Guéri sur le chemin de saint Jacques
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Guéri sur le chemin de saint Jacques
Témoignage de Marco Deambrogio, le « voyageur à moto »
Propos recueillis par Roberto Allegri
Traduction d’Hélène Ginabat
ROME, jeudi 27 septembre 2012 (ZENIT.org) – A quarante-six ans, Marco Deambrogio est connu comme « l’homme qui traverse les déserts à moto ». Ses entreprises, toujours en solitaire, sont devenues légende. A cheval sur sa moto, il a fait le tour du monde en parcourant 57 mille kilomètres, a voyagé de Milan à Kaboul en temps de guerre, a traversé l’Océanie et les déserts australiens et est allé jusqu’à Pékin par l’antique « route de la soie ».
Celui qui avait fait de la liberté absolue son style de vie était quasiment paralysé depuis deux ans par une mauvaise inflammation aux pieds. Il raconte l’histoire de sa guérison, qui est aussi celle d’une conversion.
Zenit - Vous aviez donc un problème aux pieds ?
Marco Deambrogio - Oui. Une fascite plantaire des deux côtés, une mauvaise inflammation des tendons de la plante des pieds. J’étais allée chez différents orthopédistes, et j’avais tout essayé : anti-inflammatoires, thérapie au laser, ondes de choc, semelles anatomiques, traitements ostéopathiques, massages plantaires… Sans aucun résultat et toujours ces douleurs extrêmement fortes.
Et vous avez quand même décidé de partir ?
C’était plus fort que moi. C’était le 13 juin de l’année dernière et je venais de recevoir le énième rapport médical qui m’imposait le repos le plus absolu. Ce matin-là, je me suis levé avec une idée fixe, un clou dans la tête. Je me disais : « Il faut que je fasse le Chemin de Saint Jacques ». Mais je ne savais pas très bien de quoi il s’agissait et je me suis donc documenté. J’ai découvert que c’était un pèlerinage ancien, sacré pour le christianisme, et qu’il avait même été parcouru au Moyen-Âge par saint François et Charlemagne. Il traverse la France et l’Espagne et arrive jusqu’à Saint Jacques de Compostelle, où se trouve la tombe de saint Jacques, un des douze apôtres. Un parcours très long, difficile, de plus de huit cents kilomètres à pied. Aujourd’hui, de plus en plus de pèlerins se lancent sur ce chemin, à tel point que le sanctuaire de Saint Jacques est en train de devenir une des grandes destinations religieuses.
Et vous vouliez faire la même chose dans votre état ?
Oui. J’étais fou mais je sentais une force irrésistible qui me poussait à me mettre en marche. Je précise qu’il n’y avait aucune dévotion dans ma démarche. Cela faisait au moins trente ans que je n’étais pas entré dans une église et ma vie avait toujours été assez éloignée de la foi. Malgré cela, je sentais que le « Chemin » m’appelait.
Ce jour-là, j’ai chargé ma voiture et je suis parti en direction de la petite ville de Saint-Jean Pied-de-Port, dans les Pyrénées, d’où part officiellement le Chemin de Saint Jacques. Le lendemain, j’ai mis un pied sur le chemin. J’avais sur les épaules un sac de vingt kilos, un fardeau si l’on sait que j’en pèse soixante. La première étape était de 25 kilomètres en montagne. Mais dès les premiers mètres, j’ai cru m’évanouir de douleur.
Qu’est-ce que vous avez fait ?
J’ai serré les dents. Je marchais lentement, je m’arrêtais tout le temps. J’avais des élancements terribles, j’avais peur que mes tendons ne se rompent. Je voyais les autres pèlerins avancer rapidement, je les voyais prier. Je me demandais pourquoi j’étais là mais la seule réponse que j’entendais en moi était que je devais avancer. J’ai mis douze heures à faire ces 25 kilomètres, jusqu’à Roncevaux, en Espagne. C’était une souffrance inouïe. A peine entré dans la ville, je me suis aussitôt rendu dans la structure d’accueil pour les pèlerins. Je me suis jeté sur le lit : j’étais rompu de douleur des pieds à la tête. Quelqu’un m’a dit qu’il y avait ce soir-là au programme la bénédiction des pèlerins. C’est comme ça que, par curiosité, je me suis traîné jusqu’à l’église. Et là, il m’est arrivé quelque chose de merveilleux.
