La leçon de Judas

C’est un bel exemple que nous donne notre Seigneur lorsqu’il a accepté de prendre avec lui Judas Iscariot pour apôtre. Judas a voulu rejoindre le groupe apostolique par opportunisme, par intérêt, voyant en Jésus le futur roi d’Israël. Judas rêvait de gloire.
Jésus lisait dans les cœurs et connaissait l’avenir. Ainsi, il a accepté Judas par soumission et obéissance totale à Dieu le Père, il l’a accepté en sachant que celui-ci allait le trahir. Il savait que Judas avait le diable en lui et il a accepté de le prendre avec lui, marchant avec lui sur les chemins de Galilée, mangeant avec lui, l’enseignant comme les autres et l’aimant avec douleur mais autant que les autres.

Suite du raisonnement:

Jésus avait une mission douloureuse à accomplir, alors il a accepté son bourreau dans son entourage.

Sachant que l'Eglise doit subir sa Passion, nous devons donc accueillir des bourreaux avec bienveillance autour de nous.

N'importe quoi.

Le Christ était l'Unique. Il n'a pas demandé à ses apôtres d'imiter en tout sa vie en cherchant la proximité des bourreaux. Nous n'avons pas, nous, un ordre de mission très précis avec un sacrifice obligatoire dans les pires souffrances. Dieu a bien montré à Abraham qu'il ne demandait pas le sacrifice de son fils héritier. Ce sacrifice, Il l'a accepté mais ne le demande pas aux autres.
Nous devons porter nos Croix avec courage, mais votre texte suppose qu'il faut accueilir avec bienveillance des ennemis potentiels le plus près possible de l'Eglise, histoire de favoriser sa Passion.

Je ne vois pas trop l'intérêt de votre "pensée".

Ni accueillir des bourreaux ni rechercher leur proximité. Si on accueille des "bourreaux" c'est qu'on fait un jugement. Si on cherche la proximité de personnes qui pourraient porter préjudice à notre corps ou notre âme on est imprudent et on tente Dieu.
Jésus, par cet acte nous apprend plusieurs choses : Obéir, accepter l'autre, ne pas juger et enfin Aimer.

La leçon de Judas pour l'Eglise:

Malgré la fréquentation du Verbe incarné, ses mises en garde et les prières de sa Sainte Mère, Judas a refusé de se convertir. C'est pourquoi il s'est damné.
Nous savons qu'il y a au moins une personne en enfer: Judas.

Malgré tout, certains prétendent que Judas a eu un rôle important et positif dans l'histoire du salut, puisqu'il a permis l'accomplissement de la mission du Christ. C'est la version d'une secte gnostique à l'origine de ce qu'on appelle "l'Evangile de Judas". Voilà comment Judas ne s'est pas contenté de se damner lui-même. Il a aussi entraîné des imprudents à sa suite.

C'est très beau, les belles leçons de fraternité. Mais il faut aussi être conscient des dangers que présentent les mauvaises personnes, les mauvaises idéologies etc... Don Bosco, dans ses conseils aux jeunes, conseille de s'éloigner des personnes vulgaires, quitte à les froisser, parce qu'il en va du salut de nos âmes et que le simple fait de côtoyer des impies nous entraîne au péché petit à petit.

