Qui est notre prochain selon St-Thomas d`Aquin
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Qui est notre prochain selon St-Thomas d`Aquin
Qui est notre prochain selon St-Thomas d`Aquin
COMMENT LA LOI DIVINE RÈGLE LES RAPPORTS DE L'HOMME AVEC SON PROCHAIN
De nos considérations il ressort que par la loi divine l'homme est invité à respecter l'ordre de raison dans l'usage de tout ce qu'il rencontre. Or parmi tous ces biens qui se présentent à l'usage de l'homme, les autres hommes tiennent la première place. L'homme est en effet par nature un animal social. Ses besoins sont multiples, et il ne peut par lui seul y subvenir. La loi divine doit donc pourvoir, selon l'ordre de la raison, aux relations de l'homme avec son prochain. La fin de la loi divine est que l'homme s'attache à Dieu. Or l'homme a dans son prochain un auxiliaire soit au plan de la connaissance soit à celui de l'amour. Les hommes en effet s'entraident dans leur recherche de la vérité, se stimulent réciproquement dans la conquête du bien et la fuite du mal. C'est pourquoi il est dit dans les Proverbes: « Le fer aiguise le fer, et l'homme enflamme le c_ur de son ami ». Et dans l'Ecclésiaste: « Mieux vaut vivre à deux que solitaire; les deux ont l'avantage de la compagnie; si l'un tombe, l'autre peut le relever. Malheur à celui qui est seul, qui tombe sans avoir un second pour le relever. De même si deux couchent ensemble ils se réchauffent, mais un homme seul comment aurait-il chaud? Et si quelqu'un maîtrise celui qui est seul, les deux pourront lui résister ». Il importait donc que la loi divine établit les hommes en société. La loi divine est un plan particulier de la divine Providence touchant le gouvernement des hommes. Or il appartient à la divine Providence de maintenir dans un ordre sage chacun des êtres qui lui sont soumis, de telle sorte que chacun soit à son rang et a sa place. La loi divine dispose donc les hommes entre eux de telle sorte que chacun soit à sa place, ce qui pour les hommes revient à la paix entre eux; « la paix, au dire d'Augustin, n'est rien autre que l'harmonie dans l'ordre ». Des êtres, groupés sous un chef unique, doivent être ordonnés entre eux de façon à vivre en bonne intelligence, sinon ils se contrarient les uns les autres dans la recherche de leur fin commune, ainsi en est-il pour une armée organisée avec ordre en vue de la victoire qui est le but de son chef. Or tout homme est dirigé vers Dieu par la loi divine. Celle-ci devait donc pourvoir à ce que les hommes ne se fassent pas obstacle les uns aux autres, qu'entre eux soit cette bonne intelligence qu'est la paix. Aussi dans le Psaume est-il dit: « Il fait régner la paix à tes frontières ». Et le Seigneur dit: « Je vous ai dit ces choses pour que vous ayez la paix en moi ». Cependant cette concorde est assurée entre les hommes dans la mesure où chacun reçoit son dû, ce qui ressortit à la justice. Aussi est-il dit dans Isaïe: « La paix est l'_oeuvre de la justice ». La loi divine devait donc porter des préceptes de justice de telle sorte que chacun rende à son prochain son dû et s'abstienne de lui causer quelque dommage. Or parmi les hommes chacun est débiteur en tout premier lieu à l'endroit de ses parents. C'est pourquoi entre tous les préceptes de la loi qui règlent nos rapports avec notre prochain, le premier est: « Tu honoreras tes père et mère »; il englobe le commandement de rendre à chacun son dû, qu'il s'agisse des parents ou des autres, selon ce mot aux Romains: « Rendez à chacun son dû ». Puis ce sont les préceptes qui interdisent de causer quelque dommage au prochain, de l'offenser par des actes contre sa personne: « Tu ne tueras pas », ou contre son conjoint: « Tu ne commettras pas l'adultère », ou contre ses biens: « Tu ne voleras pas ». Il nous est encore défendu de l'offenser par l'injustice