Que s’est-il passé ?
Comme je l’ai dit, cela faisait au moins trente ans que je n’avais pas mis les pieds dans une église. Et pourtant, la messe m’a touché, m’a énormément ému. A la fin, j’ai attendu que tout le monde soit sorti et je suis resté seul. Je me suis alors approché de la statue de la Vierge. Tout à coup, j’ai ressenti une forte chaleur. Elle m’enveloppait complètement. J’avais les jambes qui tremblaient, je ne réussissais pas à détacher les yeux de la statue. J’ai voulu prier mais je ne me souvenais pas des paroles du Je vous salue Marie. Alors, j’ai commencé à parler comme si j’avais une personne en face de moi. J’ai parlé avec la sainte Vierge, je lui ai confié ma vie, celle de mes proches. Et j’ai aussitôt entendu une voix, je ne saurais pas dire si elle venait du dedans de moi ou du dehors, et elle disait : « Marco, ne t’inquiète pas. Moi, je suis auprès de toi, je t’accompagne jusqu’au bout. » J’ai fondu en larmes et quand je suis sorti de l’église, j’étais un autre homme.
Vous avez continué le Chemin ?
Bien sûr. Mais d’une manière toute nouvelle. Je le faisais en priant. Et, chose incroyable, mes pieds guérissaient à chaque pas. C’était un étonnement continuel. Au fil des kilomètres, mes pieds allaient de mieux en mieux. Ils ne me faisaient mal que si je m’arrêtais. Je ne pouvais pas rester sans bouger, il fallait que j’avance et à ce moment seulement, la douleur disparaissait. J’ai fait tout le Chemin dans une grande sérénité, en méditant, immergé dans la prière. Huit cents kilomètres en 39 jours. J’ai connu des gens merveilleux sur la route, d’autres pèlerins, chacun avec sa propre histoire de joie et de souffrance, et ces rencontres m’ont enrichi.
Propos recueillis par Roberto Allegri
Traduction d’Hélène Ginabat
ROME, jeudi 27 septembre 2012 (ZENIT.org) – A quarante-six ans, Marco Deambrogio est connu comme « l’homme qui traverse les déserts à moto ». Ses entreprises, toujours en solitaire, sont devenues légende. A cheval sur sa moto, il a fait le tour du monde en parcourant 57 mille kilomètres, a voyagé de Milan à Kaboul en temps de guerre, a traversé l’Océanie et les déserts australiens et est allé jusqu’à Pékin par l’antique « route de la soie ».
Celui qui avait fait de la liberté absolue son style de vie était quasiment paralysé depuis deux ans par une mauvaise inflammation aux pieds. Il raconte l’histoire de sa guérison, qui est aussi celle d’une conversion.
Zenit - Vous aviez donc un problème aux pieds ?
Marco Deambrogio - Oui. Une fascite plantaire des deux côtés, une mauvaise inflammation des tendons de la plante des pieds. J’étais allée chez différents orthopédistes, et j’avais tout essayé : anti-inflammatoires, thérapie au laser, ondes de choc, semelles anatomiques, traitements ostéopathiques, massages plantaires… Sans aucun résultat et toujours ces douleurs extrêmement fortes.
Et vous avez quand même décidé de partir ?
C’était plus fort que moi. C’était le 13 juin de l’année dernière et je venais de recevoir le énième rapport médical qui m’imposait le repos le plus absolu. Ce matin-là, je me suis levé avec une idée fixe, un clou dans la tête. Je me disais : « Il faut que je fasse le Chemin de Saint Jacques ». Mais je ne savais pas très bien de quoi il s’agissait et je me suis donc documenté. J’ai découvert que c’était un pèlerinage ancien, sacré pour le christianisme, et qu’il avait même été parcouru au Moyen-Âge par saint François et Charlemagne. Il traverse la France et l’Espagne et arrive jusqu’à Saint Jacques de Compostelle, où se trouve la tombe de saint Jacques, un des douze apôtres. Un parcours très long, difficile, de plus de huit cents kilomètres à pied. Aujourd’hui, de plus en plus de pèlerins se lancent sur ce chemin, à tel point que le sanctuaire de Saint Jacques est en train de devenir une des grandes destinations religieuses.
