de ce « féminisme » new-look, qu’ils instrumentalisent dans le sens de leurs intérêts. Notamment leur soutien aux revendication parentales des « couples lesbiens » (dont ils attendent la collaboration pour leur propres « projets parentaux », en attendant de pouvoir bénéficier du clonage « sans mélange des gamettes », revendiqué par les plus radicaux d’entre eux). Il en est de même quand ils condamnent la misogynie consubstantielle à la pornographie hétérosexuelle et qu’ils proposent de lui substituer... la pornographie « gay » ! éliminant ainsi totalement les femmes de l’imaginaire hétérosexuel (fut-il celui de la pornographie, mode opératoire toujours délétère, sacrificiel, quelle que soit son orientation).
La liberté d’expression se trouve aujourd’hui gravement menacée par un double danger : d’une part une pornographie médiocre, hétérosexuelle et misogyne qui s’impose sur le marché, et d’autre part une rhétorique qui justifie une interdiction de principe contre toutes les images pornographiques (...) une pornographie gay et lesbienne, conçue et réalisée par les homosexuel(le)s eux-mêmes et diffusée dans les circuits généralistes permettrait de modifier l'image du désir et des fantasmes entre personnes du même sexe ». (Daniel Borillo, juriste et maître de conférence en droit privé à l’Université Paris X Nanterre, chercheur au CNRS, Libération, 10/2002)
Force est de constater que ce prosélytisme homosexualiste auquel nous avons affaire n’est pas une lutte pour « l’égalité », comme il le prétend (15), mais une lutte catégorielle élitaire médiatiquement assistée, ayant pour visée une révolution idéologique et une mutation anthropologique, qui entend pour ce faire renverser l’ordre actuel des pouvoirs et des normes pour y substituer les siennes, et imposer par voie juridique (16) sa vision fantasmatique à l’ensemble du corps social. Cette vision fantasmatique qui se donne des allures d’avant-garde s’avère promouvoir au contraire l’ordre social le plus inégalitaire et archaïque : la bipartition sexuelle. En effet, la dévaluation du sexe féminin, qui lui est traditionnellement associée et fonde la mysogynie, non seulement ne faiblit pas sous l’influence de l’homosexualisme mais au contraire s'accentue et se généralise. Car si la relation hétérosexuelle a toujours été problématique, il n’en reste pas moins qu’elle se distingue de faire bon gré ou mal gré mais toujours avec l’autre. Tandis que l’homosexualité, opte radicalement pour le choix de faire sans l’autre.
Aggravation des clivages sexués
Mais qu’on ne se leurre pas, ce choix du même n’ouvre pas à une bipartition sexuelle pacifiante, qui permettrait de dépasser la traditionnelle guerre des sexes. Celle-ci continue à diviser les milieux homosexuels en classes hostiles les unes aux autres. Ainsi en est-il du clivage du club « gay » où les « virils » méprisent, voire haïssent, les « efféminés ». Tandis que les lesbiennes se divisent en deux catégories, les masculines (désignées sous le nom de « butch » ou « camionneuses ») et les féminines (« fems »). Divisions qui reproduisent dans les deux champs les stéréotypes de la bipolarité homme-femmes, et la misogynie traditionnelle vecteurs des conflits entre les sexes.
Cette nouvelle bipartition, homosexuelle, est donc à considérer non pas comme un solutionnement de la problématique de la différence sexuelle mais comme son aggravation : une rupture radicale entre les sexes vectorisée par l’effondrement du désir intersexué. Rupture comme toujours préjudiable en premier lieu aux femmes, ce dont rend compte la marginalisation qui la frappe plus particulièrement aujourd’hui.
Les liaisons dangereuses : homosexualisme et biopolitique
On pourrait croire en effet que les institutions et les médias, toujours prompts à la proclamation vertueuse, à la geste humanitaire, à emboucher la dialectique victimaire, les mots d'ordres anti-discriminatoires, s'empresseraient de faire barrage à cette régression. Il n'en est rien. Rien ne semble en mesure de contrevenir à cet abandon, à ce naufrage du féminin. La tendance institutionnelle et politique, en phase avec les postulats du marché, allant inexorablement dans le sens de la domination des « gagnants » sur les « perdants ».