de la parole: « Tu ne porteras pas de faux témoignage contre ton prochain ». Et parce que Dieu est encore le Juge des c_urs, il nous est interdit d'offenser le prochain en notre c_ur « en désirant sa femme ou quelque autre de ses biens ». L'homme se sent invité de deux manières à l'observance de cette justice, prescrite par la loi divine, soit par une inclination intérieure, soit par une intervention extérieure. Cette inclination intérieure naît du vouloir de l'homme de respecter les ordonnances de la loi divine, sous l'inspiration de l'amour de Dieu et du prochain: celui qui aime en effet quelqu'un lui donne son dû spontanément et avec plaisir, ajoute même à ce dû libéralement. Aussi tout l'accomplissement de la loi dépend-il de l'amour, au dire de l'Apôtre: « La plénitude de la loi c'est l'amour »; et le Seigneur dit que « dans ces deux commandements - à savoir l'amour de Dieu et du prochain - tient toute la loi ». Tous pourtant ne sont pas ainsi disposés qu'ils obéissent spontanément à la loi; il les faut obliger au respect de la justice par une intervention extérieure: ils obéissent à la loi, par la crainte des peines, non plus de plein c_ur, mais servilement. C'est pourquoi il est dit dans Isaïe: « Lorsque vos jugements s'exercent sur la terre - en punissant les méchants - tous les habitants de la terre apprennent la justice ». Les premiers « sont à eux-mêmes leur loi », possédant la charité qui, au lieu de la loi, les incite et les pousse à agir de plein c_ur. La loi extérieure n'est pas nécessaire pour eux mais pour ceux qui ne tendent pas d'eux-mêmes au bien. Aussi est-il dit: « La loi n'est pas pour les justes, mais pour les mauvais ». Ce que l'on n'interprétera pas - comme d'aucuns l'ont fait - que les justes n'ont pas à observer la loi, mais qu'ils portent en eux, même sans la loi, cette inclination au respect de la justice.
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fin de l`analyse de St-Thomas d`Aquin
COMMENT LA LOI DIVINE RÈGLE LES RAPPORTS DE L'HOMME AVEC SON PROCHAIN
De nos considérations il ressort que par la loi divine l'homme est invité à respecter l'ordre de raison dans l'usage de tout ce qu'il rencontre. Or parmi tous ces biens qui se présentent à l'usage de l'homme, les autres hommes tiennent la première place. L'homme est en effet par nature un animal social. Ses besoins sont multiples, et il ne peut par lui seul y subvenir. La loi divine doit donc pourvoir, selon l'ordre de la raison, aux relations de l'homme avec son prochain. La fin de la loi divine est que l'homme s'attache à Dieu. Or l'homme a dans son prochain un auxiliaire soit au plan de la connaissance soit à celui de l'amour. Les hommes en effet s'entraident dans leur recherche de la vérité, se stimulent réciproquement dans la conquête du bien et la fuite du mal. C'est pourquoi il est dit dans les Proverbes: « Le fer aiguise le fer, et l'homme enflamme le c_ur de son ami ». Et dans l'Ecclésiaste: « Mieux vaut vivre à deux que solitaire; les deux ont l'avantage de la compagnie; si l'un tombe, l'autre peut le relever. Malheur à celui qui est seul, qui tombe sans avoir un second pour le relever. De même si deux couchent ensemble ils se réchauffent, mais un homme seul comment aurait-il chaud? Et si quelqu'un maîtrise celui qui est seul, les deux pourront lui résister ». Il importait donc que la loi divine établit les hommes en société. La loi divine est un plan particulier de la divine Providence touchant le gouvernement des hommes. Or il appartient à la divine Providence de maintenir dans un ordre sage chacun des êtres qui lui sont soumis, de telle sorte que chacun soit à son rang et a sa place. La loi divine dispose donc les hommes entre eux de telle sorte que chacun soit à sa place, ce qui pour les hommes revient à la paix entre eux; « la paix, au dire