Et vous vouliez faire la même chose dans votre état ?
Oui. J’étais fou mais je sentais une force irrésistible qui me poussait à me mettre en marche. Je précise qu’il n’y avait aucune dévotion dans ma démarche. Cela faisait au moins trente ans que je n’étais pas entré dans une église et ma vie avait toujours été assez éloignée de la foi. Malgré cela, je sentais que le « Chemin » m’appelait.
Ce jour-là, j’ai chargé ma voiture et je suis parti en direction de la petite ville de Saint-Jean Pied-de-Port, dans les Pyrénées, d’où part officiellement le Chemin de Saint Jacques. Le lendemain, j’ai mis un pied sur le chemin. J’avais sur les épaules un sac de vingt kilos, un fardeau si l’on sait que j’en pèse soixante. La première étape était de 25 kilomètres en montagne. Mais dès les premiers mètres, j’ai cru m’évanouir de douleur.
Qu’est-ce que vous avez fait ?
J’ai serré les dents. Je marchais lentement, je m’arrêtais tout le temps. J’avais des élancements terribles, j’avais peur que mes tendons ne se rompent. Je voyais les autres pèlerins avancer rapidement, je les voyais prier. Je me demandais pourquoi j’étais là mais la seule réponse que j’entendais en moi était que je devais avancer. J’ai mis douze heures à faire ces 25 kilomètres, jusqu’à Roncevaux, en Espagne. C’était une souffrance inouïe. A peine entré dans la ville, je me suis aussitôt rendu dans la structure d’accueil pour les pèlerins. Je me suis jeté sur le lit : j’étais rompu de douleur des pieds à la tête. Quelqu’un m’a dit qu’il y avait ce soir-là au programme la bénédiction des pèlerins. C’est comme ça que, par curiosité, je me suis traîné jusqu’à l’église. Et là, il m’est arrivé quelque chose de merveilleux.
Que s’est-il passé ?
Comme je l’ai dit, cela faisait au moins trente ans que je n’avais pas mis les pieds dans une église. Et pourtant, la messe m’a touché, m’a énormément ému. A la fin, j’ai attendu que tout le monde soit sorti et je suis resté seul. Je me suis alors approché de la statue de la Vierge. Tout à coup, j’ai ressenti une forte chaleur. Elle m’enveloppait complètement. J’avais les jambes qui tremblaient, je ne réussissais pas à détacher les yeux de la statue. J’ai voulu prier mais je ne me souvenais pas des paroles du Je vous salue Marie. Alors, j’ai commencé à parler comme si j’avais une personne en face de moi. J’ai parlé avec la sainte Vierge, je lui ai confié ma vie, celle de mes proches. Et j’ai aussitôt entendu une voix, je ne saurais pas dire si elle venait du dedans de moi ou du dehors, et elle disait : « Marco, ne t’inquiète pas. Moi, je suis auprès de toi, je t’accompagne jusqu’au bout. » J’ai fondu en larmes et quand je suis sorti de l’église, j’étais un autre homme.
Vous avez continué le Chemin ?
Bien sûr. Mais d’une manière toute nouvelle. Je le faisais en priant. Et, chose incroyable, mes pieds guérissaient à chaque pas. C’était un étonnement continuel. Au fil des kilomètres, mes pieds allaient de mieux en mieux. Ils ne me faisaient mal que si je m’arrêtais. Je ne pouvais pas rester sans bouger, il fallait que j’avance et à ce moment seulement, la douleur disparaissait. J’ai fait tout le Chemin dans une grande sérénité, en méditant, immergé dans la prière. Huit cents kilomètres en 39 jours. J’ai connu des gens merveilleux sur la route, d’autres pèlerins, chacun avec sa propre histoire de joie et de souffrance, et ces rencontres m’ont enrichi.
- Spoiler:
etienne lorant- Date d'inscription : 25/11/2010
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