Le vote de la « loi anti homophobie », présenté comme une urgence (aussi rares soient les infractions commises à l’encontre des homosexuels) dans un contexte de recrudescence exponentielle des atteintes à la sécurité et à la dignité des femmes, est indicatif de l'indifférence des pouvoirs publics à l’égard de la déchéance du statut féminin.
La gestion de la santé publique confirme ce désintérêt des pouvoirs publics pour les difficultés des femmes, alors même qu'elles s'accroissent. Ainsi voyons-nous aujourd'hui la gynécologie (qui fut le paramètre médical idéologiquement marqué du sceau de la « libération sexuelle », et sans doute ceci n’est-il pas indifférent à la désaffection qui la frappe aujourd’hui) entachée de désuétude et son abandon programmé (17) alors même que cette discipline – par delà les fonctions gestionnaires du « planning familial » qui firent sa notoriété – s'est avérée et s'avère toujours des plus efficientes et irremplaçable en matière de santé publique, à savoir celle de la moitié féminine de la population (notamment pour la prévention des MST, les cancers du sein, de l'utérus, l'ostéoporose, etc.). Tandis que, de façon concommitante, nous voyons les pouvoirs publics reporter leur intérêt et leurs crédits en direction des biotechnologies et de la procréation assistée. Il n'est bien sûr pas dans notre propos de contrevenir à la recherche biologique et médicale. Simplement nous remarquerons que ces promotions médicales médiatiquement assistées semblent moins soucieuses de donner de nouveaux espoirs aux couples hétérosexuels stériles que de les instrumentaliser pour introduire et légitimer le nouveau paradigme idéologique du moment que sont les revendications parentales homosexuelles.
Il va sans dire que, si elles articulent le même désir et visent le même objet, les revendications « homoparentales » ne se fondent pas de causes identiques à celles des couples hétérosexuels stériles. Les couples hétérosexuels sont stériles en raison d'empêchements biologiques qu'ils subissent. Tandis que les homosexuels ne peuvent concevoir du fait d'un choix de jouissance qui exclut la procréation. Ce qui implique d’en assumer les conséquences. (18)
Notons que ce désintérêt latent des dispositifs de procréation assistée pour les couples hétérosexuels n'est pas sans relation avec les idéaux d'un « marché » devenu totalitaire. Nous pointerons en effet, dans ces options médicales homosexualistes, la prévalence de ce paradigme de la société de consommation qu'est le « choix », en tant qu'il est articulé à la jouissance d'objets monnayables, proposés par le « marché ». Et a contrario, la dépréciation de tout ce qui s'avère fonctionnellement « défaillant », qui relève d'une solidarité qui renvoie aux anciens paradigmes (chrétiens, collectifs), et d'une politique de service public républicaine redistributive qui lui était affiliée. Politique dont les dépositaires transitoires des institutions n'aspirent aujourd'hui qu'à se défaire.
Cette idéologie libérale-libertaire, fondée sur la légitimité de la jouissance et du profit, la prévalence de l'individualisme sur l'intérêt général, configurée dans un espace mondialisé où la scène des représentations et des identifications est confisquée par une minuscule élite médiatique (19), coïncide avec l'avènement d'une biopolitique de sinistre mémoire. Se réclamant comme toujours de disciplines scientifiques adossées à une logique utilitariste et gestionnaire, elle se spécifie aujourd'hui d'être dynamisée par l'impératif du profit édicté par le marché et ranime, à l'opportunité de l'anonymat de masses, des conceptions bouchères (20) de l'humanité qui consistent à envisager le corps humain comme une matière première (du marché du sexe, de la reproduction et des organes). Une biopolitique dont les tenants et aboutissants notoires sont l'eugénisme et l'euthanasie, actuellement en cours de réhabilitation. Pratiques banalisées par le marché (21) mais dont il convient de souligner la fonction sacrificielle, celle qui consiste à statuer sur la légitimité à vivre des plus faibles. Le nazisme racialiste a démontré l'horreur inhérente à ce principe. Mais on ne saurait se contenter des déclamations ostentatoires antiracistes et autres condamnations vertueuses du nazisme faites par les plus hautes instances politiques et économiques pour se croire affranchis de cette horreur sacrificielle.