d'Augustin, n'est rien autre que l'harmonie dans l'ordre ». Des êtres, groupés sous un chef unique, doivent être ordonnés entre eux de façon à vivre en bonne intelligence, sinon ils se contrarient les uns les autres dans la recherche de leur fin commune, ainsi en est-il pour une armée organisée avec ordre en vue de la victoire qui est le but de son chef. Or tout homme est dirigé vers Dieu par la loi divine. Celle-ci devait donc pourvoir à ce que les hommes ne se fassent pas obstacle les uns aux autres, qu'entre eux soit cette bonne intelligence qu'est la paix. Aussi dans le Psaume est-il dit: « Il fait régner la paix à tes frontières ». Et le Seigneur dit: « Je vous ai dit ces choses pour que vous ayez la paix en moi ». Cependant cette concorde est assurée entre les hommes dans la mesure où chacun reçoit son dû, ce qui ressortit à la justice. Aussi est-il dit dans Isaïe: « La paix est l'_oeuvre de la justice ». La loi divine devait donc porter des préceptes de justice de telle sorte que chacun rende à son prochain son dû et s'abstienne de lui causer quelque dommage. Or parmi les hommes chacun est débiteur en tout premier lieu à l'endroit de ses parents. C'est pourquoi entre tous les préceptes de la loi qui règlent nos rapports avec notre prochain, le premier est: « Tu honoreras tes père et mère »; il englobe le commandement de rendre à chacun son dû, qu'il s'agisse des parents ou des autres, selon ce mot aux Romains: « Rendez à chacun son dû ». Puis ce sont les préceptes qui interdisent de causer quelque dommage au prochain, de l'offenser par des actes contre sa personne: « Tu ne tueras pas », ou contre son conjoint: « Tu ne commettras pas l'adultère », ou contre ses biens: « Tu ne voleras pas ». Il nous est encore défendu de l'offenser par l'injustice de la parole: « Tu ne porteras pas de faux témoignage contre ton prochain ». Et parce que Dieu est encore le Juge des c_urs, il nous est interdit d'offenser le prochain en notre c_ur « en désirant sa femme ou quelque autre de ses biens ». L'homme se sent invité de deux manières à l'observance de cette justice, prescrite par la loi divine, soit par une inclination intérieure, soit par une intervention extérieure. Cette inclination intérieure naît du vouloir de l'homme de respecter les ordonnances de la loi divine, sous l'inspiration de l'amour de Dieu et du prochain: celui qui aime en effet quelqu'un lui donne son dû spontanément et avec plaisir, ajoute même à ce dû libéralement. Aussi tout l'accomplissement de la loi dépend-il de l'amour, au dire de l'Apôtre: « La plénitude de la loi c'est l'amour »; et le Seigneur dit que « dans ces deux commandements - à savoir l'amour de Dieu et du prochain - tient toute la loi ». Tous pourtant ne sont pas ainsi disposés qu'ils obéissent spontanément à la loi; il les faut obliger au respect de la justice par une intervention extérieure: ils obéissent à la loi, par la crainte des peines, non plus de plein c_ur, mais servilement. C'est pourquoi il est dit dans Isaïe: « Lorsque vos jugements s'exercent sur la terre - en punissant les méchants - tous les habitants de la terre apprennent la justice ». Les premiers « sont à eux-mêmes leur loi », possédant la charité qui, au lieu de la loi, les incite et les pousse à agir de plein c_ur. La loi extérieure n'est pas nécessaire pour eux mais pour ceux qui ne tendent pas d'eux-mêmes au bien. Aussi est-il dit: « La loi n'est pas pour les justes, mais pour les mauvais ». Ce que l'on n'interprétera pas - comme d'aucuns l'ont fait - que les justes n'ont pas à observer la loi, mais qu'ils portent en eux, même sans la loi, cette inclination au respect de la justice.
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fin de l`analyse de St-Thomas d`Aquin
MichelT- Date d'inscription : 06/02/2010
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