Je me demande si Jésus savait tout depuis le début de sa vie terrestre et jusqu'à sa crucifixion. Dieu étant dans l'éternité, Il peut tout savoir. Mais quand le verbe a pris chair en Jésus et qu'il est devenu vrai homme et vrai Dieu, en tant que vrai homme Il a pris les caractéristiques de notre développement. Ainsi, il y a eu une enfance dans la dépendance des parents... une entrée, non prévue dans sa vie de fils de Dieu si on peut dire ainsi, poussé par Marie (Mon heure n'est pas encore venue). Sa réticence montre qu'il ne connaissait pas précisément son avenir à ce moment là. Jésus en tant que vrai homme et vrai Dieu n'était pas omnipotent non plus, ainsi dans un village, il est surpris de ne pouvoir faire de miracle à cause du manque de foi de ses habitants. Et s'il avait connu l'avenir, il n'aurait pas été surpris. Il semble plutôt qu'il découvre son avenir sur Terre petit à petit. Arrivé vers la fin, en tant que vrai homme grandissant en Dieu lui aussi, il a eu une connaissance plus claire de ce qui allait lui arriver. Ainsi lors de cène, il sait qu'un des siens va le livrer. De plus, il n'aurait pas demandé au Père d'écarter la coupe amère si l'avenir avait était écrit à ce moment là. L'avenir n'est pas écrit, nous avons le libre arbitre, Jésus et Judas l'avaient aussi et tout pouvait arriver. Et c'est un mystère pour nous de comprendre cela puisque Dieu dans l'éternité sait tout ce qui va arriver. Quand à Judas, lisant dans son coeur, et le connaissant tel qu'il était, Jésus semble plutôt lui donner une possibilité de conversion et de salut.

@Pauvre Pécheur:

Dans les écrits des mystiques, on voit que Jésus, tout comme Marie, savait qu'il lui faudrait vivre sa Passion. Il le savait déjà à sa naissance.

Marie, étant née sans la tache du péché originel, a toujours été liée à Dieu (puisque c'est le péché originel qui nous sépare de Dieu). Son âme adorait et louait Dieu, même quand elle n'était qu'un bébé et ne savait pas parler. Jésus aussi, dès sa naissance, était lié au Père. Mais en plus de cela, il a toujours eu conscience de la Rédemption qu'il devait accomplir et des modalités précises à respecter. Pendant la fuite en Egypte, il avait déjà guéri un bébé de la lèpre. Une fois adulte, ce bébé est devenu le bon larron, sauvé par grâce, des années après avoir été plongé dans les eaux du bain de l'enfant Jésus. Une préfiguration du baptême?


Jésus savait que Judas le trahirait. Mais il n'a pas cessé de lui montrer qu'il pouvait à tout moment refuser. De même, la Vierge l'incitait à se repentir et à se convertir. Judas était libre de se repentir et de demander pardon. Mais il ne pouvait plus choisir de ne pas livrer Jésus, parce qu'il s'était déjà enchaîné au démon par ses mauvais penchants. Evidemment, on touche ici le problème de la prédestination (Dieu étant immuable, il est aussi omniscient: sa connaissance est parfaite et n'évolue pas) et de la liberté (dans le temps).


Jésus, à Gethsémani, a eu trois agonies: dans la première, il a vu tous nos péchés. Il en a été saisi d'effroi, son humanité perdant courage devant l'horreur de notre éloignement de Dieu. Il était tenté de penser que son sacrifice ne serait pas suffisant. Dans sa deuxième agonie, il a vu l'Eglise et toutes ses limites et ses chutes. Les hérésies, les scandales. L'abandon de ses disciples. Dans sa troisième agonie, il a vu toutes les souffrances qu'il devrait souffrir. La Croix, bien sûr, mais aussi les tortures, les moqueries, la cruauté diabolique des bourreaux... AC Emmerich voit qu'à ce moment, sa Divinité ne se manifestait pas. Les Anges le soutenaient pour que cette agonie ne le tue pas, ce qu'elle aurait dû faire, et plus d'une fois.

Je pense aussi que cet exemple est destiné aux prêtres afin que dans leur sacerdoce ils acceptent de prendre en charge toutes les personnes qui se présentent à eux y compris celles qui leurs semblent difficiles à guider.

Merci, Annie pour les paroles d'AC Emmerich qui dit (...Il a toujours eu conscience de la Rédemption qu'il devait accomplir et des modalités précises à respecter...) Cela donne à penser. Pour approfondir, il faut que je trouve la position de l'Eglise à ce sujet.