Si l'eugénisme et l'euthanasie font retour aujourd'hui, c'est frappés des paradigmes idéologiques actuels : l'économisme, la rentabilité, le profit, la légitimité de la jouissance. C'est en vertu de ces valeurs techniques et fonctionnelles, devenues offensives par leur radicalisation et leur expansion totalitaire – valeurs qui se sont substituées à l'intérêt pour l'humain, pour le langage et le lien social qui le déterminent comme tel – que sont sacrifiés aujourd'hui les conditions de notre survie biologique et jusqu'au concept même d'humanité.
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(1) Les résultats d’enquêtes d’opinion (sondages IPSOS/Têtu), la multiplication des programmes TV qui y font référence (près de 800 en 2003), démontrent une banalisation, une acceptation croissante de l’homosexualité dans la société française et contredisent les discours victimaires ainsi que les chiffrages fantaisistes des « études militantes » des associations homosexuelles.
(2) La Halde (Haute Autorité de Lutte contre les Discrimination et pour l’Egalité) nouvel organisme institutionnel chargé de la « lutte anti discrimination » et son équivalent européen Equal, par lequel l’Union européenne subventionne désormais massivement des organisations communautaires. Ainsi l’association de lobbying de cadres homosexuels L’Autre Cercle s'est vue attribuer 400.000 euros de subventions (Libération, 26/05/04).
(3) « Après avoir intimidé l’éditeur d’Alain Soral, Act Up récidive en allant saccager les locaux du magazine 20 ans, qui aurait eu le tort d'accorder une interview à cet auteur. Une interview dans laquelle celui-ci redoutait que la montée actuelle des communautarismes ne tourne à un retour du fascisme des milices. Le 11 avril 2003, les locaux des éditions Blanche ont été dévastés par les membres d'Act Up. Le personnel présent a été agressé physiquement et une des stagiaires envoyée à l'hôpital. » ([Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
(4) Il est important de rappeler que, faute d'éléments probants, la justice a prononcé un non-lieu dans l'enquête sur l'agression présumée de Sébastien Nouchet, qui avait accusé trois personnes de l'avoir brûlé vif dans son jardin. Ce fait divers avait amené Jacques Chirac à faire légiférer sans attendre, précipitant l’adoption d’un projet de loi relatif à la lutte contre les propos discriminatoires à caractère sexiste ou homophobe, en son temps qualifié de « Loi Nouchet ». Malgré l’avis défavorable de la Commission nationale consultative des droits de l'homme, qui s'était inquiétée des conséquences d'une loi « anti-homophobie » sur la liberté d'expression, ce projet a finalement été entériné par son intégration à la loi portant création de la Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l'Egalité (HALDE) du 30 décembre 2004.
(5) Les « valises anti homophobie » sont des malettes dites « pédagogiques » créées par le gouvernement Jospin sous l'égide de Ségolène Royal.
(6) Extraits de documents en ligne sur le site du Club de réflexion de Dominique Strauss-Kahn A gauche en Europe
(7) Le CRIPS (Centre Régional d'Information et de Prévention du Sida) d'Île de France est un établissement public financé par la région, la Ville de Paris, la préfecture, le ministère des Affaire étrangères et la Caisse régionale d'assurance-maladie.
(8) Une présentation critique de ces brochures et prestations de service du CRIPS est accessible sur le site du Perroquet libéré
(9) Il n’est pas inutile de préciser que la proportion des homosexuels dans la population est de moins de 5%.
(10) La permissivité et l'invitation à la jouissance promulguées par l'idéologie libérale-libertaire ouvrent à la rencontre avec l'impossible, plus douloureuse que celle de l'Interdit. En effet, si celui-ci suscitait la frustration, il stimulait le désir en ménageant le credo dans un Possible. Tandis que la découverte de l'insatisfaction récurrente ouvre sur l'abîme d'un incontournable désenchantement.
(11) Nous voyons ainsi le catalogue des fantasmes ordinaires céder progressivement le pas à un inventaire qui rejoint celui des pathologies criminelles : inceste, pédophilie, meurtre, dont les recueils conçus et marchandisés comme des stimulants sexuels sont aisément accessibles dans les réseaux spécialisés.
(12) Notons que, si la précarité du couple hétérosexuel est notoire, celle des couples homosexuels l’est plus encore, du fait de leur inclination pour une pratique exacerbée du multipartenariat. La réflexion suivante est particulièrement pertinente quand il s’agit du couple homosexuel : « l’aboutissement de cette précarité de la famille qui est de moins en moins un rouage social et relève d'un contrat qui peut être résilié du jour au lendemain, se trouve aujourd'hui dans le pacs et demain dans les filiations à la demande. L'adoption ne risquerait-elle pas, à l'instar du mariage ou du pacs de devenir révocable du jour au lendemain pour non satisfaction du client ? « Le contrat se substituera à la loi » annonce catégoriquement Ségolène Royal à la télévision. Chirac a fait le même discours au Conseil économique et social. Mme Parisot plaide encore plus fortement dans le même sens. Et M. Sarkozy aussi, dans les récents discours d'Agen et de Perigueux ». Le contrat doit-il se substituer à la loi ? (Gérard Filoche, site Démocratie et socialisme, 19/12/06)
(13) « Père par virement bancaire - Stériliser tous les hommes après avoir stocké leur sperme en banque : une méthode radicale de contraception », Marcella Iacub (Libération 31-07-04)
(14) Nous pointerons, dans ces revendications du mariage et de la parentalité par les homosexuels, le symptôme de l’insatisfaction et de l’affaiblissement du désir dans le cadre de la relation homosexuelle. « Dans une société de plus en plus conciliante (...), où l’homosexualité est somme toute assez bien intégrée, (...) quand la télé, les médias et une majorité de citoyens proclament leur sympathie pour les gays, (...) comment faire pour se battre encore ? Où sont les nouveaux buts ? » , dit en substance Benoît Duteurtre, journaliste et homosexuel déclaré (« Noces gay pour petits-bourgeois - Le mariage homo, non sens et ultime lubie d’une minorité en manque de cause », Libération du 2/06/04). Nous traduirons : comment faire pour désirer encore ? où sont les nouveaux interdits (que nous puissions encore désirer... les transgresser) ? En quoi nous constatons que l’inversion des paradigmes (la substitution de l’Impératif de jouissance consumériste à l’Interdit judéo-chrétien) frappe de la même impuissance à désirer les homosexuels autant que les hétérosexuels.
(15) « En confondant différence et discrimination, le dévoiement de l'éthique de l'égalité peut mener à une violence infiniment plus radicale que celle qu'il entend conjurer. En effet, il n'est pires antagonismes que ceux nés de l'érosion des différences. Pour permettre le fonctionnement social, il importe de désamorcer la spirale des rivalités en maintenant, dans le corps social, à la fois de la dissymétrie et de l'égalité. Il n'est pas de défi plus fondamental pour les démocraties. » (« Un beau miriage gay ? », Francis Martens, en ligne sur Squiggle.be).
(16) Notons que, parmi les militants les plus actifs de l’homosexualisme, nous trouvons un grand nombre de juristes parmi lesquels Marcela Iacub, juriste, chercheuse au CNRS ; Daniel Borillo, universitaire et juriste; l'écrivain Dustan, pseudonyme d'un juge français aujourd'hui décédé, qui mettent leur position au service de leur cause.
(17) Sous prétexte d'harmonisation des formations en Europe, une loi de 1986 a abrogé, dans la discrétion la plus totale, la spécialité de gynécologue médical, typiquement française, née en 1965. Quelques chiffres : 1999 = 1920 gynécos ; 2015 = ils ne seront plus que 1000 ; 2020 = il n'en restera que 500. Après leur départ à la retraite, ne resteront plus que des gynécologues obstétriciens, ces chirurgiens spécialistes des grossesses et des opérations gynécologiques qui exercent à l'hôpital. Parallèlement, les médecins généralistes recevront une formation supplémentaire à la gynécologie de... 3 mois. (cliquer ici)
(18) Pour une approche pertinente de cette question de « l’homoparentalité », cliquer ici
(19) J’ai présenté une analyse de cet enchaînement logique, historique et symbolique, dans " L’Enjeu Symbolique - Islam, christianisme, modernité" ( interprétation psychanalytique des fondements religieux, idéologiques et de leurs conflits), éd. de L’Harmattan, collection « Psychanalyse et civilisations », nov. 2004.
(20) "Le marché de l'humain en pièces détachées"
(21) Le courrier international a consacré à ce marché en plein développement un dossier intéressant : « Il est né le divin enfant : l’essor du bébé-business »
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MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
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